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Point de presse de Mme Françoise David, députée de Gouin, et M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Monday, February 9, 2015, 14 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Quatorze heures une minute)

Mme David (Gouin) : Alors, allons-y tout de suite, en cette journée réfrigérante. Québec solidaire est aujourd'hui en caucus pour être fin prêt à la session qui s'ouvre demain. C'est un peu bizarre parce qu'on s'est vus vendredi dernier, lors d'un bâillon désastreux et honteux, comme je n'ai pas hésité à le dire. La session s'ouvre demain, nous sommes en réunion, nous nous préparons.

Ce qui sera au coeur de toutes les interventions de Québec solidaire, des députés solidaires cet hiver, et du parti aussi, c'est la lutte contre les mesures d'austérité. Vous n'en serez pas surpris, j'imagine, mais il faut savoir que ces mesures-là, il y en a eu tout l'automne, il faut savoir que ça continue. Nous aurons l'occasion, dans le courant de la semaine, de parler, par exemple, du Fonds de lutte contre la pauvreté, qui risque d'être coupé de 50 %. Alors, tout le temps des mesures appauvrissantes, des mesures qui font perdre des centaines, voire des milliers d'emplois dans les régions du Québec, des mesures qui sont mauvaises pour la classe moyenne, pour les travailleurs, les travailleuses, les familles.

Québec solidaire dénonce donc vigoureusement ces mesures, d'autant que nous n'aurions même pas de problème d'équilibre budgétaire si le gouvernement du Québec décidait de prendre le 1,6 milliard qu'il veut mettre dans le Fonds des générations et de le mettre dans les services publics. Nous n'en aurions pas de problème. Alors, il y a déjà, en partant, quelque chose de faux dans tout ce qui se passe. Quand on nous dit : On a de graves problèmes dans les finances publiques, c'est faux.

Deuxièmement, il y a des façons d'aller chercher de l'argent neuf et de renflouer les coffres de l'État. Nous aurons aussi l'occasion d'y revenir. Pharma-Québec, enfin, le ministre de la Santé, il y a quelque temps, a indiqué son intérêt pour cette idée qui est portée par Québec solidaire depuis longtemps et particulièrement par mon collègue Amir Khadir, donc cette idée d'un pôle regroupé au niveau de l'État pour l'achat des médicaments à travers le Québec, probablement plus de 1 milliard de dollars d'économies. Imaginez-vous, 1 milliard d'économies, tout ce qu'on pourrait faire avec ça dans le système de santé et de services sociaux, dans tout le réseau. Alors, nous allons revenir en force avec cette idée-là, et, bientôt d'ailleurs, nous rencontrons le ministre Barrette et le ministre Leitão pour leur parler, particulièrement de Pharma-Québec.

Mais il y a d'autres mesures aussi qui peuvent être prises pour remettre de l'argent dans les coffres de l'État. Par exemple, on peut ajouter des paliers d'imposition, on peut étaler les paliers d'impôt, s'organiser pour que les familles qui gagnent moins de 60 000 $ en paient moins, mais pour que les ménages et les individus qui gagnent des 150 000 $, 200 000 $, 500 000 $ en paient davantage. Alors, on a de grandes attentes, vous l'aurez deviné, face au rapport Godbout, qu'on a bien hâte de voir déposé à l'Assemblée nationale, qu'on a bien hâte de discuter. On espère que son comité va aller dans ce sens-là, dans le sens d'une fiscalité plus progressive, mais nous aurons certainement une réaction.

Il faut aussi mettre fin aux privilèges de ceux qui possèdent beaucoup de gains en capital. Ces gens-là sont taxés uniquement, imposés, si vous voulez, à 50 % de leurs gains. Concrètement, ce que ça fait, c'est qu'un travailleur ou une travailleuse qui gagne 75 000 $ par année va payer 11 000 $ en impôt provincial, mais un président d'entreprise ou un actionnaire, qui a eu 75 000 $ de revenus en capital, va payer 4 500 $ en impôt sur ce capital. Voyez-vous comment c'est injuste? Comment ça se fait qu'on taxe à 100 % le revenu des contribuables et seulement à 50 % des revenus en capital?

Alors, ce sont des choses, évidemment, que nous allons dire au ministre Leitão quand nous allons le rencontrer, mais vous voyez qu'il y a moyen, au Québec, de s'assurer que le 1 %, dans le fond, bien, il fait sa juste part, bien davantage que ce qu'on lui demande en ce moment. Et c'est donc de ça que nous allons certainement parler tout l'hiver, parce que l'hiver, n'en doutons pas, sera rude et pas seulement au plan de la température ou de la météo. Nous savons que le gouvernement veut opérer, veut mettre en place beaucoup d'autres coupes dans les services publics et dans les revenus de la population en taxant toujours davantage, en imposant davantage de nouveaux tarifs. Nous disons : Non, ce n'est pas la façon de mettre de l'argent dans les coffres de l'État, et nous allons en proposer, là, nous allons proposer des mesures très concrètes.

La Modératrice : Pour la période des questions, je vous invite à vous présenter et adresser votre question, s'il vous plaît.

Mme Prince (Véronique) : Véronique Prince, TVA. Est-ce qu'il y a des raisons qui vous laissent croire qu'il pourrait y avoir d'autres bâillons cette session-ci?

Mme David (Gouin) : Oui. Écoutez, M. Barrette est pressé, c'est un homme pressé. Alors, vous avez vu comment ça s'est passé pour le projet de loi n° 10, c'était assez hallucinant. Le jour même du bâillon, il nous dépose encore une quarantaine d'amendements, on a quelques heures pour en débattre. C'est un ministre ultrapressé, et nous ne doutons aucunement de sa volonté d'adopter le projet de loi n° 20 rapidement, c'est-à-dire dans le cadre de la présente session.

Alors, s'il trouve, à un moment donné, que les débats s'étirent à son goût à lui, hein, que les gens posent trop de questions, que nous faisons trop d'amendements, moi, je suis convaincue que M. Barrette pourrait décider, avec son gouvernement, de recourir encore au bâillon. Mais je préviens ce gouvernement : Attention, attention, le bâillon est censé être une mesure exceptionnelle applicable uniquement dans des cas d'urgence réelle. Un gouvernement qui commence à gouverner par bâillon, ce n'est plus un gouvernement démocratique, et ça, à un moment donné, la population va s'en rendre compte et elle va s'en rappeler la prochaine fois.

Mme Prince (Véronique) : La session n'était pas encore officiellement commencée, M. Couillard avait promis de changer le ton à l'Assemblée nationale. Comment vous pouvez qualifier le ton depuis le début de l'année 2015?

Mme David (Gouin) : Bien, depuis le début de l'année 2015, on s'entend, on a eu une journée, elle a été longue, mais une seule journée. C'est un ton qui est très difficile. Mais comment voulez-vous adopter un ton positif, heureux et de bonne humeur quand la première journée de 2015 où on est tous ensemble, c'est une journée de bâillon? Alors, M. Couillard qui veut changer le ton de l'Assemblée, bien, je pense que lui devrait changer de stratégie. Il devrait décider de gouverner démocratiquement, avec l'ensemble des partis de l'opposition et en écoutant la population, en écoutant les réseaux, en particulier le réseau des services sociaux et de santé, qui, massivement, a dit non à sa réforme. Je pense que la vraie démocratie, ce serait ça, et là ça changerait évidemment le ton à l'Assemblée nationale.

Journaliste : Oui, bonjour, Mme David. Bonjour, messieurs dames. Concernant le projet de loi n° 20, on sait… concernant le projet de loi n° 10, premièrement, vous êtes arrivés à apporter certaines améliorations, certains amendements qui ont été acceptés par le gouvernement. Est-ce que vous allez procéder de la même façon avec le projet de loi n° 20?

Mme David (Gouin) : Alors, je rappelle qu'au niveau du projet de loi n° 10 — puis, dans le fond, je suis contente que vous posiez la question — en travaillant très fort, on a réussi effectivement à obtenir certains gains qui, bon, dans certains cas, évitent le pire, disons. Je pense aux organismes communautaires dont la mission est préservée, l'autonomie complète, qui ont un poste au conseil d'administration des établissements qui ont été fusionnés, donc, et d'autres points, là. Alors, on est assez contents du travail qu'on a fait.

Quant au projet de loi n° 20, on est en train d'en terminer l'étude. Bien sûr, on va participer, de diverses façons, à tous les débats entourant le projet de loi n° 20. C'est évident qu'il y a un certain nombre de groupes qui vont venir se présenter. On va aller certainement écouter les principaux groupes et ensuite, au niveau de l'étude article par article, on décidera de quelle façon on procède.

Je vous rappelle aussi qu'il y a un autre enjeu autour du projet de loi n° 20. C'est qu'il contient, en fait, quasiment deux projets de loi, c'est assez étrange, d'ailleurs : l'un qui touche la rémunération des médecins, et l'autre qui touche le programme de procréation assistée. On peut toujours se dire qu'il y a un lien, on est dans le système de santé, mais franchement le lien est assez ténu. Donc, je pense qu'avec les autres oppositions nous allons insister pour scinder ce projet de loi parce que ce sont des débats quand même très différents. Et nous allons aussi intervenir au niveau de toute la partie procréation assistée, nous sommes encore en train d'en faire l'étude.

Journaliste : Si je comprends bien, votre travail va être relativement constructif. Il n'y aura pas d'opposition, disons, rigide, de filibuster en l'occurrence ou…

M. Khadir : Nous allons même faire des propositions. En fait, nous allons montrer qu'il y a des moyens d'améliorer grandement l'accès aux médecins de famille sans recourir à ce type de mesure autoritaire qui risque, si on entend bien les experts et les principaux concernés, qui risque d'aggraver le problème, d'entraîner une espèce de médecine à la chaîne qui va finir par desservir les citoyens et le véritable accès pour les patients qui en ont vraiment besoin.

Journaliste : Maintenant, vous avez prédit un hiver rude pour le gouvernement, un printemps aussi, j'imagine, de la même eau.

Quel rôle vous allez jouer, justement? On parle beaucoup des leaders syndicaux qui cherchent, justement, à fédérer l'opposition au gouvernement. Est-ce que vous allez être activement de la partie?

Mme David (Gouin) : Écoutez, Québec solidaire, depuis sa fondation jusqu'à aujourd'hui, a toujours travaillé de la même façon, et on ne changera pas. On fait notre travail ici, à l'Assemblée nationale, je pense qu'on le fait du mieux qu'on peut. On le fait bien, on y met beaucoup d'énergie, mais on est aussi un parti avec des militantes, des militants dans toutes les régions du Québec, un parti enraciné avec des associations locales qui se joignent aux gens, qui sont avec les gens dans les comités de citoyens, par exemple, Touche pas à mes régions! Bien sûr, il y a des militants solidaires dans ces comités. On a des militants, des militantes à la FSSS, qui va continuer de se battre contre le… bien, contre la loi n° 10 et contre toutes les mesures d'austérité qui touchent de plein fouet les services sociaux et de santé. Oui, nous étions, nous sommes et nous serons dans la rue avec les citoyennes et les citoyens qui se battront contre l'austérité.

Journaliste : …les militants, mais comme parti également, si je comprends bien.

Mme David (Gouin) : Comme parti également. Vous savez, vous nous avez vu souvent marcher, eh bien, nous continuerons de marcher, beau temps, mauvais temps.

M. Bergeron (Patrice) : Patrice Bergeron, La Presse canadienne. Madame, bonjour, messieurs, bonjour aussi.

J'aimerais revenir sur la fiscalité, ce que vous avez dit tout à l'heure, concernant, donc, les salaires plus élevés, 150 000 $, 200 000 $, 500 000 $. Vous avez dit que vous demandez une plus grande progressivité des paliers. Est-ce que vous envisagez, par exemple, une imposition qui dépasserait les 50 % pour ces gens-là, là, qui gagnent des salaires un peu plus élevés?

M. Khadir : Ce n'est même pas nécessaire. Ce n'est vraiment même pas nécessaire. Il y a, au Québec, à peu près 4 040 000, pour être plus exact 4 038 000 contribuables, qui font des déclarations d'impôts, qui paient des impôts. Ça, c'est le dernier rapport disponible, qui est de 2011. Là-dessus, 40 000, à peu près, gagnent au-dessus de 250 000 $ par année. Ça fait 1 % de la population, mais ce 1 % là concentre entre ses mains à peu près 60 % des privilèges fiscaux accordés en matière de gains sur le capital et gains de dividendes. Ça, c'est les deux types de revenus, là, où, quand vous gagnez ça, comme Mme David l'a dit, vous êtes juste imposé sur la moitié de votre gain.

Ça, c'est incompréhensible. Le citoyen ordinaire, là, les travailleurs de la classe moyenne qui paient leurs impôts sur la totalité du revenu ne comprennent pas que 1 % des gens bénéficient de 60 % de privilège fiscal qui se chiffre en plusieurs milliards de dollars. Je vous reviendrai avec les chiffres, vous seriez étonnés. Quoiqu'on n'a même pas besoin d'exagérer les choses, juste demander aux gens de payer leur juste part d'impôt, avec le système fiscal qu'on a, là. Le gouvernement libéral n'a pas besoin d'aller plus loin.

C'est sûr qu'un gouvernement Québec solidaire, plus tard, pourrait faire bien des choses pour rendre un système d'impôt beaucoup plus juste que ce qu'on a aujourd'hui, mais le gouvernement libéral pourrait commencer juste par demander aux très riches, aux très riches, le 1 %... à faire un peu plus d'efforts, d'être un peu plus équitables, de faire leur juste part. Ça, c'est sans parler de toutes les histoires qu'on entend maintenant, là. Radio-Canada a eu un beau reportage hier sur l'évasion fiscale, sur les comptes en Suisse, sur tout ce qui nous échappe, mais on ne parle même pas de ça. On parle de ce qui est déjà déclaré, mais sur lequel ces très riches ne paient que la moitié du monde ordinaire.

M. Bergeron (Patrice) : Mais ça ressemblerait à quoi, comme nouvelle imposition du gain de capital, par exemple?

M. Khadir : Bien, le gain en capital, le gain en dividendes. On pourrait l'imposer à 75 % pour commencer ou à 100 % pour certaines catégories. On pourrait, bien sûr, exclure, ça, il faut le rappeler, nous tenons à ce que le gain en capital de la résidence, lorsque les gens vendent leur maison où ils habitent, ça, ça ne soit pas imposé. Ça, on est d'accord avec ça, c'est un moyen… enfin, c'est un moyen d'assurer une retraite, bon.

Mais, ceci étant mis de côté, il y a des milliards de dollars de privilèges qu'on donne au 1 %, qu'on ne donne pas aux gens ordinaires. Pourquoi on fait ça? Ça profite, bien sûr, à certains de nos ministres, à certaines gens privilégiés comme moi. Moi, je suis un médecin spécialiste, ça me touche, ça. Je peux bénéficier beaucoup de ça et j'en sais quelque chose, mais je crois que ce n'est pas juste. Quand on coupe des millions de dollars aux plus démunis en aide sociale, à l'aide aux régions pour donner des privilèges à des gens comme moi, ou à des gens comme M. Barrette, ou à des gens comme M. Bolduc, ou à des gens comme… Je parle de quatre médecins, là, on est dans ce 1 %. Je pense qu'il faut qu'on commence à regarder les choses en face. Si on veut équilibrer le budget, il faut que M. Coiteux commence à demander aux très riches que nous sommes en particulier de faire leur part.

Journaliste : J'aimerais aussi vous entendre, Mme David. Vous avez dit tout à l'heure et vous êtes revenue tout à l'heure là-dessus, sur votre effort de mobilisation. Vous avez dit que vous êtes le parti de la rue. À une certaine époque, votre adversaire, M. Charest, avait aussi démonisé l'expression «de la rue». Alors, qu'est-ce que vous en pensez? Le parti de la rue, c'est l'agitation, c'est…

Mme David (Gouin) : Mais, écoutez, la rue c'est un endroit formidable, la rue. La rue, c'est nos quartiers, ce sont nos villes, petites ou grosses. La rue, ce sont les gens dans les régions qui décident, certains dimanches, certains samedis, d'aller marcher parce qu'ils disent : Touche pas à ma région, arrêtez de couper des emplois, arrêtez de nous enlever nos leviers de développement économique.

C'est ça, la rue, ce n'est rien d'autre. C'est une image, c'est un symbole. C'est pour dire : Écoutez, on est avec les gens, on est un parti qui travaille avec les gens. Nos 15 000 membres, de toute façon, sont des hommes et des femmes vivant dans toutes les régions du Québec, et ils font partie, de façon active, de toute cette grande partie de la population qui déjà se mobilise. Je vous rappelle, le 29 novembre, il y a quand même eu de très, très belles marches à Montréal et Québec, et je suis convaincue que ça va se poursuivre. C'est tout ce que je dis, et, oui, nous y serons.

M. Salvet (Jean-Marc) : Bonjour à tous. Au débat télévisé des chefs, le dernier qui a précédé l'élection du 7 avril, vous aviez proposé une formule pour empêcher l'expulsion des personnes âgées de leurs logements. Tous vos adversaires avaient applaudi cette fois-là. Vous avez déposé un projet de loi, je pense, en juin là-dessus, qui a été, sur le coup, assez bien accueilli. Vous vous en étiez réjouie puisqu'on permettait d'appeler ce projet de loi… pardon, son dépôt. Au jour d'aujourd'hui, il s'est passé quoi et il va se passer quoi avec cette idée-là?

Mme David (Gouin) : Alors, pour faire une histoire très courte parce qu'elle pourrait être longue, depuis quelques mois, l'équipe du ministre Moreau et mon équipe travaillent ensemble pour, je dirais, améliorer le projet de loi, résoudre les irritants, clarifier un certain nombre de questions, et on en arrive maintenant — alors, je suis contente que vous me posiez la question — à une demande formelle de rencontre avec le ministre Moreau. Je pense obtenir cette rencontre, je ne pense pas que ça pose de problèmes. Compte tenu de tout le travail que mon équipe a fait, vraiment, pour améliorer le projet de loi, je vais demander au ministre Moreau très bientôt, là, dans les trois semaines de session, est-ce que, oui ou non, son gouvernement est prêt à appuyer le principe du projet de loi. C'est le moment de vérité et c'est d'ici la fin février que je vais le savoir.

M. Salvet (Jean-Marc) : Mais moi, je n'ai pas compris qu'ils étaient d'accord avec le contenu du projet de loi tel que libellé actuellement.

Mme David (Gouin) : Vous avez compris, sûrement, le printemps dernier qu'ils étaient d'accord pour qu'il y ait un débat autour du projet de loi, mais ils n'ont jamais dit qu'ils étaient entièrement d'accord avec le contenu et, de fait, ils avaient un certain nombre de questions, il y avait des irritants à leurs yeux. À mon avis, maintenant, six mois plus tard, là, on a tout résolu, nous. Donc, on s'attend à ce que le ministre Moreau, bientôt, nous dise : O.K., on y va.

M. Salvet (Jean-Marc) : Vous gardez espoir, donc.

Mme David (Gouin) : Oui.

M. Salvet (Jean-Marc) : M. Khadir, l'automne dernier, dans un débat parlementaire, vous aviez évoqué cette idée d'imposer davantage les gains en capitaux. Je vous entends présenter cette proposition, là, dans votre point de presse. Est-ce que, techniquement, vous en feriez un projet de loi? Est-ce que vous en feriez quelque chose de phare pour vous?

M. Khadir : On va commencer à en parler ici, dans le cadre de la commission…

M. Salvet (Jean-Marc) : …vous l'aviez fait l'automne dernier.

M. Khadir : Oui, mais là, il y a une commission. C'est parce que, là, le gouvernement montre une ouverture, et j'espère qu'elle est réelle. Ils ont mandaté M. Godbout de revoir le système fiscal, la fiscalité…

M. Salvet (Jean-Marc) : Vous ne pensez pas que M. Godbout, quand même, va suggérer d'imposer davantage les gains en capitaux…

M. Khadir : Bien, il n'y a personne qui peut l'empêcher d'être heureux, et intelligent, et favoriser la classe… pour une fois, le grand nombre. M. Godbout n'est pas obligé de faire comme beaucoup d'autres ont fait depuis des années et toujours favoriser les plus riches. On peut aujourd'hui dire qu'au lieu de l'austérité il y a d'autres solutions, hein? Des peuples, partout dans le monde, commencent à changer de bord.

Donc, j'invite M. Godbout à s'ouvrir les oreilles sur ce qu'il se passe ailleurs dans le monde, à quel point l'austérité est nocive, à quel point tout ce qu'on a fait dans le passé… On s'est tiré dans les pieds, on a affaibli les gouvernements puis on n'a rien réglé. L'économie est en panne, donc nous, on dit… nous disons : On va leur faire des propositions, mais un gouvernement Québec solidaire, c'est sûr, il y aurait de multiples projets de loi pour rendre la fiscalité enfin plus juste, une fiscalité au service de tout le monde et au service d'une économie et des services sociaux de qualité.

Mme David (Gouin) : Plus concrètement, M. Salvet, on va rencontrer le ministre Leitão dans le cadre des consultations prébudgétaires. Nous le rencontrons le 20 février, et cette question des gains en capitaux va faire partie de nos propositions.

M. Salvet (Jean-Marc) : L'avez-vous… Pardon, juste une précision. L'avez-vous soumise à M. Godbout, d'une façon ou d'une autre, cette proposition? Parce qu'il y a eu des consultations…

M. Khadir : Écoutez, il y a un article qui va paraître demain. Moi, à plusieurs reprises dans le passé, j'en ai parlé à M. Godbout. Nous l'avons ramené, comme vous dites, à plusieurs reprises, mais, de manière précise, non, on n'a pas été consultés par…

M. Salvet (Jean-Marc) : L'article auquel vous faites référence…

M. Khadir : Ça va paraître demain.

M. Salvet (Jean-Marc) : Je ne comprends pas.

M. Khadir : Sur ces enjeux de fiscalité, gains en capital, ce que ça représente, les exemples qu'on vous a donnés, un article dans un journal, dans un des grands quotidiens.

La Modératrice : M. Croteau et ce sera la dernière en français.

M. Croteau (Martin) : J'ai une question sur un tout autre sujet. Je voulais savoir ce que vous pensiez de la nomination d'un unilingue anglophone comme ministre des Affaires étrangères du Canada?

Mme David (Gouin) : On est vraiment dans un tout autre sujet. Vous me l'apprenez. Moi, je pense que nommer un ministre unilingue anglophone ministre des Affaires étrangères — c'est bien ça? — bien, je trouve ça scandaleux. C'est encore une fois, une fois de plus, oublier que, théoriquement, il y a deux langues officielles au Canada. C'est tout ce que j'ai à dire, c'est tellement évident.

M. Croteau (Martin) : Est-ce que cette nomination impose une forme d'action de la part du gouvernement Couillard, à vos yeux?

Mme David (Gouin) : Moi, je pense que le gouvernement Couillard… Tiens, ça serait vraiment une belle occasion de démontrer sa compréhension de, je dirais, l'identité, la culture, la langue du Québec. Oui, ça serait une excellente occasion de dire au gouvernement fédéral, de dire à M. Harper : Écoutez, franchement, là, est-ce que, par hasard, ça vous aurait échappé qu'il y a deux langues officielles au Canada? Oui, ça serait intéressant.

Journaliste : Hello, Mme David, Mr. Khadir. You are going to talk a lot about austerity this session, but could it be that a majority of Quebeckers silently support austerity. I'm looking at a Léger Marketing poll from last December, and you've got 64% of Quebeckers polled favorable to cutting the number of schoolboards, 58% are favorable to raising day-care fees, 63 %, anyways, we can go on and on, but there is a majority there of Quebeckers who support these austerity measures. How do you react to that?

Mme David (Gouin) : I think many people support one thing : it is to have a good government, to have a good «gestion»… Comment on dit gestion?

M. Khadir : Manager.

Mme David (Gouin) : Manager, O.K., to have a good manager of public finances and us too. But when people will see, next spring, their tax declaration, when some people will see that they have to pay $2,000 more, I think they won't agree with the «gouvernement» Couillard. When people will realize that all these cuts are not good for public services… we have a lack of services : social services, health services. We have a problem in our public schools. I think many people will realize, and I think it won't take a lot of time, that these cuts are bad, have bad consequences on the families, on the children, on many people. It's just a question of time.

M. Khadir : But I would want to signal you it depends on the context of these public opinion pools, because just two years ago Broadbent Institute carried a public opinion investigation demonstrating that more than 79% of Canadians were agreeing that they prefer maintaining good public service instead of decreasing the income tax, and even a majority of Conservative voters. So that depends on how you contextualize.

If you go to people and you say : We have an incredible debt, we can't do it anymore, everybody is under heavy burden of taxes, and you don't say to them that we're giving billions of dollars of advantages to the very rich, and you present to them as this to be the only solution… so it's evident that people will say : OK, let's cut that and let's cut the other thing. But I would like to say to your auditors that there are many other ways of balancing the sheet, and one way would be to give less opportunities to the very rich and big corporate multinationals to not pay their tax and to balance the budget.

Journaliste : Do you think that the unions, who are staging a big protest this coming Thursday, do you think that there's hope that they can win that public opinion war?

Mme David (Gouin) : Yes, on that also, it's a question of time. There are many, many people who work in public services. We talk about around 500,000 people. So think about that, all these people have families, have neighbours, have friends, and one day, we will realize that probably 1 million or more people in Québec will realize that unions ask for good things because they ask specially for women, women who are 75% of workers in public services, unions ask to be respectful with these women, recognize their work. The salary will be a question of negotiation. I don't know exactly how we'll… what will be the end, OK? That is one thing, but the other thing is all the questions of work conditions, and I am sure that «petit à petit», day by day, people will realize that unions — se battent, voyons — struggle, fight for the right things.

Journaliste : And finally do you expect more closures this session, «des bâillons»?

Mme David (Gouin) : I would like to say no, but I am afraid I am obliged to say yes. And I don't agree, we don't agree with that. It's not a democratic way to have a government, to govern. Thank you very much.

M. Khadir : Je voudrais juste corriger une erreur que j'ai commise tout à l'heure pour le 1 %. Le bénéfice qu'ils ont de l'abri fiscal, ce n'est pas 60 %, mais l'inverse, 40 %, j'ai inversé les rapports. Donc, 1 % des contribuables qui gagnent le plus bénéficient de 40 % de l'abri fiscal que constituent le gain en capital et les gains en dividendes.

Mme David (Gouin) : Merci.

(Fin à 14 h 28)

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