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Point de presse de M. Sylvain Roy, porte-parole de l'opposition officielle en matière de ressources informationnelles

Version finale

Monday, February 9, 2015, 11 h 30

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures trente-et-une minutes)

M. Roy : Bonjour à tous. Bonjour. Écoutez, on est ici ce matin pour discuter d'un fait d'actualité, hein, qui est celui des contrats informatiques. J'aimerais faire une petite rétrospective sur le dossier, en expliquant un peu ce qui nous amenés là.

Pendant les 10 ans que le gouvernement libéral a été au pouvoir, on a vu une démarche de déstructuration d'expertise au niveau informatique au gouvernement du Québec. Ça a apporté réellement une perte d'expertise qui était essentielle au maintien d'un système informationnel performant. On a mis des gens à la porte, on a mis du monde dehors qui avaient des connaissances et des compétences. On mettait deux personnes à la porte et on embauchait juste une personne. Donc, on peut dire que l'émergence de la problématique se situait à ce niveau-là.

Quand tu n'as pas le monde pour la job, tu fais quoi? Tu fais appel à des consultants externes, parce qu'il faut que la job se fasse pareil, tu n'as pas le choix. L'informatique, ou l'information, ou la gestion d'information, c'est un des secteurs d'activité les plus essentiels à la gestion d'un État.

Quand on est arrivés au pouvoir, on a vu la situation. Le Vérificateur général avait fait… émis des commentaires peu élogieux face à la gestion, je dirais, de tout l'aspect informatique du gouvernement du Québec, et il a bien dit que… et je ne prendrai pas l'appellation «bordel», mais qu'il y avait réellement des dépassements de coûts qui étaient inacceptables.

Nous, de manière rétrospective, ce qu'on a fait, on a agi, hein? On a créé des centres régionaux d'expertise où on voulait redéployer, redévelopper et reconstruire l'expertise de la gestion informatique au gouvernement du Québec, ce qui a créé une soixantaine d'emplois. On a aussi déployé des mesures pour favoriser l'utilisation de logiciels libres. On sait qu'est-ce que ça coûte que de payer des licences pour les logiciels, donc on a mis en place une politique pour soutenir le déploiement de l'utilisation des logiciels libres.

On a aussi émis des directives au Conseil du trésor pour structurer les appels d'offres. Et là, ça, c'est un aspect très important. Quand on fait des appels d'offres, pour ouvrir au maximum de firmes, on diminue les coûts, mais, quand on fait des appels d'offres très pointus avec, je dirais, des contraintes presque impossibles à atteindre pour la majorité des firmes, bien là on cible quelques firmes, et là la rareté crée l'augmentation des coûts. Donc, la restructuration des appels d'offres faisait partie aussi de notre démarche. La directive avait été envoyée à l'ensemble des ministères.

Et là qu'est-ce que le gouvernement libéral a fait depuis qu'ils sont au pouvoir? Pas grand-chose. On est dans une situation où M. Coiteux, avec son caractère austérien, qui veut couper partout, met en péril, encore une fois, je dirais la… je ne dirais pas le réseau informatique, mais met en péril l'expertise au gouvernement du Québec parce que, la philosophie, c'est : On met du monde… je ne dirai pas à la porte, mais on n'embauche plus de personnes. Et là comment on fait pour, je dirais, dans un élan d'austérité, de coupures, aller chercher de l'expertise, réembaucher du personnel, redéployer le contrôle sur nos outils informationnels dans un contexte où on coupe partout? Il y a des… Il y a un nerf de la guerre ici qui est très important, c'est celui de la réembauche. On ne peut pas soutenir, je dirais, notre capacité à déployer nos réseaux informatiques si on ne va pas chercher des gens à l'interne. Et ce n'est pas compliqué : si j'embauche un consultant, il est redevable à qui? Il va être redevable à son patron. C'est une firme, c'est une business, ils veulent faire des profits, ils facturent. Si j'embauche quelqu'un à l'interne, un ingénieur en informatique qui travaille sur une aile avec des gens, à qui il est redevable? À sa gang. Il va s'arranger pour que ça fonctionne, il va s'arranger pour que les réseaux soient opérationnels et efficients. C'est du bon sens, là. Donc, il faut comprendre ça.

Donc, nous, ce qu'on demande au gouvernement libéral, ce n'est pas une commission d'enquête, ça coûterait une fortune. On connaît les problématiques. Il faut rapatrier une main-d'oeuvre, il faut favoriser la concurrence entre les firmes en ouvrant, je dirais… ou en diminuant les critères des appels d'offres, puis il faut bien suivre les projets informatiques aussi. L'informatique, c'est quelque chose qui est en permanente révolution et les systèmes se modernisent rapidement. Mais là, à un moment donné, il faut se dire : Est-ce qu'on a besoin d'un canon pour tuer une mouche? Donc, il ne faut pas toujours être en train de restructurer les architectures informatiques parce qu'il y a une nouveauté qui vient se rajouter, c'est comme défaire une maison puis rajouter quelque chose parce que… pour rajouter un autre élément. Donc, là, je rentre dans des considérations pointues, mais c'est une réalité, ça aussi, les logiciels se modifient vite, etc. Donc, à un moment donné, il faut savoir où on va, il faut avoir une bonne gestion, et il faut être cohérents, et il faut être en mesure aussi de redonner à des fonctionnaires le contrôle des outils informatiques et non pas le donner, comme c'est le cas actuellement, aux grandes firmes informatiques.

Le gouvernement actuel se dit un gouvernement courageux. Il s'est attaqué aux familles, il s'est attaqué aux garderies, il s'attaque à la classe moyenne, aux régions. S'il était vraiment courageux, il s'attaquerait aux vrais défis financiers qu'il vit actuellement : salaires des médecins spécialistes, mais surtout le bordel informatique, comme on l'appelle. S'il était un gouvernement courageux, il réembaucherait l'expertise, soutiendrait le développement, je dirais, du logiciel libre et favoriserait la concurrence entre un maximum de petites firmes avec des jeunes Québécois qui ont le goût de se lancer en affaires et, qui plus est, nous permettrait d'aller recruter une main-d'oeuvre qu'on aurait formée peut-être par la bande, mais qui aurait eu accès à la construction d'une expertise, qui aurait démontré… et par la suite pourrait devenir des employés de l'État. Donc, voilà la position que nous avons sur le dossier.

Mme Plante (Caroline) : Monsieur, le gouvernement Couillard se veut un gouvernement efficace, mais, vous, est-ce que vous trouvez qu'il y a beaucoup de gaspillage qui se fait?

M. Roy : Bien, écoutez, à voir… Bon. Il y a des articles qui sont parus dernièrement, puis, à partir de l'information que nous avons, il y a des consultants qui font beaucoup d'argent, O.K., on s'entend? Puis, dans un contexte où tu as des gens qui viennent de perdre leur job, dans un contexte d'austérité, c'est indécent, O.K.?

L'expertise… et là je reviens encore à la notion des appels d'offres. Quand on demande une expertise tellement pointue que ça cadre presque avec le nom de l'individu qu'on embauche, là — je charrie un peu là — bien, on est où, là, on va où? Il faut que… Oui, il y a du gaspillage, effectivement, mais ce n'est pas avec une commission d'enquête qu'on va régler le problème, on connaît les solutions. Nous avions déjà entamé un processus de résolution de la problématique du dépassement des coûts. Ce n'est pas une chose, c'est plusieurs éléments; ce n'est pas juste quelqu'un qui pèse fort sur le crayon pour la facture, c'est plusieurs choses ensemble qu'il faut mettre de l'avant pour régler le problème : logiciels libres, centre d'expertise, meilleur contrôle des contrats, diminution de la volonté de modifier les plateformes aussitôt qu'il y a une révolution technologique, parce que ça coûte un bras. Je vous donne l'exemple d'une maison : tu bâtis, tu as un plan d'architecture, tu bâtis une maison, tu es en train de finir le toit, woups!, j'aimerais rajouter un étage. Ça ne marche pas là.

Ça fait qu'on est dans une dynamique comme celle-là, et, quand c'est des consultants qui contrôlent, à la limite, les besoins de l'État, on est dans le syndrome de la queue qui secoue le chat. Donc, il faut qu'on reprenne le contrôle, puis c'est un secteur essentiel au vivre-ensemble, puis au déploiement de l'information sur le territoire, puis de prendre les bonnes décisions aussi. Donc, voilà.

Mme Plante (Caroline) : Trouvez-vous que c'est une bonne chose que les grands syndicats s'invitent à la rentrée parlementaire et organisent une grande manifestation jeudi à Québec?

M. Roy : Bien, ils démontrent une prise de position devant une réalité qu'ils vivent. Et, écoutez, ces gens-là ont le droit de manifester et ont le droit de démontrer qu'ils ne sont pas d'accord avec les orientations du gouvernement en place. Et, moi, écoutez… c'est la démocratie, hein?

Mme Plante (Caroline) : Iriez-vous jusqu'à les encourager à faire une grève, une grève générale?

M. Roy : Bon, écoutez, ce n'est pas… Je ne suis pas là pour ça, là. Je ne peux pas encourager la désobéissance civile puis la… Non. Les gens sont mobilisés, les gens prennent les décisions qu'ils doivent prendre et c'est l'histoire qui écrit le tout, hein? On est dans une situation qui est presque sans… Au niveau historique, là, il se passe quelque chose. Depuis la Révolution tranquille, là, il n'y a pas eu de grand mouvement comme ce qu'on voit là, là. Juste au niveau des régions, là, on avait 181 millions, là on est rendus à 100, d'un coup sec, puis on nous dit : Soyez heureux. Ah non! Ça ne marche pas, là. Que le Conseil du patronat s'avance pour dire qu'on va financer le déménagement des familles dans des régions dévitalisées, c'est qui qui met la ligne, là, sur c'est quoi, une région dévitalisée? Là, on rentre dans quelque chose d'extrêmement dangereux. Et, quand tu prends des positions comme ça… Et, qui plus est, le gouvernement vient annoncer quelques jours plus tard : On coupe le soutien aux régions dévitalisées. Mais, quand tu rentres… quand tu fais ça, c'est parce que tu as une idée en arrière de la tête. Et, veux veux pas, les gens, ils vont se lever, hein? Mais ça... Écoutez, je ne peux pas les arrêter.

Mme Plante (Caroline) : Justement, aujourd'hui, ce matin, il y avait les associations... les syndicats de retraités qui nous parlaient en conférence de presse puis qui disaient qu'ils trouvaient que le gouvernement manquait franchement de respect à vouloir désindexer leurs rentes. Êtes-vous d'accord avec eux? Êtes-vous aussi outré qu'eux?

M. Roy : Bien, il ne manque pas juste de respect, il diminue leur pouvoir d'achat et leur capacité dans un contexte où on coupe partout. L'appauvrissement, ce n'est pas juste au niveau financier, c'est au niveau des services que les gens n'auront pas accès, c'est au niveau... Moi, je reviens en Gaspésie encore : on n'a plus de train, on est en train de perdre l'autobus. Et comment on va faire, là, pour aller se faire soigner, puis etc.? Donc, on est vraiment dans une logique de déconstruction de l'ensemble des outils du vivre-ensemble qui ont fait de nous une social-démocratie. Et là je n'irai pas trop loin là-dessus, parce qu'on va ailleurs, là, mais ça... Les gens vont répliquer, puis il va probablement y avoir un front commun, éventuellement, parce que, là, l'attaque est systématique de tous bords, tous côtés.

Et là on vient d'annoncer tout à l'heure 225 millions pour la forêt. Bien, c'est une réannonce, là. Je veux dire, c'est du recyclage, comme le cas de la cimenterie McInnis, hein? Nous l'avions annoncée, nous l'avions ficelée, puis elle a été réannoncée. Donc, rien de nouveau. Tout ce qu'on a dit au monde de la forêt actuellement, c'est : On ne vous coupera pas, vous allez survivre encore. Parce que, là, la grogne est systématique dans les régions. C'est sûr qu'on a quelques élus qui ne se lèvent pas, mais, bon, ils ont des accointances, probablement, puis c'est leur affaire.

Mais on est, je dirais, dans une époque qui va être très significative pour l'avenir du Québec. Si les gens ne réalisent pas ce qui se passe, bien là on... il faut anticiper des choses peut-être... je ne dirais pas décourageantes, mais qui vont susciter une certaine grogne.

Une voix : Merci beaucoup.

M. Roy : Merci.

(Fin à 11 h 44)

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