(Douze heures sept minutes)
Mme
Hivon
:
Bonjour, tout le monde. Alors, écoutez, en cette journée de manifestations
contre l'austérité et des effets catastrophiques que cette austérité toxique
provoque sur la qualité des services aux étudiants et sur la qualité de
l'enseignement dans nos cégeps et dans nos universités, je pense qu'il est très,
très important aujourd'hui de faire le point parce que, contrairement à ce que
le ministre Bolduc a répété ad nauseam depuis
des mois comme quoi il n'y aurait aucun service de touché, que toutes
ces compressions records dans le réseau
postsecondaire se feraient sans conséquence, bien, force est d'admettre que les
conséquences sont absolument dramatiques pour la qualité de l'enseignement et
l'avenir de nos cégeps et de nos universités.
D'abord, vous avez sans doute vu, hier, la sortie
de plusieurs acteurs du niveau collégial pour
vraiment faire ressortir que, des
48 cégeps, il y en a 29 où les services directs aux étudiants sont
affectés par les coupes records de 40 millions
cette année. Donc, on a eu d'abord une première ponction de 21 millions à
laquelle s'est ajoutée un 19 millions.
Donc, à quoi on fait face? Bien, réduction
des heures des services adaptés pour les étudiants en difficulté. On fait face
aussi à des services de soutien psychologique qui sont diminués, d'ouverture
des bibliothèques, privatisation de la gestion d'équipement. On voit aussi :
abolition de l'aide financière pour des équipes sportives, mise à pied de
conseillers pédagogiques, de techniciens en travail social, de techniciens en
laboratoire. Donc, évidemment, tout ça a des impacts directs sur la qualité des
services.
On voyait,
hier, très clairement qu'autant du côté de la
fédération des étudiants… on disait que c'était très grave pour la qualité des
services aux étudiants, la qualité de l'enseignement. Du côté de la Fédération
des cégeps, on a dit qu'on a tout tenté, mais
que, malheureusement,
il est impossible de ne pas toucher aux services aux étudiants. C'est Jean
Beauchesne qui a déclaré ça. Pour la FECQ, la fédération des étudiants, c'est
carrément la réussite scolaire qui, à terme, est mise en cause par ces
compressions records. Et, du côté des enseignants,
on dit qu'on n'arrive plus à couper dans l'accessoire, mais qu'on est vraiment
rendus dans le nerf, donc, aux services, aussi, aux étudiants.
Par
ailleurs, le constat est tout aussi dramatique sinon plus pour le réseau universitaire : compressions records, de ce côté, de
200 millions de dollars. Alors, on
assiste à quoi? Bien, on assiste carrément à la disparition de programmes, à la
fusion de facultés, à l'abolition de dizaines et de dizaines de cours dans
chacune des universités, de dizaines et de dizaines de
postes de chargés de cours, aussi les services aux étudiants, même
chose. On a vu, il y a quelques semaines qu'on coupait carrément dans, notamment, le
soutien aux élèves handicapés, alors que, justement, c'était une des priorités qui étaient ressorties
du Sommet sur l'enseignement supérieur.
Alors, la situation est excessivement
grave, d'autant plus grave qu'on est face à un gouvernement qui répétait,
lorsqu'il était dans l'opposition il y a à peine un an, à quel point le réseau universitaire
était sous-financé, à quel point on devait en faire une priorité nationale. Eh
bien, aujourd'hui, je demande à ce gouvernement, je demande au ministre Bolduc
quelle espèce de priorité il fait de l'enseignement supérieur quand on voit
tous les effets catastrophiques sur la qualité des services aux étudiants, la qualité de l'enseignement.Ce n'est pas rien. Pourquoi c'est si important,
l'enseignement supérieur? Bien sûr, c'est parce que c'est au coeur de tout
notre développement social, économique et scientifique, bien entendu. Alors, on
est face à un ministre qui, visiblement, nous a répété ad nauseam qu'il n'y
aurait aucun effet, alors qu'assurément il savait très bien que ce ne serait
pas le cas. On est face à une supercherie, on est face à une supercherie
absolument extraordinaire de la part du ministre Bolduc.
Donc, on lui demande de cesser son mauvais
théâtre, on lui demande d'arrêter cette saignée de nos cégeps et de nos
universités et on lui demande de mettre fin à ces compressions et de s'assurer
qu'il n'y aura plus de tels effets délétères sur la qualité des services aux
étudiants particulièrement dramatiques en région. Et, sur ce, je vais céder la
parole à mon collègue le député responsable des régions.
M. Lelièvre
: Bonjour.
Écoutez, ça me fait plaisir de me joindre à ma collègue Véronique Hivon pour
participer à ce point de presse. Écoutez, les régions, vous savez, la saga des
coupures, ça fait quelques mois que ça dure, mais là, aujourd'hui, on parle
davantage du secteur de l'éducation. Concrètement, ce que ça veut dire, bien,
ça veut dire des fermetures de disciplines en région, des abandons de certains
cours.
Plus particulièrement, hier, on voyait
dans LaPresse,
l'Université Laval, la seule institution qui est présente en Gaspésie, dans ma
région, bien, va fermer son école d'été à Percé. C'est 900 étudiants qui
ont été formés dans les dernières années. Ce n'est quand même pas rien.C'était
une école de renommée internationale, c'est des retombées économiques dans le
milieu, c'est de l'expertise. Je me souviens d'avoir travaillé avec plusieurs
professeurs qui enseignaient à l'école d'été de Percé et qui s'impliquaient
dans différents dossiers économiques et sociaux de la région de la Gaspésie, donc des personnes clés.
Un cégep,
une université dans une région, ce n'est pas uniquement voué à l'éducation. À
mon avis, c'est un vecteur extrêmement important en matière de développement
local, régional et d'occupation du territoire. Vous savez, quand on a le
privilège ou la chance d'avoir des professeurs d'université puis de cégep qui
ont des expertises, je dirais, multisectorielles, bien,
dans le milieu, les agents municipaux, les agents de développement, ces gens-là
sont très sollicités et peuvent participer au développement, hein, du milieu.Et, encore plus,
c'est encore plus pertinent dans le moment présent,
où on assiste à, finalement, la démolition de beaucoup des structures et des
organes de développement des régions, les CLD, les CRE, les carrefours
jeunesse-emploi. Donc, il y a un lien direct entre l'expertise des professeurs
dans les cégeps, les universités et les intervenants du développement local et
régional. Donc, c'est une menace de plus pour les
régions.
Écoutez, à Matane, le personnel enseignant
et l'ensemble du personnel ont renoncé à deux jours de salaire pour éviter des
pertes de services aux étudiants. C'est quelque chose! Quand on est rendus à demander au personnel des cégeps des régions de
sacrifier leur salaire pour pouvoir maintenir un niveau de services décent, on
est rendus loin. Je pense aussi aux étudiants.
Vous savez, un étudiant qui est à Gaspé, ou en Gaspésie, ou en région, c'est
au-delà de 15 000 $ de frais pour étudier dans des grands centres.
Oui, il y a le régime de prêts et bourses, mais ce n'est pas toujours
suffisant. Donc, avec la fermeture,
possiblement, de plusieurs cohortes dans les
régions, ça veut dire plus d'étudiants des régions qui vont s'exiler vers les
grands centres, donc des coûts supérieurs. Il y a des familles qui ne peuvent
pas l'assumer. Et on sait que, quand un
étudiant quitte sa région, souvent il risque de se trouver un emploi à
l'extérieur, donc c'est une spirale qui entraîne,
encore là, moins de jeunes qui reviennent dans
les régions pour dynamiser nos milieux puis prendre en main cette relève-là qui
est extrêmement importante. Donc, c'est le message que je voulais vous livrer.
Merci.
M. Caron (Régys)
:
Est-ce qu'on a encore le moyen de maintenir un réseau collégial en région?
Mme
Hivon
:
Clairement. Ce n'est pas une dépense, c'est vraiment un investissement. Puis en
ce moment on le voit — puis Gaétan l'a très
bien exposé — avec tout ce qu'on vit de démantèlements de leviers de
développement régional — il parle d'une région éloignée, mais
c'est la même chose dans une région comme Lanaudière — ces
pôles-là deviennent encore plus vitaux. Parce qu'on l'a vécu avec la saga des
conservatoires, pour tout ce qui était de la question de la culture, c'est des
poumons culturels. Bien, les cégeps, c'est des poumons de développement social,
scientifique aussi, de formation aussi, de développement local pour garder les
jeunes, pour avoir une masse critique, aussi, de gens qui travaillent, d'intellectuels qui sont
là pour former les gens dans différents domaines, donc c'est clairement un investissement.
Il n'y a
personne qui remet en cause la nécessité de garder ces cégeps-là, sauf qu'à un
moment donné il ne faut pas les saigner si on veut pouvoir…
voir qu'ils participent au développement local
puis à la vitalité des régions. Puis en ce moment on se demande, évidemment,
qu'est-ce que le gouvernement pense de tout ça parce qu'on craint carrément que
ces institutions-là en viennent à perdre tout
sens ou qu'elles soient carrément moribondes.
M. Chouinard (Tommy)
:
Bien, justement, dans les coulisses, le gouvernement laisse entendre que, dans
le cas des cégeps, il y a encore de la marge, en voulant dire qu'on peut encore
demander des compressions sans qu'on soit… sans que les cégeps aient à aller
dans… aient à couper dans les services directs. Il le laisse entendre aussi
dans le cadre des négociations dans les secteurs public,
parapublic avec certaines mesures pour avoir plus de mobilité du personnel, etc.
Est-ce que… J'aimerais ça… Les échos que vous avez des cégeps à qui vous parlez, en
région, en particulier, est-ce que le constat, c'est vraiment que, là, on est
rendu à l'os…
Mme
Hivon
:
C'est le constat.
M. Chouinard (Tommy)
:
…ou est-ce que c'est leur défense normale pour éviter absolument les
compressions? Il y en a…
Mme
Hivon
:
Sincèrement, sincèrement, je n'ai jamais vu
une sortie comme celle d'hier, où on a les professeurs, on a les dirigeants des cégeps, la Fédération des
cégeps… les professeurs et les étudiants qui sortent d'une seule voix en disant :
Là, on n'est plus capables de rien absorber, c'est les services directs. Puis
je vois mal comment on pourrait nous faire croire que, quand on coupe des
postes de conseillers pédagogiques, des postes de techniciens
en laboratoire, des heures d'ouverture, des laboratoires, des bibliothèques, du
soutien aux activités sportives, on n'est pas en train de détruire
tranquillement, carrément le milieu de vie des cégeps.
M. Caron (Régys)
: Mais, Mme Hivon, compte tenu de ce qu'on a
déjà vécu lorsque les gouvernements péquistes ont orchestré le déficit zéro, début des années 80, milieu des
années 90, les psychodrames que ça a créés, est-ce qu'on n'est pas
au milieu d'un psychodrame semblable? Parce que, justement, il faut atteindre
le déficit zéro. Est-ce que ce n'est pas ça, l'effort qui doit être demandé par
tous les réseaux : cégeps, universités, santé, etc.?
Mme
Hivon
:
Bien, moi, j'aimerais ça qu'on nous donne l'heure juste, que ce gouvernement de
la transparence, de l'ouverture, nous donne l'heure juste. Ce gouvernement-là,
qui s'acharne à nous dire depuis des mois — au premier chef, le
ministre Bolduc — qu'il n'y aura aucune espèce d'impact sur la
qualité des services, bien là j'aimerais ça qu'il nous dise aujourd'hui comment
il peut défendre une telle position quand les impacts très concrets, très directs s'accumulent; niveau cégep, niveau
universitaire, tout le monde est d'accord là-dessus dans le réseau. Puis Dieu
sait que, dans le passé, ils en ont déjà eu, des efforts à faire, mais ils
arrivaient toujours à ne pas toucher aux services.
Bien là, ils sont en train de nous dire : On n'est plus capables,
on ne peut plus en prendre. La coupe est pleine, ça déborde.
Donc, moi, j'aimerais ça qu'il nous
explique, ce gouvernement de la transparence, comment il peut tenir de tels
propos. Alors, moi, ce que je vous dis, c'est que, depuis le début, il savait
très bien… Avec un 21 millions dans les cégeps plus un 19 millions
qui s'ajoute, avec un 200 millions pour les universités, c'est des
compressions records, c'est du jamais-vu.
Donc, comment il peut nous expliquer qu'il a pu tenir ce discours-là? C'est une
supercherie clairement programmée, puis je pense qu'il faut que cette mauvaise
pièce de théâtre arrête.
M. Caron (Régys)
:
Donc, si le gouvernement disait : Oui, ça va faire mal, oui, il y a des
services qui vont être affectés, ce serait moins pire, les gens le sauraient davantage?
Mme
Hivon
:
Premièrement, il faut de la transparence. Deuxièmement, il faut mettre une
priorité dans l'enseignement supérieur, cohérence
aussi. Je vous rappelle, ce gouvernement était dans l'opposition il y a un an, répétait ad nauseam, le ministre
Arcand le premier, actuellement… qui était critique de l'opposition, n'arrêtait
pas de dire comment il fallait un réinvestissement majeur. Vous vous rappelez
de toute la crise, peut-être, de la hausse des frais de scolarité? Qu'est-ce
qui a provoqué tout ça? Le réinvestissement majeur qu'il fallait faire dans le
financement. On était face à un sous-financement qui n'avait aucun sens. Mais, nous, justement, en 2014‑2015, on devait
réinvestir plus de 250 millions pour aller de l'avant, solidifier le réseau
puis s'assurer que c'était une véritable priorité.
Donc, cohérence, transparence, c'est ça
qu'on cherche d'un gouvernement responsable. Malheureusement, ce n'est pas ça
du tout qu'on a.
M. Chouinard (Tommy)
: Le président du Conseil du trésor justifie les
coupes en disant qu'à l'Assemblée nationale il y a le Parti libéral, le Parti
québécois et la Coalition avenir Québec qui sont d'accord pour qu'on revienne à
l'équilibre budgétaire en 2015‑2016. Donc, il répète ça sur toutes les
tribunes. C'est vrai que vous appuyez le gouvernement dans l'atteinte du
déficit zéro en 2015‑2016?
Mme
Hivon
: On
veut des finances publiques saines. Puis ce qu'on aimerait du gouvernement,
c'est qu'il travaille sur la colonne des revenus. Moi, je cherche encore le début
du commencement d'une solution structurante — et
mon collègue Gaétan… même chose pour les régions — pour la
création d'emplois, pour la création de la richesse. Donc, on cherche toujours
ce qui en est de ce côté-là.
M. Chouinard (Tommy)
:
Mais votre collègue Bernard Drainville, lui, il a ouvert la porte à l'idée de
reporter le déficit zéro parce que, là, ça fait trop de dommages. Il y a même l'économiste
Pierre Fortin, je pense, que je voyais hier, qui
disait qu'à la vitesse à laquelle on va, là, c'est peut-être… c'est trop
rapide.
Mme
Hivon
:
Bien, il y a quelque chose d'excessivement inquiétant. Qu'est-ce qui est
excessivement inquiétant? C'est le fait que ce gouvernement-là s'y prend de
cette manière-là. Vous aviez…
M. Chouinard (Tommy)
: C'est la manière ou la vitesse?
Mme
Hivon
:
C'est la manière qui est particulièrement problématique. Vous avez sûrement pu
constater que les manières sont complètement différentes. Nous, quand on était
là, on avait un plan économique excessivement fort avec les gazelles, avec la
politique scientifique, d'ailleurs. Où est-elle passée, cette politique-là?
J'aimerais ça le savoir. La PNRI, même chose, on n'a aucune nouvelle de ça.
C'était structurant pour du développement économique scientifique. Alors, il y
a énormément d'éléments du côté de la création de la richesse, des revenus qui
sont tout à fait disparus.
M. Chouinard (Tommy)
:
Mais donc la ligne, au PQ, pour que je
comprenne, là, c'est 2015‑2016, oui, mais d'une autre manière?
Mme
Hivon
:
Notre ligne, c'est qu'effectivement il faut faire les
choses correctement, mais le gouvernement s'est tellement mal engagé. On
voyait ce matin qu'il est le troisième en termes d'austérité dans le monde, ce
qui se passe en ce moment au Québec. Il s'est tellement engagé dans une voie,
je vous dirais, à sens unique, avec des compressions qui ont des effets
pervers, plutôt que de s'engager dans la voie des revenus, qu'effectivement les
effets risquent d'être catastrophiques. Il fallait faire les choses
correctement.
M. Chouinard (Tommy)
:
Ce n'est pas une bonne idée de reporter l'atteinte du
déficit zéro? Ça, ce n'est pas une bonne idée pour vous? C'est une bonne
ou mauvaise idée de reporter?
Mme
Hivon
:
Nous, ce qu'on veut, c'est que le gouvernement fasse des choses qui n'ont pas
des effets contradictoires, qui n'auront pas d'effets pervers qui vont faire en
sorte que ça va nuire plus que d'autre chose. En ce moment, on est en train de
créer de la pauvreté, carrément, dans les régions avec les décisions qu'on prend.
M. Caron (Régys)
: …Mme Hivon, est-ce qu'il devrait aller chercher ça
en impôt?
Mme
Hivon
: Je
ne suis pas en train de… Moi, je suis en train de
vous dire que lui, il doit mettre de l'avant ses solutions. Nous, on
avait des solutions. Je ne ferai pas la job du gouvernement. J'en ai déjà assez
à essayer de voir tous les impacts.
M. Lelièvre
: Puis j'aurais
peut-être le goût de rajouter, vous savez, quand
j'entends tout le discours du
gouvernement présentement, la recherche de l'atteinte de l'équilibre budgétaire
peut être un principe louable en soi, mais c'est de la façon qu'il le fait et
avec la rapidité qu'il
le fait.Un gouvernement qui vient d'être
élu, après six mois, qui amène autant de réformes,
je pense qu'il y a de l'improvisation. Écoutez, j'ai…
M. Chouinard (Tommy)
: Donc, la rapidité, c'est
ça qui…
M. Lelièvre
: Bien
écoutez, dans… C'est clair que, moi, ce que je déplore comme critique aux
régions, c'est l'absence de modulation, c'est le
mur-à-mur comme du jamais-vu. Vous savez, quand on coupe
400 000 $ dans un CLD, en Gaspésie, qui a un budget de 900 000 $, ça n'a pas
la même portée que le même 400 000 $ dans un CLD qui a un budget de
3 millions. C'est tout l'aspect déraisonnable, là, de l'opération, là,
vraiment, à la hache, là, dans les budgets des régions. On ne veut pas faire
vite et bien, c'est impossible, pas dans cela.
M. Chouinard (Tommy)
: Vous dites la rapidité, bon, c'est problématique. O.K.
Là, le Parti québécois, est-ce qu'il préconise le report de l'atteinte du
déficit zéro, parce que, là, ça crée des dommages un peu partout comme…
M. Lelièvre
: C'est de travailler
intelligemment.
Mme
Hivon
:
Nous, ce qu'on préconise, c'est un gouvernement responsable qui travaille comme du monde. Puis malheureusement on est un
an… ça fait un an qu'il travaille sans travailler du tout sur la colonne des revenus, donc c'est
excessivement difficile. C'est à lui de prendre ses responsabilités pour
répondre aux objectifs qu'il s'est fixés.
M. Boivin (Simon)
: Sur
le déficit des universités, là, qui s'élève à 2,9 milliards, un montant
record, est-ce que, selon vous, c'est un symptôme d'un sous-financement
chronique ou c'est… est-ce qu'il y a un
problème de gestion dans les universités pour qu'on atteigne ce niveau-là de
déficit?
Mme
Hivon
: C'est
quelque chose qui est très préoccupant, puis d'ailleurs qui, nous, nous
préoccupait. C'était un enjeu lors du sommet. Parce que je vous rappelle que,
nous, la question du sous-financement, on s'y attaquait vraiment, contrairement
à ce gouvernement, qui,
il y a un an, le dénonçait et maintenant en ajoute avec des compressions
records. Ce n'est quand même pas rien.
L'effort qui avait été demandé, par exemple, à l'Université Laval au cours des
dernières années, c'était
un 8 millions total; et, cette année seulement, c'est
42 millions. Ça fait que ça vous donne l'ampleur de la tâche. Et, nous, à partir de cette année, il y avait un
réinvestissement de 262 millions, parce qu'il y a un cercle vicieux
incroyable là-dedans. C'est que c'est qui qui paie
pour les déficits? Qui qui paie? C'est le gouvernement qui paie les
intérêts des déficits. C'est lui qui ramasse la facture des déficits des universités.
Puis là
ce qu'il fait pour répondre à ces impératifs, c'est qu'il rajoute une couche de
compressions supplémentaires. Donc, évidemment, il faut,
à un moment donné, se dire : Est-ce que c'est
une priorité ou ce n'en est pas une, l'enseignement supérieur? Et l'autre
question, évidemment, qu'il faut s'assurer qu'il y a une saine gestion administrative dans les hauts lieux.
Quand on
parle du cas de l'Université Laval, ce n'est pas pour rien que les gens sont particulièrement choqués — les
étudiants, les enseignants, les gens qui évoluent à
l'Université Laval — de voir la situation où on a donné des
bonifications substantielles, où on a doublé la durée des primes d'après-mandat
quand on vit une situation aussi grave, quand on voit
des déficits aussi importants et des compressions
aussi importantes.
Donc, le
gouvernement doit s'assurer de deux choses : que, un, ses règlements sont
respectés, mais évidemment, quand on a un
ministre qui n'a pas la crédibilité, quand on a un ministre qui a commis les
impairs qu'il a commis, c'est difficile d'avoir un pouvoir ensuite d'imposer
ses décisions comme on l'a vu, là, au cours des
derniers jours. Et évidemment il faut aussi décider qu'à un moment donné
on ne peut pas saigner nos cégeps et nos universités, c'est le développement
global du Québec qui va en souffrir.
La Modératrice
:En anglais…
Mme Plante (Caroline)
: …global conclusion is that is the cutbacks won't have much of an impact
on services. But you're saying there is an impact
right now. What do you mean? Can you explain that?
Mme
Hivon
: There is a very strong impact, on
the cuts that the Government is doing right now, in the universities and cegeps. The
cuts really affect directly the services to students and the quality of
teaching also. We see, you know, cuts in the number of classes that are taught, the number of people who are
teaching, we see cuts in the hours of opening of laboratories,
of libraries, we see cuts in the services to support handicapped students, to
support, you know, people who have difficulties in learning because there is a strong, also… «décrochage», there
is a strong abandonment… there is a strong dropout
rate also that we have to take into account at the higher level of education as
well as in secondary school. So, all those considerations
just seem not to be there.
Mme Plante (Caroline)
: But isn't it inevitable that the… impacts is the objective, the shared objective of the National
Assembly is to go back to… people with finances and
the balanced budget. Is it wishful thinking to think
that there won't be any impact or there shouldn't be?
Mme
Hivon
:Well, there's two things. There's two things.
First of all, if there were to be impacts, the Government
had the responsibility to tell us what kind of impacts there would be. When we had such a difficulty… and when we were in Government,
we were really open and we did it with all society to
say : OK, what do we do together
to make sure that we aim in this direction, you know, what kind of measures
will we do, will it hurt, maybe it hurt there, maybe it will hurt there, but
this is a collective responsibility and we are aiming towards the same
objective. With this Government, the problem, and specifically with this Minister of Higher Education
is that he keeps saying, you know, ad nauseam, all
the time, that there won't be any impact, there won't be any effect on
the students, on the quality of education, when it's not
the case. We see it at the primary, secondary
levels, but we see it also and very strongly, at the
collegial and university levels. So, this is one problem, there's no
transparency, and all that. It's a big scheme,
it seems that, you know, they're just playing a bad play, and we want this bad
play to end.
Mme Plante (Caroline)
: But do you think the Liberals have a merit in really sticking to
their objective of balancing the budget? Isn't there some merit in really...
Mme
Hivon
: I think this is counterproductive. With the measures that they're putting there, it's truly counterproductive.
You know, you won't have the quality of teaching, you may have... Like Gaétan
was saying, students will leave their communities or will leave their regions to go to the centers. So, what will
happen with all the other cuts that we see in the regions? What will happen to
our... you know, our local development, our regional development? So, you have
to think, sometimes,
about what you do. You know, if it's counterproductive, well, don't do it. And,
if national education is a priority, well, then,
act accordingly.Merci.
(Fin à
12 h
28)