(Quinze heures trente-sept minutes)
M. Coiteux : Alors, mesdames
messieurs, bonjour. Comme vous le savez, il va y avoir une manifestation aujourd'hui
à Québec, et c'est justement dans ce contexte que je souhaitais m'adresser aux gens
qui vont manifester tantôt dans la rue. Il y a des gens qui vont manifester. Je
souhaitais m'adresser directement à eux, puis, en même temps, bien entendu, je
voulais m'adresser à l'ensemble des Québécoises et des Québécois.
Mon message, essentiellement, c'est le
suivant : Le gouvernement est totalement, mais parfaitement conscient de
tous les efforts qu'on demande, qui sont des efforts importants, qui sont des
efforts qui ne sont pas nécessairement faciles pour personne. On est tout à
fait conscients de ça. Mais je réitère que c'est un effort qu'on demande à
tous, que c'est un effort national qui est demandé à tout le monde.
Mais il y a une raison pour laquelle on
demande cet effort national et qu'on demande cet effort, donc, à tous :
presque 11 milliards d'intérêts, cette année, sur une dette de plus de 200 milliards
de dollars. C'est 11 milliards de dollars qui n'est pas disponible, ni
pour de la rémunération d'employés du secteur public, ni pour aucun programme
dont les Québécois pourraient être les bénéficiaires.
Et pourquoi on en est arrivés là? On en
est arrivés là essentiellement parce que, pendant trop longtemps, pendant
plusieurs années, on a dépensé collectivement plus que notre capacité de
générer de la richesse. Conséquemment, on a eu des déficits, après déficits,
après déficits. Et, si on ne faisait pas cet effort national qu'on demande à
tous, cette année, on aurait 5 milliards de déficit, et l'an prochain, on
aurait plus de 7 milliards de déficit.
Qu'est-ce que ça fait, ça, en… qu'est-ce que
ça cause comme problème? Dépenser systématiquement plus que ce qu'on est
capables de gagner collectivement, ce que ça fait, c'est qu'on est les plus
imposés au Canada. Nos impôts sont les plus lourds. Notre problème de dépenses
excessives fait en sorte qu'on a des impôts excessifs, et ça, ça vient briser
notre prospérité collective. Ça vient nous enlever les recettes fiscales avec
lesquelles on est capables de payer les programmes, avec lesquelles on est
capables de payer la justice sociale à laquelle on tient, avec laquelle on est
capables d'améliorer les conditions de l'ensemble de la population, les groupes
communautaires, les employés du secteur public, l'ensemble des Québécois qui
sont bénéficiaires des programmes.
Ce cycle antiprospérité, qui est lié à une
dépense excessive, on doit le briser. On doit le briser, justement, pour
retrouver notre marge de manoeuvre, et c'est exactement ce qu'on fait. C'est
exactement la raison pour laquelle on demande cet effort national, parce que,
si on contrôle bien nos finances publiques après cet effort qu'on demande à
tous, bien, on va commencer à retrouver la liberté aussi de commencer à baisser
cette pression fiscale, permettre à nos entreprises d'investir davantage et
d'innover davantage, permettre à nos citoyens de consommer davantage, permettre
donc d'avoir une économie beaucoup plus dynamique et prospère et ultimement
d'avoir les recettes fiscales que nous n'avons pas aujourd'hui, avec lesquelles
on va être capables de se payer les programmes que l'on veut collectivement, la
justice sociale que l'on veut collectivement et améliorer les conditions
d'existence de tout le monde, y compris, bien entendu, des employés du secteur
public.
Alors, voilà la raison pour laquelle on
demande cet effort, voilà la raison pour laquelle je souhaitais m'adresser à
tout le monde aujourd'hui, vous qui allez peut-être manifester dans la rue,
vous qui ne manifestez pas aujourd'hui et qui écoutez ça. Le travail, cet
effort national qu'on fait, qu'on demande à tous, il est dans l'intérêt de
tous, et c'est ensemble que l'on va y arriver.
Mme Prince (Véronique)
:
M. Coiteux, pourquoi vous sentiez le besoin de répliquer aux syndicats?
M. Coiteux : Je sentais
surtout le besoin d'expliquer à nouveau, parce que je l'ai déjà fait, pourquoi
nous sommes dans cet exercice d'assainissement des finances publiques, dans
quel but nous faisons cet exercice d'assainissement des finances publiques. On
le fait pour améliorer le sort de tout le monde, d'absolument tout le monde, y
compris les personnes qui vont aujourd'hui manifester. On travaille pour ces
personnes-là aussi.
M. Ouellet (Martin)
:
Mais, M. Coiteux, ça fait certainement trois points de presse, là, où je vous
entends parler de la manif d'aujourd'hui, mettre les gens en garde, servir un
avertissement aux manifestants de ne pas pousser les choses, etc. On sent une
certaine nervosité. Est-ce que vous avez peur d'échapper le ballon?
M. Coiteux : Ce que je veux, c'est
réexpliquer la démarche, c'est de rappeler à tout le monde pourquoi on fait ça,
parce qu'il y a des gens qui vont déformer un petit peu la situation peut-être,
peut-être, mais il faut rappeler l'objectif.
L'objectif, c'est de faire avancer
l'ensemble des Québécois, c'est de briser le cycle antiprospérité dans lequel
est le Québec. On paie plus d'impôt qu'ailleurs, on a eu, pendant plusieurs
années, moins de croissance économique qu'ailleurs et donc on a moins de
recettes fiscales qu'on devrait avoir, qu'on est capable d'avoir. Et la façon
de le faire, c'est d'abord de mettre de l'ordre dans nos finances publiques, de
relancer notre économie, de reconstituer nos marges de manoeuvre, et, avec ça,
on va travailler à améliorer nos conditions.
M. Ouellet (Martin)
:
Mais on voit que vous éprouvez une certaine crainte pour le maintien de la paix
sociale. Si vous sentez le besoin de sortir comme ça pour rappeler vos
objectifs et faire miroiter des vallées verdoyantes, comme disait Bernard Landry,
c'est qu'il y a une crainte, là, qui s'exprime, là, par rapport à la paix
sociale. Est-ce bien ça?
M. Coiteux : Bien, je pense
que c'est mon rôle. C'est mon rôle d'expliquer aussi, comme membre du
gouvernement, les raisons pour lesquelles on a commencé cet exercice-là au mois
d'avril, pourquoi on demande des efforts à tous, mais quels sont les bénéfices
qui viennent avec ces efforts qu'on demande à tous. Ça fait partie de mon rôle.
Mon rôle n'est pas que de m'assurer qu'on contrôle nos dépenses. Bien sûr, pour
assurer qu'on livre la marchandise dans un budget équilibré puis qu'on le
maintienne, mais mon rôle est aussi d'expliquer pourquoi on le fait. C'est ça
que je fais aujourd'hui essentiellement.
Mme Prince (Véronique)
:
Est-ce que vous craignez que les gens se rangent derrière les arguments des
syndicats? Est-ce que vous craignez que les gens croient davantage les
syndicats que le gouvernement?
M. Coiteux : Je m'adresse à
tous les Québécois puis je m'adresse à ceux qui manifestent aujourd'hui. Puis
je suis certain que, parmi ceux qui manifestent aujourd'hui, ils comprennent
très bien ce message-là, que, si l'économie du Québec est plus prospère, plus
dynamique, il va y en avoir pour beaucoup de choses qui sont chères à leurs
yeux aujourd'hui.
Ce que je leur dis, c'est que, justement,
c'est le travail qu'on est en train de faire. On est en train de faire ce
travail-là précisément pour que l'économie du Québec ait plus de prospérité.
Elle n'aura pas plus de prospérité si elle est plus endettée. Elle n'aura pas
plus de prospérité si on doit augmenter les impôts dans deux, dans trois ans,
dans quatre ans parce qu'on n'aura pas contrôlé nos finances publiques. Il faut
mettre un terme à ce cycle antiprospérité. C'est ça que je suis venu dire
aujourd'hui essentiellement.
M. Lavallée (Hugo)
: M.
Coiteux, sachant tout ce que vous venez de nous dire sur la dette, le cercle
vicieux, un peu, dans lequel le Québec est enfermé, comment on peut qualifier
le comportement de ces gens-là qui sont réfractaires, qui manifestent? C'est
des gens ignorants, des enfants gâtés? Comment vous percevez ça? Ils ne veulent
pas faire leur part?
M. Coiteux : Regardez, dans
l'exercice qu'on fait actuellement… C'est un exercice qui est difficile, là. On
ne se cachera pas que c'est difficile. Ça l'est, ça l'est pour tout le monde.
Il y a certainement des groupes qui n'aiment pas, là, concrètement,
aujourd'hui, là, ce qu'on doit faire pour ramener l'équilibre financier, pour
ramener l'équilibre des finances publiques, et ils ont le droit de ne pas aimer
cette situation-là. Mais on est dans cette situation-là parce que, dans le
passé, on a remis cela à plus tard. Cette fois-ci, on ne le fera pas. Et on ne
le fera pas, pourquoi? Parce que c'est dans l'intérêt de personne et ce n'est
pas dans l'intérêt de ceux qui manifestent aujourd'hui non plus.
Alors, je pense que ce message-là, qui
est… on a l'occasion de se parler, là. Ce message-là, c'est important qu'on
puisse le communiquer parce que c'est le message de ce qui se passe réellement
dans la vie, là. Si on n'équilibre pas notre budget, on va être plus endetté,
on va augmenter les impôts, on va réduire les services. Avec quoi on va payer
la justice sociale si on perd le contrôle des finances publiques? Alors, c'est
ça que je veux dire aujourd'hui à tous ces gens-là. On partage beaucoup de
choses, mais, pour y arriver, il faut prendre les moyens. Les moyens, bien,
c'est notamment de ramener l'équilibre des finances publiques.
M. Lacroix (Louis)
:
Allez-vous sortir tout à l'heure, là? Ils vont être devant le Parlement, là,
vous pourriez… Plutôt que de passer par l'intermédiaire de la caméra, pourquoi
vous ne sortez pas pour aller les voir puis leur lancer ce message-là?
M. Coiteux : J'ai eu l'occasion
de rencontrer pas mal de monde, hein, depuis le début de mon mandat. J'ai notamment
rencontré tous les syndicats, je les ai tous rencontrés, à plus d'une reprise d'ailleurs.
Je les ai rencontrés au mois de septembre pour parler de la situation des finances
publiques, je les ai rencontrés en révision des programmes, je les rencontre à
chaque fois qu'ils me demandent de me rencontrer aussi. Mais là il s'agit de
s'adresser à beaucoup de monde en même temps, ceux qui manifestent aujourd'hui,
mais les Québécois qui ne manifesteront pas aujourd'hui. Alors, ce message-là, je
pense qu'il est important pour l'ensemble des Québécois.
M. Lacroix (Louis)
:
Mais vous n'avez pas l'impression de prêcher à des sourds, là, parce que ces
gens-là… on l'a vu la semaine passée, il y a un artiste célèbre qui vous a
envoyé manger… en tout cas. Alors, ces gens-là, vous ne réussirez pas à les
convaincre avec vos arguments, là.
M. Coiteux : Bien, regardez, ça
va être impossible de convaincre qui que ce soit si on ne se parle pas. Alors,
la façon, c'est de communiquer. Si je restais dans mon bureau, si je ne
communiquais pas ces choses-là, ce serait plus difficile de les convaincre.
Mais justement j'ai l'intention d'être sur le terrain puis de dire les choses
telles qu'elles sont. La raison pour laquelle on mène cet exercice-là, ce n'est
pas de gaieté de coeur, c'est parce que c'est le geste responsable à poser. Ce
n'est pas dans le bénéfice du gouvernement, c'est dans le bénéfice de l'ensemble
des Québécois, y compris les Québécois qui manifestent aujourd'hui.
M. Ouellet (Martin)
: …en
avant, dehors. Vous n'irez pas là.
M. Coiteux : Bien, écoutez, je
rencontre les gens constamment et, parmi ceux qui manifestent aujourd'hui, je
rencontre beaucoup de ces groupes-là, puis chaque fois qu'ils vont vouloir me
rencontrer, ça va me faire plaisir.
La Modératrice
: En anglais.
M. Harrold (Max) : M. Coiteux, this is like several times today that you're making…
appointed, trying to say something to the people outside. Are you worried that
your message is note getting through or… Well, what's going on?
M. Coiteux : Well, I'm just making sure that my message is getting through. I'm
just taking the means to be sure that this message will be listened to, and
heard, and understood. So the only way I understand that this must be done is
by communicating. This is what I'm doing now.
M. Harrold (Max) : Do you think that they're spoiled brats? What's your message for
them?
M. Coiteux : No, I just think that we have to communicate. So they communicate
by their own means today, and I'm saying what I have to say. The Government is working very hard but is actually asking efforts from
everybody for absolutely everybody in our society. And
what is the goal of all this? It's to break the antiprosperity cycle in which Québec is. If we spend more than what we
collectively can generate in terms of income, if we do that for decades, obviously, we end up with the
highest fiscal burden in Canada
and actually in North America. This goes against the
interest of everybody.
So, the only way that we
can break this is, first, to re-establish a budget balance, to maintain a
fiscal balance that is compatible with our collective means and increase our
means by having more investments, but, for that, we have to reduce taxes.
M. Vendeville
(Geoffrey) : Mr. Coiteux, you say everyone has
to make an effort. The Premiers of Alberta and New Brunswick both took a pay
cut, and so did their cabinet ministers. Should Québec do the same?
M. Coiteux :
Well, we already have decided on many things that put more restraint on
Government spending inside, inside the Government itself. For example,
ministers cannot travel without approval, it must be for essential reasons; the
same thing in the whole State apparatus. But, at the same time, let's put one
thing that is sure : members of the Government will not get a penny more
than what we will give to public sector employees. So, if we end up with zero
in 2015 and 2016 — we don't know, because we're negotiating
this — you have to be sure that Government members will have nothing
more than that.
M. Vendeville
(Geoffrey) : But wouldn't it send a strong
message to take a cut, like these other Premiers have done?
M. Coiteux :
Well, as I said, we are controlling and we are reducing our own spending within
the Government apparatus and we will make sure that we
don't get any more than the rest of the public sector. Thank
you.
(Fin à 15 h 50)