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Point de presse de M. François Legault, chef du deuxième groupe d'opposition, et Mme Nathalie Roy, porte-parole du deuxième groupe d'opposition en matière de laïcité

Version finale

Tuesday, February 17, 2015, 11 h 15

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures vingt-six minutes)

M. Legault : Bien, bonjour, tout le monde. Merci d'être ici ce matin. Ce matin, ce qu'on veut, c'est revenir sur une des grandes préoccupations des Québécois, qui est grandissante, en fait pas juste au Québec, mais partout en Occident : la lutte contre l'intégrisme religieux. On peut lui donner le nom qu'on voudra : intégrisme, radicalisme, extrémisme, peu importe le nom, ce qui est important, c'est qu'il y a actuellement beaucoup de Québécois qui sont inquiets, et les exemples d'inquiétude se multiplient au Québec.

On a eu, bien sûr, il y a quelques semaines, le cas de l'imam dans Hochelaga-Maisonneuve, où le maire de Montréal, Denis Coderre, a dû intervenir. Vendredi dernier, c'était au tour du maire de Shawinigan de répondre aux inquiétudes de ses citoyens en empêchant la construction d'une mosquée à Shawinigan. Et samedi soir dernier, bien, 250 personnes devaient être réunies à Outremont pour recevoir des diplômes de l'Académie de la charia nord-américaine. La mairesse de l'arrondissement d'Outremont est intervenue à la dernière minute, mais finalement la réunion a eu lieu à Saint-Léonard. Cette réunion était organisée ou, en tout cas, animée par deux intégristes islamistes qui nient l'égalité entre les hommes et les femmes et qui invitent leurs disciples à refuser d'obéir aux lois occidentales, rien de moins.

Donc, les exemples sont de plus en plus nombreux, et les élus municipaux, que ça soit à Montréal, à Shawinigan, à Outremont, à Saint-Léonard, se retrouvent à être obligés de faire de la créativité, un peu d'improvisation, parce qu'il n'y a pas de balise au Québec, il n'y a pas de règle, d'outil pour aider pour aider les élus municipaux. Nous, on pense, à la coalition, que c'est possible, assez rapidement, de mettre en place des balises pour bien encadrer les décisions qui doivent être prises par les élus municipaux. D'ailleurs, le 4 février dernier, on a fait deux propositions très concrètes.

D'abord, on pense que c'est important d'amender la Charte des droits et libertés de la personne, donc la charte québécoise, pour dire qu'on ne peut pas permettre à quelqu'un de venir prêcher à répétition le déni des valeurs québécoises qui sont dans la charte. Donc, je comprends que, dans la charte, on parle de liberté d'expression, mais on parle aussi, dans la charte, de protéger, par exemple, l'égalité entre les hommes puis les femmes. Donc, il faut éclaircir la situation quand quelqu'un vient prêcher contre une valeur qui est dans la charte. On pense aussi que les groupes au Québec qui prêchent le déni des valeurs québécoises qui sont incluses dans la charte devraient perdre leur exemptions fiscales, que ça soit taxes municipales, scolaires, remboursement de TVQ. On ne voit pas pourquoi qu'on... On a déposé, la semaine dernière, là, une compilation, on voyait que certains groupes radicaux islamistes ont reçu 500 000 $ par année d'exemptions fiscales, qui vient, finalement, de la poche des Québécois. Je ne pense pas que, ça, c'est ce que les Québécois souhaitent au Québec.

On pense aussi que ce n'est pas une option de ne rien faire. L'inaction peut même nuire au dossier. On se retrouve dans une situation où, actuellement, il y a quelques fanatiques qui viennent rendre la vie très difficile, qui viennent stigmatiser une communauté, la communauté musulmane, pour la nommer, et c'est nécessaire d'agir pour bien baliser les décisions, rassurer les Québécois puis éviter qu'il y ait cette espèce de sentiment de rejet qui risque de se développer s'il n'y a pas une action rapidement qui est prise par le gouvernement du Québec.

Et ce serait… Je vous dirais, ce serait naïf de croire qu'en reportant le dossier qu'on fait une bonne chose. Tout ce qui traîne se salit, et on a une responsabilité comme élus d'agir rapidement pour rassurer les gens face à l'intégrisme qu'on voit de plus en plus ici, mais partout dans le monde.

Donc, je vous annonce que demain la Coalition avenir Québec va déposer une motion pour proposer des mesures concrètes puis proposer qu'on agisse pour lutter contre l'intégrisme, donc qu'on ne se contente pas seulement d'observer, mais aussi d'agir, d'aider, entre autres, les élus municipaux.

Et aujourd'hui, bien, je veux tendre la main à tous les députés de toutes les formations politiques. Je pense qu'on tient, tout le monde, les 125 députés, à protéger les valeurs québécoises. Lesquelles valeurs québécoises? Celles qui sont incluses dans la Charte des droits et libertés de la personne. Et donc j'invite tous les élus, évidemment en particulier ceux du Parti libéral, à appuyer la motion, ensuite à débattre et agir rapidement.

On a, au Québec, le devoir de faire preuve de leadership. On a le devoir de rassurer les Québécois. On a le devoir de mettre rapidement en place un plan pour lutter contre l'intégrisme. On a le devoir, comme élus, d'être capable de protéger nos valeurs qui sont fondamentales au Québec. Donc, là-dessus, je passe la parole à Nathalie Roy, députée de Montarville, qui est notre porte-parole en matière de laïcité et de justice.

Mme Roy (Montarville) : Merci, M. Legault. Je dois mettre mes lunettes, ce n'est pas écrit assez gros. Bonjour, tout le monde.

Alors, M. Legault l'a dit, ce qu'on souhaite avec la motion que nous allons présenter demain, c'est effectivement… tous les parlementaires reconnaissent que les libertés et les droits fondamentaux doivent s'exercer dans le respect de nos valeurs, le respect des valeurs démocratiques et que les intégristes religieux, qui encouragent le déni ou le dénigrement de nos valeurs fondamentales vont à l'encontre de ce principe.

On veut que les députés du gouvernement reconnaissent que la liberté d'expression n'est pas absolue et que l'état actuel du droit permet effectivement, comme on propose de le faire, d'encadrer cette liberté, mais au nom de l'intérêt commun. Ce qu'on veut surtout, c'est que le gouvernement reconnaisse la nécessité de défendre les valeurs québécoises face à l'intégrisme religieux et l'urgence d'agir pour lutter contre le radicalisme et prévenir la violence qui peuvent en découler. Vous savez, notre charte, elle date de plusieurs années, elle a été adoptée en 1975, et nous croyons sincèrement qu'il faut la moderniser, qu'il faut la protéger de ceux qui l'utilisent pour en abuser. Et c'est la position que nous adoptons. Il est temps d'agir, de faire quelque chose.

Le gouvernement doit répondre au sentiment d'insécurité que ressent bon nombre de Québécois, et c'est son rôle. Il doit les rassurer. Et, s'il reconnaît cette nécessité et cette urgence d'agir, alors le gouvernement ne devrait pas avoir aucune objection à l'idée de rapidement déposer un projet de loi pour, entre autres, interdire les formes d'expression comme des enseignements ou des prêches qui encouragent le déni de nos valeurs québécoises.

Et, avec cette restriction, puisque c'est une restriction, c'est un encadrement, nous proposons aussi que des sanctions soient créées. M. Legault en a parlé, je l'ai précédemment dit et je tiens à mettre l'accent sur ce point, on doit se donner des moyens de mettre des bâtons dans les roues des agents de radicalisation qui s'opposent aux libertés sur lesquelles s'est construite notre société. Il faut faire quelque chose.

Et, vous savez, on dit aussi que l'argent, c'est le nerf de la guerre. Alors, la semaine dernière, vous étiez là, j'ai souligné en Chambre, au gouvernement libéral, que des réseaux islamistes intégristes pouvaient actuellement bénéficier d'exemptions de taxes municipales et scolaire, et j'ai été très surprise de la réaction du ministre. Je m'attendais à ce qu'il réagisse positivement, qu'il s'engage à mettre des moyens en place pour corriger la situation. Vous l'avez vu, ça n'a pas été le cas. Au contraire, il a banalisé ma question et le problème. Pourtant, c'est très préoccupant, c'est préoccupant de voir que notre gouvernement ferme les yeux sur cette réalité. Mais il doit y faire face, et l'octroi de ces exemptions, exemptions de taxes municipales et scolaire par exemple, doit être correctement encadré. Le ministre nous répond : Bien, on n'a qu'à se plaindre au tribunal administratif, il y a des règles. Bien, ce sont des règles administratives, tout court, point barre, mais on n'encadre pas davantage les activités qui se passent. Donc, il faut vérifier ce qui se passe à cet égard. Nous croyons qu'il faut agir à cet égard.

Donc, notre motion de demain va viser également à enjoindre le gouvernement à agir pour que le Québec ne devienne pas un paradis fiscal pour les agents de radicalisation. Je vous remercie.

Le Modérateur : On va passer à la période de questions.

M. Ouellet (Martin) : M. Legault, vous voulez lutter contre l'intégrisme — en fait le radicalisme, là, on ne s'entend plus nécessairement sur les mots, là — mais est-ce que c'est un bon message à envoyer, ça, que d'appuyer une municipalité qui a refusé l'aménagement d'une mosquée sur son territoire pour une vingtaine de personnes?

M. Legault : Bien, ce qu'on dit, là, c'est justement… c'est important de baliser ce qui devrait être fait puis ce qui ne devrait pas être fait. Mais qui peut blâmer un maire, face à l'inquiétude de ses citoyens, d'avoir refusé cette mosquée devant le fait qu'il n'a aucune balise, qu'actuellement les maires sont laissés à eux-mêmes? Évidemment qu'il doit avoir vu ce que Denis Coderre a fait, ce que la mairesse d'Outremont a fait.

Donc, où trace-t-on la ligne, justement, si on veut protéger, entre autres, la communauté, entre autres, musulmane? Bien, c'est important de mettre des balises pour dire : Il y a des choses qui se font puis des choses qui ne se font pas. Mais moi, je ne suis pas prêt à blâmer un maire, face à l'inquiétude de ses citoyens puis face à l'absence, là, de règles, d'avoir agi puis d'avoir pris la décision de dire : C'est non.

M. Ouellet (Martin) : Est-ce que vous n'encouragez pas, au fond, par la bande, tous les maires des municipalités qui ne voudront pas voir une mosquée sur leurs territoires à faire la même chose?

M. Legault : Ce n'est pas du tout ce qu'on dit.

M. Ouellet (Martin) :

M. Legault : Non, ce n'est pas du tout ce qu'on dit. Ce qu'on dit, là, c'est que c'est au gouvernement du Québec, à Philippe Couillard, à faire preuve de leadership puis à dire : Voici ce qui devrait être permis puis voici ce qui ne devrait pas être permis. Est-ce que M. Couillard pense que des décisions comme celles de Denis Coderre, du maire de Shawinigan, de la mairesse d'Outremont… est-ce qu'il est d'accord, en désaccord? Où trace-t-il la ligne? Tant qu'il n'y aura pas de ligne… Écoutez, ça fait quand même sept ans que le rapport Bouchard-Taylor a été déposé, puis les libéraux, qui ont été surtout ceux qui ont été au pouvoir, n'ont rien fait. Le PQ a essayé de faire de la petite politique avec ça. Il faut s'élever au-dessus de la partisanerie puis rassurer les Québécois. Il n'y a personne qui peut nier que les Québécois actuellement sont inquiets.

M. Croteau (Martin) : M. Legault, trouvez-vous que le droit de la communauté musulmane de Shawinigan à pratiquer sa religion a été brimé?

M. Legault : Bien, écoutez, il faudrait d'abord savoir ce qui va se prêcher dans ce lieu dont on parle. Nous, ce qu'on dit, là, on propose deux balises. On dit : S'il y a des groupes qui veulent prêcher à répétition le déni des valeurs québécoises qui sont dans la Charte des droits et libertés de la personne au Québec, ça devrait être interdit. Donc, évidemment que ça prendrait plus d'information pour ce qui est du cas de Shawinigan, mais pour l'instant on ne peut pas blâmer le maire de Shawinigan, devant l'absence de balise, d'avoir répondu à l'inquiétude de ses citoyens.

M. Croteau (Martin) : Si je comprends bien, vous dites qu'il aurait dû y avoir quelqu'un qui aurait… avant d'approuver l'aménagement d'une mosquée à Shawinigan, quelqu'un aurait dû s'assurer de ce qui allait être prêché dans la mosquée au préalable?

M. Legault : Je ne pense pas que ça soit à chacune des 1 100 municipalités au Québec de commencer à décider comment on accepte ou refuse des propositions de certains groupes religieux. Donc, justement, je pense que c'est au gouvernement du Québec à donner des balises puis ensuite aux élus municipaux à les appliquer. Mais actuellement on ne peut pas dire : Est-ce que la mairesse d'Outremont a mal fait? Est-ce que Denis Coderre a mal fait? Écoutez, là, il faut, à un moment donné, être capable de donner des balises.

M. Croteau (Martin) : Je vais juste poser ma question différemment. Selon votre vision, là, comment est-ce qu'on aurait pu éviter le cas de Shawinigan et permettre à des musulmans modérés d'ouvrir une mosquée à Shawinigan tout en… C'est quoi, votre plan qui aurait fait en sorte que tout le monde aurait été content dans ça?

M. Legault : Bien, si le gouvernement du Québec avait déposé des balises, comme il aurait dû le faire depuis longtemps, bien, la ville de Shawinigan aurait pu voir si la proposition qui est faite répond ou non aux balises qui sont mises en place au Québec. Mais on ne peut pas régler ça à la pièce, comme ça. Moi, je trouve qu'on met les maires dans une situation très difficile.

Mme Biron (Martine) : Ce que vous proposez, c'est que la ville de Shawinigan aurait dû interpréter la charte?

M. Legault : Bien, dans le fond, là, c'est que la charte, comme on le disait, date de 1975; elle a besoin d'être mise à jour. Actuellement, là, dans la charte, on parle de liberté d'expression puis, dans la charte, on parle d'égalité entre les hommes puis les femmes. Qu'est-ce qu'on fait quand les deux sont en contradiction? Ce n'est pas dans la charte. On ne peut pas répondre à ça.

Mme Biron (Martine) : …modifier, on sait que c'est un gros contrat, là. La semaine prochaine…

M. Legault : Pourquoi?

Mme Biron (Martine) : Vous pensez que vous pourriez modifier la charte…

M. Legault : Non, mais il faut commencer à y travailler. Là, M. Couillard devait le faire la dernière session. Maintenant, il devait le faire. Écoutez, il a quand même dit dans son discours inaugural, en mai 2014, que c'était urgent de mettre en place de mesures pour lutter contre l'intégrisme. Presque un an plus tard, on n'est devant rien. M. Couillard a un malaise. Là, il est temps qu'il se lève, qu'il réunisse les partis puis qu'on agisse, parce que, tant qu'on n'aura pas agi, on met les maires des municipalités au Québec dans une situation intenable.

M. Dutrisac (Robert) : Dans ce que vous avez proposé concernant la charte, dans le débat de la charte de la laïcité, la charte des valeurs québécoises de Bernard Drainville, il n'y avait pas de balise pour l'établissement de mosquées, là. Il y avait des balises pour des accommodements raisonnables…

M. Legault : Non, ce qu'on dit, nous…

M. Dutrisac (Robert) : …mais il n'y avait pas de balises pour…

M. Legault : Ce qu'on dit, c'est qu'on veut modifier la Charte des droits et libertés de la personne pour interdire l'enseignement répétitif qui encourage le déni des valeurs québécoises qui sont incluses dans la Charte des droits et libertés de la personne. Déjà, là, si on était capable de s'entendre sur cette balise, ça faciliterait la vie aux élus municipaux. Actuellement, on n'a pas cette balise-là.

M. Dutrisac (Robert) : En appuyant...

Une voix :

M. Dutrisac (Robert) : Excuse-moi. En appuyant le maire de Shawinigan comme vous le faites, vous n'encouragez pas les autres maires des autres villes de céder à la phobie de la population à l'égard de l'islam?

M. Legault : Ce qu'on fait, c'est qu'on dit : On comprend le maire de Shawinigan de... Je le comprends...

Une voix :

M. Legault : Je le comprends, devant l'inquiétude de ses citoyens et devant l'absence de balise par le gouvernement du Québec, d'avoir joué sur le côté un peu plus citoyen, donc de prendre plus de précautions que moins de précautions.

Justement, si on veut être capable de dire : Est-ce que le cas de Shawinigan, d'Outremont, d'Hochelaga-Maisonneuve aurait dû être tranché comme ci ou comme ça, il faut d'abord avoir des balises. Et donc nous, on en propose, des balises. Puis, bien honnêtement, là, pour être capable de savoir est-ce que ça s'applique dans Shawinigan, je n'ai pas toutes les informations. Si c'est un groupe qui est modéré, il n'y en a pas de problème, il n'y aurait pas dû y en avoir, de problème.

M. Lecavalier (Charles) : M. Legault, pourquoi vous résumez que la mosquée à Shawinigan, là, aurait été tenue par des intégristes?

Mme Roy (Montarville) : Mais on n'a pas présumé ça.

M. Legault : On ne présume pas ça, là.

M. Lecavalier (Charles) : Bien, vous le présumez un peu dans votre discours...

M. Legault : Non. Bien non, je viens de dire le contraire.

M. Lecavalier (Charles) : Vous dites : Il faut vérifier... il faudrait vérifier que toutes les nouvelles mosquées répondent à certaines normes définies par l'État. C'est ce que vous proposez.

M. Legault : Ce que je dis, là, c'est qu'actuellement il n'y a pas de balise, O.K.? Puis il y a des gens qui louent des locaux, il y a des gens qui veulent bâtir des locaux et ces gens-là, actuellement, bien, on n'a pas de règle claire pour être capable de décider est-ce qu'on permet la construction ou la location. O.K.?

Donc, actuellement on met dans le même paquet des groupes modérés puis des groupes extrémistes à cause de l'absence de balise. Donc, nous, ce qu'on demande, là, c'est, de façon urgente, à Philippe Couillard, de mettre des balises. C'est ça qu'on demande.

M. Ouellet (Martin) : M. Legault, même avec les balises, là, avec les balises que vous nous parlez, là, le maire de Shawinigan n'aurait pas pu prendre une décision sur la base de ces balises-là. Il ne le sait pas si ce sont des groupes modérés ou pas. Il aurait fallu quoi, là? Envoyer des enquêteurs pour voir les écrits qui auraient été faits par ces gens-là avant? Comment, avec ces balises que vous nous suggérez, un maire comme celui de Shawinigan aurait pu prendre une décision éclairée puis d'accepter d'autoriser ou non la construction d'une mosquée?

M. Legault : Je pense que c'est possible pour le gouvernement du Québec ou le gouvernement d'une municipalité d'aller faire une enquête pour savoir si les personnes qui demandent un permis ont l'intention ou ont déjà prêché à répétition le déni de valeurs québécoises incluses dans la Charte des droites et des libertés. Ça se fait une enquête comme ça. Maintenant est-ce que c'est chaque municipalité qui devra faire l'enquête? Est-ce c'est le gouvernement du Québec? Une chose qui est sûre, c'est qu'il faut d'abord avoir des balises pour permettre aux maires des municipalités de prendre des bonnes décisions.

M. Croteau (Martin) : Mais vous, ce que vous aviez proposé la semaine passée, c'est essentiellement un mécanisme de plainte devant la Commission des droits de la personne, où finalement, si j'entendais un prêche que je jugeais contraire aux valeurs québécoises, j'aurais pu porter plainte à la commission, et ensuite la commission aurait mené une enquête.

Donc, je ne comprends pas comment les propositions que vous avez faites la semaine passée auraient pu changer d'une quelconque façon le sort de la mosquée de Shawinigan.

M. Legault : Bien, voyons, allez à Shawinigan un petit peu, là, vous allez voir qu'il y a beaucoup de citoyens qui se sont plaints auprès du maire, qui étaient inquiets. Donc, il y a eu des représentations de la part des citoyens. Le maire s'est retrouvé tout seul, avec zéro leadership de la part de Philippe Couillard qui continue à laisser aller le dossier. Donc, c'est certain qu'il y avait des plaintes de la part de citoyens à Shawinigan, comme il y en a eu à Outremont. Même celui qui a donné le permis samedi soir à Saint-Léonard dit : Je me suis fait tromper, si j'avais su que c'étaient ces deux imams radicaux qui animaient la soirée, je n'aurais pas donné de permis. Bien là, écoutez, on peut-u mettre des règles avant de signer un contrat, quelles sont les enquêtes qui devraient être faites? C'est ça, le rôle du gouvernement du Québec de M. Couillard.

M. Lecavalier (Charles) : M. Legault, est-ce que la position de l'Église catholique sur l'homosexualité est en accord avec les valeurs québécoises, d'après vous?

M. Legault : Je parle de prêcher à répétition le déni de valeurs québécoises. Je ne connais pas, à moins que vous me disiez le contraire, un curé qui prêche le déni de l'homosexualité. Je ne vois pas ça, je n'entends pas ça.

Mme Biron (Martine) : Ce serait comme une mesure, une clause coercitive finalement…

M. Legault : Bien, effectivement, c'est une clause qui vient nous permettre de mieux appliquer la Charte des droits et libertés puis de protéger des valeurs comme l'égalité entre les hommes puis les femmes, parce qu'on ne peut pas, au nom de la liberté d'expression, permettre à des groupes à répétition… puis on ne parle pas de petits groupes, là. Samedi soir, il y avait 250 personnes qui recevaient des diplômes de la charia, là, d'une académie de la charia, on ne peut pas… moi, à mon avis, on ne peut pas permettre ça, au Québec, à répétition d'avoir des gens qui nient l'égalité entre les hommes puis les femmes puis qui, même, contestent le fait qu'on doit, tout le monde, accepter les lois occidentales.

Le Modérateur : Dernière question, Martine Biron, sur ce sujet.

Mme Biron (Martine) : Ce que vous dites, c'est qu'il aurait pu y avoir… il aurait dû y avoir une enquête puis, avec cette enquête-là, il l'aurait su. Et pourquoi avoir autorisé le permis à Saint-Léonard? Il aurait pu faire enquête sans nécessairement avoir la clause dans la charte. Il aurait pu dire : Bon, après enquête, je me rends compte que ce sont des organismes radicaux et je le refuse finalement.

M. Legault : Oui, mais actuellement il n'y a pas ces balises-là, donc on ne sait pas où on trace la ligne. M. Couillard ne s'est pas prononcé, puis les citoyens ne sont pas tous au même endroit. Donc, c'est le temps pour le gouvernement libéral de faire preuve de leadership puis de dire : Il ne faut pas… Il faut faire la part des choses, là, il ne faut pas aller ni à un extrême, ni à l'autre, mais il faut tirer une ligne, il faut donner des balises, et ça aurait dû être fait depuis longtemps.

Le Modérateur : Marco.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Oui. Juste avant vous, M. Marceau a fait une annonce qui doit vous faire sourire, là. Il entend proposer un projet de loi visant à créer un directeur parlementaire du budget au Québec. Vous, c'est une idée que vous défendez depuis plusieurs années. Tout d'abord, une réaction rapide. Mais pourquoi c'est nécessaire d'avoir un directeur parlementaire du budget et non pas de confier au Vérificateur général du Québec cette tâche-là de faire l'examen notamment du coût de certains programmes gouvernementaux et de l'état des finances publiques?

M. Legault : Bon, d'abord, nous, on croit, là, bien honnêtement, puis on était prêts à faire un compromis lorsque le Parti québécois était au pouvoir, de dire : S'il y a quelqu'un d'indépendant nommé par l'assemblée générale… l'Assemblée nationale, que ça soit le Vérificateur général ou un directeur parlementaire du budget, qui vienne poser un oeil, une évaluation objective de la situation budgétaire au Québec. Mais là c'est le bout du bout de voir le Parti québécois, qui a, pendant 18 mois, refusé la proposition de la CAQ d'avoir un directeur parlementaire du budget, de dire : Maintenant que je suis rendu dans l'opposition, je suis d'accord avec ça.

Je pense que, si Christian Dubé était ici aujourd'hui, il déchirerait la chemise à Nicolas Marceau de l'entendre dire le contraire de ce qu'il a dit pendant 18 mois. Ce qu'on voit, là, c'est que le PQ puis le Parti libéral, c'est blanc bonnet, bonnet blanc. Quand on est dans l'opposition, on est pour toutes les belles choses, quand on arrive au gouvernement, là, ça ne s'applique plus à nous. Là, le PQ n'a aucune crédibilité dans ce dossier-là.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Allez-vous l'appuyer, M. Legault?

M. Legault : Bien certain. Voyons donc! On l'appuie depuis toujours, et puis on l'a appuyé souvent, puis, bon…

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais pourquoi créer une nouvelle structure?

M. Legault : Bien, écoutez, je pense que ce n'est pas une structure qui est très lourde et très coûteuse, quand on voit… Même à Ottawa, le coût du directeur parlementaire du budget puis son équipe, là, par rapport à l'argent que ça peut nous faire sauver, c'est très peu d'argent. Mais, comme je vous dis, moi, je suis ouvert à ce que ça soit une division du Vérificateur général ou un directeur parlementaire du budget. Ça prend quelques bons comptables CPA, CA, et qui font le travail.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Oui, mais rapidement, justement, est-ce que le Vérificateur général du Québec et également la Commission sur l'administration publique ont les ressources nécessaires aujourd'hui pour remplir leur mission?

M. Legault : Bien, j'espère que oui, puis, s'ils ne l'ont pas, c'est leur devoir de nous le dire, à nous les élus. Merci beaucoup.

(Fin à 11 h 51)

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