(Neuf heures trente et une minutes)
M. Lelièvre
: Bonjour,
bienvenue à ce point de presse. Écoutez, aujourd'hui
on considère extrêmement important d'interpeller le ministre responsable de la
région Gaspésie—Bas-Saint-Laurent, le ministre D'Amour, qui devra nous répondre
au nom de son gouvernement sur les différentes actions et inactions du
gouvernement libéral actuel à l'égard des régions.
Vous savez, pas besoin de faire, ce matin,
la liste des nombreuses coupures en région. Je pense que, depuis plusieurs
mois, là, plusieurs sont affairés à le faire,
et c'est nettement démontré que les coupures du gouvernement libéral actuel
enlèvent beaucoup de moyens aux régions.Et les milieux commencent à se mobiliser, notamment
avec des organismes comme Touche pas à ma région! C'est dans l'ensemble du
Québec que les Québécois puis les Québécoises prennent position, se mobilisent
pour tenter de convaincre le gouvernement actuel d'arrêter l'hémorragie de
coupures dans les régions et de prendre un temps d'arrêt.
L'organisme Touche pas à ma région! propose même une rencontre, un sommet, à l'automne, pour
pouvoir établir les bases d'un véritable dialogue avec le gouvernement pour
mettre en place… remettre en place ou amener de nouvelles mesures pour garnir
le coffre à outils des régions, qui est
carrément, carrément vidé.
Vous savez, on a enlevé à peu près toutes
les organisations qui défendaient les intérêts des régions, les particularités
des régions. Le gouvernement se plaît à parler de l'abolition structures
strictement, mais c'est un faux discours, c'est de la démagogie. Écoutez, on
n'abolit pas strictement des structures, ce qu'on fait, c'est qu'on enlève carrément des budgets.
Dans le cas
de la Gaspésie, c'est tout près de 15 millions de dollars de budget qui a
été enlevé aux intervenants de la région, des budgets qui étaient investis dans
la région par des gens qui demeurent dans les... sur ces territoires-là et qui
connaissent les réalités de ces régions-là. Donc, c'est énorme, là, 15 millions
de budget pour un territoire comme la Gaspésie—Les Îles, c'est énorme, sans
parler de l'effet levier de ces budgets-là, qui
permettaient d'aller chercher d'autres budgets pour réaliser des projets très
structurants dans le milieu.
Mais, au-delà des budgets, c'est aussi des
personnes, des compétences, des gens qui vivent dans la région, qui
travaillaient, qui appuyaient les maires, qui appuyaient les préfets, des gens
avec des compétences multidisciplinaires qui pouvaient participer à la relance
et à la démarche pour l'occupation du territoire de nos régions.
Également, nos leaders, hein, les conseils
d'administration des hôpitaux, par exemple.
Dans certaines régions, on remplace 60 bénévoles par des administrateurs
qui vont être rémunérés, donc payés, mandatés et nommés par le ministre. Vous
savez, la santé est une condition de base de l'occupation du territoire au
développement, et, quand on... Moi, je crains,
je crains beaucoup, comme député. Par exemple,
dans mon comté, on a beaucoup de sous-centres de santé. Souvent, ces
sous-centres-là sont les premières cibles des coupures, donc la santé est
extrêmement importante. Quand on a des centaines de kilomètres à parcourir pour avoir accès à des services de première ligne… C'est extrêmement
important qu'il y ait des gens du milieu qui défendent
les intérêts du milieu si on veut amener des nouvelles familles et maintenir nos aînés dans nos villages. C'est
extrêmement important de ne pas toucher aux services de santé, sinon de les
améliorer, mais de ne pas les diminuer.
Donc, ce matin, beaucoup de questions pour
le ministre D'Amour. On espère qu'il va avoir des réponses, mais surtout on
espère de sa part un engagement, un engagement à défendre réellement les
intérêts des régions du Québec puis de convaincre ses
collègues les ministres responsables de
chacune des régions d'en faire autant auprès de ce gouvernement qui,
depuis son élection, n'a vraiment pas démontré une connaissance et une
sensibilité pour défendre les régions du Québec. Merci.
M. LeBel : Écoutez, il faut
vraiment être aveugle et sourd pour ne pas voir et entendre ce qu'il se passe
dans nos régions. Partout, les gens se mobilisent,
partout les gens se disent qu'on perd... ils perdent des acquis, ils
perdent des outils de développement;pas des structures, ils perdent des outils pour
intervenir, pour aider du monde, créer de l'emploi, permettre que nos villages
puissent se développer, pas survivre, se développer, avancer dans la vie.Et ça, on l'entend dans
toutes les régions du Québec.
Et les
libéraux sont en face de nous autres, c'est comme s'ils sont sur une autre
planète. Ils n'entendent pas ça ou je ne sais pas c'est quoi, la ligne que le premier ministre leur a dit de
dire, mais ça ne fonctionne pas. Et, nous, ce
matin, c'est des questions qu'on veut poser au ministre D'Amour. Est-ce qu'il entend ce qui se passe dans sa
région, dans le Bas-du-Fleuve puis en Gaspésie? Il est responsable de ces deux
régions-là. Est-ce qu'il entend, comme ministre délégué
aux transports, ce
qui se passe partout au Québec, la grogne qu'il y a au Québec par
rapport au développement local et régional?
Même les
universitaires… Les universitaires, c'est très rare... ils ont demandé
d'être entendus pour le projet de loi n° 28. Ils ont... La majorité
libérale a refusé de les entendre. En conférence de presse, ils nous ont
expliqué que c'est 40 ans d'efforts qui part en fumée. Puis ce qu'ils disent, dans le fond, il disent : Le
gouvernement a le droit… il est légitime de changer
la façon de faire, mais au moins qu'ils viennent consulter le monde, au moins qu'il vienne sur le terrain voir les
gens, leur demander qu'est-ce qu'ils en pensent. Eux-mêmes, ils ne font pas ça. C'est Dieu le Père, qui est à Québec,
qui décide pour tout le monde, qui, par je ne sais pas quelle logique sur l'austérité, décide que ça va être
comme ça que ça va se passer dans le petit village
d'Esprit-Saint dans le Bas-du-Fleuve, ça va être comme ça que ça va
fonctionner à l'avenir. Moi, je pense que ce n'est pas de même que ça
fonctionne, il faut parler au monde.
Et, nous,
aujourd'hui, on est un peu les porte-parole de ces gens-là dans les régions du
Québec. On va poser des questions claires au ministre, et on attend de lui
autre chose que des réponses politiciennes, on attend de lui des réponses
senties et réfléchies puis qu'il nous explique un peu c'est quoi, sa logique
derrière tout ce démantèlement de nos outils de développement dans nos régions.
Merci.
Mme Plante (Caroline)
: M. Lelièvre, vous avez dit qu'il est important
de maintenir les services de première ligne en santé dans les régions, et même
de les améliorer. Vous, le projet de loi n° 20, pour forcer les médecins à
donner, à offrir plus de services, ce serait une bonne chose, dans le fond,
pour les gens des régions.
M. Lelièvre
: Bien,
écoutez, en théorie, quand on regarde l'objectif,
oui, mais est-ce que, dans les faits, c'est ce qui va se traduire? Et là-dessus,
moi, ce que j'entends... J'ai rencontré plusieurs médecins en région, j'ai lu beaucoup
sur différents positionnements des associations de médecins à travers le Québec, et malheureusement il y a beaucoup de craintes.
Vous
savez, ce qu'on constate présentement, entre les objectifs qui sont visés par
le gouvernement et les moyens mis en place, on voit une discordance. Donc, moi,
le son de cloche que j'ai, c'est que, écoutez,
la réalité des régions, c'est que nos médecins, là, les omnis, entre autres,
praticiens, ces gens-là font beaucoup d'urgence.
Donc, ils disent : Écoutez, le gouvernement
ne comprend pas la réalité, là, des médecins en
région. Ce n'est pas vrai que nous, on est collés à notre clinique, là, pendant 40 ou 50 heures par semaine, on
fait 10 heures, 15 heures, 20 heures d'urgence. On
fonctionne avec des effectifs réduits. On travaille beaucoup avec des médecins
dépanneurs qui doivent venir en région. Souvent, il y a des cancellations, nos
médecins de région doivent suppléer. Donc, encore là, on sent que la loi n° 20
ne tient pas compte, là, de la réalité de certaines régions. C'est ce que
j'entends beaucoup.
Mme Plante (Caroline)
:
Vous entendez parler des médecins, mais, je
veux dire, pour la population des régions, ce serait une bonne chose. Les
médecins, oui, disent qu'ils travaillent déjà beaucoup, mais la population, par
exemple, veut plus de services, non?
M. Lelièvre
: Bien,
écoutez, c'est sûr que tout le monde veut plus de services. Ça, c'est une
question qui... Je pense qu'en posant la question, la réponse s'impose. Mais,
au-delà de ça, ce que je vous dis, moi, la perception
que j'ai comme député de région, c'est que cet objectif-là peut être
louable, mais, dans les moyens qu sont mis en place, encore une fois, on ne
tient pas compte du médecin qui est dans une clinique au centre-ville à Montréal
et du médecin qui est dans une clinique, qui fait de la médecine familiale en
Gaspésie, par exemple, ou en Abitibi.
Donc,
c'est encore une fois une loi mur à mur, comme les coupures dans les régions,
c'est du mur-à-mur. Il y a des régions du Québec où ça fait beaucoup moins mal,
où, à la limite,
ça pouvait être justifié en partie, mais il y a d'autres endroits où c'est
dévastateur, notamment sur le plan du développement régional.
Donc, vous savez, un gouvernement peut
difficilement, pour ne pas dire de façon impossible, prendre autant de
décisions dans si peu de temps après... et avoir analysé les impacts de ça. Il
y a beaucoup d'improvisation dans les décisions actuelles du gouvernement, malheureusement.
Mme Plante (Caroline)
:
Ils vont trop vite?
M. Lelièvre
: Écoutez,
c'est très rapide, et, dans certains cas, pour ne pas dire dans la majorité des
cas, moi, ce que j'ai entendu à la commission parlementaire, les organismes qui
sont venus, les personnes, c'est que les impacts de ces décisions-là n'ont pas
été assez évalués au préalable.
Mme Plante (Caroline)
:
Une question pour M. LeBel. Dans le fond, vous êtes porte-parole pour la
solidarité, les aînés. Un peu la même question :
Pour les aînés, ce n'est pas une bonne chose d'avoir plus de services?
Quand on parle du projet de loi n° 20, là, ça ne serait pas une bonne
chose?
M. LeBel : Je vais vous dire, être aîné à Trinité-des-Monts,
c'est autrement qu'être aîné dans le centre-ville de Montréal. Être aîné à
Trinité-des-Monts puis vouloir vivre chez elle, cette personne-là, c'est
autrement. C'est… la question, il faut la prendre autrement que la personne qui
reste dans le centre-ville de Montréal ou dans la couronne de Montréal, et c'est ça que les aînés veulent en région.
Ils ont développé des outils, ils se
concertent. Entre eux autres, ils essaient de développer leur façon de vouloir vivre en région, et je pense que ces gens-là auraient aimé… autant au niveau du
projet de loi n° 20 que des autres projets de loi, ils auraient aimé d'être consultés. Et actuellement ce qu'on
sent dans toutes les régions, autant au niveau des aînés que d'autres, on ne
nous consulte pas, on nous passe le bulldozer sur le dos puis on dit : Ça
va être comme ça que ça va se passer, et c'est ça qu'on refuse.
Mme Plante (Caroline)
:
Vous ne faites pas confiance du tout, là, au
ministre Barrette et ses réformes en santé?
M. LeBel : Bien, non. Lui,
lui, c'est vraiment… c'est toujours… il a la vérité, ce gars-là, c'est assez
impressionnant, là. Il sait tout, il… puis on
a de la… difficile de discuter avec.
Mais, avec le ministre D'Amour, on va…
comme ministre responsable de la région, il est responsable de différents
domaines. Le développement des régions, ce n'est pas que le développement des entreprises, c'est le
développement, aussi,
de la culture en région, c'est permettre à nos
jeunes de rester en région, de nos aînés, de pouvoir vivre en région, vivre
décemment, dans la dignité. C'est ça aussi, c'est moins de pauvreté en région.
C'est ça, le développement local et régional. Puis
ce ministre-là, il est responsable du Bas-du-Fleuve, de la Gaspésie, il doit
répondre. Et, si… comme, c'est lui qui est devant
nous autres, il doit répondre aussi pour ses collègues des autres régions du
Québec. Merci.
M. Lelièvre
: Merci.
(Fin à 9 h 41)