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Point de presse de Mme Diane Lamarre, porte-parole de l'opposition officielle en matière de santé et d'accessibilité aux soins

Version finale

Tuesday, February 24, 2015, 9 h 15

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Neuf heures vingt minutes)

Mme Lamarre : Bonjour à tous. Alors, ce matin, c'est le début des travaux sur le projet de loi n° 20, un projet de loi, dès le départ, on a souligné tout de suite, dans l'heure qui a suivi le dépôt, des préoccupations, entre autres au niveau du manque de transparence, parce que le projet de loi n° 20, quand on le lit intégralement, on ne peut pas comprendre si on n'a pas les exemples que le ministre a donnés. On ne retrouve pas, sans les exemples du ministre, la teneur de ce projet de loi et de quelle façon il va changer et améliorer l'accès.

Alors, ce qu'on demande au ministre, c'est de nous déposer les règlements par transparence, par souci de transparence. Ce gouvernement-là nous en a promis, de la transparence, il doit déposer les règlements. C'est dans les règlements qu'on va comprendre.

Le ministre a évoqué, la semaine passée au salon bleu, les briefings techniques auxquels nous avons eu droit. Ces briefings-là, loin d'être rassurants, démontrent l'improvisation, l'improvisation vraiment, à ce moment-ci d'un projet de loi, qu'on soit encore autant dans l'improvisation, les ratios qui peuvent sincèrement amener vraiment les médecins à choisir certains patients et à ne pas choisir d'autres patients. On a parlé des cas plus lourds, des cas qui prennent plus de temps à être traités, mais on a aussi toutes sortes d'ouvertures qui peuvent permettre à des médecins de ne pas nécessairement bien prendre en charge un très grand nombre de patients, dont on... qui est l'essentiel, finalement, de ce projet-là.

Donc, obligation de nous donner les règlements si on veut être capable d'avoir un regard éclairé. On le voit déjà, des organismes comme le Collège des médecins ou le Barreau se sentent incapables de porter un jugement clair sur ce projet de loi là. Donc, c'est la stratégie du ministre Barrette, c'est d'être obscur, d'être confus, de laisser venir toutes sortes de commentaires et finalement, en dernier lieu, nous passer un bâillon dans lequel il place vraiment ce que lui veut.

M. Chouinard (Tommy) : Mme Lamarre, le ministre dit en entrevue : On va présenter les grandes lignes du règlement dans le cadre de l'étude article par article du projet de loi. Est-ce que c'est fair-play?

Mme Lamarre : Vous avez vu ce qu'il a fait dans le projet de loi n° 10? Dans le projet de loi n° 10, là, quand il nous a mis le bâillon, il a ajouté trois mots : «les cadres intermédiaires». O.K.? Ça n'a jamais été évoqué par personne en commission parlementaire. Aucun groupe qui est venu faire des représentations n'a parlé d'élargir ça aux cadres intermédiaires. C'est lui qui a décidé de l'ajouter unilatéralement dans sa dernière mouture. Alors, il va encore pouvoir faire la même chose.

M. Chouinard (Tommy) : …je veux bien comprendre. Là, il dit : On va présenter les grandes lignes du règlement dans le cadre de l'étude article par article. Est-ce que, ça, c'est correct? Est-ce que ça suffit, ça, ce genre de mesure là?

Mme Lamarre : Bien, actuellement, l'expérience qu'on a eue avec le projet de loi n° 10 ne nous donne absolument aucune garantie que ces grandes lignes là vont être vraiment le reflet de ce qu'il va nous mettre éventuellement en bâillon. Il l'a dit déjà. Il l'a dit déjà, le 9 février, qu'il voulait encore un bâillon.

Alors, écoutez, ce n'est pas un mode de communication. Ce ministre-là veut imposer. Il ne veut pas partager. Il ne veut pas essayer de faire en sorte qu'on travaille tous ensemble, il veut imposer. C'est un négociateur et, dans sa façon de faire, c'est lui qui a toujours raison. Il n'y a que sa version qui est la bonne.

M. Chouinard (Tommy) : Lui, il prétend qu'il n'y a aucune raison pour que le projet de loi ne soit pas adopté avant l'été. Est-ce que vous considérez que c'est effectivement le cas, qu'il n'y en a pas de raison pour que ce ne soit pas adopté avant l'été?

Mme Lamarre : Bien, si le contenu est intéressant, on va certainement contribuer, comme on a contribué avec le projet de loi n° 10, mais là, pour l'instant, il y a vraiment énormément d'ambiguïté. On ne le sait même pas nous même. Ça va être très difficile pour les groupes qui vont venir. On va entendre des groupes pendant un mois de temps, là, un mois de temps, des gens vont venir parler d'une coquille vide. Ils ne sont pas capables de savoir vraiment correctement et précisément ce qu'il y a dans ça.

Écoutez, le ministre parle de 1 250 patients par médecin, par exemple, O.K., mais… 1 250, mais avec des exceptions. Alors, une exception ici, une exception là, on diminue de 250 patients si on en a, on a une espèce de point boni, là. Alors, on peut se retrouver finalement avec 750 patients mais des patients-bonis, O.K.?

Mais il n'y a jamais la perspective de la population. Quand est-ce qu'on va regarder ça à partir de la population d'un CISSS? Cette population-là, elle a quoi comme caractéristiques? Elle a quoi, comme besoins? Et on ne définit pas ça à partir d'une pratique médicale, on définit ça à partir de la population. Si on a beaucoup de personnes âgées sur un territoire, il faut absolument qu'il y ait des incitatifs de ce côté-là et il faut que les ratios tiennent compte de cette réalité-là.

M. Chouinard (Tommy) : Le Parti québécois s'oppose-t-il au projet de loi n° 20? Une dernière petite chose : Est-ce que le Parti québécois s'oppose au projet de loi n° 20?

Mme Lamarre : À ce moment-ci, ce qu'on trouve, là, c'est que ce n'est pas un projet qui est déposé correctement. Si on veut vraiment faire un travail parlementaire, on devrait nous donner l'heure juste et on devrait nous donner du contenu. On ne donne pas le contenu.

Je veux juste aussi... pas qu'on ne passe juste du temps sur le quota des médecins parce qu'il y a aussi la procréation assistée, qui, vous le voyez bien, là, volontairement, a été glissée là-dedans. Quand on parle de transparence puis d'absence de transparence, pourquoi ajouter ce projet-là à l'intérieur d'un grand bloc? Les gens qui ont livré ces batailles-là… et on était d'accord avec le commissaire pour dire qu'il fallait qu'il y ait des balises, là, on est bien, bien d'accord, mais les balises du commissaire et ce que le projet de loi prévoit, c'est très différent. Il y a vraiment un frein à l'accès. Et d'avoir intégré ce projet-là dans l'ensemble du projet de loi n° 20, où médiatiquement toute l'attention est portée sur les quotas avec les médecins, c'est vraiment une action volontaire du ministre, une action qu'il fait délibérément pour rendre encore plus obscure et plus difficile la représentation de ce groupe de personnes là.

Alors, c'est quelqu'un qui calcule beaucoup, et il calcule vraiment chacun de ses gestes et chacune de ses actions.

Mme Richer (Jocelyne) : ...demandez au ministre de dire exactement, précisément dès maintenant, par exemple, combien de médecins... combien de patients chaque médecin, chaque catégorie de médecins devra accepter, devra... pour ne pas être pénalisé financièrement?

Mme Lamarre : Bien, c'est parce que, dans le contexte actuel, il y avait déjà ce genre de quotas là, hein? Il y avait déjà des quotas, il y avait des incitatifs, des primes. Les 200 patients vulnérables dans un GMF, puis, si un médecin prenait 200 patients vulnérables, il y avait une prime. On a vu ce que ça a donné. Ça a augmenté l'inscription, ça n'a pas donné la disponibilité des médecins.

Alors, il y a une différence entre être disponible puis avoir des patients inscrits à son nom. C'est cette adéquation-là qui n'est vraiment pas garantie dans le projet de loi n° 20, pas plus qu'elle l'était avant.

Mme Richer (Jocelyne) : Est-ce que c'est possible d'imaginer un scénario selon lequel le projet de loi n° 20 ne serait pas adopté sous le bâillon, comme le projet de loi n° 10?

Mme Lamarre : Bien, écoutez, moi, je vous dis, d'abord, la première chose, c'est d'avoir une transparence au niveau des règlements. Si on avait le cadre réglementaire pour les groupes qui vont venir participer, leur représentation pourrait nous éclairer. On n'a pas la vérité complète. Le ministre, lui, il pense qu'il a la vérité absolue, tout seul dans sa tête, là, mais nous, on veut entendre les gens et on pense que ces gens-là, quand ils vont venir, pendant un mois de temps, présenter, ils vont travailler sur un mot mystère. Ils ne savent pas. Ils ne savent pas qu'est-ce qui vont être les exceptions, alors les gens restent, de façon très générale… imaginent peut-être des scénarios catastrophes qui ne sont peut-être pas là, mais ils n'ont pas d'autres moyens.

Alors, c'est un manque de transparence inacceptable. Si le ministre en est fier de son projet, pourquoi il cache ces informations-là? S'il est sûr que c'est ça, la solution, qu'il nous la donne, qu'il nous livre le message au complet, qu'il ne nous donne pas ça juste en petits morceaux puis qu'il nous donne vraiment l'ensemble de l'image. On va tous pouvoir dire : Ah! Bien, O.K. Si ça a du bon sens, ça a du bon sens, mais, pour l'instant, sa façon d'agir dissimule l'information qui est nécessaire pour une bonne analyse.

M. Caron (Régys) : Sur le fond de la question, Mme Lamarre, le ministre dit : Les médecins pourraient en faire plus. Il avance des chiffres qui semblent le démontrer. Il veut imposer des quotas, moduler suivant la lourdeur des patients. Êtes-vous d'accord avec ça?

Mme Lamarre : Nous, on est d'accord sur une approche qui va vraiment favoriser la prise en charge des gens qui sont les plus malades, parce que, pour plusieurs autres conditions, il y a aussi d'autres professionnels qui peuvent être impliqués : des infirmières, des pharmaciens, des inhalothérapeutes, donc il y a plusieurs autres professionnels.

Actuellement, le modèle qu'il nous propose, c'est un modèle qui va inciter les médecins à prendre les cas simples et à ne pas prendre les cas lourds. C'est vraiment ça. Il y a vraiment ce désincitatif parce qu'on va augmenter le temps avec des patients, on ne remplira pas nos quotas, mais, plus que ça, il y a plein d'effets pervers. Ce patient lourd là, naturellement, il est plus susceptible d'aller à l'urgence. S'il va plus souvent à l'urgence, il va automatiquement faire baisser le taux d'assiduité des médecins et donc il y a des effets pervers à ça.

Je vais vous donner un scénario simple : un patient qui voit son médecin… qui a vu son médecin trois fois, le médecin apprend que le patient est allé à l'urgence deux fois, il vient de tomber à un taux d'assiduité de 60 %. Ça ne va pas bien, hein? Qu'est-ce qu'on peut faire à ce moment-là? On va dire au patient : Bien, viens me revoir plus souvent parce que moi, je veux remonter mon taux d'assiduité en haut de 80 %, sinon je vais être pénalisé. Alors, on va utiliser des rendez-vous sans que ce soit nécessairement les rendez-vous les plus pertinents, et d'autres patients ne seront pas vus, à ce moment-là. Les cas les plus simples vont être ceux qui vont toujours être les plus attrayants, et ça, vous pouvez parler à tous les groupes de médecins actuellement, c'est la lecture qu'ils ont.

M. Chouinard (Tommy) : Je reviens sur la question que j'avais tantôt, là. Est-ce que le Parti québécois s'oppose à ce projet de loi là ou vous dites : Il nous manque le règlement pour qu'on dise que c'est correct?

Mme Lamarre : On a besoin des règlements. Montrez-nous les règlements, des règlements assez avancés, là, pas des brouillons, parce que c'est vraiment des brouillons, là, qu'on a. Alors, donnez-nous vraiment le scénario sur lequel vous vous êtes basé pour donner des meilleures garanties que l'ensemble de la population du Québec va avoir accès à un médecin. Sinon, ce qu'on fait, c'est encore juste donner des petits bonus et créer des sous-groupes qui ne nous garantissent pas que l'ensemble des citoyens du Québec vont avoir une chance d'avoir accès à un médecin de famille. On ne donne pas ça.

M. Lavallée (Hugo) : Concernant un autre dossier, la fluoration de l'eau, il y a une nouvelle étude, dont on apprend ce matin que la fluoration pourrait causer des problèmes de maladies à la glande thyroïde. Quelle est la position de votre parti là-dessus? Parce que, dans le dernier mandat, il devait y avoir un projet de loi pour interdire ça. Finalement, il n'y en a pas eu. On a de la difficulté à...

Mme Lamarre : C'est un dossier qui mérite d'être regardé avec des connaissances actuelles, et il y a de nouvelles informations qui arrivent. Alors, pour l'instant, moi, je ne peux pas prendre position clairement sur ce dossier-là, mais je pense qu'il faut le regarder à la lumière de plusieurs sources d'information. Il y a des informations qui sont plus crédibles que d'autres, et ça, je pense que ça demande vraiment une rigueur scientifique. Moi, je pense qu'il y a de la place pour qu'un organisme, même comme l'INESSS, se penche éventuellement sur ce genre d'enjeu populationnel là pour avoir vraiment une évaluation des données probantes, parce qu'il y a beaucoup, beaucoup de gens qui amènent toutes sortes d'informations, dans un sens comme dans l'autre, dans une position comme dans l'autre, et ça prend, à un moment donné, des gens qui ont une vision de santé publique, mais une vision aussi basée sur de réelles données probantes qui sont variables.

M. Lavallée (Hugo) : …par ces nouveaux éléments? C'est la première fois qu'on apprend ça, là, ce risque-là pour la glande thyroïde, là.

Mme Lamarre : Bien, moi, pour l'instant, comme je vous dis, là, je veux regarder la rigueur de l'étude et je vais prendre connaissance de ça plus en détail aujourd'hui.

Journaliste : Est-ce que le projet de loi n° 20 devrait être scindé?

Mme Lamarre : Est-ce que…

Journaliste : Le projet de loi n° 20.

Mme Lamarre : Absolument. Il devrait être scindé au niveau de la procréation assistée. Il faut aussi remarquer qu'au niveau des spécialistes c'est un peu étonnant qu'on soit obligés de passer par une loi pour demander que des spécialistes répondent rapidement à des demandes de consultation dans un hôpital. C'est assez étonnant, du point de vue de la population, très, très questionnable, là. On se demande comment ça se fait qu'on est obligé d'aller par une loi pour que ces choses qui sont évidentes, là, soient demandées. Merci.

(Fin à 9 h 33)

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