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Point de presse de M. David Heurtel, ministre du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques

Version finale

Wednesday, February 25, 2015, 14 h 30

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Quatorze heures trente-sept minutes)

M. Heurtel : Alors, bonjour. Alors, j'annonce aujourd'hui que le gouvernement entreprend une modernisation en profondeur du régime d'autorisation environnementale découlant de la Loi sur la qualité de l'environnement.

La Loi sur la qualité de l'environnement a été adoptée en 1972, et aucune modernisation majeure n'a eu lieu dans ces 43 ans d'entrée en vigueur… depuis son entrée en vigueur. Plusieurs ajouts ont rendu nos mécanismes d'autorisation très lourds. Le contexte social et économique au Québec a considérablement évolué, il y a des nouveaux défis, notamment et de toute importance les changements climatiques.Les enjeux environnementaux se sont également complexifiés au cours des dernières années.

Nous proposons de moderniser le régime d'autorisation environnementale tout en maintenant les plus hautes exigences de protection de l'environnement. Nos façons de faire doivent être révisées afin de mieux conjuguer les trois piliers du développement durable, soit le développement économique et social et la protection de l'environnement.

Les orientations visant la modernisation du régime d'autorisation environnementale seront présentées dans le cadre d'un livre vert. Plusieurs comités et groupes concernés par la LQE, des consultations tenues par le comité-conseil sur l'allègement réglementaire et administratif présidé par le ministre responsable des PME, Jean-Denis Girard, les travaux de la Commission de révision permanente des programmes et la commission parlementaire sur le projet de Stratégie gouvernementale de développement durable révisée ainsi que le rapport Audet sur la simplification réglementaire administrative ont tous contribué à la présente réflexion sur la modernisation de la LQE.

Alors, concernant les étapes à venir, il y aura une consultation ciblée auprès de partenaires environnementaux, institutionnels et économiques en mars et avril, il y aura un dépôt du livre vert à l'Assemblée nationale au printemps, une consultation publique se tiendra en commission parlementaire par la suite, et nous prévoyons déposer un projet de loi cet automne.

Concernant la modernisation comme telle du régime d'autorisation, le régime doit être plus clair, plus prévisible et plus efficace; une approche plus moderne basée selon le niveau de risque environnemental. Cette approche permettrait au ministère, notamment, d'intégrer la lutte contre les changements climatiques aux processus d'autorisation, de concentrer ses efforts sur les projets ayant des impacts importants sur l'environnement, d'alléger et de clarifier le traitement des demandes pour des projets ayant peu d'impact sans pour autant réduire les exigences environnementales, augmenter l'efficience du ministère et réduire les délais, instaurer un processus de reddition de comptes à l'égard d'objectifs quantifiables et mesurables et améliorer l'accès à l'information, la participation citoyenne et la transparence. Concernant les milieux humides, la loi sur les milieux humides ou hydriques sera prolongée pour une période de trois ans.

Avant une nouvelle loi, il faut d'abord et avant tout moderniser la Loi sur la qualité de l'environnement, une concertation plus poussée des partenaires concernés… Et ce délai de trois ans permettra de maintenir nos acquis en matière de compensation et de se donner le temps de bien faire les choses. Merci.

Le Modérateur : Merci. Alors, on va maintenant procéder à la période de questions.

M. Lavallée (Hugo) : Oui, bonjour, M. Heurtel. Hugo Lavallée, Radio-Canada.

M. Heurtel : Bonjour.

M. Lavallée (Hugo) :Lorsqu'on parle d'allégement du processus, est-ce qu'il n'y a pas un risque ici, si on allège le processus, de le rendre moins contraignant, dans la mesure où, j'imagine, que les entreprises vont militer pour moins de documentation, moins de réponses aux questions et aux préoccupations des citoyens? Il y a ce risque-là, non?

M. Heurtel : Je… Il faut bien comprendre… Puis, si vous regardez le document qui accompagne notre communiqué de presse, justement, notre première préoccupation, c'est de maintenir les plus hauts standards en matière de protection de l'environnement. Ce que nous essayons de faire avec ce projet de modernisation là, c'est de répondre aux attentes, notamment par plusieurs groupes. Alors, il y a des groupes environnementaux qui demandent ça, il y a évidemment des groupes économiques qui demandent ça, mais c'est… Il y a vraiment un mouvement d'ensemble qui dit : En 43 ans, il n'y a jamais eu véritablement de modernisation du processus d'évaluation environnementale, et c'est vraiment la mécanique qu'on veut revoir. Il y a des délais qui sont beaucoup trop longs, il y a des redondances, il y a véritablement un besoin aussi de clarifier certains procédés. Il y a besoin également d'être capable d'avoir plus de prévisibilité par rapport au régime.

Alors, il faut bien comprendre. Notre objectif numéro un, c'est de maintenir les standards, mais de s'assurer, avec cette modernisation-là, qu'on ait véritablement les processus les plus efficaces possible et plus prévisibles possible. Puis je dois vous dire, si vous regardez dans les faits saillants qu'on a présentés — puis je l'ai affirmé, d'ailleurs — il y a aussi, dans le projet de modernisation qu'on propose, des mesures visant… il y aura des mesures visant un meilleur accès à l'information, une meilleure participation citoyenne et une meilleure transparence. Alors, ça, ça fait partie de la modernisation, justement, de mieux impliquer la population dans les processus d'autorisation environnementale, parce qu'il y a eu beaucoup de questions qui ont été soulevées sur ce point-là également. Alors, ça n'est pas une question d'inquiéter, au contraire, c'est de s'assurer que ça soit plus clair, plus prévisible pour tous les intervenants au processus d'autorisation environnementale.

M. Lavallée (Hugo) :Est-ce que vous avez l'impression que, dans son état actuel, le processus d'approbation qui est présentement en cours nuit à la croissance économique?

M. Heurtel : Je ne dirais pas que ça nuit à la croissance économique. Avoir un... Faire des processus d'autorisation environnementale, ça fait partie du développement économique, ce n'est pas... Il faut arrêter de voir la Loi sur la qualité de l'environnement et nos mécaniques d'autorisation environnementale comme des opposants au développement économique. Justement, ce que la modernisation que nous proposons vise faire, c'est de permettre de mieux conjuguer les trois grands principes du développement durable, c'est donc de s'assurer, justement, qu'ensemble on intègre mieux les principes de la Loi sur le développement durable aux processus, mais qu'on s'assure qu'il y ait protection de l'environnement, développement économique et social mieux intégrés aux processus d'autorisation environnementale.

Je donne un exemple plus précis : on veut intégrer la lutte contre les changements climatiques davantage aux mécaniques d'autorisation environnementale. Mais ça, ça va permettre, justement... En intégrant en amont les principes de lutte contre les changements climatiques aux processus d'autorisation environnementale, ce qu'on fait, justement, c'est qu'on intègre, dans le développement économique, ces principes-là dès le départ, et ça, c'est bénéfique pour tout le monde, tant sur un point de vue environnemental, que social, qu'économique.

M. Lavallée (Hugo) :Puis, dernier détail, concernant le projet de loi que vous avez déposé ce matin, on comprend bien, donc, qu'il y avait une clause crépusculaire, là, dans la loi précédente. Là, vous prolongez le délai, et le raisonnement derrière ça, c'est qu'à l'époque la clause crépusculaire avait été mise en place pour permettre une révision plus large qui n'avait pas eu lieu et que, là, finalement, vous prolongez le délai pour faire cette révision-là. C'est ça, la mécanique de l'affaire?

M. Heurtel : Bien, il faut comprendre... Bon. Oui, il y avait une clause crépusculaire suite à un jugement de la Cour supérieure qui a été rendu en 2012. Et, à l'époque, il devait... pour éviter un vide juridique, le gouvernement de l'époque a adopté la présente loi, qui est en vigueur jusqu'au 24 avril 2015. Nous, avec le projet de loi que j'ai présenté ce matin, on prolonge ce délai de trois ans parce que nous considérons qu'il y a un travail… oui, il y a déjà un travail qui avait été fait depuis, cependant ce travail reste à être complété. Alors, il y a un travail...

Parce qu'on parle des milieux, mais c'est quelque... c'est un domaine très complexe, et on veut y aller de façon très sérieuse et très rigoureuse. Et ça, ça implique d'abord, d'après nous…D'abord, faisons une première étape de modernisation du régime d'autorisation de la Loi sur la qualité de l'environnement, et, en parallèle avec ça — et ça, ça va prendre plus de temps — il faut s'arrimer avec le monde municipal, le monde agricole, le monde forestier, qui sont parmi les principaux domaines qui vont être affectés par une réforme majeure de la loi sur les milieux humides. Alors, je crois qu'il faut faire très attention et bien avancer en concertation avec ces différents milieux là, et également je crois qu'il faut aussi tenir compte du fait que mon collègue le ministre des Affaires municipales, M. Pierre Moreau, a entamé un processus de consultation auprès des municipalités — il y a trois tables : la Table Québec-Montréal, la Table Québec-Québec et la Table Québec-Municipalités — pour revoir l'ensemble du régime… des rapports que le gouvernement du Québec a avec les municipalités. Et ça, ça va inclure également des pouvoirs et des responsabilités en matière environnementale. Donc, si on veut bien faire notre travail, concernant les milieux humides et considérant que les milieux humides touchent énormément le monde municipal, je crois que, pour bien faire les choses, il faut également se donner le temps de bien travailler avec les municipalités dans le contexte que je vous ai déjà donné, et également consulter les autres milieux, et avoir vraiment une approche bien intégrée, sérieuse et rigoureuse.

Journaliste : Bonjour M. le ministre.

M. Heurtel : Bonjour.

Journaliste : Pouvez-vous illustrer avec un exemple la lourdeur du processus d'évaluation environnementale?

M. Heurtel : Ce qu'on a eu — puis, comme je le disais dans mon allocution, ce n'est pas nouveau, là — quand on parle des processus, justement, de la lourdeur des processus d'autorisation, le rapport Audet en a fait mention il y a quelques années, il y a eu plusieurs différents groupes d'études, même tout récemment dans le cadre de la consultation que la Commission des Transports et de l'Environnement a menée sur le projet de Stratégie gouvernementale sur le développement durable, là, qui a eu lieu dans les dernières semaines, beaucoup de commentaires, justement, sur cette lourdeur.

Alors, un exemple : il y a beaucoup de commentaires qui sont ressortis, où, par exemple, un entrepreneur ou une entreprise veut implanter un nouveau processus, un procédé quelconque qui intègre l'emploi d'une nouvelle technologie. Et cette nouvelle technologie a été, par exemple, implantée dans une autre direction régionale, dans une autre région, et il y a une connaissance très approfondie de cette technologie-là, mais peut-être pas dans la nouvelle région. Des fois, le partage d'information ne se fait pas bien. Ça cause des délais.

Il y a, par exemple, aussi, au niveau… il y a des fois des redondances qui ont lieu dans les demandes d'information, dans les renouvellements d'autorisation, ça prend… il y a des délais qui sont très, très longs dans les procédés, dans les processus. Alors, ce qu'on essaie de faire, c'est de voir comment… Puis il faut bien comprendre, en 43 ans aussi, il y a un volume énorme d'autorisations qui s'est développé. En 1972, lorsque la LQA a été adoptée, c'était relativement rarissime, un certificat d'autorisation, tu sais, c'était quelque chose de nouveau. Et maintenant on parle de plus de 5 000 autorisations, par année, qui sont émises. Et donc il y a aussi peut-être des procédés qu'il faut revoir, des façons de faire.

Alors, il y a plusieurs différents types d'exemples que je pourrais vous donner, ça va aussi… par exemple, le cas de transfert d'entreprises. Quand une entreprise est vendue, il y a tout un processus très laborieux de transfert de toutes les autorisations environnementales qui vont de l'entreprise qui vend à l'entrepreneur ou l'entreprise acquéreur.Alors, il y a toute une série de mesures comme ça qui démontrent aussi le fait qu'il y a un besoin d'allégement, il y a un besoin aussi de… au niveau de la prévisibilité puis de la clarté.

Un autre exemple que je pourrais vous donner : on a vu, dans nos exemples, que certains règlements et certaines dispositions réglementaires ont une interprétation dans une direction régionale et pas toujours exactement la même interprétation dans une autre. Alors, on a besoin d'avoir aussi… de mettre en place des mécaniques… des mécanismes qui permettent une meilleure uniformisation des interprétations réglementaires pour être sûrs qu'il y ait une plus grande clarté puis une plus grande prévisibilité.

Journaliste : À Ottawa, lorsque le gouvernement a souhaité ou a présenté une réforme visant à, justement, rendre plus efficace le processus d'approbation et d'évaluation environnementale, il a été vertement critiqué. Il y a des groupes qui sont allés devant les tribunaux pour… tu sais. Qu'est-ce que vous diriez à des gens qui disent : Bien, vous voulez faire comme à Ottawa et vous voulez tout simplement, tu sais, faire du développement économique sans tenir compte de l'environnement?

M. Heurtel : Moi, ce que je vais vous dire, c'est : Premièrement, on a mis… on annonce aussi un processus de consultation qui est quand même très élaboré. Il va y avoir des consultations ciblées, d'abord, avec des groupes environnementaux. Les groupes environnementaux vont faire partie de cette modernisation. Alors, ils ne vont pas subir la modernisation, ils vont en faire partie. Et il y a d'ailleurs déjà plusieurs faits saillants qui ont été demandés, des… ce que vous voyez dans le document qui vous a été remis. Il y a déjà des exemples concrets par rapport à des demandes qui viennent des groupes environnementaux, par exemple : avoir des meilleures mesures en matière d'accès à l'information, de participation citoyenne, le besoin d'intégrer, de mieux intégrer les 16 principes de développement durable de la Loi sur le développement durable aux processus d'autorisation environnementale, le besoin d'intégrer la lutte contre les changements climatiques aux processus d'autorisation environnementale, aussi la nécessité d'intégrer également le concept déjà utilisé d'évaluation environnementale stratégique, qui existe déjà, mais qui ne fait pas partie, de façon concrète, officielle, explicite… dans la LQE.

Alors, ça, ce sont toutes des demandes traditionnelles, si vous me permettez l'expression, là, mais qui ont déjà été faites par des groupes environnementaux.

Alors, ce que je vous dirais, c'est que, un, déjà, dans ce qu'on se propose de faire, il y a déjà des réponses à des demandes déjà faites par des groupes environnementaux, mais aussi, si vous regardez bien le processus qui va mener à la présentation d'un projet de loi à l'automne, vous voyez que les groupes environnementaux, tout comme les groupes économiques et les groupes institutionnels, vont avoir voix au chapitre dans l'élaboration de cette modernisation-là.

Journaliste : Sur la question des milieux humides — je reprends un peu sur ce que vous avez dit à mon collègue — vous avez dit : Au fond, la cour, il y a trois ans, vous a dit : La loi qui gère la protection des milieux humides est inadéquate et il faut la changer. À ce moment-là, le gouvernement s'est donné trois ans pour accoucher d'une nouvelle loi — à nouveau, corrigez-moi si ma compréhension n'est pas bonne, là — et là on arrive au terme de trois ans, et vous dites : Ah! On a… il faut qu'on reconsulte. Ça semble un peu... Comment ça se fait que c'est si difficile d'accoucher d'un projet de loi comme ça?

M. Heurtel : Bien, je vais vous dire, il y a quand même... ce qu'il faut comprendre aussi, c'est qu'entre 2012 et maintenant il y a eu une élection et il y a eu un gouvernement qui n'a pas fait grand-chose en matière d'élaboration d'un projet de loi prêt à partir sur la question des milieux humides. Alors, nous, lorsqu'on est arrivés aux affaires il y a 10 mois, on devait presque repartir de zéro. Il y avait eu un travail de base qui avait été fait, mais on n'avait rien qui était prêt à partir. Alors, nous, on a travaillé, on a essayé d'arriver avec un projet de loi cohérent, sérieux qui, vraiment, allait régler la question.

Parce qu'il faut comprendre que c'est très complexe, les milieux humides là. Juste au niveau de la définition, qu'est-ce qu'un milieu humide? Qu'est-ce qu'un cours d'eau? Je veux dire... Encore, il y a une récente décision de la Cour supérieure, on est encore devant les tribunaux à essayer de définir qu'est-ce qu'un marais, qu'est-ce qu'un marécage, qu'est-ce qu'un milieu humide. Ce n'est pas clair, vraiment.

Puis en plus de ça... puis je ne veux pas rentrer dans trop de complexité, mais, comme je le disais tout à l'heure, ça a des ramifications sur d'autres milieux, ce n'est pas juste quelque chose que... on ne peut pas travailler en vase clos dans ce type de dossier là, il faut travailler avec le monde municipal. Donc, si on travaille avec le monde municipal, comme je vous dis, il y a tout un travail. On est en train de redéfinir notre relation avec le monde municipal. Puis cette relation-là... puis ça, c'est le processus que mène M. Moreau, mais ce processus-là, quand on parle de pouvoirs puis quels pouvoirs les municipalités, ou la capitale nationale, ou la métropole vont pouvoir exercer, dans ces pouvoirs-là il y a des questions relatives aux pouvoirs environnementaux.

Alors, dans ce contexte-là, ça va être important de savoir... de bien faire les choses dans un ordre, là, puis commencer par une modernisation de base du régime d'autorisation, puis en parallèle travailler avec le monde agricole, forestier et municipal, travailler dans le cadre aussi du processus qui est présentement en cours au niveau de la réforme de notre relation avec le monde municipal. Puis on a besoin de prendre le temps pour bien faire les choses.

Journaliste : Mais trois ans?

M. Heurtel : Ça peut prendre moins de temps que ça, c'est que ce qu'on se dit. C'est qu'au niveau municipal, au niveau municipal, les tables se sont donné deux ans. Alors, nous, ce qu'on voulait faire, c'est bien s'arrimer avec ce processus-là. Mais, moi, mon objectif, c'est faire ça en beaucoup moins de trois ans. Mais ce qu'il faut comprendre, c'est… Tout à l'heure… Tu sais, je vous dis, c'est vraiment… C'est difficile de faire un clip de 10 secondes avec un sujet comme ça, là. Mais ce que je vous disais… Tu sais, quand vous me demandiez des exemples de lourdeur, les milieux humides, c'en est un parce que, dans certains cas, en termes de milieux humides, il y a le régime de la LQE, des fois il y a un régime municipal, il y a une municipalité qui a un régime réglementaire sur les milieux humides, des fois il y a un régime au niveau forestier puis des fois il y a un régime au niveau agricole.

Alors, des fois, pour un même milieu humide, il va y avoir concurrence de régimes, superposition et redondance, et ça, c'est vrai dans d'autres types de domaines. Alors, en 1972, ce n'était pas le cas. En 1972, il y avait juste la LQE puis son processus. Mais, en 43 ans, il y a eu un régime agricole qui s'est beaucoup développé, il y a un régime forestier qui s'est développé, il y a un régime municipal qui s'est développé, ce qui fait en sorte qu'aujourd'hui il y a des fois de la superposition, de la redondance. Puis là ce qu'il faut faire, c'est vraiment mettre de l'ordre là-dedans, mais toujours en maintenant les mêmes niveaux de protection environnementale.

M. Pépin (Michel) : Bonjour, M. le ministre. Michel Pépin, Radio-Canada. J'aurais deux séries de questions, une qui concerne ce sujet et l'autre qui concerne votre mission en France. Concernant les délais pour les autorisations, ça ressemble à quoi, la moyenne des délais?

M. Heurtel : Je peux… J'ai posé la même question. J'essayais d'avoir, justement, parce que ça aurait été bien d'arriver : C'est tant, tu sais, comme les temps d'urgence, là.

M. Pépin (Michel) : Oui, parce que vous dites… Vous dites que c'est une de vos priorités, de réduire ces délais.

M. Heurtel : Oui, de réduire ces délais-là. Le problème, c'est qu'il y a trop de… C'est trop du cas par cas. C'est que… de catégoriser les délais, parce que chaque projet a ses particularités… Alors, je ne peux pas vous dire, par exemple, tel type de délai, parce qu'un projet, dans une région, va soulever tel type de questions, tandis qu'un autre va en soulever d'autres. Des projets par rapport au BAPE, bon, également même chose, dépendant du type de questions, du type de données.

Ce que je vais vous dire par contre, c'est qu'au niveau des délais… Par exemple, des fois, dans un processus, il va y avoir plusieurs rondes de questions-réponses entre un promoteur et le ministère. Est-ce qu'on peut trouver une façon de réduire le temps puis, au lieu d'avoir une espèce de partie de tennis qui prend beaucoup trop de temps, est-ce qu'il peut y avoir un échange ou des échanges beaucoup plus courts? Est-ce que les délais peuvent être plus courts? Est-ce qu'il peut y avoir, par exemple... c'est aussi quand on compare, on se compare ailleurs, on voit des fois que, dans des cas semblables, dans d'autres juridictions, par exemple en Ontario, c'est des délais beaucoup plus courts. Encore une fois, je ne peux pas vous dire spécifiquement : Bien, tel, tel projet prend deux ans, alors qu'en Ontario, c'est plus court, mais, ce qu'on voit, c'est qu'il y a des processus beaucoup plus modernes, beaucoup plus efficaces qui ont été développés dans d'autres juridictions puis dont on pourrait s'inspirer, puis on a vu que, dans d'autres juridictions, ça a réduit les délais.

Alors, ce qu'on veut voir aussi, c'est dans... il y a certains cas, comme je disais. Dans le cas de transferts d'entreprises, il y a véritablement des formalités au niveau, véritablement, de paperasse, là, si vous me permettez l'expression, qui sont vraiment d'une redondance et qui n'amènent rien au niveau de la protection de l'environnement comme telle. Alors, il y a des procédés comme ça qu'on pense qu'on peut revoir qui permettraient, justement, de réduire les délais puis aussi permettre une plus grande prévisibilité, une clarté dans les processus.

M. Pépin (Michel) :Alors, je vais passer tout de suite à votre mission en France. Je suppose, compte tenu... bien, vous êtes ministre de l'Environnement, vous allez à Paris, sommet sur le climat en décembre, je suppose que c'est essentiellement l'objet de votre déplacement. Comment vous voyez... Quel sera... Comment vous voyez le rôle du Québec dans le cadre de cette... de sa participation ou son rôle par rapport à ce sommet sur le climat à Paris?

M. Heurtel : O.K., juste pour être clair, on parle de décembre, de notre rôle en décembre.

M. Pépin (Michel) :Oui, c'est bien ça, oui, oui, pas pendant votre mission.Bien, c'est en préparation, je pense.

M. Heurtel : Bien, pendant... C'est parce que soyons clairs : pendant les deux jours de mission, là… parce que moi, je suis là, là, le 5 et le 6... on s'envole le 4; 5 et 6 de rencontre. En effet, l'ensemble des rencontres que j'aurai à Paris, ça tourne autour de la préparation du sommet de Paris en décembre. Le rôle du Québec, c'est un rôle très important, puis d'ailleurs le président Hollande, lors de sa visite ici, à Québec, l'a souligné, le fait que, justement, il voyait le rôle d'États fédérés comme le Québec et le rôle de grandes villes aussi, alors... ce qu'on appelle les «subnationals», là, en anglais, ces États ont un rôle... auront un rôle très important à Paris pour, justement, amener une pression positive vers une entente entre, justement, l'ensemble des États. Alors, le Québec fait déjà partie d'une table de 27 États fédérés et qui comprend également des grandes villes qui travaillent ensemble, et le Québec est coprésident de cette table-là pour, justement, arriver à un changement très positif et avoir une entente très sérieuse à Paris.

Alors, on travaille très, très fort à cause... grâce, devrais-je dire, grâce au marché du carbone avec la Californie, deuxième vente aux enchères la semaine dernière, commune — on va annoncer les résultats plus tard cet après-midi — ce qu'on montre, c'est que le marché du carbone, une politique de lutte contre les changements climatiques très poussée est un vecteur non seulement de protection de l'environnement, mais est un vecteur de développement économique. Alors, c'est de travailler avec le gouvernement français, qui veut mettre à l'avant-plan des exemples comme celui du Québec, comme celui d'autres États fédérés comme la Californie, et d'autres exemples des grandes villes chinoises, par exemple, des grandes villes d'Amérique du Sud pour vous montrer que ce n'est pas seulement l'affaire des États supranationaux, mais c'est également l'affaire des États comme le Québec, des États-nations comme le Québec, de jouer un rôle leadership.

M. Pépin (Michel) :Et, par rapport à Ottawa, évidemment, le… Bon, on a tendance à voir… et d'ailleurs Paris voit, et, en tout cas, les contacts diplomatiques qu'on peut avoir avec… du côté de la France, on constate aussi la différence entre Québec et Ottawa, pour ce qui est des questions de changements climatiques. Vous, vous les voyez comment dans le cadre de cette conférence-là?

M. Heurtel : Bien, nous, ce qu'on fait présentement, c'est qu'on travaille beaucoup avec les autres provinces, notamment avec l'Ontario, avec la Colombie-Britannique, on travaille avec le Manitoba, la Nouvelle-Écosse, entre autres, même l'Alberta, pour, justement, montrer que… Tu sais, parce que, si vous regardez juste l'Ontario, qui a… vient d'annoncer… a annoncé, la semaine dernière, une consultation, là, une vaste consultation sur la question d'un prix carbone, sur la question du marché du carbone, donc… puis ça remonte même à notre entente que nous avons signée le 21 novembre dernier sur une collaboration Québec-Ontario sur la question, des mécanismes de marché reliés à un prix carbone. Alors, vous voyez qu'il y a vraiment une mouvance, là, au niveau de l'Ontario. La Colombie-Britannique a déjà établi une taxe carbone.Alors, si vous mettez ces trois provinces-là ensemble, on n'est pas loin de 75 % de la population canadienne et pas loin de 75 % de l'économie canadienne, là.

Alors, quand vous regardez ça, nous, ce qu'on dit à Ottawa, c'est dire : Regardez, là, il y a vraiment quelque chose qui se passe non seulement au Canada, mais aux États-Unis aussi, avec ce que le président Obama a mis en place, avec les directives de la nouvelle réglementation du Environmental Protection Agency, il y a une dizaine d'États autres que la Californie qui, soit regardent sérieusement… on déposé des projets de loi ou ont déjà établi un marché du carbone.On regarde ce qui se passe à travers le monde, la Chine va mettre en place un marché du carbone pour l'ensemble de son territoire le 1er janvier 2016, la Corée du Sud a mis en place un marché du carbone déjà le 1er janvier dernier, l'Europe est déjà là.

Alors, quand vous regardez ça, il y a véritablement une mouvance vers un prix carbone. Alors, nous, ce qu'on dit à Ottawa, c'est : Travaillons ensemble plutôt qu'en opposition pour, justement, avoir une approche intégrée sur la question d'un prix carbone parce que c'est là que la planète se dirige, de toute façon.

M. Pépin (Michel) :Merci.

M. Heurtel : Merci.

Le Modérateur : Ça met fin au point de presse.

M. Heurtel : Merci beaucoup, merci, merci.

(Fin à 15 h 3)

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