(Onze heures dix-sept minutes)
M. Legault
: Bonjour, tout
le monde. Je veux vous annoncer que la CAQ va déposer demain une motion pour
rappeler à Philippe Couillard ses engagements électoraux concernant les tarifs
d'électricité.
Rappelons-nous qu'en février dernier M.
Couillard a dit clairement que, s'il était élu, les tarifs d'Hydro-Québec
n'augmenteraient pas de plus que l'inflation. On peut estimer l'inflation, là,
pour l'année 2014, à environ 1,5 %. Or, la Régie de l'énergie a annoncé la
semaine dernière que les tarifs d'électricité vont augmenter de 2,9 %,
donc le double de l'inflation. M. Couillard se cache derrière la Régie de
l'énergie en disant qu'il ne veut pas intervenir auprès de la Régie de
l'énergie. Pourtant, durant la campagne électorale, il savait que la Régie de
l'énergie existait. Donc, pourquoi, pendant la campagne électorale, M.
Couillard était prêt à passer une loi, si nécessaire, pour passer par-dessus la
tête de la Régie de l'énergie puis maintenant, bien, n'est plus d'accord pour
intervenir pour limiter la hausse des tarifs d'électricité à 1,5 %, soit
l'inflation?
C'est important de dire qu'une partie importante,
puis c'est confirmé par la direction d'Hydro-Québec, de cette hausse vient de
l'éolien. Donc, c'est une décision politique. Donc, raison de plus pour que M.
Couillard ne se cache pas derrière la régie en disant : Je ne veux pas
politiser les décisions de la régie. Justement, la régie est obligée de prendre
une décision en tenant compte de décisions politiques qui ont été prises par le
gouvernement.
C'est important de rappeler que, même avant
Noël, juste avant de partir pour le congé des fêtes, M. Couillard a rappelé
solennellement qu'il n'y aurait plus de hausse de tarifs et de taxes à partir
de 2015. Donc, le 1er avril, si M. Couillard ne fait rien, bien, il va y avoir
une augmentation de 2,9 %, puis, encore une fois, la classe moyenne, qui
est étouffée, va être obligée de payer une augmentation qui est, dans bien des
cas, dans la majorité des cas, supérieure à l'augmentation de salaire qu'ils
ont eue au cours de la dernière année.
En plus, bien, la cerise sur le sundae, c'est
qu'on apprend ce matin qu'il y a encore de la corruption et de la collusion
chez Hydro-Québec. Ce n'est pas vrai que les Québécois vont payer une
augmentation de 2,9 % de leurs tarifs pendant qu'on se fait voler chez
Hydro-Québec. Donc, M. Couillard doit nous dire ce qu'il va faire pour que ça
arrête, cette corruption chez Hydro-Québec. Encore une fois, les libéraux ne
semblent jamais pressés, quand il y a des cas de corruption puis de collusion,
d'agir. Ils prennent ça un peu à la légère. Donc, c'est ce que je voulais vous
dire.
M. Laforest (Alain)
: Sur
Hydro-Québec, avez-vous l'impression que c'est un cas unique, ça? Parce que c'est
ce que l'entreprise laisse entendre. C'est ce que la société d'État laissait
entendre hier, que c'était un cas isolé de collusion et de corruption.
M. Legault
: Oui. Bien,
moi, ce que j'aimerais, là, c'est d'entendre ça de la bouche du Vérificateur
général, puis qu'on lui donne les coudées franches pour aller faire un examen
chez Hydro-Québec pour voir si c'est un cas isolé, si c'est un cas qui est
répandu. Il y a toutes sortes de rumeurs concernant les appels d'offres des
contrats qui sont donnés à l'extérieur chez Hydro-Québec. Moi, je pense qu'il
est temps qu'on aille au fond du dossier puis j'ai hâte d'entendre le ministre
Arcand et M. Couillard… nous disent ce qu'ils vont faire pour s'assurer,
justement, que c'est un cas isolé, si c'est le cas.
M. Laforest (Alain)
:
Hydro-Québec a fait énormément de résistance, là, pour empêcher le Vérificateur
général, pendant de nombreuses années, d'aller vérifier, entre autres, ce qui
se passait. Il faisait de la vérification comptable des états financiers, mais
jamais d'optimisation des contrats, là. Est-ce que ça laisse sous-entendre
quelque chose?
M. Legault
: Bien,
absolument. Rappelez-vous, la CAQ, à de nombreuses reprises, a demandé que le
Vérificateur général puisse faire de la vérification d'optimisation. Parce que,
là, il faut bien comprendre, là, je mets mon chapeau d'ancien vérificateur, il
y a deux sortes de vérifications. Il y a la vérification des états financiers
pour s'assurer que la situation est bien reflétée, mais il y a aussi la
vérification d'optimisation pour voir si, en gestion, on est efficace.
Donc, de ce côté-là, et le Parti libéral
et le Parti québécois ont résisté. Puis là, bien, on apprend un cas de
corruption puis, par-dessus ça, bien, on a une hausse des tarifs d'électricité
de 2,9 %, donc le double de l'inflation. Moi, je comprends, là. Je me mets
à la place des gens de la classe moyenne aujourd'hui, je les comprends d'être
fâchés de voir cette situation.
M. Ouellet (Martin)
:
Est-ce que c'est Hydro-Québec qui devrait absorber les pertes attribuables, là,
aux éoliennes?
M. Legault
: Bien,
nous, on pense que ça fait longtemps que, ces contrats-là, on devrait arrêter
de les donner. On ne peut pas… Écoutez, on pourrait au moins minimiser les
pertes, mais on vient de faire un nouvel appel d'offres. Donc, on continue de
le faire alors qu'on devrait être en négociation pour cesser ces contrats-là.
Actuellement, on donne à peu près 150 000 $, par emploi, de
subvention par année pour créer des emplois à 48 000 $ par année.
Donc, essayez de trouver la logique, là, à part de dire qu'on fait de la petite
politique, puis ça, c'est aussi vrai pour le PQ que pour le Parti libéral. Puis
qui paie en bout de ligne? Ça fait que, que ça soit via les tarifs d'Hydro ou
que ça soit dans le fonds consolidé, c'est toujours le même consommateur qui
paie, d'une façon ou d'une autre.
M. Laforest (Alain)
:
Donc, on met de côté le virage vert?
M. Legault
: Ça n'a
rien à voir avec le virage vert. Il y a d'autres formules qui peuvent exister.
Déjà, on peut dire qu'avec l'hydroélectricité on a des moyens, puis on peut développer
par l'économie d'électricité d'autres types. Il y a l'énergie solaire, il y a
d'autres façons qu'on peut regarder pour faire de l'énergie verte. Mais
actuellement, d'aller dire que, pour gagner des votes en Gaspésie, on va aller
imposer des hausses, à chaque année, qui sont le double de l'inflation à une
classe moyenne qui est étouffée, bien, moi, je pense que et le PQ et le Parti
libéral sont complètement déconnectés de la classe moyenne pour gagner quelques
votes en Gaspésie.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Pensez-vous, comme M. Harper, qu'on doit laisser les gens utiliser des armes à
feu si, je ne sais pas, moi, il y a quelqu'un qui arrive, qui veut voler un
domicile? La personne peut se défendre s'il n'y a pas de policiers, on est dans
un village très éloigné des grands centres. Est-ce que vous pensez, comme M.
Harper, qu'on devrait laisser les gens se défendre eux-mêmes, finalement?
M. Legault
: Non.
Écoutez, je pense qu'au Québec on a vécu le drame de Polytechnique. On est pour
un registre des armes à feu, donc il faut limiter l'utilisation puis la
possession d'armes à feu. Donc, de ce côté-là, non, je pense qu'il y a un
consensus au Québec pour être en désaccord avec cette position.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Est-ce que ça pourrait encourager, cette ouverture de M. Harper… si ça pourrait
encourager les gens à l'idée de se défendre eux-mêmes, là, en région?
M. Legault
: En tout
cas, ce n'est pas souhaitable puis ce n'est pas la position de la CAQ, ça,
c'est certain.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Estimez-vous que ce discours-là prend au Québec? Est-ce que ça peut rallier un
certain nombre de Québécois ou ça s'adresse à un électorat qui est à
l'extérieur du Québec, de telles positions de M. Harper?
M. Legault
: Écoutez,
quand on a connu le drame de Polytechnique, là, on n'essaiera pas de gagner
quelques votes à gauche ou à droite, là. Soyons clairs, au Québec, on souhaite
avoir moins d'armes à feu, on souhaite mieux les contrôler, on souhaite avoir
un registre des armes à feu qui est déjà utilisé par les policiers. Donc, je ne
pense pas que c'est souhaitable d'avoir ce genre de discours.
M. Laforest (Alain)
:
Est-ce que le discours de M. Harper devient un discours américain par
rapport aux possessions d'armes à feu?
M. Legault
: Bon, je
fais toujours attention, là, avant de faire des comparaisons, mais effectivement
le discours qu'on entend de la part, entre autres, des républicains aux
États-Unis, pour moi, ce n'est pas le discours qui représente les valeurs
québécoises.
M. Croteau (Martin)
:
Est-ce que l'électorat… Les électeurs qui possèdent une arme, est-ce que c'est
un électorat important, à vos yeux, au Québec?
M. Legault
: Bien,
écoutez, moi, je ne pense pas qu'on est dans la game d'essayer de ramasser des
électeurs, là. Qu'est-ce qui est bon pour les Québécois? Ce n'est pas vrai,
moi, qu'après avoir vécu le drame de Polytechnique, que je pourrais, là, pour
gagner quelques votes, essayer d'appuyer une position comme celle-là. Moi, je
pense qu'au Québec, là, il y en a trop de drames, et puis, moins il y aura
d'armes à feu, mieux ça sera.
M. Croteau (Martin)
:
Sur un autre sujet, Québec envisage de rehausser les seuils d'admissibilité aux
programmes d'enseignement au primaire et au secondaire, notamment on
demanderait une cote R plus élevée, on imposerait un examen de français.
Qu'est-ce que vous pensez de ces mesures? Êtes-vous favorable à celles-ci?
M. Legault
: Très
favorable. C'était une… et c'est toujours une proposition de la CAQ, donc très
favorable à rehausser les exigences auprès des futurs enseignants, donc dans
les facultés d'éducation, très d'accord avec ça.
M. Croteau (Martin)
:
Pourquoi cette mesure est nécessaire à vos yeux?
M. Legault
: Bien, on
le voit, quand on passe des tests de français à des enseignants ou des futurs
enseignants, les résultats ne sont pas très favorables dans certains cas. Donc,
je pense qu'il faut rehausser les exigences auprès des futurs enseignants, donc
dans les facultés d'éducation, donc exiger et une cote R et des
évaluations un peu plus difficiles.
M. Corbeil (Michel)
:
Sur le dossier de l'énergie, vous avez dit tout à l'heure : On a trouvé un
cas de corruption pendant qu'Hydro-Québec nous vole. Qu'est-ce que vous voulez
dire exactement?
M. Legault
: Bien,
écoutez, là, ce qu'on voit, c'est qu'il y a des gens qui probablement donnent
des contrats à des prix plus élevés que ce qu'on devrait payer et, en échange,
obtiennent des faveurs personnelles. Donc, moi, j'appelle ça se faire voler et
j'aimerais bien entendre le premier ministre puis le ministre Arcand nous dire
clairement quelles sont les mesures qui sont mises en place chez Hydro-Québec
pour s'assurer qu'il n'y a pas d'autres cas comme ça.
M. Corbeil (Michel)
:
Vous pensez que c'est généralisé, si vous dites...
M. Legault
: Je ne dis
pas ça. Je dis juste...
M. Ouellet (Martin)
:
Non, mais vous dites que la marque de commerce nous vole, là. Vous n'associez
pas... Vous ne parlez pas d'un cas ou de quelques cas. Vous dites : C'est Hydro-Québec,
la boîte, l'immense boîte qui nous vole.
M. Legault
: Bien, écoutez,
d'abord, il y a beaucoup de rumeurs sur l'allocation des contrats. Donc, moi, je
pense qu'il serait temps que le Vérificateur général se mette le nez là-dedans.
Pendant longtemps, et le gouvernement du PQ et le gouvernement libéral ont
refusé que le Vérificateur général fasse de la vérification d'optimisation.
Actuellement, ce que j'entends du gouvernement
libéral, ça ne me rassure pas. Je ne vois pas de mesure claire, précise pour
s'assurer qu'il n'y ait pas d'autres cas de corruption et de collusion chez Hydro-Québec.
Donc, moi, ce que je souhaite, là, c'est qu'on aille au fond du dossier.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Est-ce que ce cas de collusion et les cas que vous... vous dites qu'il y a des
rumeurs à l'effet qu'il y en a peut-être d'autres. Est-ce que c'est pour cette
raison, selon vous, qu'Hydro-Québec refuse que le Vérificateur général vienne
regarder...
M. Legault
: Bien,
écoutez, il faudrait leur demander quelles sont leurs raisons, là. Comme j'ai
déjà dit, je ne suis pas dans leur tête, mais actuellement, là, ça semble être
un drôle de hasard qu'on ait résisté si longtemps à avoir des vérifications
d'optimisation chez Hydro-Québec. Donc, moi, ce que je souhaite, c'est que
M. Couillard, M. Arcand nous disent clairement... rassurent les Québécois que
des mesures sont prises pour ne pas qu'il y ait de nombreux cas de corruption
et de collusion chez Hydro-Québec, qui est notre plus importante société
d'État.
Le Modérateur
:
Dernière question.
M. Corbeil (Michel)
:
Vous pensez vraiment qu'il y en a. Si vous dites : Hydro-Québec nous
vole...
M. Legault
: Bien, il
n'y a rien qui me rassure à l'effet qu'il n'y en a pas d'autres. S'il y a un
cas, il peut y en avoir d'autres. Donc, s'il y a un cas qui est passé au
travers le processus, là, de vérification interne et externe, bien, il peut
sûrement y en avoir d'autres. Donc, je demande juste à être rassuré, mais, pour
l'instant, je ne le suis pas.
Le Modérateur
: Merci.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Rapidement, la Commission de la représentation électorale va faire connaître
une nouvelle carte cet après-midi. Est-ce que vous avez des attentes particulières
ou des préoccupations? Est-ce que... En fait, vous, vous êtes... vos députés
sont plus souvent dans des agglomérations, là, dans la couronne de Montréal et
des circonscriptions assez denses...
M. Legault
: Bien,
écoutez, il y a un principe au Québec qui est important, c'est que chaque vote
doit avoir le même poids. Donc, il ne faut pas qu'il y ait deux catégories de
citoyens, des citoyens qui ont un vote qui vaut plus, puis d'autres qui ont un
vote qui vaut moins. Donc, évidemment, la démographie évolue à l'intérieur des
différentes régions au Québec, puis il faut en tenir compte. Merci.
(Fin à 11 h 30)