(Onze heures vingt-sept minutes)
M. Fournier
: Alors, je
ne veux pas prendre beaucoup de votre temps. J'ai eu quelques questions qui
m'ont été posées, en fait, durant même l'intersession, durant les semaines de circonscription,
sur les suites au rapport du Commissaire à l'éthique et ce qui allait se passer
par la suite. Alors, je crois qu'on vous a distribué des documents ou on le
fera. Dans les documents en question, il y a entre autres,
probablement — sinon, si vous ne l'avez pas, je vous
l'indique — l'article 114 du Code d'éthique lui-même qui prévoit que,
dans la foulée du rapport, il doit y avoir une commission de l'Assemblée
nationale... enfin une commission des institutions de l'Assemblée nationale qui
se réunit pour discuter des recommandations du rapport. Alors, forcément, en
vertu de la loi, il y aura une commission parlementaire qui va se réunir, qui
va discuter de différentes recommandations.
Je voudrais en noter notamment trois
devant vous aujourd'hui... pour vous donner un exemple des travaux qui vont se
mener en commission. La recommandation n° 2 par exemple, qui parlait de la
pertinence de prévoir des mesures législatives en matière de harcèlement dont
pourraient être victimes les députés. Vous savez que c'est un sujet qui a été
soulevé à Ottawa il y a quelques mois, qui avait été ici aussi soulevé. Le
commissaire l'amène, alors forcément, en commission, il est prévisible que les
membres de la commission voudront entendre par exemple le Cercle des femmes
parlementaires, qui travaille avec le président pour voir quelles sortes de
mesures, quelles sortes de structures on peut se donner pour protéger en ces
matières.
Je voudrais vous parler de la
recommandation n° 23 qui s'intéresse... et je la cite : «Que les
membres de l'Assemblée procèdent à une révision des règles […] applicables à un
membre de l'Assemblée […] afin de préciser les obligations du député et les
pouvoirs du commissaire à l'égard des situations exceptionnelles relatives aux
intérêts détenus par un élu.» C'est ce que j'appelle la recommandation à
l'égard de l'ampleur des intérêts. Elle fait référence à la décision de blâme à
l'égard du député de Saint-Jérôme dans laquelle le commissaire disait que sa
situation devait entraîner une multiplication de possibilités de conflits
d'intérêts, et il fallait voir à gérer ces éléments-là. La recommandation porte
là-dessus, donc sur l'ampleur des intérêts financiers qui entraîne une ampleur
de cas problèmes de conflits d'intérêts. Donc, forcément, il y aura une
discussion aussi là-dessus en commission.
La recommandation n° 12 du rapport
parle... elle dit ceci : «Que le code soit modifié afin de préciser les
règles relatives à la fiducie ou au mandat sans droit de regard, plus
précisément les instructions du membre de l'Assemblée nationale à l'intention
du fiduciaire ou du mandataire.» Et ça, c'est la recommandation qui s'attarde
non pas à l'ampleur des intérêts financiers, mais à la simple existence
d'intérêts financiers pour un membre de l'Exécutif, donc pour un membre du
Conseil des ministres. Je tiens à vous rappeler que le code actuel précise qu'à
cet égard-là il ne peut pas y avoir de la fiducie sans droit de regard, il ne
peut pas y avoir regard, donc aucun ordre de donné au fiduciaire.
Je vous réfère, et je pense que vous l'avez
dans les documents qui vous ont été remis, la note d'information de février
2014 du Commissaire à l'éthique, donc avant la dernière élection, à la connaissance
de tous ceux qui ont été candidats à ce moment-là. Cette note est très précise
et elle indique que le fiduciaire doit avoir tous les pouvoirs comme s'il était
propriétaire. Il doit pouvoir veiller même à l'aliénation. Donc, il est déjà
dans notre code et dans la façon de le comprendre que la fiducie sans droit de
regard de notre code ne peut pas permettre à un membre de l'Exécutif de donner
un ordre de ne pas vendre et d'appeler ça une fiducie sans droit de regard. Ce
serait une fiducie avec droit de regard, ce qui n'est pas le code.
Pour plus de précision, dans la foulée du
rapport du commissaire en février dernier, j'ai écrit au jurisconsulte. Vous
avez une copie de la lettre que j'ai écrite au jurisconsulte et une copie de la
réponse qu'il m'a fait parvenir la semaine dernière. Sa réponse est on ne peut
plus claire, il ne peut y avoir d'ordre de donné au fiduciaire, qui doit avoir
toutes les marges de manoeuvre. C'est le code actuel. Et il y a, dans cette
lettre-là, référence à la doctrine, référence aux autres codes de d'autres législatures.
Je tiens donc à préciser ceci. Lorsqu'il y aura une discussion en commission en
vertu du code sur le rapport, les membres pourront bien sûr entendre le
commissaire, entendre le jurisconsulte, entendre d'autres personnes intéressées
pour discuter de ce code.
Je comprends que M. Péladeau demande de le
changer. Je comprends qu'il espère qu'on diminue les règles d'éthique et de
déontologie pour changer la règle actuelle. Ce sera le bon moment pour eux
d'expliquer pourquoi le Parti québécois souhaite réduire les règles actuelles.
Dans l'intervalle, la commission aura la possibilité d'entendre tous les
groupes pour voir ce qu'il y a lieu de faire.
Donc, en conclusion, il y a la nature des
intérêts financiers du député de Saint-Jérôme, dont on a beaucoup parlé à
l'automne. Je parle de la nature, c'est-à-dire le fait d'être propriétaire de
médias. Cette question-là n'est pas considérée par le rapport du commissaire, et
je ne pense pas que la commission va en discuter non plus puisqu'elle n'est pas
dans le rapport. Par contre, je vous informe que le centre d'études de
l'Université Laval, qui a déjà pris mandat pour travailler là-dessus, nous a
confirmé ce qu'il avait déjà dit, qu'à la fin août prochain il devrait avoir
les conclusions de son étude qui serait prête. Donc, à ce moment-là, nous
pourrons discuter de ce qui concerne la nature des intérêts financiers.
Pour ce qui concerne l'ampleur, le fait
d'avoir beaucoup d'intérêts financiers dans de nombreux secteurs pour un
décideur public, cette discussion sera faite. Le rapport du commissaire indique
que la règle pour l'Exécutif devrait peut-être s'appliquer au législatif, donc
même s'appliquer au député de Saint-Jérôme comme seul membre de l'opposition,
comme membre du législatif. Mais ça, encore, ce n'est pas dans le code actuellement.
Donc, il n'est pas obligé actuellement, mais le commissaire propose qu'il y ait
une analyse de la chose. Ça se fera en commission. Il y a la nature, il y a
l'ampleur.
Sur la question de la fiducie sans droit
de regard, ce n'est que la seule question de l'existence des intérêts
financiers. C'est un autre type, simplement, d'en avoir, et, quand tu es membre
de l'Exécutif, tu dois avoir une fiducie sans droit de regard, et ça veut dire,
dans notre code, que tu ne peux pas donner des instructions.
Je conclus en disant ceci :
M. Péladeau a réitéré, en fin de semaine, que, pour lui, ça voulait dire
qu'il pouvait le faire. C'est maintenant clair. Le code est clair. Si lui veut
le changer, si lui veut réduire nos règles d'éthique et de déontologie et si le
Parti québécois est d'accord, ils pourront établir les raisons lors de cette
commission. Ils ont un débat ce soir, peut-être que les autres candidats
pourront discuter si eux aussi sont d'accord pour qu'on réduise nos règles
d'éthiques et de déontologie. Je voulais que vous ayez en possession la réponse
du jurisconsulte qui va informer l'ensemble des membres de la commission.
Des voix
: …
M. Fournier
: Excusez,
je…
M. Robillard (Alexandre)
:
…la recommandation 23, qu'est-ce que vous pensez de ce qui pourrait être
considéré comme une situation exceptionnelle? Est-ce que ça correspond à ce que
M. Péladeau… Est-ce que ça correspond à la situation de M. Péladeau?
M. Fournier
: Je vais vous
référer… si vous voulez, on pourrait vous donner la copie de la décision du
Commissiare à l'éthique relativement… dans laquelle il donnait un blâme à
M. Péladeau, mais reconnaissait la bonne foi de M. Péladeau. Dans
cette décision-là, il notait que l'ampleur des intérêts financiers constituait
une situation exceptionnelle, compliquait la façon de travailler. Il fait écho
à cette décision dans son rapport, renvoyant aux membres de l'Assemblée
d'identifier des moyens pour essayer d'endiguer ces problématiques-là. Donc, la
commission aura à discuter, et on va laisser les membres de la commission en
discuter.
Mais là-dessus il est clair… je veux que
ce soit très clair, c'est le commissaire lui-même qui a identifié l'ampleur des
intérêts comme appelant une modification. Il tend une perche en disant :
Dans ce cas-là, probablement qu'il faudrait considérer le membre du législatif
dans telle situation, comme s'il était membre de l'Exécutif, et le renvoyer,
donc, à une obligation, par exemple, de fiducie sans droit de regard, même
comme seul député, même s'il n'était pas membre de l'Exécutif. Vous savez que
la condition de la fiducie sans droit de regard, c'est pour les membres de
l'Exécutif.
M. Robillard (Alexandre)
:
Mais est-ce que, selon vous, il y aurait des critères, là, est-ce que vous avez
déjà pensé à des critères qui pourraient correspondre à ce que c'est, une
situation exceptionnelle? Est-ce que vous pourriez nous en donner quelques-uns?
M. Fournier
: En ce
moment, nous ne sommes guidés que par la problématique soulevée par le
commissaire, et il pourra venir étayer son rapport devant les membres de la commission.
C'est à lui, c'est son rapport à lui.
M. Laforest (Alain)
:
Donc, M. Fournier, si je comprends bien, selon les avis juridiques que vous avez
sous les yeux, ce que propose M. Péladeau ou voudrait proposer M. Péladeau ne
tient pas la route, selon les règles de l'Assemblée nationale.
M. Fournier
: Et les
opinions juridiques sont les opinions juridiques de deux personnes qui sont
responsables du code d'éthique. Alors, ce n'est pas n'importe qui. C'est le
Commissaire à l'éthique lui-même, dans une note de février 2014, et le
jurisconsulte, qui est une entité dont le pouvoir émerge du code d'éthique
lui-même. Le jurisconsulte qui fait l'avis, je vous laisse le lire, qui est on
ne peut plus clair… Ce qu'ils nous disent, c'est que le code actuel fait de la
fiducie sans droit de regard une fiducie dans laquelle celui qui a les intérêts
financiers ne peut donner aucun ordre au fiduciaire, et évidemment cela ne
marche pas avec la position que prétend M. Péladeau. Donc, il se met dans une
position d'illégalité s'il persiste à vouloir faire cela le jour qu'il serait
membre de l'Exécutif.
Alors, il y a donc une question à se poser :
Est-ce que M. Péladeau insiste vraiment pour réduire les conditions d'éthique
et de déontologie? Est-ce que le Parti québécois veut vraiment demander à ce
qu'on réduise l'éthique et la déontologie des députés? Est-ce que tous les
candidats à la chefferie partagent le même point de vue? C'est la question qui
reste sur toutes les lèvres en ce moment.
M. Croteau (Martin)
:
Juste pour être clair, cette illégalité dans laquelle se placerait M. Péladeau,
c'est seulement dans l'éventualité où son parti remporte les élections et qu'il
devient premier ministre.
M. Fournier
: Exactement.
Dans l'état actuel du droit, le code d'éthique sur la question de la fiducie
sans droit de regard s'applique aux membres de l'Exécutif, de un. De deux, à la
question de l'ampleur des situations, je le disais tantôt, le commissaire, et
il viendra en parler en commission, dit qu'il faudrait modifier le code
d'éthique pour qu'il s'applique aussi aux membres du législatif. Mais ça, ce
serait une modification, et je veux simplement limiter… Le code d'éthique
actuel, M. Péladeau peut actuellement, comme membre du législatif, non-membre
de l'Exécutif, avoir les intérêts financiers qu'il a. Je mets de côté la question
de la nature, dont on parlera plus tard, mais s'il dit, comme il dit, qu'il
peut se faire élire, être premier ministre ou être ministre et donner une
fiducie où il va empêcher l'aliénation, cela est illégal, cela est contre le
code, et il faudrait donc qu'il demande une réduction des règles d'éthique et
de déontologie.
M. Croteau (Martin)
: Est-ce
que cet avis du jurisconsulte ne prouve pas que la solution avancée par M.
Péladeau est tout à fait adéquate s'il devient chef de l'opposition?
M. Fournier
: Ce que le
jurisconsulte dit, c'est : s'il était membre de l'Exécutif, il serait
illégal. C'est ça que ça dit. Et donc, quand il dit qu'il peut l'être en
faisant ça, c'est illégal. Il faut qu'il diminue.
Maintenant, j'ai entendu M. Péladeau dire
qu'il se ferait une fiducie sans droit de regard comme chef de l'opposition. Il
pourra la faire comme il voudra : avec droit de regard, sans droit de
regard. Il est dans le législatif. Je ne parle pas ici de la question de la
nature des intérêts. Le fait que ce soit de l'ordre médiatique, nous en
reparlerons après le rapport de l'institut.
Sur la question de la possession
d'intérêts financiers, en ce moment, comme membre de l'opposition,
éventuellement chef de l'opposition, il n'est pas tenu à une fiducie sans droit
de regard. Mais, s'il aspire à devenir un ministre ou un premier ministre, il y
est tenu. Conséquemment, lorsqu'il dit qu'il veut se faire élire chef et
éventuellement premier ministre ou ministre et qu'il ne permettrait jamais que
soit aliénées ses actions, il serait alors en position d'illégalité. Il ne
pourrait le faire qu'en demandant une réduction de nos règles d'éthique et de
déontologie.
Je serais étonné que ce soit là maintenant
la nouvelle ligne de conduite du Parti québécois, mais je leur pose la question.
M. Lacroix (Louis)
:
Mais qu'est-ce qui arriverait? Dans les faits, est-ce que ça le disqualifie
carrément? Il ne pourrait pas du tout se présenter? Est-ce qu'il serait
destitué? S'il était élu, par exemple, dans ces conditions-là, alors que la
population, les électeurs connaissent sa situation, savent, par exemple, qu'il
n'a pas placé ses avoirs dans une fiducie sans droit de regard, etc., est-ce
que ça le disqualifie ou encore, une fois élu à titre de premier ministre,
est-ce que ça ne lui donne pas l'aval d'y aller quand même tout en... parce que
la population le savait? Comprenez-vous la nuance que...
M. Fournier
: Oui, je
comprends la nuance. Le fait est qu'en ce moment il faut quand même... On a une
autre belle opportunité, c'est... qu'on se comprenne, une fiducie sans droit de
regard, quand tu es membre de l'Exécutif, ça ne te permet pas de dire :
Je ne vends pas mes actions. Ça, au moins, c'est clair pour ça. Maintenant, là,
une fiducie sans droit de regard, le fiduciaire est comme propriétaire, il fait
ce qu'il veut. Alors, ça, c'est clair.
Maintenant, s'il insiste, s'il dit :
Moi, là, vraiment, je ne le ferai jamais, au jour 1 qu'il sera ministre ou
premier ministre, si jamais il devenait élu, il se trouve à être destituable,
parce qu'il se met dans une position d'irrespect du code et pas dans une des
petites matières, probablement dans la matière la plus importante, c'est la
possession d'intérêts financiers pour lesquels surtout un ministre et encore
plus un premier ministre prend des décisions constamment.
Et, encore une fois,
j'insiste — le transcript, je l'utiliserai plus tard — je
ne parle pas de la nature des intérêts financiers, je parle de la simple
existence des intérêts financiers.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Vous parliez d'une commission parlementaire tout à l'heure, là. Ça va être la
commission, ce que je comprends, sur le... pour voir M. le Commissaire à
l'éthique?
M. Fournier
: Dans le
code d'éthique, l'article 114 prévoit que la commission — c'est la Commission
des institutions — entend les personnes intéressées, qui sont
considérées par les membres comme étant des personnes susceptibles de les
éclairer sur le rapport. Alors, forcément, la première personne, toujours, c'est
le commissaire, là, parce que c'est lui qui a écrit le rapport.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Quand? C'est prévu quand?
M. Fournier
: Il n'y a
pas de date prévue, mais, dans le code, il est dit qu'une fois que le rapport
est déposé — il a été déposé, là, à la dernière semaine qu'on a siégé,
puis on revient, là, on est assez près, dans le fond — alors les
membres de la commission devront discuter du moment approprié où ils veulent
envisager de discuter de ces éléments-là, rencontrer les personnes qui peuvent
les aider là-dedans.
M. Pépin (Michel)
: Le
fiduciaire, quand vous en parlez en disant, bon, il peut avoir l'équivalent des
droits de propriétaire, mais il n'est pas propriétaire, on s'entend, il doit
agir dans l'intérêt, hein, si je ne me trompe pas, du véritable propriétaire.
Et, dans ce sens-là, est-ce que ce n'est pas un peu théorique, à cet égard-là,
ce que vous soulevez?
M. Fournier
: Bien, pas
vraiment, puis d'ailleurs c'est pour ça que je vous renvoie à la lettre du
jurisconsulte. Prenez le temps de la lire. Honnêtement, je ne pourrais pas dire
mieux que ce qui est écrit par le jurisconsulte lui-même, qui a à donner des
avis sur le code. C'est son rôle, d'ailleurs, c'est pour ça que je lui ai
demandé. C'est dans le code, c'est son rôle de nous donner des avis. Il fait référence
à ce qui se passe dans d'autres législatures, fait référence aux droits et
établit que, dans le fond, c'est de créer le réel mur séparateur entre le
décideur public et les intérêts particuliers qu'il a. Et, pour y arriver, il
doit y avoir une fiducie, donc une offre des biens à un fiduciaire tiers qui
reçoit l'approbation du commissaire et qui agit sur les biens comme si c'était
les siens. Bien évidemment, si c'est les siens, c'est dans l'esprit de les
protéger, pas de les dilapider, mais que toute décision lui revienne à lui et
non au détenteur.
Et la question ici est la suivante :
M. Péladeau a-t-il raison lorsqu'il dit : Je peux avoir une fiducie sans
droit de regard avec regard? La réponse, c'est non.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Là, on voit que vous avez envoyé une lettre au jurisconsulte le 26 février
dernier, donc suite au dépôt du rapport. Pourquoi avoir demandé au
jurisconsulte si, de toute façon, le code d'éthique prévoit déjà que finalement
c'est un... la fiducie sans droit de regard ne doit pas avoir d'ordre?
M. Fournier
: Je crois
que d'avoir l'information, la réflexion du jurisconsulte qui est responsable
est de l'offrir notamment à vous, dans le fond, à tous les Québécois et à tous
les membres de l'Assemblée. N'étant pas la parole du député de Saint-Laurent,
mais la parole du jurisconsulte, il me semble, éclaire le débat. Je crois que,
lorsque je prends parole, on va... j'ai un peu l'habitude du métier, j'imagine,
on peut dire que je suis partisan parce que nous sommes issus de partis
politiques différents. J'ai demandé au jurisconsulte, qui est nommé par
l'Assemblée nationale, pour le code, de nous indiquer ce qu'il en était. Je
crois que nous avons là un avis qui est tout à fait crédible et qui permet aux
différents acteurs maintenant de se gouverner en conséquence.
M. Boivin (Simon)
: Mais
pour bien comprendre, là, il se placerait en situation où il serait destituable
en vertu de…
M. Fournier
: Du code
d'éthique.
M. Boivin (Simon)
: Par
le Commissaire à l'éthique, en vertu du code.
M. Fournier
: Oui,
parce qu'il serait…
M. Boivin (Simon)
: Le
commissaire… Il reposerait sur les épaules du Commissaire à l'éthique de dire :
Je destitue le premier ministre parce qu'il est en contravention du code.
M. Fournier
: À partir
du moment… Voyons! Et tout ça est théorique parce que je suis bien persuadé que
M. Péladeau va simplement changer sa position. Honnêtement, je ne vois pas
quelqu'un qui dit : Moi, je sollicite le mandat pour être en irrespect… en
contravention de la première loi qui me gouverne, mon code d'éthique. Je suis
persuadé qu'il va changer d'idée. Mais restons dans la théorie. Si, son
choix, c'est d'être en contravention du code d'éthique, les règles du code
d'éthique entraînent une plainte, le commissaire fait un rapport, et les
conclusions, dépendamment du genre d'infraction. Par exemple, lorsqu'il y a eu
les blâmes, le commissaire a considéré qu'il était de bonne foi, donc il n'a pas
eu de sanction. Si aujourd'hui M. Péladeau, il dit : Moi, je vais quand même
me mettre en contravention, je pense que ça va être difficile d'invoquer la
bonne foi rendu là. Et donc les règles du code d'éthique peuvent entraîner
effectivement la destitution, l'incapacité d'exercer la fonction. Ça, c'est le
code d'éthique actuel, là.
M. Lacroix (Louis)
:
Est-ce que c'est contestable de façon judiciaire une décision du Commissaire à
l'éthique ou s'il a droit de vie ou de mort?
M. Fournier
: Là, écoutez,
j'ai l'impression qu'à un moment donné il y a des valeurs morales essentielles.
C'est le respect de nos institutions. Je ne peux pas commenter, je n'ai pas
fait l'analyse des différents recours qui peuvent être pris. Je fais juste le
constat que et le Commissaire à l'éthique et le jurisconsulte établissent que
la position de M. Péladeau est en contravention du code. Alors, il a le
choix. Soit qu'il dit qu'il veut changer le code pour réduire les règles, soit
qu'il dit qu'il veut se mettre en contravention, soit qu'il dit qu'il change de
position puis qu'il veut respecter le code.
M. Gentile (Davide) :
Concrètement, vous l'incitez à quoi? Vous pensez que, s'il devient chef, il
devrait finalement…
M. Fournier
:
Concrètement, je souhaite simplement à ce qu'on ait, dans le débat, une
meilleure compréhension. Alors, on a discuté, tout l'automne dernier, de la
nature des intérêts financiers. Nous n'en parlons pas ici, ce n'est pas la
question du jurisconsulte. Cette discussion-là viendra après notamment le
rapport du centre d'étude. La question de l'ampleur des intérêts va être
discutée en commission, ça, c'est le commissaire lui-même qui le met sur la
table. La question de l'existence des intérêts financiers, gérée par le code
déjà actuellement, parle d'une fiducie sans droit de regard, et il y avait une
position de M. Péladeau qui disait que, pour lui, ça voulait dire qu'il
pouvait donner des ordres. Or, c'est clair que non, et ça permet juste
d'éclairer tout le monde. Maintenant, gouvernons-nous en conséquence.
M. Gentile (Davide) : Là, ce
que vous dites, c'est qu'il ne pourrait pas donner de conseils clairs
M. Fournier
: Ah! bien,
ce n'est pas moi qui le dis, c'est le jurisconsulte et le commissaire. En
français, ce que je vous dis, c'est qu'une fiducie sans droit de regard, selon
les responsables du code, c'est que, lorsqu'on transfère les intérêts
financiers vers le fiduciaire, on ne peut pas lui dire de ne pas vendre les
actions. C'est ce que les responsables du code disent. C'est la situation
actuelle.
Alors, s'il veut changer pour réduire le code
d'éthique, qu'il le dise, mais il ne peut plus aujourd'hui s'attribuer la
licence de dire : J'ai une fiducie sans droit regard, c'est mon modèle à
moi, moi, je donne des ordres. Ça, ça ne respecte pas le code. C'est simplement
l'avis qui est donné par le jurisconsulte.
M. Robillard (Alexandre)
:
M. Fournier, est-ce que la décision du jurisconsulte va avoir un impact sur les
fiducies? Est-ce que son avis, ça va avoir un impact sur des fiducies qui
existent actuellement?
M. Fournier
: D'une
part, puis je tiens à le préciser — merci de la question — ce
n'est pas une décision, c'est un avis du jurisconsulte. Et, comme la loi le
dit, le jurisconsulte ne lie même pas le commissaire. Le jurisconsulte est là
pour nous donner l'interprétation qu'il a, comment il voit le code actuel.
Cette interprétation est exactement dans le même sens que l'avis du commissaire
lui-même, de février 2014. C'est ça que ça dit. Ça fait simplement nous donner
l'état du droit actuel. L'état du droit, c'est : une fiducie sans droit de
regard ne te permet pas de donner l'ordre de ne pas vendre. C'est juste ça.
Alors, soit tu te conformes ou soit tu ne
te conformes pas, mais tu ne peux pas dire que tu te conformes quand tu ne te
conformes pas. C'est un des deux.
M. Robillard (Alexandre)
:
Donc, ça, cet avis-là, est-ce qu'il va avoir un impact sur des fiducies qui
sont constituées actuellement?
M. Fournier
: Bien, les
fiducies qui sont constituées actuellement...
M. Robillard (Alexandre)
:
Pour les membres de l'Exécutif, là. C'est sous-entendu, là.
M. Fournier
: Oui. Moi,
je n'en ai pas, je n'ai malheureusement pas ce type d'intérêts financiers, donc
je n'ai pas une fiducie sans droit de regard.
M. Robillard (Alexandre)
:
Non. Il y en a plusieurs autour de la table du Conseil des ministres.
M. Fournier
: Oui, oui,
oui, mais ils doivent tous se gouverner en conséquence d'avoir une fiducie où
il n'y a pas d'ordre de ne pas aliéner.
M. Robillard (Alexandre)
:
Mais ma question, c'est : Est-ce que cette interprétation-là était la...
c'était seulement celle de M. Péladeau ou est-ce qu'il y avait d'autres membres
du Conseil exécutif actuellement qui avaient cette compréhension-là?
M. Fournier
: En fait,
c'est la surprise totale parce que tout le monde savait qu'une fiducie sans
droit de regard, c'est une fiducie sans droit de regard, c'est-à-dire que tu
n'as pas le doit d'intervenir. D'ailleurs, lisez la note du jurisconsulte, elle
est claire, puis c'était l'état du droit, puis tout le monde savait ça. Alors,
M. Péladeau est dans une considération personnelle où il veut amener une
modification. Ça ne respecte pas le code, c'est simplement ça.
Maintenant, l'interprétation du
jurisconsulte, c'est exactement ce que tout le monde pensait, et tout le monde
fait ça en ce moment.
M. Hicks (Ryan) :
Just if I'll get a little bit in English on what this advice… have he said and
why you asked for.
M. Fournier
:
Well, first, this point was to answer some questions arisen from journalists
during the last week, in fact, because last week, we saw in the Assembly, the
Commissaire à l'éthique tabled a report, and some of your colleges was asking
what will happen with that.
Well, in our «code
d'éthique», the article 114, it's written that there has to be a «commission
des institutions» to look at the report, listen to those who have a commentary
or a proposition to make, and make recommendations to the Assembly. That's what
will happen. And I took the opportunity to… by saying that the follow-up of
that report will be a «commission
des institutions» in the next weeks, organized by the
members of the «Commission des institutions». They will surely… will ask the Commissaire à l'éthique to come,
the juristconsult, maybe others. Why I'm talking about the Commissaire à
l'éthique and juristconsult? Because they are the two persons or institutions
named in our «code d'éthique» who have the duty to help us in respecting the «code
d'éthique».
The Commissaire à
l'éthique has said, in February 2014, that, when you create a trust without a
possibility to look at, blind trust — I think that's the expression in English — you cannot give advise to the person who works as a trustee. And so
the proposition of Mr. Péladeau to say to the trustee : You cannot
sell my actions is not valuable. That is not respecting the code. That is what
was written in February 2014, before the election.
Now, to add to that advice,
I asked the juristconsult, who is the other institution respecting the code
that has answered to my letter, the same thing : A blind trust does not
allow a member of the Assembly… a member of the Executive to say to the trustee :
You cannot sell my interests.
So what Mr. Péladeau
is saying now is that or he changes his position and say : OK, I will not
give that instruction, or he wants the code to be diminished to have our ethics
and deontologic rules to be less than what we've got now to protect his own
interests. And that is something that… it's new, surely, for the Parti québécois, who never has that.
So my question is :
Is Mr. Péladeau serious when he says that he wants to diminish our «code
d'éthique»? Are the other candidates to the leadership… are in favor of that?
Because they don't talk about that, so probably they've got the same position.
There's nobody no more… Mr. Lisée is not talking no more, so is the PQ
really asking to have less rules in our «code d'éthique» just for the benefit
of Mr. Péladeau? That is the question and that question is about just the
existence of financial interests.
I'm not talking about the
nature of those interests, because, as you know, during the last fall, the
question was about the fact that he was owner of a media group. That is not
about the existence of financial interests or the big amount of money that
signifies that interests, but just the fact that it is in the media group. For
that, we'll talk later on after the Laval University tables his own report on
it.
M. Hicks (Ryan) : Just quickly, is there something that you want Mr. Péladeau to do
right now?
M. Fournier
: First, to recognizes that his position is not respecting the actual
«code d'éthique». So what is the new direction he will take now that he know
that the Commissaire à l'éthique and the juristconsult are very clear? Is he
still asking to keep his action, so is he still asking that we diminish our
rules of ethics? If it's that, let hear him about that and let's ask : Is
the PQ serious about that? Because I think Quebeckers want us to maintain our level of ethics, not diminish it.
Thank you very much.
(Fin à 11 h 55)