(Douze heures quatre minutes)
Mme
Maltais
:
Alors, aujourd'hui, le président de l'Assemblée nationale vient de rendre une
décision très importante. Vous savez, c'est très rare que se plaident des
outrages au Parlement. C'est exceptionnel, mais c'est aussi… Ce sont à chaque
fois des questions très importantes. Pourquoi? Parce qu'il y a une différence
entre l'exécutif et le législatif. L'exécutif, c'est le gouvernement. Le
législatif, c'est l'Assemblée nationale qui, à la fin, doit dire si elle adopte
ou non un projet de loi.
Alors, ce qui s'est passé, c'est que le
ministre Pierre Moreau, ministre des Affaires municipales, se sentant dans un
gouvernement majoritaire, et rappelez-vous que nous disons souvent que ce
gouvernement, parce qu'il est majoritaire, se croit tout permis et est parfois
arrogant, souvent arrogant, alors le ministre a mis en branle une loi sans
qu'elle ne soit adoptée.
Je rappelle que ça existe aussi l'adoption
de lois, les études en commission parlementaire, parce qu'il arrive que des
ministres décident finalement que…. réalisent que leur projet n'était pas
intéressant. Je pense à Francine Charbonneau récemment a abandonné l'idée de
tarifer les parents parce que… les parents qui avaient des enfants à temps
partiel dans les centres de la petite enfance, dans les garderies, puis on l'en
a convaincue, donc elle est retournée en arrière. Michelle Courchesne, à
l'époque, voulait fusionner certains… avait une loi pour fusionner certains
organismes puis elle est revenue en arrière, hein, à cause de la commission
parlementaire.
Jamais un ministre ne doit, dans notre
système, prendre pour acquis qu'une loi va être adoptée telle quelle. Dans ce
cas-ci, le président de l'Assemblée nationale, dans une décision fort
importante, a dit que, comme on dit en langage juridique, prima facie,
c'est-à-dire à première vue, les faits que nous avons déposés… que nous avons
rapportés sont tellement graves que ça mérite un examen supplémentaire de
l'Assemblée nationale.
Alors, ce que j'ai annoncé, c'est que nous
allons lire la décision comme il se doit, bien comme il faut, et, dans les
jours qui suivent, probablement la semaine prochaine, le caucus prendra la
décision, à voir s'il poursuit, qu'il demande à l'Assemblée nationale de faire
enquête sur la situation. Le président de l'Assemblée nationale a dit
qu'effectivement il y avait matière à enquête.
M. Gagnon (Marc-André) :
Qu'est-ce qu'on doit s'attendre de cet examen supplémentaire?
Mme
Maltais
: De
cet examen supplémentaire, est-ce que le ministre, à ce moment-là, mérite… Ça
peut aller jusqu'à un blâme au ministre de la part de l'Assemblée nationale, ce
qui est très sérieux, est compris dans le règlement. On peut même aller jusqu'à
des sanctions.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Quelle serait l'utilité d'une enquête, à première vue?
Mme
Maltais
: Écoutez,
rappeler à un gouvernement majoritaire que c'est d'abord l'Assemblée nationale
qui adopte des lois, rappeler la prudence, rappeler l'importance de protéger
les députés, le législatif, l'Assemblée nationale. Vous dites : Oui, ça a
été fait dans la décision du président. J'ai entendu le leader, Jean-Marc
Fournier, contester. Il l'a dit, là, il y a des erreurs de… Il a dit : Il
y a deux erreurs de fait, trois erreurs de droit. Ça veut dire qu'ils ne
reconnaissent pas, eux, actuellement, la décision du président. Moi, je pense
que tout le monde doit accepter la décision du président, puis maintenant,
nous, on va évaluer la suite des choses.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Qu'est-ce
que traduit cette attitude-là du leader du gouvernement, Jean-Marc Fournier, à
l'égard de la présidence?
Mme
Maltais
:
Écoutez, bien, c'est sûr que c'est très rare que ça arrive, donc c'est dur pour
le gouvernement. Il y a comme, de la part de… cette décision-là, pour nous,
c'est évident qu'on le lit comme un rappel à l'ordre. D'ailleurs, j'ai dit deux
fois, je crois, ce matin, que normalement je m'attendais à ce que le ministre
des Affaires municipales apporte… annonce immédiatement des correctifs. Il y a
quand même une décision importante, là. Le président de l'Assemblée nationale
dit : Les faits sont, à mon sens, suffisamment probants. Il parle que ça
prend des faits graves, suffisamment graves, des liens suffisamment étroits
entre la loi et ce qui s'est passé, les gestes qui ont posé par le ministre,
pour que ce soit étudié et que ça fasse l'objet d'une enquête.
Alors, je m'attendais un peu, du ministre
des Affaires municipales… d'abord, quelques propos. Je m'attendais peut-être à…
il aurait peut-être pu faire acte de contrition ou s'expliquer. Deuxièmement,
nous demandons toujours des correctifs majeurs, immédiats. Voilà.
M. Gagnon (Marc-André) : Dans
l'immédiat, qu'est-ce que cette décision-là rendue par la présidence de
l'Assemblée nationale change à la procédure parlementaire?
Mme
Maltais
:
Elle ramène la procédure… Elle rappelle le gouvernement… À notre avis, là, il y
a un rappel à l'ordre au gouvernement, à l'effet qu'un gouvernement majoritaire
doit encore tenir compte du fait qu'il y a une Assemblée nationale et que c'est
elle qui adopte les lois. Voilà. Il n'y a pas de changement dans le règlement,
là. Le président n'a fait qu'appliquer le règlement, vraiment. Alors, il n'y a
pas de nouvelle procédure existante. On a utilisé le règlement pour poser une
opinion sur la preuve que j'avais déposée le 26 mars.
M. Gagnon (Marc-André) : Pour
vous, c'est une victoire?
Mme
Maltais
:
C'est une victoire. Est-ce une victoire? C'est sûr que peu de leaders ont vu un
président de l'Assemblée nationale considérer qu'à première vue il y a un
outrage. Les faits sont suffisamment importants pour être examinés par l'Assemblée
nationale. Maintenant, ce serait une véritable victoire si le ministre reculait
ou, à tout le moins, amenait des correctifs immédiatement.
M. Boivin (Simon)
:
…des gestes qui ont été posés dans les CLD puis dans les CRE en lien avec ça,
qui sont irréversibles…
Mme
Maltais
:
Bien, il y a des gens qui ont été mis à pied. Écoutez, d'ailleurs, ça, ça fait
partie de mon argumentation. Vous avez entendu le président de l'Assemblée
nationale dire que j'ai envoyé de la preuve après, mais que sa décision était déjà
prise. J'ai envoyé carrément des annonces à vendre du mobilier des conférences
régionales des élus. Ça ne s'est jamais vu, là. La loi n'est même pas adoptée
puis les gens sont… Non seulement les gens sont mis à pied dans les régions du Québec,
les meubles sont à vendre. Ça ne s'est jamais vu. Je n'ai jamais vu ça. Il y a
un ministre qui a, à notre avis, et à notre avis, et un peu à l'avis du
président de l'Assemblée nationale… c'est-à-dire que, lui, il est prudent, là,
il dit que ce sont des faits suffisamment graves pour être à portée de l'Assemblée
nationale. Mais ces gestes-là qui ont été posés, à notre avis, sont
exceptionnels. Ça n'a jamais été vu. Voilà.
M. Robillard (Alexandre)
:
Est-ce qu'il n'y a pas une contradiction dans le fait qu'en Chambre vous avez
demandé à M. Couillard de retirer ses propos sur le nationalisme ethnique,
alors qu'à l'extérieur de la Chambre vous refusez d'aborder cette question-là
sous prétexte que ça fait partie de la course à la direction? Est-ce que ce n'est
pas contradictoire, votre position?
Mme
Maltais
:
Écoutez, le premier ministre à fait ce que je considère, moi, comme des propos
blessants, injuriants, qui n'ont rien à voir avec ce qu'est le Parti québécois.
Alors, j'ai fait mon travail de leader et je l'ai rappelé à l'ordre.
M. Robillard (Alexandre)
:
Donc, vous vous dissociez des propos de M. Péladeau.
Mme
Maltais
: Je
ne commente pas la course au leadership. Je ne suis pas d'accord avec les
propos de M. Couillard, qui sont blessants pour les membres du Parti québécois,
qui sont fiers de leur parti, qui est un parti extrêmement… En tout cas,
j'arrête là, là, mais…
M. Robillard (Alexandre)
:
Mais est-ce que vous cautionnez dans… En demandant à M. Couillard de retirer
ses propos, est-ce que vous cautionnez indirectement les propos de M. Péladeau?
Mme
Maltais
: Je
demande à M. Couillard… J'ai demandé à M. Couillard de retirer des propos qui
sont blessants pour les membres du Parti québécois et pour ce grand parti. C'est
un grand parti.
M. Robillard (Alexandre)
:
Mais est-ce que vous cautionnez les propos de M. Péladeau?
Mme
Maltais
: Je
continue à vous dire que ce que j'ai fait à l'Assemblée nationale, c'est de
demander à M. Couillard de retirer ses propos blessants, injuriants pour les
membres du Parti québécois. Point final.
M. Croteau (Martin)
:
Peu importe ce que M. Péladeau a dit, est-ce que, vous, comme souverainiste,
vous considérez que l'immigration peut présenter un risque pour la
souveraineté?
Mme
Maltais
: Ce
que je comprends, ce que j'ai toujours cru, ce que tout le monde croit, y
compris M. Péladeau, c'est que la diversité est une richesse pour le Québec.
Voilà.
M. Laforest (Alain)
:
Mme Maltais, concernant le jugement de la Cour suprême, est-ce que vous avez
des inquiétudes par rapport l'école Loyola?
Mme
Maltais
: Écoutez,
je vais laisser Nicole Léger, là, si vous voulez avoir plus de choses, mais c'est
clair que, pour nous, elle a posé la question, ce matin parce que nous sommes
inquiets. C'est un héritage, justement, de Pauline Marois, qui était ici hier,
que cette déconfessionnalisation des écoles. Alors, la Cour suprême vient, pour
nous, peut-être, d'ouvrir une brèche. Alors, on va vous revenir là-dessus.
M. Laforest (Alain)
:
Vous avez des inquiétudes?
Mme
Maltais
:
Oui, tout à fait.
M. Laforest (Alain)
:
Oui? Et, concernant Charkaoui, vous avez des inquiétudes aussi?
Mme
Maltais
: On
a des inquiétudes. Ça fait des… Je comprends que le ministre est nouveau, puis
il dit : Je vais prendre connaissance et tout. C'est sympathique, puis
c'est vrai, il est nouveau, sauf que le sujet, il n'est pas nouveau. On manque
de balises dans les commissions scolaires.
L'autre chose, c'est : Adil Charkaoui
n'est pas arrivé d'hier. Ce n'est pas la première fois qu'on l'interpelle dans
des débats. Le fait que sept jeunes islamistes passent par le cégep, certains
ont suivi de ses cours, s'en retournent en Syrie, ça inquiète les Québécois.
Alors, je pense que… Moi, je m'attends à ce qu'il pose des balises. Le gouvernement
doit poser des balises.
M. Laforest (Alain)
:
La ministre Thériault est allée en France, justement, puis elle nous disait
hier, là, qu'elle est allée s'inspirer de ce qui se passe en Belgique, à
Londres, puis qu'on doit agir plus rapidement pour déradicaliser les jeunes,
là.
Mme
Maltais
:
Alors, peut-être qu'elle devrait parler rapidement au ministre de l'Éducation
et trouver une solution parce qu'actuellement, là, dès dimanche, les cours
reprennent.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mme Maltais, une précision : En quoi les propos de M. Couillard
sont injurieux et blessants? Je n'ai pas saisi.
Mme
Maltais
: …
(Fin à 12 h 13)