(Dix heures trente-sept minutes)
M. Barrette : Alors, bonjour,
mesdames et messieurs. Alors, merci d'avoir pris un moment pour venir assister
à cette annonce quant à la conclusion d'une entente que nous avons maintenant
avec l'Association des pharmaciens d'établissements en santé. Rappelons quand
même le contexte, parce que le contexte de cette entente-là est très important évidemment.
On se rappellera, et on ne peut pas ne pas le rappeler, c'est extrêmement important,
on se rappellera qu'à notre arrivée au pouvoir, il y a maintenant bientôt un
an, nous avons constaté le piètre état de nos finances publiques et les
déficits exorbitants auxquels nous faisons face. Et notre gouvernement, en
équipe, nous avons décidé de nous adresser à cette problématique-là. Pour, évidemment,
le bien-être de la société québécoise, nous devons revenir à l'équilibre budgétaire,
et, pour revenir à l'équilibre budgétaire, il y a des décisions qui peuvent
être difficiles à prendre évidemment, mais il y a aussi des négociations à
faire.
Alors, au courant de la dernière année, évidemment,
on a eu des négociations fructueuses avec les fédérations médicales, qui nous
ont permis d'étaler leurs augmentations sur une longue période, et aujourd'hui
c'est avec plaisir que nous concluons une série de négociations qui s'est faite
avec l'Association des pharmaciens en établissements de santé au Québec, donc
une négociation qui fait en sorte que nous avons une entente qui est, à notre
avis, à l'avantage des deux parties et qui respecte les paramètres budgétaires
de l'État.
Alors, cette négociation-là s'est faite de
façon très ouverte et très cordiale. Vous n'avez pas vu de moment de tension,
ni de moyen de pression, et c'est tout à l'honneur, évidemment, de l'APES, l'association.
Et je tiens à insister sur un point qui
est, pour nous, très important. Dans les dernières semaines, il a été évoqué
qu'il était question pour le gouvernement d'abolir certaines primes et certains
avantages et de diminuer la rémunération des pharmaciens d'établissements. Évidemment,
ça n'a jamais été le cas. Toutes les négociations que nous avons faites à date,
et qui se font encore aujourd'hui, se fondent sur la raison, sur la base de la
raison et de la réalité de notre situation budgétaire. Pour ce qui est des
primes et autres aménagements dont bénéficiaient les pharmaciens d'établissements,
ce qui a été fait, évidemment collégialement avec l'APES, est une analyse
rigoureuse de la justification de cesdites primes. Alors, il n'a jamais été question,
pour des raisons simplement budgétaires, d'abolir ces primes, mais bien de
faire en sorte que nous allions voir si ces primes-là étaient justifiées. Nous
avons conclu, d'un commun accord, qu'elles l'étaient pour la majorité, sauf une
ou deux qui sont plus marginales et qui représentent une somme de simplement un
peu moins de 2 millions de dollars, qui ne sont pas reconduites, mais
évidemment les autres le seront.
Alors, toutes les primes qui existaient
précédemment, et j'en énumère quelques-unes, notamment les primes de
recrutement et de maintien en emploi, d'attraction, d'horaire de 40 heures,
primes incitatives pour certains horaires particuliers, primes d'encadrement
des résidents, et ainsi de suite, ces primes sont reconduites comme le sont les
conditions de rémunération qui existaient précédemment. En clair, aujourd'hui,
nous reconduisons, à l'exception de quelques primes marginales, là, qui
remontent à un montant minimal… maximal, pardon, de 2 millions de dollars…
tout est reconduit avec une clause remorque, que les pharmaciens
d'établissements ont acceptée, qui va faire en sorte qu'ils seront assujettis
aux mêmes conditions que le reste du secteur public lorsque les négociations
seront conclues dans ce secteur-là. Sûrement que mon collègue, M. Coiteux, aura
quelques mots à vous adresser sur ce point-là.
Alors donc, nous sommes dans une situation
qui est très favorable. Nous sommes très heureux d'avoir conclu cette
entente-là, d'autant plus que c'est une entente de cinq ans. Donc, vous le
savez, elle se terminera donc en 2020. Alors donc, pour nous, c'est la
démonstration que nous pouvons, pour la troisième fois, en arriver à des
ententes négociées qui soient à l'avantage des deux parties et qui tiennent
compte clairement de la situation budgétaire du Québec. Et, en plus, on a le
bénéfice ici, pour toutes les parties, d'avoir une entente négociée qui s'étale
sur cinq ans, et je pense que, ça aussi, c'est une bonne nouvelle parce qu'on
vient de garantir une certaine paix, une certaine collaboration pour les cinq
prochaines années, et je pense qu'il faut souligner cet élément.
Alors donc, je tiens à saluer toute
l'équipe de l'APES qui a travaillé avec beaucoup d'ouverture et avec beaucoup
de bonne foi. Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas eu de débat, là, mais il y en
a eu évidemment, mais on est arrivés à une conclusion négociée à l'avantage de
toutes les parties dans le contexte budgétaire actuel. Et je tiens donc à saluer
tous les efforts qui ont été faits par l'APES, et évidemment nous avons été,
dimanche, très heureux d'apprendre que l'entente a été entérinée à plus de
98 %.
Je passe maintenant la parole à mon
collègue, M. Coiteux.
M. Coiteux : Merci, Gaétan.
Alors, écoutez, à mon tour de vous saluer, vous tous, vous toutes, ce matin.
Alors, je me réjouis évidemment que le gouvernement et l'Association des
pharmaciens en établissements de santé se soient entendus dans le cadre de
cette ronde de négociations. Alors, voyez-vous, l'entente d'aujourd'hui, elle
démontre clairement que, lorsque les parties partagent une volonté commune, les
règlements sont tout à fait possibles. Et d'un côté, les représentants de
l'Association des pharmaciens des établissements de santé ont su reconnaître le
contexte budgétaire actuel, et le gouvernement, pour sa part, a été à l'écoute
des problématiques particulières mises de l'avant par ses membres. Voilà donc
la preuve qu'en travaillant ensemble nous arrivons à trouver des solutions.
J'aimerais attirer votre attention… Mon
collègue en a parlé, mais j'aimerais attirer votre attention sur cette question
des primes que nous avons reconduites, des primes de rétention pour les
pharmaciens. Alors, important de noter ici, il s'agit d'une reconduction pour
une période de cinq ans, une période de cinq ans à l'issue de laquelle ces
primes seront réévaluées de nouveau parce qu'il faut comprendre que ces primes
ont une date d'échéance parce qu'on doit faire l'exercice responsable d'en
réévaluer la pertinence. En général, on établit des primes comme ça pour des
raisons conjoncturelles et non pas à perpétuité. Alors, on doit faire cet
exercice rigoureux qu'on a fait avec les membres de l'association des pharmaciens
d'établissements, et on va refaire ça à nouveau dans cinq ans.
Alors, je tiens à souligner le travail
colossal accompli lors de ces négociations, à la fois par les représentants de
l'association, des ministères et ainsi que de mon collègue Gaétan qui a
travaillé, comme toujours par ailleurs, avec toute la diligence voulue pour en
arriver à une entente rapidement. Ils sont donc parvenus à une entente en peu
de temps, soit en quelques semaines seulement. Ils étaient assurément, et ça se
voit, c'est le résultat aujourd'hui… les parties étaient en mode solution.
Alors, cet accord, il confirme qu'il y a possibilité de trouver un terrain
d'entente avec les employés de l'État, et ce, malgré le contexte budgétaire
difficile du gouvernement.
Et j'aimerais maintenant dire que nous
souhaitons, bien entendu, convenir rapidement d'autres ententes avec tous les
groupes, dans le même esprit d'ouverture. Nous réitérons donc à tous les
syndicats de prioriser les lieux de négociation pour que les vrais échanges se
fassent. C'est certainement un défi, mais c'est ce que la population attend de
nous tous, que nous soyons ouverts, que nous soyons raisonnables et que nous
soyons surtout responsables. Le travail, donc, continue. On est au début car le
gouvernement doit conclure plus d'une soixantaine de conventions collectives
pour les 541 000 employés syndiqués de l'État. Et, dans ce contexte, les
propositions sont responsables et compatibles avec notre objectif de retour à
l'équilibre budgétaire en 2015‑2016, confirmé par le budget de mon collègue
Carlos Leitão, et, bien sûr, le maintien de cet équilibre budgétaire pour les
années à venir.
Alors, je demande encore une fois aux
syndicats de voir, dans cette ronde de négociations, l'occasion d'une
responsabilisation collective face aux défis des finances publiques. Et
j'invite donc nos partenaires syndicaux à être des agents de changement car le
gouvernement souhaite en arriver à une entente négociée de bonne foi dans
l'intérêt de l'ensemble des Québécois. Merci.
La Modératrice
: Alors,
pour la période de questions, je vous demande donc de préciser à qui vous
voulez adresser votre question. Régys.
M. Caron (Régys) : Bonjour, M.
Barrette, M. Coiteux. On comprend, dans l'entente que vous commentez ce matin,
qu'il y a une économie d'à peu près 2 millions. C'est tout?
M. Barrette : L'objectif de
cette entente-là n'était pas, évidemment, comme dans tous les cas, de faire des
économies. L'objectif est de respecter le cadre financier du gouvernement,
cadre qui est déterminé par mes collègues M. M. Coiteux et M. Leitão, et là il
y a une négociation qui doit se faire de bonne foi pour respecter cet
ensemble-là et faire en sorte que nos intérêts communs se rejoignent, et c'est
ce qui s'est passé ici. Ce qui s'est passé, c'est donc qu'on a analysé tous les
types de primes et aménagements qui existaient, on les a justifiés, on a reconduit
l'ensemble de la chose. Le résultat final, c'est que ça respecte le cadre qui
est actuellement sur la table dans notre budget.
M. Coiteux : Bien, si je peux
ajouter, ce qui est important ici, c'est l'acceptation de signer une entente
sur une période de cinq ans, pour laquelle les paramètres généraux pour
l'ensemble du secteur public, ils ont accepté d'être en clause remorque. Alors,
ce que nous négocions avec l'ensemble va s'appliquer aux pharmaciens.
Maintenant, la question des primes de
rétention, il faut la distinguer du reste. Les primes de rétention avaient une
date d'échéance, elles arrivaient à échéance à l'issue de la convention collective
qui se termine maintenant. Elles arrivaient à échéance. Alors, est-ce qu'on
doit les reconduire automatiquement? Non. Pourquoi? Parce qu'on doit faire un
exercice rigoureux d'évaluation de la pertinence de chacune d'entre elles, ce
qui a été fait, ce qui a été fait en mode accéléré, en mode solution, en mode
ouverture d'esprit, mais avec des chiffres probants. C'est ce même exercice
qu'on souhaite faire avec tout le monde qui est sujet à des primes de
rétention, d'une part, puis, d'autre part, c'est ce qu'on va refaire dans cinq
ans aussi parce que c'est la manière correcte de faire les choses.
M. Caron (Régys)
: Au
sujet des employés de l'État, il y a une augmentation de salaire de 1 %
qui est due demain. Est-ce que le chèque est dans la malle, M. Coiteux?
M. Coiteux : On a mis tout en
oeuvre pour que ça soit versé dès la date où c'est susceptible de s'appliquer,
parce qu'on attendra confirmation avec l'indice des prix à la consommation, qui
va être transmis avec un certain délai. On n'a pas voulu attendre. On a voulu
tout de suite mettre en oeuvre, sur le plan administratif, tout ce qu'il
fallait pour que ce soit, comme vous dites, à la poste.
M. Caron (Régys)
: C'est
un montant, quoi, de 375 millions, autour de ça?
M. Coiteux : Bien, 1 %
pour l'ensemble des employés de l'État, on est dans le domaine du proche de
400 millions, là.
M. Caron (Régys)
: Bon.
M. Barrette, un autre sujet, là, qu'un avocat se fasse…
La Modératrice
: Est-ce
qu'on peut faire d'abord les questions sur le sujet du jour?
M. Caron (Régys) : Bon, onn
s'en parlera après, O.K.
La Modératrice
: Merci.
On va les faire, il n'y a pas de problème, mais on va commencer par…
Une voix
: C'est parce
que là il va falloir qu'il revienne…
La Modératrice
: Bon,
d'accord. C'est vous autres…
M. Caron (Régys)
: Alors,
M. Barrette, j'allais vous demander : il y a un avocat qui avait un
contrat qui a été renouvelé pendant 11 ans de façon presque automatique par
votre ministère, pour un organisme, même, qui n'existe plus. Cet avocat-là
occupait un poste de fonctionnaire qu'il s'est donné puis il occupait la même
fonction comme avocat consultant pour le gouvernement du Québec. Est-ce que
c'est un exemple de rigueur, ça, pour les gens qui sont à négocier avec le gouvernement?
M. Barrette : Alors, c'est un
exemple de sujet pour lesquels on doit faire des vérifications. Elles sont en
cours, et vous ne serez pas surpris si je vous dis que, s'il y a quelque chose
qui est particulier, il y aura potentiellement une correction qui va être
appliquée.
Journaliste
:
C'est-à-dire?
M. Barrette : Bien, écoutez,
moi, là, je l'ai appris dans le journal, cette affaire-là. J'ai déjà fait des
vérifications ce matin. Je comprends que cette personne-là avait un contrat en
bonne et due forme avec une firme, entre autres, qui s'appelait la SOGIQUE, qui
a intégrée au gouvernement et pour laquelle il y avait encore des
problématiques légales qui justifiaient la poursuite de ces activités-là.
Aujourd'hui, je suis à même de faire les
vérifications pour voir si ceci est justifié. Je comprends qu'actuellement il
apparaît dans nos livres, mais il n'a pas de fonction. Mais je vous dis ça de
façon préliminaire. Les vérifications sont en train d'être faites, et
évidemment, s'il y avait là une situation qui pourrait porter à confusion, elle
sera clarifiée dans les plus brefs délais.
M. Caron (Régys) : Et le fait
que sa conjointe ait signé certains documents liés à son contrat, parce qu'elle
était en poste de commande, est-ce qu'il n'y a pas apparence de conflit
d'intérêts là-dedans?
M. Barrette : Ça fait partie
des vérifications qui sont en train d'être faites.
La Modératrice
:
Martine.
Mme Biron (Martine)
:
Bonjour, messieurs. D'abord, sur le sujet du jour, les pharmaciens, les
représentants des pharmaciens disent qu'ils ont eu une négociation extraordinaire
sur toute la ligne, que vous avez cédé sur toutes leurs demandes, notamment sur
les primes. Qu'est-ce qui explique ce biais favorable? Et est-ce que ça met la
table pour les négociations avec les employés de l'État?
M. Barrette : Alors, d'abord,
nous n'avons pas cédé sur quoi que ce soit, nous avons négocié. Et, comme mon
collègue Martin vous l'a dit il y a quelques instants, ce régime-là de primes
avait sa justification dans le passé, et nous avons simplement dit la chose
suivante, qui était très claire : Nous allons réévaluer la pertinence de
maintenir ces primes pour chacune d'entre elles, une après l'autre, et on les a
reconduites pour la grande majorité, la quasi-totalité, et on a aussi dit que
les primes reconduites seraient réévaluées, comme mon collègue vous l'a dit
tantôt. Alors, ça s'appelle une négociation.
Alors, comme vous l'avez constaté, les pharmaciens
sont heureux, mais ils sont heureux du statu quo, parce qu'il n'y a pas de gain
par rapport à l'année précédente en termes monétaires. Mais ça, c'est une
négociation qui est bien faite, en ce sens que les deux parties se sont
assises, ont débattu d'une clause qui arrivait à échéance. Les primes, ce n'est
pas permanent, ça arrive à échéance.
Mme Biron (Martine)
: …
M. Barrette : Pardon?
Mme Biron (Martine)
:
Pourquoi vous les avez reconduites? Parce que vous avez tenté de les abolir.
M. Barrette : On les a
reconduites après analyse. Il y a des problématiques complexes chez les
pharmaciens d'établissements, comme, par exemple, les heures de travail. C'est
une dynamique qui est similaire à celle de n'importe quel autre employé. Ils
sont payés pour 37 h 30 min, régulièrement ils en font plus, et
là, bien, à un moment donné, il y a des décisions qui doivent se prendre pour
le chef, pour l'assistant chef et ainsi de suite. C'est ça, le régime de
primes, c'est reconnaître des situations qui ont été jugées justifiées pour les
données et qui manifestement ne se sont pas résorbées. Alors, on les a
maintenues avec une nouvelle date d'échéance, mais ils se sont mis à la
remorque de la fonction publique pour d'éventuelles augmentations ou non-augmentations
qui pourraient arriver. Pour nous, c'est un gain. Il y a une entente négociée,
il n'y a pas d'augmentation de la masse et il y a une remorque avec le reste.
C'est une négociation qui est à la satisfaction de tout le monde.
Et quand vous me dites qu'ils sont
très, très heureux, c'est donc… eux, ils étaient dans un mode de crainte de
perte, ils se satisfont, tant mieux, de cette situation-là, et nous aussi,
c'est très bien comme ça, et ils ont pris en considération, manifestement,
notre situation globale budgétaire, et on est arrivés à une entente qui était
raisonnable pour toutes les parties, et, dans le cas présent, c'est le
gouvernement au complet et eux, et on espère, comme mon collègue l'a dit, de
pouvoir faire la même chose avec tout le monde.
M. Coiteux : Oui. Il n'y a pas
de reconduction automatique de ces primes. Ces primes ont des dates d'échéance.
Elles étaient échues. Elles avaient été signées dans une convention collective
qui en prévoyait la date d'échéance, et on y est arrivé. Alors, on a négocié
puis on a négocié sur la base de chiffres sur lesquels on a échangé. On a
négocié d'une façon constructive, en mode solution. Ce qui est important
ici : que ça s'est inscrit, ça s'inscrit dans la nécessité de ramener l'équilibre
budgétaire, de le maintenir par la suite. Et on a travaillé de façon
constructive des deux côtés.
Mme Biron (Martine)
: J'aimerais
ça vous entendre sur les manifestations, là. On sent que la pression, quand
même, monte un peu, que la mobilisation est un petit peu plus forte qu'elle
l'était, là. Aujourd'hui... Peut-être, M. Barrette, commenter la manifestation d'aujourd'hui,
des étudiants en médecine qui n'apprécient pas votre projet de loi n° 20
et qui menacent même d'aller travailler ailleurs qu'au Québec. Peut-être un commentaire
là-dessus puis peut-être, M. Coiteux, sur l'ensemble des manifestations, là. On
sent que le mouvement s'intensifie, dans les universités, notamment.
M. Barrette : Bon, ça fait
partie, évidemment, du jeu normal de notre démocratie. Il est tout à fait
normal, pour tout citoyen, peu importe son statut, de manifester son opinion,
de la façon, évidemment, la plus pacifique possible, et c'est ce qui se passe.
Alors, il n'est pas question pour nous de commenter ça négativement; au
contraire, c'est leur droit.
Ceci dit, nous sommes dans une période difficile.
Le gouvernement est là pour gouverner, et nous le faisons avec la plus grande
transparence. Les choses qui sont avancées ou proposées dans le projet de loi
n° 20, c'est difficile d'être plus transparent que ça. Et la finalité,
elle est pour la population, hein? Je dis aux étudiants en médecine, là :
Regardez, il y a des décisions qui doivent se prendre pour l'intérêt de la
population, et cet intérêt-là, oui, c'est vrai, peut avoir comme conséquence
d'avoir à générer quelques contraintes nouvelles par rapport à ce qu'ils
voyaient dans le futur. Mais il n'y a aucune contrainte là-dedans qui est
démesurée. Premièrement.
Et deuxièmement, pour ce qui est d'un
éventuel exode, bien, comme n'importe quel voyage, je les invite à aller
s'informer de leur destination, parce qu'ils vont peut-être constater
qu'ailleurs au Canada, un, c'est pas mal saturé et, deux, ce qu'on demande au
Québec, ce n'est même pas ce qu'ils vont devoir faire ailleurs. Rappelez-vous,
là, ça, c'est démontré, les chiffres sont blindés là-dessus, les charges de
travail au Québec sont inférieures à celles d'ailleurs au Canada. Alors, s'ils
veulent prendre cette voie-là sur cet argument-là, le réveil pourrait être difficile
en débarquant de l'avion.
Alors, actuellement, on propose des choses
qui sont raisonnables et qui sont faites pour le bénéfice de la population. Et,
oui, c'est possible que ça modifie ce qu'ils aspiraient obtenir, mais je pense
qu'en tant que médecins la finalité demeure la population d'abord, et après,
bien, c'est autre chose.
M. Coiteux : Vous voulez que
je commente...
Une voix
: ...
M. Coiteux : Bien, de façon
plus générale, mais c'est important, parce qu'ici on travaille sur un besoin
fondamental de la population d'accéder à leurs médecins de famille, d'avoir
accès aux soins de santé. La façon de faire ça, ce n'est pas de rester les bras
croisés puis de continuer comme on a fait dans le passé. Visiblement, ça ne
fonctionnait pas. Alors, on est mode recherche de solutions. On les trouve,
d'ailleurs, et on veut les mettre en action, puis c'est pour ça qu'il y a le
projet de loi n° 20.
Le retour et le maintien de l'équilibre
budget, c'est le même principe. On fait ça pourquoi? On fait ça dans l'intérêt
de tous et on fait ça particulièrement dans l'intérêt des plus jeunes de nos
concitoyens, parce que la tentation, ça serait de dire : Regardez, nous,
on reste les bras croisés, on n'agit pas et on passe le flambeau à la prochaine
génération; ils vont payer une facture encore plus grande. On fait ça pour tous
les Québécois, mais d'abord et avant tout pour les jeunes.
Alors, on vit dans une société ouverte et
démocratique, et tant mieux, c'est ça qu'on veut. C'est un grand atout de notre
société, les gens peuvent s'exprimer. Nous, on va réitérer notre message, on
l'exprime de façon assez répétée, comme vous avez remarqué, depuis le début du
gouvernement : Ce qu'on fait, c'est dans l'intérêt de tout le monde, sur
l'équilibre des finances publiques, et particulièrement des jeunes.
M. Barrette : Et, si vous le
permettez, là, sur ce dossier-là, vous ne trouverez de dissension dans l'équipe
ministérielle. On est solidaires, pas simplement sur le principe de la
solidarité ministérielle, mais bien sur le principe que, pour donner des
services… Moi, je suis au ministère des services. Il faut que les finances
publiques soient en équilibre, sinon c'est la survie de ces services-là qui est
en cause. À un moment donné, il va falloir que ce message-là se dise de façon
plus insistante. On est tous sur la même page au ministère… au gouvernement
parce que les finances publiques garantissent des services, et c'est tout. Ça
arrête là. Ça commence et ça arrête là.
La Modératrice
: Merci.
Louis.
M. Lacroix (Louis)
: Bonjour,
messieurs. Si je comprends bien, M. Coiteux, vous vous servez de l'exemple
de cette négociation-là pour servir une leçon aux autres syndicats. C'est un
peu ça.
M. Coiteux : Non, ce n'est
pas… Bien non, ce n'est pas une leçon, mais c'est un chemin, c'est un chemin
qui est constructif. Puis ce n'est pas le premier. Ce n'est pas le premier. On
a négocié l'étalement des hausses de salaire aux médecins. Les médecins et le gouvernement
se sont entendus pour tenir compte du contexte des finances publiques. Cet
automne, on s'est entendus avec les responsables de garde de milieu familial
qui ont tenu compte aussi du grand contexte des finances publiques, qui est un
contexte qui concerne tous les Québécois. Et là ce sont les pharmaciens d'établissements
qui font la même chose.
Ce sont de bonnes nouvelles. Ce sont de
très bonnes nouvelles. Pourquoi? Parce que ça veut dire qu'on est capables de
se serrer les coudes, les Québécois, lorsqu'on a un problème majeur devant nous
et qu'on est capables d'être responsables et de régler ce problème ensemble.
Alors, oui, on est heureux puis on a raison d'être heureux parce que c'est un
signe de maturité dans notre société. Alors, c'est un exemple qu'on souhaite
être contagieux.
M. Lacroix (Louis) : Et,
M. Barrette, juste pour les chiffres, là, ça va coûter combien à l'État,
cette entente-là, par année, par exemple?
M. Barrette : Alors, les
montants, je ne peux pas vous les donner maintenant, pas parce que je ne veux
pas, mais ça va dépendre, évidemment, de la conclusion de la négociation
globale du secteur public puisqu'il y a une clause remorque. Mais actuellement,
en date d'aujourd'hui, on est dans un mode de reconduction de l'existant. Alors,
la reconduction de l'existant, bien là, il n'y a pas vraiment de coût
significatif additionnel. Alors, on verra la clause remorque.
M. Lacroix (Louis)
: Bon,
bien, je vais poser ma question autrement. La rémunération des pharmaciens d'établissements,
ça coûte combien à l'État à chaque année?
M. Barrette : Ah! Je n'ai pas
le chiffre avec moi, là, pour les pharmaciens, spécifiquement.
M. Coiteux : Ce n'est pas une
entente sur l'augmentation, c'est une entente qui permet de s'arrimer sur le
résultat des négociations dans l'ensemble du secteur public. Vous connaissez
nos propositions, vous les connaissez bien, à la fois sur les paramètres, sur
d'autres aspects, sur la retraite. Tout ça, ça va faire partie puisque ça va
être en clause remorque.
Maintenant, il y avait cette question des
primes de rétention. On les a abordées de façon constructive. On a négocié ça
en tenant compte des chiffres. Est-ce que ça règle la problématique? Est-ce que
la problématique existe toujours? Et on s'est entendus sur la base des chiffres
pour les reconduire. On n'a rien ajouté de ce point de vue là. Il n'y a pas de
nouvelle prime. On a reconduit presque toutes, sauf quelques exceptions, les
primes existantes. Donc, il n'y a pas un coût additionnel.
La Modératrice
:
Véronique.
Mme Prince (Véronique) : Bonjour.
M. Barrette, le fait que vous sortiez pour féliciter l'ouverture des
pharmaciens dans cette entente-là, est-ce qu'on doit voir ou décoder un
parallèle entre autres avec le projet de loi n° 20? Je comprends que, le
projet de loi n° 20, c'est sur la réorganisation du travail; là, on parle
davantage de rémunération, mais lorsque vous dites : Quand on travaille
ensemble, on trouve des solutions, on peut toujours trouver des terrains d'entente,
est-ce qu'en même temps c'est un message que vous lancez aux médecins?
M. Barrette : Non, l'objectif
n'est vraiment pas ça. L'objectif est beaucoup plus global et l'objectif...
Comme mon collègue vient de le dire à plusieurs reprises, c'est une bonne nouvelle
et, quand on regarde la dernière année, bien, c'est des gros morceaux, là,
qu'ils ont négocié, qu'ils ont débattus et qui ont pris en compte la situation
de la société québécoise. Alors, les médecins l'ont fait, les pharmaciens
d'établissements l'ont fait. Comme mon collègue l'a dit, en garderie, ça s'est
fait. Je peux vous dire qu'actuellement on est dans le même niveau de
discussion avec les pharmaciens propriétaires. Le message ici est qu'il est
possible d'avoir des ententes négociées, basées sur une discussion franche et
ouverte et en tenant compte de la situation budgétaire de l'État, et, en soi,
ça, c'est une bonne nouvelle.
Mais oui, on peut faire l'extrapolation et
dire : Bien, oui, on est capables de discuter puis d'arriver à des
conclusions qui soient à l'avantage de tout le monde, et certainement que ça
vaut aussi pour le projet de loi n° 20. Ça vaut pour ça puis ça vaut pour
la loi n° 10 maintenant. Moi, je peux vous dire que, vendredi passé, je
rencontrais tous les P.D.G. qui ont été nommés récemment. Il y avait clairement
un enthousiasme autour de la table, là, parce que ces moments-là sont passés,
on avance, et tout ce qu'on annonce est faisable, et ça se fera.
Mme Prince (Véronique)
:
J'avais une autre question aussi. Il y a une manifestation encore aujourd'hui,
à Sherbrooke, pour ceux qui sont en appui à l'avortement concernant la semaine
dernière.
Est-ce à dire que votre message n'a pas
été suffisamment entendu s'il y a encore des manifestations de gens qui
craignent des coupes en lien avec l'avortement?
M. Barrette : Oui. Alors,
manifestement… Bien, c'est-à-dire, dans une situation comme celle-là, Mme
Prince, il y a deux choses qui se passent. Il y a le message qui parfois n'est
pas bien compris et il y a ceux qui désinforment. Alors, je vous rappellerai,
là, que le Parti québécois continue à dire, et il l'a dit à la période de
questions de jeudi passé, pour eux autres, on touche à l'avortement, alors
qu'ils savent très bien, et je le rappelle parce que c'est important de le rappeler,
le Parti québécois avait envoyé des lettres à toutes les agences du réseau, et
particulièrement à toutes les agences de la grande région de Montréal, leur
ordonnant d'abolir les avortements faits en clinique, hein? Ils l'avaient fait,
là, c'était parti. Et ça a arrêté parce qu'il y a eu une élection, et ce
n'était pas dans le programme électoral du PQ et ce n'était même pas annoncé
publiquement qu'ils faisaient ça.
Et, si vous étiez à la période de
questions, là, vous avez vu les députés de l'opposition s'époumoner en
disant : Bien oui, mais c'est du privé. Imaginez, les cliniques en
question, ce sont des cliniques conventionnées payées par la RAMQ, par des
médecins qui sont dans le régime totalement public. Il n'y a pas un sou payé
par les patients, et ils voulaient, le Parti québécois, enlever ce choix-là aux
femmes, hein? Les femmes se sont battues pour avoir des lieux privés, pas à
l'hôpital, pour avoir leurs avortements, et le PQ avait ordonné — je
les ai montrés, là, je peux vous les déposer, je les ai encore ici,
là — avait ordonné qu'on n'en fasse plus. Ça devait atteindre zéro en
clinique au 31 mars 2014.
Alors, c'est sûr que, quand une opposition
comme ça, politiquement, annonce des choses comme ça et fait fi des chiffres…
Les chiffres qu'on a mis, ce n'est pas compliqué, là, on dit qu'un médecin peut
en faire jusqu'à 1 008. Il n'y a pas un médecin au Québec, pas un, qui en
a fait plus que 550, pas un. Il y en a un qui en a fait plus que 504, qui était
le premier chiffre. Alors, comment peut-on penser, comment peut-on conclure,
comment peut-on publiciser que les chiffres que l'on met sur la table puissent
modifier l'accès aux avortements en clinique? C'est impossible. Les chiffres
sont tellement élevés, là, que, pour 99 % des médecins, c'est une marge
qui est jusqu'au triple de ce qu'ils font actuellement.
Alors, ici, on est dans la politique, la
partisanerie, la propagande, mais je vous fais une longue réponse pour rassurer
le public qui nous écoute. Il n'y en aura pas d'obstacle ou de frein à l'accès
à l'avortement, ne serait-ce que sur la base des chiffres qui existent et sur
les chiffres que l'on met de l'avant. Et rappelons-nous que le Parti québécois
voulait et avait commencé à mettre en place les mesures qui allaient
littéralement abolir tous les avortements faits en clinique pour des raisons
purement dogmatiques.
La Modératrice
: Tommy.
M. Chouinard (Tommy)
:
Bonjour, messieurs. D'abord, une précision. Dans le cas des pharmaciens d'hôpitaux,
vous avez dit qu'ils étaient en mode, et là je reprends vos termes,
là, en mode crainte de pertes. C'est-à-dire que, bon, les négociateurs ont
annoncé la fin subite de ces primes-là, donc on a pu négocier sur la base où
eux voulaient simplement éviter de perdre ce qu'ils avaient déjà. Donc, la
dynamique de négociation était celle-là, et finalement vous avez consenti à
reconduire la plupart de ces primes-là.
Maintenant, il y a d'autres groupes de travailleurs,
dans la santé en particulier, qui bénéficient de ce type de primes là et qui se
sont fait dire ou qui ont compris que c'était la fin des primes au 31 mars.
J'aimerais savoir : Est-ce qu'il est donc acquis que le gouvernement va
reconduire ces primes-là après avoir laissé… fait croire que ces groupes-là
allaient les perdre?
M. Barrette : Alors, je vais
rectifier, si vous me le permettez. Les faits... vous les... C'est les termes,
avec lesquels je ne suis pas d'accord, dans la façon dont vous les présentez.
Alors, tout régime de primes qui sont
temporaires arrive à une échéance, qui est celle de la fin de l'entente
collective. C'est le propre des primes, tout le temps. Et de part et d'autre,
ça arrive, là, comme c'est arrivé à la dernière négociation, où j'étais l'autre
bord, ça arrive que des syndicats eux-mêmes demandent d'abolir une prime. Ça
arrive, ça.
Alors, une prime, par définition, ça a une
durée de vie, à moins qu'on la décrète permanente — c'est rare. Alors
ça a une durée de vie. Le jeu de la négociation, évidemment, que vous avez vu
dans les médias ou dans les prises de position des différentes organisations a
été : On veut nous l'enlever. Ça n'a jamais été le cas. La terminologie
est importante. La prime arrive à échéance, et «à échéance», c'est l'échéance
de l'entente, et, quand on renégocie une entente, on renégocie évidemment tous
les paramètres de l'entente, incluant les primes. Alors, à ce train-là, on
pourrait dire que le salaire tombe à zéro le 31 mars, ce qui, dans les faits,
est...
Une voix
: …
M. Barrette : Non, mais c'est
important. Alors, ici, ce n'est pas une... Alors, j'en viens à ce que vous avez
dit en introduction, les gens n'étaient pas en mode de négociation de crainte
de pertes. Le sujet des primes était, pour eux, un sujet hyperimportant, tout
comme l'était le sujet d'éventuelles augmentations, et la conclusion de la
négociation a été : On maintient les primes en quasi-totalité et on se met
à la remorque du secteur public pour les augmentations.
Il n'y a pas eu de négociation partielle,
il y a eu une négociation globale avec une approche qui était… pour eux autres
et pour nous autres, qui avait un poids relatif dépendamment de l'item qui
était considéré, mais, à la fin, c'est une entente globale qui a été négociée,
conclue, entérinée, qui avait à la fois les primes, les salaires, les
augmentations et ainsi de suite.
M. Chouinard (Tommy)
: Mais
sur la question, il y a des groupes, il y a les psychologues, je crois,
biochimistes médicaux…
M. Barrette : Ah! bien, je
m'excuse. Je…
M. Chouinard (Tommy)
:
Il y a plusieurs groupes qui… c'était ça.
M. Barrette : Je n'avais pas
fini…
M. Chouinard (Tommy)
: Moi,
je comprends qu'on… C'est parce qu'on ne se débattra pas sur des éléments, mais...
M. Barrette : Je n'avais pas
fini ma réponse. Je me suis arrêté moi-même, j'aurais dû continuer. C'est la
même chose pour eux autres. Alors, eux autres sont dans un régime où il y a des
éléments qui arrivent à échéance au 31 mars. La convention arrive, au 31 mars,
à échéance. Alors, au 31 mars, là, il va y avoir un débat, un débat sur
l'ensemble des mesures, et il est très possible, parce que moi, j'ai vu ça régulièrement,
là, et particulièrement la dernière fois en santé avec les infirmières… Les
infirmières sont arrivées puis on dit : Ces primes-là, ça ne marche pas,
ça n'a pas donné l'effet escompté, on les enlève. Des fois, ils veulent en
enlever, puis nous autres, on voudrait les garder. Des fois, on voudrait en
mettre, puis ils ne veulent pas en mettre.
M. Chouinard (Tommy)
: Eux
autres s'inquiètent de perdre les primes. C'est ça le point. Là, est-ce qu'on
doit tenir pour acquis que le statu quo va être maintenu, que ces primes-là
pour ces groupes-là vont être maintenues?
M. Barrette : Oui, mais, M. Chouinard,
la réponse, c'est non. On ne peut pas prendre pour acquis le résultat de la négociation,
à partir du moment où tout est mis sur la table et la négociation se fait.
Alors là, actuellement, le message, c'est qu'il n'y a rien d'acquis. Il y a une
négociation qui est en cours ou qui commence et qui va donner un résultat x. Actuellement,
on a fait la démonstration, pour la quatrième fois, qu'on est capable, avec des
sujets délicats d'avoir une négociation fructueuse pour toutes les parties et
d'avoir des ententes négociées. On est très contents.
M. Chouinard (Tommy)
: M.
Coiteux, au huis clos du budget, vous avez déclaré que le fait de limiter la
croissance des dépenses en éducation, ça aurait peut-être un effet pas si
important, dans la mesure où les commissions scolaires vont engranger plus de
revenus en raison de la croissance de la valeur foncière. Or, la FCSQ, la
Fédération des commissions scolaires conteste cette interprétation-là, dit
qu'il y a un programme de péréquation qui fait en sorte que, si la valeur
foncière augmente, le gouvernement réduit d'autant sa subvention de
péréquation, d'une part, et dit : Il y a 40 % des commissions
scolaires qui, là, clairement, vont être probablement forcées d'augmenter les
taxes scolaires pour répondre à la commande de compressions. Est-ce que c'est
inquiétant?
M. Coiteux : Bien,
permettez-moi de faire un parallèle avec la santé, puisque je suis avec mon
collègue ministre de la Santé, qu'il n'y a pas un taux de croissance de ces
dépenses pour l'année 2015‑2016, qui est ce qu'on a vu dans un passé récent et
qui, justement, est capable de respecter ce type d'enveloppe, parce qu'il fait
toute une série de changements, des réformes en profondeur dans le réseau de la
santé. C'est le même principe qui s'applique en éducation pour arriver, au
cours des prochaines années, à vivre avec la réalité; la réalité, pas une
invention, la réalité, qui est qu'on ne peut pas augmenter nos dépenses de
programmes plus vite que vont augmenter nos revenus parce qu'on va amplifier la
crise des finances publiques. Ça nécessite, de notre part, de faire des
réformes, ça nécessite, de notre part, de changer les manières de faire.
Alors, c'est pour ça qu'il y a la révision
des programmes, c'est pour ça qu'il y a la révision des organismes et des
structures et c'est pour ça aussi qu'on doit travailler ensemble pour s'assurer
que la rémunération de l'ensemble de nos employés augmente au cours des
prochaines années à un rythme qui est compatible avec nos cibles de dépenses de
programmes, sinon on n'y arrivera pas.
Maintenant, ça, c'est la responsabilité du
gouvernement de travailler sur ces choses-là. Maintenant, dans la vie de tous
les jours, il y a d'autres sources de revenus qui existent aussi dans les
réseaux. Alors, le gouvernement ne contrôle pas l'évolution des valeurs
foncières. Ça a certaines incidences, non pas en vertu de mesures que le
gouvernement vient de prendre, en vertu de comment ça fonctionne dans la
réalité. Mais ce qui va faire en sorte qu'on va être capable de passer cette
période qui est forcément difficile, où la croissance des dépenses est
nettement en deçà de ce qu'on a connu dans les dernières années, il faut faire
la révision des programmes, la révision des structures, des manières de faire.
Et il faut, comme on a justement… on est contents d'annoncer, là, qu'il y a des
gens qui reconnaissent ça, et ce n'est pas la première fois, depuis les
derniers mois, que des gens reconnaissent ça, il faut qu'on négocie des
ententes qui sont compatibles avec notre capacité de payer.
M. Chouinard (Tommy)
:
Mais acceptez-vous que les commissions scolaires augmentent leurs taxes? Est-ce
que, ça, c'est une façon de permettre l'équilibre budgétaire?
M. Coiteux : Non. Écoutez,
nous, on ne propose pas des augmentations de taxes pour régler les questions
d'éducation. Ce qu'on propose, c'est réviser les manières de faire, et mon
collègue de l'Éducation…
M. Chouinard (Tommy)
: …la
conséquence… On vous le dit, la conséquence, ça va être une augmentation de
taxes dans 40 % des…
M. Coiteux : Nous, on
travaille sur la révision des programmes, la révision des structures et sur des
ententes, en matière de rémunération, compatibles avec la capacité de payer des
Québécois, la capacité réelle de payer des Québécois, et c'est comme ça qu'on
va passer à travers correctement. C'est ça, la façon de faire.
La Modératrice
: Tommy,
si tu me permets, O.K… M. Coiteux doit quitter dans deux minutes, alors…
Journaliste
: Je
m'excuse, là…
Journaliste
: C'est
parce qu'on était censés avoir une heure.
Journaliste
: On va le
faire, mais c'est parce que là, les autres ont eu huit questions…
La Modératrice
: Je
comprends. Alors…
Journaliste
: Bon, je
vais y aller rapidement. Bonjour, M. Coiteux. Bonjour, M. Barrette. M.
Barrette, le projet de loi n° 20 prévoit un accroissement des actes
médicaux, un accroissement des services qui vont être accordés à la population.
Compte tenu des contraintes budgétaires sans précédent auxquelles vous faites
face, là, vous êtes un ministre de la Santé, là, qui est pris dans une
situation inédite, du moins dans un… Comment vous allez vous y prendre pour
appliquer votre projet de loi n° 20?
M. Barrette : Alors, ici, il
faut mettre les choses en perspective. La première perspective que l'on doit
considérer est le fait que la loi n° 20 n'aura pas ses effets maintenant,
parce que, d'abord, le projet de loi est encore un projet, la loi n'est pas
passée, et si elle passait en juillet… en juin, mettons, on serait déjà presque
rendus à la moitié de l'année 2015‑2016.
Deuxièmement, les médecins, si la loi
passe, seront assujettis à un nouveau régime auquel ils et elles doivent
s'adapter. Alors, l'effet, sur la croissance des services va se voir approximativement
neuf à 12 mois après. D'ailleurs, dans le projet de loi, vous allez constater
que les ajustements tarifaires n'entrent pas en fonction avant un an après l'adoption
du projet de loi, parce que les médecins, on le sait très bien… il faut
changer, puis je l'ai dit comme bien de fois, ils doivent changer leurs façons
de donner des services, donc ils doivent adapter leurs pratiques, ils doivent
changer leurs façons de donner des rendez-vous et ainsi de suite.
Ça va prendre un certain temps, et
progressivement on va voir une croissance des services donnés à la population.
On va en voir, là, en 2015, mais, sur une année budgétaire, ce n'est pas là que
l'impact va être maximal. Il va être maximal en quelque part en 2016‑2017. Et
là on est dans une nouvelle période, et, dans cette période-là, ce n'est pas la
même augmentation, et là on va pouvoir avoir les montants pour y faire face.
Alors, le risque budgétaire, en 2015‑2016, est très, très, très minimal pour
les raisons que je viens de vous dire. Il faut adopter le projet de loi
n° 20, les médecins doivent s'adapter et, après ça, il y a la croissance
voulue.
Maintenant, ça, ça dit une autre chose, ça
dit que le projet de loi n° 20, si on veut avoir un effet pour la
population le plus rapidement possible, il faut l'adopter. Et là il faudra
poser la question aux deux oppositions : Vont-ils ou non faire de
l'obstruction?
Journaliste
: Est-ce que
les contraintes budgétaires auxquelles vous faites face vont entraîner des
dysfonctionnements dans le système de la santé? Parce que, bon, en réalité,
lorsqu'on regarde la croissance des dépenses normales… je sais que vous voulez
réorganiser le réseau, mais les économies, c'est juste pour l'an prochain. Pour
l'année en cours, là, nécessairement, il va falloir… ça va être assez
difficile, là, pour vous, comme ministre, pour le réseau.
M. Barrette : Il y a des
efforts à faire, mais, encore une fois… Vendredi dernier, là, j'ai été à 9
heures le matin — ça a duré une journée complète — j'ai été
le premier ministre de la Santé de l'histoire du Québec à avoir les directions
du réseau toutes autour de la même table, hein? Ça ne s'est jamais vu, ça, et
on a échangé et on a discuté. C'est pensé, là, l'adoption du projet de loi. Les
gens sont embarqués, les gens sont déterminés, les gens sont enthousiastes.
Je vous ferai remarquer, là, que depuis
qu'on a nommé les équipes de direction de tous les CISSS, CIUSSS et hôpitaux
non fusionnés, avez-vous entendu une seule critique du réseau? Non. Pourquoi?
Parce que les gens sur le terrain considèrent qu'on a fait des bons choix. C'est
ça qu'ils disent.
Journaliste
: Oui, mais
on va le voir à l'usage, là.
M. Barrette : Non, non, mais
c'est parce que…
Journaliste
: D'ici quelques
mois, les…
M. Barrette : Je comprends,
mais là… On peut aussi faire des prédictions apocalyptiques, comme je dis
toujours, mais dans les faits, là, moi, j'ai devant moi des gens compétents,
enthousiastes, qui comprennent ce qu'on veut faire et qui veulent le faire.
C'est ça, la raison pour laquelle je n'entrevois pas ce que vous…
Journaliste
:
…rationnement, ça ne sera pas le cas…
M. Barrette : Non. On n'est
pas là du tout, là. On n'est pas du tout dans le rationnement et même pas un
peu, là.
La Modératrice
: Alain.
M. Laforest (Alain)
:
Bonjour. M. Coiteux, question très courte. Est-ce que les grandes centrales
syndicales sont en train de récupérer le mouvement de contestation pour vous
mettre de la pression pour reculer?
M. Coiteux : Mettre de la
pression pour le…
M. Laforest (Alain)
:
Pour reculer, vous forcer à négocier.
M. Coiteux : Bien, on négocie,
mais…
M. Laforest (Alain)
:
Non, mais à négocier, c'est-à-dire pour régler rapidement, là, aller vers ce
qu'ils veulent.
M. Coiteux : Bien, regardez,
on va aller vers ce que…
M. Laforest (Alain)
:
…ce matin, ils ont dit aux gens d'aller manifester.
M. Coiteux : On va aller vers
ce que les Québécois veulent. Les Québécois ne veulent pas des finances
publiques qui vont déraper puis les Québécois ne veulent pas qu'on aille piger
massivement dans leurs poches en augmentant des impôts, alors on va négocier à
l'intérieur des paramètres du nécessaire et du possible.
M. Laforest (Alain)
:
Ma question, c'est : Est-ce qu'on tente de récupérer le mouvement pour
vous mettre de la pression?
M. Coiteux : Écoutez, on a des
exemples, là, concrets, là, aujourd'hui. On a eu d'autres exemples, dans les
dernières semaines et les derniers mois, d'organisations représentant leurs
membres, qui ont travaillé avec le gouvernement pour trouver des solutions dans
l'intérêt de l'ensemble des Québécois. C'est dans cette perspective-là qu'on va
continuer toutes nos négociations, en mode solution, en mode constructif et,
chaque fois, compatible avec le maintien de l'équilibre budgétaire, chaque
fois, compatible avec le fait qu'on ne va pas aller chercher de l'argent dans
la poche des Québécois parce qu'au contraire on pense qu'on doit baisser le
fardeau fiscal. Le ministre l'a annoncé, on va commencer à éliminer graduellement
la taxe santé, notamment. Et pourquoi on va faire ça? C'est pour avoir une
économie plus prospère, une économie qui va nous donner les recettes fiscales
avec lesquelles on va financer la santé, l'éducation et les autres programmes
prioritaires.
M. Barrette : Et je vous
dirais que, vous le savez, là, comme députés, comme ministres, on a plein
d'événements publics, là… Tu sais, les gens ont compris, là, l'importance,
l'urgence de prendre ces décisions-là. Et la chose qu'on se fait dire, pas simplement
par des gens de notre parti, mais aussi par des gens des autres partis, on nous
demande de ne pas reculer, d'aller de l'avant. Les gens comprennent là où le
Québec est rendu et l'importance de prendre ces décisions-là. Et c'est une
réalité, là. Il y a beaucoup de gens qui voudraient la nier, cette réalité-là,
mais elle est là, et il ne faut pas diminuer l'importance ou douter de
l'importance de la sagesse populaire, M. Laforest.
M. Laforest (Alain)
:
Pourquoi un débat aujourd'hui sur les crédits? Pourquoi cette importance? Et
vous allez adopter, là…
M. Coiteux : Alors, très, très
simplement, c'est parce que la prochaine année financière commence le
1er avril et que ça prend des sous pour faire fonctionner les ministères
et les organismes, et donc il est d'usage d'adopter le quart des crédits avant
l'étude de l'ensemble des crédits qui va suivre immédiatement après. Donc,
c'est une question de continuité des opérations.
M. Laforest (Alain)
:
Si ça ne se fait pas, qu'est-ce que ça risque d'entraîner?
M. Coiteux : Bien, la loi le
prévoit ainsi, hein? Donc, on respecte le cadre légal aussi en même temps, mais
c'est nécessaire sur le plan budgétaire aussi.
La Modératrice
: Merci. Angelica. English now.
Mme Montgomery
(Angelica)
: Yes, yes. Mr. Barrette, first of, we have some
medical students coming down from McGill. We have a lot of medical students;
they are saying that they might consider leaving the province. This is
particularly a possible situation for McGill, where the medical students are
very bilingual, can possibly work anywhere in Canada. Do you have any concerns
about this? Is there anything you would do to try to keep those students here?
M. Barrette :
To tell you… To be frank and clear with you and to tell you the truth, I have
absolutely no concern for multiple reasons. First of all, if you take into
consideration their level of compensation, we are at a level comparable to
Ontario. Therefore, we are at a level comparable to basically eight of 10
provinces in Canada. So, on that basis, they don't have one single reason to
leave Québec.
On the basis of workload,
I will suggest to them to inform themselves of the situation that they would
live in other provinces. First of all, the number of physicians is such in
those areas that it is quite difficult today for them to find a position, as we
speak today, especially for specialists. And first of all… and second of all,
the workload of resident country physicians is higher than what we are asking
today in Bill 20.
So I would suggest to
them to inform themselves before they make a decision. And, after they've done
that, they will see that they are probably much more better of staying in
Québec than moving. So I'm not at all concerned about that.
Mme Montgomery
(Angelica)
: You say the workload is higher. Does that meaning
that there is quota systems elsewhere as well or people just happen to work
more?
M. Barrette :
Again, it happens that they work more, period. That's the only reason.
Journaliste
:
…explain the deal with pharmacists and can the rest of public sector employee's
hope for the same kind of favorable treatment?
M. Coiteux :
Well, here… The overall deal here is that we had to look together at some of
the special form of remuneration that they were getting to get… for us to have
more attraction. Right? So we discussed those numbers based on analysis that
had been shared one group with the other. So we accepted, in this particular
situation, to reconduct for the next five years some of those special retention
premiums, some of those special premiums, but they will get re-evaluated in
five years from now.
For the rest, they have
accepted to have the same kind of agreement as we will
have with all other public sector employees, and I think it is very important,
because they considered and they took into consideration the serious budget
situation in which we are, and they are not the first group to consider this.
We proved many times in the last months that it was possible to have negotiated
agreement taking into consideration that budgetary situation.
Journaliste
:Are students, or more specifically medical students,
accomplishing anything by protesting today?
M. Barrette : Well, it's their right to protest and express themselves, and this
is guaranteed and will always be in this province, in this country, so it's
fair, it's fair and square. They have the right to do that, and I receive all
the comments that are positive or negative, and we consider them. But, at the
end of the day, we, as Government, have to make tough decisions in order to satisfy the general
population. It's always the same thing in a situation like that. It is the
needs of the many as opposed to the needs of the few, to quote a very, very
well known quote in some sci-fi movies.
So we are here to govern,
and that's what we do, but, at some point, the decision has to be made, and
that's what we are doing. So I understand what they're expressing, but they have
to look at the situation, the facts, and, if they do that, they will see that
it is a positive decision for everyone.
Journaliste
:…recognize the pressure is mounting?
M. Coiteux : Very importantly here, those decisions, which are tough, OK, we
agree… We all agree that it's not easy to do things differently than we did in
the past. In the last 40 years, we had only six years in which we actually
balanced the budget. Six in 40. So breaking with this past is not easy, because
there were reasons why we pushed the bill back to the younger generations, but
we have taken the decisions because we want to protect our young people, that
we will no longer do that, and we take our responsibilities, especially for
young Quebeckers.
Journaliste
:Lastly, on Bill 10, Bill 10 comes into effect
on April 1st, Wednesday. What change is concretely on Wednesday?
M. Barrette : On Wednesday, the most concrete changes will be in high management.
As I said earlier, I met with all new managers that were appointed during the
last month. I had, for the first time for a Health Minister, every CEO of this
province around one table.
So what will change is
higher management. That will change, and they are in the midst of putting in
effect all major protocols and middle management so that we will achieve the
savings that we are expecting and we will also achieve, and that was a strong
statement on my part when I met with them, we have to improve access by
Bill 20, but also fluidity through Bill 10. That will happen. And
they understood that and, to tell you the truth, they are quite enthusiastic
about that because they agree with what we've read. We have a reading of the situation that they agree upon, and they are
more than willing to work forward in that direction.
La Modératrice
: Marie.
Mme Verville (Marie)
:The medical students are claiming that Bill 20 will
bring on healthcare services that will suffer, that the quality will suffer.
What do you respond to that?
M. Barrette : I mean, this is... You know, it is always astonishing for me to
hear comments like that from people who have not been yet in the system. Some
students have been in the system, and I would say, I would submit to them that
even I, who was always well implicated in that kind of topic issue, in
retrospect, I would not say that I would have known, at that time, what was to
be done at that time when I was a first-year resident and certainly not when I was at medical school, certainly not.
So clearly they are transmitting
or relaying positions, by federations maybe, political parties maybe, but, to
me, it is surprising to see them taking for themselves those assertions. I
think they're going a step too far.
Mme Verville (Marie)
:They also claim that Québec is the only province in Canada that will have a code. Is that true?
M. Barrette : Well, it is true, but it is also the same... the place in Québec where we have such problem to having
access to primary care, for instance, with the greatest number of doctors per
capita. So we have a specific situation that is deteriorating over time, and that is a proven fact, and
there are no, absolutely no
indication that things would be improving as of now.
Mme Verville (Marie)
:And you don't think that Bill 20 will bring along an
exodus of doctors who will want to go work in...
M. Barrette :Absolutely not. Absolutely not. I could name you presidents
of subspecialties in this province who could have a conversation with you,
demonstrating to you how difficult it is for a new graduate in Toronto, for
instance, in Hamilton, in Vancouver to find a job. They are saturated, OK?
That's the situation, and that
saturation will go on increasing.
When Québec, in the year 2000, under M.
Couillard, increased the number of entries at medical school, all Canada did that. Everybody did that, not
only us. We did more, but all Canada did that, and, as we speak, we are not even at the time where we
will have the greatest number of graduates coming out for medical school. It's
going to happen in the next three years. So… And it's going to remain like that
for the next 10 year. So, that's a fact of life.
The number of graduates
coming out is not even at the top. It's almost maximal, it's much bigger than
it was before. We have record numbers of new graduates in this province. It's
going to increase. It's the same thing elsewhere in Canada, and services are going down in Québec. They are not, in the rest of the country.
So, when you consider
that, well, good luck if you want to go elsewhere… if they want to go elsewhere
in Canada. I'm sure that there
will be positions available in Nunavut and Nunavik, but I'm not sure that there
will have positions available in Toronto.
Des voix
: Merci.
(Fin à 11 h 31)