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Point de presse de M. Bernard Drainville, porte-parole de l'opposition officielle en matière d'énergie et de ressources naturelles, et M. Sylvain Gaudreault, porte-parole de l'opposition officielle en matière de développement durable et d'environnement

Version finale

Wednesday, April 1, 2015, 9 h 30

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Neuf heures trente-deux minutes)

M. Drainville : Alors, bonjour, tout le monde. Merci de répondre à notre appel avec un si court préavis. Évidemment, Sylvain et moi voulons commenter la décision de TransCanada d'abandonner son projet de construire un port pétrolier à Cacouna.

C'est une décision dont on se réjouit d'abord et avant tout parce que c'est une victoire pour les citoyens à la suite d'une longue bataille que nous avons menée à leurs côtés. Mine de rien, la décision de TransCanada assure la préservation, en fait, de la pouponnière de bélugas à Cacouna. Donc, c'est une immense victoire pour les citoyens, mais c'est aussi une très belle victoire pour la préservation puis la pérennité, en fait, de la population de bélugas que nous avons dans le fleuve Saint-Laurent.

On se réjouit également de la demande du ministre Arcand de demander le report des audiences de l'ONE. Vous avez vu sa lettre datée d'hier, il se range finalement à nos arguments. Je vous rappelle que nous demandons le report des audiences de l'ONE depuis, déjà, le mois de novembre. On se faisait l'écho, à ce moment-là, de l'Union des municipalités et de la Communauté métropolitaine de Montréal. Donc, le ministre Arcand qui se range dans notre camp, alors on ne peut pas faire autrement que d'être satisfaits de ça.

Maintenant, la décision de TransCanada d'abandonner Cacouna ne sert qu'à nous rappeler et ne vient que confirmer le fait qu'on n'a toujours pas un projet, on n'a toujours pas de projet, et on n'a surtout pas de tracé final. Alors, la demande que j'adresse, moi, à la compagnie TransCanada, ce matin, à titre de porte-parole à l'énergie, c'est qu'elle doit absolument fournir sans délai les détails de ce nouveau projet, donc de son nouveau projet de pipeline, et en particulier les détails définitifs du tracé définitif du pipeline qu'elle se propose de faire passer sur le territoire québécois. Et, bien évidemment, j'espère que le gouvernement libéral, et M. Arcand en particulier, va mettre son pied à terre et exiger que TransCanada dépose ses documents, notamment sur le tracé.

J'attire votre attention, juste avant de laisser la parole à mon collègue Sylvain, sur la différence de ton entre la lettre du ministre Arcand et les propos qu'il a tenus ce matin lorsqu'il dit, à propos du report des audiences, il dit : Sur cette question, j'ai envoyé une lettre au président de l'Office national de l'énergie pour lui indiquer qu'il pourrait peut-être reporter les audiences si jamais on n'a pas de projet. Écoute, là, on peut-u se brancher, là? Il a demandé, par lettre, le report. Il peut-u affirmer avec fermeté la demande du Québec de reporter les audiences de l'ONE si ce n'est parce qu'on n'a pas de projet final puis on n'a pas de tracé final? Sylvain.

M. Gaudreault : Oui, merci, Bernard. Alors, aujourd'hui, l'annonce de la compagnie TransCanada ouvre une fenêtre très opportune pour que le Québec reprenne enfin le leadership dans ce dossier du pipeline de TransCanada.

D'abord, c'est l'occasion, considérant que c'est un nouveau tracé, forcément, pour le gouvernement, d'exiger sans délai de la part de la compagnie, le dépôt d'un nouvel avis de projet. L'avis de projet, c'est le nouveau tracé, c'est le nouveau projet de la compagnie TransCanada, et cet avis de projet, c'est une étape essentielle pour ensuite lancer le BAPE.

Alors là, maintenant, là, que la fenêtre est ouverte pour que le Québec reprenne le leadership dans ce dossier-là, il faut que, le plus rapidement possible, le gouvernement convoque, mandate le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement : nouveau tracé, nouvel avis de projet, BAPE, et là le gouvernement marque son leadership, au lieu de celui du gouvernement fédéral.

Deuxième élément, vous vous souvenez de la lettre que le ministre Heurtel avait envoyée au président de TransCanada au mois de novembre à la suite de la motion que nous avions fait adopter à l'unanimité à l'Assemblée nationale sur ce projet-là? Il y avait la condition n° 5, qui disait que le projet devra générer des retombées économiques et fiscales pour tout le Québec. Alors, moi, je demande au ministre Heurtel de nous dire en quoi ces conditions-là, aujourd'hui, là… c'est quoi, là, ses conditions, considérant qu'il n'y a même plus de port à Cacouna. Alors, c'est quoi, les retombées économiques et fiscales considérant qu'il n'y a plus de port à Cacouna?

Troisième élément, c'est l'occasion, également, inespérée, pour le gouvernement, d'appeler rapidement à l'étude le projet de loi n° 390, que j'ai déposé à l'automne, affirmant la compétence exclusive du Québec en matière d'environnement. Merci.

M. Robillard (Alexandre) : Donc, la possibilité que le port soit au Nouveau-Brunswick, vous l'évaluez comment, l'impact sur les retombées?

M. Gaudreault : Bien, c'est justement à la TransCanada de nous le dire parce que moi, je pensais à ça tout à l'heure et je me disais : Admettons, sur une échelle de 0 à 10, là, avec le port de Cacouna, les retombées étaient à à peu près à 1, O.K., là, peu d'emplois. Mais là, sans port de Cacouna, là, les retombées économiques, là, tombent à zéro. Alors là, c'est très questionnant, et je demande au ministre de nous expliquer comment ça peut répondre à sa condition n° 5.

M. Croteau (Martin) : Donc, ça disqualifie complètement le projet à cet égard?

M. Gaudreault : Bien, vous savez qu'à nos yeux à nous, là, il était déjà disqualifié, le projet, là. Alors là, je demande au gouvernement de nous l'expliquer, là, en vertu de ces conditions, là, et considérant qu'aujourd'hui il n'y aura plus de port au Québec.

M. Croteau (Martin) : À quoi ça sert pour TransCanada de tout de suite déposer son plan de match, là? Pourquoi est-ce que c'est… Pourquoi est-ce que la compagnie ne peut pas prendre le temps de consulter ses clientes, ses fournisseurs, ses…

M. Gaudreault : Bien, ce n'est pas «à quoi ça sert à TransCanada», c'est «à quoi ça sert aux Québécois». Là, il faut qu'on convoque rapidement un BAPE. Nous, là, ça va faire un an au mois de mai, là, qu'on a obtenu, en étude des crédits… Tu te souviens, Bernard? On était en étude des crédits ensemble, Bernard avec le ministre de l'Énergie, moi avec le ministre de l'Environnement, puis on s'était coordonnés pour que les deux s'engagent à faire un BAPE. Ça, on l'a obtenu au mois de mai.

M. Drainville : Sur tout le tuyau. Sur tout le tuyau.

M. Gaudreault : Sur tout le tuyau, oui, ça va… puis en considérant aussi, en amont, là, les émissions de GES en Alberta. Bon. Donc là, on l'a obtenu, ça. Mais là ça va faire un an au mois de mai, là, puis on n'a toujours pas de BAPE. Alors là, le ministre, là, il n'a plus le choix, il faut qu'il réclame rapidement un nouvel avis de projet de la part de la compagnie pour lancer sans délai le BAPE.

Je veux juste vous rappeler, là, qu'en Ontario avec l'instance de consultation de l'Ontario, ça fait déjà un an, là, qu'ils travaillent, eux autres, sur le tuyau, là, qui va traverser l'Ontario avant de s'en venir au Québec, puis nous autres on n'a même pas encore de BAPE mandaté.

M. Drainville : Mais je vous dirais, M. Croteau, juste pour terminer : L'urgence, elle est liée aussi au fait que l'ONE doit tenir ses audiences l'automne prochain. C'est ça, l'urgence. Alors, bien entendu, nous, comme Québécois, le principe que l'on défend, comme aile parlementaire, comme Parti québécois, c'est que c'est aux Québécois de décider. On défend le droit des Québécois de décider de ce projet-là parce que c'est sur notre territoire qu'il passe. C'était le sens du projet de loi n° 390, que Sylvain a déposé.

Mais l'urgence, elle est liée au fait que, pour le moment en tout cas, les audiences de l'ONE doivent se tenir à l'automne, alors, évidemment, ça presse. Ça presse qu'on ait le tracé, ça presse qu'on ait le nouveau projet pour déclencher le BAPE puis pour s'assurer que, si l'ONE ne reporte pas ses audiences, qu'on ait quelque chose de définitif à partir de quoi travailler, là.

M. Croteau (Martin) : Êtes-vous confiants que l'ONE écoutera la demande... entendra la demande du ministre?

M. Drainville : Ah! Bien là, c'est à eux autres de nous le dire, là.

M. Gaudreault : Bien, moi, écoutez, quand je vois, là, que le ministre Arcand dit que le président de l'ONE pourrait peut-être reporter les audiences... Moi, la première question que vous devriez me poser, c'est : Est-ce que j'ai confiance envers Pierre Arcand? Ça, c'est la vraie question. Alors, moi, ce qu'on lui dit ce matin, là, c'est...

M. Drainville : Mets tes culottes, mets tes culottes.

M. Gaudreault : ...un petit peu plus de conviction, s'il vous plaît, face à l'ONE, tu sais. C'est la première chose qu'on dit. Il y avait une question?

M. Bélair-Cirino (Marco) : Oui, mais, pour être clairs, tout d'abord, ce projet-là est plus attrayant aujourd'hui qu'il ne l'était hier?

M. Drainville : Non, je ne dirais pas ça, là. Je dirais qu'il est moins détestable. Il est moins détestable, dans le sens où on n'en voulait pas, de port pétrolier à Cacouna parce qu'il menaçait la population de bélugas. Maintenant, les risques environnementaux liés à l'existence de ce projet-là sont toujours là. Le fait que c'est un projet qui vise à exporter du pétrole bitumineux qui arrive d'ailleurs, sans aucun bénéfice durable pour le Québec, ça, ça reste toujours. Donc, les... Tu sais, on ne l'aime pas plus qu'on l'aimait, mais là ils ont...

M. Gaudreault : Au moins, là, il n'y aura plus de problème avec les bélugas.

M. Drainville : Oui, c'est ça.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais le seul attrait que vous voyez, c'est la création d'emplois durant la construction...

M. Drainville : Puis il faut, Marco, si vous me permettez, Marco... Il faut aussi, Marco, il faut... C'est le genre de clip, malheureusement, qui ne fait pas souvent les nouvelles, là, mais pardonnez-nous d'essayer : les citoyens ont gagné quelque chose, là, dans cette bataille-là, là. C'est quand même important, là, tu sais, dans l'ère de cynisme ambiant, là, tu sais, où le monde ont l'impression, parfois, que la démocratie ne répond pas, là, aux volontés populaires, là, puis, comment dire, aux demandes des citoyens. Bien là, les citoyens, les Québécois puis le Parti québécois, on s'est mobilisés puis on a gagné quelque chose. Il faudrait quand même prendre la peine de se le dire, là, tu sais. Cela étant dit, le combat n'est pas terminé.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Donc, l'attrait du Projet Énergie Est, aujourd'hui, c'est quoi? C'est seulement la création d'emplois durant la construction de la canalisation?

M. Gaudreault : Moi, bien franchement, il n'y en a pas d'attrait, là, avec ce projet-là, là. Ce n'est que du transport de pétrole des sables bitumineux...

M. Drainville : À des fins d'exportation.

M. Gaudreault : ...à des fins d'exportation sur les marchés de l'Est, puis le Québec ne devient qu'une terre d'exportation de pétrole. Ça, c'était déjà là au point de départ. Il y avait un minimum d'emplois avec le port de Cacouna. Là, il y en aura encore moins parce qu'il n'y aura plus de port à Cacouna. Donc, déjà qu'il n'y avait pas d'attrait, bien, il y en a encore moins.

Mais, en même temps, là où on se réjouit, c'est que, bon, la compagnie fait un pas en arrière sur la question du port de Cacouna, ça fait que, là, on protège la biodiversité, les espèces menacées comme les bélugas. Ça, c'est réglé, cette question-là. Mais l'autre question de fond qui est derrière ça, là, au-delà du projet en lui-même, qui est, en soi, majeur, ça pose toute la question des compétences du Québec en matière d'environnement. Et là ce que je dis, ce que nous disons, c'est que le gouvernement a une occasion de reprendre le leadership. On l'avait perdu entre les mains du gouvernement fédéral, et de l'ONE en particulier, qui est un instrument du gouvernement fédéral.

Là, le retournement de situation, au lieu de dire des «peut-être», là, Arcand, il devrait dire : Voilà, on reprend le leadership, comme État québécois, en matière d'environnement. Il n'y a rien de plus contemporain et important que ça, à l'heure actuelle, en 2015. Le Québec doit affirmer ses compétences en matière d'environnement. On a une belle occasion de le faire en reprenant le leadership et, demain matin, mandater le BAPE. Quand je dis «demain matin», vous comprenez qu'il faut que la compagnie fournisse l'avis de projet et mandater le BAPE. Ça fait bientôt un an qu'on l'a obtenu, d'avoir un BAPE, ça fait un an que ça traîne. L'Ontario, de son côté, ça fait déjà un an qu'elle travaille sur ses propres consultations.

Voilà ce qu'on a. Nous, on dit : Il faut que ce gouvernement-là, la, prenne les choses en main et affirme la compétence du Québec.

M. Drainville : Le principe, Marco, qu'on défend depuis les crédits de l'année dernière, c'est que le Québec ne doit pas être une autoroute d'exportation pour le pétrole bitumineux de l'Alberta. Ce principe-là, on l'a défendu, on le défend depuis un an, puis on va continuer à le défendre.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais, juste rapidement, une précision. Vous dites que l'Ontario s'est déjà lancé dans des consultations environnementales. Ils ont le tracé, eux, définitif?

M. Gaudreault : Bien, c'est parce que, dans le cas de l'Ontario, ici, c'est de la réutilisation de tuyau, là, ce n'est pas de la construction, là, mais, quand même, ils ont quand même fait le travail.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais vous… Le BAPE doit connaître le tracé final avant de lancer…

M. Gaudreault : Vous savez, il y avait une jonction, là, à la hauteur de Cacouna… pour aller de Cacouna, là. Bon, bien là, forcément, il va y avoir un nouveau tracé, là. Alors, ça va être quoi, ce tracé-là?

M. Caron (Régys) : Qu'en est-il du pouvoir du gouvernement fédéral d'imposer le transport du pétrole? On a l'impression que cette décision appartient au fédéral.

M. Gaudreault : Bien, vous comprenez que moi, je ne reconnaîtrai jamais ce pouvoir au gouvernement fédéral. Ma prétention, notre prétention, comme formation politique, c'est que seul le Québec a les compétences en matière d'environnement, et nous voulons le canner, ça, si vous me permettez l'expression, dans une loi déclaratoire, une loi qui aurait un statut quasi constitutionnel, qui est le projet de loi n° 390, que j'ai déposé.

Vous savez, c'est un enjeu extrêmement important. Dans le passé, il y a d'autres questions qui se sont posées, hein? Il y a eu la question de la langue dans le temps des années 70, il y a eu la question de la souveraineté culturelle, mais là, maintenant, aujourd'hui, là, un enjeu qui interpelle la souveraineté du Québec ou la pleine capacité du Québec d'affirmer sa souveraineté sur son territoire, c'est en matière d'environnement. Et là le gouvernement a l'occasion, minimalement, d'assumer son leadership en prenant les devants, en faisant son BAPE avant l'ONE.

M. Caron (Régys) : Mais la pression que vous demandez, est-ce qu'elle ne devrait pas être exercée sur TransCanada, qui tarde, selon vous, à soumettre un avis de projet pouvant lancer le BAPE?

M. Gaudreault : On agit sur deux fronts, hein? On fait la pression sur le gouvernement, mais je vous l'ai dit d'entrée de jeu, là, il faut que, rapidement, TransCanada dépose son avis de projet.

M. Drainville : On interpelle les deux ce matin, là.

M. Gaudreault : Oui, c'est ça.

M. Drainville : On interpelle et TransCanada et le gouvernement du Québec, là.

M. Caron (Régys) : Est-ce que le BAPE aura le temps de faire des audiences avant que celles de l'ONE finissent? Parce que…

M. Gaudreault : Bien, c'est ça qu'on vous dit. Puis on ne veut pas des audiences sur le coin de la table, là. Parce que le projet, là, de pipeline, c'est 700 kilomètres qui traversent le Québec, des dizaines de plans d'eau, notamment des sources d'eau potable. Alors là, on ne veut pas un BAPE qui va se tenir au Delta sur le boulevard René-Lévesque, on veut un BAPE qui va se promener à travers le Québec. Et c'est ça qu'on avait dit aux deux ministres, là, quand on les avait interpellés à l'étude des crédits l'année passée : on veut un BAPE qui sera itinérant parce que le pipeline, il va traverser 700 kilomètres, entre autres dans Lanaudière, là, la tourbière de Lanaudière. Après ça, du côté de Saint-Augustin-de-Desmaures, une réserve de la biosphère naturelle. Il va traverser le fleuve, il va traverser la rivière des Outaouais, donc la source d'eau potable de Montréal. O.K.? On s'entend que ce n'est pas rien, là. Donc, il faut un BAPE qui va se promener dans ces différentes régions pour entendre les citoyens puis les groupes puis évaluer les impacts. Alors là, on ne fait pas ça en une semaine, ça prend plusieurs mois pour tenir ça. Alors, c'est pour ça qu'on dit : Voilà l'occasion. Le gouvernement devrait saisir cette fenêtre pour affirmer son leadership et reprendre le taureau par les cornes en faisant le BAPE avant l'ONE. Parce que c'était ça, le problème, l'ONE était en train d'agir avant le BAPE, puis il pouvait rendre une décision avant que le BAPE se prononce. Là, on dit : Woups!, retournement de situation, le gouvernement peut enfin faire un BAPE avant l'ONE.

M. Caron (Régys) : Le gouvernement est-il complaisant là-dedans?

M. Gaudreault : Bien, en tout cas, il n'est minimalement pas assez affirmé, je vous dirais. Maintenant, écoutez, le gouvernement, moi, j'ai senti une certaine valse-hésitation. Souvenez-vous de M. Arcand, qui disait que c'était un beau projet, puis que c'était un projet intéressant. Après ça, on a senti un petit recul. Après ça, M. Couillard a dit : Bien là, vu que les bélugas sont une espèce menacée, il ne faut pas qu'il y ait de port à Cacouna. Mais la veille, quand il était sorti de sa rencontre avec Jim Prentice, le premier ministre de l'Ontario, il avait dit : Il faut qu'on fasse passer le pétrole de l'Alberta… le premier ministre de l'Alberta, il avait dit : Il faut qu'on fasse passer le pétrole de l'Alberta sur le territoire du Québec parce qu'on reçoit de la péréquation, il faut faire notre contribution au fédéralisme canadien. Alors, vous comprenez que… Peut-être, vous dites, c'est complaisant. Je vous laisse ce mot-là, mais moi, je vous dis : C'est encore du fédéralisme d'aplaventrisme, là.

M. Drainville : Bien, moi, je dirais, on a l'impression que le gouvernement du Québec est à la traîne de la compagnie TransCanada et à la traîne du gouvernement fédéral. Et là ce que l'on veut, c'est que le gouvernement du Québec prenne le leadership dans ce dossier-là, qu'il demande à la compagnie de déposer son tracé, qu'il demande à la compagnie de déposer un autre projet, qu'il demande au BAPE de se tenir puis qu'il affirme le droit des Québécois de décider ce qui passe sur leur terrain.

M. Gaudreault : Et qu'il appelle notre projet de loi.

M. Drainville : Et qu'il appelle le projet de loi qui inscrirait, dans la loi, le principe, justement, que le Québec est maître de ses décisions en matière d'environnement.

M. Corbeil (Michel) : Est-ce que vous craignez que la compagnie se tourne vers des sites alternatifs?

M. Gaudreault : Bien, ce n'est pas ce qu'elle a annoncé ce matin. Vous voulez dire des sites alternatifs au Québec? Il y avait Baie-des-Sables.

M. Corbeil (Michel) : Mais vous ne craignez pas que ça puisse revenir?

M. Drainville : Non, là, ça semble être levé, ça.

M. Gaudreault : Bien là, ça semble... Bien, c'est ça, ils semblent dire... Ce que j'ai compris ce matin, moi, de la compagnie, c'est qu'ils passent le tuyau direct à travers le Québec pour exporter à partir de Saint John, New Brunswick… Nouveau Brunswick. Alors là, maintenant, ça... tous les autres sites...

M. Drainville : On va rester vigilants, hein, on s'entend? On va rester vigilants, là, pour ne pas qu'ils nous arrivent avec une autre surprise, là. Mais, si on doit se fier… puis, bon, on est toujours un peu sceptiques...

M. Gaudreault : On présume la bonne foi.

M. Drainville : ...mais, si on doit se fier sur leurs déclarations, ils s'en vont direct à Saint-Jean.

M. Caron (Régys) : Mais, dans la pire des situations, est-ce que le Québec ne devrait pas avoir un port, par rapport à un tuyau qui passe sur son territoire?

M. Gaudreault : Bien, nous, on n'en veut pas, de tuyau, ni de port. Alors...

M. Drainville : Mais l'autre question, Régys, tout à l'heure, que vous posiez sur la question de la compétence... ultimement, là, les citoyens ont un mot à dire aussi, là, tu sais. Ce qui s'est passé avec Cacouna, là, les citoyens qui ont manifesté à Cacouna, là, puis tous ces Québécois, là, qui ont dit : On n'en veut pas, là, ils ont affirmé leur droit de décider ce qui passe au Québec. Puis, tu sais, au-delà de la question constitutionnelle ou de la question légale, à un moment donné, les citoyens qui habitent un territoire ont toujours bien un mot à dire sur ce qui passe sur leur terrain, tu sais. Donc, ce droit-là des citoyens de s'opposer à un projet, il va toujours être là, il va toujours être... il va toujours exister.

M. Croteau (Martin) : Une dernière question, si vous permettez : De combien de temps faudrait-il retarder les audiences de l'ONE, à votre avis, pour permettre adéquatement au Québec de faire sa propre évaluation?

M. Gaudreault : Il faut... Moi, la seule chose qui me préoccupe, c'est que le BAPE fasse son travail correctement puis que le BAPE puisse émettre ses rapports avant que l'ONE se tienne. Moi, là, c'est juste ça, ma préoccupation.

M. Croteau (Martin) : Ça prend combien de temps, ça, à vos yeux?

M. Gaudreault : Bien, ça va nous prendre au moins, au minimum, un an, là. Admettons que le BAPE est mandaté dans le mois d'avril... En tout cas, moi, je dis : Minimum un an. Il y a déjà des gens qui m'ont dit : Écoute, faire le tour du Québec, tout ça, c'est 15 mois, minimum, là, 15 à 16 mois.

M. Croteau (Martin) : Vous ne verriez pas les audiences de l'ONE commencer avant 2016?

M. Gaudreault : Moi, là, c'est le BAPE qui doit faire son travail, c'est l'institution que nous avons en matière environnementale d'audiences publiques au Québec, et c'est le BAPE qui doit faire son travail. L'ONE attendra. Je m'excuse pour l'ONE, là, mais c'est le Québec qui doit s'affirmer dans ce dossier-là.

La Modératrice : En anglais.

Mme Montgomery (Angelica) :Can I just get, just very quickly, a response to Saudi Arabia's letter to the National Assembly? You've been very hot on this case of Mr. Badawi...

M. Drainville : Are we done? Are we done with the subject of... the topic of the day?

La Modératrice : ...d'autres questions en anglais?

Une voix : Non, on est là-dessus.

M. Drainville :OK. So, what's your question?

Mme Montgomery (Angelica) :OK. Because the Ambassador for Saudi Arabia has written to the National Assembly and said : Stay out of Saudi Arabia's business, this is not... this has nothing to do with…

M. Drainville : Well, let me just say this : Human rights is the business of everyone. So, human rights is our business, it's the business of everybody, particularly in light of the fact that the wife of Mr. Badawi is now living in Québec, she's a Quebecker, and she's living in Sherbrooke with her children, and I think it is our responsibility and our moral duty to fight on her behalf.

Mme Montgomery (Angelica) : Do you feel like you're getting anywhere with this?

M. Drainville : Well, at least, you know, they've been postponing the… I don't want to use that word, but they… Comment tu dis, là, les coups de fouet, là? C'est… Le châtiment, là?

Mme Montgomery (Angelica) : How do you say that? The whip.

Une voix : Punishment.

M. Drainville : The chastisement?

Mme Montgomery (Angelica) : Yes, the punishment, we'll just say that.

M. Drainville : The punishment? Well, they're postponing the punishment. Ever since international pressure and pressure from Québec has begun, they had been postponing the punishment. But what we want is him free, what we want is Mr. Badawi to be freed and to be able to come live with his family here, in Québec, and so we're going to keep on… we have to keep on fighting on his behalf, to get his freeing as quickly as possible.

M. Gaudreault : Merci.

M. Drainville : C'est beau, tout le monde? Merci.

(Fin à 9 h 53)

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