(Quatorze heures)
M. Blais : Bonjour, tout
d'abord. Je veux aujourd'hui réagir aux événements malheureux, innommables qui
se sont produits hier à l'UQAM et qui sont la suite d'autres événements
malheureux où intimidation, violence s'entremêlent de manière explosive et
insoutenable.
D'abord, je tiens à vous dire que j'ai eu
une discussion avec le recteur de l'UQAM ce matin, M. Robert Proulx. Le message
que je lui ai livré est simple. Il a mon appui entier dans les moments
difficiles que traverse cette institution. Je suis un diplômé de l'UQAM, de
cette grande université francophone en Amérique du Nord. J'en suis fier. L'UQAM
que j'ai vue hier à la télévision, ravagée, assaillie, n'est pas celle que j'ai
connue pendant mes études de maîtrise et de doctorat en philosophie. Une
université engagée, certes, mais surtout innovante et à l'avant-garde, très
souvent, des façons de faire et de penser.
Cette UQAM que j'ai connue et que je
reconnais encore, elle existe toujours, et le monde universitaire en a besoin.
Les étudiants de l'UQAM, comme l'ensemble de la population, possèdent un droit
inaliénable. Ce droit, c'est de pouvoir étudier en paix. Les universités ont la
responsabilité de permettre l'accès à leurs salles de cours. Elles ont, je le
répète, le choix des moyens à leur disposition pour le faire. La direction de
l'UQAM, après analyse de la situation, a posé les gestes qui s'imposaient pour
faire respecter les règles qui régissent une société de droit. Comme la grande
majorité des Québécois, nous désapprouvons le recours à la violence, à
l'intimidation et au saccage. Nous ne pouvons imaginer comment une telle chose
peut se passer dans une société démocratique et, de surcroît, dans une
université, un lieu où la recherche de la vérité et de sa transmission hors de
toute contrainte indue devrait être la principale motivation d'existence.
Devant un tel affront à la démocratie, à
l'État de droit et à la tradition millénaire de l'université tolérante et
plurielle, il n'y a qu'une seule chose à faire comme ministre de l'Éducation,
membre du gouvernement et au nom de tous les Québécois, c'est d'appuyer sans
réserve la décision du recteur Proulx. Nous appuyons du coup l'ensemble des
recteurs qui font respecter aujourd'hui le droit d'étudier au Québec.
Les Québécois appuient la direction de
l'UQAM. Sa communauté, je l'espère, va aussi l'appuyer car la dernière chose
dont il a besoin pour continuer son travail en ce moment, c'est de se sentir
fragilisé dans son autorité, alors qu'il ne demande que ce qui est normal dans
une université : le retour au calme, la reconnaissance pleine et entière
du droit à l'éducation pour les étudiants de l'UQAM. M. le recteur, nous vous
appuyons et nous sommes confiants que votre université se relèvera de l'affront
que quelques individus sinistres lui ont fait subir. Je vais prendre vos
questions.
M. Chouinard (Tommy)
:
M. Blais, le recteur a fait à peu près tout ce que vous avez demandé aux
recteurs de faire : demander une injonction, entreprendre des démarches
pour expulser les étudiants, tenter d'empêcher la levée des cours, même
demander aux policiers d'intervenir. Là, maintenant, à bout de ressources, il
se dit coincé maintenant, il vous demande d'encadrer, de reconnaître et
d'encadrer le droit de grève des étudiants pour apaiser les tensions. Que
répondez-vous aux recteurs que vous dites appuyer sans réserve?
M. Blais : Oui. Alors, il ne faut
pas mêler les choses, hein? Donc, je lui ai parlé ce matin, il ne m'a pas du
tout parlé de la question d'encadrer. En ce moment, on ne parle pas du droit de
grève des étudiants.
M. Chouinard (Tommy)
:
Il a pourtant demandé très clairement…
M. Blais : Oui, je comprends,
là. Je comprends, là. Éventuellement il faudrait qu'il y ait une discussion
là-dessus, mais on n'a pas du tout parlé de ça ce matin, pas du tout. L'enjeu,
là, ce n'est même pas le droit de grève, ce matin, dont on parle. C'est la
question de personnes qui rentrent cagoulées, hein, cagoulés et qui terrorisent
une institution, qui terrorisent les personnes qui sont dans cette
institution-là. Donc, la question du débat sur le droit de grève n'est pas du
tout l'enjeu aujourd'hui.
Mme Dufresne (Julie)
:
Mais vous dites qu'il faudrait qu'il en soit question. Il faudrait avoir
des discussions là-dessus, vous voulez dire.
M. Blais : Écoutez, notre
position comme gouvernement, elle est claire depuis le début, hein, et nous
allons… Il y a un enjeu, je comprends, il y a un débat de société là-dessus,
mais nous ne reconnaissons pas le droit de certaines personnes, hein, même
suite à un processus démocratique, quel qu'il soit, d'empêcher d'autres
personnes d'étudier. Et le recteur Proulx a une obligation. Vous savez, il a
une injonction devant lui, et cette injonction lui rappelle qu'il a
l'obligation, hein, de faire rentrer ses étudiants.
M. Dutrisac (Robert)
: Mais
cette absence de règle là, d'encadrement, là, est-ce que ça ne fait pas le jeu
des anarchistes, des casseurs, essentiellement, qui, dans ce flou juridique
entre la pratique historique et la détermination du gouvernement actuel, en
profite essentiellement?
M. Blais : Bien, justement, on
ne parle plus du droit à l'éducation en ce moment, on ne parle plus du droit de
grève. On n'est plus… On ne parle même plus de la question d'un gouvernement
autoritaire, austéritaire, etc. On n'est plus là du tout, hein? On est
simplement sur la question de savoir : Est-ce qu'à l'UQAM on peut faire en
sorte de faire respecter le calme, les droits de chacun? Parce que le recteur,
là-dessus, est très clair, hein? Il n'a pas aucune difficulté à ce qu'il y ait
des représentations, une mobilisation étudiante. Le problème qu'il a, c'est
qu'il n'est plus en mesure ou, en tout cas, hier, il n'était pas en mesure
d'assurer la sécurité des gens qui sont à l'intérieur de ses pavillons.
M. Chouinard (Tommy)
:
C'est précisément parce qu'il est coincé entre l'obligation de dispenser les
cours et d'assurer la sécurité des personnes qu'il demande maintenant au
gouvernement de régler une fois pour toutes ce flou-là qui existe.
M. Blais : Je comprends très
bien. Je comprends très bien, mais ce matin, il ne m'a rien demandé de tel,
hein? Je lui ai d'ailleurs demandé : Est-ce qu'il y a des outils, hein, où
on pourrait répondre à vos besoins de quelque façon? Il m'a dit : Non, l'important
pour moi, là, c'est de garder le contrôle de mon institution, l'autorité sur
mon institution, ce que je lui reconnais aujourd'hui. On n'a eu aucune
discussion sur le droit de grève ou la possibilité de l'encadrer ce matin.
M. Lacroix (Louis)
:
Mais même s'il ne vous ne l'a pas demandé, M. Blais, pourquoi vous n'allez pas
de l'avant? Vous pourriez aller de l'avant. Vous pourriez décider, par exemple,
de dire : Nous allons revoir la démocratie scolaire, une démocratie
étudiante parce qu'il semble y avoir un problème. Ça semble causer un problème,
et on en a la preuve, là. Alors, pourquoi vous n'allez pas de l'avant?
M. Blais : Écoutez, je ne nie
pas qu'il y a un débat là-dessus. Je vous l'ai dit dès la première journée,
hein, il y a un débat là-dessus. Mais, en ce moment, je ne veux vraiment pas
ouvrir ce débat-là parce que ce n'est pas l'enjeu. L'enjeu, à l'UQAM, c'est la
sécurité, c'est la possibilité...
M. Robitaille (Antoine)
:
Ce ne serait pas l'occasion de tenir ce débat? Ce ne serait pas apaisant de
tenir ce débat?
M. Blais : Je pense que ce
n'est absolument pas le moment de tenir ce débat-là, en ce moment.
M. Caron (Régys)
:
Pourquoi ce n'est pas le moment, M. Blais? Pourquoi ce n'est pas le moment?
Vous dites : Il n'est pas question de grève. Vous savez très bien qu'il y
a eu des votes de grève de pris, dans les universités, de façon parfois
douteuse. Alors, le fond du problème, ça semble être ça. Il y a des recteurs,
des directeurs de cégep qui, après le printemps 2012, ont réclamé ça à grands
cris. Pourquoi dites-vous : Aujourd'hui, ce n'est pas le temps?
M. Blais : Parce que le
recteur m'a dit que les personnes qui manifestaient hier, plusieurs n'étaient
même pas de ses étudiants. Ce n'est même pas un enjeu, hein? Les personnes qui
portent une cagoule, hein, ne méritent pas de s'appeler des étudiants.
M. Caron (Régys)
: C'en
est peut-être, M. Blais.
M. Blais : C'en est peut-être,
mais le recteur m'a dit : En même temps, il y a des gens qu'on ne connaît
pas, des gens qui ne sont pas du tout de l'UQAM. On n'est pas du tout au niveau
de l'enjeu du droit de grève ou du pas de droit de grève.
Mme Dufresne (Julie)
:
Mais soyons clairs. Est-ce que vous allez éventuellement vouloir l'encadrer?
Est-ce que votre gouvernement a l'intention de le faire?
M. Blais : Je ne répondrai pas
à cette question-là aujourd'hui, madame...
Mme Dufresne (Julie)
: …c'est
la responsabilité du gouvernement.
M. Blais : ...parce que ce
n'est pas l'enjeu de ce qui se passe à l'UQAM. Ça ne va rien solutionner, que
je réponde en partie, partiellement, ou que je vous annonce quoi que ce soit,
dans ce qui se passe à l'UQAM en ce moment. C'est très clair, il y a une
injonction, hein? Le recteur a une injonction dans les mains qui lui demande,
qui exige qu'il fasse en sorte que les étudiants puissent assister calmement à
leurs cours, et c'est son intention de le faire.
M. Caron (Régys)
:
C'est la solution? C'est la solution, les tribunaux, M. Blais?
M. Blais : Je n'ai jamais dit
que c'était la solution. C'est la solution que lui a envisagée dans les
circonstances qui étaient devant elle, là. Au tout départ...
Une voix
: Autrement
dit, il n'y a rien d'autre à faire? Il n'y a rien d'autre à faire?
M. Lacroix (Louis)
: Vous
ne ferez rien, le gouvernement ne fera rien, à part donner un appui, dire au…
une bonne tape dans le dos au recteur en disant : On vous appuie, continue,
le gouvernement ne fera rien.
M. Blais : Non, non. Écoutez,
on suit la situation de près. Je discute avec les recteurs dès le départ. C'est
important. J'ai reconnu l'autonomie et l'autorité des recteurs sur cette question-là,
d'accord? Et aujourd'hui je reconnais encore l'autonomie et l'autorité de
l'UQAM, et c'est ce que le recteur me demande. Je lui ai demandé : Est-ce
que vous avez des besoins particuliers Il m'a dit : Non, ce qui est important
pour moi, c'est de maintenir le contrôle sur mon institution et de l'appuyer
dans cette période qui est difficile. Et il est le mieux placé, il a tous les
moyens pour le faire.
M. Chouinard (Tommy)
:
Parmi les 22 personnes arrêtées hier, combien étaient des étudiants, selon
ce que vous en savez?
M. Blais : Je n'ai pas ces
informations-là.
M. Chouinard (Tommy)
:
…vous avez dit qu'il y a plusieurs qui n'étaient pas des étudiants.
M. Blais : C'est ce que le
recteur…
M. Chouinard (Tommy)
:
Donc, on vous a donné des…
M. Blais : Je n'étais pas là.
Le recteur m'a dit que, parmi ces manifestants cagoulés, ceux qui saccagent, il
y a des gens qui ne sont pas des étudiants de l'UQAM.
M. Chouinard (Tommy)
:
Mais demandez-vous d'aller plus loin dans la vérification de ces faits-là? Il y
a des personnes arrêtées, donc il y a des…
M. Blais : Ce n'est pas moi
qui va faire ces vérifications-là. Si le recteur pense qu'il faut faire ces vérifications-là,
il va le faire. En ce moment, il doit choisir entre différentes stratégies. Ce
n'est pas facile, là. Mettez-vous à sa place, là. Ce n'est pas facile, hein? Il
doit choisir entre différentes stratégies pour définir celle qui convient le
mieux.
Aujourd'hui, je lui dis : Au nom de
mon gouvernement et, je pense, au nom de la grande majorité des Québécois, ce
qui est arrivé hier, c'est inacceptable dans une société et c'est inacceptable
dans une université.
M. Robitaille (Antoine)
:
Donc, ça pourrait se reproduire.
M. Blais : Bien, j'espère que
non. J'espère que non. Il ne faut pas que ça se reproduise.
M. Bergeron (Patrice)
:
Mais si ça ne suffit pas, ce qui est arrivé hier… Si ça ne suffit pas, ce qui
est arrivé hier, pour aborder la question du droit de grève, de l'encadrement, quels
seraient les autres événements qui pourraient vous permettre de vous pencher
sur cette question-là?
M. Blais : La question, en ce
moment, là, ce n'est pas le droit de grève ou est-ce qu'on va légiférer pour le
droit de grève. Je sais que vous voulez m'emmener sur ce sujet-là. Je ne…
M. Bergeron (Patrice)
:
Mais pourquoi vous avez peur d'aborder le sujet?
M. Chouinard (Tommy)
:
C'est le recteur Proulx qui en parle lui-même, il vous fait la demande.
M. Blais : Je n'ai pas peur
d'aborder le sujet. J'ai déjà donné ma position et la position du gouvernement
sur le sujet. Donc…
M. Dutrisac (Robert)
:
Est-ce que la question de la procédure actuelle, les injonctions, les services
de sécurité, l'appel à la police, est-ce que c'est un contexte pour régler le
problème, là? Est-ce que c'est les bons moyens qui sont employés, compte tenu
que, chaque fois que c'est employé, que ce soit à l'Université de Montréal en
2012 ou ici encore, à l'UQAM, ça entraîne plus de problèmes qu'autre chose?
M. Blais : Je ne sais pas si
ça entraîne plus de problèmes que d'autres choses, mais c'est…
M. Dutrisac (Robert)
:
Ça entraîne une escalade.
M. Blais : Non. Écoutez,
laisser aller les choses et ne rien faire, je pense que c'est ça qui peut
entraîner l'escalade. Sincèrement, je pense que c'est ça, la pire difficulté.
Écoutez, moi, je regarde, hein, ce qu'a fait le recteur, hein, ces dernières
semaines, je trouve qu'il est allé de manière très graduelle : poser le
problème, sanctionner un certain nombre d'étudiants, etc. Et je vois bien qu'en
ce moment ce n'est pas du tout l'enjeu de la grève étudiante ou le droit de
grève qui est en question à l'UQAM. Il y a des enjeux internes pour lesquels on
veut se battre, pour lesquels on veut entrer en conflit, et c'est la raison
pour laquelle, à un moment ou l'autre, il faut tirer une ligne sur les façons
de faire.
M. Dutrisac (Robert)
:
Qu'est-ce que vous pensez des professeurs? Qu'est-ce que vous pensez des
professeurs qui appuient les étudiants, parce qu'il y a eu plusieurs
professeurs qui se sont représentés, qui appuient les étudiants, les chargés de
programme qui appuient les étudiants? Qu'est-ce que vous pensez de ces gens-là?
M. Blais : J'appuie le recteur,
je l'appuie complètement et je pense qu'il a besoin…
M. Bergeron (Patrice)
:
Mais est-ce que vous appuyez les instances…
M. Blais : Il a besoin…
Pardon, je m'excuse, hein? Je pense qu'il a besoin de sa communauté en ce
moment.
M. Bergeron (Patrice)
:
Mais qu'est-ce que vous dites aux instances qui l'ont désavoué ce matin et qui
appellent à sa démission? Vous leur dites de revenir à la raison? Vous leur
dites quoi? Vous les laisser aller avec leur discours?
M. Blais : Je ne ferai aucun
commentaire là-dessus. Je pense qu'en ce moment, hein, le recteur, hein, a
l'appui de l'ensemble de la population du Québec. Ce que l'on a vu… Je n'ai pas
vu personne dire : Bravo, c'était vraiment bien ce qui s'est passé hier,
là, c'est un progrès, là, pour le Québec, c'est un progrès pour les
universités. Je n'ai entendu personne dire ça. Maintenant, si on veut que ça se
termine, et ça va se terminer, je crois, il faut maintenir notre appui au recteur,
là, dans ses décisions.
Mme Prince (Véronique)
:
Mais est-ce que vous lancez un appel au calme aussi aux professeurs, justement,
aux étudiants, aux policiers? Est-ce que vous lancez un appel au calme à tout
le monde?
M. Blais : Je lance un appel
au calme. Je lance un appel au respect des personnes et des biens depuis le
début, hein? Moi, je suis très favorable à la liberté de manifestation, hein?
Je l'ai dit et je le répète, en particulier dans une université. Et l'UQAM, là-dessus,
hein, est un modèle, hein, de débat public, de débat ouvert. Les débats
publics, les débats ouverts peuvent-ils se faire aujourd'hui à l'UQAM? Ma
réponse, c'est non.
Mme Dufresne (Julie)
:
Est-ce qu'à votre connaissance, M. Blais, il existe, dans la Loi sur
l'Université du Québec, une disposition qui reconnaît le droit de grève aux
élèves, aux étudiants?
M. Blais : Non, non, non. Je
n'ai jamais entendu parler de ça.
Mme Prince (Véronique)
:
Est-ce que c'est la responsabilité du gouvernement de légiférer là-dessus, même
si on… Même si vous dites : Ce n'est pas l'enjeu actuel, est-ce
qu'éventuellement c'est la responsabilité du gouvernement?
M. Blais : Écoutez, je ne sais
pas sur quoi vous voulez qu'on légifère, mais je vous rappelle simplement que
nous ne croyons pas à ce droit-là, hein? Le droit à l'éducation, c'est un don,
hein? C'est un don que la population fait aux étudiants en finançant, en grande
partie, l'éducation. Qu'il y ait certaines personnes qui veulent refuser ce
don, je n'ai aucune difficulté avec ça. Mais que ces mêmes personnes là ou que
des personnes qui ont ce don et qui le refusent veulent aussi empêcher d'autres
personnes de recevoir ce don, ça, vous comprenez qu'il y a un problème qui est
fondamental. Et nous n'irons pas sur cette loi-là.
M. Caron (Régys)
: Vous
aviez évoqué, la semaine dernière, la possibilité d'expulser des étudiants
lorsqu'ils vont trop loin. Est-ce que ce qu'on a vu cette nuit et hier à
l'UQAM, est-ce qu'il y a matière à expulsion des étudiants?
M. Blais : Oui. Donc, hein, je
ne veux pas parler des moyens que les recteurs doivent prendre, hein? Je ne
commencerai pas à dire : Vous devriez faire ceci, faites cela de cette
façon-là. J'ai rappelé cependant qu'il y a un ensemble de mesures. Il y a un
règlement des études, il y a un règlement disciplinaire dans toutes les
universités. Il y a même une charte des droits au Canada, puis jusqu'à preuve
du contraire, cette charte des droits là, elle existe encore.
Donc, il peut utiliser tous les moyens à
la disposition. Le recteur de l'UQAM est allé jusqu'à l'injonction, hein? Je
n'avais jamais parlé d'injonction, mais il a cru nécessaire d'utiliser ce
moyen-là pour permettre l'accès et la sécurité des personnes à l'intérieur de
son établissement.
M. Caron (Régys)
: Mais
il y a des cas d'expulsion qui sont à l'origine aussi, là, du conflit qui sévit
à l'UQAM.
M. Blais : Oui.
M. Caron (Régys)
: Est-ce
que ça reste une solution? Parce qu'avec ce qu'on a vu il y a une révolte, là,
il y a une tradition, semble-t-il, de dialogue à l'UQAM qui aurait été rompue.
Donc, l'expulsion, est-ce que c'est une solution?
M. Blais : Ceux qui ont rompu
le dialogue, c'est hier, hein, et avant-hier, hein, ceux qui portent une
cagoule, hein, et qui s'en prennent à des femmes, à des jeunes femmes, à des
jeunes hommes, à des chargés de cours, à des professeurs. C'est eux qui rompent
le dialogue en ce moment.
Moi, là, le recteur à qui j'ai parlé ce
matin, celui que j'ai entendu aussi dans les médias, c'est un homme de
dialogue, hein? C'est un homme qui dit : Moi, le plus vite possible, hein,
les policiers pourront sortir de l'établissement, j'en serai le plus heureux
possible, hein? Donc, c'est un homme de dialogue, et je pense qu'il y a en ce
moment… il y a des personnes qui veulent interrompre ce dialogue-là.
M. Lacroix (Louis)
:
Comment vous qualifiez le travail des policiers, M. Blais? Est-ce qu'ils ont été
assez sévères, les policiers? Il y a eu une vingtaine d'arrestations, tout au
plus, là, 25 à peu près, là. Alors, comment vous qualifiez leur travail parce
qu'il y avait plusieurs centaines d'étudiants qui ont participé à ces
événements-là?
M. Blais : Oui. Comptez sur
moi, je ne commenterai jamais le travail des policiers.
M. Lavoie (Gilbert)
:
M. Blais, sans retourner à mai 1968, il y a eu des périodes dans l'histoire des
sociétés, incluant le Québec, où il y a eu de grands mouvements de
manifestation, dont les causes ne sont pas nécessairement facilement identifiables.
Est-ce que vous croyez que le Québec, depuis 2012 puis actuellement, traverse
une de ces périodes ou s'il s'agit d'incidents isolés?
M. Blais : Non. Bien, je ne
parlerais pas d'incidents isolés. Quand on regarde la gravité de ce s'est passé
hier, je pense… je n'oserais jamais utiliser le terme «incident isolé» parce
que c'est extrêmement grave. Alors, ce qui est important, c'est de retrouver le
droit de manifester pour chacun d'entre nous, hein? Ceux aujourd'hui, là, à
l'UQAM, qui sont favorables le plus vite possible au retour en classe, etc.,
ils ont aussi le droit de manifester leur intérêt à retourner dans leurs
classes. Donc, c'est ce droit de manifester qu'on doit toujours encadrer, c'est
la liberté d'expression, bien sûr, et la liberté de manifester qu'on doit
encadrer. Mais pour moi, là, plus il y aura de cette liberté-là, mieux c'est,
hein, et les universités sont l'endroit privilégié pour y arriver.
Journaliste
: Est-ce
que vous souhaitez des contre-manifestations?
M. Blais : Non, non. Pas du
tout, pas du tout.
Journaliste
: …
M. Blais : Un instant, un
instant parce que, hein… Donc, je ne souhaite, bien sûr, pas de
contre-manifestation, mais je souhaite que tout le monde puisse s'exprimer au
Québec et que personne ne soit intimidé pour son opinion.
Mme Dufresne (Julie)
:
M. Blais, dans les circonstances, est-ce qu'un prolongement de la session est
envisageable?
M. Blais : Écoutez, je ne peux
pas faire de commentaire là-dessus. Je pense qu'en ce moment le recteur a dit
que, pour le moment, il n'en était pas question. Vous connaissez notre
position, hein? Il n'est pas question, pour le gouvernement du Québec, de
financer des périodes de reprise, compte tenu de la situation très exigeante où
nous sommes, dans laquelle nous sommes du point de vue budgétaire. Je vous
rappelle qu'en 2012, les reprises ont coûté à peu près 38 millions de
dollars. 38 millions de dollars, ça nous permet de construire trois écoles
primaires au Québec.
M. Caron (Régys)
: Qui
va payer pour le saccage?
M. Blais : Pardon. Je
m'excuse, mais trois écoles primaires, c'est beaucoup, et on en a besoin.
La Modératrice
: On va
passer en anglais.
Des voix
: …
M. Caron (Régys)
: Je
vais juste finir ma question, s'il vous plaît. Qui va payer pour le saccage à
l'UQAM?
M. Blais : Je n'ai aucune
demande là-dessus pour le moment.
La Modératrice
: On va
passer en anglais.
Mme Plante (Caroline)
: M. Blais, do you consider that giving your public support to
«recteur» Proulx at this point is enough? The fact that you're giving your
public support to «recteur» Proulx, that's enough?
M. Blais : I'm not sure if it's enough but it's crucial, it's important.
Mme Plante (Caroline)
: What's your message today?
M. Blais : Just to support the president Proulx in the situation, because it's
a very difficult situation in UQAM now, and it's important, like minister, like
member of this Government, and for all Quebeckers... I think the majority of
Quebeckers support the president today.
Mme Plante (Caroline)
: But do you think that these events could happen again?
M. Blais : I don't know. Really, I don't know.
Mme Plante (Caroline)
: Because nothing is being done really to stop the strike or…
M. Blais : No, no. I don't see the evolution of strike like you on that, hein?
There's an evolution of strike, but the question now is not about the strike,
but about the situation in UQAM.
Mme Plante (Caroline)
: So, about the students' right to strike, you're saying there's no
need to legislate on the students' right to strike because you're simply not
recognizing it. Is that right?
M. Blais : Yes. Exactly.
Mme Plante (Caroline)
: Could you elaborate on that a little bit?
M. Blais : About the right… The pseudo right to strike, hein? There's no right
to strike in… for students, and there's the possibility for students to refuse
a gift, hein, a gift to study, pay for… by the population. There's no right to
stop, to arrest some students and to forbid some students to study.
Mme Plante (Caroline)
: What about the teachers who are massively or, I don't know…
massively supporting the students in this case?
M. Blais : I don't want to comment about some declarations of some professors
or some students. My intention today was only to strongly support, and I'm sure
it's important for the community, from university to support the president.
Thank you very much.
Mme Verville (Marie)
: If this doesn't work, what's your next step?
M. Blais : It's not the question for the moment. For the moment, the question
is the possibility for students in UQAM to return, if possible, tomorrow, to
return to study, OK? There is no step, hein? And the President will choose,
hein, will decide, depending the situation.
Mme Verville (Marie)
: How long are you willing to let this go on?
M. Blais : I'm not sure if we let go on anything, hein? The question is only
to support the decision and to support the authority of the president today
Mme Verville (Marie)
: How long do you think that Mr. Proulx is going to be able to go on
in this situation?
M. Blais : I have no idea, but I'm optimist about Quebeckers, about the intention of all Quebeckers to find calm and to return to university when it will be possible.
(Fin à 14 h 21)