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Point de presse de M. François Blais, ministre de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche et ministre responsable du Loisir et du Sport

Version finale

Thursday, April 9, 2015, 14 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Quatorze heures)

M. Blais : Bonjour, tout d'abord. Je veux aujourd'hui réagir aux événements malheureux, innommables qui se sont produits hier à l'UQAM et qui sont la suite d'autres événements malheureux où intimidation, violence s'entremêlent de manière explosive et insoutenable.

D'abord, je tiens à vous dire que j'ai eu une discussion avec le recteur de l'UQAM ce matin, M. Robert Proulx. Le message que je lui ai livré est simple. Il a mon appui entier dans les moments difficiles que traverse cette institution. Je suis un diplômé de l'UQAM, de cette grande université francophone en Amérique du Nord. J'en suis fier. L'UQAM que j'ai vue hier à la télévision, ravagée, assaillie, n'est pas celle que j'ai connue pendant mes études de maîtrise et de doctorat en philosophie. Une université engagée, certes, mais surtout innovante et à l'avant-garde, très souvent, des façons de faire et de penser.

Cette UQAM que j'ai connue et que je reconnais encore, elle existe toujours, et le monde universitaire en a besoin. Les étudiants de l'UQAM, comme l'ensemble de la population, possèdent un droit inaliénable. Ce droit, c'est de pouvoir étudier en paix. Les universités ont la responsabilité de permettre l'accès à leurs salles de cours. Elles ont, je le répète, le choix des moyens à leur disposition pour le faire. La direction de l'UQAM, après analyse de la situation, a posé les gestes qui s'imposaient pour faire respecter les règles qui régissent une société de droit. Comme la grande majorité des Québécois, nous désapprouvons le recours à la violence, à l'intimidation et au saccage. Nous ne pouvons imaginer comment une telle chose peut se passer dans une société démocratique et, de surcroît, dans une université, un lieu où la recherche de la vérité et de sa transmission hors de toute contrainte indue devrait être la principale motivation d'existence.

Devant un tel affront à la démocratie, à l'État de droit et à la tradition millénaire de l'université tolérante et plurielle, il n'y a qu'une seule chose à faire comme ministre de l'Éducation, membre du gouvernement et au nom de tous les Québécois, c'est d'appuyer sans réserve la décision du recteur Proulx. Nous appuyons du coup l'ensemble des recteurs qui font respecter aujourd'hui le droit d'étudier au Québec.

Les Québécois appuient la direction de l'UQAM. Sa communauté, je l'espère, va aussi l'appuyer car la dernière chose dont il a besoin pour continuer son travail en ce moment, c'est de se sentir fragilisé dans son autorité, alors qu'il ne demande que ce qui est normal dans une université : le retour au calme, la reconnaissance pleine et entière du droit à l'éducation pour les étudiants de l'UQAM. M. le recteur, nous vous appuyons et nous sommes confiants que votre université se relèvera de l'affront que quelques individus sinistres lui ont fait subir. Je vais prendre vos questions.

M. Chouinard (Tommy) : M. Blais, le recteur a fait à peu près tout ce que vous avez demandé aux recteurs de faire : demander une injonction, entreprendre des démarches pour expulser les étudiants, tenter d'empêcher la levée des cours, même demander aux policiers d'intervenir. Là, maintenant, à bout de ressources, il se dit coincé maintenant, il vous demande d'encadrer, de reconnaître et d'encadrer le droit de grève des étudiants pour apaiser les tensions. Que répondez-vous aux recteurs que vous dites appuyer sans réserve?

M. Blais : Oui. Alors, il ne faut pas mêler les choses, hein? Donc, je lui ai parlé ce matin, il ne m'a pas du tout parlé de la question d'encadrer. En ce moment, on ne parle pas du droit de grève des étudiants.

M. Chouinard (Tommy) : Il a pourtant demandé très clairement…

M. Blais : Oui, je comprends, là. Je comprends, là. Éventuellement il faudrait qu'il y ait une discussion là-dessus, mais on n'a pas du tout parlé de ça ce matin, pas du tout. L'enjeu, là, ce n'est même pas le droit de grève, ce matin, dont on parle. C'est la question de personnes qui rentrent cagoulées, hein, cagoulés et qui terrorisent une institution, qui terrorisent les personnes qui sont dans cette institution-là. Donc, la question du débat sur le droit de grève n'est pas du tout l'enjeu aujourd'hui.

Mme Dufresne (Julie) : Mais vous dites qu'il faudrait qu'il en soit question. Il faudrait avoir des discussions là-dessus, vous voulez dire.

M. Blais : Écoutez, notre position comme gouvernement, elle est claire depuis le début, hein, et nous allons… Il y a un enjeu, je comprends, il y a un débat de société là-dessus, mais nous ne reconnaissons pas le droit de certaines personnes, hein, même suite à un processus démocratique, quel qu'il soit, d'empêcher d'autres personnes d'étudier. Et le recteur Proulx a une obligation. Vous savez, il a une injonction devant lui, et cette injonction lui rappelle qu'il a l'obligation, hein, de faire rentrer ses étudiants.

M. Dutrisac (Robert) : Mais cette absence de règle là, d'encadrement, là, est-ce que ça ne fait pas le jeu des anarchistes, des casseurs, essentiellement, qui, dans ce flou juridique entre la pratique historique et la détermination du gouvernement actuel, en profite essentiellement?

M. Blais : Bien, justement, on ne parle plus du droit à l'éducation en ce moment, on ne parle plus du droit de grève. On n'est plus… On ne parle même plus de la question d'un gouvernement autoritaire, austéritaire, etc. On n'est plus là du tout, hein? On est simplement sur la question de savoir : Est-ce qu'à l'UQAM on peut faire en sorte de faire respecter le calme, les droits de chacun? Parce que le recteur, là-dessus, est très clair, hein? Il n'a pas aucune difficulté à ce qu'il y ait des représentations, une mobilisation étudiante. Le problème qu'il a, c'est qu'il n'est plus en mesure ou, en tout cas, hier, il n'était pas en mesure d'assurer la sécurité des gens qui sont à l'intérieur de ses pavillons.

M. Chouinard (Tommy) : C'est précisément parce qu'il est coincé entre l'obligation de dispenser les cours et d'assurer la sécurité des personnes qu'il demande maintenant au gouvernement de régler une fois pour toutes ce flou-là qui existe.

M. Blais : Je comprends très bien. Je comprends très bien, mais ce matin, il ne m'a rien demandé de tel, hein? Je lui ai d'ailleurs demandé : Est-ce qu'il y a des outils, hein, où on pourrait répondre à vos besoins de quelque façon? Il m'a dit : Non, l'important pour moi, là, c'est de garder le contrôle de mon institution, l'autorité sur mon institution, ce que je lui reconnais aujourd'hui. On n'a eu aucune discussion sur le droit de grève ou la possibilité de l'encadrer ce matin.

M. Lacroix (Louis) : Mais même s'il ne vous ne l'a pas demandé, M. Blais, pourquoi vous n'allez pas de l'avant? Vous pourriez aller de l'avant. Vous pourriez décider, par exemple, de dire : Nous allons revoir la démocratie scolaire, une démocratie étudiante parce qu'il semble y avoir un problème. Ça semble causer un problème, et on en a la preuve, là. Alors, pourquoi vous n'allez pas de l'avant?

M. Blais : Écoutez, je ne nie pas qu'il y a un débat là-dessus. Je vous l'ai dit dès la première journée, hein, il y a un débat là-dessus. Mais, en ce moment, je ne veux vraiment pas ouvrir ce débat-là parce que ce n'est pas l'enjeu. L'enjeu, à l'UQAM, c'est la sécurité, c'est la possibilité...

M. Robitaille (Antoine) : Ce ne serait pas l'occasion de tenir ce débat? Ce ne serait pas apaisant de tenir ce débat?

M. Blais : Je pense que ce n'est absolument pas le moment de tenir ce débat-là, en ce moment.

M. Caron (Régys) : Pourquoi ce n'est pas le moment, M. Blais? Pourquoi ce n'est pas le moment? Vous dites : Il n'est pas question de grève. Vous savez très bien qu'il y a eu des votes de grève de pris, dans les universités, de façon parfois douteuse. Alors, le fond du problème, ça semble être ça. Il y a des recteurs, des directeurs de cégep qui, après le printemps 2012, ont réclamé ça à grands cris. Pourquoi dites-vous : Aujourd'hui, ce n'est pas le temps?

M. Blais : Parce que le recteur m'a dit que les personnes qui manifestaient hier, plusieurs n'étaient même pas de ses étudiants. Ce n'est même pas un enjeu, hein? Les personnes qui portent une cagoule, hein, ne méritent pas de s'appeler des étudiants.

M. Caron (Régys) : C'en est peut-être, M. Blais.

M. Blais : C'en est peut-être, mais le recteur m'a dit : En même temps, il y a des gens qu'on ne connaît pas, des gens qui ne sont pas du tout de l'UQAM. On n'est pas du tout au niveau de l'enjeu du droit de grève ou du pas de droit de grève.

Mme Dufresne (Julie) : Mais soyons clairs. Est-ce que vous allez éventuellement vouloir l'encadrer? Est-ce que votre gouvernement a l'intention de le faire?

M. Blais : Je ne répondrai pas à cette question-là aujourd'hui, madame...

Mme Dufresne (Julie) : …c'est la responsabilité du gouvernement.

M. Blais : ...parce que ce n'est pas l'enjeu de ce qui se passe à l'UQAM. Ça ne va rien solutionner, que je réponde en partie, partiellement, ou que je vous annonce quoi que ce soit, dans ce qui se passe à l'UQAM en ce moment. C'est très clair, il y a une injonction, hein? Le recteur a une injonction dans les mains qui lui demande, qui exige qu'il fasse en sorte que les étudiants puissent assister calmement à leurs cours, et c'est son intention de le faire.

M. Caron (Régys) : C'est la solution? C'est la solution, les tribunaux, M. Blais?

M. Blais : Je n'ai jamais dit que c'était la solution. C'est la solution que lui a envisagée dans les circonstances qui étaient devant elle, là. Au tout départ...

Une voix : Autrement dit, il n'y a rien d'autre à faire? Il n'y a rien d'autre à faire?

M. Lacroix (Louis) : Vous ne ferez rien, le gouvernement ne fera rien, à part donner un appui, dire au… une bonne tape dans le dos au recteur en disant : On vous appuie, continue, le gouvernement ne fera rien.

M. Blais : Non, non. Écoutez, on suit la situation de près. Je discute avec les recteurs dès le départ. C'est important. J'ai reconnu l'autonomie et l'autorité des recteurs sur cette question-là, d'accord? Et aujourd'hui je reconnais encore l'autonomie et l'autorité de l'UQAM, et c'est ce que le recteur me demande. Je lui ai demandé : Est-ce que vous avez des besoins particuliers Il m'a dit : Non, ce qui est important pour moi, c'est de maintenir le contrôle sur mon institution et de l'appuyer dans cette période qui est difficile. Et il est le mieux placé, il a tous les moyens pour le faire.

M. Chouinard (Tommy) : Parmi les 22 personnes arrêtées hier, combien étaient des étudiants, selon ce que vous en savez?

M. Blais : Je n'ai pas ces informations-là.

M. Chouinard (Tommy) : …vous avez dit qu'il y a plusieurs qui n'étaient pas des étudiants.

M. Blais : C'est ce que le recteur…

M. Chouinard (Tommy) : Donc, on vous a donné des…

M. Blais : Je n'étais pas là. Le recteur m'a dit que, parmi ces manifestants cagoulés, ceux qui saccagent, il y a des gens qui ne sont pas des étudiants de l'UQAM.

M. Chouinard (Tommy) : Mais demandez-vous d'aller plus loin dans la vérification de ces faits-là? Il y a des personnes arrêtées, donc il y a des…

M. Blais : Ce n'est pas moi qui va faire ces vérifications-là. Si le recteur pense qu'il faut faire ces vérifications-là, il va le faire. En ce moment, il doit choisir entre différentes stratégies. Ce n'est pas facile, là. Mettez-vous à sa place, là. Ce n'est pas facile, hein? Il doit choisir entre différentes stratégies pour définir celle qui convient le mieux.

Aujourd'hui, je lui dis : Au nom de mon gouvernement et, je pense, au nom de la grande majorité des Québécois, ce qui est arrivé hier, c'est inacceptable dans une société et c'est inacceptable dans une université.

M. Robitaille (Antoine) : Donc, ça pourrait se reproduire.

M. Blais : Bien, j'espère que non. J'espère que non. Il ne faut pas que ça se reproduise.

M. Bergeron (Patrice) : Mais si ça ne suffit pas, ce qui est arrivé hier… Si ça ne suffit pas, ce qui est arrivé hier, pour aborder la question du droit de grève, de l'encadrement, quels seraient les autres événements qui pourraient vous permettre de vous pencher sur cette question-là?

M. Blais : La question, en ce moment, là, ce n'est pas le droit de grève ou est-ce qu'on va légiférer pour le droit de grève. Je sais que vous voulez m'emmener sur ce sujet-là. Je ne…

M. Bergeron (Patrice) : Mais pourquoi vous avez peur d'aborder le sujet?

M. Chouinard (Tommy) : C'est le recteur Proulx qui en parle lui-même, il vous fait la demande.

M. Blais : Je n'ai pas peur d'aborder le sujet. J'ai déjà donné ma position et la position du gouvernement sur le sujet. Donc…

M. Dutrisac (Robert) : Est-ce que la question de la procédure actuelle, les injonctions, les services de sécurité, l'appel à la police, est-ce que c'est un contexte pour régler le problème, là? Est-ce que c'est les bons moyens qui sont employés, compte tenu que, chaque fois que c'est employé, que ce soit à l'Université de Montréal en 2012 ou ici encore, à l'UQAM, ça entraîne plus de problèmes qu'autre chose?

M. Blais : Je ne sais pas si ça entraîne plus de problèmes que d'autres choses, mais c'est…

M. Dutrisac (Robert) : Ça entraîne une escalade.

M. Blais : Non. Écoutez, laisser aller les choses et ne rien faire, je pense que c'est ça qui peut entraîner l'escalade. Sincèrement, je pense que c'est ça, la pire difficulté. Écoutez, moi, je regarde, hein, ce qu'a fait le recteur, hein, ces dernières semaines, je trouve qu'il est allé de manière très graduelle : poser le problème, sanctionner un certain nombre d'étudiants, etc. Et je vois bien qu'en ce moment ce n'est pas du tout l'enjeu de la grève étudiante ou le droit de grève qui est en question à l'UQAM. Il y a des enjeux internes pour lesquels on veut se battre, pour lesquels on veut entrer en conflit, et c'est la raison pour laquelle, à un moment ou l'autre, il faut tirer une ligne sur les façons de faire.

M. Dutrisac (Robert) : Qu'est-ce que vous pensez des professeurs? Qu'est-ce que vous pensez des professeurs qui appuient les étudiants, parce qu'il y a eu plusieurs professeurs qui se sont représentés, qui appuient les étudiants, les chargés de programme qui appuient les étudiants? Qu'est-ce que vous pensez de ces gens-là?

M. Blais : J'appuie le recteur, je l'appuie complètement et je pense qu'il a besoin…

M. Bergeron (Patrice) : Mais est-ce que vous appuyez les instances…

M. Blais : Il a besoin… Pardon, je m'excuse, hein? Je pense qu'il a besoin de sa communauté en ce moment.

M. Bergeron (Patrice) : Mais qu'est-ce que vous dites aux instances qui l'ont désavoué ce matin et qui appellent à sa démission? Vous leur dites de revenir à la raison? Vous leur dites quoi? Vous les laisser aller avec leur discours?

M. Blais : Je ne ferai aucun commentaire là-dessus. Je pense qu'en ce moment, hein, le recteur, hein, a l'appui de l'ensemble de la population du Québec. Ce que l'on a vu… Je n'ai pas vu personne dire : Bravo, c'était vraiment bien ce qui s'est passé hier, là, c'est un progrès, là, pour le Québec, c'est un progrès pour les universités. Je n'ai entendu personne dire ça. Maintenant, si on veut que ça se termine, et ça va se terminer, je crois, il faut maintenir notre appui au recteur, là, dans ses décisions.

Mme Prince (Véronique) : Mais est-ce que vous lancez un appel au calme aussi aux professeurs, justement, aux étudiants, aux policiers? Est-ce que vous lancez un appel au calme à tout le monde?

M. Blais : Je lance un appel au calme. Je lance un appel au respect des personnes et des biens depuis le début, hein? Moi, je suis très favorable à la liberté de manifestation, hein? Je l'ai dit et je le répète, en particulier dans une université. Et l'UQAM, là-dessus, hein, est un modèle, hein, de débat public, de débat ouvert. Les débats publics, les débats ouverts peuvent-ils se faire aujourd'hui à l'UQAM? Ma réponse, c'est non.

Mme Dufresne (Julie) : Est-ce qu'à votre connaissance, M. Blais, il existe, dans la Loi sur l'Université du Québec, une disposition qui reconnaît le droit de grève aux élèves, aux étudiants?

M. Blais : Non, non, non. Je n'ai jamais entendu parler de ça.

Mme Prince (Véronique) : Est-ce que c'est la responsabilité du gouvernement de légiférer là-dessus, même si on… Même si vous dites : Ce n'est pas l'enjeu actuel, est-ce qu'éventuellement c'est la responsabilité du gouvernement?

M. Blais : Écoutez, je ne sais pas sur quoi vous voulez qu'on légifère, mais je vous rappelle simplement que nous ne croyons pas à ce droit-là, hein? Le droit à l'éducation, c'est un don, hein? C'est un don que la population fait aux étudiants en finançant, en grande partie, l'éducation. Qu'il y ait certaines personnes qui veulent refuser ce don, je n'ai aucune difficulté avec ça. Mais que ces mêmes personnes là ou que des personnes qui ont ce don et qui le refusent veulent aussi empêcher d'autres personnes de recevoir ce don, ça, vous comprenez qu'il y a un problème qui est fondamental. Et nous n'irons pas sur cette loi-là.

M. Caron (Régys) : Vous aviez évoqué, la semaine dernière, la possibilité d'expulser des étudiants lorsqu'ils vont trop loin. Est-ce que ce qu'on a vu cette nuit et hier à l'UQAM, est-ce qu'il y a matière à expulsion des étudiants?

M. Blais : Oui. Donc, hein, je ne veux pas parler des moyens que les recteurs doivent prendre, hein? Je ne commencerai pas à dire : Vous devriez faire ceci, faites cela de cette façon-là. J'ai rappelé cependant qu'il y a un ensemble de mesures. Il y a un règlement des études, il y a un règlement disciplinaire dans toutes les universités. Il y a même une charte des droits au Canada, puis jusqu'à preuve du contraire, cette charte des droits là, elle existe encore.

Donc, il peut utiliser tous les moyens à la disposition. Le recteur de l'UQAM est allé jusqu'à l'injonction, hein? Je n'avais jamais parlé d'injonction, mais il a cru nécessaire d'utiliser ce moyen-là pour permettre l'accès et la sécurité des personnes à l'intérieur de son établissement.

M. Caron (Régys) : Mais il y a des cas d'expulsion qui sont à l'origine aussi, là, du conflit qui sévit à l'UQAM.

M. Blais : Oui.

M. Caron (Régys) : Est-ce que ça reste une solution? Parce qu'avec ce qu'on a vu il y a une révolte, là, il y a une tradition, semble-t-il, de dialogue à l'UQAM qui aurait été rompue. Donc, l'expulsion, est-ce que c'est une solution?

M. Blais : Ceux qui ont rompu le dialogue, c'est hier, hein, et avant-hier, hein, ceux qui portent une cagoule, hein, et qui s'en prennent à des femmes, à des jeunes femmes, à des jeunes hommes, à des chargés de cours, à des professeurs. C'est eux qui rompent le dialogue en ce moment.

Moi, là, le recteur à qui j'ai parlé ce matin, celui que j'ai entendu aussi dans les médias, c'est un homme de dialogue, hein? C'est un homme qui dit : Moi, le plus vite possible, hein, les policiers pourront sortir de l'établissement, j'en serai le plus heureux possible, hein? Donc, c'est un homme de dialogue, et je pense qu'il y a en ce moment… il y a des personnes qui veulent interrompre ce dialogue-là.

M. Lacroix (Louis) : Comment vous qualifiez le travail des policiers, M. Blais? Est-ce qu'ils ont été assez sévères, les policiers? Il y a eu une vingtaine d'arrestations, tout au plus, là, 25 à peu près, là. Alors, comment vous qualifiez leur travail parce qu'il y avait plusieurs centaines d'étudiants qui ont participé à ces événements-là?

M. Blais : Oui. Comptez sur moi, je ne commenterai jamais le travail des policiers.

M. Lavoie (Gilbert) : M. Blais, sans retourner à mai 1968, il y a eu des périodes dans l'histoire des sociétés, incluant le Québec, où il y a eu de grands mouvements de manifestation, dont les causes ne sont pas nécessairement facilement identifiables. Est-ce que vous croyez que le Québec, depuis 2012 puis actuellement, traverse une de ces périodes ou s'il s'agit d'incidents isolés?

M. Blais : Non. Bien, je ne parlerais pas d'incidents isolés. Quand on regarde la gravité de ce s'est passé hier, je pense… je n'oserais jamais utiliser le terme «incident isolé» parce que c'est extrêmement grave. Alors, ce qui est important, c'est de retrouver le droit de manifester pour chacun d'entre nous, hein? Ceux aujourd'hui, là, à l'UQAM, qui sont favorables le plus vite possible au retour en classe, etc., ils ont aussi le droit de manifester leur intérêt à retourner dans leurs classes. Donc, c'est ce droit de manifester qu'on doit toujours encadrer, c'est la liberté d'expression, bien sûr, et la liberté de manifester qu'on doit encadrer. Mais pour moi, là, plus il y aura de cette liberté-là, mieux c'est, hein, et les universités sont l'endroit privilégié pour y arriver.

Journaliste : Est-ce que vous souhaitez des contre-manifestations?

M. Blais : Non, non. Pas du tout, pas du tout.

Journaliste :

M. Blais : Un instant, un instant parce que, hein… Donc, je ne souhaite, bien sûr, pas de contre-manifestation, mais je souhaite que tout le monde puisse s'exprimer au Québec et que personne ne soit intimidé pour son opinion.

Mme Dufresne (Julie) : M. Blais, dans les circonstances, est-ce qu'un prolongement de la session est envisageable?

M. Blais : Écoutez, je ne peux pas faire de commentaire là-dessus. Je pense qu'en ce moment le recteur a dit que, pour le moment, il n'en était pas question. Vous connaissez notre position, hein? Il n'est pas question, pour le gouvernement du Québec, de financer des périodes de reprise, compte tenu de la situation très exigeante où nous sommes, dans laquelle nous sommes du point de vue budgétaire. Je vous rappelle qu'en 2012, les reprises ont coûté à peu près 38 millions de dollars. 38 millions de dollars, ça nous permet de construire trois écoles primaires au Québec.

M. Caron (Régys) : Qui va payer pour le saccage?

M. Blais : Pardon. Je m'excuse, mais trois écoles primaires, c'est beaucoup, et on en a besoin.

La Modératrice : On va passer en anglais.

Des voix :

M. Caron (Régys) : Je vais juste finir ma question, s'il vous plaît. Qui va payer pour le saccage à l'UQAM?

M. Blais : Je n'ai aucune demande là-dessus pour le moment.

La Modératrice : On va passer en anglais.

Mme Plante (Caroline) : M. Blais, do you consider that giving your public support to «recteur» Proulx at this point is enough? The fact that you're giving your public support to «recteur» Proulx, that's enough?

M. Blais : I'm not sure if it's enough but it's crucial, it's important.

Mme Plante (Caroline) : What's your message today?

M. Blais : Just to support the president Proulx in the situation, because it's a very difficult situation in UQAM now, and it's important, like minister, like member of this Government, and for all Quebeckers... I think the majority of Quebeckers support the president today.

Mme Plante (Caroline) : But do you think that these events could happen again?

M. Blais : I don't know. Really, I don't know.

Mme Plante (Caroline) : Because nothing is being done really to stop the strike or…

M. Blais : No, no. I don't see the evolution of strike like you on that, hein? There's an evolution of strike, but the question now is not about the strike, but about the situation in UQAM.

Mme Plante (Caroline) : So, about the students' right to strike, you're saying there's no need to legislate on the students' right to strike because you're simply not recognizing it. Is that right?

M. Blais : Yes. Exactly.

Mme Plante (Caroline) : Could you elaborate on that a little bit?

M. Blais : About the right… The pseudo right to strike, hein? There's no right to strike in… for students, and there's the possibility for students to refuse a gift, hein, a gift to study, pay for… by the population. There's no right to stop, to arrest some students and to forbid some students to study.

Mme Plante (Caroline) : What about the teachers who are massively or, I don't know… massively supporting the students in this case?

M. Blais : I don't want to comment about some declarations of some professors or some students. My intention today was only to strongly support, and I'm sure it's important for the community, from university to support the president. Thank you very much.

Mme Verville (Marie) : If this doesn't work, what's your next step?

M. Blais : It's not the question for the moment. For the moment, the question is the possibility for students in UQAM to return, if possible, tomorrow, to return to study, OK? There is no step, hein? And the President will choose, hein, will decide, depending the situation.

Mme Verville (Marie) : How long are you willing to let this go on?

M. Blais : I'm not sure if we let go on anything, hein? The question is only to support the decision and to support the authority of the president today

Mme Verville (Marie) : How long do you think that Mr. Proulx is going to be able to go on in this situation?

M. Blais : I have no idea, but I'm optimist about Quebeckers, about the intention of all Quebeckers to find calm and to return to university when it will be possible.

(Fin à 14 h 21)

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