(Treize heures dix minutes)
M.
Hamad
:
Alors, mesdames et messieurs, bonjour. Je suis accompagné aujourd'hui avec ma
collègue Lucie, santé et services sociaux. Et, en fait, c'est la mise à jour,
l'actualisation du règlement sur l'aide sociale qui a été publié par mon collègue
François Blais, et aujourd'hui c'est l'application finale. En fait, c'est
l'application du règlement. L'objectif, c'est actualiser le règlement sur
l'aide sociale, qui était, depuis plusieurs années d'ailleurs, qui n'était pas
actualisé. Le principe fondamental qui nous a guidés dans la préparation de ce
règlement-là, c'est l'équité, l'équité, l'équité entre les prestataires et
aussi les prestataires et les gens à faible revenu. Pour nous, c'est important,
cette équité-là. C'est le principal guide pour nous.
Deuxième élément, Mme la Protectrice du
citoyen, Mme Raymonde Saint-Germain, nous a écrit. Elle a fait quelques
commentaires sur la première version du règlement, et nous avons tenu compte de
toutes ses recommandations, et on a mis en application toutes les
recommandations de la Protectrice du citoyen.
Donc, un rappel des six éléments du
règlement. Le premier, vous vous rappelez, c'est rendre non admissible à une
aide financière de dernier recours l'adulte qui s'absente du Québec pour une
période dépassant 15 jours cumulatifs ou pour plus de sept jours consécutifs d'un
même mois. En fait, avant, dans le premier projet de règlement, c'était 15
jours consécutifs. Maintenant, c'est sept jours consécutifs. Et l'idée, c'est
vraiment travailler contre le travail transfrontalier, c'est-à-dire il peut y
avoir… Nos informations nous disent qu'il y a des gens qui vont travailler en
Ontario, ils reviennent ici ou vont travailler au Nouveau-Brunswick… en fait,
les frontières du Québec.
Et l'objectif de ce règlement-là, c'est
éviter ces situations-là, donc pénaliser les personnes qui font ça et dans un…
qui respecte un principe d'équité entre ceux qui sont au Québec, qui font appel
au dernier recours, par rapport aux gens qui sont dans les deux provinces. Et bien
sûr nous allons être très tolérants vers les personnes, par exemple, une mère,
un père, qui ont un enfant malade ou qui sont qui sont obligés d'aller… voyager
pour les visiter ou être à côté de cette personne-là. Bien sûr, pour nous,
c'est fondamental, et il est acceptable. Donc, ces gens-là sont exclus de l'application
de ce règlement-là.
Deuxième élément, c'est retirer les
exemptions applicables aux revenus de travail lorsque ceux-ci font l'objet
d'une fausse déclaration et qu'ils sont réclamés. Vous savez, nous avons… dans
le règlement, une personne seule peut travailler pour 200 $ par mois et
deux personnes, c'est 300 $ par mois. Maintenant, ce que nous faisons,
si la personne n'a pas déclaré pour la première fois, on va donner le bénéfice
du doute comme une erreur de réclamation, mais, s'il y a récidive, là le
règlement va être applicable, c'est-à-dire il y a des pénalités. Alors, ça
aussi, ça répond à la demande de la Protectrice du citoyen dans le sens qu'on
va être tolérants pour une première fausse réclamation parce qu'on va donner le
bénéfice du doute à la personne et la bonne foi. Donc, la deuxième par contre,
il y a une récidive, là on va être plus… on va appliquer le règlement.
Troisième élément du règlement, c'est
mettre fin au moratoire sur la valeur nette d'une résidence et hausser
l'exclusion prévue à cet effet dans le cadre du Programme d'aide sociale et du
Programme de solidarité sociale, c'est-à-dire on augmente la valeur des
résidences de 90 000 $ à 142 000 $, ce qui correspond… ça,
c'est pour les gens qui sont dans le Programme d'aide sociale, ce qui
correspond à peu près à 70 % de la valeur moyenne des résidences au
Québec. Vous comprendrez, c'est une valeur moyenne qui tient compte des grandes
villes. Lorsqu'on s'en va dans les régions, une résidence de 142 000 $,
c'est un petit peu en haut de la moyenne, mais c'est la limite que nous avons
mise là-dessus. Et pour le Programme de solidarité sociale, on a établi à
203 000 $, qui est équivalent 100 % de la valeur moyenne de
résidences moyennes au Québec.
Maintenant, si une personne qui est sur le
marché du travail, malheureusement, perd son emploi, cette personne-là,
l'assurance chômage après et par la suite tombe à l'aide sociale, nous allons
être tolérants, pour les premières périodes, pour donner la chance à cette
personne-là de retourner sur le marché du travail. Alors, ça, pour nous, c'est
une tolérance comme les autres au règlement pour tenir compte des situations
particulières de ces gens-là.
L'autre élément, on tient compte aussi de
la recommandation de la Protectrice du citoyen à l'effet que le 1er juillet
vient vite, donc on va être tolérants dans l'application, dans les premiers
mois. Par la suite, nous allons appliquer le règlement tel quel.
Quatrièmement, comptabiliser le revenu de
location de chambres ou de pension lorsque deux chambres ou plus sont louées
pour un ménage prestataire. Autrement dit, avant, on peut louer deux chambres,
c'est acceptable. Trois chambres, on calculait les trois chambres ensemble.
Dépassant deux chambres, on calculait trois chambres, c'est-à-dire 85 $,
trois chambres fois trois… On enlève de la prestation qui a été reçue.
Maintenant, ce qu'on fait, on essaie juste
de louer une chambre et on donne jusqu'à 125 $ par chambre… Et en haut de
ça, on a évidemment… on fait la soustraction de ce qu'on donne. Cependant, compte
tenu de l'élément pour nous, l'équité et la solidarité… Nous allons encourager
la solidarité, c'est-à-dire… s'il y a une personne qui accueille sa mère, son
père, ses enfants, son fils, sa fille, nous allons… Nous ne calculons pas la
chambre. Et l'autre élément, s'il y a une personne qui réside dans cette
résidence-là et reçoit des soins, nous… C'est exclu de notre calcul. Donc, on
veut encourager la solidarité envers la famille et envers des personnes où on
va procurer des soins. Alors, ça, c'est important pour nous. Par contre, pour
les autres situations, en haut d'une chambre, c'est 125 $... Une chambre,
c'est 125 $, et, en haut, on fait l'exclusion. Avant, pour votre
information, c'était 85 $. C'est là qu'on dit qu'on actualise les montants
d'argent.
Cinquièmement, c'est qu'on va exclure du
calcul de l'aide pour une période déterminée les indemnités versées dans le
cadre d'un programme d'aide financière général ou spécifique par le ministre de
la Sécurité publique. Vous savez, quand il y a des événements malheureux comme
Lac-Mégantic, où le règlement actuel nous demande de soustraire l'aide… ministère
de la Sécurité publique. Dans ce règlement-là, maintenant, on n'enlèvera pas
l'aide… on ne tient pas compte de l'aide qui est reçue par la Sécurité publique
dans des événements malheureux. Et donc on ne tient pas compte, donc ça permet
des gens de recevoir l'aide par le ministère de la Sécurité publique et, en
même temps, reçoivent l'aide de dernier recours.
Et dernièrement, verser, aux adultes qui
séjournent dans un centre offrant des services en toxicomanie, une allocation
de dépenses personnelles en remplacement de l'aide actuellement accordée. En
fait, avant, on donnait le montant total de l'aide de dernier recours plus le
gouvernement payait le centre de toxicomanie. Maintenant, ce que nous faisons,
par équité encore une fois… et c'est important parce que le même traitement que
nous faisons dans ce règlement-là correspond exactement… le traitement actuel
pour, par exemple, des gens en évaluation psychiatrie, pour des personnes en
centre hospitalier de longue durée, pour des personnes en centre de
réadaptation en déficience physique ou intellectuelle et aussi pour des
centres… pour des personnes au centre de réadaptation et dépendance et aussi
pour des mères en difficultés d'adaptation. Ces gens-là, ils seront traités exactement
de la même façon que les gens en toxicomanie. Autrement dit, les gens en
toxicomanie aujourd'hui se font traiter également à ces gens-là, donc c'est une
équité aussi et… 200 $ plus le gouvernement va payer le coût de... les
centres de toxicomanie.
En même temps, on a entendu parler des
centres. Il y en a une quarantaine qui disaient : Peut-être ce
règlement-là va être une cause de fermeture. Nous avons discuté avec ces
centres-là, et ce que nous proposons : Les centres qui seront en
difficulté, s'il y a lieu, nous leur demandons d'ouvrir leurs livres, les états
financiers, et nous allons nommer quelqu'un pour vérifier les états financiers
et les aider de... si c'est la situation, de les aider en termes financiers.
Évidemment, après l'analyse de la situation financière, après l'analyse de la
gestion de ces organisations-là, s'il y a lieu de les aider, on va les aider.
Mais évidemment, la condition, c'est ouvrir les livres, regarder la situation
financière, regarder la dépense, regarder la gestion, et, par la suite, nous
allons apporter le support nécessaire pour ces organisations-là pour maintenir
les services pour les personnes qui en ont besoin.
Et là-dessus je suis très heureux d'avoir
ma collègue avec moi, parce que ma collègue va nous donner un coup de main
aussi, parce qu'elle est responsable de ces centres-là. Alors, je vais la
laisser dire quelques mots là-dessus.
Mme
Charlebois
:
Merci, Sam. Alors, de par mon rôle, vous comprendrez que par ministre déléguée
à la Réadaptation, Protection de la jeunesse et Santé publique, mais le rôle en
réadaptation, il est de mon devoir, vous le savez, quand j'ai été nommée, de
protéger les clientèles les plus vulnérables. Et, dans la mesure dont vient de
nous faire part mon collègue le ministre de l'Emploi et de la Solidarité
sociale, moi, mon rôle, c'était de m'assurer que les gens qui étaient en centre
d'hébergement et de toxicomanie ne perdent pas l'accès.
Alors, comme on l'a dit précédemment, Sam
en a parlé, il y a eu des discussions, on a rencontré des groupes, et il y a
des gens qui nous ont fait part qu'il y avait des inquiétudes parmi certains
groupes qui disaient qu'il y aurait un manque de financement. Alors, ce qu'on
leur propose, comme l'a dit mon collègue, c'est de les rencontrer. Emploi et
Solidarité va s'assurer de la santé financière de l'organisme, et mon rôle à
moi, notre ministère va accompagner Emploi et Solidarité dans le mécanisme pour
s'assurer que la qualité des services va toujours être au rendez-vous et que
l'accès va toujours être au rendez-vous. Alors, c'est là où on va travailler
ensemble pour stabiliser la situation des ressources, mais aussi continuer à
offrir des services de qualité.
Ce dont j'étais préoccupée également,
c'est l'étape de transition au cours de laquelle un individu qui était en
centre d'hébergement, quand il en ressort, est-ce que, s'il était en situation
d'itinérance au préalable, est-ce qu'il aura possibilité de réserver un
logement avant de sortir. Parce que, si on fait tout notre processus et que,
dans le cheminement, on nous dit : Va te chercher un logement, mais, si tu
n'as pas le soutien financier adéquat, bien, c'est difficile d'aller chercher
un logement. Alors, il a été prévu, par Emploi et Solidarité, une mesure d'un
mois pour accompagner la personne pour qu'elle puisse faire la réservation de
son logement au cours du dernier mois de son séjour en centre de réadaptation.
De plus, il y a... Dans le Plan d'action interministériel
en itinérance 2015‑2020, que j'ai lancé en décembre dernier, vous allez vous
souvenir qu'il y avait des modifications qui n'allaient pas à l'encontre de ce
que mon collègue a annoncé, mais je me suis assurée que les mécanismes adéquats
étaient en place pour que les personnes qui ont besoin puissent disposer des
outils nécessaires à leur intégration en société. Alors, à la sortie, notre
rôle à nous, c'est de nous assurer qu'elles peuvent être dirigées vers des
services d'aide d'accompagnement appropriés à la sortie des centres parce que c'est
beau d'aller en centre de réadaptation, mais si… il faut réintégrer la société,
et ça nous prend des services encore ensuite.
Alors, les modifications réglementaires
qu'a annoncées mon collègue vont atteindre… pourront atteindre leur but de cohérence
et d'équité sans affecter l'accès aux services d'hébergement des personnes qui
sont en situation vulnérable, bref, en toxicomanie, et tout en tenant compte de
l'étape cruciale de la transition à la sortie d'un séjour d'un établissement.
Là, je vous amène vers le plan d'action en itinérance et toujours dans les
passages de vie où on avait des difficultés, et c'est là où on veut travailler.
Dans le plan d'action, c'est ce qui était stipulé, c'est d'assurer une
meilleure transition à chaque étape de vie.
Je veux prendre le temps ici de remercier
les gens qui ont travaillé à faire grandir notre réflexion de part et d'autre,
mais je veux aussi saluer les gens qui oeuvrent auprès de cette clientèle
vulnérable là. Ça me permet cette occasion-là parce qu'honnêtement leur travail
fait en sorte que de nombreuses personnes peuvent se sortir de la toxicomanie
et peuvent contribuer à la société à leur tour par après. Alors, je veux les
remercier grandement et remercier l'écoute du ministre de l'Emploi et de la Solidarité
sociale.
M.
Hamad
:
Merci. Alors, voilà, si vous avez des questions.
Le Modérateur
: Je vais
diriger la période des questions. M. Lavallée, Radio-Canada.
M. Lavallée (Hugo)
: M.
Hamad, combien est-ce que vous espérez pouvoir obtenir d'argent? En fait,
combien vous pensez pouvoir économiser d'argent avec ces mesures-là?
M.
Hamad
: Le
but, évidemment, c'est actualiser et avoir une équité entre les prestataires et…
entre les prestataires et ceux qui sont à faibles revenus. Ça, c'est le
principal objectif. En même temps, ça nous permet de faire une économie de
15 millions de dollars annuellement, d'une année complète.
M. Lavallée (Hugo)
: Je
m'étonne de ne pas voir de mesure plus spécifique pour inciter les prestataires
d'aide sociale à retourner sur le marché de l'emploi ou à suivre une formation.
Est-ce que, ça, ça va faire l'objet d'une annonce ultérieure?
M.
Hamad
:
Exactement. Vous allez être invités sûrement à l'autre annonce, et il était
annoncé dans le budget d'ailleurs plusieurs mesures où on va faire une annonce
là-dessus. Toute l'aide pour retourner sur le marché du travail, toute la
formation, l'accompagnement et tout ça, ça va être plus tard.
M. Lavallée (Hugo) : Dans le
but de quoi? Rendre ça davantage contraignant, les...
M.
Hamad
: En
fait, c'est écrit dans le budget, là, ce n'est pas un secret, c'est que... pour
aider davantage les gens à retourner sur le marché du travail. Je vais me
limiter à ça aujourd'hui parce qu'il va y avoir une autre annonce prochainement.
M. Lavallée (Hugo)
:
Dernière chose. Quand vous dites : L'objectif de la réforme, c'est
l'équité de…
M.
Hamad
: Entre
les prestataires.
M. Lavallée (Hugo)
:
Oui, mais qu'est-ce que vous voulez dire par là exactement?
M.
Hamad
:
L'équité, c'est quand quelqu'un à l'aide sociale ou qui travaille pour
200 $ par mois, il déclare, puis une autre personne, son voisin, qui
travaille puis il ne déclare pas, ce n'est pas équitable. Quand quelqu'un qui,
dans les régions frontalières du Québec, qui travaille au Nouveau-Brunswick
puis revient déclarer ici, demander l'aide sociale, ce n'est pas équitable pour
ceux qui ont besoin vraiment de l'aide de dernier recours. Alors, tous ces
éléments-là, c'est vraiment dans l'équité puis enlever les préjugés aussi,
éliminer les préjugés.
M. Lavallée (Hugo)
: …fraude,
là, d'une certaine manière.
M.
Hamad
: Bien,
fraude… C'est l'équité. Quand on bat la… on attaque la fraude, on valorise
l'équité entre les… ceux qui sont corrects, qui réclament, qui ont besoin de l'aide
de dernier recours et ceux qui trichent.
M. Gagnon (Marc-André) : Je
vais me permettre également une question, M. Hamad, sur la portion qui
concerne, donc, justement, ceux qui traversent la frontière et vont travailler
à l'extérieur. Vous parlez de 15 millions de dollars annuellement pour
l'ensemble de ce que vous annoncez aujourd'hui, mais est-ce que vous avez un
chiffre plus spécifique à cette réalité-là, donc des travailleurs qui reçoivent
de l'aide sociale au Québec, vont travailler, je ne sais pas, en Ontario ou…
M.
Hamad
: Ça
peut… Les chiffres qu'on a… parce que, vous savez, si on les connaissait, ça
fait longtemps qu'on a arrêté, mais on a un estimé actuellement, c'est autour
d'un million et plus de…
M. Gagnon (Marc-André) : Par
année?
M.
Hamad
: Par
année, bien sûr, annuellement.
M. Gagnon (Marc-André) :
Alors, Hugo, je ne sais pas si tu avais d'autres questions, sinon je vais m'en
permettre une sur un autre sujet, M. Hamad, pendant que nous y sommes.
Peut-être une réaction à la candidature de Mme Cazin dans Chauveau.
M.
Hamad
: Je
dirai un mot : Quand vous prenez plus que deux autoroutes pour venir à la
ville de Québec, c'est… Vous êtes loin de la ville et vous êtes loin de la
région. Puis je lui souhaite la bienvenue dans sa campagne.
M. Gagnon (Marc-André) : Vous
êtes le ministre responsable de la région de la Capitale-Nationale. Donc, il y
a deux élections partielles qui se font attendre dans la région. Souhaitez-vous
que ça se fasse rapidement?
M.
Hamad
: Ça va
être la décision du premier ministre. Quand le premier ministre va l'annoncer,
on va être prêts pour faire l'élection.
Le Modérateur
: Merci.
Alors, s'il n'y a pas d'autre question, on vous remercie. Bonne journée.
M.
Hamad
: O.K.
Merci beaucoup.
Mme
Charlebois
:
Merci.
(Fin à 13 h 26)