(Dix heures huit minutes)
Mme David (Gouin) : Le
jugement de la Cour suprême vient de sortir. On en connaît les grandes lignes,
mais il y a une chose qui est très claire : il n'y aura plus de récitation
de la prière, qu'elle soit catholique, qu'elle soit d'une autre confession,
avant un conseil municipal au Québec.
Québec solidaire se réjouit de ce
jugement. Ol était très attendu. Il met fin à une très longue saga et, je
dirais, sans trop de jeux de mots, à une sorte de croisade du maire Jean
Tremblay. J'espère que c'est la fin, j'espère que tout le Québec et tous les
élus municipaux, provinciaux, fédéraux auront compris, au Québec et partout au
Canada, que la façon de respecter la liberté de conscience et de religion de
nos concitoyennes et concitoyens, c'est que nos instances publiques soient
exemptes de toute forme de religion ou de prière.
Maintenant, ce jugement, à mon avis, ouvre
toute grande la porte à M. Couillard, que j'appelle à légiférer enfin sur la
neutralité religieuse de l'État. L'année dernière, on se rappelle qu'il y a eu
un débat, ma foi, assez important, n'est-ce pas, sur une charte qu'on a appelée
des valeurs, mais où, en fait, c'était le débat de la laïcité qui était à
l'ordre du jour. Ce débat-là n'est pas terminé, il faut le poursuivre. M.
Couillard s'était engagé, en campagne électorale, à légiférer sur la neutralité
religieuse de l'État. D'ailleurs, je ne sais pas pourquoi il n'appelle pas ça
la laïcité de l'État et des institutions publiques, c'est le mot en français
qui signifie neutralité religieuse de l'État. Donc, je l'appelle vraiment
à se hâter de légiférer pour que les choses soient claires, que le débat se
termine et que l'ensemble du Québec sache où on s'en va quand on parle d'un Québec
laïque. Voilà.
M. Laforest (Alain)
: Est-ce
que ça remet en question la présence du crucifix à l'intérieur de l'enceinte de
l'Assemblée, compte tenu qu'on demande, dans le jugement, de retirer les signes
de religion?
Mme David (Gouin) : Écoutez,
la position de Québec solidaire là-dessus est limpide et ça depuis plusieurs
années. Le crucifix, rappelez-vous, qui est placé judicieusement, n'est-ce pas,
selon le point de vue duquel on se place, depuis à peu près 40 ans, 50 ans,
au-dessus de la tête du président de l'Assemblée nationale, ce crucifix qui, à
l'époque, scellait l'alliance entre l'Église catholique et l'État québécois,
devrait être déplacé dans une autre pièce de l'Assemblée nationale. Il peut
très bien être à la vue du public si on y trouve un intérêt patrimonial, il n'y
a aucun problème. Mais franchement, un crucifix au-dessus de la tête du président
de l'Assemblée nationale, c'est la contradiction même.
M. Laforest (Alain)
: Mais
ma question, Mme David, c'est de savoir : Est-ce que le jugement de la
Cour suprême renforce cette idée qu'on doit le sortir?
Mme David (Gouin) : À mon avis,
oui, parce que, si l'on veut respecter la liberté de conscience et de religion
des gens — et la liberté de conscience, je vous rappelle que ça
inclut aussi l'athéisme — je pense qu'un crucifix au-dessus de la
tête du président de l'Assemblée nationale n'a pas sa place à cet endroit, compte
tenu de sa signification historique, et ça, tout le monde le sait. Il doit être
déplacé en un autre lieu de l'Assemblée nationale, visible par le public, il
n'y a aucun problème. Merci beaucoup.
(Fin à 10 h 11)