(Quinze heures vingt-sept minutes)
M. Kotto
: Alors, d'abord,
bonjour. Nous voulons revenir sur le resserrement du programme des travailleurs
étrangers temporaires, resserrement opéré unilatéralement par le gouvernement
fédéral, changement, qui, jusqu'à date, ne présente aucune limite quant à
l'embauche des travailleurs étrangers. Le 30 avril, le ratio va passer à
30 % maximum de travailleurs étrangers, et le 1er juillet, il va
passer à 20 %, pour nous amener, au 1er juillet l'an prochain, à
10 %.
Alors, le gouvernement du Québec, en
l'occurrence le gouvernement libéral, a demandé au gouvernement fédéral de ne
pas mettre en oeuvre cette réforme sur le territoire québécois. Nous sommes
d'accord avec ça. Avec le milieu des affaires, la ministre de l'Immigration,
Mme Weil, soutient que les impacts des nouvelles mesures fédérales vont
être négatifs pour les entreprises québécoises. C'est un constat que nous
anticipons, nous aussi. Le gouvernement fédéral se donne le droit, dit-elle, de
refuser de traiter certaines demandes visant les secteurs agroalimentaires, ou
de l'hébergement, ou encore du commerce de détail.
Autre constat, elle dit par la suite que
le gouvernement fédéral ajoute des lourdeurs administratives aux employeurs en
exigeant un plan de transition vers une main-d'oeuvre locale, une demande qui
devient excessive pour des secteurs d'activité où la rareté de la main-d'oeuvre
est reconnue, comme les technologies de l'information et des communications, ou
pour des professions hautement spécialisées, comme la médecine ou la recherche.
Autrement dit, ce qu'elle dit, c'est que le fédéralisme alourdit le
fonctionnement et aussi les ambitions du Québec.
Hier, elle a également déclaré ou plutôt
avoué son échec en mettant celui-ci sur le dos des fonctionnaires, à l'effet
que ces derniers n'ont pas réussi à s'entendre avec les fonctionnaires fédéraux
relativement aux positions du Québec quant à ce dossier-là.
Alors, la question du rapatriement des
pouvoirs en matière d'immigration devient de plus pertinente, et, en souvenir,
lors de la dernière interpellation à l'Assemblée nationale, le 20 mars
dernier, il lui a été demandé si elle était ouverte à aller négocier le
rapatriement des pouvoirs en matière d'immigration afin que le Québec devienne
maître d'oeuvre dans ce domaine sur son territoire, ce qu'elle a refusé disant,
de surcroît, que l'entente Canada-Québec en matière d'immigration fonctionnait
très bien. Mais, à l'évidence, avec ce qu'on vit aujourd'hui, ce n'est point le
cas et c'est factuel. André.
M. Villeneuve
: Alors,
mesdames messieurs, bonjour. Je ne répéterai pas ce que mon collègue vient de
dire. Peut-être préciser que cette non-entente, si on peut l'appeler comme ça,
va toucher le secteur de la transformation alimentaire, c'est très clair, et
vous savez comme moi que c'est un secteur qui est très important sur le plan
économique au Québec.
Alors, on parle ici de resserrements très
importants. On a des entreprises, au Québec, de transformation alimentaire qui
vont employer des travailleurs étrangers, et ça peut aller, à certains moments
de l'année, jusqu'à plus de 50 % de la main-d'oeuvre engagée par
l'entreprise. Donc, cette non-entente-là risque, effectivement, de rendre
vulnérables nos entreprises, d'abord sur le plan de l'expansion, évidemment, et
aussi, même, je dirais, sur le plan de la viabilité de l'entreprise.
Alors, il y a un sérieux problème — le
30 avril, c'est demain matin, là — qui se pointe à l'horizon, et
ce n'est pas à défaut d'avoir interpellé la ministre puis de lui avoir demandé
où elle en était, mais on avait toujours des réponses jovialistes, à savoir que
tout le monde se parlait, tout ce beau monde-là se parlait et qu'on était pour
arriver à des réponses, à des ententes.
Et je terminerais en vous disant que les
travailleurs agricoles ne sont pas touchés, et c'est exactement le genre
d'entente que nous avons besoin, au Québec, pour la transformation alimentaire.
Voilà.
M. Gentile (Davide) : Donc,
pour vous, c'est l'échec d'un… le gouvernement a beau avoir une approche
collaborative par rapport à Ottawa, vous faites un constat d'échec, à tout le
moins sur ce front-là? On ne les écoute pas?
M. Villeneuve
: Bien, écoutez,
force est de constater qu'on arrive à une échéance, là, très rapprochée, là.
Les entreprises qui, présentement, normalement, vont plancher sur des plans
d'affaires de plusieurs mois, plusieurs années se retrouvent à devoir
rencontrer un échéancier qui n'a pas de sens, parce qu'évidemment on
s'attendait… tout le monde s'attendait à ce qu'il puisse y avoir une entente.
Alors là, il y a vraiment un problème qui se pose, et malheureusement nos
entreprises… Vous savez, on risque d'assister, à la limite, à la délocalisation
d'entreprises. Alors, s'ils perdent… puis ce n'est pas des… on ne peut pas
changer les employés d'ici le 30 avril ou trouver de la main-d'oeuvre,
d'ici le 30 avril, suffisante, justement, pour pouvoir permettre à nos
entreprises de bien fonctionner.
Une voix
: Merci
beaucoup.
M. Kotto
: Question en
allemand? Merci. Bon après-midi.
(Fin à 15 h 33)