(Quinze heures trente-quatre minutes)
M.
Therrien
: Écoutez,
aujourd'hui, on vient réagir à l'article 45, qui a été menacé et qui a été
attaqué de toutes parts par le bâillon d'hier. Aujourd'hui est une journée très
triste pour les travailleurs.
D'abord, le projet de loi n° 3, ou la
loi n° 3, la loi n° 15 maintenant, qui a réglé le problème des
déficits de la capitalisation des régimes de retraite pour les municipalités,
aujourd'hui on a… Excuse, il y a juste un problème de… oui. Alors, aujourd'hui,
on a vu qu'il y a des recours qui vont, justement, devant les tribunaux pour
attaquer la loi n° 15 parce qu'elle a menacé, elle a brisé des contrats qui
avaient été dûment négociés, donc attaque contre les travailleurs.
On a aujourd'hui parlé de l'article du
Code du travail, l'article 45, qui protège les travailleurs, justement,
contre un changement d'employeur, ça protège leurs conditions de travail. Moi,
j'ai posé la question à l'Assemblée nationale, et celui qui a répondu à mes
questions, à savoir pourquoi on ne protège pas l'article 45, qui fait en
sorte que les employés sont protégés contre un changement éventuel d'employeur…
Parce que, dans le cas qui nous concerne, les CLD, maintenant, les travailleurs
qui étaient dans les CLD, qui vont être récupérés par les MRC, vont tout
simplement perdre leurs conditions de travail, ce qui est une entrave majeure
au Code du travail.
Alors, j'ai posé la question au
gouvernement, et c'est le ministre qui attaque les travailleurs depuis le début
de cette législation-là, c'est le ministre des Affaires municipales, M. Moreau,
qui a répondu à ma question, alors qu'elle s'adressait à M. Hamad, qui est
sensé être le ministre qui protège les conditions de travail des travailleurs
et qui protège le cadre législatif qui fait en sorte que les travailleurs et
les employeurs sont protégés par ce Code du travail là.
Alors, voyez-vous, c'est tout l'esprit qui
envahit ce gouvernement-là, c'est qu'on attaque les travailleurs, on ne protège
pas ces travailleurs-là, on va empiéter dans le Code du travail, on va faire en
sorte qu'on va subir, les travailleurs, recul par-dessus recul, dans une
situation où on a clairement des employés qui étaient dans les CLD et qui vont
se retrouver avec des conditions de travail amoindries.
Alors, on trouve ça inacceptable et on va
lutter de toutes nos forces pour que les gens comprennent que cette
situation-là est inacceptable.
M. Dutrisac (Robert)
:
M. Therrien, je me demande, justement : Comment pouvez-vous affirmer
avec certitude que les conditions de travail vont être amoindries? Dans le sens
suivant : c'est que, souvent, dans les municipalités ou les MRC, il y a
des syndicats. Le CLD qui va intégrer une municipalité ou les syndicats risque
de se voir offrir une convention… une nouvelle convention collective, je l'admets,
mais avec des conditions, disons, entre guillemets, municipales, dans certains
cas. Donc, dans certains cas, ils pourraient même partir d'une convention
collective d'OSBL, avoir une convention collective plus généreuse.
M.
Therrien
: Très,
très bonne question. Bien, moi, je vous dirais : Si c'est le cas, pourquoi
ils l'amendent? Pourquoi ils amendent le projet de loi comme tel? Si vous me
dites qu'on va dans du plus, donc conditions de travail améliorées, bien, à ce
moment-là, ils ne l'amenderaient pas, ils diraient : Bien, écoutez, c'est
un plancher et on sait que, dans les villes, les conditions de travail sont
meilleures. C'est ce que vous me dites, ce que je comprends de votre question.
Bien, je vous dirais : À ce moment-là, pourquoi on l'amende? Pourquoi on
ne laisse pas tout simplement un plancher, puis dire : Bien, si vous
changez d'employeur, bien, ce sera à vous, à ce moment-là, de négocier avec un
employeur que peut-être qu'il considère que vos conditions de travail doivent être
améliorées.
Bien, moi, je vous dis : Si on
l'enlève, cette condition-là, si on amende, ce n'est pas pour ce que vous me
dites. Au contraire, ça menace le travailleur. C'est ce qu'on est… c'est ce à
quoi on s'oppose.
M. Caron (Régys)
: Mais,
dans un cas comme ça, la municipalité ou la MRC n'a pas d'obligation envers les
nouveaux arrivants.
M.
Therrien
:
Qu'est-ce que… Je ne comprends pas votre question.
M. Caron (Régys)
:
Bien, c'est des employés qui sont libérés par le CLD. Est-ce que la municipalité
a des obligations envers ces gens-là, les embaucher, leur offrir du travail
avec une convention collective?
M.
Therrien
:
Bien oui, mais, écoutez, c'est un changement d'employeur. Ils vont faire le
même travail. Parce que, dans le projet de loi, ce qu'avait proposé le ministre
du MAMOT, c'était que les CLD, soit qu'ils disparaissaient ou ils devenaient à
la charge des municipalités régionales de comté. Ça fait qu'à ce moment-là on
peut comprendre qu'ils font le même travail. S'ils font le même travail, on
peut-u considérer qu'ils auraient les mêmes conditions de travail, au minimum,
protéger leurs conditions de travail? C'est la question que je vous pose.
M. Robillard (Alexandre)
:
Puis ça, cet élément-là, cet amendement-là qui a été présenté hier, est-ce que
ça avait été discuté d'une quelconque façon pendant les consultations
particulières? Est-ce que c'est…
M.
Therrien
: Écoutez…
Bonne question. Pas à ma connaissance.
M. Robillard (Alexandre)
:
Quand il y a des groupes qui ont été entendus, est-ce que ça avait été…
M.
Therrien
: Je
n'ai pas rien entendu là-dessus. Écoutez, je n'ai pas la science infuse à ce
niveau-là, là. Je n'ai rien entendu là-dessus. Il me semble que non, mais, en
tout cas, une chose qui est sûre, c'est que le gouvernement jamais n'a
mentionné qui ferait ce genre de chose là. Parce qu'il y a des gens qui sont
intervenus pour dire : Il ne faudrait pas… il faudrait garantir,
justement, qu'on protège les travailleurs. Ça, je vais vous avouer, peut-être
qu'il y a des intervenants… parce que j'ai été là pour la majeure partie des
débats, mais pas totalement.
Mais une chose qui est sûre, et c'est là,
la question, là où le bât blesse, c'est que jamais le gouvernement n'a
mentionné qu'il désirait faire ça. C'est une surprise à travers le paquet
d'amendements qu'ils nous ont donné hier. Ça devient un recours à peu près
régulier, là. La veille, là, dans le bâillon, ils nous garrochent des amendements,
là, épais comme ça, puis ils se disent : Bien, regardez, on va regarder
les amendements un après l'autre, très rapidement, et… d'abord parce que les projets
de loi sont mal ficelés, puis ensuite parce qu'ils veulent, justement, nous
arriver avec des surprises comme ça.
Ce n'est pas très démocratique, on en
convient. La démocratie est malade, actuellement, je vous le dis, là. Avec des
bâillons à répétition comme ça, avec des projets de loi mammouth où est-ce
qu'on insère un paquet de choses, là, c'est assez spectaculaire, là.
M. Caron (Régys)
: Et
ces amendements-là, il n'y a personne qui a eu le temps de regarder ça encore,
dans la mesure…
M.
Therrien
:
Bien là, on les défriche, justement. Nous, on a recelé cet amendement-là, qui
amenait, là, un changement important dans le Code du travail, mais c'est sûr
qu'on est en train de travailler sur l'ensemble des amendements, et c'est 148
ou 158, de mémoire, là, alors c'est un travail colossal qu'on a à faire, et on
le fait de façon rigoureuse.
Voyez-vous, nous, en commission, quand tu
arrives avec 300 quelques articles qui touchent des domaines aussi vastes
que touche la loi n° 28, on peut-u s'entendre pour dire que, dans l'étude
détaillée, là, si on avait voulu faire un travail de moine comme on fait tout
le temps, là, bien, ça aurait pris probablement plus de 100 heures
d'étude? Mais là on n'a pas eu ça.
Merci, bonne journée.
(Fin à 15 h 40)