(Neuf heures quarante-quatre minutes)
M.
Hamad
:
Alors, bonjour. Ça fait plaisir de vous voir ici présents. Je vais laisser ma collègue
Mme Weil de parler. Le sujet aujourd'hui, c'est les employés étrangers
temporaires.
Mme Weil
: Oui. Alors,
ce matin, le message qu'on vous envoie, c'est... le gouvernement fédéral impose
aux entreprises du Québec une réforme néfaste, qui viendra nuire à leur
croissance, à la création d'emplois au Québec et à l'économie du Québec.
Force est de constater ce matin que,
malgré des échanges ces derniers jours, dans les dernières heures, le gouvernement
fédéral demeure fermé à toute modification de la réforme qui tiendrait compte
de la réalité du marché du travail québécois.
Pour le gouvernement fédéral, c'est
l'application intégrale de sa réforme, d'un océan à l'autre, qui l'emporte.
Tant pis pour les conséquences sur nos entreprises, pour nos régions et pour
notre économie. Le gouvernement fédéral nous dit vouloir favoriser l'emploi des
Canadiens et des Québécois d'abord. Le gouvernement du Québec a toujours
priorisé les travailleurs québécois, mais les entreprises font face à des
pénuries de main-d'oeuvre, elles nous le disent. Le gouvernement fédéral refuse
d'en tenir compte.
Nous dénonçons l'intransigeance du gouvernement
fédéral, son refus de surseoir à l'application de sa réforme afin de permettre
de trouver des solutions aux problèmes posés par sa réforme, et ce, malgré le
consensus qui émane du Québec. Nous sommes déçus qu'il décide de venir
compliquer la vie de nos entreprises qui vivent des contraintes réelles.
Quand nos entreprises n'arrivent pas à
trouver de la main-d'oeuvre dans leurs régions, on ne vient pas les aider de
quelque façon que ce soit en leur mettant des bâtons dans les roues comme le
fait le gouvernement fédéral. Nous tenons aujourd'hui à envoyer un message
clair : l'application unilatérale de cette réforme par Ottawa aura des
conséquences sur notre économie, sur nos entreprises et sur notre marché du
travail. Ces conséquences auraient pu être évitées par des aménagements qui
sont tout à fait sensés et raisonnables. Nous allons continuer à défendre nos entreprises,
à défendre la prospérité économique du Québec et à défendre nos régions
aujourd'hui, demain, chaque jour, jusqu'à ce que les impacts néfastes de cette
réforme soient corrigés.
M.
Hamad
:
Merci. Alors, en fait, encore une fois, ce matin, nous ne parlons pas au nom du
gouvernement, mais au nom aussi de la Fédération des chambres de commerce, la
chambre de commerce de Montréal, la FCEI, la fédération canadienne des
entreprises indépendantes, et des milliers, des milliers d'entreprises au
Québec. Et aujourd'hui… pourquoi aujourd'hui? Parce que c'est la date
d'application de la nouvelle réglementation par le gouvernement fédéral. Nous
avons communiqué avec le gouvernement fédéral pour leur expliquer exactement la
situation. Les mesures du gouvernement fédéral ne tiennent pas compte de la
réalité du Québec, réalité du marché de l'emploi; deuxièmement, imposent de la
paperasserie additionnelle dans les traitements des demandes; troisièmement, ce
qui est le plus important, ça va priver les entreprises d'une main-d'oeuvre
qualifiée… on a besoin.
Il est clair que les entreprises au Québec
préfèrent engager des Canadiens et des Québécois en premier lieu. Il est clair,
tout le monde ont la même intention. Cependant, il y a, dans certains domaines,
technologies de l'information, les jeux spéciaux, il y a le domaine de la
transformation alimentaire et d'autres domaines… Un soudeur, par exemple, il y
a… dans certaines régions, nous avons besoin des soudeurs. Pour le moment, le
gouvernement, le système d'éducation, les syndicats, les patronats travaillent
ensemble pour former les Québécois pour devenir des soudeurs, mais encore, dans
le contexte actuel, nous avons besoin des soudeurs, et des fois, pour répondre
à un besoin spécifique temporaire d'entreprises, les entreprises font appel à
des soudeurs à l'extérieur temporairement. C'est ça que le gouvernement
fédéral, par sa politique… va priver le Québec de cette main-d'oeuvre là.
Évidemment, vous savez très bien, lorsqu'une entreprise privée n'a pas la
main-d'oeuvre nécessaire… ne produira pas, et évidemment il va y avoir des
impacts sur l'économie.
Alors, on va aller à la période de
questions.
M. Lavallée (Hugo)
:
Est-ce que vous avez chiffré l'impact économique exact que ça peut avoir pour
les entreprises du Québec…
M.
Hamad
: On
parle de milliers d'emplois en question, et des milliers d'emplois, évidemment,
c'est des millions de retard sur la productivité du Québec, c'est des impacts
sur… Moi, quand je voyais les entreprises en technologies de l'information, qui
viennent nous voir puis ils parlent d'un cas d'urgence, vous savez, ça…
d'abord, ça entache la réputation, parce que souvent, ces entreprises-là, elles
ont des commandes à livrer, elles ont des ententes avec d'autres producteurs à
l'extérieur du pays, aux États-Unis et autres, et ça, il y a un impact sur
l'économie direct.
Mme Weil
: Et moi, ce
que je voudrais rajouter, puis on l'a mentionné la semaine dernière, lors de la
conférence de presse, et il y a plusieurs manufacturiers et entrepreneurs qui
nous le disent : eux, ils peuvent déplacer leurs productions de l'autre
côté de la frontière, et ça ne se remarque pas au début. On ne sait pas que
l'usine… puis d'ailleurs, même aujourd'hui, il y en a qui parlent d'avoir des
usines ailleurs, aux États-Unis, et ils se posent des questions :
Qu'est-ce qu'ils devront faire?
M. Lavallée (Hugo)
:
Est-ce que, la solution, ce n'est pas de former les travailleurs qui sont au
chômage ou qui sont sans emploi?
Mme Weil
: C'est ce
qu'on fait. C'est ce qu'on fait.
M.
Hamad
:
Absolument. Absolument. Vous avez entendu le programme d'adéquation emplois,
formation emplois, vous avez tous les programmes Emploi-Québec… nous faisons
actuellement, nous travaillons avec tous les partenaires, mais il faut
comprendre, au Québec, d'ici cinq ans, vous avez besoin de
725 000 emplois à combler au Québec. Donc… et on a un défi
démographique au Québec, mais temporairement on peut combler des postes en
attendant qu'on ait la main-d'oeuvre formée et pour répondre aux besoins du marché.
Mme Weil
: Bien, je
rajouterais ça : on est la seule province qui a une décroissance des
personnes en âge de travailler actuellement…
M.
Hamad
: 15-64 ans.
Mme Weil
: …alors que
le Canada, l'Ontario, les provinces de l'Ouest, les États-Unis, tout le monde
est en croissance, et ils ne tiennent pas compte de ce facteur-là. Quand les
entrepreneurs, les entreprises nous disent : On a essayé de chercher… Et
nous, on fait des avis sur le marché du travail. Le gouvernement du Canada nous
a toujours dit qu'on a géré ce programme avec rigueur. Ils ont toujours été
satisfaits que les entreprises ont fait tous les efforts pour chercher,
justement, les travailleurs québécois, mais actuellement il y a des pénuries
avérées.
M. Lavallée (Hugo)
:
Donc là, quelle est la solution? Vous avez des mots durs, vous parlez
d'intransigeance…
M.
Hamad
: C'est
s'adapter, s'adapter aux conditions du Québec, c'est-à-dire il y a quelques
formules, le formulaire qu'on demande, additionnel, l'information qu'on demande
additionnelle et évidemment enlever ces barrières-là, permettre aux entreprises
d'aller chercher cette main-d'oeuvre là.
Actuellement, le système marche au Québec.
On a 37 métiers où on a qualifié ces métiers-là, puis il y a un… on peut
dire : C'est automatique, on travaille, ces métiers-là sont reconnus, donc
l'employeur n'a pas besoin de faire un effort pour démontrer qu'il cherche une main-d'oeuvre.
Par contre, dans d'autres métiers, il y a
une obligation actuellement qui demande à l'employeur de faire un effort
pendant quatre semaines, la recherche à la main-d'oeuvre. S'il n'en trouve pas,
là, il peut faire appel. Alors, nous, nous…
Mme Weil
: Ça, ça
fonctionne bien, ça aussi.
M.
Hamad
: Ça
fonctionne bien, exactement. Et aujourd'hui c'est au nom de la Fédération des
chambres de commerce… vous l'avez vu dans les journaux aujourd'hui, les
entreprises du Québec, la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, Montréal
International…
Mme Weil
: Québec
International…
M.
Hamad
: Québec
International.
Mme Weil
:
…Manufacturiers et exportateurs du Québec.
M.
Hamad
:
Manufacturiers et exportateurs… Alors, tous ces organismes-là disent au fédéral :
S'il vous plaît, pourriez-vous tenir compte de l'état actuel du marché du
travail du Québec?
M. Lavallée (Hugo)
:
Mais, si le fédéral ne bouge pas, là, à part dénoncer…
Mme Weil
: Bien, c'est
du cas par cas. On va continuer à défendre ces entreprises auprès du gouvernement
fédéral pour justement avoir les réformes très sensées et raisonnables qu'on
demande, des ajustements très raisonnables qu'on demande.
M. Lavallée (Hugo)
:
Une dernière question, peut-être, M. Hamad, sur un autre sujet. Un collègue me
demande de vous questionner concernant la quarantaine de centres affiliés de l'association
québécoise des centres d'intervention qui risquent de fermer leurs portes… en
fait, les centres d'intervention en dépendance vont fermer leurs portes…
M.
Hamad
: O.K.,
oui, oui, toxicomanie, là.
M. Lavallée (Hugo)
:
…voilà. Est-ce que vous avez réalisé des études pour mesurer l'impact que ça
peut avoir en termes d'hospitalisation ou d'emprisonnement de ces gens-là?
M.
Hamad
: En
fait, là, d'abord, le règlement, il n'est pas en application, il commence
demain. S'il y a des gens qui disent aujourd'hui qu'ils ont des difficultés,
c'est sûr que ce n'est pas à cause de l'application de la réglementation parce
qu'elle n'est pas en vigueur aujourd'hui. Premièrement.
Deuxième élément, nous avons offert à
toutes ces organisations-là à plusieurs reprises, et nous continuons… c'est
qu'on a dit à chaque entreprise… à un organisme qui a des difficultés qu'il
ouvre ses livres, on va envoyer un spécialiste en gestion qui va analyser la
situation financière, il va regarder surtout l'impact de la réglementation sur
les finances de l'organisation, et, s'il y a une menace sur l'organisation, le
gouvernement, Emploi-Québec va donner un support financier.
M. Lavallée (Hugo)
:
Mais ça, c'est plus sur l'impact pour la santé publique. Est-ce que vous avez
mesuré cet impact-là?
M.
Hamad
: En
fait, l'impact, c'est que c'est… on n'a pas changé les durées, on n'a pas… on
ne demande pas de changer le traitement. Ce qu'on fait… sur l'argent alloué aux
personnes à l'aide sociale, ce qu'on fait, là, c'est un traitement équitable,
et l'équité entre quelqu'un, par exemple… reçoit le même traitement
actuellement en CHSLD… les mères en difficulté… est le même traitement qu'on
souhaite donner pour les gens en toxicomanie. Donc, c'est juste à ce niveau-là.
Alors, on ne veut pas changer les règles, on veut juste travailler sur l'équité
et amener un support financier aux organisations.
M. Lavallée (Hugo)
:
Donc, pas d'impact appréhendé, là, sur la santé publique…
M.
Hamad
: On ne
change pas le traitement, on ne change pas la durée. Ce qu'on change, c'est le
traitement financier pour les personnes pour être équitable avec tout le monde,
et on amène un support financier, si nécessaire, à l'organisation. Merci.
Mme Weil
: Merci.
(Fin à 9 h 54)