(Onze heures seize minutes)
Mme
Ouellet
:
Donc, aujourd'hui, sur le péage de l'autoroute… du pont de l'autoroute 25,
en fait, hier, le ministre des Transports, M. Poëti, a pris une décision
d'augmenter les tarifs par décret, d'augmenter de 26 % les tarifs pour
l'heure de pointe et d'augmenter même jusqu'à 24,18 $ l'aller-retour, pour
quelqu'un qui n'aurait pas de transpondeur, pour aller visiter, par exemple,
les grands-parents l'autre côté du pont.
On voit que, dans ce projet-là, c'est le projet
du pont de la 25 qui a été privatisé par PPP pour la construction, l'entretien
et pour l'opération, et on se rend compte que, dans ce projet-là, déjà le
projet a généré des profits importants, de plusieurs millions de dollars, pour
la compagnie par PPP, et là, avec une augmentation d'achalandage qui augmente
ses profits, ils viennent en plus réclamer une augmentation des tarifs. Donc,
c'est vraiment payant à deux niveaux, là : c'est payant par l'augmentation
du trafic puis c'est payant par l'augmentation du tarif.
Et ceux qui paient pour ça, ce sont des
utilisateurs du pont. C'est une aberration totale de voir cette augmentation de
tarifs là autorisée par le ministre des Transports sur le pont de la 25, et
moi, je pense qu'il faut réviser ces pratiques-là, parce que, lorsqu'on est en
train de se rendre compte qu'avec cette augmentation-là, c'est… si on continue
à augmenter comme ça les tarifs, on va juste augmenter les profits pour la
compagnie privée par PPP sur le dos des utilisateurs et, même pire que ça, on
va créer deux catégories d'infrastructures. Donc, une catégorie
d'infrastructure… parce qu'ils disent : Ah! Il ne faut pas qu'il y ait
trop de trafic sur la 25, ça fait qu'on va augmenter encore plus les tarifs.
Donc, une infrastructure pour ceux qui auront les moyens de se la payer, avec
une belle fluidité, puis des infrastructures avec du trafic pour la classe moyenne.
Ça n'a pas de bon sens. C'est une aberration complète.
Et là la question qu'on se pose… On en a,
un autre pont, là, qui s'en vient. Le contrat va être signé d'ici quelques
semaines. Le ministre des Transports, M. Poëti, nous l'a dit lors de la commission
parlementaire sur les décrets, nous l'a dit que, dans quelques semaines, le
contrat du fédéral va être signé. Est-ce qu'on va voir le même phénomène
intégré dans ce contrat-là? Et là, après ça, là, c'est urgent que le ministre
des Transports intervienne sur la question du pont Champlain pour qu'il ne
puisse pas se passer la même chose que sur le contrat qui a été signé par
l'équipe libérale de M. Charest à l'époque.
M. Gentile (Davide) : Hier,
M. Poëti a dit : «J'ai encore espoir qu'il n'y ait pas de péage.» Je
l'ai réécouté, c'est exactement ce qu'il a dit. Donc, vous, est-ce que vous
partagez son optimisme là-dessus?
Mme
Ouellet
:
Bien, en tout cas, on ne sent pas d'écoute, d'aucune espèce de façon, de la
part du gouvernement du Canada. Il a bien beau avoir de l'espoir, mais il ne
fait pas de grosses démarches. Au-delà de jaser, discuter, faire des coups de
téléphone puis d'écrire une lettre, on n'a pas vu aucune action auprès du gouvernement
fédéral pour mettre de la pression, et actuellement c'est la même réponse que
donne le ministre, M. Lebel, sur le péage. Donc, c'est le temps qu'on se
mobilise parce que le contrat va être signé, selon le ministre Lebel et
confirmé par M. Poëti, quelque part au mois de juillet.
Et, dans ces clauses de contrat là, c'est
là que va être gérée une bonne partie du péage, vraisemblablement, là.
M. Dutrisac (Robert)
:
Mme Ouellet, pour revenir, bon, je ne suis pas un expert dans ce PPP là du
pont de la 25, mais disons que M. Poëti dit que c'est une question de
respect de contrat. C'est un contrat qui semble justement jouer sur les
paramètres économiques et de tarifs pour réguler, en quelque sorte, le niveau
de fluidité sur le pont. C'est toute la patente qui est bâtie comme ça, d'après
ce que je peux comprendre?
Mme
Ouellet
: Écoutez,
j'ai sorti une partie des contrats, mais là je n'ai pas, là, l'entièreté, mais effectivement…
mais, si le contrat a été mal négocié, puis c'est un contrat qui est tout
croche, qui a été signé par le gouvernement libéral de M. Charest, bien,
ça appartient à M. Poëti de négocier des modifications à ce contrat-là,
parce que c'est une aberration complète que ces augmentations de tarifs là,
alors que c'est déjà payant pour le pont de la 25, là, c'est assez payant qu'il
y a une clause de partage avec le MTQ, que le MTQ touche déjà cette clause de
partage là. Et l'ensemble de ces sommes-là sont faites sur le dos des
utilisateurs du pont. Donc là, il y a un péage, c'est une chose, mais
l'augmentation de péage qui se rajoute, alors que c'est déjà payant, là, là,
c'est vraiment une aberration.
M. Dutrisac (Robert)
:
Mais est-ce que c'est vraiment pour que ce soit plus payant ou bien est-ce que
c'est vraiment pour faire autant de profit avec moins d'achalandage?
Mme
Ouellet
:
L'avenir nous le dira sur l'achalandage, mais c'est certain que, si le trafic
continue à augmenter et que le prix du péage augmente, ça va faire juste plus
de profits. Et, si c'est l'autre alternative, bien là, on est en train de créer
deux catégories d'infrastructures au Québec.
M. Dutrisac (Robert)
:
Donc, là-dessus, est-ce que ce n'est pas essentiellement ce principe-là qui
prévaut, le deux catégories d'infrastructures, comme la 410 en Ontario puis… Je
veux dire, ces PPP là avec péage puis les routes… ordinaires, donc, c'est ça…
Mme
Ouellet
: Oui,
mais là, quand le péage...
M. Dutrisac (Robert)
: C'est
ça, le principe, là, c'est de créer deux catégories : une pour les gens
plus fortunés ou disposés à payer, puis l'autre pour le reste.
Mme
Ouellet
:
Oui, mais quand la différence est que les péages font en sorte que le coût est
très élevé… comme je vous dis, 24,18 $ pour un aller-retour pour aller
visiter les grands-parents à Laval, ça n'a pas de bon sens, là.
M. Dutrisac (Robert)
: …
Mme
Ouellet
:
Ça, c'est sans transpondeur, puis 26 % additionnel sur le coût du péage
avec transpondeur. Donc, ceux qui prennent le transpondeur, ça veut dire qu'ils
utilisent le pont beaucoup plus régulièrement. Ça fait qu'au bout d'une semaine,
ça fait une augmentation importante, là. Donc...
M. Robitaille (Antoine)
:
M. Poëti, lui, y allait d'arguments environnementaux. Qu'est-ce que vous pensez
de cette argumentation? Parce que c'est...
Mme
Ouellet
: Ça
n'a pas rapport. Ça n'a pas rapport parce que, si on veut que les gens
utilisent le transport en commun, et j'en suis pour le transport en commun, il
faut investir en transport en commun et offrir le service. C'est ça qui va
faire la différence, là.
M. Robitaille (Antoine)
:
Ça peut être un incitatif quand même à aller... à prendre... avoir une
alternative, utiliser l'alternative.
Mme
Ouellet
: Si
on veut que le transport en commun soit utilisé, ça prend vraiment des services
de transport en commun, ça a été démontré. Lorsqu'il y a eu l'effondrement du
viaduc, ils ont augmenté le nombre de wagons sur le train par exemple vers
Saint-Jérôme. Ils ont augmenté le stationnement incitatif, et, tout de suite,
l'utilisation du transport en commun a augmenté. Pour que le transport en
commun soit plus utilisé, il faut offrir plus de services, il faut... et c'est
ça qui va faire la différence. Des coûts comme ça sur les ponts, si les gens
prennent leur auto… puis les différentes études l'ont démontré, même pour le
pont Champlain, ce que ça fait, c'est que ça déplace le trafic vers d'autres
ponts. C'est ça que ça donne. Si on veut augmenter le transport en commun, ce
qu'on fait, c'est qu'on offre plus de services sur le transport en commun.
Et dans le cas du transport en commun,
souvent, les gens disent : Ah! c'est la poule ou l'oeuf. Ce n'est pas
vrai. On offre le service, et les gens l'utilisent. C'est vraiment ça qui fait
la différence. Et donc, là, ça dépend d'une volonté politique, et, vous le
savez, le gouvernement du Parti québécois, on avait transféré 1 milliard
du routier vers le transport collectif. Donc, c'est une volonté que nous avions
de vraiment favoriser le transport collectif.
Mme Plante (Caroline)
: …what is your concern, exactly?
Mme
Ouellet
:
Actually, the concern is related to the toll of the 25 Highway with the bridge.
With the increase of the toll and with the increase of the traffic, it's
directly a double increase for the private PPP, and the problem of that is that
it's the users that will have to pay for it, and they will have to pay double
for it, and that's a problem because it's already profitable, and with the
increase of the toll, it will be the users that will just pay more for the same
service, exactly the same service. So that's a real problem. And with the time,
it will create two categories of infrastructures, of bridge : a bridge which
is very high fees, that will be available; and the other bridge, which will be
available for the middle class, which is not the way we want to develop the
Québec.
Mme Plante (Caroline)
:
Is this a done deal or there is still hope that the project will change, at the
least will change?
Mme
Ouellet
:
It seems that's how the contract was signed with the Government, with the
Liberal Government of Mr. Charest. But, when a contract is really nonsense, you
try to correct it, and I think that Mr. Poëti should try to correct it. Thanks.
(Fin à 11 h 25)