(Quinze heures trente-neuf minutes)
Mme
Charlebois
:
Tout d'abord, vous indiquer que je suis accompagnée de mon adjointe
parlementaire, la députée de Crémazie, Mme Marie Montpetit, qui est mandatée
dans les dossiers de prévention en santé publique, alors c'est tout à fait à l'ordre
du jour qu'elle soit avec moi puisque nous travaillons ces dossiers-là ensemble.
Et j'ai le goût de vous dire, d'entrée de jeu, que c'est un grand jour pour
toutes les Québécoises et tous les Québécois puisque, depuis mon entrée en
fonction, j'ai toujours affirmé que, parmi les dossiers prioritaires en santé
publique, j'accorde une place prépondérante à la lutte contre le tabagisme.
Depuis l'adoption de la Loi sur le tabac, des gains importants ont été réalisés
en matière de lutte contre le tabagisme. La dernière révision de la loi,
réalisée par notre actuel premier ministre, a entraîné d'importants changements
d'habitudes et de mentalités au sein de la population.
Même si nous avons fait des progrès, le
fait est que nous avons encore du chemin à faire. Il est donc devenu impératif
de procéder au renforcement de la loi. Je tiens à préciser que les mesures législatives
proposées aujourd'hui découlent notamment des recommandations émises par la
commission de santé et services sociaux dans un rapport publié en 2013. Au
Québec, chaque année, au moins 10 000 personnes meurent des suites des
maladies liées au tabagisme, sans parler qu'elles briment la qualité de vie, en
plus d'en réduire considérablement l'espérance. Les trois grandes priorités qui
ont orienté nos décisions concernent surtout la protection des jeunes, celle
des non-fumeurs et inciter les fumeurs à arrêter.
Permettez-moi de vous donner quelques
exemples précis. Dorénavant, il serait interdit à toute personne de fumer dans
un véhicule en présence d'un jeune de moins de 16 ans. Le projet de loi prévoit
que la cigarette électronique serait assujettie à la même réglementation que la
cigarette traditionnelle, ce qui entraînera l'interdiction de son usage dans
les lieux publics, l'interdiction de sa vente aux personnes mineures, de même
que les limites à la promotion de ces produits. Aussi, en réponse aux nouvelles
réalités du tabagisme, le projet de loi prévoit également une interdiction des
saveurs et des arômes dans les produits du tabac, à l'exception de la cigarette
électronique. Finalement, pour protéger la population, particulièrement les
enfants, des risques de la fumée de tabac dans l'environnement, le projet de
loi propose de nouvelles mesures interdisant de fumer sur les terrasses et
aires extérieures exploitées dans le cadre d'activités commerciales, par
exemple les restaurants et les bars, dans un rayon de neuf mètres de toute
porte communiquant avec un lieu fermé où il est interdit de fumer, à
l'exception des véhicules, des immeubles d'habitation et des résidences privées
pour aînés.
Voilà pour les grandes lignes du projet de
loi. Je crois que ce que nous proposons aujourd'hui, ce sont des mesures de
contrôle et de prévention qui réduiraient l'initiation aux produits du tabac et
qui diminueraient leur consommation. Le projet de loi permettra au Québec de
reprendre sa place comme leader dans la lutte au tabagisme. Je crois que tous
les parlementaires partagent une volonté commune soit celle d'assurer un avenir
sans tabac pour tous les Québécois. C'est pourquoi j'espère leur collaboration
pour qu'ensemble nous fassions avancer le Québec dans sa lutte au tabagisme.
D'ailleurs, comme le premier ministre l'a mentionné, nous tenons à être à
l'écoute de tous. C'est pour cette raison que nous accorderons le temps
nécessaire aux consultations parlementaires. Ensemble, nous en sortirons toutes
et tous gagnants. Je vous remercie de votre attention. Je suis prête à répondre
à vos questions.
Le Modérateur
: Alors,
on va procéder de la façon habituelle. Je reconnais Martin Ouellet.
M. Ouellet (Martin)
:
Oui, bonjour, mesdames. Mme la ministre, ma question porte sur la cigarette électronique.
Je voudrais savoir sur quelles bases avez-vous décidé d'interdire ou
d'assimiler, si vous voulez, la cigarette électronique aux produits
traditionnels du tabac? Est-ce qu'il y a une base de santé publique là-dedans,
ou on est uniquement dans l'idéologie, là?
Mme
Charlebois
:
Je vous dirai qu'en fait le phénomène de la cigarette électronique est sur le
marché depuis assez récemment. Alors, les études scientifiques ne nous
permettent pas de conclure expressément au danger, sauf que, quand on n'a pas
d'étude concluante, en santé publique, il y a un principe de précaution qui est
évoqué.
Alors, c'est dans ce sens-là… Et je vous
dirai davantage… qu'il y a aussi des études qui commencent à sortir, nous
disant que… soyons en précaution. Et ce qu'on ne veut surtout pas, c'est faire
en sorte que le geste de porter une cigarette à sa bouche, qu'elle soit
électronique ou pas, renormalise le fait de fumer. Je vous l'ai dit d'entrée de
jeu, dans le projet de loi, ce qu'on préconise, c'est protéger les jeunes,
réduire l'initiation au tabagisme. Alors, c'est tout ça. Puis ceux qui ont
arrêté, évidemment, comme moi, faire en sorte qu'ils n'aient pas le goût de
recommencer parce qu'ils voient des gens…
M. Ouellet (Martin)
: …santé
là-dedans, là. On comprend que c'est un message social.
Mme
Charlebois
:
Oui, oui. Oui, il y a de la santé parce que les études… quand on n'a pas les
études qui nous démontrent des faits hors de tout doute, on incite à la
précaution en santé publique. Et il commence à y avoir des études qui disent
qu'il y a d'autres choses que de la vapeur d'eau dans l'air. Mais, ceci étant…
M. Ouellet (Martin)
:
Vous ne le savez pas, c'est ça?
Mme
Charlebois
:
Bien, il y a des scientifiques qui disent ça. Moi, je ne suis pas scientifique,
vous avez tout à fait raison, mais il y a des scientifiques qui disent que non,
mais il y en a d'autres qui disent que oui.
Alors, ce qu'on fait… On n'interdit pas la
cigarette électronique, on l'encadre. Moi, je ne veux pas interdire aux gens
qui se servent de cet outil-là pour arrêter de fumer, de ne pas s'en prévaloir.
Ce que je dis, c'est : Fumez aux endroits où il est permis de fumer, comme
la cigarette.
M. Ouellet (Martin)
:
Merci.
Le Modérateur
: Robert
Dutrisac.
M. Dutrisac (Robert)
:
Oui. Concernant le neuf mètres, là, la distance de neuf mètres, donc
c'est… Ça, ça s'applique à tout édifice public?
Mme
Charlebois
:
Oui, tout à fait.
M. Dutrisac (Robert)
:
Magasins?
Mme
Charlebois
:
Oui.
M. Dutrisac (Robert)
:
Donc, ça veut dire que, sur la rue Sainte-Catherine à Montréal, il va falloir
fumer dans le milieu de la rue, c'est ça?
Mme
Charlebois
:
C'est une bonne question.
M. Dutrisac (Robert)
:
Bien, c'est ce que vous dites, oui.
Mme
Charlebois
:
Parce que je l'ai posée, moi aussi, cette question-là, au tout début, et je
vous dirai que... puis on n'a pas besoin d'aller… Il y a la rue
Sainte-Catherine, mais il y a Grande Allée ici, à Québec, qui a la même problématique,
puis je me suis dit que ça serait plus dangereux de voir les gens dans le
milieu de la rue fumer que de les voir sur le trottoir.
Alors, on a questionné cette disposition-là,
et, effectivement, c'est neuf mètres de la porte sur le terrain de l'établissement.
Or, si le terrain de l'établissement est arrêté, bien, si vous êtes sur le
trottoir avant neuf mètres, bien, vous n'êtes plus sur le terrain de l'établissement,
donc vous pourrez fumer sur le trottoir. Est-ce que ça répond à votre question?
M. Dutrisac (Robert)
: O.K.
C'est le terrain de l'établissement.
Mme
Charlebois
:
Exact.
M. Dutrisac (Robert)
:
D'une façon générale et surtout par rapport à cigarette électronique, vous
évoquez le principe de précaution, mais il y a un principe qui est cher au Parti
libéral, qui fait partie des valeurs fondamentales du Parti libéral, c'est la
défense des libertés individuelles. Pourquoi cet accroc aux libertés
individuelles qui pourtant sont une des valeurs fondatrices du Parti libéral?
Mme
Charlebois
:
Premièrement, on encadre, on n'interdit pas. Alors, il y a toujours une liberté
de pouvoir acquérir et utiliser ce produit-là.
M. Dutrisac (Robert)
:
...
Mme
Charlebois
:
Oui, mais la liberté de fumer ne prévaut pas… la liberté de fumer ne prévaut
pas sur la liberté de ne pas fumer. Et moi, ce que je... ce qui est important
de protéger, ce sont les jeunes. Je vous ramène toujours aux jeunes. Ce qu'on
veut, c'est réduire la prévalence au tabac et empêcher les jeunes de commencer
à fumer. Alors, moi, comme grand-mère, là, je ne veux pas voir mes
petits-enfants exposés à ça parce que ça va peut-être déterminer... Puis on
sait que les jeunes sont attirés vers ces produits-là autant que les produits à
saveur. Alors, c'est là où on va, et ça, ça peut devenir un phénomène qui fait
en sorte que les jeunes commencent avec ça.
Puis, vous savez, il y a toutes sortes de
cigarettes électroniques, hein? Il faut que je vous rappelle ça. Il y a des
cigarettes électroniques qui sont plus dispendieuses, auxquelles on met les
produits dedans, mais il y en a d'autres qui sont vendus, là, au coût, je ne
dirai pas... bien, je vais vous le dire, 10 $, puis c'est des belles
petites cigarettes qui sont accrocheuses pour des adolescents, et il faut
encadrer ça absolument. Mais là, honnêtement, toutes les cigarettes
électroniques vont être assujetties au même encadrement.
M. Dutrisac (Robert)
:
Sur le plan des taxes, il n'y a pas de taxe spéciale que vous appliquez?
Mme
Charlebois
:
Non, non. Taxe de vente du détail comme tous les autres produits au Québec,
mais pas la taxe sur le tabac. Alors, vous voyez qu'il y a une distinction.
Moi, je ne veux pas empêcher les gens d'utiliser ce produit-là si ceux qui s'en
servent, c'est pour arrêter de fumer. D'ailleurs, beaucoup, beaucoup de
boutiques, c'est ce qu'elles nous disent. Beaucoup de gens qui vendent ces
produits-là, ce qu'ils disent, c'est que ça aide à des gens d'arrêter de fumer.
Alors donc, leur marché est là.
Le Modérateur
: Véronique
Prince.
Mme Prince (Véronique)
:
Oui. Je voudrais juste savoir, là, vous avez des consultations à faire, tout
ça, mais vous pensez que ça va être en vigueur à partir de quand?
Mme
Charlebois
:
Bien, on va laisser le processus législatif suivre son cours. Il y aura d'abord
des consultations, on va voir les discussions qu'il y aura entre le leader du
gouvernement et le leader des oppositions pour voir combien de groupes puis
quels seront les groupes...
Mme Prince (Véronique)
:
...l'objectif, mettons?
Mme
Charlebois
:
C'est difficile d'établir ça à ce moment ici, c'est… dès qu'on pourra, là, mais
on va faire les consultations, ensuite il y aura tout le processus législatif,
l'article par article... d'abord adopter le principe, l'article par article,
ensuite... vous savez aussi bien que moi c'est difficile d'établir des
échéanciers.
Mme Prince (Véronique)
:
Mais d'ici la fin de l'année, c'est logique.
Mme
Charlebois
:
Je ne peux pas répondre à cette question-là. J'aimerais ça vous dire oui, mais
c'est impossible pour moi.
Mme Prince (Véronique)
:
O.K. On a parlé entre autres à des tenanciers de bars, à des fumeurs aussi,
puis l'argument qu'ils donnent, qui est sûrement un argument que vous avez déjà
entendu, c'est : À ce moment-là, pourquoi ne pas complètement bannir la
cigarette plutôt qu'à chaque fois restreindre davantage, davantage, puisque, de
toute manière, on a l'air de s'en aller vers ça?
Mme
Charlebois
:
Là, vous me demandez, c'est pourquoi ne pas bannir complètement la cigarette?
Bien, je ne pense pas que, les tenanciers de bars, c'est ça qu'ils veulent
honnêtement, parce qu'il y a de leur clientèle, même s'ils vont fumer sur le
trottoir, ils vont fumer quand même. Mais non, on n'a pas l'intention de bannir
la cigarette complètement. Ce qu'on espère, c'est réduire le taux de prévalence
et qu'éventuellement la population ne consomme plus de cigarettes, mais bannir,
à ce moment-ci, les produits du tabac complètement, ça va ouvrir la porte à
bien d'autres choses. Alors, je pense que, pour ceux qui veulent fumer, s'ils
veulent s'acheter des cigarettes, qu'ils puissent s'en acheter, mais il y a un
encadrement à respecter, au Québec, concernant ce qui est déjà là comme loi,
puis, si on adopte cette loi qui ira...
Je vous rappelle, ce que je veux dire aux
gens, il y aura une consultation. On va entendre les commentaires des gens. En
fonction de ce qui aura été donné comme commentaires, nous verrons si ça
nécessite des amendements plus ou moins volumineux, puis, en fonction de ça,
bien, on verra comment on va adopter ce projet de loi là, mais ce qu'on
souhaite, là, c'est qu'ultimement on se ramasse avec un Québec sans fumée.
Mme Prince (Véronique)
:
Une dernière question. Comment pensez-vous que l'industrie va réagir? Dans le
fond, vous leur dites : Arrêtez de produire des produits aromatisés. Ici,
vous ne pourrez juste plus en vendre.
Mme
Charlebois
:
Bien, je ne m'attends pas à ce qu'ils sautent de joie, mais honnêtement, moi,
mon rôle, comme ministre déléguée à la Santé publique, c'est certainement de
protéger la population.
Vous savez, Mme Prince, j'ai même le goût
de vous ramener à un fait personnel, j'ai vu mon père mourir d'un cancer du
poumon. C'est assez difficile pour toutes les familles qui vivent ça. Il y a un
coût économique, il y a coût social puis il y a coût humain, et quand, moi,
j'ai dû accompagner mon père à travers ce cheminement-là, je vous confierai,
là, que je n'ai pas été très productive dans cet espace-là de ma vie.
Alors, pourquoi on fait ça? C'est justement
pour protéger la population. C'est tout ce qui m'anime puis c'est tout ce qui
anime aussi la députée de Crémazie.
Le Modérateur
: Denis
Lessard.
M. Lessard (Denis)
:
Question : Sur le neuf mètres, vous avez l'air à avoir une exception pour
les CHSLD privés. Comment ça fonctionne? On dit qu'il y a une hésitation
là-dessus.
51 1017 MmeCharlebois: En fait, non, il y a neuf mètres partout, mais
ils peuvent aussi se prévaloir d'un droit de se faire des petits... des fumoirs
en quelque sorte, là, je n'ai pas le... des abris où il y aura des possibilités
de fumer. Mais, vous savez, comme dans les CHSLD, c'est déjà là, dans la loi,
hein, qu'il y ait un pourcentage de chambres qui peuvent être autorisées. C'est
40 % des chambres qui peuvent être autorisées fumeur. Alors, il n'y a pas
de changement à ce niveau-là, là, pour les CHSLD, privés ou publics.
M. Lessard (Denis)
:
Est-ce qu'on comprend qu'à la porte 6, là, l'attroupement de fumeurs, il ne
sera plus légal, il n'aura plus sa raison d'être?
Mme
Charlebois
:
Ça va sentir bon, M. Lessard, à la porte 6, quand on va avoir adopté le projet
de loi. Je m'engage à mettre même du pouche-pouche.
M. Lessard (Denis)
:
Parce que neuf mètres de la… sur le terrain, tout ça… C'est ce que je
comprends?
Mme
Charlebois
:
Ça va être neuf mètres aussi à la porte 6.
M. Lessard (Denis)
:
Vous assimiliez la cigarette électronique à la cigarette normale sous tous les
aspects, sauf pour les saveurs. Pourquoi? C'est quoi la logique, derrière ça?
Mme
Charlebois
:
Parce que ce qu'on m'a indiqué, c'est que les personnes qui utilisent ce produit-là
pour arrêter de fumer, c'est notamment un des produits qu'ils utilisent avec la
nicotine pour en venir à éliminer graduellement la nicotine puis avoir juste ça
à la fin. Alors moi, je ne veux pas enlever la possibilité aux gens d'utiliser
cet équipement-là, ce matériel-là pour arrêter de fumer. Ceci étant, je veux
vous indiquer qu'il y a, par voie de règlement, une possibilité d'ajouter la
cigarette électronique si on s'aperçoit que ça devient une problématique
importante au Québec et que ça nous empêche d'arriver à une baisse du
tabagisme. Il y aura toujours possibilité, par voie réglementaire, d'interdire
les saveurs.
M. Lessard (Denis)
: Si
c'est proche de la cigarette autant que la loi le laisse entendre, est-ce que
ça va devenir taxable éventuellement, au même titre que les droits du tabac?
Mme
Charlebois
:
Ce n'est pas dans nos intentions actuellement. Nos intentions, c'est de
permettre l'utilisation de la cigarette électronique pour les personnes qui
veulent en utiliser, notamment ceux qui veulent arrêter de fumer. Et même ceux
qui ne veulent pas arrêter de fumer, ils ont le droit, sauf que moyennant
l'encadrement, au même titre que la cigarette.
M. Lessard (Denis)
:
L'industrie tenait à préserver — je ne connais pas ça — mais
le menthol, puis là ils soutiennent que ça va favoriser la contrebande qui,
elle, continue de pouvoir produire ce produit-là, là, cette… Est-ce que… Il y a
eu une hésitation par rapport à isoler le menthol. Je pense que l'Ontario
interdit tout sauf le menthol, est-ce que c'est possible?
Mme
Charlebois
:
Bien, en fait, l'Ontario, ce qu'ils disent, c'est qu'ils ont donné une petite
période de temps tampon pour mettre en application le menthol, mais je vous
dirais que l'ensemble des juridictions tendent à enlever le menthol. Pour ce
qui nous concerne nous, moi, je reviens toujours à la base, pourquoi est-ce qu'on
a conçu ce projet de loi là, c'est pour protéger les jeunes. On sait que
statistiquement parlant — j'ai les chiffres dans mes documents, mais
je pourrai vous les donner plus tard — statistiquement parlant, les
jeunes fument plus la cigarette mentholée que n'importe quelle autre cigarette.
C'est toujours les saveurs qui les allument.
Alors, nous autres, ce qu'on veut c'est
protéger la santé des jeunes. Donc, c'est pour ça que le menthol va être
interdit. Est-ce que ça va augmenter la contrebande? Moi, je ne croirais pas
parce que les jeunes ont plutôt tendance à faire l'acquisition de produits
légaux. Ceci étant, nous avons investi davantage dans la contrebande, et je
peux vous dire qu'il y a déjà des résultats très probants sur la contrebande
qui a diminué de moitié, là, dans les dernières années.
M. Lessard (Denis)
: Je
termine avec ça. Depuis 2010, je pense, il n'y a pas eu de progrès dans le
recul du tabagisme. C'est comme… ça a a piétiné ou marqué le pas. Est-ce vous
attribuez ça au fait qu'il n'y a pas eu… en 2010, il y a eu une réforme qui
visait plus les tribunaux que les consommateurs, il faut remonter à 2005, M.
Couillard, pour…
Mme
Charlebois
:
J'étais là. C'est là que j'ai arrêté de fumer.
M. Lessard (Denis)
: D'accord.
Mais est-ce c'est parce que le gouvernement n'avait pas agi depuis 10 ans qu'il
y a une sorte de piétinement, là, dans l'utilisation du tabac?
Mme
Charlebois
:
Je vous dirais, moi, que c'est plutôt le développement de nouveaux produits, notamment
toutes les belles petites cigarettes. Il y a une diversité de paquets
ultramodernes et avec saveurs qui incitent les jeunes au tabagisme. C'est ça
qu'on vise dans le projet de loi, interdire tout ça, les saveurs, etc. C'est ça
qui fait… les jeunes ont fumé davantage à cause de ces produits-là. Si on
réduit l'accès à ça parce que, pour ceux qui ont arrêté, il y en a d'autres qui
ont commencé à cause des produits avec saveurs, menthol, etc., alors…
M. Lessard (Denis)
:
Est-ce que vous vous intervenez sur l'empaquetage, ou le paquet drabe, là,
ou...
Mme
Charlebois
:
Pas comme dans la mouture qui s'est présentée, mais on veut entendre en consultation…
Honnêtement, moi, je pense que c'est plus au fédéral de faire un paquet unique
à travers le Canada. Cependant, ce que nous pourrions faire au Québec, c'est peut-être
au niveau de la vignette dans le bas du paquet, là, danger, usage de ce
produit, etc. Si on standardisait ça, peut-être qu'on pourrait normaliser un
paquet sans le normaliser, vous comprenez?
Alors, je sais que le gouvernement fédéral
a l'intention de légiférer éventuellement, dans un avenir même assez rapproché,
à ce qu'on m'a dit, sur cette question-là. Alors, je leur laisserais légiférer
sur cette partie-là.
M. Lacroix (Louis)
: Je
vais risquer une question, Mme Charlebois. Vous avez parlé de coûts, de coûts
sociaux tout à l'heure liés au tabagisme, vous avez parlé de 10 000
personnes qui meurent chaque année de maladies liées… Est-ce que vous êtes
capable d'évaluer les coûts directs liés au tabagisme?
Mme
Charlebois
:
1,6 milliard. Chaque point de réduction de tabagisme, c'est
114 millions dans les coffres de l'État, mais là n'est pas… ce qu'on
envisage, en fait… là, on est à à peu près 22 % de taux de prévalence au
tabac, on souhaite arriver à 16 % en dedans de cinq ans, mais ce que je
veux vous dire, ce n'est pas tant l'argent qui nous anime… Oui, oui, il y a une
importance capitale avec l'argent, mais il n'y a pas que ça. C'est l'humain,
c'est les enfants, c'est protéger la santé des non-fumeurs et des jeunes
enfants que nous avons au Québec, qui est notre avenir.
M. Lacroix (Louis)
:
Une autre question que j'avais, c'est : Pour ce qui est du neuf mètres, là,
qui est chargé de faire respecter ce neuf mètres-là? Il n'y a pas des polices
de la cigarette qui vont se promener dans les villes, là, puis qui vont faire
appliquer le neuf mètres avec un galon. Comment ça va marcher?
Mme
Charlebois
:
Bien, il y a déjà un affichage qui est là puis il y a déjà… Les gens sont… Tu
sais, les Québécois, c'est des personnes responsables, hein? Et actuellement il
y a déjà, pour une bonne partie du neuf mètres qui est déjà respectée. Alors, s'il
y a plainte, les inspecteurs vont se rendre sur place puis vont devoir faire
respecter ça, mais moi, je ne vois pas de problème à ça parce que, comme je
vous dis, l'ensemble des Québécois sont déjà très respectueux de… Quand on parle
de tabac, les gens savent très bien qu'il y a quelque chose qui… il y a un
malaise, il y a quelque chose qui n'est pas santé, puis c'est très respecté en
ce moment. Je ne vois pas pourquoi, là, tout d'un coup…
Il y a un gros changement de mentalité qui
s'est opéré au Québec, et ce qu'on souhaite, c'est que ça continue.
Le Modérateur
: Julie
Dufresne.
Mme Dufresne (Julie)
: Justement,
le projet de loi est très ambitieux sur le neuf mètres, mais sur l'ensemble de
l'oeuvre, mais, dans un contexte d'équilibre budgétaire, est-ce que vous allez
avoir les moyens de votre ambition, c'est-à-dire est-ce que vous allez pouvoir
avoir des inspecteurs supplémentaires? Est-ce que vous allez être en mesure
d'encadrer les règles que vous voulez mettre en place?
Mme
Charlebois
:
C'est sûr qu'on va avoir les moyens de nos ambitions et c'est certain que nos
inspecteurs vont être sur le terrain. J'ai le goût de vous dire : Les
dépanneurs qui sont déjà là, les établissements qui sont déjà là, les
établissements de santé et tout autre établissement… Nos inspecteurs sont déjà
sur place, alors les nouvelles dispositions qui arrivent, quand ils sont déjà
là, ce n'est pas une coche de plus qui va faire qu'ils ne seront pas capables
d'accomplir leur travail.
Alors, oui, on va être capables de
réaliser nos ambitions. Et moi, je compte beaucoup sur la collaboration des Québécois,
mais je vous ramène au principe, on va consulter.
Mme Dufresne (Julie)
: O.K.
Donc, il n'y aura pas d'inspecteurs supplémentaires?
Mme
Charlebois
:
On a déjà suffisamment d'inspecteurs sur le terrain pour faire le travail.
Journaliste
: Combien?
Mme
Charlebois
:
Je n'ai pas le chiffre actuellement, mais je peux vous le fournir.
Mme Dufresne (Julie)
: Est-ce
qu'au sein du caucus… le ministre de la Santé lui-même avait dit qu'il était
plutôt favorable à la cigarette électronique parce que ça empêchait, justement,
des gens de continuer à fumer le tabac traditionnel. Ça n'a pas dû être évident
à vendre, ce projet de loi là.
Mme
Charlebois
:
Honnêtement, j'ai lu, tout comme vous, les propos dans le journal en fin de
semaine. Je n'ai pas senti ce que j'ai lu. Tous les députés du caucus adhèrent,
parce que, sans ça, il ne serait pas déposé, le projet de loi, et je n'irai pas
plus loin que ça, parce que les discussions de caucus, c'est des discussions de
caucus, alors c'est à huis clos.
Mme Dufresne (Julie)
:
Il n'y a pas de réserve? Il n'y aura… Tout le monde va se rallier, à votre
avis?
Mme
Charlebois
:
Il ne serait pas déposé s'il n'y avait pas consensus.
Mme Dufresne (Julie)
:
Si vous me permettez, dans le projet de loi, il y a une période de transition
qui est accordée pour la distribution, entre autres, du tabac aromatisé et la
vente de six mois et neuf mois après la sanction de la loi. C'est à peu près la
seule…
Mme
Charlebois
:
Période tampon, vous voulez dire?
Mme Dufresne (Julie)
:
…période tampon, exactement, qui va être accordée. Pour le reste, tout va être
en vigueur…
Mme
Charlebois
:
Tout à fait. C'est juste pour ne pas pénaliser les commerçants, leur laisser,
autant aux fabricants qu'aux commerçants, leur laisser écouler leurs
inventaires. Pour le fabricant, c'est trois mois; pour le détaillant, c'est six
mois, quoique six mois après, je ne suis pas sûre que j'achèterais du tabac,
moi, là, mais en tout cas, je laisserai ça aux fumeurs, le choix…
Le Modérateur
: Juste
une dernière question peut-être en français.
M. Lacroix (Louis)
:
Mais c'est juste pour préciser quelque chose. On parlait du menthol tantôt qui
serait interdit, cette saveur-là. Cette saveur serait interdite. Est-ce que c'est…
vous parlez aussi… Est-ce que ça comprend les petits cigarillos, là, aux
cerises, puis aux bleuets, puis… O.K.
Mme
Charlebois
:
Tout ça. Tout ce qui est tabac aromatisé.
M. Lacroix (Louis)
: O.K.
Et ça, donc, ça va être interdit à partir de la sanction de la loi. C'est ça?
Mme
Charlebois
:
Exact.
M. Lacroix (Louis)
: O.K.
Mais il y a un gros marché pour ça?
Mme
Charlebois
:
C'est toujours chez les jeunes que ça touche le plus. Malheureusement, c'est ce
qui incite les jeunes à commencer à fumer, puis le menthol, c'est le pire
produit parce qu'on s'est rendu compte que les jeunes fument le double de
cigarettes et ils continuent de fumer. Ceux qui commencent à fumer continuent
de fumer avec le menthol. Alors, c'est là où on ne veut pas que ça se produise,
malheureusement.
Le Modérateur
: On va passer
aux questions en anglais avec Caroline Plante.
Mme Plante (Caroline)
: Mrs. Charlebois, the law was changed in 2005. Why are
you changing it again 10 years later?
Mme
Charlebois
:
Well, because there is some new products, and we've got to adjust to the new
products because, you know, there is some more flavors, there is a new product
that is called electronic… e-cigarette. So we've got to make sure that… in
French, we say «encadrer». I don't know how to say it in English.
Une voix
:
Regulate.
Mme
Charlebois
:
Regulate all those products and for the protection of youth people. And those
people that are not smoking, we've got to do something about it, because, you
know, since a few years, the… prévalence, comment on dit ça?
Une voix
:
Prevalence.
Mme
Charlebois
:
Prevalence of smoking is about 22% and it's stable over there. So we want to
make some changes just to make sure that we're going to get to 16% and we want
to be the leaders around Canada and around the world. Why don't we expect more
about less prevalence of tobacco for people? But we want to protect young
people, people that doesn't smoke. And, if we can manage that they don't start,
it's going to be beautiful.
Mme Plante (Caroline)
:
What are you basing yourself on? What kind of studies are you basing yourself
on?
Mme
Charlebois
:
Well, there is a lot of studies from the ministry, but around the world, a lot
of… We know that tobacco is the worst product that you can take, you know,
because… I saw my father die of a lung cancer because he was smoking too much.
I don't have to explain to you how horrible it was. So, for people… there are
10,000 people that are dying every year about cancer from smoking. So we've got
to do something.
Mme Plante (Caroline)
:Do you consider that there's a large social consensus
around tightening these smoking laws?
Mme
Charlebois
: From what I hear, yes, but we're going to consult a lot in a
parliamentary commission and
we're going to hear what everybody has got to say. All leaders, leaders from
the Government and the Opposition, are going to have some discussion to whom
we're going to hear, and after that, after the consultation, we'll go by, and do the adjustments that we need to do, and we're
going to adopt the product at the end.
Sorry, my English is not
coming fluently today.
Le Modérateur
:
Max Harrold et ensuite Angelica Montgomery.
M. Harrold (Max) : Could you talk a little bit about young people and how your bill
tries to address the issues that are specific to young people, young smokers?
Mme
Charlebois
: Yes, because, like you're telling me, we want to protect all the
public, not only young people, but especially young people, because there are
some new products that are sold and… like tobacco with flavors and all those
things that make the young people… it's an attractive product for the young
people, you know, and they start smoking with those things, and the menthol — is it the way to say it in
English? — is a product that they like a lot
and, as we know, they smoke more with menthol products and they don't quit smoking
as the others would because they have some menthol. So we've got to protect
them to start smoking with those products because, if there are not those
products, they're not interested by tobacco.
M. Harrold (Max) : And I guess I want… I tried to understand in French what the nine
meter rule is, how it applies in the context of, I guess, any closed door under
the law. So can you explain it to me? Are we talking about all establishments
that's…
Mme
Charlebois
: Yes.It's going to
be nine meters from the door, but like it was asked to me, like for a
restaurant that… like on Saint-Denis or here, on Grande Allée, it's nine meters
from the door on the «terrain»…
M. Harrold (Max) : The property.
Mme
Charlebois
: …the property of the restaurant or something like that, but, if the
property is less than nine meters, like on Grande Allée, you can smoke on the
«trottoir».
M. Harrold (Max) : But if you're smoking on the sidewalk right next to the terrace…
Mme
Charlebois
: Sidewalk.
M. Harrold (Max) : What if you're…
Mme
Charlebois
: It's not a problem because you're not on the property of the
restaurant.
M. Harrold (Max) : But you're smoking right next to people on the terrace. OK.
Mme
Charlebois
: Well, I cannot ask them to go on the road, you know? There's a
limit of what we can ask. I don't want them to get killed in the road. It was a
joke.
Mme Montgomery
(Angelica)
: Mrs. Charlebois, I'm
skeptic about... you answered this question, but what
are the laws that are going to be imposed on e-cigarettes now? What is the
impact on e-cigarettes that…
Mme
Charlebois
:
Well, they're going to be imposed about the same rules as regular tobacco,
except for the flavors and the taxes. Because there won't be any tobacco taxes
and, for the flavors, they're going to be able to keep them because I know
there are some people that are stopping smoking with those products. But we
managed to have a way in regulation — dans la réglementation — that
we can… if we see that it's becoming a problem, we're going to make sure that,
by reglementation, that we can stop the flavor, you know. But, for now, we're
not expecting to go there.
Mme Montgomery
(Angelica)
: OK. So, just to be specific, we're talking about
no e-cigarette in public. Can you explain exactly what we can do now with it?
Mme
Charlebois
:
Well, you won't be able to smoke as when you smoke a real cigarette. You won't
be able to smoke inside a building like here, in restaurants and everything.
You're going to have to be nine meters from the door, you're going to have to…
All the laws that are there for the regular cigarettes, you're going to have to
respect that.
Mme Montgomery
(Angelica)
: And can you tell me, when it comes to the banning
of all flavored tobacco, would this also mean that we're banning «shisha»,
like, you would not be able to…
Mme
Charlebois
:
You mean, smoke «shisha»?
Mme Montgomery
(Angelica)
: Yes, exactly, because a lot of the… like the
tobacco that is smoked in «shisha», it's all flavored.
Mme
Charlebois
:
Yes, there are some boutiques that are promoting those things. It's going to be
under the same rule as e-cigarettes, but, for where you can smoke «shisha»,
you're going to have a privilege… those who are open now, you know, you can go
and have some… But it's the same rule for «shishas» than cigarette and
e-cigarette, except for the one that has a privilege.
Mme Montgomery
(Angelica)
: And the flavor… you can sell the flavored tobacco
if it's «shisha»?
Mme
Charlebois
:
Well, I would have to check, but I think… Où est-ce qu'il est, M. Horacio?
No flavor? No flavor. You almost got me.
Mme Montgomery
(Angelica)
: OK, so the «shisha» can exist, but you can't have
flavors in it?
Mme
Charlebois
:
No.
Mme Montgomery
(Angelica)
: OK.
M. Harrold (Max) :
…about e-cigs. There's a lot of e-cigs stores right now. Does that affect them
at all? They just can't sell to minors, right?
Mme
Charlebois
:
That's right.
M. Harrold (Max) :
No other changes?
Mme
Charlebois
:
They won't be able to sell to minors, and the publicity is going to be… You
know, you cannot see the product in front of your face.
M. Harrold (Max) :
But they're called e-cigs, e-cigarettes. That doesn't change?
Mme
Charlebois
:
Yes, but that's their name. And the people that go there… just want to remind
you that most of the people that go there want to stop smoking. They want to
quit smoking, so they know what they are getting at and they know what they
want to buy. Like when you buy some cigarettes at the «dépanneur», you know. You
can buy some cigarettes, but you cannot smoke everywhere you want. There are
some rules. It's going to be the same thing for the e-cigarettes.
Mme Montgomery
(Angelica)
: …see the e-cigarettes when you go into the e-cigarette
store, you wouldn't be able to see it, you'd have to ask.
Mme
Charlebois
:
Well, not from the outside, but you know what, there's some… We're going to
have some consultation on that, but you're not able to see it, but you're able
to see it when you're in the store because if you go to buy, you've got to see.
And there's some… A doctor told me that there's some way to coach people that
want to quit smoking with those things, to let them know how to use it. So
they're going to have to try it and say : You've got to smoke like that,
you've got to put the product like that and everything. So, if they want to
quit smoking, they're going to have some instructions. That's the way that those
boutiques are going, you know. They're selling but with instructions. Thank
you.
(Fin à 16 h 10)