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Point de presse de M. Jean-François Lisée, porte-parole de l'opposition officielle en matière de services sociaux, de protection de la jeunesse, de soins à domicile et de prévention

Version finale

Wednesday, May 6, 2015, 9 h 28

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Neuf heures vingt-huit minutes)

M. Lisée : Alors, bonjour. Ce matin, je voudrais intervenir comme porte-parole des services sociaux, de la prévention… tabagisme aussi, pour ceux qui ne savaient pas, ça fait partie de mes dossiers qui m'intéressent beaucoup.

Et là on est contents du projet de loi qui a été déposé hier. Ça faisait un certain temps qu'on le demandait au gouvernement. Nous avions déjà, au sein du Parti québécois, lors du gouvernement Marois, commencé à préparer une législation à cet effet. Plusieurs des propositions qui sont faites nous conviennent. Je pense, c'est le temps de mettre à jour la législation québécoise qui, à l'époque où Jean Rochon avait fait la première législation, en 1998, était à l'avant-garde. On avait pris du retard, et maintenant il ne faut pas manquer le coche.

Alors, manquer le coche, c'est établir les nouvelles balises de façon correcte. Et il nous semble qu'il y a deux omissions importantes dans ce projet de loi, et donc je vous annonce que nous allons déposer des amendements pour faire en sorte de combler ces lacunes.

La première, c'est sur l'emballage neutre. Il n'y a rien, dans le projet de loi, sur l'emballage neutre. Or, l'Australie, l'Irlande, le Royaume-Uni, récemment la France ont adopté des législations pour rendre l'emballage neutre. Pourquoi? Pas seulement pour enquiquiner les compagnies de tabac, mais parce que, justement, les compagnies de tabac sont extraordinairement créatives à trouver des façons de convaincre les jeunes de s'engager dans le tabagisme. Et une des façons, c'est de jouer l'emballage, faire des emballages qui sont très attractifs, qui sont très colorés, parfois des emballages qui ressemblent à autre chose, comme un emballage de rouge à lèvres ou un emballage de bonbons. Alors, c'est clair que ce ne sont pas les fumeurs de 60 ans et plus qui sont visés par ça, ce sont les jeunes fumeurs, et on sait qu'ils commencent à fumer à 13, 14 ans, et donc c'est à eux que c'est destiné.

Alors, c'est une raison pour laquelle, si on veut être sérieux et colmater les brèches, il faut s'en aller vers l'emballage neutre, et c'est un emballage où on dit : Bien, voici, un paquet de cigarettes, il n'y a qu'une forme, il n'y a qu'une façon de le montrer. Et l'Australie et d'autres sont allés plus loin en disant que, bien, vous allez simplement indiquer la marque sur l'emballage neutre et c'est tout. Alors, les vrais fumeurs vont acheter des cigarettes. Ceux qui ne sont pas certains de vouloir fumer ne seront pas attirés par l'emballage. Alors, ça, c'est important de le faire.

En entendant une entrevue de Mme Charlebois ce matin, et elle a dit qu'elle est personnellement favorable à cette disposition; pourtant, ce n'est pas dans son projet de loi, alors on peut en déduire qu'il y a un problème au Conseil des ministres avec cette idée-là. Alors, pourquoi il y a un problème au Conseil des ministres avec l'idée de l'emballage neutre? C'est une question qu'on pourra leur poser. Moi, je le ferai et je suis sûr que vous le ferez aussi.

Deuxièmement, une des raisons pour lesquelles on est obligés de légiférer maintenant, c'est encore une fois à cause de cette créativité qui fait en sorte que les compagnies de tabac, qui ont des poches absolument... C'est des abîmes, hein, parce qu'ils réussissent... S'il y a moins d'utilisateurs de tabac en Amérique du Nord ou en Europe, il y en a de plus en plus en Indonésie, en Afrique et en Asie, en général, c'est qu'ils inventent toujours de nouveaux moyens. Alors, pourquoi être toujours après la vague? Il faut se mettre avant la vague et il faut dire : Bon, bien, on a l'état de la situation aujourd'hui, on a pris des mesures importantes, à partir de maintenant, il y a un moratoire sur les nouveaux produits du tabac.

Alors, ça veut dire que s'ils inventent quelque chose de neuf, des bonbons au tabac, de la gomme balloune au tabac, je ne sais trop, bien, ils n'auront pas l'autorisation de le mettre en marché, sauf si un comité du ministère de la Santé donne cette autorisation. Alors, évidemment, s'il y a quelque chose qui arrive, puis on trouve que c'est bon pour la santé publique, on dira oui, et le reste, on dira non. Alors, on n'aura pas besoin de revenir légiférer constamment pour contrer la créativité des compagnies de tabac, et ça, c'est important. Alors, ça, c'est les deux amendements principaux qu'on veut apporter.

La chose qui nous inquiète, c'est la déclaration de M. Couillard, hier, disant qu'il y aurait de longues consultations. Ça, c'est ce que l'industrie du tabac veut, de longues consultations, parce qu'ils arrivent souvent avec leur capacité de mobilisation, leur lobby, leurs groupes qui défendent sur d'autres raisons que la raison officielle à limiter la volonté des gouvernements. Nous, on pense et on constate que le consensus est assez large sur l'essentiel des mesures proposées, y compris chez les fumeurs, et donc on a le temps, entre maintenant et la fin de la session, à faire les consultations, à discuter du projet de loi et à l'adopter.

Alors, nous proposons un calendrier rapide, correct mais rapide, pour que, dès l'été, il y ait une nouvelle loi sur le tabac au Québec. Voilà.

Mme Dufresne (Julie) : Sur l'emballage neutre, c'est effectivement une chose qui a été faite à plusieurs endroits ailleurs dans le monde. Hier, la ministre Charlebois disait qu'elle estime que c'est de juridiction fédérale, qu'Ottawa s'apprêtait à légiférer là-dessus. Est-ce que vous partagez ce point de vue là? Enfin, vous ne savez peut-être pas sur l'intention de légiférer, mais est-ce que le Québec devrait faire quelque chose, nonobstant ce que fait le Canada?

M. Lisée : Bien oui, parce que le gouvernement canadien a toujours été à la remorque des initiatives québécoises là-dessus. On a des signaux très mauvais du gouvernement fédéral sur sa volonté d'agir. En fait, ils sont allés de rapport en rapport et de report en report, et donc, là-dessus comme sur bien d'autres choses, il ne faut pas compter sur le gouvernement fédéral. Nous avons la capacité de légiférer et de réglementer sur l'emballage, nous devrions l'utiliser.

Mme Dufresne (Julie) : Donc, ce serait possible de se faire, d'imposer, à partir du Québec, aux commerçants un emballage neutre, à votre avis?

M. Lisée : Absolument.

Mme Dufresne (Julie) : Et vous estimez que, si ça ne se fait pas, c'est qu'il y a dissension au Conseil des ministres.

M. Lisée : Bien, c'est ce que ce je conclus de la déclaration de Mme Charlebois ce matin, disant qu'elle était favorable, elle, personnellement. Alors donc, on va l'aider à faire en sorte que ce soit dans le projet de loi.

Mme Dufresne (Julie) : En ce qui a trait à la consultation, effectivement, ceux qui risquent de la demander plus, ce sont les gens de l'industrie. En même temps, ils risquent d'être affectés au niveau économique. Est-ce qu'il y a, à votre avis, un moyen de trouver un terrain d'entente avec eux, c'est-à-dire d'être plus souple dans le projet de loi, ou tel quel, hormis les deux amendements que vous proposez, vous jugez qu'il est bon?

M. Lisée : Moi, la santé économique de l'industrie du tabac, ça ne m'intéresse pas. C'est la santé des Québécois, et des Québécoises, et des jeunes en particulier, qui m'intéresse. Et on sait que le tiers du coût des hospitalisations au Québec, en ce moment, sont liées au tabagisme. Alors, c'est cette santé-là qui m'intéresse.

Maintenant, que les restaurateurs viennent discuter de comment adapter les terrasses pour qu'il y ait des zones fumeurs ou non-fumeurs ou qu'est-ce que ça va… ça, ça m'intéresse. Que les dépanneurs et les restaurateurs et les citoyens nous disent : Écoutez, peut-être, dans la réglementation, vous devriez faire en sorte qu'il y ait des zones, je ne sais pas. Pour l'instant, moi, la proposition sur les terrasses, elle me va, mais je veux entendre les gens là-dessus. Ce que l'industrie du tabac va nous dire, on va être polis, on va les écouter, mais on sait quel est leur intérêt. Leur intérêt, c'est qu'il y ait le plus de gens possible qui fument le plus de cigarettes possible le plus jeune possible, alors ce n'est pas un intérêt qui est très… qui inspire beaucoup d'empathie de ma part.

Mme Dufresne (Julie) : Et donc, à votre avis, il est possible de tenir toutes ces consultations-là avant la fin de la session, pratiquement?

M. Lisée : Bien sûr. C'est une question de priorités. Alors, si le gouvernement Couillard décide que la santé des Québécois est une priorité, plutôt que d'essayer de passer rapidement le projet de loi n° 20 — de toute façon, le Dr Barrette est en train de négocier quelque chose avec les médecins, qui va le changer substantiellement — je pense qu'on pourrait utiliser cet espace-ci, mai, début juin pour faire l'ensemble du travail sur un projet de loi qui va faire consensus à l'Assemblée nationale.

Mme Dufresne (Julie) : Avant de passer à l'anglais, si vous me permettez, je suis curieuse de savoir ce que vous pensez du résultat de l'élection en Alberta hier.

M. Lisée : Bien, écoutez, moi, je ne suis pas un fan du NPD, mais je ne suis pas un fan des conservateurs non plus, et je vois qu'il y a quelque chose de constant en politique, c'est le changement. Et ceux qui pensent qu'on est… la situation actuelle est une situation qui est figée et qu'il n'y aura pas de changements importants, bien, viennent de se faire dire par les Albertains que c'est faux. Des changements importants sont possibles, des gens veulent parfois une autre façon de voir les choses, une autre façon de gouverner, et je pense que c'est un signal qui est envoyé à tous ceux qui croient qu'ils sont là pour plusieurs mandats, au premier chef le gouvernement Couillard. D'ici trois ans, il peut se passer plein de choses, et je pense que la soif de changement des Québécois va être au rendez-vous en 2018, et j'ai bien l'intention que le Parti québécois soit là pour être à la hauteur des attentes des Québécois.

Mme Dufresne (Julie) : Il y a des équipes des candidats restants à la course à la direction qui disaient hier, justement : Vous voyez, une campagne, ça sert à quelque chose. C'est la preuve qu'il ne faut pas… Le résultat peut changer, l'issue du vote n'est jamais prévisible. Qu'est-ce que vous en dites?

M. Lisée : Je pense, c'est un bon argument, mais ça ne s'applique pas dans tous les cas, mais c'est effectivement… les prédictions concernant l'avenir sont les plus hasardeuses.

M. Harrold (Max) : Tobacco companies… The products are generally distributed across Canada. How do you think the Québec could institute a system where the products will be different than the ones that would be distributed in Québec.

M. Lisée : Because we did it before. I mean, Québec has been at the forefront of these legislations about tobacco since 1998, was a model for the world. And we've seen on a number of issues that you can act, as a city, as a province, and then, sometimes, the federal Government follows suit, but not always.

M. Harrold (Max) : But we talk about the packaging itself of the product. You think Québec can control that?

M. Lisée : Sure, absolutely. I mean, there are… The ability of Québec to define the packaging, the distribution, the areas in which tobacco is consumed or not, it is within Québec's means.

M. Harrold (Max) : And, on Alberta, I wonder…

Mme Plante (Caroline) : Can I just ask my question about smoking?

M. Harrold (Max) : Sure.

Mme Plante (Caroline) :O.K. On the moratorium, I am just wondering : Are you proposing an outright ban, really, because… is the comity… can the comity really approve a tobacco product?

M. Lisée : The issue we have before us is that the tobacco companies are very creative on new ways at reaching consumers, especially young consumers, and the reason why we're having to legislate now is because of their creativity over the last 10 years. So what we're saying at the Parti québécois is : Let's get ahead of the curve and say : Listen, if you have a new tobacco product that you want to market, come to us and we'll give you the green light or the red light. If somehow you have a product that seems good for health and…

Mme Plante (Caroline) : Is that possible?

M. Lisée : I don't see how, I don't see how.

Mme Plante (Caroline) : That's my question. So it's not really a moratorium, you're proposing a ban on these new products.

M. Lisée : A ban that would not be airtight. I mean, there would be a possibility… Well, the e-cigarettes is a casing point. I mean, if someone had come to us with e-cigarettes five years ago — it was introduced in 2004 — and saying : Well, this could be a way for smokers to quit smoking, we could have said yes, you know, in the sense that, well, this could be a tool to quit smoking, and then we could have allowed it and we know that many doctors are saying that it's a great way to quit smoking.

We know also it's a great way to begin smoking, and that's why cigarette companies have been investing massively in e-cigarettes, because they know it's a gateway. But no, this is a discussion that we could have had and we could have said : Well, as we do now, we will put e-cigarettes in the confines of the tobacco law and we will admit it because we think it's a way out for a number of smokers.

M. Harrold (Max) : So, yes, on Alberta… You know, I wonder what you think about this win and if it changes in any way this idea that there is this monolithic federalism, a different set of ideas in the rest of Canada, that are opposed, dramatically opposed to Québec's interests?

M. Lisée : Well, no, I don't see it this way. I mean, there's been reversals in Canadian politics, in the provincial area or the federal area for years. I mean, that's not… it doesn't change the nature of Canada as a country that is at ease with its Constitution, where Québec is not a part of the Constitution. I don't think it changes that dynamic.

What it tells us as politicians and as citizens is that change is always possible, and although you're looking at the present, saying : Well, this is going to be the situation for some time to come; you say : Well, no, it can change rapidly, and people, when they are focused on an issue, can realize that there's another way and pick that other way. So that's part of the reason we're in politics. I mean, when we're in opposition, we think that at some point, people will find that what we have to offer is a good solution for the time and never think that the game is over. The game is always going and the only constant is change. Merci.

(Fin à 9 h 42)

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