(Onze heures vingt-sept minutes)
Mme David (Gouin) : Alors, écoutez,
bien, on s'est levés aujourd'hui avec une excellente nouvelle. L'Alberta, le
peuple albertain vient de décider d'opérer un changement assez radical merci. Il
a mis dehors les conservateurs, qui étaient là depuis des dizaines d'années, et
il a élu un parti progressiste, bon, le NPD, avec une nouvelle femme première
ministre. Et, à notre avis, c'est une bonne nouvelle pour le Québec. Pourquoi?
Parce que, si la population albertaine peut opérer ce tel changement, élire un
gouvernement bien plus progressiste que tout ce qu'ils avaient avant, eh bien,
pourquoi on ne pourrait pas le faire au Québec?
Vous savez, une élection partielle va
certainement... deux élections partielles, en fait, vont certainement être
déclenchées aujourd'hui, et le message que nous voulons envoyer, à Québec
solidaire, c'est : Eh bien, oui, on peut changer, on peut se débarrasser
des vieux partis, on peut changer de modèle économique, on peut décider de ne
pas centrer tout notre développement économique sur les mines, le Grand Nord et
le pétrole. On peut la diversifier, cette économie, ouvrir des emplois pour les
hommes, pour les femmes, les ouvrir dans tous les secteurs. Et donc, ce que
nous pouvons dire à nos concitoyens de Chauveau et de Jean-Talon, c'est que le
Québec peut faire mieux et qu'on n'a pas à avoir peur du changement. Le
changement, c'est l'espoir, c'est l'envie d'aller plus loin, d'avoir plus de
justice sociale, c'est d'avoir une économie qui donne des emplois à tout le
monde dans toutes les régions.
Alors, c'est ce que nous allons donc
démontrer aux citoyens : non à l'austérité, oui à la justice sociale; non
à un développement économique trop concentré sur des ressources naturelles
lourdes, non renouvelables et qui ne sont même pas transformées au Québec, et
oui à une économie diversifiée.
Je vous rappelle que la première... la
maintenant première ministre de l'Alberta a promis, en campagne électorale,
plus d'impôt pour les entreprises, plus d'impôt pour les gens très riches, un
salaire minimum augmenté considérablement et de revoir les redevances
pétrolières. C'est vraiment intéressant. Voilà un modèle dont le Québec
pourrait s'inspirer tout à fait facilement, et c'est ce que nous allons
proposer, entre autres choses, aux gens de Chauveau et de Jean-Talon dans les
prochaines semaines.
M. Khadir
: Just a few words in English. A really promising story
is unfolding in Alberta. This is good news for the
Albertan people. It's a very interesting news for the Québec people also. You know, what people of Alberta have done by electing
a progressive government, which
is going to base its policies on more redistribution of wealth, on a better
appropriation of their resources,
the oil revenues, and also trying to diversify, getting the Alberta, little by
little, out of the oil business and enabling it to count on other sectors of
activity, and more specially increasing the well-being and the wage of the
lower incomes in order to
guaranty better subsistence, better buying power for its people.
It's very good news for
the Québec people because actually the Québec... the Alberta Government is a model for the Couillard economic policies. The people of
Alberta has said : These policies don't work, they impoverish the State,
they impoverish the people. They don't want it anymore. We hope that, in the
two upcoming by-elections that will be held in Jean-Talon and Chauveau, in
the Québec region, that the
people will be inspired by this move, and get rid of the old parties, and renew
with an economy that has promises for everybody, not only for big corporate
business and the wealthiest among us.
M. Croteau
(Martin)
: Qu'est-ce que cette élection change dans les efforts
canadiens de lutte aux changements climatiques?
Mme David (Gouin) : Écoutez,
ce qu'on sait pour le moment, c'est que la nouvelle première ministre avait
indiqué qu'elle s'opposerait au projet de transport du pétrole vers l'Ouest. Il
faut dire aussi que la Colombie-Britannique n'était pas très chaude à ce
transport-là. Il faudra voir qu'est-ce qui va se passer dans son attitude face
au pétrole. Évidemment, elle n'a pas dit : Le pétrole, c'est fini, je
pense qu'elle n'aurait pas gagné ses élections, mais elle a dit quand même :
Attention, il faut être moins dépendant des ressources qui nous viennent du
pétrole et il faut diversifier notre économie. Alors là, il y a quelque chose
d'intéressant.
On sait qu'il y a la conférence de Paris
en décembre prochain. Est-ce que, grâce à l'arrivée de cette nouvelle première
ministre, on peut imaginer un front commun des provinces, avec peut-être un
nouveau gouvernement canadien, on ne sait jamais, qui là pourrait commencer à
se comporter comme les gens dirigeant un pays qui souscrirait de nouveau aux
accords de Kyoto, qui se rendraient à la conférence de Paris avec un message
d'espoir pour les gens qui veulent lutter contre les changements climatiques?
Tous les espoirs sont permis, avec un peu de réalisme aussi. Mais là quand même
s'ouvre une porte qui était complètement fermée avant. C'est très important.
M. Poinlane (Pascal)
: Cependant,
les sables bitumineux, là, on ne fera pas de miracle avec ça, là.
M. Khadir
: Oui, mais
ça dépend de la quantité que le Canada continue à produire puis de l'effort ou
l'importance qu'accordent différents gouvernements pour que notre économie soit
moins basée sur l'exportation de ces pétroles sales. En fait, le Canada
pourrait enfin devenir un pays responsable vis-à-vis les changements
climatiques plutôt que d'être considéré par ses partenaires internationaux
comme un État voyou. En matière de changements climatiques, le Canada est
considéré aujourd'hui, par les intervenants à ce niveau, comme un État voyou,
et je pense que ça ne représente pas l'opinion des Canadiens, même des
Albertains, on vient de le voir.
M. Poinlane (Pascal)
:
Mais, à vos yeux, quelle est la solution? L'Alberta, qu'est-ce qu'elle devrait
faire dans sa production de pétrole des sables bitumineux?
M. Khadir
: En fait,
ce que l'Alberta cherche à faire, d'après ce qu'on comprend — ça
reste à voir — c'est de développer une économie qui soit plus
vibrante et plus moderne, qui ne soit pas basée uniquement sur les revenus
pétroliers. Les revenus pétroliers, là… Baser uniquement une économie sur les
revenus d'une seule ressource, ça, c'est pas mal un modèle de pays en
développement, un modèle de pétromonarchie. Un pays moderne du XXIe siècle
comme le Canada doit absolument trouver le moyen de ne pas recourir à ça.
Et nous, au Québec, malheureusement, il y
a une partie de notre économie qui est beaucoup fondée sur l'extraction des
ressources : la forêt, l'eau avec l'hydroélectricité, les mines. Puis on
dépense beaucoup, là. On subventionne l'industrie minière. Ce n'est pas à notre
avantage, puis c'est exactement ce que Québec solidaire dit : Il faut,
petit à petit, faire en sorte d'être dans la deuxième, troisième
transformation, extraire moins, développer plus d'autres types d'économie et
surtout les énergies renouvelables.
M. Poinlane (Pascal)
:
Sauf que les électeurs albertains ont quand même voté contre des hausses
d'impôt pour les contribuables. Pour les entreprises, on comprend… pour les
contribuables. Alors, est-ce qu'il n'y a pas aussi un message, là, qu'on ne
veut pas que l'État soit omnipotent, on ne veut pas donner trop de moyens à
l'État non plus, on ne veut pas hausser les impôts des contribuables…
Mme David (Gouin) : Non, mais,
attention, attention, là.
M. Khadir
: Ce n'est
pas la même chose.
M. Poinlane (Pascal)
:
…pour faire appliquer les règlements? Non, mais c'est parce qu'on ne haussera
pas l'impôt des entreprises de 10 %, là, ça ne sera pas…
Mme David (Gouin) : La
première ministre de l'Alberta a proposé, dans sa plateforme électorale, que
les électeurs albertains devaient connaître, j'imagine, hein, de hausser
les impôts des entreprises et de hausser les impôts des contribuables aux
revenus les plus élevés, je vous le souligne. D'ailleurs, c'est assez Québec
solidaire, ça.
M. Khadir
: C'est
exactement ce qu'on propose.
Mme David (Gouin) : Alors,
moi, je pense qu'au contraire les électeurs et électrices ont dit oui. Ils ont
dit : Oui, il faut hausser les impôts des entreprises, même si ce n'est
pas énorme, et ils ont dit : Oui, il faut hausser les impôts des gens qui
gagnent, je pense, 130 000 $ et plus. Alors, moi, je pense qu'elle
est en phase avec son électorat. Et nous, nous disons pour le Québec qu'il faut
aussi hausser les impôts des grandes entreprises, financières entre autres, et,
oui, qu'on peut demander un effort additionnel aux contribuables les plus
riches. C'est faisable.
M. Khadir
: Et,
contrairement à ce que vous semblez avoir compris, les Albertains ont voté pour
un gouvernement qui a dit aux électeurs : Je vais m'occuper de l'économie
au lieu du laisser-faire des conservateurs ou du gouvernement Couillard. Il a
dit : Je vais augmenter le salaire minimum substantiellement. Il a dit :
Je vais changer le paradigme économique pour diversifier, donc je vais investir
dans ces domaines-là.
Donc, les Albertains, devant le
laisser-faire qui a beaucoup nui à l'économie albertaine, qui a créé des
disparités énormes et qui a cassé l'État parce qu'ils ont donné des congés de
taxe, ont voté pour un gouvernement, un parti qui a dit : Moi, je vais
m'occuper de l'économie, je ne vais pas me mettre partout à contrôler tout,
mais m'occuper d'économie pour relancer l'emploi et l'économie.
Mme David (Gouin) : Et
s'occuper des gens.
Mme Plante (Caroline)
:
So this is a great day for you because there's a lot of what was in the NDP
platform is what you've been saying all along.
M. Khadir
: It's amazing. Well, you know, whether it's NDP, or
any other name, or Québec solidaire, the important to retain is the Albertans
have voted for a government which says : I'm going to support an economy
based on the middle-class and lower wages. I'm going to improve their
situation, and it's going to improve the economy. And they're going to tax the
richest, the wealthiest. Even, they go further, a little further than us
because, you know, the level of taxation of rich people in Alberta was very
low. So they're increasing it up, they ask big corporate business to contribute
to person more than they used to do, all that to give to the Alberta other
sources of revenue than only oil. So it's really a good news for all Canadian
people, including Quebeckers.
We have the right, in Québec,
to get rid of old parties. First lesson. Second lesson : the Government
can do a lot to improve the conditions of living and wages and the economy for
all, not only for big corporate business and the wealthiest.
Mme Plante (Caroline)
:
What's your role for the environment and the Paris conference?
M. Khadir
: Conférence de Paris.
Mme David (Gouin) :
Oui. My hope is to see all prime ministers of Canadian provinces and perhaps a
new prime minister in Canada make a coalition, go to the Paris Conference, and
bring Canada into the circle of nations who want to do something with climate
changes, you know, because, for the moment, we are really the bad student. So
my hope is on all these changes. I think it's possible, perhaps.
Mme Plante (Caroline)
:
And what… I think you touch the point briefly when you were talking about… in
your opening remarks, but what signal is it sending Quebeckers specifically?
M. Khadir
: The signal sending to Quebeckers is that we have the
right, first, to get rid of an old party, which has
been there for so long and has, you know, broken the Alberta economy by its
reliance only on the oil revenues.
And on the other hand, it
gives the hope that, you know, there is a place now to see Canada regaining its
role as a leading nation in environment, in climatic change, instead of being a
rock State, as unfortunately, we are not considered by our allies on these
issues.
Mme David (Gouin) : I can just add a little thing : For people of Chauveau and Jean-Talon, that means you can vote… you can
change your vote. Change is possible, hope is possible.
(Fin à 11 h 40)