(Onze heures dix minutes)
M. Paradis (Lévis) : Merci
d'être là. Je pense que la situation exige que l'on s'y adresse. Ce matin, encore
une fois… bien, en fait et plus précisément dans l'étude des crédits, arrive,
dans le document, un élément extrêmement dérangeant, celui d'une hausse des contributions
des aînés, une révision de 2,5 % au-delà de l'indexation annuelle de la
contribution, écrit noir sur blanc en page 11 de l'étude des crédits 2015‑2016.
Et là, bien, évidemment, vous comprendrez
l'inquiétude. Ça, ça veut dire, dans les faits, qu'on a une augmentation
potentielle de contribution de plus de 4 %. C'est plus que l'inflation,
bien sûr. Le gouvernement, faut-il le rappeler, s'était engagé, pendant la
campagne électorale, en ce qui concerne tous les tarifs, de ne pas augmenter
au-delà de l'inflation, ce qu'il a manifestement brisé concernant de nombreux
tarifs. Et cette fois-ci, bien, ça concerne les aînés directement. Ce sont des
gens vulnérables. Ce sont des gens qui ont atteint leur capacité, la pleine
capacité à payer. On reçoit des avis, on reçoit régulièrement, je reçois
régulièrement, des appels des aînés qui sont inquiets, leur famille
inquiète également.
Alors, comprenons que le ministre, ce
matin, dit : Ce ne sera pas ça, c'est une coquille. Déjà fort étonnant
que, dans un document aussi officiel que celui-là, on ait une coquille de cet
ordre-là parce que c'est censé être passé en revue par bien des personnes. Mais
la coquille, disons qu'elle existe. Le ministre dit : Ce ne sera pas de
l'ordre de 4 %, ça va être au-delà de l'inflation. Promesse rompue, point
à la ligne. Capacité à payer déjà atteinte.
Et là, bien, la transparence aurait obligé
le ministre, par transparence puis pour sécuriser nos aînés, pour faire en
sorte qu'il n'y ait pas d'incertitude, qu'on sache à quoi s'en tenir, les aînés
et leur famille, de nous dire ça va être combien. Alors, si c'est au-delà de
l'inflation, il l'a dit, c'est de combien? De 3,2 % total? De 3 %? De
2,4 %? De 2,8 %? Mais qu'on le dise. Il le sait.
Ce matin, il y a des aînés qui ont ouvert
leurs journaux, qui ont pris connaissance du fait que ça va leur coûter plus
cher. Faut-il dire que 60 % des aînés en CHSLD — il y en a
37 000 — paient la pleine capacité, ce que... ont davantage à
payer, puis que, pour 40 % des autres, pour tout le reste, bien, on doit
les aider parce qu'ils sont à faibles revenus.
Les aînés ne sont pas riches. Les aînés
vivent les augmentations de tarifs comme tous les citoyens. Les aînés vivent
les augmentations de tarifs d'électricité, les taxes, ils le vivent également.
Et, dans ce contexte-là, par souci de transparence, ne serait-ce que par souci
de transparence, j'aurais souhaité, nous souhaiterions que le ministre puisse
dire aux aînés : Regardez, je vous dis que ce ne sera pas ça, c'est un
autre chiffre, je vous le donne, répondant à tel besoin. Pour l'instant,
l'incertitude demeure, la transparence est bafouée, la promesse également. Des
questions?
M. Poinlane (Pascal)
:
M. Paradis, quand on regarde les autres provinces, là, puis le ministre l'a
souligné et le Vérificateur général également, au Québec, c'est vraiment moins
cher, là. Je regarde les chiffres en vous parlant. Est-ce que vous convenez que
ça peut être correct d'augmenter un peu les tarifs de CHSLD ou, au contraire,
vous pensez qu'il ne faut absolument pas les augmenter?
M. Paradis (Lévis) : Je pense
qu'il y a des cibles qui sont difficiles à toucher, et les aînés sont une cible
qu'il faut protéger. Les aînés, déjà, et on en parle depuis plusieurs semaines,
il y a des problématiques manifestes dans les soins prodigués, et on en a
abondamment parlé, dans ce que les aînés réclament... et ce qui est très, très,
très fondamental. On a longtemps parlé des soins d'hygiène, de revoir des
normes, on a parlé de politique alimentaire. Ça fait des semaines qu'on s'adresse
à la question.
Je répète que les aînés ont atteint leur
pleine capacité à payer. La hausse est prévue. Il y a deux choses, c'est-à-dire
qu'on la dise, qu'on dise laquelle. Moi, ce que je veux, c'est qu'il n'y ait
plus d'incertitude, que les gens sachent à quoi s'en tenir. À un moment donné,
quand tu es appelé à payer, il faut savoir comment ça va te coûter. Puis c'est
dans n'importe quelle situation, puis que ce soit personnel, les plus jeunes,
les moins jeunes et les aînés, on veut savoir parce qu'il faut prévoir. Puis,
sachant ça... ce n'est pas rien que les aînés qui sont impliqués, c'est la
famille également.
Qu'on ait des tarifs différents des
autres, ça se peut. Mais, lorsqu'on constate que ceux qui doivent payer n'ont
plus les moyens de le faire, on les met quoi? On les rend encore plus
vulnérables. Il y a une notion de vulnérabilité, là, de fragilité là-dedans, et
on sait pertinemment que la moindre augmentation peut faire en sorte qu'il y
ait une différence entre la capacité à pouvoir vivre plus aisément... puis même
sur le strict fondamental, puis le fait qu'on n'arrive plus du tout.
M. Poinlane (Pascal)
:
Mais là les gens disaient que ça coûte moins cher d'aller en CHSLD que si on
reste chez soi, là. Alors...
M. Paradis (Lévis) : Bien, ça
coûte moins cher d'aller en CHSLD que si on restait chez soi. Ça coûte moins
cher que si on va en résidence privée, bien sûr, mais c'est parce que si des
résidences... s'il y a 4 000 personnes actuellement qui sont en
attente d'aller dans des CHSLD, c'est parce qu'on n'a pas les moyens de faire
autrement. On est à la capacité à payer. C'est parce qu'à un moment donné tu ne
peux pas sortir plus d'argent qu'il y en a.
Alors, dans la mesure où on décide de
faire en sorte qu'il y a une contribution qui doit être demandée, bien, la plus
petite décence veut que... Et je suis convaincu que le ministre, il l'a, le
chiffre. Puis ça me fait un peu sourire, parce qu'il dit, bon... Vous dites :
Ce n'est pas 4 %. C'est correct. Je veux dire, je veux bien vous croire.
Vous dites que le Vérificateur général avait... bon, vous dit qu'on devrait
revoir la contribution. Bien, vous mettez en pratique sa recommandation. Dites
seulement aux aînés combien, je veux dire, qu'on ne vive pas dans
l'incertitude.
Quand votre propriétaire vous dit :
On va augmenter votre loyer. Dites-moi, c'est combien. Je veux dire… Puis à
travers ça, devant cette règle-là qui brise malgré tout une promesse du gouvernement
libéral, c'est-à-dire de ne pas augmenter les tarifs, quels qu'ils soient,
au-delà de l'inflation, la promesse est brisée. Ça, c'est un fait, mais pour le
moins on pourra… Ensuite, les familles pourront budgéter pour tenter de voir on
arrive comment, parce qu'il y a des aînés manifestement qui n'arrivent plus,
dont la capacité à payer est atteinte, et qui subissent, et qui vivent aussi
toutes les augmentations dont on parle depuis déjà longtemps.
M. Caron (Régys)
:
Mais, M. Paradis, il y a des aînés aussi qui paient au noir pour avoir des
services supplémentaires. Est-ce qu'il n'y a pas un signe là que les gens sont
prêts à payer plus pour avoir de meilleurs services?
M. Paradis (Lévis) : Ça, je
comprends, là, qu'il y a une problématique, puis c'est très, très délicat de
mélanger des dossiers. Je comprends fort bien la vision que vous apportez.
Toute la notion de soins d'hygiène fondamentaux, de base, on a demandé que des
normes soient établies, que des normes soient revues, que ce soit bonifié. Les
aînés le réclament. À la limite, poursuivons dans le même discours. Si ce que
l'on demande en contribution supplémentaire fait en sorte que l'aîné ne puisse
plus se payer ce le gouvernement lui dit de se payer parce qu'on ne veut pas
lui offrir, puis là je parle de soins d'hygiène, on a un problème, là. Tu sais,
on fait payer quelque part pour faire en sorte qu'on ne puisse plus subvenir à
un besoin qui n'est pas comblé par le gouvernement, qui est aussi fondamental
que les soins d'hygiène.
Et là c'est parce que les dossiers
s'accumulent, là. On parle d'à peu près tout concernant les aînés ces temps-ci.
On a parlé de politique alimentaire, on a parlé de soins d'hygiène, on parle
maintenant de contribution, on parle maintenant de hausse de loyer. À travers
ça, l'aîné, il est perdu, là. L'aîné, il se demande : Ça va me coûter
combien? Qu'est-ce qu'il faut que je fasse? Combien j'ai besoin d'argent dans
mes poches en supplémentaire? Est-ce que j'ai cet argent-là pour m'offrir ne
serait-ce que des notions d'hygiène fondamentales? C'est dérangeant comme
questionnements. On est aussi rendus là.
Mais, au bout du compte, celui qui va
budgéter, c'est la famille, puis c'est l'aîné lui-même, puis là, ce matin, ce
qu'on sait, c'est qu'il ne sait pas. On ne sait pas combien ça va coûter. On ne
demande rien qu'au ministre de le dire, il le sait. Il y a un manque de
transparence, là. Il aurait pu dire ce matin : Écoutez, la hausse ne sera
pas de ça, la hausse, je l'ai établie à ça. Elle est minimale par rapport à ce
qu'on aurait pu faire, il aurait pu dire ça, mais il n'a rien dit, puis je
pense que, par respect pour les aînés puis pour faire en sorte qu'il n'y ait
pas d'incertitude, qu'on laisse tomber l'anxiété et le stress que ça provoque…
parce qu'au terme d'une lecture comme celle-là inévitablement les gens réagissent,
et les aînés réagissent. Il aurait été de bon aloi, par respect, qu'on puisse
déjà établir la norme, d'autant plus qu'on aura à voter sur ces études des
crédits là puis que, pour l'instant, le chiffre qui était là n'est plus là,
puis on ne sait pas ça va être quoi.
Mme Plante (Caroline)
:
M. Paradis, on parle beaucoup de M. Péladeau aujourd'hui. Est-ce que c'est une
bonne idée d'entendre le Commissaire à l'éthique le 26 mai? Le 2 juin, c'est
le jurisconsulte qu'on va entendre. Est-ce que c'est une bonne idée?
M. Paradis (Lévis) : Écoutez,
je vous dirais qu'au chapitre de ce dossier-là et très honnêtement je laisserai
mes collègues davantage près du dossier réagir à ce niveau-là. Très
honnêtement, je ne possède pas assez toutes ces notions de révision pour être
en mesure de vous donner des réponses satisfaisantes.
Mme Plante (Caroline)
:
La position de la CAQ sur M. Péladeau…
M. Paradis (Lévis) : Je
laisserai également mes collègues répondre à ça. Merci.
(Fin à 11 h 8)