(Neuf heures cinquante-deux minutes)
M. Fournier
: Alors,
quelques points pour réagir, avec mon copain Marc Tanguay… quelques points pour
réagir à ceux qui m'ont précédé ici puis vous parler un peu de l'interpellation
que nous allons avoir avec eux dans quelques minutes au salon bleu de l'Assemblée
nationale.
Vous savez que, le 14 novembre dernier, le
PQ faisait une interpellation sur le même thème. En fait, il y a eu sept
interpellations du PQ depuis l'élection. Il y en a deux qui portent sur la
séparation. Après ça, on se demande… et au Parti québécois, eux-mêmes, ils se
demandent comment ça se fait que les gens considèrent qu'ils sont déconnectés. Il
faut quand même savoir que les sujets de préoccupation des citoyens, ce n'est
pas vraiment la séparation, c'est plus la croissance économique pour soutenir
les services publics. Ce sont des préoccupations sociales. C'est la discussion
sur la révision de nos structures, de nos organisations. Je comprends que le Parti
québécois ne veut peut-être pas aborder la question de création d'emplois. On
apprend ce matin que, depuis l'année dernière, depuis mai 2014, il y a 69 000
emplois qui se sont créés au Québec, ce qui est quand même une différence
notable avec l'année d'avant. Je n'en dirai pas plus, je sais que vous
connaissez cette réalité.
Le Parti québécois est déconnecté des
vraies priorités. Il a élu résidence permanente sur la comète Tchouri. Le PQ
nous annonce une interpellation pour faire la pédagogie de la séparation. Bien,
on va se revoir à midi probablement, nous tous, vous et nous, pour voir les
réponses aux questions qu'ils auront apportées. Mme Marois disait qu'on n'a pas
besoin de la péréquation, on parle de 9 milliards de dollars, on verra
quels sont les services qu'ils considèrent vouloir abolir dans un Québec
séparé. Mme Marois disait qu'il n'y aurait pas de frontière. Est-ce que le
Québec aurait un passeport canadien? Elle disait qu'il faudrait faire des
études sur le sujet. On est 50 ans après la naissance du PQ et du combat pour la
séparation, il y a encore beaucoup de difficultés à dire le mot «Canada», mais
on ne veut pas avoir de frontière.
Est-ce que ce sera le dollar canadien de
Mme Marois ou le dollar québécois de M. Lisée, qui proposait encore
dernièrement, que ce soit plutôt un dollar québécois? Est-ce que le Québec
séparé aura une armée? Mme Marois voulait une armée pacifiste, M. Lisée ne
voulait pas d'armée, juste une garde nationale, et M. Péladeau, lui, disait
vouloir une vraie armée. Il a même dit, et je le cite : «Ça m'apparaîtrait
inusité de savoir qu'il n'y a pas de moyen de défense d'un pays qui est
limitrophe avec les Etats-Unis et […] le Canada.» On va essayer de savoir à
midi pourquoi M. Péladeau considère que nos voisins nous forcent à avoir une
armée. Est-ce qu'on droit craindre les États-Unis ou craindre le Canada? À
moins qu'il veuille nous dire que nous devons avoir une armée pour les
protéger. J'entrevois déjà la rencontre de M. Obama et de M. Péladeau sur le
sujet.
La vérité, c'est que l'économie du Québec
progresse, l'économie n'est pas le motif de la séparation. Notre langue et
notre culture rayonnent, la langue et la culture ne sont pas le motif de la
séparation. Pour quelle raison, alors, la séparation? Pour la souveraineté
identitaire de M. Péladeau, ce que M. Bédard appelle une société homogène, une
société qui refuse de faire une place à la diversité, une société de la charte
de l'exclusion. Comme vous le voyez, il y a bien des questions à répondre. Le
PQ nous invite aujourd'hui à deux heures de pédagogie. On se retrouvera dans
deux heures pour juger de la valeur de leurs réponses. Je suis prêt à prendre
quelques-unes de vos questions avant d'aller discuter avec les gens du Parti
québécois.
M. Dutrisac (Robert)
:
M. Bédard a mentionné qu'il considérait… il a parlé du radicalisme fédéraliste
de M. Couillard. Qu'est-ce que vous pensez de cette expression-là?
M. Fournier
: Bien,
peut-être qu'il fait référence au fait que nous avons, notamment avec
l'Ontario, signé plusieurs ententes, dont une, entre autres, qui nous a amenés
à avoir des aspirations communes en matière de lutte aux changements
climatiques et qui nous permettent d'avoir l'Ontario qui se joint au Québec sur
le marché du carbone. Le radicalisme, c'est de faire avancer les intérêts du
Québec en matière d'environnement, en matière d'économie. Si c'est ça, le
radicalisme, dont il parle, il souhaite que nous soyons plutôt en rupture avec
le Canada. Peut-être qu'il souhaite que nous ne créions pas d'emploi.
Nous savons que, depuis de nombreuses
années, en fait depuis l'appartenance canadienne, lorsque le Parti québécois a
demandé à la population s'ils voulaient sortir du Canada, la population a dit
non deux fois. Et je me souviens toujours que, pour le Parti québécois, ils
disent toujours : Les Québécois se sont dit non. Je tiens à vous dire que
les Québécois ont dit non au Parti québécois. Ils ne se sont pas dit non à eux,
ils ont dit non au Parti québécois, qui confond assez régulièrement son parti
et les Québécois. Les Québécois sont en mesure de faire les choix. Ils ont dit
oui à un système dans lequel ils sont et ont dit non à une séparation de ce système.
M. Lacroix (Louis)
:
Pourquoi M. Couillard n'est pas là aujourd'hui pour répondre directement à M.
Bédard?
M. Fournier
: Comme
vous le savez, la priorité de notre gouvernement, c'est bien sûr d'équilibrer
le budget et de voir à la relance de l'économie, à la création d'emplois. Aujourd'hui,
on voit que tous les efforts que fait M. Couillard, l'ensemble de l'équipe, l'ensemble
du gouvernement, la recherche de stabilité pour que l'entreprise privée
participe à la croissance économique, nous amènent à 69 000 emplois
créés depuis le mois de mai dernier, donc depuis l'année où nous sommes en
fonction.
Alors, j'espère que M. Bédard ne
reprochera pas à M. Couillard d'avoir une priorité pour l'économie et pour
l'emploi. Il n'a pas une priorité pour la séparation. Les Québécois n'ont pas
une priorité pour la séparation, et le Parti québécois se trompe
d'interpellation aujourd'hui. Ils ont le droit, par contre. C'est très reconnu
dans les règlements, ils peuvent amener les sujets qu'ils veulent. S'ils
peuvent nous renseigner sur quel genre d'armée nous aurons et pourquoi nous
devrions avoir une armée dans un Québec séparé, quel genre de monnaie nous
aurions, on verra ce que ça peut donner comme information de plus.
M. Lacroix (Louis)
: Si
je comprends bien, vous dites que M. Couillard a autre chose à faire que de
parler de souveraineté, en fait, a des choses... a mieux à faire que de parler
de souveraineté.
M. Fournier
: Ça, je
pense que la...
M. Lacroix (Louis)
:
Pas de temps à perdre là-dessus.
M. Fournier
: Ce que je
vous dis, c'est que la priorité de M. Couillard, c'est la croissance
économique, c'est la création d'emplois, ce n'est pas la séparation. Le thème
aujourd'hui que le Parti québécois veut aborder, c'est : Faisons du Québec
un pays séparé. M. Couillard, lui, veut faire du Québec un pays riche où il y a
des emplois, une société qui se porte bien dans l'ensemble canadien.
M. Lacroix (Louis)
:
Donc, il n'y a pas de temps à perdre à parler de ça.
M. Fournier
: Les
priorités de M. Couillard sont les priorités vers la croissance économique et
l'emploi; les priorités de M. Bédard et du Parti québécois sont pour la
séparation du Québec.
M. Gagné (Louis) : Ça n'aurait
pas été justement une occasion, une bonne occasion de vanter les vertus du
fédéralisme? Il est capable de le faire. Est-ce que ça n'aurait pas été une
occasion de clouer le bec un peu au Parti québécois sur les avantages prétendus
de la souveraineté?
M. Fournier
: Écoutez,
le débat, en ce moment, ce n'est pas de savoir si on va faire un référendum
pour savoir si on reste dans le Canada ou si on en sort, si on s'en va vers des
années de perturbation. La priorité du gouvernement, c'est la création
d'emplois. On est très heureux aujourd'hui d'avoir 69 000 emplois qui se
sont ajoutés dans la dernière année. C'est quand même tout un constat
aujourd'hui qu'on fait. Il y a un contraste.
Alors que le Parti québécois continue de
vouloir nous plaider de passer vers des périodes d'instabilité, de faire
reculer le Québec au plan économique comme au plan social… parce que, derrière
cette souveraineté identitaire et cette société homogène, qui n'est pas capable
de vivre la diversité, c'est un recul social et économique qu'il propose. De
l'autre côté, vous avez un premier ministre qui dit : Moi, c'est la
création d'emplois. Je pense qu'il fait bien de travailler à ce que sont les
priorités des Québécois.
M. Bovet (Sébastien)
:
Je ne veux pas vous mettre des mots dans la bouche, là, M. Fournier, mais, au
ton que vous utilisez, est-ce que vous estimez que c'est une perte de temps, ce
matin, l'exercice?
M. Fournier
: Je
considère que c'est complètement déconnecté, complètement déconnecté. Ils ont
fait la même interpellation en novembre dernier sur cette interpellation… où
ils peuvent discuter d'économie, ils peuvent discuter d'éducation, ils peuvent
discuter de santé, discuter des sujets de tous les jours, des préoccupations de
tous les jours des Québécois. Là, ils sont en train de de se demander s'ils
vont faire un référendum en 2018 ou en 2022, mais là tout ce qu'il faut, c'est quand
même essayer d'établir que le Québec devrait se séparer puis pourquoi. Écoutez,
franchement, la priorité, est-ce d'envoyer le message qu'au Québec, nous, la
grande préoccupation qu'on a, c'est de dire : On veut casser la Canada? Clairement,
ce n'est pas ça, le sujet de préoccupation des Québécois. Alors…
M. Bovet (Sébastien)
: Alors,
est-ce qu'on perd le temps des parlementaires ce matin?
M. Fournier
: Ils ont
le droit. Honnêtement, sur la légitimité de choisir les sujets, les
interpellations reviennent à l'opposition. Je leur reconnais le droit de poser
les questions. Je fais le constat que c'est complètement déconnecté de ce que
la population souhaite nous voir faire et les sujets sur lesquels ils nous
souhaitent voir travailler. Mais ça, c'est à eux, je leur laisse.
M. Dutrisac (Robert)
:
Mais pourquoi, vous, vous vous présentez à l'interpellation? Vous auriez pu
déléguer un simple député, justement, pour dire… pour manifester que finalement
c'est un peu futile, ce débat-là.
M. Fournier
: Écoutez,
moi, je suis responsable des Affaires intergouvernementales canadiennes. Il
s'agit du dossier qui occupe le sujet qui est mentionné. J'y vais avec mon
collègue Marc qui est à la Commission des institutions. On y va par respect du
parlementarisme, ce qui ne nous empêche pas d'avoir une idée à l'effet que
c'est complètement déconnecté de ce que les Québécois veulent discuter. La
dernière fois, la comète Tchouri passait quand ils nous ont parlé de ce
sujet-là, ce qui m'amenait à dire qu'ils avaient décidé d'aller se situer sur
la comète Tchouri, très loin des préoccupations des Québécois.
Là, on est rendus à la deuxième. Ils ont
vraiment élu résidence permanente sur Tchouri, puis c'est ça que les Québécois
voient. Alors, ils veulent des acteurs politiques qui s'intéressent aux vraies
affaires. Ça nous ramène à une thématique de la dernière élection. Je pense que
ce qu'ils veulent, c'est qu'on travaille ensemble aux vraies affaires. Nous, on
va continuer de respecter le mandat qu'on a, et eux, bien, on va leur laisser
faire les choix qu'ils veulent.
M. Harrold (Max) : Mr. Fournier, it's the Premier that's being called upon to answer.
So are you saying it's a waste of his time to be here today?
M. Fournier
: Well, I'm just saying that the priority of the Premier is the
economy and job creation. This morning, we learned that, since a year, since we
are there, 69,000 jobs were created. You remember the
year before. You remember the loss of jobs under the Parti québécois because of
the instability of the Parti québécois? Well, we are creating jobs, and the
Premier is working on growth of the economy and growth in job creation. So
that's the priority. His priority is not to talk about the separation of
Québec, not at all.
M. Harrold (Max) :
Are you proud that he is perhaps the most federalist Québec Premier in a long
time?
M. Fournier
:
We are all federalists, because we are Quebeckers and we are Canadians. And
it's possible, in this world, you know, to have those kinds of allegiance. You
can be a proud Quebecker and a proud Canadian. It's not something that is in
opposition. Of course, for the members of the Parti québécois, it seems that
you cannot be both of that. Well, if you look at all of our humanity on this
planet, you will find that people want to have their own allegiance. They
choose their own allegiance. It's not for the Parti québécois to decide which
side you are. Last question.
Mme Montgomery
(Angelica)
: The Scottish Nationalist Party won heavily in Scotland
last night. The PQ was saying that it shows a resurging in the desire of people
to have autonomy. What do you make of this?
M. Fournier
:
Well, it's not for me to interpret what has happen in Scotland and at the
election. But, if the Parti québécois wants to try to understand something from
that vote, he could look at what happened with the Bloc québécois at the last
election in Canada. If that is the point he wants to make, maybe he could see
that, if there's an analogy with 1993, with the Bloc québécois and the fact
that is happening in Scotland, well, just look at the 20 years after 1993. And
maybe you could ask him the question, if you want to talk about that. What happened
with the Bloc québécois, is… that mean that it's going well or not? Thank you.
(Fin à 10 h 4)