(Quatorze heures quatorze minutes)
M. Moreau
: Alors,
mesdames, messieurs, bonjour. Le 22 octobre dernier, notre gouvernement a
confié le mandat à la Commission municipale du Québec de tenir une enquête
publique sur l'administration de la ville de L'Assomption. Cette enquête
portait sur le processus d'octroi des contrats et la gestion des ressources
humaines ainsi que sur le respect des rôles et des responsabilités qui
incombent aux élus et aux fonctionnaires municipaux. La commission s'est
penchée sur les faits ayant eu lieu depuis l'élection du 3 novembre 2013.
J'ai pris connaissance du rapport et des
recommandations de la Commission municipale. Celui-ci est accablant sur le
comportement du maire et sur celui de l'ex-directeur général de la ville. Je
vous annonce que le gouvernement a adopté un décret visant à mettre la ville de
L'Assomption sous le contrôle de la Commission municipale du Québec. Cette
tutelle prend effet immédiatement. Dans son rapport, la Commission municipale
du Québec conclut que la ville de L'Assomption est aux prises avec de graves
problèmes qui affectent son fonctionnement, et ce, de manière importante. Elle
considère que ces problèmes sont la conséquence d'une série de décisions et d'actions
inappropriées de la part du maire, du directeur général et de certains élus.
Elle affirme que ces problèmes nuisent à la bonne gouvernance de la ville, en
plus de provoquer son dysfonctionnement administratif et politique. La
commission formule 29 blâmes, adressés principalement au maire et à
l'ex-directeur général, en ce qui concerne la gestion des ressources humaines,
leurs rôles et responsabilités et le processus d'attribution des contrats.
Plus spécifiquement, la commission souligne
l'ingérence du maire dans la gestion des affaires courantes ainsi que dans
l'application des lois et des règlements municipaux, notamment par ses
nombreuses interventions afin de favoriser son propre commerce et pour son
intervention dans une opération policière afin de faire cesser l'émission de
constats d'infraction; la conduite abusive du maire à l'égard des
gestionnaires; l'intrusion injustifiée de celui-ci dans la vie privée
d'employés de la ville par la fouille abusive d'ordinateurs ou de cellulaires
ou par la filature de certains employés; la prise de décisions par le maire qui
auraient dû normalement être prises par le conseil municipal; et la négligence
du directeur général à agir en conformité avec ses devoirs et responsabilités.
À la suite de ces constats, la commission
émet des recommandations afin de rétablir la situation. En plus d'adresser
quatre recommandations au maire et au conseil municipal relativement à
l'administration de la ville, elle recommande au gouvernement d'assujettir la
ville de L'Assomption à son contrôle, ce qui, en pratique, signifie la mise en
tutelle de la ville. À cet égard, la présidente de la Commission municipale du
Québec a désigné Mme Martine Savard comme déléguée adjointe et M. Denis Michaud
comme délégué auprès de la ville de L'Assomption. En vertu de l'article 60 de
la Loi sur la Commission municipale, j'ai approuvé la délégation de pouvoirs et
la désignation des délégués à titre de ministre des Affaires municipales.
La commission formule certaines recommandations
de modifications législatives aux lois municipales, qui seront étudiées dans le
cadre général du processus de révision des lois. Elle recommande enfin à la
Procureure générale du Québec d'intenter contre le maire une requête en
déclaration d'inhabilité pour inconduite. En conséquence, le rapport a déjà été
transmis à la Procureure générale, ma collègue Stéphanie Vallée. Cette dernière
étudie présentement la question et décidera de la suite des choses quant aux
procédures à entreprendre contre le maire.
Les problèmes soulevés sont très
inquiétants. Le gouvernement a le devoir de prendre les moyens nécessaires pour
assurer la bonne gestion des municipalités. L'objectif de la tutelle décrétée
aujourd'hui est de rétablir un fonctionnement normal à l'hôtel de ville de L'Assomption
et de trouver des solutions efficaces et durables pour les élus, les
gestionnaires, les employés et surtout au bénéfice de la population. Nous
souhaitons ainsi que le climat s'assainisse et que le conseil municipal puisse
retrouver son autonomie rapidement, dans le meilleur intérêt de tous les citoyens.
L'enquête publique tenue par la Commission
municipale a permis de faire la lumière sur la situation et les événements
vécus à la ville de L'Assomption. Je tiens à remercier la commission pour son professionnalisme
et pour son travail fouillé et minutieux. Les Québécois attendent de leurs élus
qu'ils soient intègres, qu'ils respectent et fassent respecter les lois et les
règlements qui les régissent. Il est de notre devoir de nous en assurer, c'est ce
que nous avons fait. Je vous remercie.
Le Modérateur
: On va
passer à la période des questions pour les journalistes. Denis Lessard, s'il
vous plaît.
M. Lessard (Denis)
:
Oui. Je pensais que, pour mettre une ville en tutelle, il fallait démontrer que
le conseil municipal est paralysé, qu'il n'y a plus de décision possible pour faire
avancer la ville. Puis là il va y avoir une tutelle sans… Le conseil municipal
fonctionne quand même à ce que je sache.
M. Moreau
:
C'est-à-dire que, ce que la commission constate, elle, dans sa recommandation…
dans son rapport, et vous allez le voir en détail, c'est que la succession de
départs pour congé de maladie des cadres — il y a de nombreux cadres
qui ont été diagnostiqués comme devant s'absenter du travail pour incapacité de
continuer leurs tâches en raison de l'attitude et de l'atmosphère qui a été
créée par le maire et par l'ex-directeur général — fait en sorte
qu'aujourd'hui il y a un dysfonctionnement structurel à la ville et que, sur
l'ensemble des dossiers, à l'heure actuelle, le conseil municipal puisse
difficilement continuer sa tâche de façon autonome, étant donné que la plupart
des cadres ne sont pas là pour venir compléter les dossiers et voir à ce que
l'administration se fasse normalement. Et, en cas de dysfonctionnement
administratif, c'est le constat fait par la Commission municipale, la tutelle
devient une recommandation que nous avons acceptée.
M. Lessard (Denis)
: Bien,
concrètement, le maire Gingras, il rentre demain matin dans son bureau, est-ce
que…
M. Moreau
: Concrètement,
le maire Gingras est comme tous les élus municipaux, sont en fonction dans la
mesure où ils sont élus par la population. Mais aucune décision du conseil
municipal ne pourra avoir effet, aucune dépense ne pourra être engagée, aucun
geste ne pourra être posé, aucun congédiement ne pourra être effectué, aucune
embauche ne pourra être effectuée sans que ces décisions-là soient approuvées par
la Commission municipale du Québec. Tous les chèques émis par la ville font
l'objet d'une approbation par la Commission municipale. Et, en réalité, sans
une décision de la Commission municipale dans l'ensemble des dossiers de
fonctionnement courant, de fonctionnement administratif ou à plus long terme,
aucun règlement ne peut être adopté ou aucune résolution ne peut être mise en
vigueur à moins qu'elle fasse l'objet d'une approbation subséquente par la
Commission municipale.
Et c'est la raison pour laquelle nous
avons désigné deux des membres de la Commission municipale. Alors, la procédure
prévoit que la présidente désigne deux membres pour agir comme tuteurs et que
ces désignations-là sont autorisées par le ministre des Affaires municipales. C'est
ce que j'ai fait cet après-midi.
M. Gentile (Davide) : Pour la
suite des choses, est-ce que ça va jusqu'à la prochaine élection? Pouvez-vous
nous dire exactement combien de temps ça dure? Est-ce qu'il y a une élection
anticipée?
M. Moreau
: Bien, il
n'y a pas d'élection anticipée parce que les gens sont en poste, sauf sous
réserve du recours qui pourrait être intenté par la Procureure générale pour
obtenir la disqualification du maire. Dans l'intervalle, les mandats se
poursuivent. La durée de la tutelle n'est pas fixée. Une tutelle n'est pas à
durée fixe. Elle prend effet immédiatement et elle se terminera lorsque la
Commission municipale estimera que le retour au fonctionnement normal est
établi, et elle en fera un avis.
M. Gentile (Davide) : Donc,
je repose la question : S'il est disqualifié, il arrive quoi à partir de
ce moment-là?
M. Moreau
: S'il est
disqualifié, la procédure normale s'applique. Alors, il y aurait plus de
12 mois qui sépareraient le… Alors, non seulement il serait disqualifié,
mais il serait déclaré inhabile à exercer une charge pour une période de temps.
Et, vu que la vacance au poste de maire serait constatée plus de 12 mois
avant la fin du mandat, il y aurait un processus électoral normal pour le poste,
par exemple, si seulement le maire était visé, pour le poste de maire. Le
nouveau maire commencerait son mandat, et la tutelle pourrait se poursuivre
avec le nouveau maire, et, lorsque la tutelle se terminera, bien, le conseil
municipal reprendra son autonomie.
Le Modérateur
: Michel
Pépin.
M. Pépin (Michel)
:
Oui, bonjour, M. le ministre. Si vous pouvez me parler de cette requête en
déclaration d'inhabilité, hein, on ne parle pas de la procédure de suspension
d'un élu, hein, je ne pense pas. Alors, si vous pouvez nous parler un peu sur
quelle base et comment ça fonctionne, ça.
M. Moreau
: Bien, on a
essayé… Nous avions présenté, pendant l'enquête publique de la Commission municipale,
au fur et à mesure que les éléments de preuve tombaient, on a demandé à la
Procureure générale de présenter une requête pour faire suspendre le maire de
ses fonctions le temps que l'enquête publique soit faite. La cour a établi que
le Procureur général n'avait pas fait une preuve suffisante pour permettre
d'arriver à cette conclusion-là.
Maintenant, le rapport… Non seulement le
rapport de la Commission municipale, mais l'ensemble de la preuve recueillie… il
y a près de 9 000 pages de notes sténographiques qui ont été soumises
au Procureur général qui, à l'heure actuelle, étudie le dossier pour voir si
une procédure en destitution du maire pourrait être intentée.
Si vous voulez que je vous en parle un
peu, alors, qui a intérêt à présenter ce type de requête là? Tout électeur de
la municipalité pourrait le faire. La municipalité elle-même pourrait le faire.
Par exemple, le conseil pourrait décider de prendre une procédure contre le
maire. Si cette procédure-là est autorisée par la Commission municipale, elle a
l'intérêt requis en vertu de la loi pour le faire, et le Procureur général.
Nous ne présumons pas du choix ou de la décision des électeurs, nous ne
présumons pas du choix ou de la décision du conseil municipal. C'est la raison
pour laquelle nous avons demandé à la Procureure générale d'examiner le
dossier.
M. Pépin (Michel)
: Et,
c'est ça, habituellement, ce genre de procédure là, si on prend ça de manière
générale pour bien comprendre le contexte dans lequel, dans ce cas-ci, c'est
utilisé, mais de façon générale, c'est lorsqu'il y a, quoi, actes criminels qui
ont été posés ou malversation?
M. Moreau
: Lorsqu'il y
a malversation au sens large de l'expression, qui n'est pas nécessairement un
recours exclusivement réservé à des gestes qui auraient une connotation
criminelle. Dans le cas qui nous occupe ici, la commission indique que le maire
s'est placé dans deux situations. Alors, on vise deux blâmes en particulier,
celui, par exemple, où il tente d'empêcher la procédure administrative liée à
l'émission de constats d'infraction en s'emparant de l'original des contrats
d'infraction dans le bureau du directeur de la police. Et un autre cas où,
alors que son propre commerce est impliqué dans des procédures avec la municipalité,
il demande d'avoir accès aux informations qui sont réservées à la poursuite
pour que la ville puisse faire respecter sa réglementation.
Alors, dans un cas comme dans l'autre, non
seulement la commission émet un blâme, mais, en plus, elle recommande que des
procédures en vertu de l'article 306 de la Loi sur les élections, soit la
disqualification du maire, soit intentées.
Le Modérateur
: Martin
Ouellet.
M. Ouellet (Martin)
:
Oui. Bonjour, M. le ministre.
M. Moreau
: Bonjour, M.
Ouellet.
M. Ouellet (Martin)
:
Juste une question technique. Les élections municipales ont lieu quand dans
L'Assomption? C'est...
M. Moreau
: Bien, les
élections sont aux trois ans. Alors, la dernière élection date de 2013. La prochaine
élection... en novembre 2013, le premier dimanche de novembre à tous les quatre
ans. Alors, les dernières ont eu lieu en 2013, les prochaines auraient lieu en
2017.
M. Ouellet (Martin)
: Est-ce
qu'en théorie le maire qui est élu conserve une légitimité démocratique?
M. Moreau
: Tant et
aussi longtemps que le mandat qu'il détient des élections n'est pas révoqué par
un jugement final d'un tribunal, la réponse à votre question est oui.
M. Ouellet (Martin)
:
Alors, il peut continuer son mandat jusqu'en 2017.
M. Moreau
: Il pourrait
continuer son mandat jusqu'à 2017, mais, comme je vous dis, l'effet de la
tutelle est d'empêcher qu'une décision émanant du conseil puisse avoir effet, à
moins d'être autorisée ou approuvée — approuvée serait l'expression
la plus juste — par la Commission municipale du Québec. Alors, le
maire ne pourrait pas, par exemple, suspendre des employés parce que, dans
le... Vous allez prendre connaissance du rapport, vous allez voir que la
plupart des employés, des cadres dont il est question et qui ont été entendus
en preuve, ont fait l'objet soit d'une filature par le maire directement, soit
de saisie de données à l'intérieur des ordinateurs, en violation des droits
fondamentaux protégés par les chartes et, dans certains cas, ont été congédiés.
Alors, ce genre de situation là ne
pourrait plus se reproduire, indépendamment du temps requis advenant le cas où
le Procureur général décidait d'intenter des procédures et obtenir un jugement
en discréditation.
M. Lacroix (Louis)
:
Est-ce que vous souhaitez, M. Moreau, que le maire se retire lui-même? Parce
que, là, il y a quand même des procédures assez importantes, là, qui sont en…
M. Moreau
: Bien, je
vais vous dire, le…
M. Lacroix (Louis)
:
Est-ce que votre souhait, là, c'est qu'il dise : Bon, finalement… qu'il
lance la serviette, puis qu'il démissionne?
M. Moreau
: Le dossier
est suffisamment sérieux, je pense, pour qu'il fasse une réflexion lui-même sur
son avenir dans ces fonctions-là. Évidemment, mon souhait personnel ne doit pas
avoir d'impact sur la décision qu'aura à prendre le Procureur général. Alors,
ma réflexion personnelle sur ce point-là n'a pas à être étendue, mais je pense
que le rapport est accablant, les circonstances sont là. Il pourrait très bien
arriver que le maire, dans un élan, décide de réfléchir lui-même à sa carrière
et décide de quitter.
M. Pépin (Michel)
: Ça
gagne combien, un maire de L'Assomption, à votre avis, à votre souvenir, peut-être?
M. Moreau
: Je n'ai pas
l'information sur le salaire du maire. C'est une information qui est publique.
Je ne connais pas le règlement de rémunération des élus en vigueur dans
L'Assomption, mais on doit l'avoir, on pourra vous le faire parvenir.
M. Pépin (Michel)
:
C'est gentil, merci.
M. Lessard (Denis)
: …on
fait des recommandations générales, un cours de mairie 101 ou je ne sais pas…
Qu'est-ce que vous voyez?
M. Moreau
: Oui. Bien,
en fait, c'est dans le cadre des… Oui, bien, un cours de mairie 101, dans la proposition,
à défaut de quoi il pourrait y avoir une sanction prise contre l'élu, ça fait
partie des recommandations que la commission a faite, qui s'inscrivent dans l'analyse
que nous allons faire dans le cadre de la révision des lois.
Est-ce que ça doit être mieux encadré? Il
faut éviter… Il y a deux éléments très importants. Je pense, votre question me
permet de le développer. On veut d'emblée reconnaître l'autonomie des
municipalités, à titre de gouvernement de proximité, mais la reconnaissance de
cette autonomie-là ne nous dispense pas d'encadrer tout le processus décisionnel
et administratif des villes à partir d'une instance qui assure la transparence,
le respect de la démocratie et ces choses-là.
L'Assemblée nationale, par exemple, nomme
des gens sur lesquels elle n'a pas de contrôle et qui sont là pour assurer la transparence
et le respect des lois. Je pense au Vérificateur général, au Commissaire au
lobbyisme, au Commissaire à l'éthique, à la Protectrice du citoyen. Or, dans ce
cas-là, la commission municipale pourrait très bien jouer un rôle semblable
dans le cadre de la démocratie municipale. Est-ce qu'on ira jusqu'à dire :
Bien, il devrait y avoir une formation obligatoire pour les élus? Qu'il y ait
une formation pour les élus, c'est très bien, il n'y en aura jamais assez, mais
est-ce que, de ça, devrait découler une sanction? Là, on va analyser la recommandation
de la Commission municipale, mais avec beaucoup de sérieux parce que, je le
répète, elle a fait, la commission, un travail extrêmement sérieux, et c'est tout
à fait inusité comme situation, là. Depuis 1998, on m'indiquait qu'il y a eu
trois tutelles seulement en incluant celle-ci.
M. Ouellet (Martin)
:
Est-ce que Jean Lacroix est toujours en poste?
M. Moreau
: Non, l'information
que j'ai, c'est qu'il y a eu une résolution du conseil pour résilier son
contrat, qui a été adoptée au début du mois d'avril. L'information que je n'ai
pas, c'est : est-ce qu'il a contesté cette décision-là? Je n'ai pas l'information.
Mais la recommandation de la Commission municipale à l'effet de le congédier
demeure puisqu'au moment de la rédaction du rapport on était, je pense, à
l'intérieur des délais, pour lui, pour se pourvoir… pour que le directeur
général se pourvoie à l'encontre de la décision prise par le conseil. Et donc
la commission pourrait se retrouver dans un contexte où, durant la tutelle,
elle aurait à prendre une décision sur l'avenir de M. Lacroix comme directeur
général, et je pense que le rapport indique clairement quel serait le sens de
son opinion sur cette question.
M. Pépin (Michel)
: Il
y a plusieurs recommandations générales dans ce rapport. Je ne sais pas dans
quelle mesure vous avez eu la chance de vous pencher là-dessus. Qu'est-ce que
vous pensez…
M. Moreau
: Je l'ai lu
d'un couvercle à l'autre.
M. Pépin (Michel)
: Oui,
ça, j'en suis convaincu, hein? C'est toujours une très bonne idée d'ailleurs de
lire les rapports et… non, mais je voulais savoir dans quelle mesure… qu'est-ce
que vous avez à dire sur ces recommandations d'ordre général faites par la
commission?
M. Moreau
: Bien, il y
a des recommandations d'ordre général qui s'adressent à la municipalité pour
éviter que… parce que la municipalité a une pérennité, indépendamment des
individus qui siègent au conseil, alors, pour assurer qu'il y ait une meilleure
cohésion dans l'action municipale, je pense que ça, c'est parfait. Dans les
recommandations d'ordre général, il y a des recommandations d'ordre législatif
qui sont faites, c'est un peu ce à quoi votre collègue faisait référence sur la
question de la formation des élus, mais il y en a d'autres également. Sur cette
question, d'abord, je remercie la présidente de la Commission municipale et les
deux membres de la commission qui ont siégé, Me Piérard et la commissaire,
maître — attendez un petit peu parce que ça vaut la peine qu'on les
mentionne, ils ont fait véritablement un travail — Me Sandra
Bilodeau, si ma mémoire est bonne, oui, c'est ça.
M. Pépin (Michel)
: …permet
d'être précis, là. Par exemple, la commission suggère d'avoir le pouvoir de
suspendre, pendant six mois, un élu municipal. Qu'est-ce que vous en pensez?
M. Moreau
: Oui, qui
n'aurait pas suivi des cours ou qui… Alors, ça, c'est des choses… On doit le
regarder dans un contexte plus large. J'ai déjà indiqué clairement mon
intention de donner plus de pouvoir à la Commission municipale dans la
perspective de la révision des lois et du gain d'autonomie des municipalités.
Alors, retrait de, je dirais, de l'hégémonie politique d'un gouvernement sur
l'autre, des mesures de contrôle accrues et transparentes, ce sont des éléments
sur lesquels nous allons réfléchir.
Pour l'instant, ce qui m'apparaît clair, c'est
qu'à travers le filigrane des recommandations générales d'ordre législatif que
fait la commission municipale, elle demande d'avoir des outils qui permettent
d'agir de façon plus précise plutôt qu'un pouvoir général, de dire, par exemple :
une tutelle devrait être une tutelle administrative liée à des éléments
spécifiques. Ça, ça m'apparaît bien parce que tout le mécanisme de la tutelle
est un mécanisme qui date de plusieurs années et qui aurait avantage à être
revu, ou on pourrait avoir une tutelle spécifique ou une tutelle déterminée.
Même chose sur ces éléments-là.
Alors, je pense que la commission formule
ces recommandations-là non pas pour les retrouver intégralement dans des lois,
mais pour, à tout le moins, susciter la réflexion et l'analyse qui devraient
être faites au moment où nous allons rédiger les lois pour conférer à la
commission des pouvoirs additionnels.
M. Pépin (Michel)
: Ça
viendrait quand, ça, à peu près?
M. Moreau
: Bien, ça
doit venir rapidement parce que, notre échéancier de révision des lois, je l'ai
déposé à la Table Québec-Municipalités. C'est l'automne 2016, et tout ça doit
fonctionner de façon parallèle. On n'ira pas avec la proue du bateau sans avoir
construit la poupe. Alors, les pouvoirs additionnels à la commission
s'inscrivent dans ce chantier global là, et donc les réflexions sont en cours
déjà.
M. Lessard (Denis)
: Tantôt,
vous avez dit que le maire avait lui-même faire la filature d'employés, alors
que je lis ici... bien, qu'il a donné un mandat sans motif...
M. Moreau
: Non. Il a
donné des mandats, mais il y a une des employés qui avait fait l'objet d'une
filature puis qui a reconnu que c'était le maire qui était dans sa voiture. Je
ne me souviens pas du nom de la personne, là, mais il y a un incident là-dedans
où... Il a donné des mandats de filature, mais il y a un incident particulier
où, avant son élection, il a fait une filature de cette personne-là, qu'il a
par la suite reçue en entrevue alors qu'il occupait la fonction de maire.
M. Lessard (Denis)
:
Qu'est-ce qui vous paraît le plus grave : les relations de travail ou les
intrusions dans ses business à lui, là?
M. Moreau
: Très
clairement, ce qui est le plus grave, c'est le fait que le maire se soit ingéré
dans des dossiers dans lesquels il avait lui-même un intérêt par
l'intermédiaire de son commerce pour avoir une influence sur le résultat des
procédures, et son intervention alors qu'il s'est emparé des originaux des
constats d'infraction émis par la police au cours d'une opération policière
tenue un week-end. Et lui, il dit : Bien, vous n'auriez pas dû tenir cette
opération-là. C'est une opération de contrôle des bruits émis par les motos, et
je pense qu'il y a une vingtaine, 20 ou 25 constats d'infraction qui
sont émis à ce moment-là, et lui, comme il est en désaccord avec l'idée de...
le chef de police lui dit : Vous savez, M. le maire, vous ne devez pas
intervenir dans les opérations policières ou dans les enquêtes. Il dit :
Bon, bien, laisse faire, moi, je veux avoir les constats d'infraction, je veux
qu'ils me soient remis. Je n'ai pas vu ça... Moi, j'ai pratiqué le droit municipal
pendant 22 ans, je n'ai jamais entendu quelque chose de semblable. C'est
la première fois d'ailleurs que je le lisais, dans le rapport de la commission,
et j'ai trouvé ça assez étonnant.
Le Modérateur
: C'est
tout? Merci beaucoup.
M. Moreau
: Merci.
(Fin à 14 h 36)