(Neuf heures trente-trois minutes)
M.
Caire
:
Alors, bonjour. Aujourd'hui, on voulait, évidemment, dans la préparation de
l'interpellation, faire un certain nombre de constats au niveau des projets
informatiques.
D'abord, premier constat, ça coûte extrêmement
cher, la mauvaise gestion des projets informatiques, ce qu'il est convenu, je
pense, d'appeler le bordel informatique. Seulement pour les neuf principaux
projets, les dépassements de coûts atteignent 2,8 milliards, et là je ne
parle pas du coût total des projets, je parle simplement des dépassements de
coûts pour les neuf principaux projets. 2,8 milliards, c'est épouvantable
dans un contexte, évidemment, où on demande aux Québécois de se serrer la
ceinture, de faire des sacrifices, dans un contexte où on est allés piger dans
leurs poches, à travers toutes sortes d'augmentations de taxes et de tarifs. C'est
scandaleux, c'est scandaleux.
Pourtant, les solutions, on les connaît,
on les connaît depuis longtemps. Simplement pour le CSPQ, on est rendus au
10e rapport, là, qui a été fait, là, sur les solutions pour modifier le
CSPQ, qui, normalement, devrait être la boîte d'expertise en technologies de l'information
pour le gouvernement. On a aussi, en 2012, déposé un rapport au gouvernement
qui n'a jamais été suivi, qui a été tabletté. On nous explique que les
changements de gouvernement font en sorte que ça n'a jamais été mis de l'avant.
Alors, ce qu'on comprend, c'est qu'à chaque fois qu'il y a un nouveau ministre,
il tombe exactement dans la même boucle de l'inaction, c'est-à-dire, il
recommande des rapports qui vont venir lui dire très exactement ce que le
rapport précédent a déjà dit. Donc, plutôt que d'aller dans l'action, de mettre
de l'avant les recommandations, on va se faire confirmer la même chose, et là,
ça, c'est ce qu'on appelle la boucle de l'inaction.
Par exemple, au niveau de rebâtir l'expertise,
on sait très bien, on sait très bien que le problème principal — et
c'est très exactement ce qui a été dit dans les différents rapports — le
problème principal, c'est qu'au gouvernement du Québec, on a perdu cette
expertise dans les technologies de l'information, ce qui nous met à la merci
des consultants, et évidemment avec les résultats qu'on constate aujourd'hui.
Je le rappelle : Pour les neuf principaux projets informatiques,
2,8 milliards en dépassements de coûts.
On a aussi cette réorganisation qu'on doit
faire de nos structures informatiques, notamment les centres de traitement de
l'information. À titre d'exemple, le Québec, pour les ministères et organismes,
en possède 150, alors que, par exemple, l'Ontario en possède deux; en moyenne
au Canada, c'est sept. C'est plus de 200 millions d'économies qu'on ne
réalise pas en ne mettant pas ces réformes-là de nos structures de l'avant. Et évidemment,
bien, c'est le contribuable qui paie pour ce manque de vision, ce manque de
leadership de la part des gouvernements successifs.
Donc, des solutions connues à des problèmes
connus. Et que fait Martin Coiteux? Quel est le bilan de Martin Coiteux après
un an aux commandes? Bien, écoutez, pour le CSPQ, souvenons-nous de la
catastrophique embauche de Jean-Guy Lemieux. On a défendu cette nomination
partisane là qui n'avait rien d'autre, aucun autre objet que d'être une
nomination partisane, parce que, quand regarde le profil de M. Lemieux,
là, rien ne nous laisse présager qu'il aurait pu redonner quelque vigueur que
ce soit au CSPQ.
Et suite à ça on a nommé M. Jean.
M. Jean est un administrateur chevronné, j'en conviens, toutefois est-ce
qu'il a le profil pour donner au CSPQ cet élan dont il a besoin? Ça, il est
permis d'en douter.
M. Coiteux a aussi déposé deux
rapports sur les modifications qu'il entend faire, notamment au CSPQ. Et que
disent-ils, ces rapports? Bien, on va envoyer le transport aérien au ministère
des Transports. Je veux dire, il n'y a pas de révolution là, on en convient, et
on va faire en sorte que la clientèle va être captive du CSPQ. Donc, le CSPQ
n'est pas bon, mais les ministères n'auront pas le choix de faire affaire avec
le CSPQ, et c'est comme ça, semble-t-il, que M. Coiteux entend rendre
cette organisation-là cruciale pour la suite des choses, plus performante, ce
qui, à notre avis, est totalement ridicule.
En plus, M. Coiteux y va de consultations
en nouveaux rapports. Alors, SAGIR, on a demandé un audit; la réforme du CSPQ,
c'est trois rapports; on a mis en place un comité de sages. Bref, beaucoup de
consultations, beaucoup d'audits, beaucoup de rapports, très peu d'action,
sinon une pathétique réforme du tableau de bord, là, ce site Internet qui doit
nous informer sur l'état d'avancement des projets informatiques, l'état de
santé, où on s'est acheté des pastilles de couleur pour 65 000 $.
Donc, ça, c'est le genre de réforme que M. Coiteux a mise de l'avant en un
an, ce qui est assez significatif de l'inaction.
Donc, on est dans une situation où le
capitaine semble vouloir nous faire faire une croisière à bord du Titanic. On a
joué dans ce film-là, le résultat, c'est 2,8 milliards et plus en
dépassements de coûts. Et M. Coiteux, au moment où on se parle, n'a
toujours pas… ne nous donne toujours pas d'indication claire sur le fait qu'il
sait où il s'en va, que ces principaux lieutenants savent où ils s'en vont et
que tout ça va atterrir sur quelque chose de positif. Les signes qu'on a, après
un an, sont à l'effet qu'on devrait avoir, malheureusement, les mêmes problèmes
qu'on a depuis le début, avec les mêmes conséquences.
Donc, là-dessus, je suis prêt à prendre
vos questions.
Contents avec ça? Parfait. Merci beaucoup.
(Fin à 9 h 39)