(Douze heures cinquante-neuf minutes)
M. Legault
: Bonjour, tout
le monde. Donc, écoutez, je voudrais d'abord féliciter Pierre Karl Péladeau
pour son élection comme chef du Parti québécois. Évidemment que M. Couillard
doit avoir ouvert une bouteille de champagne vendredi soir parce qu'on entend
déjà ce matin M. Couillard se réjouir que l'élection de 2018 serait seulement
sur la souveraineté.
Bien, moi, j'ai des petites nouvelles pour
M. Couillard. On va travailler très fort, puis je suis convaincu que les
Québécois sont capables de parler de d'autre chose que la souveraineté, souhaitent
parler de d'autre chose que la souveraineté. Et le pari que je fais, c'est que
les gens, ce qu'ils souhaitent, c'est un parti qui a un plan économique solide,
un plan économique qui permet à la classe moyenne de voir ses impôts, ses taxes
et ses tarifs diminuer. Puis ça, bien, c'est la CAQ.
Donc, moi, je suis très à l'aise, très
content. Dans le fond, les choses sont claires avec Pierre Karl Péladeau. La
priorité est bien identifiée, c'est la souveraineté du Québec. Ce n'est
évidemment pas la priorité de la CAQ. La priorité de la CAQ, c'est de sortir le
Québec du 57e rang en Amérique du Nord pour sa richesse, pour être capable de
bien financer nos services et être capable de réduire les taxes, les impôts et
les tarifs de la classe moyenne. Donc, les enjeux sont clairs, et bien hâte à
cet après-midi, de voir M. Péladeau en Chambre.
Le Modérateur : On va passer
à la période de questions. Alain Laforest.
M. Laforest (Alain)
: Bonjour,
M. Legault.
M. Legault
: Bonjour.
M. Laforest (Alain)
: M.
Legault, M. Péladeau nous a dit ce matin que sa priorité, ce serait l'économie.
Vous ne le croyez pas?
M. Legault
: Bien, ça
voudrait dire qu'il a changé d'idée parce qu'il nous a dit qu'il y avait juste
une priorité, c'était la souveraineté du Québec. Moi, je pense que la dernière
chose qu'on a besoin au Québec pour relancer l'économie du Québec, c'est de
créer de l'incertitude avec un potentiel référendum. Donc, pour moi, les deux
objectifs sont incompatibles. Oui.
Journaliste
: Bonjour,
M. Legault. Dans le sondage ce matin, on voyait diverses questions sur qui
était le mieux placé pour s'occuper d'économie, s'occuper de finances
publiques. Et c'est M. Péladeau avec le Parti québécois qui arrivait devant,
avec une bonne marge, devant le Parti libéral, devant la CAQ, pour les deux
questions, alors que, jusqu'ici, ça a toujours été votre créneau, la défense
des contribuables. Est-ce que ce n'est pas inquiétant de voir ça?
M. Legault
: Je ne sais
pas quand le sondage a été fait.
Journaliste
: Samedi et
dimanche.
M. Legault
: Je ne sais
pas si ça été fait durant l'émission spéciale à Radio-Canada puis à TVA sur
Pierre Karl Péladeau, mais, pour moi, le sondage, actuellement, avec toute la
couverture qu'a eue M. Péladeau au cours de la fin de semaine, le sondage
montre tout simplement une lune de miel, mais je ne crois pas le sondage. Je ne
crois pas que, pour les gens, la priorité, c'est la souveraineté. Moi, je pense
que, pour les gens, la priorité, c'est le fardeau fiscal de la classe moyenne.
Oui.
Journaliste
:
Rebonjour, M. Legault. Certains analystes voient M. Péladeau comme l'homme de
la dernière chance pour le projet du Parti québécois. Est-ce que vous en faites
la même lecture?
M. Legault
: Oui,
écoutez, il y aura toujours des partisans de la souveraineté du Québec au
Québec. Par contre, c'est une petite minorité, et actuellement les gens sont
tannés de ce sujet-là. Donc, je pense, M. Péladeau arrive au mauvais moment. Je
ne pense pas que M. Péladeau va réussir là où René Lévesque ou Lucien Bouchard
n'ont pas réussi. Donc, non. Il y aura toujours une présence de souverainistes
au Québec. Le problème, c'est qu'ils pourront de moins en moins aspirer à
former le prochain gouvernement.
Journaliste
: Vous avez
dit ce matin que votre objectif, c'est, bon, d'abord de rétablir les finances
publiques du Québec. À partir du jour où cet objectif-là sera atteint, est-ce
que vous allez redevenir vous-même un souverainiste, comme vous dites en ce
moment, là, qu'il y aura toujours des souverainistes?
M. Legault
: Non. Je l'ai
déjà dit, la CAQ ne fera jamais… Il n'y a jamais un gouvernement de la CAQ qui
va faire un référendum sur la souveraineté. Ça, j'ai toujours été très clair
là-dessus depuis l'existence de la CAQ.
Maintenant, la priorité, ce n'est pas
seulement de faire le ménage dans les finances publiques comme le fait le
gouvernement libéral actuellement, il faut aussi avoir un plan économique. On
en a proposé un avec des zones d'innovation. Mais le Québec ne peut pas rester
au 57e rang en Amérique du Nord pour sa richesse, et penser financer
correctement ses programmes, et réduire à un niveau raisonnable le fardeau
fiscal de la classe moyenne. Donc, il faut aussi avoir un plan économique. Je
ne le vois pas, ni au PQ, ni au Parti libéral.
Journaliste
: Sur la
vente d'Archambault, réaction.
M. Legault
: Oui. Bien,
écoutez, actuellement les librairies sont très menacées par l'apparition des
achats en ligne, entre autres, de grandes entreprises comme Amazon. Donc, c'est
peut-être une bonne chose que... On va voir ce que disent les autorités sur les
lois de la concurrence, mais je pense, c'est une bonne chose, là, qu'on mette
nos efforts en commun pour être capables de compétitionner les Amazon de ce
monde.
Le Modérateur
: Martin
Ouellet. Bonjour, M. Legault. Vous étiez ministre des Finances dans un gouvernement
souverainiste. Vous nous dites...
M. Legault
: En tout
cas, allez-y, mais… Je n'ai jamais été ministre des Finances. Je sais que tout
le monde pense ça, mais je n'ai jamais été ministre des Finances.
M. Ouellet (Martin)
: Vous
avez raison, vous avez raison. Vous faites bien de me corriger. Mais vous avez
été quand même membre de l'Exécutif d'un gouvernement souverainiste puis
aujourd'hui vous nous dites : C'est impossible de parler d'économie et
parler de souveraineté.
M. Legault
: Bien,
actuellement, là, on est au 57e rang, on est dans un déclin tranquille. Il y a
une urgence de rétablir l'économie. À l'époque, on avait des gros surplus à
Ottawa, on recevait 4 milliards de péréquation par année. Actuellement, il n'y
a plus de surplus à Ottawa, puis on reçoit 9,5 milliards de péréquation. Donc,
moi, je ne pense pas, là, que c'est... C'est la dernière chose, je pense, que
l'économie du Québec a besoin, de créer de l'incertitude. Il faut attirer...
Là, il nous manque 10 milliards par année d'investissements des entreprises, il
faut tout mettre nos énergies dans ce domaine-là.
M. Ouellet (Martin)
:
Mais, par son aura d'homme d'affaires qui a réussi, est-ce que M. Péladeau
n'est pas en mesure, enfin, d'apaiser les tensions, de réduire les craintes ou
l'incertitude?
M. Legault
: Bien,
d'abord, je vais mettre un bémol sur un homme d'affaires qui a réussi, un homme
d'affaires qui a donné un rendement plus faible que si on avait investi dans
les obligations du Québec, un homme d'affaires qui a fait faire faillite à tout
le secteur imprimerie de Québecor, un homme d'affaires qui a réussi à faire
perdre 500 millions en achetant Sun Média. J'en connais qui ont mieux réussi
que lui.
Maintenant, le problème avec Pierre Karl,
c'est que sa priorité, c'est de faire la souveraineté du Québec, et, s'il ne
fait pas ça, d'ailleurs, je ne lui donne pas beaucoup de temps à l'intérieur du
PQ pour se faire rattraper par les militants qui ont voté pour lui parce qu'ils
l'ont cru. Donc, moi, non, je ne vois pas comment on peut à la fois créer de
l'incertitude et à la fois créer de la richesse. Qu'on me dise qu'on voudrait
faire la souveraineté pour des raisons culturelles, oui, mais pour des raisons
économiques, non.
Le Modérateur
:
Questions en anglais.
Journaliste
: So the…
Le Modérateur
:
Dernière question en français, David Gentile.
M. Gentile (Davide) : C'est
parce que je ne vois pas comment vous allez vous placer entre les deux, M.
Legault. Vous nous dites : La souveraineté crée de l'incertitude, il y a
un parti qui garantit ne pas aller dans ce sens-là, c'est le Parti libéral, de
l'autre vous avez le PQ. Vous…
M. Legault
: C'est bien
simple, là. Actuellement, les libéraux prévoient que, pour les quatre
prochaines années, on va avoir une croissance économique inférieure à 2 %.
Ça veut dire… Le Parti libéral prévoit que, pour les quatre prochaines années,
on va rester 57e sur 61. On a un parti, la CAQ, qui a un projet, avec le Projet
Saint-Laurent puis les zones d'innovation, de remonter dans le rang des États
en Amérique du Nord pour la richesse.
Donc, c'est bien beau dire : On ne
veut plus rien savoir de la souveraineté, maintenant ça prend aussi un plan
pour créer de la richesse, puis il y a juste un parti qui en a un, c'est la
CAQ. Il faut complètement changer ce qu'on fait chez Investissement Québec. Et actuellement
ce qu'on comprend des rumeurs en fin de semaine, là, c'est que même Jacques
Daoust va perdre son poste cet été. Donc, c'est vraiment un aveu d'échec. Le
ministre de l'Économie n'est pas apprécié, n'a plus la confiance du premier
ministre. Donc, moi, je pense, là, que ça va jouer beaucoup sur l'économie.
Le Modérateur
: Martin
Croteau, LaPresse.
M. Croteau (Martin)
:
M. Péladeau, tantôt, lorsqu'on lui a demandé de commenter la transaction
d'Archambault, il n'a pas précisé s'il avait été consulté avant la transaction.
Vous, est-ce que vous le soupçonnez d'avoir été consulté dans le cadre de...
M. Legault
: Ah! bien,
je ne suis pas au courant. Il faut poser la question à lui, là.
M. Croteau (Martin)
: Est-ce
que ce serait normal qu'il soit consulté, à vos yeux?
M. Legault
: Bien, en
tout cas, ça serait normal, comme actionnaire majoritaire, mais ça ne serait
pas normal comme politicien.
M. Croteau (Martin)
: Pourquoi?
M. Legault
: Bien,
parce qu'il y a un conflit d'intérêts, évidemment. On a même un gouvernement
qui est en train de parler de la place du livre puis de la distribution du
livre au Québec.
Le Modérateur
:
Caroline Plante.
Mme Plante (Caroline)
:OK. So the perception is that Mr. Péladeau is a very successful businessman,
but you are saying it might not be the case?
M. Legault
:
OK. I think that we have to remember that, during the 14 years he was in
charge of Québecor as CEO, the yield was less than obligation, less than 3%. So
I think it's no a success. And he bought some media for about a billion dollars
and resold it for $500 millions. You have to work very hard to
lose $500 million; he was able to do so. So, for me, it's not a
success, for sure.
Mme Plante (Caroline)
:Québecor sold Archambault to Renaud-Bray this morning.
Ensued lots of questions to M. Péladeau about his role in the transaction. Do you think that this situation can last?
M. Legault
: It's another proof that you cannot both be a majority shareholder
of a company like Québecor and be in politics. There's a clear conflict of
interest. But regarding the transaction, I'm happy to see that we put forces
together to fight against the Amazon and companies similar to…
Mme Plante (Caroline)
:How long do you think his honeymoon will last? And
also…
M. Legault
: Oh! it's very tough to say, but it shouldn't be more than a few
months, yes.
Le Modérateur
:Max Harrold.
M. Legault
: Hello.
M. Harrold (Max) :So a lot of people look at… yes, Mr. Péladeau, they see a person from
business, a business background, and you're a person from business background.
Tell me how he is not a threat to you and your party.
M. Legault
: First, as a businessman, I gave yield to my shareholders of over a
thousand percent, while the 10 years I was there. He gave a yield of about 3%. He lost $500 million with Sun Média, so he was not successful.
Second, the priority of
Mr. Péladeau is not the economy, it's the sovereignty of Québec and you cannot
do both. Right now, the last thing we need right now is uncertainty to attract
some private investment. So he's in a very bad position to attract private
investment, for sure.
M. Harrold (Max) :
If he takes a page from Scotland, and that's what I've heard that they're trying
to do, is trying to rally businesses to see that there is a duplicity, there's
a… you know, doubling up of costs and programs, you can't see how that might be
effective to rally business people to the cause?
M. Legault
: I think that right now, we have to remember that we receive, every
year, unequalization payments of $9.5 billion because Québec is more poor than the rest of Canada. So we have to take that into consideration. Thank you.
(Fin à 13
h 11)