(Seize heures quatre minutes)
M. Fournier
: Alors,
merci de répondre à l'invitation que je vous fais pour un court point de presse
qui vise à vous informer, d'une part, de la réception d'une lettre signée par
le président et chef de la direction de Québecor, M. Pierre Dion, qui m'a
écrit dans les heures qui ont suivi la période de questions de mercredi
dernier, ainsi que la réponse que je lui fais parvenir aujourd'hui, après avoir
réfléchi à la lettre en question.
D'abord, je me permettrai de dire que je
n'ai jamais reçu de lettre de ce genre malgré le fait que je fasse de la
politique depuis 20 ans. Je ne sais pas s'il y en a beaucoup qui en ont
reçu dans le passé. Dans cette lettre, M. Dion demande à ce qu'on ne parle
pas de Québecor ou de Vidéotron à l'Assemblée nationale.
Je tiens à vous rappeler d'abord les
échanges qui ont précédé cette lettre. Bernard Drainville du Parti québécois
accuse Hydro-Québec de charger des taux usuraires de 14,4 %. Le ministre
Arcand répond que le taux est celui généralement admis dans les affaires.
Bernard Drainville revient à la charge en en additionnelle. Il qualifie encore
ce taux de taux usuraire. M. Arcand dit : Chez Vidéotron, c'est
19,56 %.
Il est tout à fait pertinent de remettre
le Parti québécois devant ses propres contradictions. Un député trouve qu'un
taux à 14,4 %, c'est usuraire. Le chef de l'opposition est actionnaire de
contrôle d'une compagnie qui a un taux de 19 %. Ou bien le chef du Parti
québécois rappelle à l'ordre son député ou bien il choisit l'incohérence.
Québecor se plaint d'être amenée dans le
débat politique partisan. C'est son actionnaire de contrôle qui l'amène dans ce
débat. Il revient à M. Péladeau et Québecor de trouver une solution. Il s'agit
d'une illustration des conséquences de l'absence de mur séparateur entre la
charge du chef de l'opposition officielle et l'actionnaire de contrôle de l'entreprise.
Je note que M. Dion ne veut pas que l'on fasse de rapprochement entre Québecor
et M. Péladeau, mais ils ont choisi eux-mêmes de ne pas prendre de distance
entre eux. Il revient à M. Péladeau de sortir du déni et de réaliser que, dans
l'intérêt du Québec et même dans celui de Québecor, il ne peut pas porter les
deux chapeaux à la fois.
Voici les quelques commentaires que je
voulais faire avec les lettres que j'ai. Je ne sais pas si vous avez des
questions. Je sais bien que vous venez de recevoir la lettre. Essentiellement,
comme je le disais, dans une des lettres, on nous dit… et c'est M. Dion qui dit :
«Notre souhait est de demeurer à l'écart de tout débat politique partisan.» Je rappelle
dans la mienne les échanges qu'il y a eu. Et je rappelle que, s'il y a présence
de Québecor dans les débats politiques partisans, c'est un choix qui a été fait
par son actionnaire de contrôle. Ce n'est pas un choix qui est fait par le
gouvernement ou quelque parti politique que ce soit, et c'est à eux de prendre,
donc, des distances. Si on cherchait, depuis le temps qu'on parle de la
difficulté de porter les deux chapeaux, on cherche… les gens veulent se
demander quelles sont des illustrations, je pense que nous avons ici une
illustration de la difficulté.
M. Dutrisac (Robert)
:
Vous avez surtout insisté sur le fait que M. Péladeau possédait des médias, que
ça le mettait dans une situation vraiment intenable. Là, ce dont il s'agit, il
s'agit de son deuxième chapeau, c'est-à-dire propriétaire d'un
câblodistributeur. Est-ce qu'il n'y a pas une différence à faire,
essentiellement?
M. Fournier
: Écoutez,
d'abord, pour commencer, le point qui est ici, c'est une compagnie qui
s'appelle Québecor, qui possède Vidéotron, qui intervient dans le débat
politique et demande à ce qu'on ne parle pas d'eux à l'Assemblée nationale, que
les parlementaires ne parlent pas d'eux. Je tiens à vous dire que ce n'est pas
le choix qui est le nôtre d'avoir comme chef de l'opposition celui qui est
l'actionnaire de contrôle, et forcément cela amène des illustrations
d'incohérence qu'il peut y avoir au sein de son équipe. C'est ce avec quoi il
doit vivre.
La question ici n'est pas de savoir si
c'est des médias ou si c'est de la câblo dont il est question. À tous égards,
cela provoque des questionnements. Par exemple, le fait que… Et, quand on parle
de TVA, admettons, ou d'autres… on laisse la câblo pour revenir plus dans les…
que ce soient Le Journal de Québec, Le Journal de Montréal ou…
dans le média lui-même, il n'y a pas que les informations dans les médias. C'est
un ensemble beaucoup plus large qui est couvert. Et donc, moi, une des questions
que je me suis posées… et je n'ai pas de réponse. Je dois vous dire, je n'ai pas
de réponse, mais j'ai réfléchi à la question qui m'a été envoyée parce que je
ne sais pas quelles en seront les conséquences de la sortie que je fais devant
vous.
M. Dutrisac (Robert)
:
Maintenant, si on lit la lettre de Québecor, en filigrane, cette lettre-là dit :
Nous sommes une entreprise, nous employons 12 000 personnes. Ils semblent
vouloir sous-entendre qu'ils subissent des préjudices commerciaux en raison des
propos qu'a tenus le ministre Arcand. Est-ce qu'il n'y a pas un danger,
justement, à ce que l'entreprise souffre, si on veut, d'être impliquée dans des
débats politiques?
M. Fournier
: Et je
crois que c'est là où… Et là je laisse un point d'interrogation, ce sera à
M. Dion de le préciser, mais c'est là où il y a toute une problématique
d'interprétation politique de la lettre. M. Arcand n'a pas fait les
qualificatifs qu'a faits M. Drainville sur les taux de 14 %. Ce n'est
pas M. Arcand, c'est M. Drainville, c'est le Parti québécois qui
s'est trouvé à atteindre peut-être Québecor. Pourtant, c'est moi, comme leader
du gouvernement, qui reçoit la lettre de M. Dion. Si j'apprenais qu'il en
avait envoyé une aussi à M. Drainville, disons qu'on pourrait rediscuter à
nouveau de ce qu'on discute présentement, mais disons que je serais plutôt étonné
que M. Drainville en ait reçu une.
Et, lorsque vous regardez les événements,
il faut faire attention à la réécriture qui est venue par la suite. Encore une
fois, je vous convie à aller voir les transcripts. La question vient de
M. Drainville, du Parti québécois, qui établit que 14 %, c'est
usuraire, et la première réponse de M. Arcand, c'est : C'est dans le
cours normal des affaires. C'est une fois qu'il revient à la charge en disant :
Non, non, non… Et là il y a un exemple qui vient du monde des affaires. C'est exactement
le même tarif, d'ailleurs, et Québecor a même fait un communiqué pour dire que
c'était un taux qui était meilleur que ceux de ses compétiteurs, alors… mais on
reçoit une lettre comme celle-là, et je dois vous avouer que c'est pour le
moins étrange.
M. Laforest (Alain)
:
Est-ce que les taux des banques et des cartes de crédit sont usuraires?
M. Fournier
: Ce n'est
pas à moi de… Posez la question à M. Drainville et à M. Péladeau, pas
à moi.
M. Laforest (Alain)
: Est-ce
que c'est des taux exagérés?
M. Fournier
: Moi, je
ne réponds pas à cette question-là, M. Laforest, parce que ça, c'est faire
dévier le sujet. Le vrai sujet, c'est : Est-ce que M. Péladeau
considère que le taux de 14 % est un taux usuraire, comme le dit
M. Drainville? C'est ça, la véritable question. C'est à lui que vous devez
la poser, pas à moi, pas à moi.
M. Croteau (Martin)
:
Est-ce que vous soupçonnez Québecor de faire cette lettre pour servir les intérêts
politiques de M. Péladeau?
M. Fournier
: Je vous
laisse répondre à la question. Je me pose la question et je n'ai pas de
réponse. J'ai aujourd'hui… depuis mercredi dernier, j'ai en ma possession une
lettre. J'ai répondu. Vous avez la teneur de ce que j'ai considéré utile de
répondre. Je ne peux pas interpréter outre mesure ou prêter des intentions,
mais je n'ai jamais vu une lettre comme celle-là, et elle n'est pas méritée en
fonction de ce qui s'est dit à l'Assemblée nationale. Au contraire, le sujet
qui a été soulevé a été soulevé par le Parti québécois. Alors, je reste très
interrogatif.
M. Croteau (Martin)
:
Vous laissez entendre néanmoins que Québecor a écrit cette lettre-là pour venir
au secours de M. Péladeau.
M. Fournier
: Je dis qu'ils
nous envoient une lettre nous disant qu'ils ne veulent plus qu'on parle d'eux à
l'Assemblée nationale. C'est ça qui est écrit dans la lettre. Je ne peux pas…
ce n'est pas comme si je l'inventais, là, c'est écrit dans la lettre. Alors,
pourquoi? Il me dit : parce qu'il y a eu la période de questions.
Qu'est-ce qui s'est passé à la période de questions? Là, je viens de vous le
dire, je ne le répéterai pas. La question a été soulevée sur les taux.
Alors, moi, rendu là, on se dit :
Mais, écoutez, si on ne peut plus parler de vous, pourquoi donc? Pourquoi vous
ne voulez pas être dans le débat partisan? Ah! parce que le chef de
l'opposition est l'actionnaire de contrôle. Ce problème-là, c'est ce dont on
parle depuis maintenant près d'un an et là on a une illustration que porter les
deux chapeaux ne fonctionne pas. Et je crois et je pense qu'on peut aller
comprendre la lettre de M. Dion comme disant : Ce n'est pas dans l'intérêt
de Québecor, cette situation-là. Et moi, je pense que depuis un an, on dit que
ce n'est pas dans l'intérêt du Québec non plus.
Donc, ni dans l'intérêt du Québec, ni de
Québécor que M. Péladeau porte les deux chapeaux, et il va falloir sortir du
déni.
M. Dutrisac (Robert)
:
Est-ce que vous trouvez particulièrement insultante cette lettre-là ou si c'est
essentiellement une demande aux parlementaires de se taire, de changer de
sujet?
M. Fournier
: La
deuxième partie de ma réponse est de le rappeler que, dans une société
démocratique, les parlementaires peuvent et doivent avoir la liberté de
s'exprimer, et je le fais en me disant que c'est peut-être utile de passer ce
message-là.
M. Robillard (Alexandre)
:
Qu'est-ce que c'était, l'intérêt de donner l'exemple de Vidéotron à la période
des questions, selon vous?
M. Fournier
: Quand on
est devant une question qui établit que… Vous êtes le ministre d'Hydro-Québec,
et on vous dit : À 14 %, 14,4 %, c'est un taux usuraire, que
vous répondez : Écoutez, c'est le cours dans les affaires, c'est comme ça
que ça se passe. Et la personne du Parti québécois se relève et dit : Non,
non, 14 %, ça, c'est un taux usuraire. Bien, vous êtes en mesure de vous
lever puis de dire : Bien, la personne qui est le chef de votre parti est
actionnaire de contrôle d'une compagnie qui, elle, est à 19 %. Qu'est-ce
que vous en pensez?
Alors là, la question revient à M.
Drainville, qui ne s'est pas exprimé là-dessus, revient à M. Péladeau qui ne
s'est pas exprimé là-dessus, et moi, je crois qu'ils doivent, comme je le dis,
ou bien il le rappelle à l'ordre, son député, M. Péladeau, ou bien il vit avec
l'incohérence qu'il laisse en place.
M. Robillard (Alexandre)
:
Donc, vous cibliez directement M. Péladeau avec cette...
M. Fournier
: On cible
le Parti québécois qui vit dans ces contradictions. Alors, je vous repose la
question. Vous êtes devant quelqu'un qui dit : Le taux de 14 % est
usuraire. On vous dit : Mais s'il était à 19 %, qu'est-ce que vous en
penseriez? C'est une comparaison tout à fait utile, légitime, pertinente dans
le débat, qui met en lumière le fait que le chef du Parti québécois a deux
chapeaux. Si on veut avoir des illustrations des problèmes, on en a là, on en a
avec la lettre que M. Dion nous envoie.
M. Robillard (Alexandre)
:
Puis est-ce que vous craignez… Vous avez dit le mot «conséquences» tout à
l'heure. Pourquoi utiliser ce mot-là? Est-ce que vous craignez que…
M. Fournier
: Parce que
je termine en souhaitant que Québecor respecte le mandat démocratique de tous
les parlementaires parce que ce n'est pas tous les jours que vous recevez la
lettre, quelques heures après les faits, du président de la compagnie. Elle
doit avoir un sens, cette lettre-là, et je souhaite… je ne les connais pas, les
conséquences. Je souhaite qu'il n'y en ait pas, je souhaite que nous soyons
totalement libres de faire les interventions que nous avons à faire et, en
plus, de ne pas nous-mêmes recevoir une interprétation de la part du président
de Québecor qui laisse entendre…
M. Robillard (Alexandre)
:
Ce n'est pas une mise en demeure, là.
M. Fournier
: Pardon?
M. Robillard (Alexandre)
:
Ce n'est pas une mise en demeure.
M. Fournier
: Ce n'est
pas une mise en demeure, il n'y a pas un avocat impliqué là-dedans. C'est le
président de Québecor qui écrit au leader du gouvernement puis il dit : Je
ne veux pas que vous parliez de nous autres à l'Assemblée nationale.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Vous vous êtes senti visé, M. Fournier, en lisant cette lettre-là…
M. Fournier
: Je me
suis posé la question si la lettre voulait nous amener jusque là. Elle n'est
pas… Elle est polie, la lettre, elle est quand même directe, et aujourd'hui je
pense qu'il est important de revenir tous à un niveau qui serait le plus
convenable. Le plus convenable, c'est que Québecor permette aux parlementaires
de faire leurs débats. Le plus convenable, ce serait de ne pas interpréter les
échanges à la période de questions comme étant une intervention du gouvernement
sur Québecor, alors que c'était une intervention sur les taux d'intérêt. Si
Québecor s'est senti visé, c'est parce qu'il est là avec son chef de
l'opposition.
M. Robillard (Alexandre)
:
Est-ce que ça met la table pour l'audition du jurisconsulte demain?
M. Fournier
: Honnêtement,
je ne sais pas qui voulait mettre la table. Moi, je ne voulais pas recevoir la
lettre du président de Québecor.
M. Robillard (Alexandre)
:
Non, mais est-ce que les éléments que vous amenez ce matin…
M. Fournier
: Les
éléments qu'on amène…
M. Robillard (Alexandre)
:
…cet après-midi vont servir à alimenter le débat demain?
M. Fournier
: Moi, je
crois que les éléments sont un autre élément dans le dossier où on se pose la
question : Est-ce qu'on peut être propriétaire d'un grand conglomérat de
médias puis faire de la politique quand l'entreprise dans laquelle on est
actionnaire principal dit : Bien, je ne veux pas être amenée dans la
politique partisane? Mais, c'est toi qui l'est, c'est toi qui nous y amène,
alors forcément il y a une illustration là qui ne vient même pas du monde
politique, là, qui est adressée au monde politique par le média lui-même, par
l'entreprise elle-même. Et je crois… En conclusion, moi, je crois être capable
d'entendre l'appel de M. Dion qui a de l'air à nous dire : J'aimerais
que vous ne parliez pas de nous, ce n'est pas tellement bon pour l'entreprise.
Mais, écoutez, peut-être que vous devriez vous parler avec M. Péladeau
plutôt que vous adresser à moi.
M. Dutrisac (Robert)
:
Avez-vous parlé à M. Dion? Avez-vous parlé à M. Dion?
M. Fournier
: Non, je
n'ai pas parlé à M. Dion. Honnêtement, honnêtement, non.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
M. Legault, récemment, a dit : Bien, écoutez, peut-être que,
M. Péladeau, s'il ne gardait que Vidéotron, par exemple, et il vendait,
par exemple, il vendait, par exemple, TVA, Journal de Québec, Journal
de Montréal, ça, ça serait peut-être convenable. Il a dit ça voilà quelques
jours. Je comprends que, vous, vous n'êtes pas du tout de cet avis-là?
M. Fournier
: Qu'est-ce
que vous comprenez? Parce que je n'ai pas parlé de ça aujourd'hui.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Bien, parce que... là, ça concernait Vidéotron, cette fois-ci, et vous dites
que vous avez attaqué le chef de l'opposition officielle sur une entreprise
qu'il a, mais c'était Vidéotron cette fois.
M. Fournier
: On
n'attaque pas le chef de l'opposition, on le met devant ses contradictions. A-t-il
rappelé à l'ordre son député? Non. A-t-il lui-même justifié les questions qui
ont été posées? Non. Alors, c'est à lui de répondre à cela. Lorsqu'on invoque quelque
chose du côté de l'opposition, il faut qu'ils soient en mesure de soutenir
leurs éléments. Alors, c'est ça qu'on a fait la semaine passée.
Je ne veux pas intervenir sur quelle est
la meilleure solution. Aujourd'hui, mon point, c'est exactement celui-là,
madame, c'est sur le fait suivant : Québecor dit : Ne parlez plus de
moi. Je ne veux pas aller dans les débats partisans. Et nous disons à Québecor,
que ce soit son volet Vidéotron ou n'importe quel autre volet : Vous êtes
amenés dans le débat partisan par votre actionnaire principal. Ne vous adressez
pas à nous, adressez-vous à lui et trouvez le moyen de faire une séparation
entre l'entreprise et lui. On les renvoie à eux, finalement. On n'a pas à
trouver toutes les réponses de leurs problèmes.
Journaliste
: Et, si on
vous suit...
M. Laforest (Alain)
:
...M. Fournier, Québecor est devenu un acteur politique — c'est
ce que vous nous dites, là — et a embarqué dans le jeu politique.
M. Fournier
: En tout
cas, une chose est sûre, il est venu dire aux parlementaires de ne pas parler
d'eux. Il a interprété la période de questions dans un seul sens. Et ce que je
souhaite pour l'avenir... Et je n'en dis donc pas plus, M. Laforest. Je
n'ai pas utilisé les mots que vous avez utilisés à escient. Je constate ce que
j'ai constaté, c'est ce que je viens de vous dire, et je souhaite que, pour
l'avenir, nous soyons respectueux des uns et des autres.
M. Croteau (Martin)
:
...vous considérez qu'à l'instar de monsieur... Vous dites que M. Péladeau
doit tracer une ligne ou un mur plus étanche entre ses avoirs et sa vie
politique.
Est-ce que vous êtes en train de dire que
Québecor doit également faire davantage pour créer un mur entre...
M. Fournier
: Écoutez,
M. Dion écrit : Je ne veux pas que vous fassiez de rapprochement
entre nous et M. Péladeau. Bien, aidez-nous, prenez vos distances entre
vous. C'est tout simplement ce que je dis aujourd'hui.
Et, à force de ne pas vouloir prendre vos
distances entre vous, si vous croyez que des lettres adressées au leader du
gouvernement vont faire l'affaire pour qu'on ne parle plus de cette difficulté
dans laquelle vous placez notre démocratie, bien, je pense que vous n'êtes pas
sur la bonne piste.
M. Croteau (Martin)
:
Concrètement, quelles mesures attendez-vous de Québecor pour rendre plus
étanche la séparation?
M. Fournier
: Ils ont à
convenir entre eux et leur actionnaire principal des moyens qui vont permettre
à la population de ne pas être dans une situation comme celle-là, aux parlementaires
de ne pas être dans une situation comme celle-là, de s'arranger pour qu'on
puisse bien voir la séparation. C'est à eux, et on verra pour la...
M. Croteau (Martin)
:
Ce moyen-là, c'est la fiducie sans...
M. Fournier
: Écoutez,
je ne veux pas... Honnêtement, là, je ne fais pas un point de presse
aujourd'hui pour dire quelle est la méthode. Est-ce que c'est l'institut de la
gouvernance? Parce que ce que vous faisiez référence... Et M. Legault faisait
référence à l'institut de la gouvernance. On connaît cette solution-là depuis
le mois d'octobre dernier. Il y en a plein de solutions, il y en a plein de
sujets. Vous m'avez entendu parler souvent de l'existence des intérêts, de la
nature des intérêts puis de l'ampleur des intérêts. C'est trois éléments
différents qui amènent trois genres de solution différents.
Le point de presse aujourd'hui, ce n'est
pas là-dessus. Le point de presse aujourd'hui, c'est que Québecor m'a écrit une
lettre pour me dire d'arrêter de parler de Québecor, qu'il ne fallait pas faire
de rapprochement. Et ce n'est quand même pas de notre faute s'il y a
rapprochement, ils ne sont pas séparés.
Mme Plante (Caroline)
:
Mr. Fournier, what is so insulting about this letter?
M. Fournier
:
Well, the first thing is that the letter, sent just
after a question period, is not referring to the subject of question period.
And it's not to us to receive this letter. This letter should have been
addressed, if it should have been addressed, to the Parti
québécois and not us. First point.
But is it normal to
address parliamentarians about what you should talk or not in an assembly?
That's another question. But really the topic here is the fact that this letter
is an illustration of the fact that there is no separation at all between M.
Péladeau and Québecor. If you want to have an illustration of what everybody's
saying about the reality of that link, it's the fact that I received a letter
from Mr. Dion, who is the president of Québecor, a few hours after question
period. I was surprised.
Mme Plante (Caroline)
: Doesn't Mr. Dion have a point, though, that exchanges in the House
could have an impact on the company's bottom line?
M. Fournier
: If there's a problem, it's up to Mr. Péladeau and Mr. Dion to
settle the situation, you know,
because, if they want to continue to avoid to talk about that and understand
that there's a problem, that problem will exist. Going back to that exchange in
the Assembly, Mr. Drainville saying that a rate of 14%
is a shylock rate — that is the word he used — Mr. Arcand
answered : It is a rate normally used in business. Mister... raised again
and said : 14% is a shylock rate. He said : Well,
Vidéotron is at19 %. Vidéotron, it's... Your
leader is the «actionnaire principal» of Québecor and Vidéotron, so ask him. So, it's... You know, in all debate, when there's a
contradiction in front of you, you've got to address that contradiction.
But since that, since
then, who asked Mr. Drainville about that contradiction? Nobody. Who asked
Mr. Péladeau? Nobody. What's the debate now? It's that Mr. Arcand has
talked about Vidéotron? Come on! The issue was about a rate, and somebody else
tried to bring us to another kind of debate. We've got to open our eyes and see
what is the real issue here. The issue was about a rate. If somebody wants to
talk about something else, that's up to them to explain why they want to change
the channel.
M. Harrold (Max) : The issue was about the interest rates, right? So why did
Mr. Arcand choose Vidéotron? He could have chosen many other companies.
Aren't you, yourselves, the Liberals, the ones attacking, picking a fight here?
That's what you want.
M. Fournier
: That's the way Mr. Péladeau wants us to see it, because we
have to talk about everybody but not him. But, you know, if you want to prove
the contradiction, I won't go to Bell, or Rogers, or something else. The leader
of the Parti québécois, who is
still the owner of Québecor, has a rate over 14%. So there's a contradiction
when one of his Members stand up and shout with «qualificatifs» that are very
strong, and it's just normal to show the contradiction. And, if I follow you,
we should never talk about nobody who is in link with Mr. Péladeau because
they don't want us to do that. Well, we've got to open our eyes. They want us
to change the channel, but I received a letter from Québecor saying that they
don't want us to talk about them, they don't want to come in the partisan politics. Well, we didn't bring them in politics, Mr. Péladeau
did, and, if they want to settle that, they should find a solution with
Mr. Péladeau.
M. Lavoie
(Gilbert)
: M. Fournier, le Commissaire à l'éthique, la
semaine passée, a dit : Ce n'est pas à moi de vous dire quoi faire; si
vous avez un problème, c'est aux législateurs à le corriger, en termes de code
d'éthique. Et là vous dites, vous : Bien, c'est à Québecor à régler la
situation. Est-ce à dire qu'il n'y aura aucune intervention de la part du
législateur?
M. Fournier
: Non, ce
n'est pas à dire ça. Aujourd'hui, le point que je fais, c'est que j'ai été
fortement étonné de recevoir une lettre de Québecor et…
Journaliste : …
M. Fournier
: Si vous
me permettez, je vais essayer de finir de répondre à votre collègue. Et je veux
illustrer par cette lettre ce que ça provoque, le mélange des genres. Lorsque
vous dites : Politiquement, est-ce qu'on va trouver une solution... Déjà,
clairement, le Parti québécois est dans le déni et a choisi qu'il n'y avait
rien à faire. Il nous l'a dit. Ça nous bloque déjà un peu, côté
Assemblée — pas totalement, mais quand même pas mal, je tiens à le
dire — parce qu'un code d'éthique, d'habitude, c'est tous les membres
qui se le donnent, tout le monde accepte; et puis là, tout à coup, il y a un
groupe qui ne veut vraiment pas. Bon. Alors, ça amène un problème.
Maintenant, est-ce qu'il n'y a rien à
faire? Quand Québecor prend la peine de m'écrire, j'imagine, j'imagine que
c'est parce que, pour eux, ils souhaitent ne pas être amenés là-dedans. Alors,
eux et M. Péladeau peuvent peut-être se rendre compte que c'est un peu dû au
fait qu'il porte les deux chapeaux. Et, si tout le monde chez eux le réalisait,
comme à peu près tout le monde dans la société le réalise, bien, je pense qu'il
pourrait arriver à nous faire une solution qui pourrait tenir. Mais
aujourd'hui, je dois vous dire qu'on est rendus quand même dans une situation
plutôt intenable.
M. Robillard (Alexandre)
:
Est-ce que c'est significatif, selon vous, que ce soit Québecor et pas
Vidéotron qui vous ait écrit?
M. Fournier
: Je n'ai
pas trouvé de… honnêtement, je n'ai même pas pensé à la question. Je n'ai pas
fait cette analyse fine. J'ai reçu une lettre. Dans les heures qui ont suivi,
j'ai été très étonné et en réflexion pendant un bon bout de temps avant de
savoir ce que je devais en interpréter. Merci beaucoup.
(Fin à 16 h 28)