(Onze heures trente-six minutes)
Mme
Ouellet
:
Donc, je voulais revenir sur la stratégie maritime parce que, lors de la
période de questions, le ministre délégué, M. D'Amour, a confirmé ce qui a
été dévoilé par TVA lundi et par Radio-Canada, les quatre pages à Radio-Canada,
hier, donc, concernant... il a confirmé qu'il allait nuire au développement
économique du port de Montréal, aux emplois du port de Montréal en favorisant,
là, le site de Vaudreuil-Soulanges; le site de Vaudreuil-Soulanges, qui est un
site qui rentre directement en concurrence avec le port de Montréal puisqu'avec
CSX il favorise le port de New York. Et ça, ce n'est pas le Parti québécois qui
le dit, c'est la Chambre de commerce de Montréal, c'est le CN qui le dit. Donc,
assez surprenant, surtout que le site de Vaudreuil-Soulanges exige du dézonage
agricole sur les meilleures terres agricoles du Québec, et il n'est pas ouvert
12 mois par année, il est fermé l'hiver. Donc, première chose.
Deuxième chose, le ministre délégué nous a
confirmé également que la stratégie maritime visait à augmenter l'activité
maritime, dont particulièrement le transport du pétrole des sables bitumineux
avec les investissements qu'ils font pour le centre d'expertise aux
Îles-de-la-Madeleine et les différents, là, plans d'urgence pour les
municipalités. Donc, je pense que ça, c'est extrêmement inquiétant de voir la
volonté du gouvernement libéral d'appuyer le gouvernement Harper dans
l'exportation des sables bitumineux à travers le Saint-Laurent, et c'est
dangereux parce que des déversements, des accidents, il y en a.
Il nous a confirmé également qu'il
souhaitait faire des investissements dans les différents ports sans acte, sans
entente avec le gouvernement fédéral, alors qu'on sait que ces infrastructures-là
sont des infrastructures fédérales, donc des investissements dans des
infrastructures qui ne lui appartiennent pas et des investissements qui seront
faits sans entente. Donc, on voit très bien...
Et finalement le dernier point, qui est
celui de la protection des zones maritimes, bien, on voit que, dans ce qui a
été dévoilé, c'est un recul. Ça avait été promis pour 2015, c'est un recul en
2020, donc aux calendes grecques.
Donc, on voit très bien, dans cette
stratégie maritime là, c'est une stratégie maritime, dans sa forme actuelle,
qui est boiteuse parce qu'il lui manque une jambe, donc, une jambe qui est au
fédéral et une jambe qui est au provincial. Donc, c'est assez clair que, pour
avoir une stratégie maritime qui est complète, qui est efficace, qui est
cohérente, bien, il faut que le Québec soit indépendant.
M. Gentile (Davide) :
J'essaie de voir le lien que vous faites entre le fait que ça nuise au port de
Montréal dans sa localisation au centre-ville versus le fait qu'on veuille
favoriser le site à Vaudreuil-Soulanges. Est-ce que c'est parce qu'on
contournerait le port de Montréal pour envoyer le matériel à Vaudreuil et
shipper ça à New York?
Mme
Ouellet
:
Tout à fait, à cause de la ligne CSX. Donc, la CSX, c'est une ligne ferroviaire
qui est en lien avec le port de New York, et donc, à ce moment-là, on
contournerait complètement le port de Montréal pour envoyer dans un sens et
dans l'autre la marchandise entre l'Ouest et l'Est. Et donc c'est ce qui fait
qu'il y aurait des pertes d'emploi, là, au port de Montréal. Et le port de
Montréal a vraiment indiqué que son agrandissement était à Contrecoeur et non
pas à Soulanges.
M. Gentile (Davide) : C'est
vrai qu'on ne parle pas de Contrecoeur, effectivement, là, dans ce qu'on
comprend…
Mme
Ouellet
:
C'est ça, parce que Contrecoeur semble être… il dit : Plusieurs sites,
multisites, mais Contrecoeur semble un peu être aux calendes grecques. Et, si
on attend cinq, six ans, bien là le trafic va s'établir avec CSX. Et ce que dit
le milieu des affaires, c'est qu'il dit : C'est de la concurrence
déloyale, parce qu'à coup de subventions du gouvernement pour le site de
Vaudreuil-Soulanges, bien, ils vont favoriser la ligne ferroviaire CSX et le
port de New York au détriment du port de Montréal et du CN. Et donc, à coup de
subventions, on va délocaliser du transport vers les États-Unis et donc des
pertes d'emploi, là, concernant le transport au Québec.
M. Gentile (Davide) : Mais
vous ne pensez pas qu'on peut faire les deux, qu'on puisse, justement,
contribuer au développement du port de Montréal tout en favorisant le
développement de ce pôle-là à l'ouest de Montréal?
Mme
Ouellet
:
Bien non, parce que tout ce qui va transiter par ce pôle-là va transiter par le
port de New York, et c'est autant de pertes d'activités au port de Montréal. C'est
de la concurrence, ce n'est pas de la complémentarité, c'est de la concurrence,
et ce, à coup de subventions de dizaines, voire de centaines de millions de
dollars.
M. Robitaille (Antoine)
:
Est-ce que vous vous attendez à des sorties des autorités du port là-dessus,
d'autres sorties?
Mme
Ouellet
:
Bien, écoutez, moi, j'ai rencontré le milieu… Il y avait une conférence, là,
sur la stratégie maritime et… Bien, vous avez vu, il y a la sortie du CN qui
est sorti, il y a la sortie qui a été aussi faite par la chambre de commerce de
Montréal. Je sais que le port de Montréal, ils souhaitent avoir des sorties
plus positives, ça fait qu'ils se disent : Il faut qu'il y ait
Contrecoeur, mais ils sont très prudents parce qu'ils sont dépendants de
décisions tant du gouvernement fédéral que du gouvernement du Québec. Donc, je
pense qu'ils utilisent la prudence jusqu'à date, mais c'est assez clair, dans
leurs déclarations, lorsqu'ils disent qu'eux autres, leurs activités seront au
port de Contrecoeur, parce que, là, ils ont besoin d'agrandissements, et les
agrandissements… Ils ont accéléré les agrandissements au port de Contrecoeur.
Bien, c'est assez clair, là. C'est sous-entendu, mais c'est assez clair.
M. Gentile (Davide) : O.K.,
mais c'est des grands garçons, quand même, les gens du port de Montréal, ils
sont pesants à Montréal. Vous ne pensez pas…
Mme
Ouellet
:
Bien, vous leur poserez la question, et ce sera à eux de vous donner la
réponse. Moi, je vous en dis ce que j'en ai reçu. Bien, merci.
(Fin à 11 h 42)