(Douze heures trente-cinq minutes)
M. Couillard : Ça va? Tout le
monde est arrivé? Bonjour, mesdames et messieurs. Je suis, avec plaisir, aujourd'hui
accompagné du leader du gouvernement, M. Jean-Marc Fournier, des officiers
parlementaires ainsi que des collègues du Conseil des ministres dans le cadre
de ce bilan de fin de session.
Je dirais rapidement que, sur le plan
législatif, la session a été particulièrement productive — il y a
près d'une vingtaine de projets de loi qui ont été adoptés — et bien
sûr, pour nous, l'événement politique heureux des deux victoires dans
Jean-Talon et dans Chauveau. Je dirais également que, parce que la confiance
est revenue, aujourd'hui le Québec met le cap sur la prospérité et également
affirme son leadership sur la scène nationale et internationale.
On est en train de mettre en place des
changements structurants pour l'avenir du Québec, pas des corrections
ponctuelles. On identifie les problèmes qui freinent la prospérité, qui
freinent l'accès à la prospérité pour les Québécois et on va directement sur les
enjeux sans craindre de prendre des décisions courageuses, mais nécessaires. Qu'on
parle du projet de loi adopté sur les régimes de retraite dans le monde
municipal, qu'on parle de la gouverne dans le système de santé, qu'on parle des
regroupements d'organismes dans le monde du travail et d'autres exemples
semblables, il s'agit de gestes qui apportent des bénéfices à long terme et non
pas uniquement ponctuels.
On a bien sûr déposé… fait adopter un
budget équilibré, après six années consécutives de déficit, et développé le
plan économique du Québec, dont l'objectif est de renforcer les conditions
favorables à la croissance économique. Comment? Bien, en favorisant l'investissement
privé pour favoriser ainsi la création d'emplois et en réduisant le poids de la
fiscalité.
Le grand défi pour la prospérité au cours
des prochaines années et de cette année et compte tenu de la démographie du Québec,
c'est le défi de l'adéquation formation-emploi, qui sera un enjeu tout à fait
prioritaire pour le gouvernement au cours de la prochaine année.
Il y a des bons résultats sur l'emploi.
Depuis un an, plus de 70 000 nouveaux emplois, la vaste majorité à temps
plein, la vaste majorité qualifiés, la vaste majorité créés dans le secteur
privé. Ce sont des bonnes nouvelles. Donc, accueillons-les, ces bonnes
nouvelles, mais avec prudence, l'économie mondiale reste instable, la reprise
est très variable, même aux États-Unis, et donc il faut rester aux aguets et
surtout continuer de poser ces gestes structurants. C'est maintenant qu'il faut
les poser.
On a fait plusieurs annonces économiques
au cours de la session, des investissements comme Framestore à Montréal,
150 emplois; à Médicago, ici, à Québec, le plus important projet d'investissement
industriel des 10 dernières années à Québec, 200 nouveaux emplois; le Plan
d'action gouvernemental en économie sociale — dont je suis particulièrement
fier parce que c'est un domaine de l'économie qui est particulier et spécifique
au Québec — qui va nous permettre de créer 30 000 emplois
et, par l'effet de levier de 100 millions d'investissements publics, pour
générer 500 millions d'investissements d'ici 2020. Il y a eu plusieurs
autres entreprises qui ont annoncé des investissements, que ce soit OVH ici,
Osisko dans le domaine minier, Focus Graphite également.
En région, de nombreuses annonces menant à
la création ou au maintien de milliers d'emplois : souvenons-nous de Rio
Tinto à Arvida un peu avant les fêtes, modernisation ou création de deux usines
en Abitibi, 850 emplois au total, installation d'une entreprise de
transformation d'aluminium dans ma région au Saguenay—Lac-Saint-Jean, et
autres.
Il y a également lieu d'aller encore plus
loin. On veut que ces annonces se multiplient, comme celle, à Montréal, de
Green Cross Biothérapeutiques, bien sûr, c'est quand même 200 nouveaux emplois
dans un nouveau domaine des sciences de la santé, mais j'attire encore une fois
votre attention sur la nécessité de poser des gestes structurants.
Et un des éléments marquants de cette
session, pour moi, c'est l'adoption, qui vient d'avoir lieu, du projet de loi
n° 38, qui donne suite à l'entente administrative entre le gouvernement du
Québec et la Caisse de dépôt et placement. C'est un modèle unique qui fait déjà
jaillir beaucoup d'intérêt partout au Canada et ailleurs dans le monde, où tout
le monde se demande comment utiliser le levier des fonds de retraite pour
bonifier les investissements en infrastructures et éviter d'alourdir la dette
des pays.
Ce projet de loi va nous permettre
d'ajouter au plan d'immobilisations du gouvernement 5 milliards de plus
dans la région montréalaise, bien sûr, avec tous les emplois que ça comporte et
la qualité de vie améliorée pour les citoyens.
La stratégie maritime, bien, on aurait
voulu la déposer, comme vous le savez, il y a quelques jours, mais le
malheureux décès de M. Parizeau nous force à reporter l'entente, mais il
s'agit d'un autre geste structurant important qui devrait ajouter 30 000
emplois d'ici les 15 prochaines années dans un domaine dont on n'a pas
assez parlé au Québec, qui est celui de l'économie maritime. Dans une optique
de développement durable — et pour reprendre une réponse de mon
collègue Jean D'Amour ce matin — nous allons remplir notre engagement
de protection des réserves naturelles dans le milieu marin, incluant la cible
de Nagoya de 10 %.
Quant au Plan Nord, beaucoup de
commentaires reçus sur la scène internationale. Les gens se demandaient
pourquoi ce Plan Nord avait été éloigné ou arrêté. On a donc remis de l'avant,
on en fait la promotion, ça suscite beaucoup d'intérêt, on insiste sur deux
éléments en particulier : d'abord, la collaboration et l'inclusion des
Premières Nations dans le développement du Nord du Québec, et également le caractère
durable de ce développement. Vous savez que 50 % de ce vaste territoire va
être préservé de toute activité industrielle.
Dans le changement climatique, dans la
lutte aux changements climatiques, le Québec a affirmé clairement son
leadership, qui est reconnu maintenant ici, au Canada, et dans le monde. On a
réuni le sommet, ici à Québec, des premiers ministres provinciaux et territoriaux,
on est en marche vers la Conférence des parties de décembre, où on a réussi à
faire reconnaître avec d'autres partenaires le rôle essentiel que les états
fédérés et les régions jouent dans la lutte aux changements climatiques. Notre
collègue David Heurtel a déposé, il y a quelques heures à peine, son livre vert
pour revoir les modalités, les fonctionnements des méthodes d'approbation dans
le domaine environnemental, non pas pour diminuer nos exigences, mais s'assurer
que les processus soient bien prévisibles, et connus, et des plus efficaces
possible.
La sécurité de la population du Québec,
c'est une priorité de tous les instants pour nous. On a déposé un plan d'action
avec 59 mesures visant à agir, à prévenir, à détecter, à vivre ensemble,
parce que la diversité, bien sûr, c'est un facteur positif pour le Québec.
C'est un facteur de croissance économique et les États et les pays qui
réussissent bien sur le plan économique sont les États et les pays qui gèrent
bien cette diversité. C'est donc un défi qu'on a, mais c'est un défi que non
seulement on accueille, mais on l'accueille avec plaisir parce qu'il ouvre la
porte sur une prospérité encore plus grande pour le Québec.
Il faut cependant établir des règles,
établir des balises. C'est la raison pour laquelle on a présenté des lois qui sont
raisonnables et équilibrées — et qui sont des lois compatibles avec
les lois existantes et les chartes, en passant, ce n'est pas un
détail — qui visent à asseoir notre action sur des principes qui sont
fondamentaux : l'égalité entre les hommes et les femmes, l'accès à
l'emploi pour les femmes, particulièrement, les notions de liberté de droits
qui sont absolument fondamentales — un État de droit doit montrer par
ses actions législatives ce qu'il est — la protection du patrimoine
des Québécois et des règles claires, enfin, pour les fameuses demandes
d'accommodements de façon à ce que ce soit traité partout de la même façon.
Pour la population du Québec, la
destination qu'on vise, bien sûr, c'est de baisser le fardeau fiscal des
familles québécoises, on demeure dans l'économie… parmi l'économie non
seulement nord-américaine, mais ailleurs également avec un prélèvement fiscal
important par rapport à notre produit intérieur brut et on veut le réduire. On
a donc prévu de le réduire de près de 2 milliards, d'ici la fin du mandat,
le fardeau fiscal des particuliers. Et je veux attirer l'attention sur le fait
qu'au début 2016 va entrer en place une mesure qui est très innovante, qui
vient de la commission de M. Godbout, qui est le fameux bouclier fiscal.
Alors, c'est 400 000 ménages québécois, à partir du début 2016, qui auront
des bonifications leur permettant d'être pénalisés parce qu'ils gagnent un peu
plus d'argent parce qu'ils acceptent une augmentation de salaire ou un bonus de
performance.
Alors, le constat qu'on fait, c'est qu'on
crée actuellement un environnement économique qui rétablit la confiance,
favorise la croissance et la création d'emplois et qu'on réaffirme également le
leadership du Québec sur la scène nationale et internationale.
On a parlé tantôt des changements
climatiques. J'attire votre attention sur l'important rapprochement entre le
Québec et l'Ontario qui vise à redonner à ce bloc d'influence
important — on parle de plus de 50 % de la population
canadienne, près de 60 % de la richesse canadienne — de lui
donner toute son importance et son influence. Plusieurs projets ont été
annoncés, que ce soit, par exemple, dans le marché intérieur, sur les marchés
publics, sur l'électricité, et il y a d'autres travaux communs qui progressent,
actuellement.
À l'international, je dirais que, si on me
demande quel est le… Parmi les constats que je fais depuis mon entrée en
fonction, le rôle international de la fonction de premier ministre du Québec,
que, je crois, est en croissance continuelle, ce n'est plus une option, ce
n'est plus un choix, il faut absolument être présents sur la scène
internationale le plus possible dans le cadre de missions économiques, mais
également dans le cadre d'interventions de nature plus diplomatique ou
politique, et ce sera notre façon de faire également pour les prochaines
années. Il y a, au cours de ces tournées, certaines annonces qui sont faites au
moment, mais surtout d'autres annonces qui suivent, comme récemment, Médicago
et Framestore.
Donc, notre gouvernement bâtit des ponts
avec des partenaires plutôt qu'ériger des murs. Et, lorsqu'on regarde l'état de
l'économie planétaire, on constate que ces défis sont les mêmes partout,
notamment celui de faire coïncider la rigueur nécessaire à la gestion des
finances publiques, la relance de l'économie et le maintien des politiques de
redistribution et de justice sociale.
Je veux quand même répéter — et
je ne me gêne pas pour le faire — que la stabilité politique, c'est
un enjeu essentiel. Dans l'instabilité mondiale, le Québec ne peut se permettre
de vivre un autre épisode d'instabilité politique sans courir un risque énorme
quant à sa capacité d'accueillir l'investissement créateur d'emplois. C'est
important parce que toute notre économie repose sur cette confiance des marchés
extérieurs, notre capacité à exporter, à conquérir de nouveaux marchés. Donc,
la confiance et la prévisibilité sont absolument cruciales.
Ce qui s'en vient au cours des prochains
mois, bien, c'est la présentation, enfin, de la stratégie maritime, le plus tôt
possible; la stratégie de l'aluminium également — l'aluminium,
l'industrie de l'aluminium, particulièrement la transformation de l'aluminium,
c'est un enjeu très important pour le Québec; le Conseil de la fédération, cet
été; une consultation sur les éléments du rapport Godbout; des travaux dans
deux domaines qui m'apparaissent également très importants pour l'avenir du Québec :
d'abord, le numérique — on veut doter le Québec d'une stratégie
numérique — mais surtout, j'en ai parlé ce matin à la période de
questions, l'éducation.
Il est clair qu'on traverse une période de
redressement des finances publiques, mais, dans nos priorités, se trouvent, au
premier chef, l'éducation et la formation. On travaille donc très fort avec
notre ministre et les partenaires du milieu pour améliorer la gouverne, bien
sûr, mais surtout dégager une vision de l'éducation, l'endroit où on veut
atterrir quant au rôle primordial de la classe, de l'enseignement, un rôle
nouveau aux parents également qui veulent que leurs enfants bénéficient de
toutes les chances possibles dans la vie.
Et, bien sûr, le réseau de l'éducation,
qui est un facteur de croissance personnelle important, est également un
facteur économique important pour le Québec, et ça passe par l'adéquation de la
formation et de la main-d'oeuvre, ça passe par la formation technique, ça passe
par nos écoles primaires, secondaires, nos cégeps et nos universités. Ça va
être, pour nous, un enjeu de préoccupation constante.
Dans le domaine de l'électrification des
transports, on aura l'occasion, au cours de l'été, de présenter un deuxième
plan d'électrification. Souvenons-nous que ça a été débuté en 2011 avec
M. Charest, Mme Marois l'a poursuivi, on poursuit également sur cette
lancée. C'est un enjeu important et une façon pour le Québec de tirer son
épingle du jeu dans l'évolution actuelle, lente, lente, mais réelle, qui nous
amène plus loin des combustibles fossiles.
Il y aura chez moi, au
Saguenay—Lac-Saint-Jean, à Alma, le 18, un sommet économique régional. C'est un
exercice important, intéressant. Je ne sais pas si d'autres régions voudront prendre
exemple sur cet exercice-là. Nous, on va être heureux de partager l'expérience,
et je crois que ça devrait mener à des consensus sur les priorités régionales.
On le verra, donc, dans quelques jours.
Donc, en conclusion, je pense qu'on peut
dire que le gouvernement a remis le Québec en marche. La confiance est revenue,
la stabilité est revenue, l'économie s'améliore, mais, dans un contexte mondial
instable et difficile, il faut le rappeler. Et je répète que la stabilité
économique et politique, c'est un facteur incontournable pour assurer la
prospérité du Québec. Mettons fin aux discours de pessimisme, de déclin. Ce
n'est pas un discours, moi, qui m'intéresse vraiment. On a énormément d'atouts
au Québec, énormément d'avantages à faire valoir, même avec nos 8 millions
de personnes. Quand je vais à l'étranger… quand je vais en Chine, au nom des
8 millions de Québécois, qui représentent en nombre à peu près
l'équivalent d'un quartier de Shanghai, bien, les gens me disent : On est
quand même impressionnés par la force de votre créativité, la force
d'innovation de vos entreprises et les solutions que vous nous apportez pour
nos problèmes communs, comme, par exemple, les problèmes d'environnement.
Alors, ensemble, je dis au Québec, aux
Québécois et aux Québécoises : C'est le moment d'aller vers l'avant et de
mettre véritablement le cap sur la prospérité. Merci.
Le Modérateur
: Nous en
sommes maintenant à la période de questions. Il y a deux micros, du côté droit
et du côté gauche. Je vous inviterais à peut-être avoir une question et une
sous-question, peut-être maximum de deux questions. On va essayer de faire
l'exercice assez rapidement, sachant qu'il y a beaucoup de partis qui font des
bilans aujourd'hui. On va commencer par le micro de droite. Veuillez vous
identifier ainsi que le média que vous représentez. Droite.
Mme Biron (Martine)
: Bonjour,
messieurs, bonjour, mesdames. M. le premier ministre, est-ce que vous avez
ouvert une bouteille de champagne et fêté toute la nuit quand M. Péladeau
a été élu?
M. Couillard : Quelle
question! Regardez, ce que j'ai dit, dès ce moment et dès le retour de M. Péladeau
en politique, c'est que, clairement… et c'est lui-même qui l'a dit, il a dit :
La raison principale et unique de mon retour en politique… de mon arrivée en politique,
pardon, c'est la question de la séparation du Québec. Alors, il remet ça sur la
place publique comme étant clairement l'enjeu de la prochaine élection. Et ça
nous permet de rappeler l'importance pour le Québec d'éviter ce genre d'erreur
pour les prochaines années et de développer, encore une fois, une discussion là-dessus.
Et ce n'est pas moi qui mets le sujet sur la table, c'est lui qui l'a mis par
son arrivée.
Mme Biron (Martine)
: Mais
est-ce que cette polarisation, selon M. Legault, vous favorise, du débat?
M. Couillard : Bien, je
dirais qu'elle favorise tous ceux et celles qui ont des opinions claires par
nature. Nous, on a une opinion claire sur le fait que le Québec verra son
avenir beaucoup mieux assuré comme membre de la fédération canadienne et que l'indépendance
ou la séparation du Québec présente des risques économiques et financiers
majeurs pour le Québec, sans apporter un niveau de citoyenneté ou des avantages
concrets, pour les citoyens, supérieurs à ce qu'on connaît actuellement.
Le problème de M. Legault, je l'ai
dit pendant la campagne des partielles, c'est que, sur cet enjeu-là, il essaie
de rester sur la clôture depuis des années. Le moment de la clôture est passé,
il faut savoir dire vraiment où on loge sur cet enjeu-là, et on ne peut se
permettre de dire seulement : Bien, moi, je promets que je ne ferais pas
de référendum. Non, il faut qu'on connaisse quelles sont les valeurs, quels
sont les enjeux, quelles sont les croyances des chefs de partis sur cette
question-là.
Mme Biron (Martine)
:
Donc, je comprends que, oui, ça vous favorise.
M. Couillard : Ça favorise
tous ceux et celles qui ont des opinions claires. Les adversaires du Parti
québécois pourraient vous dire que ça les favorise également parce que,
clairement, leur opinion est bien définie.
Le Modérateur
: Merci.
Micro de gauche.
M. Pépin (Michel)
:
Bonjour. Michel Pépin, Radio-Canada. Je vais commencer par la sous-question.
M. Couillard : Ah! Je reconnais
votre talent d'innover!
M. Pépin (Michel)
: À
propos du chef de l'opposition officielle, qui a été caractérisé par votre
leader de façon assez sévère, je vais dire ça comme ça, et je vous ai déjà
entendu dire que vous étiez en mesure de détester vos adversaires,
M. Couillard. Qu'en est-il de votre appréciation du chef de l'opposition,
de sa situation… et savoir ce que vous pensez de lui, finalement?
M. Couillard : Je
commencerais par répondre à votre sous-sous-question en disant que ce
commentaire que j'ai fait au cours de la dernière campagne électorale
s'adressait aux partis politiques et aux politiques poursuivies, en clair, de
déclencher presque volontairement une crise sociale à des fins électorales.
C'est quelque chose que je ne peux pas accepter et sur laquelle je me suis
exprimé, mais je respecte mes adversaires, je les traite avec respect. Je pense
qu'on ne pourrait pas me prendre en défaut sur cette question. Je n'ai jamais
dénigré ou commenté négativement la personnalité des gens. M. Péladeau,
comme je lui ai dit aujourd'hui, remplit un rôle important dans une démocratie,
qui est le chef de l'opposition, il commence ce rôle-là, mais l'enjeu principal
pour lequel il est en politique, il est bien identifié, et c'est ce qui va nous
opposer, je crois, jusqu'à la campagne.
M. Pépin (Michel)
:
Vous dites que l'éducation, c'est votre priorité, alors pourquoi avoir accordé
aussi peu de croissance du budget à l'éducation? Je crois que c'est 0,4 %
pour 2015‑2016. Ça paraît très faible, même par rapport à d'autres budgets
accordés. Alors, pourquoi, oui, une si faible augmentation?
M. Couillard : Bien, d'abord,
c'est que, pour le bien de l'éducation et de nos services publics en général,
il faut rétablir l'équilibre budgétaire. Et, clairement et mathématiquement, il
est impossible de rétablir l'équilibre budgétaire sans que les deux grands
ministères avec réseaux, la Santé et l'Éducation, participent à l'effort. C'est
juste impossible, mathématiquement. Maintenant, on veut le faire, dans les deux
cas, non seulement en protégeant les services le plus possible, mais en
dégageant des nouvelles façons de faire qui vont améliorer ces services-là.
Alors, il y a ce passage à avoir.
Je vous indiquerais également que, compte
tenu du chiffre que vous avez mentionné, si vous comparez notre budget à celui
de l'Ontario, l'Ontario est encore plus sévère que nous sur la question de
l'éducation et de la santé. Nous, on veut rétablir le plus possible un rythme
de croissance qui est plus prévisible, qui est plus de nature à nous permettre
de faire des développements en éducation, mais ça passe par l'atteinte de
l'équilibre et de son maintien.
Le Modérateur
: Micro
de droite.
M. Laforest (Alain)
: M.
le premier ministre, mesdames, messieurs. M. Couillard, vous ne l'aviez
pas fait depuis l'élection partielle de lundi, mais j'ai senti que vous aviez
bombé le torse aujourd'hui. Vous avez entre autres invité M. Legault à se
joindre à votre formation politique. Et, après la question, j'ai vu
M. Fournier, M. Huot et vous poursuivre la conversation. Est-ce que
l'invitation a été lancée encore plus amicalement ou plus durement?
M. Couillard : Bien, oui,
oui, c'est amical, puis je dirais qu'il y a quand même une petite touche
d'humour, là-dedans, là. Il ne faut pas tout prendre au premier degré. Mais, ce
qui avait attiré mon attention, puis je lui en ai parlé tantôt dans la période
de questions, c'est que je me souviens du commentaire de M. Legault, qui
disait qu'il restait pour la cause. Bien, la cause, à plusieurs égards, que
défend la CAQ, c'est la nôtre également, c'est la gestion responsable des
finances publiques, c'est le progrès économique du Québec, le progrès de
l'emploi, le progrès de la qualité de vie pour les citoyens, l'abaissement, le
plus rapidement possible, du fardeau fiscal. Il y a là une convergence, pour
employer un mot fameux, qui me semble notable. Alors, sur cette base-là, je me
suis permis de faire cette remarque, mais à chacun ses choix.
M. Laforest (Alain)
: Sur
une autre note, je ne voudrais pas faire dans un carnet mondain, mais on a
appris ce matin que le maire Labeaume va célébrer...
M. Couillard : Ça ressemble à
ça un peu, hein?
Journaliste
: Oui, mais
il va quand même célébrer le mariage de M. Péladeau. Vous en pensez quoi,
qu'un maire... le maire de Québec, la deuxième plus grande ville, célèbre le mariage
du chef de l'opposition?
M. Couillard : Ah! je ne le
prendrais pas sur le plan de la fonction, je le prendrais sur le plan des
amitiés personnelles. Je pense que c'est probablement là qu'il faut trouver
l'explication. Puis je me bornerais tout simplement à répéter ce que j'ai dit
en Chambre : Sincèrement, hein, moi, je souhaite à M. Péladeau et à
sa conjointe tout le bonheur possible.
Le Modérateur
: Micro
de gauche.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Bonjour,
M. le premier ministre. Pourquoi est-il nécessaire de forcer les détaillants
d'ajouter un descriptif en français à leur marque de commerce en anglais
seulement?
M. Couillard : D'abord, on ne
veut pas effacer les marques de commerce. Il ne s'agit pas que le Canadian Tire
devienne le Pneu canadien, là, soyons bien clairs là-dessus, mais j'en fais,
moi, une question de politesse. Moi, j'aime que Second Cup, par exemple, qui
n'a pas vraiment besoin sur le plan financier de faire ça, j'aime que Second
Cup ait eu la délicatesse d'indiquer Les Cafés Second Cup. Tout le monde sait
qu'il y a du café, mais c'est comme… cette entreprise me dit : Je sais où
je suis, je sais dans quel environnement je suis, je connais l'existence du
fait français au Québec.
Alors, on pense qu'un message de type clin
d'oeil à la population, de ce type-là, est nécessaire. J'aurais souhaité que
toutes les entreprises le fassent volontairement. Il y a un très peu petit
nombre, comme vous le savez, d'entreprises qui ne le font pas. Alors, on est en
fin d'analyse actuellement sur, d'une part, la question de l'appel puis,
d'autre part, les gestes à poser. Ça devrait être annoncé prochainement.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Vous
avez mentionné que la stabilité politique et économique est revenue au Québec,
là, depuis l'élection du Parti libéral. Est-ce que la mise à l'avant-scène du
thème de l'indépendance, notamment durant la course à la direction du Parti
québécois… Bon, il y a eu des appels également d'un ancien député péquiste qui…
l'appel à la fin des exils, donc au regroupement des forces indépendantistes.
Est-ce que cette discussion-là a fait en sorte que des investisseurs étaient un
peu plus tièdes à investir au Québec? Est-ce que ça a eu un impact dans les
investissements?
M. Couillard : Regardez, il
n'y a rien de plus nerveux que 1 million de dollars d'investissements. Les
gens, ils cherchent des raisons de placer les différentes cibles possibles d'investissement
dans les catégories négatives. Il est clair qu'un changement aussi radical que
celui proposé par le PQ, qui aurait tellement d'impacts financiers et
économiques sur plusieurs années, n'est pas de nature à attirer l'investissement
chez nous. Alors, chaque fois que ça se produit, la même chose se produit, de
sorte que nous, on dit : Il est temps de mettre fin à cette incertitude,
cette instabilité et donner un message très fort à la communauté internationale
que ce n'est pas dans cette direction que le Québec va.
Je comprends que M. Péladeau — et
c'est toute sa légitimité de le faire — décide d'en faire son enjeu
principal. Ce sera donc l'enjeu de la prochaine élection, mais ça m'inquiète
quant à la perception qu'on a, ailleurs, du Québec comme terre d'accueil pour
l'investissement.
Le Modérateur
: Merci.
Micro de droite.
Journaliste
: Bonjour,
M. Couillard, mesdames, messieurs. Je lis, dans votre communiqué final, que
cette session se termine sous le signe de l'ouverture et de la bonne entente. Est-ce
que c'est l'impression que vous avez? Avez-vous réussi à changer le ton à la période
de questions et à l'Assemblée nationale, de façon générale?
M. Couillard : Bien, je
dirais quand même qu'il y a eu de l'amélioration. Évidemment, vous savez, on
est des êtres humains, là, puis des fois les étincelles ne sont pas loin de la
surface. Mais il y a eu quand même des beaux moments au cours de cette session parlementaire,
et notre leader a annoncé récemment qu'on travaillait sur des projets de loi
issus des partis d'opposition, et, je pense, c'est un bon signal à envoyer. On
n'a pas le monopole des bonnes idées. Si d'autres partis ont des bonnes idées,
on est tout à fait prêts à les accueillir et permettre au Parlement d'en
débattre. Je pense que ça, c'est un progrès important.
Journaliste
: Est-ce
qu'un deuxième souffle pourrait s'incarner par un remaniement ministériel?
M. Couillard : Bien, je n'ai
pas de plans de cette nature. Moi, je suis toujours en réflexion, hein, pour
améliorer la façon dont on fait les choses. Mais là, l'été arrive.
Journaliste
: Est-ce
qu'avant l'été il y a des possibles changements qu'on peut anticiper?
M. Couillard : Je suis toujours
en réflexion sur la façon d'améliorer mon gouvernement, incluant la façon dont
moi-même je fais les choses.
Le Modérateur
: On va
rester au micro de droite.
M. Chouinard (Tommy)
: Bien,
bonjour, M. Couillard, juste une précision, là, est-ce que vous écartez un
remaniement ministériel ou un ajustement ministériel d'ici l'automne?
M. Couillard : Je suis
toujours en réflexion sur les façons d'améliorer mon gouvernement.
M. Chouinard (Tommy)
: Et,
quand vous avez ajouté il y a un instant «et ma propre gouvernance»…
M. Couillard : Bien oui, moi,
je suis…
M. Chouinard (Tommy)
: On
déplore le fait que vous n'êtes pas très accessible, peut-être, pour les ministres,
et tout ça. Est-ce que c'est un exemple de chose qui pourrait être corrigée?
M. Couillard : Je ne sais pas,
là…
M. Chouinard (Tommy)
: Qu'entendiez-vous
par «les choses que vous pouvez corriger vous-même«? Qu'est-ce que vous voulez
corriger chez vous?
M. Couillard : Non, non,
mais… Bien, sur cette question, bien, je pense que ça se passe de commentaire,
les contacts sont très bons, mais moi, je suis toujours en train de regarder ce
que je fais, la façon dont je communique, la façon dont j'établis les
priorités. Je suis probablement… un des plus durs critiques envers moi-même,
c'est moi, et je suis toujours à la recherche d'une meilleure façon de faire
les choses. C'est normal et c'est bon que ce soit comme ça.
M. Chouinard (Tommy)
: Maintenant,
j'aimerais… On est à l'heure des bilans. Je me souviens que, quand vous êtes
entré en fonction, donc, à titre de premier ministre, je vous avais demandé :
Est-ce que, dans l'exercice de redressement des finances publiques, il y a des
choses que vous allez protéger? Et vous m'aviez dit : Nous allons protéger
les services de la santé, d'éducation puis surtout l'aide aux personnes les
plus vulnérables.
M. Couillard : Absolument.
M. Chouinard (Tommy)
: Il
appert qu'il y a des coupes, actuellement, dans l'aide aux handicapés, qu'il y
a également des coupes dans les postes de professionnel en éducation qui
viennent, justement, en aide aux enfants qui sont en difficulté. Regrettez-vous
de ne pas avoir pu protéger les services que vous aviez vous-même ciblés?
M. Couillard : Nous, on
insiste sans arrêt sur le fait que les demandes de compressions ou de gestion
plus rigoureuse qui sont faites doivent être faites en protégeant les services,
et notamment envers les personnes vulnérables. Maintenant, il est clair que,
parfois, on voit des résultats sur le terrain qui ne nous plaisent pas à nous
non plus, et il nous est arrivé d'intervenir, comme vous le savez, pour
rétablir les choses, mais les gestionnaires doivent prendre leurs décisions sur
le terrain, que ce soit dans le domaine scolaire ou dans le domaine de la
santé.
Et je vais rappeler encore une fois qu'il
n'est pas tout à fait… il est loin d'être justifié de même songer à retarder
l'équilibre budgétaire. On y est, on n'a pas encore tout à fait concrétisé… La
pire chose qu'on pourrait faire pour les services de santé et d'éducation, à
part un autre référendum sur l'avenir du Québec, ce serait de laisser aller les
finances publiques puis d'avoir encore des déficits. Ça, c'est destructeur pour
les personnes vulnérables également, il ne faut jamais oublier de le dire.
M. Chouinard (Tommy)
: Mais
est-ce que je dois comprendre que les coupes de postes de professionnels en
éducation, vous comptez renverser ces décisions-là prises par les commissions
scolaires?
M. Couillard : Pas nécessairement,
parce que certaines décisions peuvent être de bonnes décisions quant à la façon
de réorganiser les services, on le sait dans la santé, on le sait dans
l'éducation. Ce qu'on veut, c'est qu'au-delà des structures et puis des façons
de faire, que les personnes qui reçoivent les services également voient leurs
services maintenus et même améliorés lorsque c'est possible de le faire.
Le Modérateur
: Merci.
On va rester encore au micro de droite.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Bonjour, Geneviève Lajoie, Journal de Québec. M. Couillard, vous
aviez dit, en janvier 2014, que le tchador était un symbole d'oppression de la
femme, vous avez même mis le tchador au même titre que la burqa et le niqab. Je
veux savoir qu'est-ce qui s'est passé entre cette date-là et maintenant.
Pourquoi avez-vous changé d'idée?
M. Couillard : Ah! je n'ai
pas changé d'idée. Je demeure exactement dans la même opinion personnelle sur
ce que véhicule ce type de vêtement sur la femme. Maintenant, une fois qu'on a
dit ça, il faut voir comment on aborde sur le plan législatif, notamment, et
c'est loin d'être simple.
D'ailleurs, tiens, c'est un devoir d'été
que je vais prescrire — pour employer mon ancienne
profession — à mes collègues de l'opposition et aux commentateurs,
d'essayer de rédiger un article sur cette question. Ils vont voir que c'est
loin d'être simple.
Alors, nous, on essaie de nous en tenir
aux principes. Quels sont ces principes? D'abord, l'égalité des hommes et des
femmes, c'est le plus crucial; deuxièmement, l'accès des femmes à l'emploi, par
lequel, par l'emploi, on arrive également à l'émancipation et au progrès des
femmes — et ça, pour nous, c'est absolument fondamental — bien
sûr, les libertés des droits, ce n'est pas une question anodine. Moi, je suis
premier ministre du Québec puis je dirige un gouvernement, alors, moi, je ne
veux pas présenter un projet de loi illégal à l'Assemblée nationale. Et, comme
je vous le dis, c'est une question qui est délicate, c'est une question qu'on
étudie, on va être en recherche de solutions, mais en respect des principes que
je vous ai indiqués tantôt.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Est-ce que ça vous préoccupe que votre ministre de l'Environnement ne soit pas
accessible aux groupes écologistes?
M. Couillard : Bien, je crois
qu'il l'est et je crois qu'il va le demeurer. Je sais que son ministère
travaille beaucoup avec les groupes sur plusieurs comités actuellement, mais il
me dit, David — et je le sais parce que je l'ai vu à
l'oeuvre — qu'il va continuer à rencontrer lui-même les groupes.
D'ailleurs, la période d'été et de relâche parlementaire, souvent, à l'automne
permet également d'avoir ces rencontres de façon plus poussée.
Vous savez que M. Heurtel a été fort
occupé avec la question des changements climatiques, avec son livre vert sur
les procédures réglementaires, d'ailleurs, qui font aller le Québec dans la
bonne direction, et je suis persuadé qu'on a un ministre de l'Environnement qui
est très accessible, il va le demeurer.
Le Modérateur
:
Dernière question en français, micro de droite.
Journaliste
: Bonjour. Pour
revenir sur la question du tchador, on a accusé votre ministre de ne pas
répondre aux questions. Est-ce que vous pensez que tout ce dossier-là vient un
peu altérer votre image et brouiller votre image auprès de l'opinion publique?
M. Couillard : Non, je ne
crois pas, puis je vais vous dire, puis je pense que la population qui va
entendre ces mots vont dire : Bien, c'est tout à fait vrai. Restons en
contact avec la réalité, là. Restons en contact avec les véritables enjeux. Les
véritables enjeux dans ce dossier-là, c'est quoi? C'est les 10 jeunes
qu'on est allés chercher au dernier moment alors qu'ils partaient en Syrie. Ça,
c'est la priorité. C'est pour ça que notre plan d'action que les ministres ont
annoncé, il va véritablement à la racine des véritables problèmes.
On le sait très bien, il n'y a pas une
seule femme dans les services publics qui porte le tchador actuellement. Est-ce
que j'aime ça, le tchador, comme message? Non. Maintenant, quelle est la
solution légale, correcte pour transformer cette opinion personnelle en action?
C'est beaucoup plus compliqué qu'on le
pense, et, encore une fois, j'invite tous ceux qui ont des idées, celles qui
ont des idées de tenter l'expérience de rédiger un article de loi sur cette
question et je les avertis tout de suite : le tchador est interdit, ça ne
marche pas sur le plan légal. Alors, c'est beaucoup plus compliqué que ça.
On veut également être clairs sur la question,
et je pense que Mme Hidalgo, la mairesse de Paris, l'a bien dit, ce matin :
La meilleure façon de lutter contre la radicalisation, c'est de lutter contre
la pauvreté et l'exclusion. Exclure les femmes du marché du travail, ça ne
m'apparaît pas une bonne façon de lutter contre la radicalisation.
Journaliste
: Les
membres de votre gouvernement, Québec solidaire et la Coalition avenir Québec
jugent que M. Pierre Karl Péladeau devrait se départir de ses actions dans
Québecor. Est-ce que vous êtes résigné à ce qu'il les conserve?
M. Couillard : Bien, au bout
de la route, c'est, d'une part, sa décision puis le jugement que les électeurs
porteront. Moi… puis sans égard aux qualités de M. Péladeau, que je ne
mets pas en doute, sans égard à sa sincérité et les raisons pour lesquelles il
veut faire de la politique, que je ne mets pas en doute, quant à la légitimité
qu'il ait cette opinion ou cette autre, il est profondément troublant d'être
chef de parti, chef de l'opposition, et d'aspirer au poste de premier ministre
en détenant une position de contrôle de la majorité du paysage médiatique
québécois. C'est juste incroyable qu'on ait même à se poser cette question-là.
Alors, dans l'intérêt de tout le monde, je pense qu'il devrait prendre cette
décision, oui.
Journaliste
: Mais vous
n'êtes pas résigné à ce qu'il les conserve, ces actions-là?
M. Couillard : Bien,
c'est-à-dire que… résigné, je n'ai pas de levier, moi, je ne peux pas passer un
décret pour régler cette situation. J'en appelle à lui, à son jugement à lui.
Moi, je pense que ce n'est pas banal. Dans cette salle, la plupart des
journalistes, dont je ne mets pas en doute la compétence et l'indépendance,
dans les faits sont soit ses employés, soit pourraient le devenir dans un
avenir professionnel différent. Alors, ce n'est pas anodin, ce n'est pas banal
et il faut garder ça à l'esprit.
Le Modérateur
: On va
passer en anglais. Micro de gauche.
Journaliste
:
Mr. Legault says you lack ambition. What would you describe as your Government's
greatest accomplishment this session?
M. Couillard : I think we have re-established confidence, trust vis-à-vis Québec.
We have created 70,000 jobs, the economy has created 70,000 jobs. When I meet
investors abroad, they want now to come back and invest in Québec and we are
going towards prosperity. That's what we are doing in many ways, and one of the
doors that lead us to that prosperity is having soundly managed public finances
and a balanced budget. But it's only part of what we have to do, and what we
have to do takes us to the destination which is prosperity, lower taxes for
Quebeckers and a well managed State.
Journaliste
:
And I remember you saying that it was one of the most difficult things to
decide, how to have cutbacks and protect the most vulnerable.
M. Couillard : Yes, never easy.
Journaliste
:
You have people who are being cut who are providing direct services. People are
herding, librarians are being cut. How do you explain that a librarian is not a
direct service to…
M. Couillard : Well, the worst thing that a government, a premier or a minister
can do is to go and micromanage the decisions of local managers. They have
objectives to reach and they know what they are. They know that they have to go
through a year that is going to be demanding for them and probably next year as
well, but the destination is that he will have more freedom to invest better.
And I will just remind
you that, if you compare what we are doing to what was
done before by the PQ, there is no comparison in terms
of the intensity of the measures that are brought in
the networks, particularly. And
if you compare our budget to Ontario's budget, you will see that, over in the next three years, I think
there's even more significant demands on health and education in Ontario than in Québec.
So, it's part of a
phenomenon that is going on. People have to... States have to manage their
public finances better. There is simply no way, mathematically, that you're
going to balance the budget in Québec without having impact on health and education because it's the
three quarters of what we do, both of them together. If you add debt service,
then you see the complexity. Because, if we say : OK, we cannot balance
because we need to put more money in health and education, then you increase
the debt, then you decrease the amount you have for health and education. It's
a vicious circle, we have to get out of this. We have to go through the
exercise that is difficult, demanding, but we will do it and then we'll have a
better possibility of investing in our priorities. Merci.
Le Modérateur
: Micro de droite.
Journaliste
: Premier, you've had the chance to take stock of this session.
Despite so-called austerity measures, and many people have denounced various
cuts in different Departments, Quebeckers still voted
in two new Liberals. So, what do you say to that? What does that say to you?
M. Couillard : Well, I will connect this to what people tell me when I meet them
and when our candidates meet them, you know. Of course, you know, not everybody
agrees, it's never the case in a democratic society. But what I hear the most,
when I met people in Chauveau and Jean-Talon, was : «Lâchez pas», we know
why you're doing this and we need you to do this for our children. This is what
I've been hearing time and time again.
Now, we don't want to
keep this ambience around us eternally, and it has to stop. But the way to stop
it is to have a readjusted budget, a readjusted... an innovative State that we
can transfer to our children one day, where they will be able to make choices.
Because, right now, we have very limited choices, and it's important for
healthcare and education too.
Journaliste
:
The federal Justice Minister said this week, and I quote : Should the
premiers decide to get together and embark on reforming the Senate, that Ottawa
would be happy to work with the provinces, with the premiers. He will be
meeting the premiers this summer. What will be your recommendation?
M. Couillard : Well, my colleagues know because… I've said this many times, that
we still want Québec's specific nature to be one day officially and formally
recognized in the country's Constitution. We also know… and the Senate question
is part of the possibilities, and the aboriginal question is under another
section that could lead us to a constitutional conference in which we will
participate in as much as Québec's demands would also be on the table. And my
position will never change on this.
Journaliste
:
You are open to this.
M. Couillard : Well, if... Yes, but it has to be done through a constitutional
conference, the Supreme Court has said that. And the way for us to participate in
such a conference is, of course, to help solve issues like the Senate or
aboriginal issues, but also to have Québec's demands on the table and being
given attention to.
Le Modérateur
:
Dernière question en anglais, micro de droite.
Journaliste
:
Good afternoon. I wanted to call upon on your analytical skills. Yesterday,
Mr. Duceppe referred to Québec and Canada entering a new political cycle — that's
one of the reasons he's coming back — and he hypothesized that we
would end up in a new referendum in 2020. This assumes, I guess, the PQ takes
power and then… So, it's a kind of a crystal ball kind of thing. What do you
see… Do you agree that we are entering such a cycle and how does that affects
you?
M. Couillard : Well, Mr. Duceppe confirms what Mr. Péladeau has said, that,
of course, that will be the main topic on the table for the next general
election in Québec, obviously.
Now, I don't see a lot of
renewal in that party or that movement. For me, it's an idea of the last
century that is trying to come under new clothes or new appearances, but I
don't see much renewal in what I see. And it's part of the challenge they have
to face, and it's their challenge, not mine.
Journaliste
:
And in French, a moment ago, you said that you still have... you didn't use the
word but I mean, you're obviously still viscerally unhappy with the chador and
it's very clear from your point of view, but you said you would not present any
legal law. Is that what PQ did? And is that… That was the... To do that, you
would have to use the notwithstanding clause, I assume, and you weren't going
to go down that path…
M. Couillard : We're never going down that way. But again, the first duty… one of
the first duties of a government is to table bills that are respecting current
laws and the charters. And the sad thing about… in this story is that this is
what the PQ did not do. They tabled bills that they knew were not compatibles
with the charter and existing laws. This is why, by the way, if you remember, at
the time of the PQ charter, the Minister of Justice was nowhere to be seen, and
voluntarily. Who is the minister carrying the file? Our Minister of Justice. I
think it is a significant message. Merci.
(Fin à 13 h 12)