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Point de presse de Mme Françoise David, députée de Gouin

Version finale

Friday, June 12, 2015, 11 h 30

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Onze heures quarante-neuf minutes)

Mme David (Gouin) : Alors, voici venu le temps des bilans. Je pense qu'on se sent tous et toutes un peu comme des enfants qui terminent l'école! Mais, quant à nous, je tiens à souligner une fois de plus, c'est important de le redire, que nous ne sommes pas en vacances aujourd'hui à 5 heures, nous rentrons dans nos circonscriptions, où nous avons beaucoup de travail à faire.

Alors, quel est le bilan que tirent les députés solidaires de la session qui s'achève? Écoutez, on a une phrase pour définir le type de gouvernement devant lequel on se trouve : c'est un gouvernement libéral qui est fort avec les faibles et qui est faible avec les forts. Je vais vous l'expliquer. Ce gouvernement, fort et même dur avec les faibles, coupe, hein, on le sait, dans les services publics, dans l'éducation, dans la santé, même dans l'aide sociale. Mais, quand il s'agit des forts, des privilégiés, des puissants, des pétrolières, des minières, là on déroule le tapis rouge, et ça s'est fait encore cette semaine. Est-ce que les banques, est-ce que les médecins, est-ce que les contribuables à revenus très élevés ont été touchés par les mesures d'austérité? Pas une seconde, mais le peuple, les gens ordinaires, travailleuses, travailleurs, eux et elles, oui, beaucoup.

Devant, donc, un contexte difficile, disons-le, Québec solidaire est un parti qui se tient debout, et les députés solidaires en particulier. Je pense que tout le monde admettra que nous faisons preuve, les trois députés, de cohérence et de ténacité. Sur l'austérité, nous avons été intraitables, nous plaidons pour un État fort, une économie solidaire, des services publics universels et accessibles pour réduire les inégalités.

Avec trois députés seulement, on réussit à faire avancer des dossiers. Chacun de nous a déposé un projet de loi cet hiver : Manon Massé, sur les pensions alimentaires — vous savez qu'elles sont coupées à l'aide sociale, pour les femmes à l'aide sociale, ce qui est parfaitement discriminatoire; Amir Khadir est revenu à la charge avec son projet de loi pour réduire le coût des médicaments — le gouvernement n'a pas appelé ce projet de loi, mais il faut convenir qu'après des années de travail très tenace de notre collègue le gouvernement, enfin, convient qu'il y a du gaspillage dans le coût des médicaments et commence à prendre des mesures pour le réduire; et, quant à moi, évidemment, je suis très fière de l'adoption du principe du projet de loi n° 492 sur la protection des locataires aînés. Vous vous rappelez que ça a été un très long processus. Il faut vraiment être tenaces à Québec solidaire, mais je pense que cet automne nous y serons, je pense que nous aurons un projet de loi qui va davantage protéger les locataires aînés.

De plus, on a agi avec vigueur — ma collègue en particulier — sur la consignation des bouteilles à la SAQ; on va finir par y arriver. Sur les règlements applicables aux personnes trans qui veulent changer d'état civil, ma collègue a été très impliquée aussi. Mon collègue Amir Khadir, très impliqué sur le projet de loi n° 20, qui fait… comment je dirais, qui s'occupe d'un vrai problème, mais apporte des fausses solutions, et moi-même sur le projet de loi n° 10, en faisant adopter des amendements qui protègent davantage la mission des organismes communautaires. Ça, c'est avec trois députés, alors imaginez ce que ça serait si on était 63.

Nous sommes le seul parti de gauche écologiste, féministe et souverainiste, tout ça ensemble, à l'Assemblée nationale. Le PLQ, bien, il a volé le programme de la CAQ. La CAQ se cherche, et on ne peut pas vraiment compter sur la Coalition avenir Québec pour défendre un modèle québécois social-démocrate. Quant au PQ, il vient d'élire un chef qui est l'un des plus dignes représentants du milieu des affaires et qui a été l'un de ses patrons les plus durs.

D'autre part, quand le PQ s'insurge contre l'austérité libérale, c'est sûr que c'est facile de lui rappeler que, lorsqu'il était au pouvoir, il en a fait quasi autant. Et, de plus, jamais le Parti québécois ne nous dit comment il financerait les services publics. C'est bien beau, s'objecter aux coupes, mais il faut dire où est-ce qu'on va aller chercher l'argent. Mais le PQ ne veut pas toucher aux contribuables aux revenus très élevés et aux grandes entreprises, alors qu'à Québec solidaire nous sommes très au clair là-dessus, vous le savez.

Il est très ambigu, aussi, le Parti québécois, en matière pétrolière. Il y a des jours, c'est oui, il y a des jours, c'est non. En fait, on ne sait pas exactement où il loge. À Québec solidaire, nous sommes très au clair aussi là-dessus : c'est non à l'industrie pétrolière au Québec, pour des raisons environnementales, sociales et de protection du patrimoine québécois.

Dans tous ces combats, nous sommes très loin d'être seuls. Il y a de nombreuses citoyennes et de nombreux citoyens qui se mobilisent contre les hausses de tarifs, contre le passage d'oléoducs sur leur territoire, mais il y a là maintenant un mouvement fort intéressant qui est en train de prendre racine dans toutes les régions du Québec, et c'est le mouvement Je protège mon école publique. Alors, les trois députés solidaires, la semaine dernière, étaient présents dans des chaînes humaines devant des écoles. Il y aura, de nouveau, chaînes humaines le 1er septembre devant les écoles du Québec, et là il y a vraiment quelque chose qui se passe.

Le premier ministre va faire son bilan dans quelques minutes. Alors, j'ai des questions pour lui et, si vous y consentez, je ne détesterais pas que vous lui posiez. Quand il va répéter que tout le monde doit faire sa part pour atteindre l'équilibre budgétaire, j'aimerais ça lui demander qu'est-ce qu'il fait avec le 1 % des plus riches, avec les gens qui gagnent plus de 250 000 $ par année, par exemple. Est-ce qu'il leur demande de faire une part accrue?

Quand il va clamer que les coupes sont nécessaires pour les générations futures, qu'est-ce qu'il va avoir à dire, le premier ministre, sur les enfants dans nos écoles, qui sont les générations futures et qui, en ce moment, souffrent des coupes budgétaires?

Ces coupes, d'ailleurs, vont entrer en vigueur, pour la plupart, cet automne dans les écoles. Alors là, j'ai une demande spéciale à faire au premier ministre du Québec, et c'est exprès que je fais ma demande à lui et non pas au ministre de l'Éducation, parce que le ministre de l'Éducation, il n'écoute rien. Je demande solennellement au premier ministre de prendre un engagement ferme, très bientôt, là, avant que tout soit décidé pour septembre, renoncer aux coupes dans les écoles du Québec. C'est un minimum vital pour nos enfants et pour l'avenir de l'éducation au Québec. Je demande donc au premier ministre de se faire fort, mais fort dans le sens d'être combatif, combatif pour la protection de l'école publique au Québec. Merci.

La Modératrice : Pour la période des questions, on va commencer par le micro ici, à ma droite, et ensuite le micro de gauche, et présentez-vous avant de poser votre question, s'il vous plaît.

M. Laforest (Alain) : Alain Laforest, TVA. Est-ce que vous considérez que votre message passe bien, à trois députés?

Mme David (Gouin) : Écoutez, à trois députés, nous considérons que notre message est de plus en plus entendu. Il n'y a plus grand monde, au Québec, qui ignore notre existence. Je peux vous dire qu'il y a huit ans c'était bien différent. Donc, on a fait des pas importants.

Est-ce que nos messages, par ailleurs, sont entendus du gouvernement? Bien, dans certains cas, oui. Je viens de le démontrer, il y a des dossiers qui avancent grâce à nous, on est quand même contents. Je vous rappelle qu'on a aussi fait un petit... on appelle ça un petit pense-bête, là, donc un résumé des projets de loi ou des mesures quand même positives adoptées récemment et auxquelles on a largement contribué, je pense entre autres à la politique sur le harcèlement sexuel, ici même, à l'Assemblée nationale, évidemment le projet loi n° 492, les médicaments, la justice fiscale et les abris fiscaux. Nous sommes très, très heureux de voir que le gouvernement libéral a décidé d'avoir un mandat d'initiative, là, sur l'évasion fiscale et les paradis fiscaux. Donc, cet automne, une commission parlementaire va se pencher là-dessus, bravo! Je rappelle qu'Amir Khadir a été, de loin, le premier député à l'Assemblée nationale à parler de ces choses il y a maintenant six, sept ans.

Alors, Québec solidaire, avec ses trois députés, et par leur ténacité, finit par faire avancer des dossiers, oui.

M. Laforest (Alain) : M. Legault a laissé entendre tantôt qu'il y a une place pour une troisième voix. Vous avez attaqué M. Couillard, vous avez attaqué le Parti québécois, est-ce qu'il y a une place pour une quatrième voix à l'Assemblée nationale et au Québec ou il y aura un besoin de fusion dans le futur?

Mme David (Gouin) : Écoutez, la démocratie, c'est de permettre le pluralisme des idées, hein? Alors, si la CAQ a quelque chose à offrir d'original et de différent du Parti libéral, la CAQ a sa place au Québec. En fait, tous les partis politiques ont leur place au Québec, là, moi, je ne porterai pas de jugement là-dessus. Maintenant, je pense que le problème de la CAQ, et il n'y a pas que moi qui le dit, c'est que, de plus en plus, c'est copie conforme Parti libéral-CAQ. Alors, moi, je pense que, des deux côtés, ils auront des questions à se poser.

Journaliste : Bonjour. Bonjour, Mme Massé, Mme David. Vous avez entendu l'hommage de M. Aussant aux funérailles de M. Parizeau, La fin des exils. Est-ce que vous pensez que ça vous concerne et comment est-ce que vous recevez ce message-là?

Mme David (Gouin) : D'abord, je veux vous dire que j'étais présente à la cérémonie et que le message de M. Aussant était une merveille d'intelligence et de sensibilité. Vraiment, là, j'ai fait partie des gens qui se sont levés pour applaudir.

Je pense que M. Aussant va lui-même revenir d'exil, ça paraît assez évident. Moi, je l'invite à considérer sérieusement que nous serions très heureux de travailler avec lui à Québec solidaire. J'espère qu'on aura l'occasion de lui dire en personne.

Et, pour le reste — parce que je pense que je comprends le sens de votre question — il y a des moments; des moments, par exemple, où la souveraineté est vraiment à l'ordre du jour et où un référendum se pointe à l'horizon, il y a des moments où il existe une telle chose qui s'appelle le camp du oui. Nous y serons. Je l'ai toujours dit, nous l'avons toujours dit, on n'a pas changé d'avis. Mais est-ce que, là, maintenant, Québec solidaire va se saborder et se fusionner avec le Parti québécois? Vous savez bien que la réponse, c'est non. Québec solidaire existe parce que nous croyons, nous, d'ailleurs, un peu comme Jacques Parizeau, que la souveraineté doit marcher sur deux pattes : l'appel du pays, de l'indépendance, et la social-démocratie, au minimum.

Journaliste : Vous avez dit, dans votre préambule, que la CAQ se cherche. Vous avez peut-être entendu M. Legault, là, qui trouve la période assez difficile. Comment vous… Pensez-vous qu'à l'automne, justement, avec la fin des exils, combinée… bon, puis le message souverainiste du Parti québécois, et le fait la CAQ soit dans une situation difficile, est-ce que vous entrevoyez un changement dans l'échiquier politique au cours de la prochaine session à venir?

Mme David (Gouin) : Je n'en suis pas du tout convaincue, mais je nous laisse réfléchir à tout ça durant l'été, puis on verra cet automne.

M. Croteau (Martin) : Bonjour, Mme David. Je reviens sur la première question de ma collègue. On a parlé du discours de M. Aussant, on a vu M. Duceppe reprendre du service, M. Péladeau qui arrive un poing brandi, là, et qui ne fait pas de doute, là, quant à sa volonté de faire l'indépendance. À quel point sentez-vous une pression sur vous, sur vos membres et sur vos électeurs pour rentrer dans le rang, si j'ose dire, là, et aller rejoindre le Parti québécois?

Mme David (Gouin) : Savez-vous quoi? Il y a quelque chose qui est assez intéressant depuis l'entrée en scène et l'élection de M. Péladeau à la tête du Parti québécois : nous n'avons pas perdu de membres. Il n'y a personne qui a traversé pour s'en aller au Parti québécois. Nous avons un bassin de plusieurs milliers de membres très fidèles à Québec solidaire parmi lesquels, d'ailleurs, se trouvent d'anciens péquistes qui, un jour, ont vraiment choisi de joindre nos rangs. Ces gens-là ne veulent pas que Québec solidaire cesse d'exister, là, puis qu'on s'en aille, là, au Parti québécois.

Par contre, je l'ai toujours dit, je le répète, le dialogue est toujours possible, les alliances ponctuelles sont toujours possibles, d'ailleurs on ne s'en prive pas. À l'Assemblée nationale, ici même, il y a une semaine, nous avons, M. Jean-François Lisée et moi, fait une conférence de presse avec un regroupement de personnes handicapées. Vous le voyez, vous êtes aux premières loges, vous le voyez que ces choses-là sont possibles. Et, sur la question de la souveraineté, nous sommes ouverts à des discussions. Si un jour M. Péladeau veut discuter avec nous, évidemment nous discuterons, nous sommes des gens de dialogue, mais nous ne nous saborderons pas, soyons clairs.

M. Croteau (Martin) : Quand vous parlez d'alliance…

Mme David (Gouin) : Ponctuelle.

M. Croteau (Martin) : …je ne veux pas trop verser dans les scénarios hypothétiques, mais est-ce qu'une alliance ponctuelle pourrait, par exemple, prendre la forme d'une entente pour ne pas présenter plus d'un candidat indépendantiste dans chaque circonscription?

Mme David (Gouin) : Vieille question qu'on nous posait déjà en 2012 et en 2014. Je vous rappelle que la prochaine élection générale est en 2018, on a trois ans pour, tout le monde, réfléchir à tout ça, pas de réponse à cette question aujourd'hui.

Pour aujourd'hui, ce que j'ai à vous dire, c'est toujours la même chose : Nous sommes un parti de dialogue, mais nous avons des convictions, nous avons des valeurs, nous les portons, c'est pour ça que nous existons. Mais, sur des dossiers ponctuels, des conférences de presse communes, des débats que nous pouvons faire, tout ça, c'est possible, mais nous n'allons pas plus loin — et je veux être très claire là-dessus, là — nous n'allons pas plus loin, d'autant plus que je dois dire que les débuts de discussion, depuis deux jours, sur les projets de loi, là, entourant la neutralité religieuse, et tout, y compris la période de questions de ce matin, nous font penser que nous aurons un automne difficile.

Et je veux rappeler que Québec solidaire, fervent tenant de la laïcité de l'État et des institutions publiques, veut quand même que ce débat se tienne calmement et sereinement parce qu'il y a des gens en cause.

M. Croteau (Martin) : Mais je constate que vous ne fermez pas la porte à ce scénario d'alliance. Je constate que vous ne fermez pas définitivement la porte à une éventuelle alliance électorale avec le PQ.

Mme David (Gouin) : C'est parce que, M. Croteau, là, la prochaine élection est dans trois ans et demi. Le mandat qu'un congrès nous a donné pour les élections de 2012 et 2014, c'est : pas d'alliance. Mais, dans trois ans et demi, là, tant de choses peuvent changer, de tous les côtés, d'ailleurs. Alors, on ne fait pas de scénario de science-fiction. On va faire notre boulot, là, pour le moment. On continue d'avoir nos trois députés, un parti présent sur le terrain. L'automne sera chaud à toutes sortes de points de vue, n'en doutons pas. Allons-y avec ça pour le moment.

Journaliste : À quel point y a-t-il une polarisation de l'électorat, à vos yeux, comme l'a décrit M. Legault?

Mme David (Gouin) : Monsieur?

Journaliste : À quel point l'électorat est-il polarisé autour de la question nationale, comme l'a décrit M. Legault tout à l'heure?

Mme David (Gouin) : Honnêtement, là, je vais le dire sur une base très personnelle, moi, je pense que, s'il y a polarisation de l'électorat en ce moment, c'est d'abord et avant tout sur l'austérité, certaines personnes pensant que c'est une bonne chose et beaucoup de gens — et de plus en plus de gens — pensant que c'est catastrophique. Les gens qui ont des enfants, qu'ils soient en difficulté ou non, les gens qui ont besoin du système de santé, les gens dont les parents âgés sont en CHSLD, tous ces gens-là commencent à trouver que l'austérité, là, ce n'est pas drôle du tout. Alors, je pense que la principale polarisation est de ce côté-là.

Maintenant, sur la question nationale, la polarisation, elle est aussi vieille que la Confédération canadienne.

Journaliste : Oui, bonjour. Tout d'abord, sur la question de la neutralité religieuse de l'État et la lutte à la radicalisation, est-ce que Québec solidaire partage les mêmes vues que le Parti québécois de 2015? Le Parti québécois a quand même cheminé en sa…

Mme David (Gouin) : 2015?

Journaliste : Oui, en fait, d'aujourd'hui, en référence à celui de l'année dernière, où vous aviez vraiment des positions opposées au Parti québécois. Aujourd'hui, en quoi vos positions se distinguent de celles du Parti québécois?

Mme David (Gouin) : Je vais répondre à votre question, et je le fais consciemment, de manière un peu différente. Je vais vous dire ce qu'on pense, après on verra, vous jugerez des différences.

Québec solidaire est un parti qui a déposé, il y a maintenant, quoi, un an et demi, une charte de la laïcité. Je pense que personne ne peut douter de notre intérêt pour la question. L'État et toutes ses institutions publiques doivent être résolument laïcs, ce qui n'inclut pas seulement la neutralité religieuse de l'État, mais la séparation des pouvoirs entre l'Église et l'État. Et ça, ça n'est pas dans le projet de loi libéral, en passant. Donc, premier problème.

Deuxièmement, sur les accommodements raisonnables, les critères présentés par le Parti libéral, dans l'ensemble, sont assez corrects, qu'on peut améliorer, mais il est invraisemblable que ça ne touche que le secteur public et pas les entreprises privées. Donc, là-dessus, je suis d'accord avec Mme Maltais, en passant. Le projet de loi libéral ne touche pas les municipalités : incompréhensible, vraiment. Donc, nous allons travailler très fort pour convaincre le gouvernement d'inclure les municipalités.

Alors, vous voyez, déjà, nous pensons que le projet de loi sur la neutralité religieuse de l'État apporte certains éléments intéressants, mais il y a de graves insuffisances. Et je pense que le gouvernement libéral, qui a eu beaucoup de difficultés à comprendre les aspirations des Québécois sur la langue, a maintenant beaucoup de difficultés à comprendre les aspirations de la majorité des Québécois sur la laïcité.

Il est assez désolant aussi qu'on se refuse à déplacer ce fameux crucifix qui est sur la tête du président de l'Assemblée nationale dans un autre endroit bien visible par tout le monde. Il y a là quelque chose de symbolique qui est vraiment étonnant. Mais, comme le projet de loi ne parle pas de la séparation des pouvoirs entre l'Église et l'État, ça ne lui pose pas de problème d'avoir un élément hautement symbolique de l'alliance entre l'Église et l'État au Québec dans les années 40. Alors, il y a vraiment du travail à faire, là, sur ce projet de loi.

Journaliste : Comment vous entrevoyez le débat dans la population autour de ce projet de loi là? Le dernier, qui a montré certaines divisions au sein de la population…

Mme David (Gouin) : Le dernier débat a été assez terrible. Il a été émotivement très dur. Je voudrais rappeler qu'il a été dur surtout pour nos compatriotes femmes d'origine musulmane... de religion musulmane, pardon. Là, j'espère qu'on ne rejouera pas dans ce film-là, là, parce que c'était trop dur.

Moi, je souhaite qu'on fasse un débat serein, calme et qu'on aille au fond des choses, qu'on ne reste pas seulement sur des petits épiphénomènes, là, qu'on aille au fond des choses. Voulons-nous ou non un État laïc? Moi, je pense que c'est oui au Québec : séparation des pouvoirs, neutralité religieuse, mais en même temps un État qui favorise le respect des croyances et de l'incroyance. Il y a une définition de la laïcité — je voudrais que le mot apparaisse, d'ailleurs — et, si le gouvernement ose le faire, je pense qu'on pourra avoir un débat intéressant et intelligent. Mais, si le gouvernement se refuse à tout compromis, là ça va être vraiment difficile.

Journaliste : Vous vous dites résolument indépendantistes, vous dites également que vous ferez partie du camp du oui.

Mme David (Gouin) : Bien sûr.

Journaliste : Est-ce qu'on peut penser que ce camp-là pourrait informellement être créé avant l'échéance électorale, donc avant les élections générales de 2018? Et comment voyez-vous votre rôle dans la promotion du projet de pays avant la prochaine élection?

Mme David (Gouin) : Je pense que j'ai déjà répondu à la première question, là. La prochaine élection, c'est dans trois ans, on verra ce qu'il y a à faire. Mais nous, nous sommes déjà en campagne pour la souveraineté. La fin de semaine prochaine, 20-21 juin, partout au Québec, Québec solidaire distribuera des milliers de tracts appelant nos concitoyens et concitoyennes à appuyer l'idée du pays. Nous, nous travaillons déjà sur le terrain non pas pour convaincre les convaincus, mais pour convaincre les non-convaincus. C'est ce que nous faisons déjà, nous.

Journaliste : Puis, rapidement, comment vous entrevoyez l'élection fédérale? Est-ce que vous comptez faire comme la CAQ et faire connaître une liste d'épicerie aux partis politiques fédéraux? Allez-vous... Vous avez certaines accointances peut-être avec, je ne sais pas, peut-être le nouveau Bloc québécois de Gilles Duceppe ou le Nouveau Parti démocratique de Thomas Mulcair?

Mme David (Gouin) : Il y a déjà plusieurs mois, Québec solidaire a pris la décision de rester neutre dans les prochaines élections fédérales, invitant, bien sûr, les Québécoises et Québécois à voter pour des candidates et candidats progressistes. Ça tombe sous le sens, puisque nous sommes ce que nous sommes.

Journaliste : ...

Mme David (Gouin) : Progressistes. Et, si nous avons à revenir là-dessus, nous tiendrons un comité de coordination national. Il y a, effectivement, de nouveaux éléments qui sont apparus dans le décor il y a quelques jours, nous allons y réfléchir.

Journaliste : Bonjour. Vous avez parlé tout à l'heure d'un référendum comme d'un moment où il peut y avoir des alliances, vous avez dit que vous allez être du camp du oui. Quel autre moment... Est-ce qu'une élection peut être un autre moment où il peut y avoir une alliance, selon vous?

Mme David (Gouin) : Je voudrais vous soumettre gentiment que vous êtes la troisième à poser de façon différente la même question un petit peu, là. Alors, je vais faire sensiblement la même réponse : Les élections sont dans trois ans.

Journaliste : Je vous parle... Ce n'est pas ça, ma question. Ma question, c'est : Est-ce qu'une élection, c'est aussi un moment, comme un référendum, où il peut y avoir des alliances?

Mme David (Gouin) : Si la question est théorique...

Journaliste : Théorique.

Mme David (Gouin) : ...je vais vous faire une réponse théorique : Évidemment. Mais la réponse pratique, là, la réponse factuelle, c'est que nous avons, nous, Manon et moi, un mandat clair de notre parti politique, adopté en congrès en 2014, c'est : pas d'alliance électorale. Si nous avons à rediscuter de cette question, nous le ferons en congrès.

Journaliste : Peut-être juste une petite précision sur la neutralité religieuse de l'État. M. Couillard avait déjà déclaré, par exemple, que le tchador était un symbole d'oppression pour la femme. On voit qu'il n'y a rien, dans le projet de loi, qui interdit ce signe, ce symbole religieux. Selon vous, pour quelle raison le Parti libéral n'est pas allé aussi loin qu'il l'avait laissé entendre?

Mme David (Gouin) : Bien franchement, je l'ignore. Et j'aimerais que vous posiez la question à M. Couillard et j'aimerais qu'il ait vraiment la franchise de vous répondre, parce que je l'ignore. Donc, il faut lui demander à lui. D'ailleurs, je serais très intéressée d'entendre sa réponse.

M. Pépin (Michel) : Bonjour, mesdames. Michel Pépin, Radio-Canada. Comment qualifiez-vous le résultat de Québec solidaire aux dernières élections partielles? Et vous pouvez inclure les élections partielles précédentes, si vous le voulez.

Mme David (Gouin) : Écoutez, c'était plus décevant dans Richelieu. On est quand même plus contents du résultat de l'élection partielle, entre autres, dans Jean-Talon. On est conscients, cependant, très honnêtement, qu'on a du travail à faire, non seulement dans la région de Québec, mais dans plusieurs autres régions — nous le savons — pour faire connaître nos idées, faire apprécier nos idées, développer des associations plus fortes sur le terrain. Tout cela, nous allons le faire dès l'automne, partout au Québec, par le début d'une tournée qui va durer un an, qui va nous amener dans toutes les régions du Québec pour développer, entre autres, avec les gens, notre vision économique et connaître leurs attentes face à Québec solidaire. Donc, nous sommes conscients du travail à faire.

M. Pépin (Michel) : Vous avez quand même enregistré un résultat inférieur dans Jean-Talon et dans Chauveau aux élections partielles par rapport aux élections générales d'avril dernier, d'avril 2014. Est-ce que vous n'êtes pas en perte de vitesse?

Mme David (Gouin) : Non, nous ne le pensons absolument pas. Je vous souligne que, dans Jean-Talon, la différence est quand même assez minime. Une élection partielle, ce n'est pas une élection facile. Les électrices et électeurs sortent moins voter massivement. C'est beaucoup plus facile pour nous dans le cadre d'élections générales. Donc, est-ce que nous sommes complètement satisfaits des résultats? La réponse, c'est non, évidemment, mais pas du tout découragés, pas du tout, vraiment. Nos candidates, en fait, et dans Chauveau et dans Jean-Talon, nous ont dit : C'est la première étape. À partir de maintenant, nous sommes déjà en précampagne pour 2018, et vous verrez en 2018. Non, on n'est pas du tout découragés.

M. Pépin (Michel) : Comment entrevoyez-vous le climat social l'automne prochain?

Mme David (Gouin) : Lourd : négociations du secteur public, coupes dans les écoles, coupes dans la santé, projet de loi sur le financement à l'activité — ce qui veut dire des coupes aussi dans toutes sortes d'établissements de santé — débat sur la neutralité religieuse de l'État — mais tout le monde sait qu'on va assez rapidement parler de signes religieux — lourd.

Et, en même temps, mobilisation citoyenne — nous en sommes absolument convaincus — dans les dossiers dont je viens de parler, mais aussi dans celui du pétrole. Je rappelle que le gouvernement du Québec est très engagé dans ce qu'on pourrait appeler la mise en place d'un État pétrolier, soit parce qu'on en produit, soit parce qu'on laisse passer du pétrole sur notre territoire — sans que ça nous donne rien, d'ailleurs — et ça, de plus en plus de citoyens s'y objectent dans toutes les régions. Alors, automne chaud et automne où Québec solidaire sera aux côtés des citoyens.

La Modératrice : Merci.

Mme David (Gouin) : Merci à vous.

(Fin à 12 h 16)

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