(Onze heures dix-sept minutes)
M.
Lessard
: Merci
beaucoup. Alors, je veux saluer mon collègue ministre des Finances qui nous
accompagne ce matin pour notre annonce. Alors, merci d'avoir répondu à notre
invitation pour parler de la pérennité et surtout du développement de
l'industrie forestière au Québec.
Vous savez, depuis plusieurs semaines,
j'ai entrepris, donc, une tournée des régions du Québec, et toutes les
industries que j'ai rencontrées m'ont parlé du coût de la fibre au Québec. Dans
la région du Témiscamingue, j'ai entendu Tembec nous parler que le coût de la
fibre au Québec était élevé par rapport à ses opérations en Ontario. J'ai
entendu Chantiers Chibougamau, dans le Nord-du-Québec, qui me disait que le
coût de la fibre est élevé à cause de l'entente de la «Paix des Braves», pour
laquelle il doit réduire ses récoltes. J'ai entendu aussi Produits Résolu, du
côté de Maniwaki, qui a des difficultés d'approvisionnement, donc, autant du
secteur privé que du secteur détenu par les autochtones. J'ai entendu aussi
Lauzon, Fortress, dans la région de l'Outaouais, qui a de la difficulté, un,
sur sécuriser les approvisionnements et faire reconnaître aussi son modèle
d'opération avec l'usine de Fortress. J'ai entendu aussi des entreprises qui
ont fermé du côté de Grand-Mère, une papetière qui a fait... nécessairement eu
des impacts sur les opérations de Résolu de Rivière-aux-Rats. J'ai aussi
participé à des ouvertures, donc autant Jovalco, du côté du Pontiac, qui était
déstructurée depuis les fermetures de grandes papetières, ou l'ouverture de
Forex Amos, du côté d'Amos en Abitibi.
J'ai aussi participé avec l'industrie,
depuis les derniers mois, donc, à des initiatives, telles que la Côte-Nord qui
nous interpelle sur la tordeuse des bourgeons d'épinette; la difficulté, donc,
autant sur la valeur du panier de produits pour alimenter sa scierie et sa
papetière que du côté de Boisaco, à Sacré-Coeur, qui trouve que le coût de la
fibre par rapport à la forêt disponible semble être compliqué et dont ses prix
de la valeur de bois sur pied ne semblent pas représenter le coût de ses
opérations.
J'ai aussi, donc, dans cette
perspective-là... Et il y a eu beaucoup d'initiatives qui ont donc donné des
résultats, mais il faut aller plus loin. L'industrie nous appelle à définir le
coût de la fibre. J'ai donc demandé la collaboration de mes collègues le
ministre des Finances et le ministre de Développement économique pour être
capable de répondre aux besoins des entreprises. Ces besoins-là, au niveau du
ministère de la Forêt, c'est sécuriser les approvisionnements. Du côté du
ministère de la Finance, donc on annonce aujourd'hui la création d'une cellule
d'intervention forestière, donc un «task force» : ministère de la Forêt,
ministère du Développement économique et ministère des Finances. La cellule,
donc, d'intervention forestière permettra, un, une fois pour
toutes — le ministre des Finances en parlera — de tirer au
clair le coût de la fibre au Québec... dans les régions du Québec entre elles
et par rapport aussi à l'Ontario. Donc, le ministre en fera l'annonce.
Deuxièmement, j'annonce, au nom du
ministre du Développement économique, M. Jacques Daoust, qui est actuellement,
donc, au Bourget pour aider le secteur de l'aéronautique, qui va développer,
donc, une vision gouvernementale pour soutenir, donc, l'industrie forestière,
donc les entreprises forestières dans l'ensemble des régions du Québec et de
fournir tout le soutien nécessaire afin de favoriser la croissance, mais
surtout la modernisation des usines dans le respect des accords commerciaux.
Notre approche, donc, repose donc et avant
tout sur le développement de l'industrie, accompagner les entrepreneurs et
surtout fournir du travail aux travailleurs forestiers dans toutes les régions
du Québec.
Je tiens à vous le dire une fois pour
toutes, on entend beaucoup : Le coût de la fibre est plus élevé au
Québec. Il faut tirer au clair cet aspect-là. C'est pour ça que le ministre des
Finances, là, va intervenir dans quelques instants.
Je tiens à rappeler aussi, pour les gens qui
travaillent dans le Nord-du-Québec, sur la Côte-Nord, donc, dans le Nord-du-Québec,
en Abitibi… donc, le bureau de mise en marché, dès cet après-midi, donc,
publiera la valeur de bois sur pied, qui aura un impact de réduction du coût de
la fibre de plus de deux dollars le mètre cube.
Alors donc, c'est une bonne nouvelle pour
la Côte-Nord, le Nord-du-Québec et l'Abitibi, mais principalement la Côte-Nord actuellement,
qui nous demande un plan d'intervention. Nous sommes intervenus pour accélérer
la récolte pour le bois, pour qu'ils évitent la dégradation sur la Côte-Nord à
cause de la tordeuse des bourgeons d'épinette. Donc, beaucoup d'inventaires ont
été captés, beaucoup de copeaux ont été faits pour alimenter la papetière, et aujourd'hui,
donc, on va plus loin en aidant, donc en invitant l'industrie à collaborer pour
qu'on puisse une fois pour toutes, donc, tirer au clair et mieux intervenir
avec l'industrie.
J'invite donc maintenant mon collègue ministre
des Finances à donner, donc, des explications, quant à son intervention auprès
du «task force», donc, Finances, Forêts et Développement économique.
M. Leitão : Très bien. Merci,
Laurent. Alors, bonjour, mesdames messieurs. Je tiens d'abord à saluer
l'initiative de mon collègue le ministre de la Forêt, de la Faune et des Parcs
de créer ce comité interministériel et je veux le remercier de m'avoir invité à
y prendre part.
Par cette initiative, le gouvernement
répond présent et va conjuguer ses efforts et ses expertises afin que
l'industrie forestière du Québec se tourne vers l'avenir. L'importance de ce
secteur pour notre gouvernement ne date pas d'hier. D'ailleurs, dans le budget
du 26 mars, nous avons prévu notamment l'élargissement du Fonds Valorisation
Bois, doté d'une capitalisation de 170 millions de dollars aux papetières
désirant moderniser leurs équipements. Le gouvernement prévoit également
consacrer, cette année fiscale, 2015‑2016, plus de 540 millions afin de
permettre un développement durable de la forêt québécoise.
Maintenant, pour notre gouvernement,
l'essor économique des régions demeure une priorité. Le coût de la fibre ayant
été identifié par mon collègue comme une problématique importante, nous
mettrons à profit l'expertise et la capacité d'analyse du ministère des
Finances afin d'analyser objectivement et rigoureusement les enjeux liés au
coût de la fibre au Québec. Toutes les expertises du gouvernement seront mises
à profit, et la lumière sera faite sur le coût de la fibre et des
approvisionnements.
Grâce à la cellule d'accompagnement de
l'industrie forestière que nous mettons sur pied aujourd'hui… et je peux vous
dire que cet après-midi même, je pense, à 14 heures, la première réunion
des personnes impliquées va avoir lieu. Donc, nous serons en mesure de
développer une vision gouvernementale commune de la situation forestière du
Québec. Cette cellule nous permettra de valider les paramètres dont nous devons
tenir compte pour compléter les calculs préalablement faits par mon collègue au
ministère de la Forêt, de la Faune et des Parcs.
Pour ce faire, nos économistes et nos
spécialistes analyseront les différences de coûts entre le Québec et l'Ontario
afin de se doter d'un portrait comparatif clair entre les deux juridictions.
Nous comparerons également les écarts de coût de la fibre entre les différentes
régions du Québec. Pour ce faire, nous solliciterons la collaboration de l'industrie
afin de disposer des données fiables et représentatives. Nous comptons sur la
concertation et la mobilisation de tous les partenaires pour assurer la
réussite du mandat de ce groupe interministériel. Cela nous permettra de
contribuer, dans le respect le plus strict des accords sur le bois d'oeuvre et
de commerce international, à la création de conditions favorables au
développement de l'industrie forestière dans toutes les régions du Québec. Ici,
je veux vraiment, encore une fois, mettre l'accent sur l'importance de
respecter les accords de commerce international, accord du bois d'oeuvre et
aussi tous les accords internationaux.
La forêt est une richesse collective pour
l'ensemble des Québécois. Il nous apparaît donc juste et pertinent de confirmer
sa valeur juste et équitable. Nous sommes et serons toujours présents pour
soutenir, accompagner ce secteur névralgique. Alors, merci beaucoup. Je
m'arrête ici, et donc, s'il y a des questions pour mon collègue et pour moi,
nous serons... plaisir de répondre.
M. Dutrisac (Robert)
:
La question du coût de la fibre, c'est quelque chose qui est récurrent. Je me
souviens qu'il y a plusieurs années on en parlait. Pourquoi ce comité maintenant?
Parce que ça va plus mal que ça...
M.
Lessard
: En
fait, il faut éclaircir les… l'industrie dit : le coût de la fibre est
plus élevé; occupez-vous-en. Maintenant, il est plus élevé par rapport à qui et
par rapport à quoi? Donc, c'est différent entre les régions du Québec, qu'on
soit sur la Côte-Nord, qu'on soit en Outaouais ou en Chaudière-Appalaches.
Donc, il faut établir une fois pour toutes de quoi on parle puis par rapport à
qui.
Alors, le ministère des Finances maintenant
va dresser ce portrait-là en collaboration avec les différents ministères chez
nous, puis on va être capable d'avoir des comparatifs pour être capable de
savoir sur quoi on travaille à réduire. Il y en a une partie qui est dans
l'État, la vente du bois, puis il y en a une partie, c'est dans les transports,
puis dans les copeaux, puis dans la fabrication de chemins. Bien, ça coûte plus
cher sur la Côte-Nord que ça peut coûter peut-être dans le Centre-du-Québec sur
les agrégats, sur les difficultés qu'on… les escarpements, etc., la
température. Alors donc, il faut être capable de dresser ce portrait-là pour
avoir, une fois pour toutes, le coeur net parce qu'il s'agit de dire : Le
coût de la fibre est trop cher, puis là tout le monde se met à travailler, mais
on ne sait pas sur quoi.
M. Dutrisac (Robert)
:
Très bien. Et maintenant, là, ce comité va faire un rapport. Il va faire un
rapport quand? C'est quoi, le...
M.
Lessard
:
O.K. Donc, on travaille le plus rapidement, en accéléré. Deuxièmement,
immédiatement, après-midi, il y a déjà une première rencontre, comme le
ministre des Finances vient d'en parler, interministérielle, mais, dès
après-midi, les entreprises qui ont levé la main, qui avaient de la difficulté,
hein… on le sait que la reprise du marché américain, elle est progressive, les
mises en chantier sont là, on a déjà l'accord de bois d'oeuvre qui fait ses
impacts négatifs, qui nous impose actuellement 3 % sur les ventes. Donc,
ça ralentit l'entrée de bois aux États-Unis, ça crée des impacts, on l'a vu sur
la Côte-Nord actuellement, qui est doublé de l'effet de la tordeuse des
bourgeons d'épinette. Mais quand on va récolter le bois plus rapidement, bien,
on l'amène dans la cour plus rapidement, mais, s'il sort plus lentement, alors
là, on a un goulot d'étranglement. Puis moi, je suis très sensible à ce qui se
passe. C'est toujours les opérateurs en forêt qui sont les premiers arrêtés
puis c'est toujours les transporteurs qui subissent le deuxième contrecoup.
Donc, après-midi, les entreprises qui ont
levé la main, qui ont de la difficulté, vont recevoir un appel directement de
Québec pour une rencontre. Le ministre sectoriel de développement économique,
lui, va bâtir, donc, son «task force» sur l'ensemble. C'est autant la scierie,
la papetière, c'est aussi le preneur de sous-produits, donc les entreprises qui
font des panneaux, qui font donc des parements extérieurs. S'ils ont de la
difficulté, donc on doit adresser toute la question en respectant les accords
de bois d'oeuvre, parce que quand on… on voit immédiatement les impacts, là,
sur le travail.
M. Dutrisac (Robert)
:
M. Lessard, justement, là, vous n'avez pas répondu à ma question sur combien de
temps ça va prendre... cette étude-là va prendre combien de temps. D'une part,
je vous demanderais combien de temps, et ensuite, une fois qu'on a les
résultats, là, puis qu'on réalise que peut-être que dans une région le coût de
la fibre est très élevé par rapport à une autre ou qu'on est plus élevé que par
rapport à l'Ontario, qu'est-ce qu'on fait concrètement?
M.
Lessard
:
O.K. Première chose, un, il y a quand même du travail de fait. Il y a une étude
au ministère de la Forêt, une étude quinquennale qui est en cours. Donc, le
Conseil de l'industrie forestière nous avait demandé de la retarder, l'an
passé, pour tenir compte de l'année du nouveau régime, pour s'assurer que nos
coûts sont pris en compte. Là, on est à terminer cette étude-là qui va être
soumise au ministre des Finances pour examen.
Actuellement, dans l'année, il y a aussi
une enquête sur les coûts sur le résineux qui est en place. Il y a une
consultation par le bureau de mise en marché. Lui, il tient compte de l'année
en cours, tandis que l'autre a une perspective plus grande. Par la suite, bien,
nécessairement, nos entreprises, exemple Tembec, Résolu, AECOM, sont autant au
Québec qu'en Ontario. On demande la collaboration parce que, pour dire que les
coûts sont plus élevés, un par rapport à l'autre, là, il faut qu'ils ouvrent
leurs livres pour nous donner accès pour regarder les comparables. Le ministre
va faire dans le délai, avec la collaboration de l'industrie, le plus
rapidement possible. Donc, on va s'assurer qu'on mette en place ces mesures-là
pour qu'on ait un impact même sur l'année en cours.
Je l'indique, toutes les mesures qu'on
pourra mettre en place seront sur tout le bois qui aura été récolté depuis le
1er avril, comme on a pu faire aussi pour l'an passé, pour la tordeuse des
bourgeons de l'épinette. Quand on a travaillé avec l'industrie, on a pu dire :
Ça s'applique à partir de la première année de récolte, c'est-à-dire l'an
passé.
M. Gentile (Davide) : Mais,
M. Lessard, ça fait au moins 200 ans, là, qu'on fait de la foresterie à grande
échelle au Québec. Êtes-vous étonné de voir qu'on n'ait pas... moi, ça m'étonne
de voir qu'on n'a pas des données plus précises que ça sur le coût de la fibre.
M.
Lessard
: On
en a, des données assez précises. Ce qui arrive… Puis la difficulté que j'ai
eue à travers le Québec… Après un long cycle baissier de sept ans, il est
arrivé des éléments nouveaux. Il y a des endroits… exemple, dans le Pontiac,
Smurfit-Stone a fermé. Ça a créé complètement… Toute la filière des scieries a
tombé. Là, quand Jovalco, une nouvelle entreprise, s'installe, il dit :
Là, bien là, là, qui a préparé les chemins? J'ai de la difficulté. Moi, je scie
de tel type d'essence de bois, mais, quand je vais dans la forêt, qui prend
l'autre? Alors, on a de ça.
Donc, quand Grand-Mère a fermé, hein,
quand la papetière a fermé, bien, l'usine de Rivière-aux-Rats qui sciait le
bois pour eux autres, bien là, actuellement, elle est en mise en veilleuse.
Alors, dans les régions du Québec, ça a déstructuré le tissu, puis on se
demande jusqu'à quel point maintenant le coût de la fibre est reflété.
M. Gentile (Davide) : Mais
comment ça se fait qu'on n'a pas ces données-là? C'est quand même incroyable.
M.
Lessard
: On
en a, mais maintenant… mais il faut poser un regard additionnel. Quand le
Québec, on avait toutes les industries, je pense que le regard… mise à jour économique,
en disant : O.K., on leur impose maintenant des choses additionnelles.
Même quand on négocie l'accord de la «Paix des Braves», on dit aux Chantiers
Chibougamau puis à Barrette-Chapais : Tu ne pourras pas aller récolter
autant de bois par chantier, tu devras te déplacer plusieurs fois. Le modèle
économique n'avait pas capté ça, et ça lui amène une contrainte. Donc, il est
moins performant, malgré que c'est le meilleur scieur au monde.
M. Gentile (Davide) : Oui,
mais vous avez parlé… Oui, dans le cas de Chantiers de Chibougamau, ça, c'est
un cas. Vous avez mentionné Laurentide, je pense, là, à Grand-Mère, deux cas de
figure complètement différents. Dans le cas de Laurentide, ça ressemblait à un
musée, cet endroit-là. Est-ce que le problème, c'est le coût de la fibre ou le
problème, c'est qu'il y a une partie de l'industrie qui n'a pas évolué? Parce
que, là, je veux bien qu'on fasse porter le chapeau, là, aux coûts, là, ils
parlent souvent de ça, mais, quand on visite certaines des usines, les spécialistes
en conviennent, ce n'est pas tout le monde qui s'est modernisé, là. Donc,
est-ce que vous allez attendre…
M.
Lessard
:
Bien, la question est très pertinente, dans le sens qu'il y a des entreprises
au Québec qui ont pris des virages importants. On dit Kruger, exemple, qui
travaille maintenant, non plus à faire autant le papier puis le carton comme
ils le faisaient avant, mais il fait maintenant le filament cellulosique, donc
un avantage technologique qu'il va mettre dans ses cartons ou dans ses papiers
tissus, puis il s'en va vers là. Il a dû fermer quand même une machine pour se
concentrer là-dessus.
Domtar investit dans la nanocellulose
cristalline, donc de nouveaux marchés. Il vient de s'allier avec un joueur
international dans le domaine du pétrole, donc une utilisation dans un autre
secteur, donc, à partir de la fibre de bois. Cascades, qui avait pris un
avantage stratégique en utilisant, donc, du recyclé, vient d'investir plusieurs
millions de dollars du côté de Cabano pour travailler sur l'hémicellulose, donc
la chimie des sucres, donc, pour aller chercher d'autres marchés. Fortress, sur
la rayonne. On a aussi Rentech, donc, dans le secteur de la Mauricie, qui est
une papetière, mais, quand il y a un joueur de sciage qui tombe, ça lui crée de
la difficulté.
Donc, ils investissent annuellement pour
perfectionner leur… Mais il y en a d'autres qui ont moins fait ce changement.
Le papier journal…
M. Gentile (Davide) : Donc,
la question, c'est : Est-ce qu'on va leur donner le bois pour assurer leur
survie pendant quatre, cinq ans, là? C'est sur le fond…
M.
Lessard
:
Non. Alors, c'est… On ne peut pas donner le bois. La preuve, donc… Puis je l'ai
entendu, hein : Donnez-nous le bois. En fait, c'est le bois des Québécois.
Puis l'autre affaire, le bois des… quand on le vend, c'est l'argent qu'on prend
pour replanter le même arbre. Tu en scies un, tu en replantes un. C'est
l'argent de lui qu'on a scié qu'on prend pour replanter. Alors, nécessairement,
ça a un impact et les industries doivent se transformer.
C'est sûr que le papier journal est en
déclin année après année. C'est pour ça qu'on dit : Sur la Côte-Nord, ça
serait intéressant que l'usine va être accompagnée pour essayer de transformer
une des machines à papier vers d'autres marchés qui sont plus en demande parce
que, nécessairement, si le papier journal continue de baisser puis c'est la
seule affaire que tu fais sur la Côte-Nord, ça peut être difficile.
M. Gentile (Davide) : Je vais
reposer ma question différemment. Alors, est-ce qu'en baissant le prix de la
fibre à des niveaux qui assurent la survie d'entreprises qui ne sont peut-être
pas compétitives, est-ce qu'on rend vraiment service à la collectivité?
M. Leitão : Bien, d'abord, on
va s'assurer qu'on va connaître le coût de la fibre. Avant de dire que ça va
baisser, ou ne pas baisser, ou quoi, il faut avoir l'heure juste sur le coût de
la fibre parce que l'information qu'on a de gauche et de droite n'est pas
toujours la plus complète. Donc, c'est pour ça que nous faisons partie de cette
cellule, pour s'assurer qu'on va avoir l'heure juste sur le coût de la fibre.
Après ça, on verra comment on peut structurer le programme d'aide.
Mais je reviens à ce que j'avais dit ici
parce que c'est très important. Il faut… quoi qu'on fasse, quel que soit le
modèle qu'on utilise pour soutenir cette industrie d'importance stratégique, il
faut le faire à l'intérieur des paramètres des accords internationaux de
commerce. Nous avons tous passé par des périodes très pénibles de conflit
commercial, surtout avec les États-Unis, on ne veut pas retourner, on ne veut
pas rejouer dans ce film-là.
M. Caron (Régys)
: M.
Lessard, quand vous dites : Le tissu de l'industrie s'est déstructuré,
qu'est-ce que vous voulez dire par là? Il y a eu un long cycle baissier, mais
j'aimerais que vous nous disiez… vous nous fassiez le portrait de cette
déstructuration que vous avez évoquée.
M.
Lessard
:
Quand Smurfit-Stone a fermé dans le Pontiac, nécessairement que toutes les
scieries ont fermé par la suite. Donc, la papetière… le grand utilisateur était
une usine de pâtes; nécessairement, le sciage a été inventé pour la pâte. Quand
Grand-Mère, Résolu ferme son entreprise, nécessairement, elle, qui sciait pour
eux autres, est actuellement en veilleuse, donc, parce que, dans le coût d'un
arbre scié, il y a 40 % qui sont des sous-produits pour aller alimenter
une papetière ou les usines à panneaux, etc.
Donc, dans les régions du Québec, un peu
partout, il y a eu ce genre de fermeture là, de rationalisation dans les trois
derniers mois, ce pour quoi on demande aussi une intervention du développement
économique, il y a trois… Résolu a fermé quand même trois… ont indiqué ou
annoncé que trois machines à papier allaient réduire leurs activités, voire… ou
même les cesser. Alors, nécessairement, ça a un impact sur celui-là qui sciait
du bois pour eux autres, sur le transporteur, sur l'opérateur en forêt.
Donc, ce n'est pas sans conséquence quand,
dans Charlevoix, on indique qu'on ferme une machine à papier, c'est tout l'environnement
d'affaires qui devient déstructuré. L'autre affaire, le bois a une limite de
transport, sa valeur économique est liée à la distance qu'elle va franchir.
Rassurez-vous, il n'y a pas de monde de la Gaspésie, qui va aller acheter du
bois sur la Côte-Nord, à Port-Cartier, pour l'amener ailleurs, parce que sa
valeur économique entre le transport où il l'a acheté puis l'amener chez eux,
il va avoir perdu de l'argent. Donc, entre les régions, le bois circule peu. Il
y a quelques corridors, mais ils doivent faire des affaires ensemble. Quand je
perds un joueur, c'est toute l'industrie qui est impactée parce que le
sous-produit est important.
Uniboard a besoin de copeaux, dépendamment
où il est situé géographiquement, à Senneterre ou à Rimouski, bien, tout
l'environnement… s'il y en a un qui change, l'entreprise est tellement intégrée
qu'ils viennent de perdre une source d'approvisionnement, ils viennent de
perdre un volume, ils se retournent vers le Nouveau-Brunswick, ils se
retournent vers l'Ontario pour s'assurer que les approvisionnements sont là. Et
l'autre, bien, c'est la forêt privée aussi qui doit être mise à contribution et
qui, actuellement, donc, on les sollicite pour fournir plus parce que c'est du
bois de proximité.
M. Caron (Régys)
: Ça
se traduit comment en pertes d'emploi, ça, M. Lessard?
M.
Lessard
:
Bien, il y a une machine à papier qui a fermé à Alma récemment. C'est au moins…
toujours entre 75 et 100 emplois, une machine à papier, qui est du monde qui
gagne à peu près 75 000 $, si on compte tous leurs avantages.
M. Caron (Régys)
:
Est-ce qu'au final, il va… vous avez évoqué des fermetures...
M.
Lessard
: Il
y a eu 30 000 pertes d'emploi dans les six, sept dernières années. Donc,
on est passé de 80 000, 90 000 à 60 000. Alors donc, c'est un
secteur qui a connu un déclin suite au long au long cycle baissier.
M. Caron (Régys)
: Là,
vous nous annoncez aujourd'hui une structure d'examen du prix de la fibre,
parce que là on n'aura pas le résultat de ça, immédiat, là. L'industrie,
actuellement, ils sont venus, il y avait des gens de la Côte-Nord au salon bleu
la semaine dernière pour se plaindre. Comment se fait-il que ça a pris tant de
temps? Est-ce que le gouvernement n'a pas été passif devant la déstructuration
de cette industrie-là depuis une dizaine d'années?
M.
Lessard
: Bien,
écoutez, nous autres, on est autorisé à le faire depuis un an, là, alors donc…
M. Caron (Régys)
: …10
ans, M. Lessard, aussi…
M.
Lessard
:
Oui, mais je ne peux pas parler pour…
M. Caron (Régys)
: …hormis
l'intermède du PQ, là.
M.
Lessard
:
Non, je ne taxerai pas d'autre gouvernement, là. Le monde nous demande aujourd'hui :
C'est quoi, tu vas faire? Alors, quelques mois, j'étais avec les trois
entreprises de la Côte-Nord. On a eu un «task force» ressources, axé à la tordeuse
des bougeons d'épinette, pour aller capter le volume de ce bois-là avant qu'il
se dégrade. Donc, je les ai rencontrés à plusieurs reprises.
Le comité est toujours vivant et en place
parce qu'il y a des mesures qu'on doit trouver à moyen puis à long terme. Mais
immédiatement, il y a eu de l'aide financière d'apportée. Je les ai rencontrés
personnellement, les trois industriels qui couvrent la Côte-Nord, pour leur
dire : Si on travaille à faire des copeaux immédiatement en forêt, ça
réduit le coût des opérations, ça livre des copeaux immédiatement à l'usine
pour la papetière. Si on sélectionne par espèce, donc il y a un plan d'action
qui a été déposé, qui n'a peut-être pas été porté à votre connaissance, mais
qui a été déposé. Je suis allé aussi à Baie-Comeau, donc dans ma tournée
régionale, avec tous les partenaires, l'ensemble des maires, les préfets,
l'ensemble des industriels… sur le côté opérationnel, comment on peut mieux
faire sur les opérations forestières en respectant aussi les accords de bois
d'oeuvre? Mais, dans le plan, il y a un plan d'intervention qui a été connu et
qui est appliqué actuellement, là, qui me permet, en vertu de la loi du développement
durable des forêts, de le faire en respectant l'accord de bois d'oeuvre.
M. Gentile (Davide) : Ça va
très mal, là. C'est ce que vous nous dites, là?
M.
Lessard
:
Bien, il y a des secteurs qui vont plus mal, il y a des secteurs qui sont en
croissance. Mais ceux qui ont levé la main parce que ça n'allait pas bien, dès
après-midi, le ministère du Développement économique, mon collègue Jacques
Daoust, ils vont les appeler pour une rencontre pour faire un diagnostic :
C'est quoi qui ne va pas bien? C'est-u ton transport? C'est-u tes livraisons?
C'est-u ton marché? As-tu perdu des secteurs d'activité? Et puis, donc, la question
est adressée globalement.
Et, sur le coût de la fibre, le ministre
des Finances, une fois pour toutes, avec la collaboration du gouvernement, va
tirer, donc, au clair ce coût de la fibre là, là, dont on parle en regardant
Québec, l'Ontario et l'industrie du Québec et entre les régions du Québec.
M. Leitão : Et vous le savez
aussi très bien, dans votre propre secteur, que la consommation de papier
journal est structurellement à la baisse. Donc, il faut que l'industrie
québécoise s'ajuste à ça. Il y a déjà de bons pas qui ont été franchis dans cet
ajustement structurel là, mais il faut continuer.
Journaliste
: Sur un
autre sujet, M. Leitão...
La Modératrice : …
M. Leitão : Oui. J'aimerais...
Donc, je peux parler longuement de toutes sortes de sujets, mais faisons-le
ailleurs. Merci beaucoup.
M.
Lessard
:
Merci.
(Fin à 11 h 41)