(Dix heures trente et une minutes)
M.
Caire
:
Alors, bonjour, tout le monde. D'entrée de jeu, je voudrais vous dire qu'il n'y
a pas de bonne nomination partisane. Toutefois, il y en a qui sont plus problématiques
que d'autres, et c'est le cas aujourd'hui et c'est la raison pour laquelle on
voulait intervenir.
Récemment, le gouvernement libéral, vous
savez, a limogé deux nominations partisanes péquistes, mais, comble du cynisme,
il a procédé lui-même à trois nominations partisanes, dont celle de Mme
Françoise Gauthier à la tête de la commission des libérations
conditionnelles. C'est une de ces nominations qui font particulièrement
problème parce qu'il nous apparaît que Mme Gauthier, à la lecture de ses
expériences passées, n'a pas le bagage d'expérience nécessaire pour occuper une
position aussi névralgique. Le milieu est inquiet parce que, visiblement, Mme
Gauthier n'a pas la connaissance sensible, notamment des problèmes de délinquance,
et n'a pas nécessairement non plus le bagage nécessaire pour s'acquitter de sa
fonction, c'est-à-dire assurer des décisions de qualité et des décisions
cohérentes au niveau de la commission des libérations conditionnelles.
Dans un contexte où notre système judiciaire
a été mis à mal dans les dernières années, il aurait été souhaitable de la part
du gouvernement Couillard qu'on rehausse les standards de qualité au niveau des
différents officiers qui ont à oeuvrer dans le système judiciaire, ne serait-ce
que par respect pour les victimes. Pour les familles de victimes et pour tout
le mal que ces gens-là ont pu subir, de savoir qu'on avait une préoccupation de
donner des institutions de qualité, dirigées par des gens compétents, le gouvernement
Couillard, malheureusement, a échoué, et, pour cette raison-là, nous exhortons
Philippe Couillard à revenir sur sa décision et revoir la nomination de Mme
Gauthier à ce poste-là, qu'elle ne peut pas occuper, compte tenu de
son bagage d'expérience. Sur ce, j'attends vos questions.
M. Laforest (Alain)
:
Elle remplace qui?
M.
Caire
: Elle
remplace Mme Ferron. En fait, c'est-à-dire que madame… c'est le vice-président
de la commission qui assurait l'intérim. L'ancienne présidente, c'était Mme
Solange Ferron, qui est partie à la retraite. Et vous regarderez, d'ailleurs…
C'est intéressant comme question parce que, vous regarderez le C.V. des deux
dernières présidentes, Mme Ferron, Mme Trudeau, et, au niveau
juridique, elles ont un bagage impressionnant. On est très, très, très loin de
ça avec Mme Gauthier. En fait, si j'étais dans un comité de sélection et que
j'avais devant moi Mme Trudeau, Mme Ferron, les deux dernières présidentes, et
Mme Gauthier, je peux vous dire que, d'entrée de jeu, Mme Gauthier est
éliminée.
M. Laforest (Alain)
:
Quel signal M. Couillard envoie?
M.
Caire
: Bien,
M. Couillard, il envoie le signal que, outre sa façon de s'exprimer et sa
prestance, c'est un Jean Charest en puissance, c'est-à-dire que c'est quelqu'un
qui gouverne en favorisant ses amis, c'est quelqu'un qui ne respecte pas sa
parole. C'est quelqu'un qui n'a pas nécessairement un très grand respect pour
les institutions. On le voit avec la commission des libérations
conditionnelles, qui est quand même une institution névralgique dans le système
judiciaire. En nommant Mme Gauthier, je pense que le premier ministre ne fait
pas preuve d'un très grand respect pour cette institution-là.
M. Laforest (Alain)
:
Sauf qu'on a juste entendu la CAQ jusqu'à maintenant. Il n'y a personne
d'autre, là, les comités de détenus, puis tout ça, personne n'est sorti sur la
place publique pour dénoncer la nomination de Mme Gauthier.
M.
Caire
: Bien,
nous, on a consulté les gens du milieu et qui auront sans doute, j'espère, l'occasion
de s'exprimer là-dessus, mais je peux vous dire que ça sème beaucoup, beaucoup,
beaucoup d'inquiétude dans le milieu, la nomination de Mme Gauthier. Alors, ce
n'est pas tous des gens qui ont la liberté de l'exprimer publiquement, mais je
peux vous dire que ce que nous disons aujourd'hui, c'est partagé par beaucoup
de gens dans le milieu.
M. Laforest (Alain)
:
Vos collègues ont fait des sorties également, là, sur le fait qu'on a échangé Nicolas
Girard, qu'on a mis M. Simard aussi sur le carreau. Là, on
nomme Mme Gauthier. Vous avez déjà fait une proposition. Est-ce que vous avez
l'impression ou vous pensez que M. Fournier va appeler votre projet de loi, là?
M.
Caire
: En
fait, ce qui est décevant là-dedans, c'est que, quand le gouvernement libéral a
appelé le projet de loi de mon collègue Benoit Charette, on avait
l'impression qu'il y avait une volonté d'avoir un véritable débat sur ce
sujet-là. Et je peux vous dire qu'on a des lendemains qui déchantent
aujourd'hui, parce que visiblement, avec le geste qui vient d'être posé par le
gouvernement libéral de Philippe Couillard, on comprend que c'était pour se
donner bonne conscience, mais qu'il n'y avait aucune intention sincère et
réelle de changer les choses.
Écoutez, là, ce qu'on a vu cette semaine,
c'est une vendetta contre des nominations partisanes péquistes pour se livrer à
des nominations partisanes libérales. On est très, très loin du projet de loi
de mon collègue M. Benoit Charette, qui veut que l'Assemblée
nationale soit partie prenante des nominations pour les grands commis
de l'État justement pour éliminer la partisanerie et faire en sorte que la
compétence et la qualité des individus priment sur la couleur politique. Merci.
(Fin à 10 h 36)