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Point de presse de M. François Legault, chef du deuxième groupe d'opposition, M. François Bonnardel, leader parlementaire du deuxième groupe d'opposition, et Mme Nathalie Roy, présidente du caucus du deuxième groupe d'opposition

Version finale

Thursday, January 28, 2016, 13 h 30

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Treize heures trentre-trois minutes)

M. Legault : Bonjour, tout le monde. Écoutez, le premier constat qu'on peut faire du remaniement, c'est que c'était un aveu d'échec et en éducation et en économie. Évidemment, l'éducation puis l'économie, ce sont les domaines les plus importants pour le gouvernement du Québec puis pour le Québec, et M. Couillard, bon, a décidé de mettre des nouveaux visages, mais on sent quand même la même fatigue, le même manque de vision. En fait, on dirait que rien n'a changé depuis 2003. Les libéraux sont là depuis 12 ans, et il semble n'y avoir rien de changé en économie et en éducation.

Donc, je pense, ça montre le manque de leadership et du Parti libéral et de M. Couillard, qui semble naviguer à vue, sans avoir vraiment de plan, de vision de ce qu'il souhaite changer en économie et en éducation. Et pourtant le contexte économique mondial est très préoccupant. Il y a des défis majeurs à relever, et les Québécois ont besoin d'être rassurés. Et je souhaite la meilleure des chances à Dominique Anglade, mais les attentes sont très élevées. Les Québécois sont étouffés par les taxes et les impôts, ils craignent pour leurs emplois, pour leur pouvoir d'achat, et je les comprends.

On apprenait la semaine dernière que le Québec est la dernière province pour le revenu disponible par habitant. Il faut passer en mode solution. On a besoin au Québec de créer des emplois payants, de réduire le fardeau fiscal de la classe moyenne. Or, la CAQ a fait, encore cette semaine, des propositions fortes : un fonds manufacturier, une baisse d'impôt de 500 $ par Québécois, mais on attend toujours les propositions économiques du Parti libéral. En fait, ce que M. Couillard nous dit aujourd'hui, c'est un aveu d'échec en économie. Il ne peut pas se contenter de changer de ministre de l'Économie. C'est lui le chef d'orchestre, c'est lui qui doit donner les grandes orientations, et, même s'il souhaite naviguer en eaux tranquilles au cours des prochains mois, il ne pourra pas le faire tant qu'il n'aura pas un capitaine en économie au Québec. On dirait que M. Couillard n'est pas intéressé par l'économie et qu'il manque d'ambition en économie. Il nous dit qu'il est satisfait des résultats du gouvernement.

L'autre constat d'échec, c'est en éducation. On est rendus, en moins de deux ans, au troisième ministre de l'Éducation. Donc, ça vient confirmer le manque de jugement de M. Couillard dans le choix de ses ministres de l'Éducation, et, même chose comme en économie, on a besoin pas seulement de changer de ministre, la responsabilité du capitaine, c'est de donner la direction, de dire : Voici les grandes orientations, voici comment on va transformer les commissions scolaires, voici comment on va décentraliser le pouvoir dans les écoles. Mais on semble encore là, en éducation, naviguer à vue d'oeil. C'est inquiétant pour les parents, c'est inquiétant... On a vu les services directs aux élèves, même aux enfants qui ont des difficultés d'apprentissage, être coupés, puis le premier ministre n'a pas réagi. On a vu l'état lamentable des écoles. Il y a beaucoup de travail à faire, puis on espère que ce troisième ministre de l'Éducation, bien, cette fois-là, ça sera la bonne.

Donc, M. Couillard, en terminant, a décidé de rebrasser les cartes. On est prêts à donner la chance au coureur, mais les attentes sont très élevées, et on jugera sur les résultats. Merci.

La Modératrice : Merci beaucoup. Régys Caron, Le Journal de Québec.

M. Caron (Régys) : Oui. Bonjour, M. Legault, M. Bonnardel, Mme Roy. Le gouvernement vient de promouvoir au ministère de l'Économie une ancienne caquiste, Mme Anglade. Est-ce que ce n'est pas rassurant pour votre parti que de voir une ancienne des vôtres prendre en charge ce dossier-là, M. Legault?

M. Legault : Bon. D'abord, il faut voir, là, qu'on a besoin d'un capitaine, hein? Si on veut attirer plus d'investissements des entreprises au Québec, il va falloir que le premier ministre se mette les deux mains dedans, qu'il arrête d'être théorique puis qu'il devienne un petit peu plus concret. En plus, il a des responsabilités de coordination. Mme Anglade, si elle veut réussir chez Investissement Québec, bien, il va falloir que certains montants, qui sont actuellement au ministère des Finances, soient rapatriés du côté de l'économie. Donc, il va falloir avoir une coordination entre le ministre des Finances et la ministre de l'Économie.

Donc, Mme Anglade ne peut pas tout réussir toute seule. Elle a besoin d'un premier ministre qui a une vision, puis actuellement on ne sent pas ça. Moi, j'ai l'impression que ça ne l'intéresse pas, M. Couillard, l'économie. Il ne peut pas juste faire des discours, il doit avoir une vision claire de comment il veut changer le modèle économique au Québec, puis ça, je n'ai pas rien senti du côté de M. Couillard.

M. Caron (Régys) : Qu'est-ce que vous voulez dire, rapatrier des sommes du ministère des Finances au ministère de l'Économie?

M. Legault : Bien, on le voyait encore cette semaine dans le rapport de M. Gagné, puis ça fait longtemps que la CAQ le dit, les pays qui réussissent réussissent avec de l'aide directe aux entreprises. Nous, ici, au Québec, on fonctionne avec des crédits d'impôt mur à mur, gérés par le ministère des Finances. Donc, il y a des changements à faire de ce côté-là. Quand Mme Anglade, puis on l'espère, va négocier avec des entreprises pour attirer des investissements au Québec, elle aura besoin de la collaboration du ministère des Finances qui détient quand même le portefeuille des Québécois. Donc, on sait que M. Leitão n'est pas tellement pour ça, des interventions ponctuelles auprès des entreprises. Donc, il ne peut pas réussir tout ça.

Puis moi, je pense que les pays où ça fonctionne, c'est le premier ministre... Le premier ministre, là, devrait avoir un compteur des investissements privés sur son bureau puis il devrait regarder, à chaque semaine, combien on a réussi à attirer d'investissements des entreprises cette semaine. Il ne peut pas seulement dire : Je change de ministre. Je n'ai pas réussi depuis deux ans, et là tout à coup, bien, parce que je mets une nouvelle ministre, ça va réussir tout seul. Il va falloir qu'il s'implique personnellement, M. Couillard.

M. Caron (Régys) : Gérer des baisses d'impôt, les libéraux le font aussi. Vous n'avez pas l'impression d'être devenu le souffleur du gouvernement?

M. Legault : Non, parce qu'encore là, cette semaine, M. Leitão a dit : Il n'y aura pas de baisse d'impôt avant 2017. On va commencer à baisser un peu la taxe santé à partir de 2017. Nous, on propose des baisses d'impôt dès le 1er avril 2016.

Deuxièmement, on dit : La hauteur des baisses d'impôt doit être conséquente avec la hausse qu'on a connue depuis que les libéraux sont là. Les familles ont connu une hausse de 1 500 $, donc on doit... Nous, on propose 1 000 $ par famille, là, à supposer qu'il y ait deux adultes. C'est à peu près le deux tiers de la hausse qu'a faite M. Couillard. Là, M. Couillard nous dit : À partir de 2017, je vais réduire de quelques centaines de dollars le fardeau fiscal. C'est trop peu, trop tard.

La Modératrice : On va changer de micro. Louis Lacroix, Cogeco.

M. Lacroix (Louis) : Bonjour, M. Legault.

M. Legault : Bonjour.

M. Lacroix (Louis) : Je comprends, là, votre argument de dire que M. Couillard doit être le capitaine, avoir les mains dedans et en faire vraiment une mission, là, de relancer l'économie, mais ça prend absolument un ministre, quand même, responsable du développement économique. Alors, dans ce contexte-là, est-ce que Mme Anglade est la meilleure pour le job en ce moment, à votre avis?

M. Legault : Bien, écoutez, là, est-ce que c'est la meilleure dans toute l'équipe? Ce que je lui dis, c'est bonne chance, puis sincèrement on souhaite, tous les Québécois souhaitent qu'elle réussisse, mais elle ne réussira pas si le premier ministre ne s'implique pas personnellement.

M. Lacroix (Louis) : Et est-ce que le Conseil des ministres actuel, là, qui a été nommé ce matin, est plus fort que le précédent, à votre avis? Est-ce qu'on a un meilleur Conseil des ministres aujourd'hui que le précédent?

M. Legault : Bien, moi, j'ai l'impression qu'il y a un peu de fatigue, là. On voit quand même un jeu de chaises musicales. Les principaux ministres, bon, ce sont des ministres qui étaient déjà là, sauf Mme Anglade. Donc, on est dans une situation où, encore là, on a besoin de la vision, on a besoin d'une direction de la part du premier ministre. Je ne sens pas ça, là. Je sens même une espèce de fatigue de la part des libéraux qui sont là depuis 2003 puis, bien honnêtement, j'ai de la misère à voir du changement dans ce qui a été présenté ce matin.

La Modératrice : Robert Dutrisac, Le Devoir.

M. Legault : Bonjour.

M. Dutrisac (Robert) : M. Legault, si vous aviez pris le pouvoir, là, s'il y avait un gouvernement de la CAQ, Mme Anglade serait une excellente candidate pour devenir ministre de l'Économie, n'est-ce pas?

M. Legault : D'abord, si la CAQ était au pouvoir, ça serait moi, le premier ministre. Puis je l'ai déjà dit, si j'étais premier ministre du Québec, moi, j'aurais un compteur des investissements des entreprises sur mon bureau. Puis, dans mon passé, j'ai souvent, comme on appelle ça en affaires, fait des deals, et ce qu'on a besoin actuellement, au-delà des discours théoriques, on a besoin d'attirer un par un des investissements directs des entreprises, puis le premier ministre doit s'impliquer.

Donc, la première différence, c'est que moi, ce qui m'intéresse, ce n'est pas la médecine, c'est l'économie. Donc, il y a une différence tout de suite là. Ensuite, bien, M. Couillard a imposé un président d'Investissement Québec. Donc, ce n'est pas le choix de Jacques Daoust, ce n'est pas le choix de Dominique Anglade, c'est son choix.

Ensuite, le gros de l'argent est contrôlé par le ministre des Finances. Donc, le ministre des Finances, là, n'a pas changé. Donc, est-ce qu'on va changer le modèle économique pour adopter un modèle qui est plus en ligne avec l'Allemagne, avec les pays scandinaves? Je ne sens pas ça de la part de M. Couillard, de dire : Je veux vraiment faire un changement de modèle. Peut-être qu'on va enfin le voir dans le budget dans quelques mois. Je l'espère. On fait des propositions très pragmatiques, très concrètes, la CAQ, pour aider le premier ministre, mais il va falloir que M. Leitão s'y mette aussi.

M. Dutrisac (Robert) : Maintenant, le ministère de l'Économie a changé d'appellation, là, on a rajouté la Recherche puis on a rajouté la Stratégie numérique, nommément. Est-ce que c'est des changements positifs, ça, qui indiquent qu'on se tourne vers l'économie du XXIe siècle?

M. Legault : Bon, d'abord, de mettre la recherche avec l'économie, c'est une très bonne chose. Par contre, je veux en savoir plus long, là, parce que la recherche, évidemment que ça concerne beaucoup les universités, entre autres les facultés de génie puis de médecine. C'est là que ça se passe, l'innovation, là, dans les facultés de génie puis les facultés de médecine.

Maintenant, qu'est-ce qui sera sous la responsabilité de M. Moreau, qu'est-ce qui sera sous la responsabilité de Mme Anglade? On le voit, même les pays sociodémocrates qui réussissent bien rapprochent, même physiquement, les universités des entreprises. Donc, est-ce que le gouvernement veut le faire? On va voir exactement, là, quels sont les pouvoirs qui seront transférés de l'Éducation à l'Économie.

La Modératrice : Martin Croteau, LaPresse.

M. Croteau (Martin) : Bonjour à tous. Bonjour, M. Legault. M. Couillard a dit tantôt qu'il entrevoyait des eaux plus tranquilles. Vous, quelle est votre compréhension de ce qu'a dit M. Couillard?

M. Legault : Bien, comme je disais tantôt, s'il veut voir des eaux plus tranquilles, il va falloir que le capitaine s'en mêle, parce qu'actuellement, là, c'est mathématiquement impossible, avec le faible niveau de richesse, de bien financer nos services puis de réduire les impôts des Québécois. Donc, il a beau dire : Je suis satisfait de mon gouvernement, il va continuer à faire face à la faiblesse économique du Québec. Le Québec est plus pauvre que nos voisins, puis on a plus de programmes que nos voisins. C'est mathématiquement, là, irréconciliable. Donc, des eaux tranquilles, je m'excuse, là, mais, si le capitaine ne s'occupe pas plus de l'économie que ce qu'on a vu depuis deux ans, on s'en va nulle part, on va continuer à avoir des eaux troubles.

M. Croteau (Martin) : Je reviens à Mme Anglade. Dans les derniers jours, dans les dernières semaines, vous avez vous-mêmes évoqué des contacts avec des députés péquistes qui pourraient venir rejoindre votre formation. Est-ce que la nomination de Mme Anglade, et j'ajouterais celle de M. Proulx, l'ancien adéquiste, n'envoie pas le message à vos propres députés qu'il y aurait des gains à faire s'ils traversaient le plancher?

M. Legault : Écoutez, d'abord, là, M. Proulx, Mme Anglade vont se rendre compte qu'ils ont adhéré à un vieux parti qui n'a fait à peu près aucun changement depuis 2003, hein? Le résultat, là, la situation économique actuelle du Québec, là, vient du monopole libéral depuis 2003. Bien, ils ont adhéré à ce parti-là. Est-ce qu'il y a un nouveau chef qui est prêt à faire des changements? On n'a pas vu ça depuis deux ans. On n'a pas vu ça depuis 2003. Est-ce qu'on le verra dans les prochaines années? Je nous le souhaite, mais je ne sens pas, du côté de M. Couillard, une détermination à faire un vrai virage, là. Je ne sens pas ça.

La Modératrice : Nicolas Vigneault, Radio-Canada.

M. Vigneault (Nicolas) : …virage, en fait, il parlait notamment que le pire était peut-être derrière nous. Il parlait de prospérité et tout ça. Est-ce que vous sentez qu'effectivement il y a un message où on veut tasser l'austérité, là, au cours des prochains mois?

M. Legault : Écoutez, selon les dernières prévisions de Desjardins, on prévoit une croissance économique de 1,3 % au Québec, comparativement à 2,2 % en Ontario, 2,5 % aux États-Unis. Donc, il y a un problème, la croissance économique au Québec est à la moitié de ce qu'on voit chez nos voisins. Donc, pour moi, là, tant qu'on ne réglera pas le problème économique… Ce n'est pas une fin en soi, l'économie, mais on a besoin de plus de richesse pour être capables de mieux financer nos programmes sociaux, entre autres en éducation, puis pour être capables de réduire le fardeau fiscal des Québécois qui sont actuellement étouffés par les impôts et les taxes.

M. Vigneault (Nicolas) : Mais est-ce que vous voyez certaines solutions qui pourraient amener, justement, une augmentation de la richesse dans le cabinet qui vient d'être nommé?

M. Legault : Bien, écoutez, là, nous, on a fait, cette semaine, deux propositions. On propose de créer un fonds manufacturier de 5 milliards pour profiter de la baisse du dollar canadien pour augmenter nos exportations. On a proposé de faire une baisse d'impôt de 500 $ pour accélérer la consommation des Québécois qui sont étouffés actuellement. M. Leitão a répondu qu'il n'était pas d'accord avec ça.

Donc, qu'est-ce qu'il propose? Qu'est-ce que M. Leitão, qu'est-ce que Mme Anglade, qu'est-ce que M. Couillard proposent? Tant qu'on ne verra… Moi, je suis un homme de résultats, là, puis je ne les vois pas, les résultats. Donc, au-delà du cosmétique puis des changements de ministre, est-ce qu'il y aura des changements dans les résultats? Bien, l'avenir nous le dira, mais pour l'instant, là, M. Couillard a perdu la moitié de son mandat et puis il vient nous dire aujourd'hui : Je m'excuse, je me suis trompé de ministre pendant deux ans. Espérons qu'il ne se trompera pas de ministre pour les deux prochaines années. Mais c'est la même chose depuis 2003 avec les libéraux, ils sont là pour le pouvoir, c'est le pouvoir pour le pouvoir, mais ils n'ont pas d'idée claire d'où ils veulent amener le Québec.

La Modératrice : Alexandre Robillard, LaPresse canadienne.

M. Legault : Oh! bonjour, M. Robillard.

M. Robillard (Alexandre) : Allo, M. Legault.

M. Legault : Vous avez veillé tard hier, hein?

M. Robillard (Alexandre) : Je pense que vous avez veillé plus tard que moi. Mais je voulais vous demander, en fait : Qu'est-ce que vous pensez du fait que Mme Anglade a obtenu le ministère de l'Économie sans toutefois être responsable du dossier de la participation dans la série C de Bombardier, que M. Daoust a conservé avec lui jusqu'au ministère des Transports?

M. Legault : Bien, c'est peut-être un prix de consolation, là, pour Jacques Daoust, pour le garder, pour ne pas qu'il quitte la politique. Ça ne vient pas aider, là, à coordonner… L'aéronautique, c'est important au Québec, ça fait partie de l'économie. Moi, je ne comprends pas que ça ne soit pas resté du côté de Mme Anglade.

M. Robillard (Alexandre) : Est-ce que ça dit quelque chose sur les responsabilités qu'on veut ou pas lui confier?

M. Legault : Bien, ça dit quelque chose sur les tractations qu'ils ont dû avoir avec lui au cours des dernières heures. Je comprends que M. Couillard a été obligé, d'abord, d'augmenter son Conseil des ministres à 28, hein — dans une période d'austérité, ce n'est pas idéal — et qu'il a été obligé de faire des compromis, dont celui-là, qui n'est sûrement pas idéal.

M. Robillard (Alexandre) : En quoi une taxe à l'exportation serait-elle compatible avec… évidemment, sur l'oléoduc de TransCanada, en quoi cette taxe-là serait-elle compatible avec la Loi constitutionnelle de 1867?

M. Legault : Bon, d'abord, on peut négocier ce qu'on veut avec les entreprises et les gouvernements. Moi, je ne vois pas… Puis d'ailleurs, quand vous écoutez Tim Duboyce, de TransCanada, il est ouvert à une redevance. Moi, j'ai rencontré la direction de TransCanada puis je leur ai fait part de ma solution. Je n'ai pas eu un non clair, là. Il y a une ouverture. Je pense qu'il devrait y avoir une ouverture aussi du côté du gouvernement de l'Alberta, peut-être même du gouvernement fédéral.

Le Québec ne peut pas dire : Il va y avoir, sur mon territoire, des dizaines de milliards de dollars de pétrole qui vont circuler pour l'exportation, mais je n'en retirerai pas de redevance. Appelez ça une taxe à l'exportation, une redevance; il va falloir qu'en pourcentage, là, donc en fonction du volume qui va transiter, de pétrole, sur le territoire québécois pour l'exportation, pas pour l'utilisation des Québécois, mais pour l'exportation, qu'il y ait une forme de redevance de payée au Québec. Sinon, ce projet-là n'est pas intéressant, puis moi le premier, je vais militer contre ce projet-là. Parce qu'actuellement, quand on regarde l'équilibre entre le risque puis le rendement, on a tous les risques puis aucun rendement, là. Les retombées en termes d'emploi sont minimes.

Donc, on a besoin de négocier, soit avec l'entreprise, soit avec les gouvernements, une forme de redevance, puis c'est possible de le faire. On a juste à dire : Sinon, on ne l'accepte pas, le projet.

M. Robillard (Alexandre) : Mais malgré tout, selon vous, la loi, est-ce qu'elle permet d'exiger une redevance? La loi constitutionnelle, est-ce qu'elle permet d'exiger une redevance?

M. Legault : Bien, écoutez, s'il faut modifier la loi… Moi, on m'a dit que la taxe à l'exportation, c'est possible, O.K., donc, en fonction du volume de pétrole qui serait exporté à partir du territoire québécois, d'avoir une taxe à l'exportation. Évidemment que ça suppose de dire : Est-ce qu'on commence à taxer tous les produits? Bien non, on taxe seulement le pétrole. On sait que, dans certains pays, entre autres entre le Maroc puis l'Algérie, il y a eu de telles ententes. Il y a eu de telles ententes aussi en Asie.

Quand j'entends les péquistes dire : Oui, ça serait possible avec un pays, mais pas avec une province; moi, ce qu'on me dit, c'est exactement le contraire, c'est que c'est un peu plus rigide entre les pays qu'entre les provinces ou les États qui ont plus de marge de manoeuvre. Mais, dans tous les cas, moi, je pense que, si on dit à l'Alberta puis au gouvernement fédéral : Nous, la condition pour que l'oléoduc passe sur le territoire québécois, c'est qu'on veut des redevances en fonction du volume qui va être exporté de pétrole... Écoutez, c'est un gros projet. On ne réalise pas comment c'est un immense projet qui est important pour l'Alberta, pour le Canada. Et, s'il y a des dizaines de milliards de dollars de profit, bien, le Québec doit aller chercher sa part. On ne doit pas se contenter de dire : Bien, on profite de la péréquation. Ça n'a rien à voir.

M. Robillard (Alexandre) : Mais je veux savoir si, à votre avis, la loi constitutionnelle permet d'exiger une redevance. Est-ce que le Québec pourrait plaider, sur des bases légales, qu'une redevance doit être imposée à TransCanada?

M. Legault : Moi, on me dit, sur la base de la Constitution puis des lois actuelles, c'est possible de charger une taxe à l'exportation qui est, dans le fond, une redevance puisque, si on dit : À chaque fois qu'on exporte à partir du territoire québécois, on charge une taxe à l'exportation, c'est la même chose qu'une redevance, là.

M. Robillard (Alexandre) : Ce n'est pas une barrière tarifaire?

M. Legault : Non.

M. Robillard (Alexandre) : Pourquoi?

M. Legault : Bien, écoutez, selon les experts, là, on a le droit de le faire. On a le droit de le faire.

La Modératrice : Thierry Larivière, La Terre de chez nous.

M. Larivière (Thierry) : Oui. Bonjour, M. Legault.

M. Legault : Bonjour.

M. Larivière (Thierry) : Je me demandais si vous pensiez que c'est une bonne stratégie, là, que le gouvernement adopte en séparant le développement des PME et des régions, hein, qui est confié à Lise Thériault, et le reste de l'économie, là, qui est à Mme Anglade et d'autres. Est-ce que ça vous apparaît une bonne idée de faire ça comme ça?

M. Legault : Non, ce n'est pas une bonne idée. Moi, je pense que toute l'économie devrait être regroupée ensemble, et il devrait y avoir aussi une très forte coordination entre le ministère des Finances puis le ministère de l'Économie. On doit avoir un plan économique, un véritable plan de développement économique. Quand vous lisez cette semaine le rapport du centre de productivité et de prospérité des HEC Montréal, là, Robert Gagné, qu'on ne pas taxer d'être partisan, il dit : Actuellement, nous n'avons pas de véritable politique de développement économique. Donc, il faut qu'on mette tout ça ensemble puis bien sûr que ça inclut les PME qui sont les plus importants créateurs d'emplois dans notre économie.

M. Larivière (Thierry) : Et, pour vous, la priorité pour le développement des régions, ça serait quoi?

M. Legault : C'est d'aider tous les projets de tous les entrepreneurs en région qui ont une chance de réussir. Donc, actuellement, là, quelle erreur d'avoir fermé les CLD, quelle erreur de réduire l'aide aux entrepreneurs en région. On a besoin plus que jamais d'avoir plus d'investissements des entreprises en région. Merci.

La Modératrice : Merci beaucoup. On va passer maintenant aux questions en anglais. Maya Johnson de CTV.

Mme Johnson (Maya) : Merci. Bonjour, M. Legault.

M. Legault : Bonjour.

Mme Johnson (Maya) : Why do you say that Mr. Couillard has a lack of ambition when it comes to the economy when he's bringing in new blood? Mme Anglade may not be politically experienced, but she does come with solid economic credentials which you can't argue with because she was once a part of your team.

M. Legault : OK. First, Mr. Couillard is saying today : I admit that I made an error for the last two years. I was wrong with my choice in the economy and in the education department. So that's the first admission we see today. On top of that, Mr. Couillard is saying that he's happy with the results he's seeing from his government.

I cannot believe what I'm hearing. I think that right now everybody would agree to say that the Québec economy is not performing well. So we have to chance the formula. We have to change the approach, and Mr. Couillard has to act as a leader in charge of the economic development. It's not enough to change the minister. We also need to have a captain saying : That's where I'm going, this is my plan, and I'll put together resources from the Minister of Finance and from the Minister of Economy, and we have a solution. But I don't see any solution right now. The CAQ has put on the table some solutions in the manufacturing business, in the reduction of income taxes to jump-start the economy. I'm not hearing anything from Mr. Couillard, so it's not enough to change the minister.

Mme Johnson (Maya) : And in terms of education, how well placed do you think Mr. Moreau is to take over that portfolio?

M. Legault : First, we can see the lack of judgment of Mr. Couillard. The third Minister of Education is less than two years. We need more stability in this ministry. I have been Minister of Education for three years, so I had the chance, after a year or two, to make real changes in the ministry. But changing, every six month, of Minister in Education is not good for our children for sure.

Mme Johnson (Maya) : But do you think that Mr. Moreau has the capacity to do a good job managing the dossier going forward?

M. Legault : I hope so, but he will need also the support of Mr. Couillard. I know that, at the Liberal Party, pressures from school boards are very strong right now. So Mr. Couillard has to accept that we have to decentralize powers from the school boards to schools. Right now, it's not, maybe, only the problems of Mr. Blais or Mr. Bolduc, what we've seen in the last two years. Maybe Mr. Couillard didn't accept to transfer, really, the power from school boards to schools. Because there are many… at the Liberal Party, you have many commissioners that are part of this party. So he's got to have more courage to change the things in the education system. Merci.

(Fin à 13 h 58)