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Point de presse de Mme Lucie Charlebois, ministre déléguée à la Réadaptation, à la Protection de la jeunesse, à la Santé publique et aux Saines habitudes de vie et M. Martin Coiteux, ministre des Affaires municipales et de l'Occupation du territoire et ministre de la Sécurité publique

Version finale

Tuesday, February 9, 2016, 11 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures dix-sept minutes)

Mme Charlebois : Alors, bonjour, tout le monde. Merci de vous être rendus disponibles pour que nous puissions vous faire part de nos préoccupations, parce que mon collègue Martin Coiteux et moi sommes suffisamment préoccupés par la situation qui prévaut en ce moment au Centre jeunesse de Laval, mais aussi pour tous les jeunes à travers le Québec. Alors, nous allons procéder à certaines annonces, et, d'entrée de jeu, je vous dirai que ni mon collègue, ni moi, ni un autre membre du gouvernement va faire de la politique partisane sur le dos des jeunes. Il est important, en ce moment, qu'on se mette tous en mode collaboration, tous partis confondus, pour faire en sorte que nous puissions mieux protéger nos jeunes face à tout ce que nous vivons en ce moment. Alors, j'implore grandement les collègues de l'opposition à se joindre à nous et travailler avec nous afin de trouver les meilleures solutions possibles.

Alors, aujourd'hui, je vous annonce que je vais nommer, dans les prochaines heures, un vérificateur qui ira au Centre jeunesse de Laval s'assurer que toutes les procédures d'encadrement et tous les processus pour éviter les fugues et les fugues à répétition, bref les récidivistes, que toutes les procédures et les mesures soient appliquées correctement. Il me fera un rapport, et, à partir de ce rapport-là, nous poserons des gestes. Mais prenons le temps, entre autres, de vérifier toutes les procédures, notamment l'utilisation des téléphones cellulaires, parce que, comme vous le savez, l'utilisation de téléphones cellulaires en centre jeunesse n'est pas permise, mais, dès que les jeunes filles sortent, ils récupèrent leur téléphone, et c'est là qu'ils prennent contact avec les médias sociaux.

Alors, il est important qu'on s'assure de l'ensemble des processus, et le vérificateur aura ce mandat-là au Centre jeunesse Laval. J'adresse la problématique ici du Centre jeunesse Laval puisque c'est celle-ci qui est relatée souvent par les médias, par vous, mais je dois vous dire que nous constatons qu'il y a ici une attention particulière à consacrer au Centre jeunesse Laval. Maintenant, nous allons aussi... je vais aussi convoquer aujourd'hui les directeurs de protection de la jeunesse ainsi que les P.D.G. d'établissement CISSS et CIUSSS afin d'examiner la problématique des fugueurs, fugueuses, plus particulièrement des récidivistes, parce que nous voulons nous assurer que nos directeurs de protection de la jeunesse aient tous les outils nécessaires pour protéger le mieux possible nos jeunes.

Vous savez, il y a huit ans, on est partis, puis vous vous souviendrez sûrement, d'une politique d'encadrement très stricte à, aujourd'hui, une liberté de circulation. Est-ce que nous pourrions, en ce moment, réfléchir, à savoir : Est-ce qu'il y a d'autres mesures qui peuvent être adoptées? Est-ce qu'entre l'encadrement excessif et la liberté de circulation il n'y aurait pas un usage qui pourrait convenir et nous assurer que nos jeunes soient bien encadrés? Alors, nous allons examiner si nous avons toujours la bonne approche. Et, entre l'encadrement intensif et la liberté de circulation, est-ce qu'il y a d'autres moyens?

Alors, avec les directeurs de protection de jeunesse, je répète, et les P.D.G. d'établissement, nous allons regarder quelle serait la meilleure solution adaptée à la situation 2016 pour l'ensemble des centres jeunesse. Est-ce que... Avant de recourir à une unité d'encadrement intensif, vous le savez, il faut qu'il y ait une augmentation des rencontres individuelles avec les jeunes filles, il faut qu'il y ait une modification, qu'il y ait une évaluation du plan d'intervention qui soit faite en temps réel. Il faut qu'il y ait eu des ajouts d'éducateurs dans l'unité. Est-ce qu'il y a d'autres choses? Est-ce que nous pourrions encadrer mieux, ajouter des procédures? Nous allons examiner ça avec, comme je vous le dis, les directeurs de protection de jeunesse et les P.D.G. de CISSS et CIUSSS.

De plus, mes collègues et moi, notamment mon collègue de la Sécurité publique, M. Coiteux, nous vous annonçons qu'un plan d'intervention plus global... qui aura cours au cours des prochaines semaines, qui interpellera plusieurs ministères, notamment la Santé et Services sociaux, la Sécurité publique, la Justice, la Condition féminine, l'Éducation, et peut-être d'autres, vont adresser les problématiques de prévention, d'accompagnement des victimes, de leurs familles. On va aussi mettre en commun les forces policières. On va travailler à faire en sorte que nous adressions la problématique de façon plus globale et optimiser nos services à tous dans tous les ministères pour protéger davantage nos jeunes, pour mieux les sensibiliser, mais aussi pour mieux accompagner toutes les familles face à la situation que nous vivons aujourd'hui et faire en sorte que nous puissions, si on ne peut pas enrayer complètement le proxénétisme, mais, à tout le moins, le réduire de façon importante.

Parce que, vous savez, c'est nos jeunes filles, c'est les jeunes du Québec qui sont touchées en ce moment, et nous trouvons la situation suffisamment préoccupante pour vous avoir fait les trois annonces, là, dont je viens de vous parler. Un, je le répète, vérificateur dans le Centre jeunesse de Laval; deux, revoir les procédures d'encadrement. Est-ce qu'on réintensifie? Est-ce qu'on laisse la libre circulation? Est-ce qu'on met d'autres moyens? Les DPJ vont être consultés dans les prochaines heures, je les réunirai. Je vais les convoquer, et nous allons voir quels seront les meilleurs moyens à utiliser. Trois, un plan d'intervention interministériel. Bref, un plan d'action à travers différents ministères sera mis en place pour faire en sorte que nous protégions mieux notre jeunesse, mais qu'on sera mieux outillés tant en prévention que pour la suite des choses.

M. Lavallée (Hugo) : L'opposition officielle, hier, vous reprochait d'avoir laissé dormir un tel plan depuis déjà quelque temps. Ils disaient que, lorsqu'ils étaient au gouvernement, ils avaient fait des rencontres, il y avait un rapport qui était prêt avec des recommandations, que ça pouvait facilement être converti en plan d'action. C'est un peu le troisième item dont vous parlez. Pourquoi avoir laissé tarder ça depuis deux ans...

Mme Charlebois : Bien, premièrement, ce n'est pas un rapport, c'est un état de fait des consultations, ce qu'il faut ramener à l'avant-plan. Deuxièmement, c'était dans une perspective beaucoup plus globale. On n'adressait pas la problématique des jeunes fugueuses. Troisièmement, je vous ai dit d'entrée de jeu que je ne ferai pas de la politique sur un enjeu comme celui-là. Alors, si M. Lisée veut se servir des jeunes filles pour faire de la politique, c'est son affaire.

Moi, ce que je vous dis, c'est : je veux travailler sur comment on peut améliorer la situation, comment on peut aider nos jeunes filles, comment on peut prévenir que ces choses-là arrivent. Il faut faire en sorte que les parents n'aient plus ça à vivre. C'est infernal.

M. Chouinard (Tommy) : Ce rapport, il existe ou pas, Mme Charlebois? Il existe?

Mme Charlebois : Il n'y a pas de rapport. Il n'y a aucun rapport. C'est un état de fait des consultations, ce que tous les groupes ont dit.

M. Gagné (Louis) : Pourquoi avoir attendu aujourd'hui pour nommer un vérificateur au Centre Laval? Est-ce que la situation, la semaine dernière, n'était pas déjà assez critique pour qu'on prenne immédiatement de telles mesures? Pourquoi avoir attendu aujourd'hui?

Mme Charlebois : Bien, écoutez, je n'ai pas attendu spécifiquement aujourd'hui, c'est parce que vous ne voyez pas tout le travail qui a été fait en amont. Mes collègues et moi travaillons depuis la semaine dernière à bien identifier... parce que sortir pour sortir, pour dire n'importe quoi, ce n'est bon à rien.

Nous, ce qu'on veut, c'est vraiment améliorer la situation pour les jeunes filles. Moi, je travaille pour les jeunes filles, pour leurs familles. Alors, avant de nommer des gens, avant de poser des gestes, il faut prendre le temps de bien évaluer les choses. Mon collègue et moi, on travaille là-dessus depuis la semaine dernière, on a travaillé tout au cours de la fin de semaine. Hier, mon collègue a rencontré les corps de police dans son champ de compétence. Moi, en fin de semaine, j'ai parlé à beaucoup de gens. J'ai parlé aussi avec le Centre jeunesse de Laval, comme vous le savez, la semaine dernière, mais il faut prendre le temps de réfléchir avant de poser des gestes. Là, on ne parle pas de jouets, là, on parle d'enfants. Alors, moi, avant de prendre des gestes, avant de poser des gestes, avant de prendre des décisions, moi, je pense que c'était légitime que je prenne la fin de semaine pour consulter plein de gens, pour prendre les bonnes décisions.

M. Boivin (Simon) : ...éducateurs, de donner des nouveaux outils. Or, il vous a été reproché, dans les derniers jours, d'avoir coupé 20 millions dans le financement des centres jeunesse. Est-ce qu'il n'y a pas là le reflet d'une responsabilité de la part du gouvernement?

Mme Charlebois : Ce qu'il faut savoir, c'est que la coupure dont vous parlez, de 20 millions, là, c'est purement administratif. C'est purement administratif. C'est en rapport avec la loi 10. Il n'y a rien dans les services qui a été retranché, zéro, une barre. Moi, je vous le dis, je ne ferai pas de politique. On n'a retranché aucun service pour les jeunes et on ne va ménager aucun effort, ni mon collègue, ni moi, ni les autres collègues du gouvernement pour protéger nos jeunes filles.

M. Bellerose (Patrick) : À quel moment le vérificateur doit faire rapport?

Mme Charlebois : 30 jours.

M. Bellerose (Patrick) : 30 jours. Est-ce que c'est un phénomène qui est en hausse, le proxénétisme, les fugues dans les centres jeunesse?

M. Coiteux : Écoutez, c'est malheureusement un phénomène qui existe depuis plusieurs années, puis chaque cas est un cas de trop. Ce n'est pas un phénomène nouveau.

Maintenant, dans ce qui se passe actuellement dans notre société, on soulève des nouveaux enjeux. Ma collègue a dit qu'il y a huit ans on avait modifié nos approches en matière de centres de jeunesse et de politiques d'encadrement. On ouvre la porte à ce qu'on ait une discussion à savoir si on ne doit pas revoir ces choses-là à la lueur de ce qui se passe aujourd'hui puis notamment compte tenu de l'importance des médias sociaux aujourd'hui. Donc, ça existait il y a huit ans, ça existait il y a cinq ans, malheureusement ça existe encore aujourd'hui. Chaque cas est de trop cependant, puis on va mettre en place les mécanismes nécessaires de coordination entre nous tous, Santé et Services sociaux, Sécurité publique, Justice, Condition féminine et d'autres qui pourraient être impliqués pour avoir un plan global. Parce que ce ne sera pas seulement de la répression, ça ne sera pas seulement de la prévention, c'est l'ensemble qui doit être attaqué de front.

M. Bellerose (Patrick) : Est-ce que le phénomène est en hausse?

M. Coiteux : Écoutez, il y a un problème qui, évidemment, actuellement... Il y a un épicentre, actuellement, à Laval, mais il faut comprendre qu'à Laval il y a les cas qui sont souvent les plus problématiques qui s'y retrouvent. Il y a eu une médiatisation très grande de ces cas-là, et, en même temps, ça ne veut pas nécessairement dire que la situation a augmenté, qu'il y a plus de cas qu'auparavant.

On doit agir cependant, et la façon d'agir, c'est de faire travailler tout le monde ensemble. Alors, il y a un rôle pour la police, c'est un rôle qui est très important, mais il y a un rôle pour les centres de jeunesse. Il y a nos approches en matière d'encadrement, notamment des cas de récidive, des fugues à répétition, et c'est à ça qu'on va s'adresser.

Mais là ponctuellement, là, il y a une urgence, et c'est pour ça que, dès maintenant, ma collègue nomme un vérificateur, va nommer un vérificateur au centre de jeunesse de Laval. C'est pour ça qu'elle convoque les directeurs de la protection de la jeunesse immédiatement. C'est pour ça qu'on commence cette réflexion sur les politiques d'encadrement, à la lueur de ce qu'on a fait il y a huit ans.

Mais la suite des choses, c'est qu'il y aura un plan beaucoup plus global, qui fera intervenir également les corps policiers qui font déjà un travail sur le terrain qui est très important. Mais on va voir comment on peut les arrimer davantage à un travail de prévention et de réflexion.

Mme Delainey (Marie-Laurence) : Qu'est-ce qui se passe exactement à Laval? La semaine dernière, vous avez dit qu'il y avait un réseau. Finalement, est-ce qu'il y a un réseau qui a infiltré? C'est quoi, le problème, à Laval?

M. Coiteux : Bien, c'est un problème de… Il y a des fugues, effectivement. Toutes les fugues ne sont pas liées à des activités de prostitution. Toutes les fugues ne veulent pas dire qu'il y a un proxénète ou quelqu'un qui commet un crime de traite des personnes, mais il y en a malheureusement de ces cas-là. Mais les fugues à répétition qui impliquent des activités de prostitution doivent nous interpeller de façon tout à fait particulière, et c'est là que ça va être important de faire un travail de concert entre tous.

En attendant, il faut s'assurer que les politiques d'encadrement existantes soient effectivement et correctement appliquées au Centre de jeunesse de Laval, d'où ce geste immédiat qui est posé aujourd'hui d'un vérificateur.

M. Chouinard (Tommy) : L'envoi d'un vérificateur, est-ce que ça signifie que la direction du Centre jeunesse de Laval a commis quelque faute que ce soit?

Mme Charlebois : On va examiner. Je ne dis pas qu'il y a eu des fautes, je ne dis pas qu'il y a eu pas de faute. Je dis que j'envoie un vérificateur examiner la situation, voir si les processus et les protocoles ont été tous respectés dans l'ordre, comme il se doit. Alors, on va vérifier ça pour nous assurer qu'au centre Laval tout se déroule rondement.

M. Boivin (Simon) : ...situation mitoyenne entre les portes complètement verrouillées et une libre circulation? Est-ce que ça pourrait être certaines heures au cours desquelles on pourrait sortir?

Mme Charlebois : Bien, écoutez, je ne veux pas me prononcer là-dessus parce que je vais commencer par entendre ce que vont me dire mes propres directeurs de protection de la jeunesse et les P.D.G. d'établissement. Honnêtement, je pense qu'ils sont les mieux placés sur le terrain pour me faire des recommandations. Je pourrai vous revenir quand j'aurai eu recommandation de ces personnes-là.

M. Chouinard (Tommy) : Mme Charlebois, l'hypothèse d'un couvre-feu, est-ce qu'on en a…

Mme Charlebois : Je n'élaborerai pas de politique avec vous aujourd'hui puisque je vais consulter, je vais vérifier.

M. Bélair-Cirino (Marco) : ...rout est sur la table.

Mme Charlebois : Tout est sur la table. Ça fait huit ans qu'on est passés d'un encadrement très intensif… Puis vous vous souviendrez, il y a eu des reportages pour dire qu'il y avait eu de l'encadrement abusif à cette époque-là, vous vous souvenez sûrement. On est passés à la libre circulation. Peut-être qu'il y a lieu, d'entre les deux, trouver des modalités. Moi, je vais attendre les recommandations que me feront les directeurs de protection de la jeunesse et les P.D.G. d'établissement.

M. Robillard (Alexandre) : Sur quelles informations vous vous êtes basée la semaine dernière quand vous avez dit qu'il y avait un réseau qui infiltrait le centre jeunesse?

Mme Charlebois : Bien, malheureusement, il y a une phrase où je n'ai pas parlé des médias sociaux jusqu'à la fin, c'est celle-là qui a été clippée, puis c'est de ma faute, j'aurais dû prendre le temps de faire bien sujet, verbe, complément puis d'ajouter mes qualificatifs aux bons endroits, parce que, tout au long de l'entrevue... du scrum, en fait, de la mêlée de presse, vous vous souviendrez que je parle aux parents, je parle aux enfants puis je parle surtout aux parents, de dire : Faites attention aux médias sociaux. Ce que je voulais parler par infiltration, c'est : Avec les téléphones cellulaires, dès que les petites filles sortent, là, ils ont les médias sociaux entre les mains et, par ça, ils peuvent communiquer avec des gens qui sont tout autour et qui sont capables d'aller les chercher. C'est ce que je voulais dire, pas davantage.

M. Robillard (Alexandre) : Mais est-ce qu'on vous avait rapporté factuellement des cas d'infiltration par l'intermédiaire de réseaux sociaux?

Mme Charlebois : Bien, écoutez, infiltration, c'est un bien grand mot. Moi, ce que je voulais dire, c'est qu'infiltré via le téléphone cellulaire de la jeune, ils pouvaient communiquer avec...

M. Chouinard (Tommy) : Dois-je bien comprendre qu'on remet le téléphone cellulaire lorsque la jeune fille...

Mme Charlebois : Quand ils sortent, au même titre qu'ils prennent leur liberté en sortant.

M. Chouinard (Tommy) : Bon, alors, est-ce qu'on pourrait dire que les téléphones cellulaires, on met ça complètement de côté?

Mme Charlebois : Je vais attendre les recommandations des DPJ.

M. Gagné (Louis) : Mme Charlebois, jeudi, vous refusiez de jeter la pierre au centre Laval, vous disiez que c'était un problème de l'ensemble et vous laissiez entendre qu'il n'y avait pas de problème particulier à Laval, même s'il y avait trois, quatre cas d'adolescentes ayant fugué.

Là, aujourd'hui, clairement, vous avez ciblé ce centre-là comme étant problématique. Est-ce qu'il n'y a pas une contradiction avec ce que vous affirmiez jeudi dernier?

Mme Charlebois : Non, il n'y a pas de contradiction. Écoutez, il faut faire des constats, là. Il y a cinq jeunes filles qui sont en fugue et qui ont fugué de façon répétitive. Je ne dis pas que le centre Laval n'a pas bien fait son travail. Je dis que j'envoie un vérificateur nous assurer que les processus et les protocoles ont été respectés. La conclusion va peut-être être ça, justement, qu'il n'y a pas eu d'erreur.

Alors, à partir de ce constat-là et avec les recommandations des DPJ, nous pourrons voir l'avenir sous un... Vous savez qu'on va ouvrir la Loi de la protection de la jeunesse éventuellement. Autant avoir l'information de toute part. Moi, je sais qu'il y a un certain nombre de fugueuses récidivistes à Laval, alors je veux m'assurer que tous les processus ont été respectés. Je veux aussi m'assurer que toutes les directions de protection de la jeunesse auront les bons outils pour mieux protéger nos jeunes, c'est tout.

M. Lavallée (Hugo) : ...d'agression sexuelle, mais ça fait quand même plusieurs années, là, que le plan de lutte contre les agressions sexuelles n'a pas été mis à jour. Il y a des mesures spécifiques là-dedans pour les jeunes, pour la prévention. Le plan global auquel vous faites allusion, est-ce que ça prend le relais de ce plan de lutte aux agressions sexuelles?

M. Coiteux : C'est un travail sur lequel on est déjà actif et, au cours des prochaines semaines, on va annoncer ce plan d'intervention qui va mobiliser des ressources, pas seulement de la Santé et des Services sociaux, mais également de la Sécurité publique, de la Justice et de l'Éducation.

Maintenant, aujourd'hui, hein, aujourd'hui, il faut poser un premier geste. Le premier geste, on le pose là où est l'épicentre, là, actuellement parce qu'il y a des cas qui sont plus lourds, il y a des cas notamment de fugueuses récidivistes. C'est un problème qui est majeur, oui, dans l'ensemble des centres de jeunesse, mais il y a plus de cas problématiques à Laval. On agit tout de suite, très, très, très immédiatement pour s'assurer que ce qui existe déjà comme mesures de protection et d'encadrement des jeunes, elles sont correctement appliquées au Centre de jeunesse Laval. On ne présume pas que ça ne soit pas le cas, mais on va aller sur place pour s'en assurer.

Et, en même temps, puisqu'il y a un débat beaucoup plus large dans notre société à avoir sur, justement, comment on encadre les jeunes, bien, il y a cette réflexion-là qui va être amorcée dans un premier temps avec les directeurs de la protection de la jeunesse. Donc, on agit aujourd'hui, on agit dans les prochaines heures, on agit au cours des prochains jours, et, dans les prochaines semaines, il y aura un plan plus global qui va s'intéresser pas seulement à la répression, mais aussi à la prévention.

Et aussi, en même temps, il faut bien comprendre, une jeune victime qui ne veut pas porter plainte, qui ne veut pas témoigner, a besoin aussi d'un accompagnement, a besoin d'un suivi. Il existe déjà des outils pour intervenir, mais on doit en faire davantage pour s'assurer qu'il y aura un plus grand nombre de proxénètes qui ultimement pourront être reconnus coupables.

Mme Charlebois : Si je peux me permettre, dans le plan d'intervention global, on va adresser pas juste la problématique des jeunes filles en centre jeunesse, là, on va adresser la problématique des jeunes filles et des jeunes garçons parce que ça pourrait arriver aussi à des garçons dans les écoles secondaires, dans les écoles partout dans le milieu. On va adresser ça aussi dans les milieux familiaux. On va avoir un plan d'intervention global, et le rapport dont vous me faites mention qui n'existe pas, c'est des faits qui découlent d'une consultation. C'était dans un sens beaucoup plus large et beaucoup plus élargi d'ailleurs que Mme Poirier n'a sans cesse arrêté d'agrandir pour étaler la période de consultation.

Alors, moi, là, je veux juste vous dire que ce qu'on adresse aujourd'hui, c'est les jeunes filles, et, s'ils veulent faire de la politique avec toutes sortes d'argumentaires et des choses qu'ils n'ont pas faites, moi, je ne veux pas aller là-dedans, je veux m'occuper des jeunes filles, point final.

M. Chouinard (Tommy) : Vous avez parlé des unités d'encadrement intensif, tout à l'heure, dans les centres jeunesse. Expliquez-moi, là, les unités d'encadrement intensif, est-ce que, ça, ça donc fait en sorte que la jeune fille ne peut pas sortir, par exemple?

Mme Charlebois : Exact.

M. Chouinard (Tommy) : O.K. Et là vous dites : Ça prend plus de ressources.

Mme Charlebois : Les jeunes garçons.

M. Chouinard (Tommy) : Est-ce qu'à l'heure actuelle, donc, il est impossible pour certains centres jeunesse d'offrir... donc de faire en sorte que des jeunes filles soient intégrées dans une unité d'encadrement intensif, que les places ne sont pas...

Mme Charlebois : Non, ce n'est pas ce que je vous ai dit. Je vous dis qu'avant d'arriver là il y a un certain nombre de choses à revoir dans les plans d'intervention. Avons-nous ajouté le nombre d'intervenants... Avons-nous regardé son cheminement? Il y a un paquet de choses à regarder avant. Puis, c'est dans la loi, hein, c'est dans la loi qu'on dit qu'il y a un paquet de choses à faire avant de se rendre à un encadrement intensif.

Avant, tout le monde était dans l'encadrement intensif. Maintenant, il y a ceux qui sont sous les procédures judiciaires et ceux qu'on juge qu'ils peuvent être dangereux pour eux-mêmes, suffisamment dangereux pour eux-mêmes et/ou pour la société, qu'on met en encadrement intensif. Mais, pour se rendre là...

M. Chouinard (Tommy) : Mais savez-vous pourquoi les jeunes filles qui ont fugué n'ont pas été intégrées dans une unité d'encadrement intensif?

Mme Charlebois : Bien, c'est vous qui le dites. On ne le sait pas, si elles n'ont pas été intégrées dans des unités d'encadrement...

M. Chouinard (Tommy) : Ça veut dire qu'elles ne peuvent pas sortir, dans ce cas-là.

Mme Charlebois : Oui, mais après 30 jours les plans doivent être revus. Alors, quand c'est revu puis qu'on sent une progression, l'intervenant décide que, O.K., cette jeune personne-là peut sortir. C'est là où je vous dis qu'il est important, dans le deuxième volet, de prendre le rapport des DPJ puis de voir : Est-ce qu'il y a lieu de revoir notre façon de faire et d'améliorer pour faire en sorte... Est-ce que la révision, après 30 jours, c'est suffisant? Est-ce que nous devrions faire autrement?

Moi, je vais écouter les DPJ, ce qu'elles ont à me dire, et les présidents-directeurs généraux des établissements avant de me prononcer.

M. Chouinard (Tommy) : Est-ce que ça prendrait plus de ressources, si on décidait d'aller de l'avant avec l'unité d'encadrement intensif...

Mme Charlebois : On verra. On va attendre. On va attendre.

M. Coiteux : Regardez, peut-être que ça prend une autre approche, une approche un peu différente. On ouvre la porte à regarder notre façon de faire, d'abord et avant tout, d'abord et avant tout. Est-ce qu'en ajoutant des ressources très ciblées, en changeant nos approches, on va obtenir des meilleurs résultats? C'est ça, la bonne question. C'est ça, la bonne question, c'est ça, la question qu'on se pose, et c'est la question à laquelle on va répondre.

M. Chouinard (Tommy) : Les proxénètes, on fait quoi? On parle beaucoup des jeunes filles, mais les proxénètes... la lutte contre les proxénètes, on... Là, on parle beaucoup des jeunes filles, mais les proxénètes, là, donc ceux qui veulent aller les chercher, ces jeunes filles là, qu'est-ce que... On a entendu parler...

Mme Charlebois : Plan d'intervention global.

M. Coiteux : Oui. Bien, il y a des forces...

M. Chouinard (Tommy) : Mais on a entendu parler de coupures dans les... des coupes de poste de...

M. Coiteux : Il y a des capacités policières qui sont très importantes, puis j'ai eu l'occasion d'ailleurs, dans les dernières heures, de m'entretenir à la fois avec le SPVM comme avec la police de Laval. J'ai eu des conversations avec la Sûreté du Québec. Les capacités qui sont mises à l'oeuvre, à l'heure actuelle, sont quand même considérables. J'ai rencontré des gens qui sont totalement dédiés à cette cause-là dans les services policiers et qui font un travail absolument remarquable, absolument remarquable.     

Maintenant, quand je dis qu'il faut regarder la problématique de façon beaucoup plus globale, ce sont aussi nos lois, ce sont les moyens qui sont mis à notre disposition. Il y a une loi fédérale qui n'attend qu'un décret pour être appliquée, qui permettra d'inverser le fardeau de la preuve en matière de traite des personnes. Ça va être aidant. Ça va être certainement aidant, si le gouvernement fédéral procède rapidement. Ça va être très aidant.

Maintenant, ça ne veut pas dire que ça va être la seule solution. Encore une fois, il faut regarder nos approches actuelles, il faut voir là où on peut améliorer nos approches actuelles, pas seulement en matière policière, mais il faut regarder aussi comment on mettra en commun les ressources des policiers, mais en complément avec d'autres actions qui vont partir des centres de jeunesse, qui vont interpeller également le ministère de la Justice, qui vont interpeller le ministère de l'Éducation.

Ultimement, ce qu'on veut, là, ce qu'on recherche ici, c'est de protéger les jeunes filles qui sont victimes et qui ne portent pas toujours plainte, malgré qu'elles ont subi des violences. Il faut trouver le moyen d'aider les jeunes filles de la meilleure façon possible. On le fait aujourd'hui, mais on a l'intention de le faire mieux.

M. Bellerose (Patrick) : Alors, est-ce que la SPVM ou la SPVL vous ont parlé d'un réseau qu'ils cibleront?

Mme Charlebois : On va procéder en anglais.

Mme Plante (Caroline) : Mrs. Charlebois, how much will the report cost?

Mme Charlebois : How much the report is going to cost? I cannot tell you that today.

Mme Plante (Caroline) : How much will you pay?

Mme Charlebois : I don't have the information for now. What is important? Is it the money or the girls?

Mme Plante (Caroline) : Why do we need a report?

Mme Charlebois : Because… It's not a report, it's a verificator that is going to examine all the procedures and the processes that happen in Laval just to make sure that everything was respected, and, if it is, it's going to make us have a good reflection with «les DPJ et les directeurs d'établissement», because it's going to be information that we're going to have, you know.

Mme Plante (Caroline) : You're saying your department can't get access to that information otherwise, that you don't have that information?

Mme Charlebois : Well, I want independent people to make all the research on that.

Mme Plante (Caroline) : Why?

Mme Charlebois : Because I want to make sure about all the information.

Mme Plante (Caroline) : How would you describe the situation in Laval right now?

Mme Charlebois : You mean what by «describe»?

Mme Plante (Caroline) : How would you qualify the situation? Mr. Coiteux was saying it's an emergency. What's happening in Laval?

Mme Charlebois : Well, you know, there's five girls that went out and that we lost, and we have to make sure that all the girls that go at DPJ, they are sufficiently protected, so that's why we're working on it. We're announcing things today to make sure that… we're doing already a good job, but we want to make better… we want to do better, so we need to improve and we're working on it, and that's about the announcement of today.

M. Coiteux : One case is one case too many, but we've had five cases in Laval now, so we have to make sure… we want to make sure that everything is being applied correctly. Maybe it's applied correctly, but we want to check it very thoroughly.

M. Hicks (Ryan) : Is it safe? Is the Laval group home safe?

M. Coiteux : Yes, it is safe, but the problematic that we face is a very complex one that has to be addressed using different tools. So one thing is verifying that the current norms and tools are adequately…

Mme Charlebois : …used and, after that, maybe we can regard the tools and…

M. Coiteux : But that's not the end of the story. That's not the end of the story…

Mme Charlebois : That's right. That's evolution.

M. Coiteux : …and this is why we've announced this morning several steps, one step which is immediate, which starts today, another one which will being held in the next days, and we have a more global intervention plan in preparation that we will make public in the coming weeks.

M. Hicks (Ryan) : Now you're appointing an auditor to make sure the processes have been followed. If there was a doubt that the processes weren't being followed, why not just close down the group home right now?

Mme Charlebois : Because that's not needed. It's not needed. We want to make sure that everything was done correctly and maybe, if there are some things that we should look after, we're going to look after it, and if not, we're going to know that still the step two, that I'm asking all the DPJ to come and discuss about the way we are doing things in Québec. Maybe because it's over, it's more… it's not only Laval, we're talking about young girls in all the Québec Province, you know. That's what I'm concerned about.

So I just want to make sure that we can improve our ways to do. Because eight years ago, if you remember, there was — we say in French, encadrement intensif — intensive… I don't know how to say it. Confinement intensive…

M. Hicks (Ryan) : I don't know.

Mme Charlebois : …something like that, but, you know what…

M. Hicks (Ryan) : We'll look it up.

Mme Charlebois : …it was intensive, now it's total liberty. Maybe we can look for something in-between, you know, and maybe there are some other ways to do with the girls. That's what we're thinking about.

Mme Plante (Caroline) : Would you have reviewed the process, had there not been a crisis in Laval? Would you have…

Mme Charlebois : Well, I'm opening the law in the next week, so we have to think about everything that we have to think.

M. Coiteux : We were actually already in the process of revisiting our approach. We were already working a global intervention plan. We were working on that, right? But now we have something that is specific to what's going on in Laval right now, right now, which doesn't mean that Laval is not correctly doing its job. It doesn't mean that, but we just want to make sure that our current approach is correctly applied in our youth centers and we start with Laval because we had so many cases in Laval recently.

But we want to question with an open mind our current approach. This is what exactly Lucie is saying here. But the intervention plan, which is more global, which addresses the question in a more thorough manner, we're working on it and we were already working on it before what happened.

M. Hicks (Ryan) : What level of access to the social medias do young people have in these group homes? Do they have access to the Internet inside every group home?

Mme Charlebois : Nothing, nothing. No, it's when they get outside.

M. Hicks (Ryan) : No. So it's outside. OK.

Mme Charlebois : And that's about all the circulation.

M. Hicks (Ryan) : And you were talking how…

Mme Charlebois : They don't have their phone, they don't have anything inside.

M. Hicks (Ryan) : You said that you don't want this to be political, but the reality is that this is being made political by the Oppositions.

Mme Charlebois : That's their problem. I don't want to work like that. I want to work for the little women of the Québec and their families.

M. Bellerose (Patrick) : M. Coiteux, juste une dernière question en français, une précision. Dans le portrait que le SPVM et le SPVL vous ont fait de la situation au centre de Laval, est-ce qu'on  a confirmé qu'il y avait un réseau qui ciblait le Centre jeunesse de Laval via les médias sociaux?

M. Coiteux : Bien, en ce qui concerne le centre de Laval, c'est plutôt avec la police de Laval que j'ai eu une conversation plutôt qu'avec le SPVM. Non, on ne parle pas de réseau. La problématique, ce n'est pas la seule d'ailleurs, mais une problématique importante pour les services policiers, ce sont les récidives. Les récidives mobilisent des ressources extrêmement importantes parce que chaque cas doit être traité comme une atteinte grave à la sécurité de la personne et c'est tout à fait comme ça que ça doit être d'ailleurs. Il y a des cas de récidives multiples qui sont extrêmement problématiques de ce point de vue là.

Alors, ça, c'est un des problèmes, mais au-delà de ça, il faut faire collaborer tout le monde entre eux, et ce n'est pas seulement que la collaboration entre les corps policiers, c'est la collaboration entre tous les intervenants qui vont nous aider, évidemment, à... On n'éliminera jamais en totalité un problème, mais à le minimiser au maximum, et c'est ce à quoi on va travailler au cours des prochains jours.

M. Bellerose (Patrick) : Donc, le Centre jeunesse de Laval n'est pas ciblé par un réseau de proxénètes en particulier.

M. Coiteux : Il y a plusieurs personnes qui sont impliquées là-dedans, malheureusement, et il faut les attaquer de toutes les façons possibles et imaginables, y compris du côté policier. Merci.

Mme Charlebois : Merci.

(Fin à 11 h 46)

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