(Onze heures dix-sept minutes)
Mme
Charlebois
:
Alors, bonjour, tout le monde. Merci de vous être rendus disponibles pour que
nous puissions vous faire part de nos préoccupations, parce que mon collègue
Martin Coiteux et moi sommes suffisamment préoccupés par la situation qui
prévaut en ce moment au Centre jeunesse de Laval, mais aussi pour tous les
jeunes à travers le Québec. Alors, nous allons procéder à certaines annonces,
et, d'entrée de jeu, je vous dirai que ni mon collègue, ni moi, ni un autre
membre du gouvernement va faire de la politique partisane sur le dos des
jeunes. Il est important, en ce moment, qu'on se mette tous en mode collaboration,
tous partis confondus, pour faire en sorte que nous puissions mieux protéger
nos jeunes face à tout ce que nous vivons en ce moment. Alors, j'implore
grandement les collègues de l'opposition à se joindre à nous et travailler avec
nous afin de trouver les meilleures solutions possibles.
Alors, aujourd'hui, je vous annonce que je
vais nommer, dans les prochaines heures, un vérificateur qui ira au Centre
jeunesse de Laval s'assurer que toutes les procédures d'encadrement et tous les
processus pour éviter les fugues et les fugues à répétition, bref les
récidivistes, que toutes les procédures et les mesures soient appliquées
correctement. Il me fera un rapport, et, à partir de ce rapport-là, nous
poserons des gestes. Mais prenons le temps, entre autres, de vérifier toutes
les procédures, notamment l'utilisation des téléphones cellulaires, parce que,
comme vous le savez, l'utilisation de téléphones cellulaires en centre jeunesse
n'est pas permise, mais, dès que les jeunes filles sortent, ils récupèrent leur
téléphone, et c'est là qu'ils prennent contact avec les médias sociaux.
Alors, il est important qu'on s'assure de
l'ensemble des processus, et le vérificateur aura ce mandat-là au Centre
jeunesse Laval. J'adresse la problématique ici du Centre jeunesse Laval puisque
c'est celle-ci qui est relatée souvent par les médias, par vous, mais je dois
vous dire que nous constatons qu'il y a ici une attention particulière à
consacrer au Centre jeunesse Laval. Maintenant, nous allons aussi... je vais
aussi convoquer aujourd'hui les directeurs de protection de la jeunesse ainsi
que les P.D.G. d'établissement CISSS et CIUSSS afin d'examiner la problématique
des fugueurs, fugueuses, plus particulièrement des récidivistes, parce que nous
voulons nous assurer que nos directeurs de protection de la jeunesse aient tous
les outils nécessaires pour protéger le mieux possible nos jeunes.
Vous savez, il y a huit ans, on est partis,
puis vous vous souviendrez sûrement, d'une politique d'encadrement très stricte
à, aujourd'hui, une liberté de circulation. Est-ce que nous pourrions, en ce
moment, réfléchir, à savoir : Est-ce qu'il y a d'autres mesures qui
peuvent être adoptées? Est-ce qu'entre l'encadrement excessif et la liberté de
circulation il n'y aurait pas un usage qui pourrait convenir et nous assurer
que nos jeunes soient bien encadrés? Alors, nous allons examiner si nous avons
toujours la bonne approche. Et, entre l'encadrement intensif et la liberté de
circulation, est-ce qu'il y a d'autres moyens?
Alors, avec les directeurs de protection
de jeunesse, je répète, et les P.D.G. d'établissement, nous allons regarder
quelle serait la meilleure solution adaptée à la situation 2016 pour l'ensemble
des centres jeunesse. Est-ce que... Avant de recourir à une unité d'encadrement
intensif, vous le savez, il faut qu'il y ait une augmentation des rencontres
individuelles avec les jeunes filles, il faut qu'il y ait une modification, qu'il
y ait une évaluation du plan d'intervention qui soit faite en temps réel. Il
faut qu'il y ait eu des ajouts d'éducateurs dans l'unité. Est-ce qu'il y a
d'autres choses? Est-ce que nous pourrions encadrer mieux, ajouter des
procédures? Nous allons examiner ça avec, comme je vous le dis, les directeurs
de protection de jeunesse et les P.D.G. de CISSS et CIUSSS.
De plus, mes collègues et moi, notamment
mon collègue de la Sécurité publique, M. Coiteux, nous vous annonçons qu'un
plan d'intervention plus global... qui aura cours au cours des prochaines
semaines, qui interpellera plusieurs ministères, notamment la Santé et Services
sociaux, la Sécurité publique, la Justice, la Condition féminine, l'Éducation,
et peut-être d'autres, vont adresser les problématiques de prévention,
d'accompagnement des victimes, de leurs familles. On va aussi mettre en commun
les forces policières. On va travailler à faire en sorte que nous adressions la
problématique de façon plus globale et optimiser nos services à tous dans tous
les ministères pour protéger davantage nos jeunes, pour mieux les sensibiliser,
mais aussi pour mieux accompagner toutes les familles face à la situation que
nous vivons aujourd'hui et faire en sorte que nous puissions, si on ne peut pas
enrayer complètement le proxénétisme, mais, à tout le moins, le réduire de
façon importante.
Parce que, vous savez, c'est nos jeunes
filles, c'est les jeunes du Québec qui sont touchées en ce moment, et nous
trouvons la situation suffisamment préoccupante pour vous avoir fait les trois
annonces, là, dont je viens de vous parler. Un, je le répète, vérificateur dans
le Centre jeunesse de Laval; deux, revoir les procédures d'encadrement. Est-ce
qu'on réintensifie? Est-ce qu'on laisse la libre circulation? Est-ce qu'on met d'autres
moyens? Les DPJ vont être consultés dans les prochaines heures, je les
réunirai. Je vais les convoquer, et nous allons voir quels seront les meilleurs
moyens à utiliser. Trois, un plan d'intervention interministériel. Bref, un
plan d'action à travers différents ministères sera mis en place pour faire en
sorte que nous protégions mieux notre jeunesse, mais qu'on sera mieux outillés
tant en prévention que pour la suite des choses.
M. Lavallée (Hugo)
:
L'opposition officielle, hier, vous reprochait d'avoir laissé dormir un tel
plan depuis déjà quelque temps. Ils disaient que, lorsqu'ils étaient au
gouvernement, ils avaient fait des rencontres, il y avait un rapport qui était
prêt avec des recommandations, que ça pouvait facilement être converti en plan
d'action. C'est un peu le troisième item dont vous parlez. Pourquoi avoir
laissé tarder ça depuis deux ans...
Mme
Charlebois
:
Bien, premièrement, ce n'est pas un rapport, c'est un état de fait des consultations,
ce qu'il faut ramener à l'avant-plan. Deuxièmement, c'était dans une
perspective beaucoup plus globale. On n'adressait pas la problématique des
jeunes fugueuses. Troisièmement, je vous ai dit d'entrée de jeu que je ne ferai
pas de la politique sur un enjeu comme celui-là. Alors, si M. Lisée veut se
servir des jeunes filles pour faire de la politique, c'est son affaire.
Moi, ce que je vous dis, c'est : je
veux travailler sur comment on peut améliorer la situation, comment on peut
aider nos jeunes filles, comment on peut prévenir que ces choses-là arrivent.
Il faut faire en sorte que les parents n'aient plus ça à vivre. C'est infernal.
M. Chouinard (Tommy)
:
Ce rapport, il existe ou pas, Mme Charlebois? Il existe?
Mme
Charlebois
:
Il n'y a pas de rapport. Il n'y a aucun rapport. C'est un état de fait des
consultations, ce que tous les groupes ont dit.
M. Gagné (Louis) : Pourquoi
avoir attendu aujourd'hui pour nommer un vérificateur au Centre Laval? Est-ce
que la situation, la semaine dernière, n'était pas déjà assez critique pour
qu'on prenne immédiatement de telles mesures? Pourquoi avoir attendu
aujourd'hui?
Mme
Charlebois
:
Bien, écoutez, je n'ai pas attendu spécifiquement aujourd'hui, c'est parce que
vous ne voyez pas tout le travail qui a été fait en amont. Mes collègues et moi
travaillons depuis la semaine dernière à bien identifier... parce que sortir
pour sortir, pour dire n'importe quoi, ce n'est bon à rien.
Nous, ce qu'on veut, c'est vraiment
améliorer la situation pour les jeunes filles. Moi, je travaille pour les
jeunes filles, pour leurs familles. Alors, avant de nommer des gens, avant de
poser des gestes, il faut prendre le temps de bien évaluer les choses. Mon
collègue et moi, on travaille là-dessus depuis la semaine dernière, on a
travaillé tout au cours de la fin de semaine. Hier, mon collègue a rencontré
les corps de police dans son champ de compétence. Moi, en fin de semaine, j'ai
parlé à beaucoup de gens. J'ai parlé aussi avec le Centre jeunesse de Laval, comme
vous le savez, la semaine dernière, mais il faut prendre le temps de réfléchir
avant de poser des gestes. Là, on ne parle pas de jouets, là, on parle
d'enfants. Alors, moi, avant de prendre des gestes, avant de poser des gestes,
avant de prendre des décisions, moi, je pense que c'était légitime que je
prenne la fin de semaine pour consulter plein de gens, pour prendre les bonnes
décisions.
M. Boivin (Simon)
:
...éducateurs, de donner des nouveaux outils. Or, il vous a été reproché, dans
les derniers jours, d'avoir coupé 20 millions dans le financement des
centres jeunesse. Est-ce qu'il n'y a pas là le reflet d'une responsabilité de
la part du gouvernement?
Mme
Charlebois
:
Ce qu'il faut savoir, c'est que la coupure dont vous parlez, de 20 millions,
là, c'est purement administratif. C'est purement administratif. C'est en
rapport avec la loi 10. Il n'y a rien dans les services qui a été retranché, zéro,
une barre. Moi, je vous le dis, je ne ferai pas de politique. On n'a retranché
aucun service pour les jeunes et on ne va ménager aucun effort, ni mon
collègue, ni moi, ni les autres collègues du gouvernement pour protéger nos
jeunes filles.
M. Bellerose (Patrick) : À
quel moment le vérificateur doit faire rapport?
Mme
Charlebois
:
30 jours.
M. Bellerose (Patrick) : 30
jours. Est-ce que c'est un phénomène qui est en hausse, le proxénétisme, les
fugues dans les centres jeunesse?
M. Coiteux : Écoutez, c'est
malheureusement un phénomène qui existe depuis plusieurs années, puis chaque
cas est un cas de trop. Ce n'est pas un phénomène nouveau.
Maintenant, dans ce qui se passe
actuellement dans notre société, on soulève des nouveaux enjeux. Ma collègue a
dit qu'il y a huit ans on avait modifié nos approches en matière de centres de
jeunesse et de politiques d'encadrement. On ouvre la porte à ce qu'on ait une
discussion à savoir si on ne doit pas revoir ces choses-là à la lueur de ce qui
se passe aujourd'hui puis notamment compte tenu de l'importance des médias
sociaux aujourd'hui. Donc, ça existait il y a huit ans, ça existait il y a cinq
ans, malheureusement ça existe encore aujourd'hui. Chaque cas est de trop
cependant, puis on va mettre en place les mécanismes nécessaires de
coordination entre nous tous, Santé et Services sociaux, Sécurité publique,
Justice, Condition féminine et d'autres qui pourraient être impliqués pour
avoir un plan global. Parce que ce ne sera pas seulement de la répression, ça
ne sera pas seulement de la prévention, c'est l'ensemble qui doit être attaqué
de front.
M. Bellerose (Patrick) :
Est-ce que le phénomène est en hausse?
M. Coiteux : Écoutez, il y a
un problème qui, évidemment, actuellement... Il y a un épicentre, actuellement,
à Laval, mais il faut comprendre qu'à Laval il y a les cas qui sont souvent les
plus problématiques qui s'y retrouvent. Il y a eu une médiatisation très grande
de ces cas-là, et, en même temps, ça ne veut pas nécessairement dire que la
situation a augmenté, qu'il y a plus de cas qu'auparavant.
On doit agir cependant, et la façon
d'agir, c'est de faire travailler tout le monde ensemble. Alors, il y a un rôle
pour la police, c'est un rôle qui est très important, mais il y a un rôle pour
les centres de jeunesse. Il y a nos approches en matière d'encadrement,
notamment des cas de récidive, des fugues à répétition, et c'est à ça qu'on va
s'adresser.
Mais là ponctuellement, là, il y a une
urgence, et c'est pour ça que, dès maintenant, ma collègue nomme un
vérificateur, va nommer un vérificateur au centre de jeunesse de Laval. C'est
pour ça qu'elle convoque les directeurs de la protection de la jeunesse
immédiatement. C'est pour ça qu'on commence cette réflexion sur les politiques
d'encadrement, à la lueur de ce qu'on a fait il y a huit ans.
Mais la suite des choses, c'est qu'il y
aura un plan beaucoup plus global, qui fera intervenir également les corps
policiers qui font déjà un travail sur le terrain qui est très important. Mais
on va voir comment on peut les arrimer davantage à un travail de prévention et
de réflexion.
Mme Delainey (Marie-Laurence) : Qu'est-ce
qui se passe exactement à Laval? La semaine dernière, vous avez dit qu'il y
avait un réseau. Finalement, est-ce qu'il y a un réseau qui a infiltré? C'est
quoi, le problème, à Laval?
M. Coiteux : Bien, c'est un
problème de… Il y a des fugues, effectivement. Toutes les fugues ne sont pas
liées à des activités de prostitution. Toutes les fugues ne veulent pas dire
qu'il y a un proxénète ou quelqu'un qui commet un crime de traite des
personnes, mais il y en a malheureusement de ces cas-là. Mais les fugues à
répétition qui impliquent des activités de prostitution doivent nous
interpeller de façon tout à fait particulière, et c'est là que ça va être
important de faire un travail de concert entre tous.
En attendant, il faut s'assurer que les
politiques d'encadrement existantes soient effectivement et correctement
appliquées au Centre de jeunesse de Laval, d'où ce geste immédiat qui est posé
aujourd'hui d'un vérificateur.
M. Chouinard (Tommy)
:
L'envoi d'un vérificateur, est-ce que ça signifie que la direction du Centre
jeunesse de Laval a commis quelque faute que ce soit?
Mme
Charlebois
:
On va examiner. Je ne dis pas qu'il y a eu des fautes, je ne dis pas qu'il y a
eu pas de faute. Je dis que j'envoie un vérificateur examiner la situation,
voir si les processus et les protocoles ont été tous respectés dans l'ordre,
comme il se doit. Alors, on va vérifier ça pour nous assurer qu'au centre Laval
tout se déroule rondement.
M. Boivin (Simon)
: ...situation
mitoyenne entre les portes complètement verrouillées et une libre circulation?
Est-ce que ça pourrait être certaines heures au cours desquelles on pourrait
sortir?
Mme
Charlebois
:
Bien, écoutez, je ne veux pas me prononcer là-dessus parce que je vais
commencer par entendre ce que vont me dire mes propres directeurs de protection
de la jeunesse et les P.D.G. d'établissement. Honnêtement, je pense qu'ils sont
les mieux placés sur le terrain pour me faire des recommandations. Je pourrai
vous revenir quand j'aurai eu recommandation de ces personnes-là.
M. Chouinard (Tommy)
:
Mme Charlebois, l'hypothèse d'un couvre-feu, est-ce qu'on en a…
Mme
Charlebois
:
Je n'élaborerai pas de politique avec vous aujourd'hui puisque je vais
consulter, je vais vérifier.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
...rout est sur la table.
Mme
Charlebois
:
Tout est sur la table. Ça fait huit ans qu'on est passés d'un encadrement très
intensif… Puis vous vous souviendrez, il y a eu des reportages pour dire qu'il
y avait eu de l'encadrement abusif à cette époque-là, vous vous souvenez
sûrement. On est passés à la libre circulation. Peut-être qu'il y a lieu,
d'entre les deux, trouver des modalités. Moi, je vais attendre les
recommandations que me feront les directeurs de protection de la jeunesse et
les P.D.G. d'établissement.
M. Robillard (Alexandre)
:
Sur quelles informations vous vous êtes basée la semaine dernière quand vous
avez dit qu'il y avait un réseau qui infiltrait le centre jeunesse?
Mme
Charlebois
:
Bien, malheureusement, il y a une phrase où je n'ai pas parlé des médias
sociaux jusqu'à la fin, c'est celle-là qui a été clippée, puis c'est de ma
faute, j'aurais dû prendre le temps de faire bien sujet, verbe, complément puis
d'ajouter mes qualificatifs aux bons endroits, parce que, tout au long de
l'entrevue... du scrum, en fait, de la mêlée de presse, vous vous souviendrez
que je parle aux parents, je parle aux enfants puis je parle surtout aux
parents, de dire : Faites attention aux médias sociaux. Ce que je voulais
parler par infiltration, c'est : Avec les téléphones cellulaires, dès que
les petites filles sortent, là, ils ont les médias sociaux entre les mains et,
par ça, ils peuvent communiquer avec des gens qui sont tout autour et qui sont
capables d'aller les chercher. C'est ce que je voulais dire, pas davantage.
M. Robillard (Alexandre)
:
Mais est-ce qu'on vous avait rapporté factuellement des cas d'infiltration par
l'intermédiaire de réseaux sociaux?
Mme
Charlebois
:
Bien, écoutez, infiltration, c'est un bien grand mot. Moi, ce que je voulais
dire, c'est qu'infiltré via le téléphone cellulaire de la jeune, ils pouvaient
communiquer avec...
M. Chouinard (Tommy)
:
Dois-je bien comprendre qu'on remet le téléphone cellulaire lorsque la jeune
fille...
Mme
Charlebois
:
Quand ils sortent, au même titre qu'ils prennent leur liberté en sortant.
M. Chouinard (Tommy)
:
Bon, alors, est-ce qu'on pourrait dire que les téléphones cellulaires, on met
ça complètement de côté?
Mme
Charlebois
:
Je vais attendre les recommandations des DPJ.
M. Gagné (Louis) : Mme Charlebois,
jeudi, vous refusiez de jeter la pierre au centre Laval, vous disiez que c'était
un problème de l'ensemble et vous laissiez entendre qu'il n'y avait pas de problème
particulier à Laval, même s'il y avait trois, quatre cas d'adolescentes ayant
fugué.
Là, aujourd'hui, clairement, vous avez
ciblé ce centre-là comme étant problématique. Est-ce qu'il n'y a pas une contradiction
avec ce que vous affirmiez jeudi dernier?
Mme
Charlebois
:
Non, il n'y a pas de contradiction. Écoutez, il faut faire des constats, là. Il
y a cinq jeunes filles qui sont en fugue et qui ont fugué de façon répétitive.
Je ne dis pas que le centre Laval n'a pas bien fait son travail. Je dis que
j'envoie un vérificateur nous assurer que les processus et les protocoles ont
été respectés. La conclusion va peut-être être ça, justement, qu'il n'y a pas
eu d'erreur.
Alors, à partir de ce constat-là et avec
les recommandations des DPJ, nous pourrons voir l'avenir sous un... Vous savez
qu'on va ouvrir la Loi de la protection de la jeunesse éventuellement. Autant
avoir l'information de toute part. Moi, je sais qu'il y a un certain nombre de
fugueuses récidivistes à Laval, alors je veux m'assurer que tous les processus
ont été respectés. Je veux aussi m'assurer que toutes les directions de
protection de la jeunesse auront les bons outils pour mieux protéger nos
jeunes, c'est tout.
M. Lavallée (Hugo)
:
...d'agression sexuelle, mais ça fait quand même plusieurs années, là, que le
plan de lutte contre les agressions sexuelles n'a pas été mis à jour. Il y a
des mesures spécifiques là-dedans pour les jeunes, pour la prévention. Le plan
global auquel vous faites allusion, est-ce que ça prend le relais de ce plan de
lutte aux agressions sexuelles?
M. Coiteux : C'est un travail
sur lequel on est déjà actif et, au cours des prochaines semaines, on va
annoncer ce plan d'intervention qui va mobiliser des ressources, pas seulement
de la Santé et des Services sociaux, mais également de la Sécurité publique, de
la Justice et de l'Éducation.
Maintenant, aujourd'hui, hein,
aujourd'hui, il faut poser un premier geste. Le premier geste, on le pose là où
est l'épicentre, là, actuellement parce qu'il y a des cas qui sont plus lourds,
il y a des cas notamment de fugueuses récidivistes. C'est un problème qui est
majeur, oui, dans l'ensemble des centres de jeunesse, mais il y a plus de cas
problématiques à Laval. On agit tout de suite, très, très, très immédiatement
pour s'assurer que ce qui existe déjà comme mesures de protection et
d'encadrement des jeunes, elles sont correctement appliquées au Centre de
jeunesse Laval. On ne présume pas que ça ne soit pas le cas, mais on va aller
sur place pour s'en assurer.
Et, en même temps, puisqu'il y a un débat
beaucoup plus large dans notre société à avoir sur, justement, comment on
encadre les jeunes, bien, il y a cette réflexion-là qui va être amorcée dans un
premier temps avec les directeurs de la protection de la jeunesse. Donc, on
agit aujourd'hui, on agit dans les prochaines heures, on agit au cours des
prochains jours, et, dans les prochaines semaines, il y aura un plan plus
global qui va s'intéresser pas seulement à la répression, mais aussi à la
prévention.
Et aussi, en même temps, il faut bien
comprendre, une jeune victime qui ne veut pas porter plainte, qui ne veut pas
témoigner, a besoin aussi d'un accompagnement, a besoin d'un suivi. Il existe
déjà des outils pour intervenir, mais on doit en faire davantage pour s'assurer
qu'il y aura un plus grand nombre de proxénètes qui ultimement pourront être
reconnus coupables.
Mme
Charlebois
:
Si je peux me permettre, dans le plan d'intervention global, on va adresser pas
juste la problématique des jeunes filles en centre jeunesse, là, on va adresser
la problématique des jeunes filles et des jeunes garçons parce que ça pourrait
arriver aussi à des garçons dans les écoles secondaires, dans les écoles
partout dans le milieu. On va adresser ça aussi dans les milieux familiaux. On
va avoir un plan d'intervention global, et le rapport dont vous me faites
mention qui n'existe pas, c'est des faits qui découlent d'une consultation. C'était
dans un sens beaucoup plus large et beaucoup plus élargi d'ailleurs que
Mme Poirier n'a sans cesse arrêté d'agrandir pour étaler la période de
consultation.
Alors, moi, là, je veux juste vous dire
que ce qu'on adresse aujourd'hui, c'est les jeunes filles, et, s'ils veulent
faire de la politique avec toutes sortes d'argumentaires et des choses qu'ils
n'ont pas faites, moi, je ne veux pas aller là-dedans, je veux m'occuper des
jeunes filles, point final.
M. Chouinard (Tommy)
:
Vous avez parlé des unités d'encadrement intensif, tout à l'heure, dans les
centres jeunesse. Expliquez-moi, là, les unités d'encadrement intensif, est-ce
que, ça, ça donc fait en sorte que la jeune fille ne peut pas sortir, par
exemple?
Mme
Charlebois
:
Exact.
M. Chouinard (Tommy)
:
O.K. Et là vous dites : Ça prend plus de ressources.
Mme
Charlebois
:
Les jeunes garçons.
M. Chouinard (Tommy)
:
Est-ce qu'à l'heure actuelle, donc, il est impossible pour certains centres
jeunesse d'offrir... donc de faire en sorte que des jeunes filles soient
intégrées dans une unité d'encadrement intensif, que les places ne sont pas...
Mme
Charlebois
:
Non, ce n'est pas ce que je vous ai dit. Je vous dis qu'avant d'arriver là il y
a un certain nombre de choses à revoir dans les plans d'intervention.
Avons-nous ajouté le nombre d'intervenants... Avons-nous regardé son
cheminement? Il y a un paquet de choses à regarder avant. Puis, c'est dans la
loi, hein, c'est dans la loi qu'on dit qu'il y a un paquet de choses à faire
avant de se rendre à un encadrement intensif.
Avant, tout le monde était dans
l'encadrement intensif. Maintenant, il y a ceux qui sont sous les procédures
judiciaires et ceux qu'on juge qu'ils peuvent être dangereux pour eux-mêmes,
suffisamment dangereux pour eux-mêmes et/ou pour la société, qu'on met en
encadrement intensif. Mais, pour se rendre là...
M. Chouinard (Tommy)
:
Mais savez-vous pourquoi les jeunes filles qui ont fugué n'ont pas été
intégrées dans une unité d'encadrement intensif?
Mme
Charlebois
:
Bien, c'est vous qui le dites. On ne le sait pas, si elles n'ont pas été
intégrées dans des unités d'encadrement...
M. Chouinard (Tommy)
:
Ça veut dire qu'elles ne peuvent pas sortir, dans ce cas-là.
Mme
Charlebois
:
Oui, mais après 30 jours les plans doivent être revus. Alors, quand c'est
revu puis qu'on sent une progression, l'intervenant décide que, O.K., cette
jeune personne-là peut sortir. C'est là où je vous dis qu'il est important,
dans le deuxième volet, de prendre le rapport des DPJ puis de voir :
Est-ce qu'il y a lieu de revoir notre façon de faire et d'améliorer pour faire
en sorte... Est-ce que la révision, après 30 jours, c'est suffisant?
Est-ce que nous devrions faire autrement?
Moi, je vais écouter les DPJ, ce qu'elles
ont à me dire, et les présidents-directeurs généraux des établissements avant
de me prononcer.
M. Chouinard (Tommy)
:
Est-ce que ça prendrait plus de ressources, si on décidait d'aller de l'avant
avec l'unité d'encadrement intensif...
Mme
Charlebois
:
On verra. On va attendre. On va attendre.
M. Coiteux : Regardez,
peut-être que ça prend une autre approche, une approche un peu différente. On
ouvre la porte à regarder notre façon de faire, d'abord et avant tout, d'abord
et avant tout. Est-ce qu'en ajoutant des ressources très ciblées, en changeant
nos approches, on va obtenir des meilleurs résultats? C'est ça, la bonne
question. C'est ça, la bonne question, c'est ça, la question qu'on se pose, et
c'est la question à laquelle on va répondre.
M. Chouinard (Tommy)
:
Les proxénètes, on fait quoi? On parle beaucoup des jeunes filles, mais les
proxénètes... la lutte contre les proxénètes, on... Là, on parle beaucoup des
jeunes filles, mais les proxénètes, là, donc ceux qui veulent aller les
chercher, ces jeunes filles là, qu'est-ce que... On a entendu parler...
Mme
Charlebois
:
Plan d'intervention global.
M. Coiteux : Oui. Bien, il y a
des forces...
M. Chouinard (Tommy)
:
Mais on a entendu parler de coupures dans les... des coupes de poste de...
M. Coiteux : Il y a des
capacités policières qui sont très importantes, puis j'ai eu l'occasion
d'ailleurs, dans les dernières heures, de m'entretenir à la fois avec le SPVM
comme avec la police de Laval. J'ai eu des conversations avec la Sûreté du
Québec. Les capacités qui sont mises à l'oeuvre, à l'heure actuelle, sont quand
même considérables. J'ai rencontré des gens qui sont totalement dédiés à cette
cause-là dans les services policiers et qui font un travail absolument
remarquable, absolument remarquable.
Maintenant, quand je dis qu'il faut
regarder la problématique de façon beaucoup plus globale, ce sont aussi nos
lois, ce sont les moyens qui sont mis à notre disposition. Il y a une loi fédérale
qui n'attend qu'un décret pour être appliquée, qui permettra d'inverser le
fardeau de la preuve en matière de traite des personnes. Ça va être aidant. Ça
va être certainement aidant, si le gouvernement fédéral procède rapidement. Ça
va être très aidant.
Maintenant, ça ne veut pas dire que ça va
être la seule solution. Encore une fois, il faut regarder nos approches
actuelles, il faut voir là où on peut améliorer nos approches actuelles, pas
seulement en matière policière, mais il faut regarder aussi comment on mettra
en commun les ressources des policiers, mais en complément avec d'autres
actions qui vont partir des centres de jeunesse, qui vont interpeller également
le ministère de la Justice, qui vont interpeller le ministère de l'Éducation.
Ultimement, ce qu'on veut, là, ce qu'on
recherche ici, c'est de protéger les jeunes filles qui sont victimes et qui ne
portent pas toujours plainte, malgré qu'elles ont subi des violences. Il faut
trouver le moyen d'aider les jeunes filles de la meilleure façon possible. On
le fait aujourd'hui, mais on a l'intention de le faire mieux.
M. Bellerose (Patrick) :
Alors, est-ce que la SPVM ou la SPVL vous ont parlé d'un réseau qu'ils cibleront?
Mme
Charlebois
:
On va procéder en anglais.
Mme Plante (Caroline)
:
Mrs. Charlebois, how much will the report cost?
Mme
Charlebois
:
How much the report is going to cost? I cannot tell you that today.
Mme Plante (Caroline)
:
How much will you pay?
Mme
Charlebois
:
I don't have the information for now. What is important? Is it the money or the
girls?
Mme Plante (Caroline)
:
Why do we need a report?
Mme
Charlebois
:
Because… It's not a report, it's a verificator that is going to examine all the
procedures and the processes that happen in Laval just
to make sure that everything was respected, and, if it is, it's going to make
us have a good reflection with «les DPJ et les directeurs d'établissement», because it's going to be information that we're going to have, you
know.
Mme Plante (Caroline)
: You're saying your department can't get access to that information otherwise, that you don't have
that information?
Mme
Charlebois
: Well, I want independent people to make all the research on that.
Mme Plante (Caroline)
: Why?
Mme
Charlebois
: Because I want to make sure about all the information.
Mme Plante (Caroline)
: How would you describe the situation in Laval right now?
Mme
Charlebois
: You mean what by «describe»?
Mme Plante (Caroline)
: How would you qualify the situation? Mr. Coiteux was saying it's an emergency. What's happening in
Laval?
Mme
Charlebois
: Well, you know, there's five girls that went out and that we lost,
and we have to make sure that all the girls that go at DPJ, they are
sufficiently protected, so that's why we're working on it. We're announcing
things today to make sure that… we're doing already a good job, but we want to
make better… we want to do better, so we need to improve and we're working on
it, and that's about the announcement of today.
M. Coiteux : One case is one case too many, but we've had five cases in Laval
now, so we have to make sure… we want to make sure that everything is being
applied correctly. Maybe it's applied correctly, but we want to check it very
thoroughly.
M. Hicks (Ryan) : Is it safe? Is the Laval group home safe?
M. Coiteux : Yes, it is safe, but the problematic that we face is a very complex
one that has to be addressed using different tools. So one thing is verifying
that the current norms and tools are adequately…
Mme
Charlebois
: …used and, after that, maybe we can regard the tools and…
M. Coiteux : But that's not the end of the story. That's not the end of the
story…
Mme
Charlebois
: That's right. That's evolution.
M. Coiteux : …and this is why we've announced this morning several steps, one
step which is immediate, which starts today, another one which will being held
in the next days, and we have a more global intervention plan in preparation
that we will make public in the coming weeks.
M. Hicks (Ryan) : Now you're appointing an auditor to make sure the processes have
been followed. If there was a doubt that the processes weren't being followed,
why not just close down the group home right now?
Mme
Charlebois
: Because that's not needed. It's not needed. We want to make sure
that everything was done correctly and maybe, if there are some things that we
should look after, we're going to look after it, and if not, we're going to
know that still the step two, that I'm asking all the DPJ to come and discuss
about the way we are doing things in Québec. Maybe because it's over, it's more… it's not only Laval, we're
talking about young girls in all the Québec Province, you know. That's what I'm concerned about.
So I just want to make
sure that we can improve our ways to do. Because eight years ago, if you
remember, there was — we say in French, encadrement intensif — intensive…
I don't know how to say it. Confinement intensive…
M. Hicks (Ryan) : I don't know.
Mme
Charlebois
:
…something like that, but, you know what…
M. Hicks (Ryan) : We'll look it up.
Mme
Charlebois
:
…it was intensive, now it's total liberty. Maybe we can look for something
in-between, you know, and maybe there are some other ways to do with the girls.
That's what we're thinking about.
Mme Plante (Caroline) : Would you have reviewed the process, had there not been a crisis in
Laval? Would you have…
Mme
Charlebois
: Well, I'm opening the law in the next week, so we have to think
about everything that we have to think.
M. Coiteux : We were actually already in the process of revisiting our approach.
We were already working a global intervention plan. We were working on that,
right? But now we have something that is specific to what's going on in Laval
right now, right now, which doesn't mean that Laval is not correctly doing its
job. It doesn't mean that, but we just want to make sure that our current
approach is correctly applied in our youth centers and we start with Laval
because we had so many cases in Laval recently.
But we want to question
with an open mind our current approach. This is what exactly Lucie is saying
here. But the intervention plan, which is more global, which addresses the
question in a more thorough manner, we're working on it and we were already
working on it before what happened.
M. Hicks (Ryan) : What level of access to the social medias do young people have in
these group homes? Do they have access to the Internet inside every group home?
Mme
Charlebois
: Nothing, nothing. No, it's when they get outside.
M. Hicks (Ryan) : No. So it's outside. OK.
Mme
Charlebois
: And that's about all the circulation.
M. Hicks (Ryan) : And you were talking how…
Mme
Charlebois
: They don't have their phone, they don't have anything inside.
M. Hicks (Ryan) : You said that you don't want this to be political, but the reality
is that this is being made political by the Oppositions.
Mme
Charlebois
: That's their problem. I don't want to work like that. I want to
work for the little women of the Québec and their families.
M.
Bellerose (Patrick) : M. Coiteux, juste une dernière question en
français, une précision. Dans le portrait que le SPVM et le SPVL vous ont fait
de la situation au centre de Laval, est-ce qu'on a confirmé qu'il y avait un
réseau qui ciblait le Centre jeunesse de Laval via les médias sociaux?
M. Coiteux : Bien, en ce qui
concerne le centre de Laval, c'est plutôt avec la police de Laval que j'ai eu
une conversation plutôt qu'avec le SPVM. Non, on ne parle pas de réseau. La
problématique, ce n'est pas la seule d'ailleurs, mais une problématique
importante pour les services policiers, ce sont les récidives. Les récidives
mobilisent des ressources extrêmement importantes parce que chaque cas doit
être traité comme une atteinte grave à la sécurité de la personne et c'est tout
à fait comme ça que ça doit être d'ailleurs. Il y a des cas de récidives
multiples qui sont extrêmement problématiques de ce point de vue là.
Alors, ça, c'est un des problèmes, mais
au-delà de ça, il faut faire collaborer tout le monde entre eux, et ce n'est
pas seulement que la collaboration entre les corps policiers, c'est la collaboration
entre tous les intervenants qui vont nous aider, évidemment, à... On
n'éliminera jamais en totalité un problème, mais à le minimiser au maximum, et
c'est ce à quoi on va travailler au cours des prochains jours.
M. Bellerose (Patrick) :
Donc, le Centre jeunesse de Laval n'est pas ciblé par un réseau de proxénètes
en particulier.
M. Coiteux : Il y a plusieurs
personnes qui sont impliquées là-dedans, malheureusement, et il faut les
attaquer de toutes les façons possibles et imaginables, y compris du côté
policier. Merci.
Mme
Charlebois
:
Merci.
(Fin à 11 h 46)