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Point de presse de M. Jean-François Lisée, porte-parole de l'opposition officielle en matière de services sociaux, de protection de la jeunesse, de soins à domicile, de santé publique et de prévention, Mme Carole Poirier, porte-parole de l'opposition officielle en matière de condition féminine, et M. Pascal Bérubé, porte-parole de l'opposition officielle en matière de sécurité publique

Version finale

Tuesday, February 9, 2016, 13 h 30

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Treize heures trente-quatre minutes)

M. Lisée : Bonjour. Nous sommes ici aujourd'hui pour réagir au point de presse que le ministre de la Sécurité publique et la ministre responsable des centres jeunesse ont donné ce matin et pour vous dire, comme beaucoup de gens, je suppose, qui ont suivi ça, notre déception face à la pénurie de mesures, la pénurie d'actions, la pénurie de sensibilité à l'urgence. Donc, on est très déçus de la très faible réaction que les deux ministres ont apportée ce matin. C'est un débat qui court depuis plusieurs années et depuis quelques semaines en particulier. On se serait attendus à une réaction plus ferme, plus détaillée, avec des moyens. Et on va vous décliner, là, ce qui aurait dû se faire et rapporter quelques informations complémentaires, d'abord avec ma collègue Carole Poirier, qui est responsable de la condition féminine.

Mme Poirier : Alors, notre déception est encore plus forte, ce matin, lorsqu'on entend la ministre annoncer des mesures qui auraient pu être annoncées il y a maintenant deux ans, à preuve un calendrier, qui vous sera distribué, des travaux qui avaient été établis dans le cadre d'un plan d'action pour contrer l'exploitation sexuelle.

Alors, le plan, il est là, il est très clair. Et, on le voit bien, là, c'est un plan qui vient déterminer les actions pour mener à un plan d'action interministériel.

Alors, quand la ministre nous dit, ce matin, qu'elle vient d'avoir une bonne idée d'avoir un plan d'action interministériel, tout était là il y a deux ans. Ils se sont traîné les pieds, ils ont laissé les travaux sur la table, ils n'ont pas agi. Alors, aujourd'hui, le résultat, on le voit bien, c'est des petites filles qui ne sont pas protégées et qui sont les victimes de nos proxénètes qui agissent sur le terrain d'une façon... avec une impunité assez incroyable.

M. Bérubé : Bonjour. Au plan policier, il faudra bien plus qu'un comptable pour lutter contre l'exploitation sexuelle. Et, en ce sens, le SPVM a envoyé un message très clair, dans un rapport, qu'ils ont besoin d'une escouade mixte de police avec Montréal, avec Laval, avec Longueuil, avec d'autres corps de police pour faire en sorte de lutter convenablement contre l'exploitation sexuelle. Et le ministre de la Sécurité publique, il a rencontré le SPVM. Je suis convaincu que cette question-là a été abordée, elle est importante.

Moi, je me serais attendu ce matin, comme porte-parole en sécurité publique — et je pense que c'est partagé par mes collègues et par le public — qu'on annonce des moyens financiers à la disposition des policiers pour faire face à une menace qui est réelle, qui est organisée et qui est préoccupante pour l'ensemble de la population du Québec.

Alors, pas de moyens financiers annoncés pour les corps de police. Le SPVM essaie de faire face à la musique, mais c'est aussi Laval, il faut le dire, puis c'est Longueuil, et c'est d'autres régions aussi. Alors, lorsqu'il y a des situations hors du commun, ça prend des moyens hors du commun. Et, en ce sens-là, la revendication du SPVM à l'effet d'avoir une escouade mixte régionale dans la région métropolitaine, elle est sensée et elle est pertinente dans les circonstances. Alors, je présume que le ministre de la Sécurité publique ira plaider au Conseil du trésor les moyens nécessaires pour faire face à cette menace.

M. Lisée : Alors, troisièmement, sur les centres jeunesse, la ministre responsable, ce matin, a dit que les 20 millions de compressions budgétaires annuelles n'avaient eu aucun impact sur les services. Alors, ça, c'est vivre dans le déni, hein? Elle n'a qu'à parler, comme on le fait régulièrement, à des intervenants sur le terrain pour dire que le taux d'encadrement a baissé. D'ailleurs, le taux de roulement des professionnels dans les centres jeunesse est très élevé, justement parce que la charge est très lourde, le nombre de signalements augmente, les budgets sont réduits. Alors, si le gouvernement est sérieux lorsqu'il dit qu'il veut s'occuper correctement des jeunes vulnérables dans les centres jeunesse, il devrait annoncer l'annulation de cette coupure de 20 millions de dollars.

Alors, pour résumer, donc, ce que Carole vous indique, c'est que, lorsque le gouvernement est arrivé au pouvoir, il y avait sur sa table un plan de travail l'amenant, en décembre 2014, à la mise en oeuvre de mesures contre l'exploitation sexuelle des jeunes, des jeunes femmes. En avril, il y a eu une décision du nouveau gouvernement d'arrêter de travailler. C'est ça qui s'est passé. Ils sont arrivés, il y avait ça sur la table, ils ont arrêté de travailler. Ils avaient une demande, du SPVM, de fonds pour créer immédiatement une unité mixte sur l'exploitation sexuelle, ils ont dit non, ils ont coupé de 20 millions les centres jeunesse, ils ont coupé de 20 % les subventions aux organisations terrain qui s'occupent des jeunes qui sont aux prises avec les gangs de rue.

Alors, ce matin, on se serait attendus à ce qu'ils disent : Plus d'argent pour les centres jeunesse, plus d'argent immédiatement pour le SPVM pour répondre à un besoin qu'il a exprimé il y a un an et demi, plus d'argent pour les organisations sur le terrain, qu'on a coupées. Eh non! Ils envoient un vérificateur, ce qu'ils auraient dû faire depuis une semaine, ils disent : On va réfléchir, on va réfléchir. Alors, c'est non seulement décevant, ce n'est pas responsable. Ils sont responsables d'avoir pris les mauvaises décisions depuis deux ans.

Alors là, c'est le temps de changer de cap immédiatement, pas d'y réfléchir. Merci.

M. Chouinard (Tommy) : Justement, vous parlez d'une pénurie de mesures, là, ils vont réfléchir. Qu'est-ce qui devrait être fait pour améliorer l'encadrement des jeunes, des adolescents dans les centres jeunesse?

M. Lisée : Bien, ce qui est certain, c'est que, sur la question des moyens, hein... les intervenants en centres jeunesse disent : On n'a pas suffisamment de moyens, donc redonnez-leur au moins les moyens qu'ils avaient avant votre arrivée, puisque vous avez réduit leurs moyens.

Deuxièmement, les centres de femmes, les organismes, les OSBL, sur le terrain, qui s'occupent d'encadrer, enfin, d'empêcher les gens... les jeunes d'aller dans les gangs de rue, leur financement a été coupé; redonnez-leur le financement. Puis surtout, bien, ce que vous auriez dû faire, c'est-à-dire terminer le travail, bien là dites que, de façon accélérée, vous allez, après avoir perdu deux ans, accélérer le travail. Ce n'est pas sorcier, là. Je veux dire, c'est sûr que ça prend plus de polices contre les proxénètes, ça prend plus d'intervenants pour aider les jeunes filles, ça prend plus de gens sur le terrain pour les sortir des griffes des gangs de rue.

M. Chouinard (Tommy) : Mais tout l'enjeu dont on parle beaucoup, là, les portes qui sont, finalement, là, déverrouillées pour assurer l'allée de circulation, l'histoire des téléphones cellulaires qu'on doit remettre à l'établissement, mais qu'une jeune fille peut récupérer dès qu'elle sort du centre jeunesse, là, est-ce qu'il y a moyen de faire quelque chose de ce côté-là aussi?

M. Lisée : Bien, nous, notre position, c'est qu'il faut reprendre cette discussion-là... qu'en 2007, parce qu'il y avait eu des abus dans la restriction de la liberté des jeunes, on a pris une décision à l'Assemblée nationale, collectivement, qu'on allait privilégier la liberté. Alors là, ça fait sept ans, puis là on se rend compte que le pendule est peut-être allé trop loin. Alors, comment retrouver un équilibre? Bien, il faut en discuter. Je ne pense pas qu'il faille fermer les portes à tout le monde. Il faudrait sans doute regarder les gens qui ont fugué plus d'une fois, il faut se poser ces questions-là ouvertement, ramener la Commission des droits, ramener les intervenants, ramener les directeurs et dire rapidement : Ayons une conversation là-dessus et voyons s'il faut changer le cadre réglementaire ou même légal. Mais là l'urgence absolue, c'est de remettre les moyens là où les besoins sont.

M. Bérubé : Si je peux me permettre d'ajouter un élément, mais qui n'est pas directement lié, mais j'ai oublié de l'évoquer tout à l'heure, sur la question de l'information policière. Je tiens à le dire — je n'ai pas eu l'occasion d'être à Montréal hier : C'est important qu'il y ait un message clair et cohérent du gouvernement. Le changement de titulaire de la Sécurité publique était, selon moi, entre autres, pour s'assurer d'avoir une meilleure cohérence. Lorsque j'ai entendu la ministre Charlebois indiquer qu'elle avait des informations quant à une infiltration au Centre jeunesse de Laval, et que le ministre de la Sécurité publique est obligé de dire que ce n'est pas le cas le lendemain, ce n'est pas de nature à rassurer le public ni les intervenants. Je tiens à dire, comme porte-parole de la Sécurité publique, parce que c'est important : On a déjà été réuni dans la même salle parce qu'on devait réagir à de la confusion qui était envoyée de la part du gouvernement quant aux questions de Sécurité publique, et, comme c'est extrêmement sensible, j'invite le gouvernement à écouter davantage ce qu'entre autres le SPVM a dit... a à dire, et ça ira beaucoup mieux pour la suite des choses.

M. Gagné (Louis) : Vous faites un lien entre les coupes de 20 millions dans les centres jeunesse, la coupe de 20 % dans le plan de lutte aux gangs de rue. Vous déplorez l'absence de nouvelles mesures financières pour aider les policiers. Dans le fond, c'est une façon de dire que les mesures d'austérité, selon vous, se font au… que les jeunes filles font les frais des mesures d'austérité. Est-ce que vous irez jusqu'à dire ça?

M. Lisée : Bien, écoutez, pas seulement, hein? Les enfants en CPE, les enfants en difficulté dans les écoles, dans les écoles secondaires, maintenant, même, les coupes dans les budgets qu'on avait prévus contre les moisissures dans les écoles, il y a beaucoup de gens qui sont des victimes. Mais le premier ministre avait dit, dans son discours d'ouverture, qu'il allait porter une attention particulière aux plus vulnérables. Bien, les plus vulnérables, c'est aussi les jeunes qui sont dans les centres jeunesse. Et tout de suite après avoir dit ça, dans le budget qui est arrivé, il les a coupés de 20 millions.

Et je vous ferai remarquer que les directeurs régionaux de la protection de la jeunesse, qui sont des hauts fonctionnaires qui, d'habitude, ne parlent pas, étaient sortis à ce moment-là pour dire qu'ils étaient très inquiets, que ces coupes allaient entamer leur capacité à agir correctement. On ne les a pas entendus depuis. Pourquoi? Parce que la réforme Barrette a dissous leur association, dissous leur association. Alors, c'est l'omerta, là, dans le système de la santé.

Et je pourrais ajouter que, plutôt que de s'occuper, et même avec des budgets réduits, de leur mission, bien, ils ont passé l'année à être fusionnés dans les CISSS et les CIUSSS. C'est-à-dire que tous les gestionnaires des centres jeunesse, au lieu de s'occuper de leur mission, se sont occupés de savoir à qui ils parleraient, qui seraient leur… où seraient leurs bureaux, comment ça fonctionnerait. Alors, c'est aussi… Ça a nui. Bien sûr que ça a nui. Et nous, nous étions, avec eux et avec les syndicats des centres jeunesse, favorables à l'autonomie des centres jeunesse. Ils n'auraient pas dû être fusionnés avec les CISSS et les CIUSSS, puisqu'ils ont une loi habilitante, ils ont une responsabilité légale envers les jeunes. Ce n'est pas la même chose.

Mme Poirier : Puis les coupures qu'il y a eues dans le programme sur l'exploitation sexuelle pour les adolescents, c'est une coupure importante. Ce sont une quinzaine d'organismes qui agissaient sur le territoire du Québec en prévention, justement, auprès des jeunes filles pour faire de l'éducation auprès de celles-ci et faire en sorte qu'elles ne tombent pas dans le piège. Alors, en coupant ce programme-là, bien, on est venus tout simplement alimenter les proxénètes en leur donnant le bar ouvert.

M. Lisée : Je vais donner un exemple, parce qu'on les rencontre sur le terrain. Alors, ce sont des groupes qui ont des petits moyens, et ils vont dans les écoles secondaires, ils vont rencontrer les filles, ils leur donnent de l'information. Les gars aussi, ils les occupent, disent : N'allez pas dans les gangs, c'est pas mal plus le fun de venir faire du basketball, c'est pas mal plus le fun de faire des arts plastiques, c'est pas mal plus le fun, ce qu'on organise pour vous. Ça ne coûte pas cher. Ça a été coupé de 20 % la première année, et, cette année, on n'a pas les chiffres, mais les organismes nous disent : On a été coupés encore davantage. C'est peut-être de 50 %, de 75 %, peut-être de 100 %.

Mme Plante (Caroline) : But you're saying that the Government is on the right track when it says it wants to review the free-circulation policy in group homes. Do we lock the doors? Do we allow them to circulate freely? You're saying : It is something that we should be reflecting on.

M. Lisée : We need to have this discussion. And, clearly, the track record that we've had in the seven years since we decided to just leave the doors open must lead us to say : Well, maybe we went too far on the way… and we have to find a new equilibrium.

Now, that being said, every other measure that this Government has taken since they came to power was counterproductive, went in the… was on the wrong track. They had, on their table, a work in progress to try to manage this issue head on, they just made the political decision to stop working on the issue and they cut the youth center $20 million, they cut the ground roots… grassroots organizations who work on that by at least 20%. And they refuse the request of the Montréal police to create a joint unit with Laval and Longueuil to handle specifically this problem of youth prostitution.

Mme Plante (Caroline) : What do you think of the timing of today's announcement?

M. Lisée : I think they're in panic mode. Now, I don't mind panic when it leads to action, OK? And, clearly, they've been out of step with a reality that they should have dealt with when they came in. Now, there's a great mediatisation of this issue. Well, thank God if it pushes them to act. But, today, I would have expected them to act, and they did almost nothing, they didn't say that they would refund… they didn't say that they would leave the Montréal police to create this unit that they've been asking for almost two years. They didn't say anything of the sort. They say : We'll send someone to look at the situation in Laval. Well, that's the least, they could have done that last week, I mean, it was in the news last week. And they say : We're going to talk about the rest. Well, enough talk; action, that's what is needed now.

Des voix : Merci.

(Fin à 13 h 47)