(Quinze heures trente-sept minutes)
M.
Bonnardel
:
Bonjour. Écoutez, la saga Anticosti et les contradictions du premier ministre
sur le dossier continuent depuis qu'il a dit non à l'exploration et peut-être
exploitation d'hydrocarbures sur Anticosti. On sait qu'il a dit que le projet
était la faute du Parti québécois. Pourtant, les affirmations, ce matin, les éléments
nous confirment que M. Charest et son chef de cabinet, M. Gagnier,
Dan Gagnier, étaient déjà à préparer un partenariat avec Corridor Resources,
avec Junex, avec Petrolia. Donc, contradiction déjà flagrante entre ce que... le
premier ministre, qui disait : Moi, je n'étais pas au courant de ce
dossier, c'est le Parti québécois. Donc, une demi-vérité.
Et vous avez aujourd'hui... et surtout,
juste avant, un bris de contrat majeur, un bris de contrat majeur. Des éléments
graves, briser un contrat, un très mauvais message qu'on envoie à l'international
pour attirer des investisseurs potentiels pour développer le Plan Nord. Et là, aujourd'hui,
bien, vous avez un journaliste, Mathieu Boivin, de Cogeco, du FM 93, qui
pose une question fort simple à l'attaché de presse, donc au principal porte-parole
du premier ministre, à savoir : Peux-tu me dire — en parlant de
M. Couillard — s'il est allé à la pêche ou à la chasse sur l'île
d'Anticosti et, le cas échéant, à combien de reprises? Bien, la réponse, c'est :
Aucune. Pourtant, pourtant, le livre The Man Behind the Bow Tie de
l'associé de M. Couillard du temps, M. Arthur Porter, lui, confirme,
dans ce livre, et je vous lis la traduction française : «Une fois, on est
allés au Nouveau-Brunswick pêcher le saumon. Une autre fois, lui et moi avons
voyagé par hélicoptère à l'île d'Anticosti[...]. Couillard et moi avons partagé
une cabane en bois rond.» Ça, c'est ce que l'associé de Philippe Couillard, Arthur
Porter, a dit. Alors, qui dit vrai?
Et l'élément qui me vient, la première chose
qui me vient en tête, c'est : Est-ce que Philippe Couillard veut protéger
son territoire de chasse ou de pêche au détriment d'un possible développement
d'hydrocarbures sur Anticosti? Alors, qui dit vrai aujourd'hui, son associé
Arthur Porter ou son attaché de presse?
Mme Lajoie (Geneviève) :
Donc, selon vous, vous accordez donc plus de crédibilité à Arthur Porter qu'au premier
ministre du Québec?
M.
Bonnardel
:
Bien, je pense que le premier ministre a à répondre aujourd'hui. Cette saga
doit cesser. Je veux comprendre d'où vient son obsession, au premier ministre,
à dire non à l'exploration, d'aller minimalement au bout de ce contrat avec ces
sociétés parce que c'est majeur, de briser ces contrats. Donc, d'où vient son
obsession? Puis c'est au premier ministre à répondre si, oui ou non, il est
allé sur Anticosti. Puis pourtant son associé, lui, dit oui.
M. Lavallée (Hugo) : Est-ce
que ce n'est pas un peu tiré par les cheveux de dire qu'il voudrait annuler le
contrat juste pour protéger son territoire? Parce qu'il y a des milliers de
Québécois qui sont contre l'exploitation, puis, probablement, ne sont jamais
allés, puis n'iront jamais à la pêche ou à la chasse là-bas, c'est... On peut
être contre l'exploitation des hydrocarbures dans un milieu comme ça. C'est un
peu... Vous lui prêtez des intentions, là.
M.
Bonnardel
:
Bien, vous savez, si M. Couillard n'est jamais allé, il faudrait qu'il
nous explique pourquoi son ancien associé, lui, dit le contraire. Est-ce qu'il
est allé deux fois, trois fois? Je pense qu'aller sur Anticosti, ça coûte à peu
près 1 500 $ par personne pour se rendre là-bas. Bien, moi, je serais
intéressé à savoir si, oui ou non, il est allé plusieurs fois dans les
dernières années, si son obsession de sauver Anticosti est due au fait qu'il va
à la pêche plus souvent qu'autrement sur l'île, et tout ça au détriment, là,
d'un contrat dûment signé, et tout ça contrairement au fait qu'on souhaite minimalement
aller au bout de ce contrat pour possiblement un jour se dire : Au-delà de
l'exploration, il y aura peut-être exploitation.
Mme Lajoie (Geneviève) :
Vous, personnellement, M. Bonnardel, êtes-vous déjà allé sur Anticosti?
M.
Bonnardel
:
Jamais, jamais.
M. Robillard (Alexandre) :
Puis, qu'est-ce qui... Qu'il soit allé une fois, deux fois ou trois fois, selon
vous, ce serait des sources de conflit d'intérêts?
M.
Bonnardel
:
Est-ce que M. Couillard est allé plus qu'une fois? C'est à lui à répondre.
Deuxièmement, deuxièmement, vous le savez, depuis deux semaines, là, on
cherche, là, on cherche à quelque part dans son cerveau ce qui a pu débloquer.
D'où vient cette obsession de soudainement dire : Le contrat, je le brise,
c'est la faute du PQ? Ce n'est pas la faute du PQ, la preuve, ce matin, on l'a,
là : Dan Gagnier, le chef de cabinet de Jean Charest, était déjà à
préparer une entente, un partenariat avec ces compagnies. De quel droit un
premier ministre peut envoyer un message aussi mauvais à l'international et de
dire : Moi, là, ce qui a été signé, je m'en fous. Bien, je m'excuse, là,
si, à quelque part, on lui pose une question qui peut paraître banale... Moi,
ce n'est pas banal. Je veux savoir si, pour lui, Anticosti, c'est plus important
que l'exploration.
M. Robillard (Alexandre) :
Mais qu'est-ce qu'il se serait passé, selon vous, à Anticosti, lors de ce
déplacement-là, qui viendrait interférer dans sa décision de...
M.
Bonnardel
:
Écoutez, il est peut-être tombé en amour avec ce territoire, là, il faudrait
lui poser la question. Est-ce que... C'est peut-être la plus belle pêche qu'il
n'a jamais faite de sa vie. Moi, j'essaie de comprendre, là, j'essaie de
comprendre l'obsession puis j'essaie de trouver des réponses. Puis, face aux
non-réponses puis aux contradictions qu'on a face au message qu'il envoie et la
vérité, bien, je pense que les Québécois ont le droit de savoir.
M. Robillard (Alexandre) :
Donc, il y aurait une relation avec l'île?
M.
Bonnardel
:
Amour-pêche, peut-être? Il faudrait lui poser la question, là.
M. Bellerose (Patrick) : Donc,
pour vous, l'histoire de Dan Gagnier et de M. Porter, si c'est avéré,
ferait partie d'un pattern de cachotteries par rapport à Anticosti, c'est ce
que je comprends.
M.
Bonnardel
:
Bien, c'est un paquet de contradictions et de demi-vérités, là, qu'on envoie
aux Québécois, là. C'est quand même un dossier important. On a mis 115 millions
de dollars, là, 115 millions. J'ai toujours dit : On n'est pas là
pour bulldozer le Québec, on n'est pas là pour bulldozer Anticosti, mais quel
mauvais message qu'on envoie aux gens à Tokyo, à Singapour, à New York, à
Chicago! Toutes ces firmes d'investissement, là, que nos sociétés d'exploration
vont rencontrer pour se dire : Aïe! J'ai un contrat signé. Me passes-tu de
l'argent? Regarde, le papier du premier ministre, c'est signé. Et là...
Écoutez, j'ai été porte-parole aux
ressources naturelles. On m'a dit : You're from Québec? Out of the radar. On ne veut
plus investir au Québec ou presque. La parole du premier ministre ou la
parole... Un contrat vaut quoi aujourd'hui?
Donc, on veut comprendre l'obsession du premier
ministre, puis, dans ces conditions, je pense que la question se pose aujourd'hui.
M. Bellerose (Patrick) : Vous
mettez sur un pied d'égalité le premier ministre et un fraudeur mégalomane.
M.
Bonnardel
:
Bien, vous savez quoi? L'homme a écrit un livre. Puis ça a été son associé. Le premier
ministre, là, a été associé avec Arthur Porter. Ça, c'est vérifié. Alors, que
le premier ministre sorte et qu'il nous confirme si M. Arthur Porter est
un menteur ou non.
M. Authier (Philip)
:
Mais ce monsieur-là est connu comme un criminel. Alors, vous prenez la parole
de M. Porter à la place de la parole de M. Couillard, qui a nié, il y
a cinq minutes, qu'il n'a jamais mis le pied sur l'île?
M.
Bonnardel
: C'est
son attaché de presse qui a dit : Oh que non!
M. Authier (Philip)
:
Mais son attaché de presse, c'est lui, ça, non?
M.
Bonnardel
:
Bien, je m'attends, moi, à ce que...
M. Authier (Philip)
:
Ce n'est pas assez pour vous, ça?
M.
Bonnardel
:
Non. Je m'attends à ce que le premier ministre lui-même sorte et nous dise...
M. Authier (Philip)
:
O.K. Mais pourquoi donnez-vous autant de crédibilité à un criminel qui a
écrit...
M.
Bonnardel
:
Bien, cet homme a écrit...
M. Authier (Philip)
:
Puis il y a beaucoup d'éléments dans ce livre-là qui ont été questionnés.
M.
Bonnardel
:
Bien, vous savez, oui, ça peut être un criminel, comme vous le dites, là, mais,
quand le gars prend le temps d'écrire son voyage de chasse et de pêche au
Nouveau-Brunswick, et que par la suite il a pris un hélicoptère pour se rendre
sur Anticosti, et que par la suite il a bien pêché, qu'il a bien mangé, qu'il a
habité dans une petite... «cabin», qu'on appelle, bien là il y a des limites à
inventer des histoires, là. Alors, moi, je veux juste... ce qu'il a dit
là-dedans, bien, que le premier ministre le confirme ou non, et, s'il a menti,
bien là je croirai le premier ministre. Mais là on a quand même inventé plus
qu'une petite histoire de pêche, là.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Donc, selon vous, c'est vrai, ce qu'il y a dans le livre?
M.
Bonnardel
:
Bien, cette portion, que le premier ministre la confirme.
M. Lavallée (Hugo)
:
Mais c'est votre seule source, là, si je comprends. Vous n'avez pas d'autres
éléments qui vous portent à croire que le livre est...
M.
Bonnardel
:
Non, parce que... Bien là, écoutez, M. Couillard, on le sait très bien,
là, a pêché plus souvent qu'autrement avec son ex-associé, le défunt monsieur,
mais qui...
M. Bellerose (Patrick) : Quel
intérêt M. Couillard aurait à mentir sur ce voyage de pêche là à
Anticosti?
M.
Bonnardel
:
Bien, je m'attends juste à ce qu'il confirme lui-même.
M. Bellerose (Patrick) : Pourquoi
est-ce qu'il mentirait? C'est ça, la question.
M.
Bonnardel
:
Bien, pourquoi est-ce qu'il mentirait? Moi, je m'attends à... Bien, premièrement,
s'il nous dit que ce qu'il y a d'écrit dans ce livre ou cette portion du livre
est fausse, bien, on fermera le dossier, on fermera le dossier.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Et, si on apprend qu'il est allé sur Anticosti, là, pour vous, ça veut dire
quoi?
M.
Bonnardel
:
Bien, qu'il nous confirme... Puis je vous dis, s'il est allé sur Anticosti...
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Mais qu'est-ce que ça veut dire en lien avec le projet?
M.
Bonnardel
:
Bien, premièrement, c'est un amour, peut-être, du territoire, là. Il faudrait peut-être
lui poser la question. On le sait tous, là, que M. Couillard aime la
pêche. Bon, bien, à part aller pêcher en Gaspésie pour le bon saumon ou sur
Anticosti, peut-être qu'il est tombé en amour avec l'île et que soudainement il
s'est dit : C'est impossible, moi, que je développe ou que j'aille au bout
de cette exploration pour des raisons amour-pêche sur Anticosti. C'est
peut-être la seule raison. Je ne sais pas, j'essaie de trouver l'obsession,
j'essaie de trouver le message, j'essaie de trouver pourquoi un premier
ministre du Québec a envoyé un message aussi négatif, aussi fort aux
investisseurs ailleurs dans le monde. C'est ça, le message, là. Au-delà de son
obsession, là, de dire non à Anticosti aujourd'hui, il a envoyé un message
partout aux firmes d'investissement, aux sociétés québécoises, canadiennes en
disant : J'ai un contrat signé? Je le déchire. Mais ça veut dire quoi, ça,
au Québec? Alors, voilà.
La Modératrice
: Merci
beaucoup.
(Fin à 15 h 46)