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Point de presse de M. Alexandre Cloutier, porte-parole de l'opposition officielle en matière d'éducation, de recherche et de persévérance scolaire

Version finale

Thursday, February 11, 2016, 11 h 18

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures dix-neuf minutes)

M. Cloutier : Alors, bonjour à vous tous. Alors que la réussite scolaire devrait être la réelle priorité du gouvernement du Québec en matière d'éducation, force est de constater que le gouvernement agit exactement en sens inverse. Je veux simplement rappeler que le Québec, de façon historique, a un retard important quant à la réussite de nos jeunes, quant au taux de diplomation. Lorsqu'on se compare, par exemple, avec l'Ontario, ce qu'on réalise, c'est qu'il y a plus de 80 % des jeunes Ontariens qui atteignent l'âge de 20 ans, avec leur diplôme d'études secondaires, alors qu'on est environ à 70 % ici, au Québec. Il faut absolument augmenter notre taux de diplomation, il faut absolument réussir davantage.

Or, on s'était donné une stratégie, une approche au Québec. Et la philosophie qu'on avait décidé d'instaurer en place, c'était que non seulement l'école devait se doter de moyens pour assurer la réussite des élèves, mais le milieu devait également se mobiliser. Ça a d'abord commencé au Saguenay—Lac-Saint-Jean avec une instance régionale de lutte au décrochage scolaire qu'on a appelée le CREPAS. Et ensuite, petit à petit, ça s'est installé partout à travers le Québec, de sorte que, jusqu'à tout récemment, il y avait, dans chacune des régions du Québec, une instance régionale qui avait pour objectif de mettre en place des mesures pour lutter contre le décrochage scolaire.

Ce qui est arrivé récemment, les gestes qui ont été posés par l'ancien ministre de l'Éducation et le gouvernement libéral, c'est qu'on a décidé de couper dans le financement de ces instances. L'absence de financement s'est traduit par des réductions de personnel ou carrément la fermeture des instances régionales dans certaines régions du Québec. À chaque année, nous portons fièrement ce ruban de la persévérance scolaire pour souligner l'importance de la réussite de nos jeunes. Le problème, c'est que la semaine de la persévérance scolaire, elle est portée par ces instances régionales. Alors, dans certaines régions qui, par le passé, avaient accès à du financement, des activités, ce sont des centaines, voire des milliers de jeunes qui, cette année, n'auront pas accès aux différentes activités qui ont cours à la fois durant la semaine, mais aussi qui étaient mises en oeuvre par les instances régionales. Donc, la région de la Capitale-Nationale, il n'y a rien qui se passe, en Abitibi-Témiscamingue, dans la grande région de Laval, etc.

Ce qui me choque profondément, c'est que j'ai posé cette question-là le 24 septembre dernier au ministre de l'Éducation et je lui ai demandé qu'est-ce qu'il allait faire pour rétablir les budgets. Il s'est levé en Chambre, et vous avez tout ça dans la transcription de l'Assemblée nationale, il s'est levé en Chambre et il a dit : Vous pouvez compter sur moi, je vais rétablir l'ensemble des sommes. Et je me suis relevé par la suite et j'ai demandé : Est-ce que ça inclut les sommes des partenaires de ces instances-là? Est-ce que ça inclut les sommes des CLD? Est-ce que ça inclut les sommes des commissions scolaires? Est-ce que ça inclut les sommes des CRE? Et le ministre s'est relevé et a dit : Oui, on va rétablir l'ensemble des enveloppes. Or, cinq mois plus tard, il n'y a absolument rien qui a changé. Les instances qui avaient fermé sont encore fermées. Les activités qu'on avait dû mettre de côté sont encore mises de côté.

Et ce qu'il faut comprendre, au Québec, c'est que ce n'est vraiment pas le bon moment de baisser les bras pour la persévérance scolaire parce que, comme je vous disais tout à l'heure, on a un retard important.

M. Gagné (Louis) : C'est des coupes qui représentent quel montant, M. Cloutier?

M. Cloutier : Des dizaines de millions de dollars partout à travers le Québec. On a mis la hache dans le programme Réunir Réussir qui était en partenariat avec la fondation Chagnon. En décidant de sabrer ces sommes, le financement des instances régionales est tombé. Puis au même moment, comme le gouvernement a aboli les CLD, les CRE et les ententes spécifiques, qui étaient des partenaires pour le financement des instances régionales, ils ont vu leurs sources de financement, à partir de multiples sources, être réduites, ce qui a obligé la fermeture de plusieurs instances régionales.

M. Gagné (Louis) : Savez-vous s'il y a des instances qui ont été fermées dans des régions qui présentent un taux particulièrement élevé de décrochage scolaire? Est-ce que vous avez des exemples?

M. Cloutier : J'ai envie de vous dire que toutes les régions, malheureusement, présentent un taux de décrochage élevé. Vous savez, au Québec, on joue beaucoup avec les chiffres puis on aime ça parler de… On parle, par exemple, de 70 % pour les jeunes en bas de 20 ans. Mais ce qu'il faut comprendre, c'est qu'en bas de 20 ans, le 70 % auquel on fait référence ça inclut aussi les certifications, donc pas nécessairement l'obtention d'un diplôme d'études secondaires.

Le taux de diplomation au Québec est réellement problématique, et il faut absolument mettre les bouchées doubles pour améliorer la situation québécoise. Donc, parmi les moyens qu'on s'était donnés, c'était vraiment ces instances régionales de persévérance scolaire pour venir épauler.

Il faut comprendre aussi qu'il y a eu des succès. La raison pour laquelle on a copié le modèle du Saguenay—Lac-Saint-Jean, c'est parce que ça a marché. Soudainement, au Saguenay—Lac-Saint-Jean, on est passé d'une des pires régions du Québec pour l'obtention d'un diplôme à aujourd'hui la région qui réussit le mieux, puis c'est beaucoup en raison du fait que des gens se sont mobilisés et se sont donnés des moyens.

M. Vigneault (Nicolas) : En termes de chiffres, ça représente quoi, là? Je veux dire, vous êtes passés de quoi à quoi?

M. Cloutier : On pourra vous donner précisément le chiffre. Ça a commencé, de mémoire, en 1995, mais ça a vraiment explosé. En fait, le modèle du CREPAS est devenu un exemple international. Puis d'ailleurs je n'ai pas la plateforme du Parti libéral, peut-être qu'on pourra vous la donner, mais, dans la plateforme du Parti libéral, là, il y a une disposition qui concerne directement le CREPAS, où le premier ministre dit clairement : Ce que le Saguenay—Lac-Saint-Jean a fait, le modèle du CREPAS, ne sera pas juste soutenu, va être bonifié, amélioré. Ils en ont fait un engagement électoral à l'intérieur même de leur plateforme puis, quand ils sont arrivés au gouvernement, ils ont fait exactement l'inverse, ils les ont coupés. Si vous rentrez au CREPAS ou si vous les appelez, ils vont vous dire qu'ils ont perdu la moitié de leur monde. Heureusement, ils ne sont pas fermés encore, mais ils ont perdu la moitié de leur personnel. Quand tu coupes dans le personnel, tu perds l'expertise, tu perds le savoir-faire, tu perds l'énergie que tu as réussi à créer grâce au personnel que tu as formé au fil du temps, etc.

Mme Richer (Jocelyne) : Il y a un nouveau ministre de l'Éducation, là. Est-ce que vous misez sur lui pour avoir une nouvelle approche, réinvestir et donner une priorité à la persévérance scolaire?

M. Cloutier : Bien, en tout cas, on mise sur un gouvernement où on espère qu'ils vont respecter leur parole. C'est assez incroyable, là. Le ministre Blais s'était levé en Chambre, et je lui ai demandé si le budget allait être rétabli. Il a dit oui. Dans la mesure où il dit oui, tu t'attends à ce qu'effectivement ça va être le cas. Il parle au nom du gouvernement du Québec, mais finalement il n'y a rien de changé.

Ça fait que ce que j'essaie de vous dire, c'est que, si j'ai encore un oui de Moreau, est-ce que réellement ça va arriver? Je suis obligé de mettre en doute la parole parce que malheureusement il n'y a absolument rien qui a changé. Puis quand aujourd'hui vous avez entendu Fournier, le leader, lui, il a complètement rejeté ça du revers de la main, comme si l'ancien ministre Blais n'avait jamais rien dit.

M. Vigneault (Nicolas) : Il dit que les sommes ont, en fait, augmentées.

M. Cloutier : Bien, en fait, avec...

M. Vigneault (Nicolas) : Globales.

M. Cloutier : Avec respect, là, sincèrement, il ne connaît pas ce dossier-là. Moi, je parle des sommes des instances régionales, il m'a cité des sommes pour la persévérance à l'intérieur des écoles. Les instances régionales, là, ce n'est pas les programmes des écoles, c'est les organismes qui se prennent en main entre eux à l'extérieur des établissements pour accompagner les jeunes dans la réussite scolaire. Ça n'a rien à voir avec les budgets dans les écoles. De toute façon, on pourrait en parler longtemps des budgets dans les écoles. Est-ce que, dans les sommes qu'il vous a parlé, il a parlé de toutes les coupures qu'ils ont fait pour les services de professionnels, les orthopédagogues, psychoéducateurs? C'est des centaines de millions qui ont été coupés dans la dernière année. Ça fait que, bref, on peut jouer dans les chiffres comme on veut, la réalité, c'est qu'il y a la moitié des organismes ou presque qui sont fermés.

M. Gagné (Louis) : Est-ce que ça ne se pourrait pas que le gouvernement ait l'intention de réinvestir mais que ça soit seulement à partir du prochain budget qui va être déposé...

M. Cloutier : Oui, mais pendant ce temps-là, c'est des enfants qui n'ont pas accès aux programmes qui existaient avant. C'est des centaines de jeunes, des milliers, en fait, de jeunes qui n'ont pas bénéficié du service qui était offert. Puis en bout de course, je le rappelle, là, à quoi ça sert, tout ça? Augementer la réussite des élèves, ce n'est pas rien, là, tu es au coeur de la mission éducative puis de ce que devrait être la priorité du ministère de l'Éducation.

Mme Richer (Jocelyne) : Comment on explique l'indifférence du gouvernement? Il me semble que ça fait au moins 10 ans qu'on parle du décrochage scolaire au Québec comme une véritable tragédie nationale. Comment se fait-il qu'on en arrive encore à dire, bien : Il faut revendiquer pour avoir des budgets pour...

M. Cloutier : C'est hallucinant puis c'est l'obsession de l'austérité et leur incapacité à mesurer leur effet sur la colonne de chiffres lorsqu'ils gèrent le ministère de l'Éducation. Honnêtement, ce qu'ils ont dû faire, c'est qu'ils ont regardé le budget du ministère de l'Éducation, ils ont pris les centaines de millions de moins qu'ils devaient faire puis ils ont coupé à chaque colonne, mais ils ont oublié de penser que la colonne qui concernait les instances régionales de persévérance scolaire, en leur coupant le financement, ils fermeraient, ça leur empêcherait de faire leurs activités.

À mon avis, ils sont juste victimes de leur propre politique sur l'austérité, mais je suis persuadé qu'ils n'ont pas mesuré les impacts sur la persévérance scolaire puis là ils sont pris avec ça. Ce n'est pas pour rien, à mon avis, qu'en Chambre, Blais, quand on a mis le doigt sur le bobo, il a dit : Oui, effectivement, on va corriger la situation. Puis je me souviens même du premier ministre... si vous visionnez le vidéo, peut-être qu'on le voit, je me souviens du premier ministre qui s'était tourné vers son ministre Blais qui était en biais puis qui lui avait dit : Oui, ne crains pas, c'est important.

Alors, de toute évidence il y a un problème de double discours, où ils sont pris avec leurs coupures, puis en même temps ils avaient pris l'engagement de maintenir en place, voire même accompagner davantage. Puis ça, vous avez ça dans le programme du Parti libéral.

M. Dutrisac (Robert) : Peut-être sur un autre sujet, comment expliquez-vous le problème de recrutement à l'institut de recherche sur l'indépendance?

M. Cloutier : Sincèrement avec vous, j'ai lu l'article... Je n'ai pas de commentaire particulier à faire. Merci.

(Fin à 11 h 29)

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