(Dix heures quarante-trois minutes)
M. Lisée
: Alors,
bonjour. Nous avons écouté avec beaucoup d'attention la conférence de presse
qui a été donnée plus tôt aujourd'hui par le ministre Coiteux, la ministre
Charlebois. On est contents qu'il y ait du mouvement, mais il faut faire les
comptes. Ils ont annoncé aujourd'hui, sur cinq ans, 600 000 $ par an,
600 000 $ par an pour Laval, projet-pilote, à peu près
100 000 $, avec une embauche. Disons que ça va coûter
60 000 $, 70 000 $, il reste 30 000 $. Ce n'est
pas très impressionnant. Qu'est-ce qu'ils ont fait avant d'annoncer
600 000 $ par an? Bien, ils ont coupé 1,1 million de dollars par
an pour le programme de prévention et d'intervention en matière d'exploitation
sexuelle des adolescents. Juste sur ce programme-là de 1,1 million dollars
qu'ils ont coupé, qui aidait les associations sur le terrain à prévenir
l'exploitation sexuelle des jeunes, ils n'ont même pas rétabli ce programme-là.
Ils ont aussi coupé 20 millions de dollars par an dans les centres
jeunesse, ce qui a affecté la qualité de l'encadrement, la présence de
ressources, de psychologues et de pédopsychiatres, qui fait partie du problème.
Alors donc, on fait les comptes, là :
ils ont coupé 21,1 millions par an et aujourd'hui ils annoncent
600 000 $ par an pour cinq ans. Alors, on est loin du compte. Et il a
fallu, pour ce réinvestissement bienvenu, mais minime, une crise majeure, deux
semaines de médiatisation importante déclenchée par qui? Par des mères, par des
mères de Laval qui n'en pouvaient plus de voir leurs filles fuguer et que rien
ne fut fait. Et ensuite l'opposition officielle, bien sûr, les médias, les organisations,
tout le monde a dit : Écoutez, il faut faire quelque chose, et on a attiré
l'attention sur la décision politique de ce gouvernement, lors de son arrivée
en 2014, de ne pas prioriser ce sujet.
Alors, moi, lorsqu'on m'a annoncé ce matin
que deux ministres allaient faire une annonce, dont le ministre de la Sécurité publique,
je me suis dit : Bon, bien, écoutez, on va s'attendre à ce qu'il rétablisse
le 1,1 million de dollars par année pour les organismes terrain, ça, c'est
la moindre des choses. Je m'attends à ce que... puisque la ministre des
Services sociaux soit là, un réinvestissement dans les centres jeunesse pour
aider l'encadrement. Il n'en a pas été question. Je me serais attendu à ce que
le ministre de la Sécurité publique réponde à la demande répétée, encore
répétée la semaine dernière, du Service de police de la ville de Montréal pour
l'établissement d'une escouade mixte Laval-Montréal-Longueuil sur
l'exploitation sexuelle et la traite des femmes, il n'arrête pas de le
demander. Il demande des fonds pour faire cette escouade mixte. Le ministre
n'avait rien à dire là-dessus aujourd'hui.
Je me serais attendu aussi, puisqu'il a eu
plusieurs jours pour y penser depuis que la question a été posée la semaine
dernière, qu'ils nous disent : Je vous annonce qu'on va agir immédiatement
sur la publicité, par Internet ou autrement, des services sexuels, une
publicité qui est illégale, passible de cinq ans de prison depuis novembre
2014. Pour l'instant, on n'avait rien fait, mais là on s'est réveillés, j'ai
appris l'existence de ce problème la semaine dernière. On a bien vu que le
ministre Coiteux, lorsque mon collègue Pascal Bérubé lui a posé la question,
avait l'air un peu d'un orignal pris dans les phares d'une voiture. Bien, j'ai
pensé que peut-être qu'il était sorti de son hébétude et qu'il pouvait nous
annoncer aujourd'hui que, dans les jours qui viennent, une escouade de police
allait sévir contre cette publicité qui jette en pâture les jeunes Québécoises.
Alors, écoutez, je ne peux pas être contre
ce qui a été dit aujourd'hui, mais, encore une fois, deux constats : ça
prend une crise majeure pour que le gouvernement fasse un petit pas, et ce
petit pas là, il est vraiment beaucoup trop petit, il n'arrive pas à commencer
à réparer les dégâts que ce gouvernement a lui-même causés depuis qu'il est là,
spécifiquement sur ce dossier.
Alors, heureux qu'il y ait une sortie de
l'immobilisme qui dure depuis deux ans, déçu que cette sortie soit aussi timide,
et certainement pas à la hauteur du problème qui existe maintenant, et
certainement pas à la hauteur de la nécessité de bien protéger les jeunes
femmes du Québec.
Mme Johnson
(Maya) : Mr. Lisée, why do you describe
this as just a small step and not significant enough to really tackle this
problem?
M. Lisée
:
Well, let's simply look at the figures : $5 million over… $3 million
over five years, that means $600,000 per year. They have cut $1.1 million
per year for organizations on the ground that specifically prevent juvenile
prostitution. So, they cut $1 million, they give $600,000. They don't even
just shore up the program that they have themselves abolished, they cut $20 millions
per year in the youth centers, per year. They are not announcing anything to
give more resources to the people in the youth centers to better care for and
prevent and direct theses young women who are clearly vulnerable to the pimps'
cause.
And I'm very surprise
that the Minister responsible for police did not say today that he would ensure
the repeated… of the Montréal police to create a mixed unit — Laval,
Montréal and the South Shore — to specifically deal with this
problem. And this has been asked by the Montréal police in 2014, 2015, again
last week, and he had nothing to say about this.
So, it took a major
crisis for this Government to move half an inch in the right direction, after
having moved three meters in the wrong direction.
Mme Fletcher
(Raquel) : Mr. Lisée, what do you make of
the Government's initial plan to say : Well, we are going to hire an
auditor and wait for what the auditor has to say, and then, now, saying :
Well, we hired an auditor, but we're going to do this… well, you know, we are
going to adopt this other plan in the meantime? What's going on here?
M. Lisée
:
Well, clearly, the auditor was simply to have information about the specific
local and the problems that he would find there. It was always seen as not an
answer to a greater problem. So, they needed an answer to a greater problem.
That's not what we have today. What we have today is a small step, and really
not even closed to what they, themselves, have cut in these programs. So,
clearly, they have to do more, much more and pretty soon. Merci.
(Fin à 10 h 50)