(Neuf heures quarante-trois minutes)
M. Khadir
: Alors,
bonjour. Évidemment, nous sommes tout aussi troublés et attristés de voir encore
une fois une annonce malheureuse à propos de Bombardier. C'est inacceptable
pour les Québécois parce qu'après tout, si on fait le compte des 50 dernières
années, cette entreprise qui s'appelle Bombardier a été rendue possible grâce à
des milliards de dollars en aide directe et indirecte des contribuables
québécois. Cette entreprise-là nous appartient sans malheureusement en avoir le
contrôle. Avec les décisions malheureuses qui ont été prises au cours des
dernières années, d'erreur en erreur, Bombardier, ses dirigeants, la famille
Beaudoin, nous entraînent aujourd'hui dans cette situation où le gouvernement a
promis 1,4 milliard. On ne sait pas quel montant a été déjà alloué,
avancé, et il est temps que le Québec, que la population du Québec, les
contribuables aient un meilleur contrôle et une meilleure perspective
d'ensemble.
Nous avons besoin d'une politique très
claire, industrielle, une politique de transition pour voir l'argent qu'on a
mis dans Bombardier, ou les Bombardier, qui nous concerne aujourd'hui, au
Québec, est-ce que ça sert vraiment à préserver nos emplois? De toute évidence,
dans le cas de Bombardier, ce n'est pas le cas. Puis est-ce qu'on pourrait
mieux investir cet argent-là dans des secteurs d'avenir qui permettent
d'assurer la transition de notre économie pour des emplois durables dans des
domaines qui correspondent aux besoins du Québec? Par exemple, au lieu
d'investir dans le CSeries, il faut se questionner, est-ce que ce n'est pas
mieux dans les capacités de Bombardier à produire des trains et à aller plutôt
du côté des transports publics, des transports électriques, un secteur d'avenir
et secteur d'ailleurs qui, au Québec, comme ailleurs dans le monde, crée plus
d'emplois par dollar investi que le secteur aéronautique?
Donc, il est plus que temps que le public
puisse reprendre le contrôle, après toutes ces années où on a investi de
l'argent des contribuables, du gouvernement du Québec dans Bombardier, prenne
le contrôle de cette entreprise. Et nous demandons au gouvernement du Québec,
pour établir les faits comme il faut, pour avoir l'heure juste, d'ouvrir
l'entente, en fait la lettre d'entente qui garantissait 1,4 milliard de
dollars d'aide à Bombardier.
Mme Biron (Martine)
:
Qu'est-ce que vous pensez de la déclaration du premier ministre qui dit qu'il a
fait le bon choix d'investir dans la série C?
M. Khadir
: Je pense
que ce n'est plus la peine pour le premier ministre de vraiment... M. Couillard
doit prendre, disons, la mesure des choses. D'après moi, je ne suis pas un
spécialiste, mais tous les spécialistes qu'on entend intervenir sur le sujet...
c'est un gros problème, la CSeries, et ce n'est pas prêt à se résoudre.
Donc, que le premier ministre du Québec
s'emploie pour défendre la position de son gouvernement et la décision prise, malheureuse,
l'année passée d'allonger 1,4 milliard, ça peut se comprendre sur le plan
politique, mais, pour le peuple du Québec, ça ne les avance à rien d'essayer de
se défendre comme ça. Là, on a besoin de l'heure juste, et il est clair qu'il y
a un gros, gros problème. Si ça devait si bien aller, si cette décision-là
était si bonne, on n'en serait pas là aujourd'hui. On ne nous annoncerait pas
des milliers de coupures d'emploi.
Mme Biron (Martine) : Malgré
la décision d'Air Canada?
M. Khadir
: Bien sûr,
il faut tenir compte de tout ça, mais ça semble ne pas être assez, et c'est là
le problème. Et je vous rappelle que ce n'est pas la première fois qu'il y a
des promesses et des décisions qui sont annoncées, et, par la suite, ça tombe à
l'eau. Donc, il faut qu'une fois pour toutes, après toutes ces années, et je
rappelle, c'est parce que nous avons déjà investi lourdement dans cette
entreprise, nous assumons une bonne partie de la formation des ingénieurs, du
support en infrastructure qui est offert à cette entreprise, plus des milliards
de dollars en aide directe et indirecte, des crédits d'impôt, là, tous ces
crédits d'impôt, des crédits accréditifs qu'on a accordés en appui à cette
industrie aéronautique, il est temps qu'on ait un meilleur contrôle. Merci.
(Fin à 9 h 47)