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Point de presse de M. François Paradis, porte-parole du deuxième groupe d'opposition en matière de santé et de services sociaux

Version finale

Wednesday, February 17, 2016, 11 h 01

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures une minute)

M. Paradis (Lévis) : Merci d'être là. Je pense que c'est... Vous avez probablement vécu ça dans votre vie à un moment donné, on a l'impression de revivre des moments. Il se passe quelque chose, puis on se dit : Il me semble que, dans ma vie, j'ai déjà vécu ça. Bien, j'ai un peu cette impression-là aujourd'hui. J'ai cette impression-là parce que, dans le dossier des parents infertiles du Québec, arrive une deuxième problématique majeure.

On en a parlé ensemble, des gens sont venus ici nous dire qu'ils devaient valider un traitement promis en présentant un coupon de caisse. Déjà, la loi n° 20 fait en sorte que le traitement relatif à la procréation assistée, à la fécondation in vitro, sont maintenant chose du passé. C'était un premier coup dur. Bien, à ce moment-ci, on met un deuxième cadenas sur la porte.

Vous savez, ce matin, le ministre a répondu à l'une de nos questions, le ministre a dit : Vous savez, la décision n'est pas prise concernant le remboursement des médicaments pour les traitements. Bien, le ministre, il a les pouvoirs. Le ministre, c'est le ministre. Il a le pouvoir d'agir maintenant, de dire : Ça suffit, je me rends compte, à ce moment-ci, que l'impact est trop important, qu'on est à la limite de l'acharnement, alors je reviens sur cette décision. C'est ce qu'on lui a demandé. Il ne l'a pas prise, la décision.

Il jongle avec l'idée que créer une taxe naissance pour les parents infertiles, parce que c'est ça, une taxe naissance pour les parents infertiles du Québec. Un projet parental dorénavant, à la lumière de ce qu'on sait, sera intimement lié à votre capacité d'emprunter. Tu es locataire, tu ne peux pas; tu es propriétaire, tu as peut-être des chances. Pour avoir un enfant, capacité intimement liée à votre capacité à emprunter, pour moi, c'est du jamais-vu. Le ministre ne semble pas comprendre l'impact de cette décision-là.

Alors, on est ici aujourd'hui pour lui rappeler que, sur le terrain et dans bien des décisions concernant la santé, c'est sur le terrain que ça se passe. Et, dans ce cas-ci comme dans plusieurs autres, les gens vivent la fin d'un rêve qui fait partie de l'ADN de tous les parents du Québec : fonder une famille. Alors, des gens aujourd'hui doivent faire une croix à nouveau, davantage, double cadenas, ils vont devoir se priver de ce projet. Là, monsieur, il y a des enfants qui ne verront pas le jour, au Québec, en raison de cette décision à venir du gouvernement.

Nous redemandons au ministre de revoir sa position, et de se servir du pouvoir qu'il a, et de faire la différence. Et, s'il ne voit pas les impacts sur le terrain, bien, je me permets de vous présenter celles qui m'accompagnent aujourd'hui parce qu'elles sont le reflet des impacts de ce qui se passe. Avec moi, Mme Céline Braun, présidente de l'Association des couples infertiles du Québec, et Mme Vallée-Cossette, qui est vice-présidente de l'association, qui, elles, comme chez moi, dans mon bureau de comté, reçoivent et des appels et des courriels de gens qui, aujourd'hui, ne comprennent plus. Je cède la parole à Mme Braun.

Mme Braun (Céline) : Merci. Bien, bonjour. Afin de commencer, on va partir sur un coût de base, parce qu'il est très important de savoir ce que c'est qu'un coût de base en fécondation in vitro. Là, on va parler d'un montant de 16 000 $ qui, aujourd'hui, est très important. Le ministre a décidé de couper dans la fécondation in vitro ainsi que, maintenant, probablement, dans la médication qui va s'ensuivre, ce que déjà... premièrement, on achève quelqu'un qui est déjà à terre en mettant une surtaxe puisqu'on va devoir payer nos médications.

Il parle d'un crédit d'impôt. C'est quoi, le crédit d'impôt pour un couple infertile, selon le ministère du Revenu? En fait, si vous avez déjà eu un enfant, peu importe, d'une première union ou que vous avez un enfant naturel né d'un couple, que vous n'avez plus la possibilité de procréer, ou tout simplement vous vous êtes remis en couple avec quelqu'un et que cette personne a déjà un enfant, bien, vous n'êtes pas admissible. Tout simplement, la porte se ferme déjà, au départ, au niveau du crédit d'éligibilité.

Ensuite, si vous faites votre première fécondation in vitro, vous avez obtenu votre premier crédit d'impôt, ça ne fonctionne pas, ça ne marche pas, pas d'enfant est né de cette fécondation-là, vous n'avez plus droit au deuxième crédit d'impôt. Une porte encore se ferme.

Ensuite, dans le bulletin du ministère des Finances qui est daté du 11 novembre, il parle aussi qu'ils ont révisé la liste des frais admissibles, qui encore aujourd'hui est inconnue puisque nous l'attendons toujours, et ça fait depuis le 30 novembre que nous demandons à connaître quels sont les frais admissibles à ce crédit d'impôt.

Toujours dans le même bulletin du ministère des Finances, on y trouve le calcul exact du crédit d'impôt. Et je vais vous donner un chiffre, puis cette fois il faut vraiment le noter parce que ce n'est pas parce qu'on a 50 000 $ ou 60 000 $ de revenu familial qu'on est capables de se payer une fécondation in vitro, bien au contraire. Un couple ayant un montant de 50 000 $, revenu familial, va bien entendu obtenir un remboursement de 80 %. C'est quoi, ce 80 %, quand on pense qu'un couple qui a 50 000 $ par année vit bien souvent en logement, n'a pas la possibilité du crédit, a d'autres charges sociales? Donc, une porte se ferme puisqu'il n'y a plus aucune possibilité d'obtenir de financement.

Si on prend une personne seule, minimum 25 000 $ par année, taux du crédit remboursable, 80 %. Mais est-ce qu'une personne de 25 000 $ par année va avoir un prêt, va recevoir l'autorisation financière de pouvoir financer une fécondation in vitro qui, à la clé, n'a peut-être pas de but, n'a peut-être pas rien, puis il va falloir se réendetter à nouveau? C'est pathétique. C'est lamentable de continuer sur ce genre de situation.

Puis ici je vais revenir sur les dernières paroles du ministre qui dit : Si tu n'as pas les moyens de payer tes traitements, bien, tu n'auras peut-être pas les moyens d'élever un enfant. Bien, bien cher Dr Barrette, peut-être que pour un médecin spécialiste qui gagne 900 000 $ par année, 16 000 $ pour des leçons de piano, des vacances de rêve et autres, c'est une pinotte, mais pour un couple de la classe moyenne qui a déjà des augmentations d'impôt, qui a des coupures dans les écoles, qui a toutes sortes de massues de votre gouvernement, bien, ils ne vont tout simplement pas pouvoir aller jusqu'à avoir ce rêve définitif d'avoir un enfant.

Je ne considère pas ça comme un choix de vie d'être infertile, d'avoir l'infertilité. Ça nous tombe dessus, on ne sait jamais. Et c'est bien dommage parce que c'est un couple sur six au Québec, aujourd'hui, qui va être privé un jour peut-être, pour cause financière, de pouvoir fonder sa propre famille.

Et dernièrement on a su que le Zoo de Saint-Félicien a reçu une subvention de 26 millions. 26 millions, c'est quoi au Québec? C'est 1 625 familles qui peuvent accueillir un enfant qui a été voulu, désiré, qui sera chéri, mais que le ministre a décidé de couper dans tous les crédits au niveau des services de santé, fécondation in vitro et probablement encore la médication.

Donc, qu'est-ce qu'il va falloir faire pour avoir des enfants au Québec? Devrons-nous passer par une évaluation du ministère du Revenu afin d'obtenir une autorisation de procréer, soit naturellement ou par fécondation in vitro, peu importe? Devrons-nous en arriver là? Ça veut dire que les classes moyenne et modeste n'auront plus les moyens d'avoir des enfants? On va leur dire : Ce n'est pas grave, on vous évalue. Vous n'avez pas les moyens financiers? Bien, tant pis, pas d'enfant dans vos familles. Il va falloir vraiment réfléchir à ça.

Et on demande à ce que cette couverture de médication reste couverte, parce que ce n'est pas seulement la fécondation in vitro qui est touchée, ce sont les transferts, ce sont les inséminations. C'est tout un groupe de patients, et je pense qu'on en a assez souffert déjà dernièrement avec la coupe de la fécondation in vitro. Donc, merci.

M. Paradis (Lévis) : O.K. Je pense que c'est clair, je pense qu'à travers ces témoignages-là… Et je vous dirai que ce matin, un petit peu plus tôt, je recevais un message d'un couple qui était en tentative d'avoir un enfant et qui, manifestement et malheureusement, n'a pas pu réaliser le processus jusqu'à son bout et devra… Ayant envie de recommencer et de continuer, ces gens-là me disaient : Bien, maintenant, on a trois choix : c'est l'emprunt, c'est la famille généreuse ou c'est aller chercher dans le peu de REER que l'on a.

Alors, je le rappelle, le ministre a tous les pouvoirs. À la lumière de ce que l'on sait maintenant, de ce qui se passe sur le terrain et des impacts, vous n'avez pas le choix que de revenir sur cette décision, clarifier les choses, pour que cette médication reste couverte pour des gens qui ne choisissent pas d'être infertiles, mais qui ont une condition qui oblige cette action. Merci.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Donc, M. Paradis, c'est un droit d'avoir un enfant au Québec, selon vous?

M. Paradis (Lévis) : C'est un droit. C'est un rêve, c'est une possibilité, c'est un projet parental. C'est de participer à la collectivité québécoise. C'est de faire en sorte qu'on puisse aussi créer de la richesse à travers une famille qui grandit et c'est de faire en sorte que dorénavant, maintenant, cette possibilité-là d'une population saine est menacée parce qu'on n'a pas suffisamment ou on n'a pas la capacité à emprunter. Vous l'avez vu comme moi, et les exemples ont été nombreux, se faire dire par une institution : Vous êtes locataire, on ne peut pas prendre la chance de vous prêter pour avoir un enfant pour créer de la richesse, de la richesse chez nous, pour faire en sorte que des enfants naissent.

C'est déjà un processus cadenassé, maintenant double cadenassé. Je pense que le ministre a les pouvoirs de revenir sur cette décision et de ne pas fermer les yeux sur l'impact réel des citoyennes et des citoyens qui vivent aujourd'hui un autre drame.

M. Bélair-Cirino (Marco) : M. Barrette, dans toute sa, disons, révision du programme de fécondation in vitro puis l'accès à ce programme-là, laissait entendre, même avant de faire connaître ses intentions, qu'il y avait des couples, notamment, disons, en âge avancé sans dire... disons, pour attendre un premier enfant et que, dans le fond, il y a des gens qui auraient dû y passer plus tôt et qui peut-être... C'est ça, s'ils avaient pris leur décision d'avoir un enfant cinq années plus tôt, par exemple, n'auraient pas dû avoir accès... c'est ça, n'auraient pas dû avoir accès au programme de fécondation in vitro. Est-ce que vous êtes quand même favorable à l'idée de resserrer les critères?

M. Paradis (Lévis) : Alors qu'on étudiait le projet de loi n° 20, sur un dossier qui éminemment, et on l'a demandé à de nombreuses reprises, aurait dû être un projet de loi qui aurait dû être scindé pour adresser cette question-là d'une façon tout à fait particulière, parce qu'elle se traite de façon particulière, il était évidemment question de resserrer, de revoir les balises, d'éviter des dérapages. Tout était faisable sans même compromettre le programme à sa base même et à sa face même. C'était faisable.

Le ministre a décidé, décision de son gouvernement, décision idéologique, de mettre fin au programme. Déjà, on aurait pu faire autrement, faire en sorte que des parents ne se retrouvent pas dans les situations qu'on a déjà présentées. Bien, au-delà de ça, maintenant, aujourd'hui, alors que la décision est prise, on ajoute l'injure à l'insulte et on cadenasse doublement. Et, en ce sens-là, c'est un coup porté à des familles qui n'en avaient pas besoin.

Mme Vallée-Cossette (Martine) : Est-ce que je peux ajouter quelque chose à ça?

M. Bélair-Cirino (Marco) : Oui, oui, oui. Bien sûr.

Mme Vallée-Cossette (Martine) : En fait, c'est qu'on vient de réduire l'accès, justement, aux jeunes couples qui sont dans l'âge idéal de procréer. Donc, ces jeunes couples là commencent leur carrière, finissent leurs études, n'ont pas nécessairement les économies nécessaires, n'ont pas nécessairement le pouvoir d'emprunt non plus pour procréer en âge. Donc, ils vont repousser leur projet parental à la fin de la trentaine, début de la quarantaine, quand on sait que les taux de succès, à partir de 25 ans, commencent à descendre énormément. Donc, c'est le côté vicieux de la loi n° 20 et maintenant de la désassurance des médicaments, c'est qu'on repousse le projet parental, donc on réduit les taux de succès.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Donc, ce que vous proposez, ce n'est pas nécessairement que ce soit l'État qui paie pour les médicaments, qu'à tout le moins il y ait la possibilité offerte aux parents d'emprunter. Est-ce que...

Mme Vallée-Cossette (Martine) : Non, non, non, je vous corrige tout de suite. L'infertilité, c'est une maladie, c'est reconnu par l'OMS. Les couples infertiles ne cherchent pas à avoir un traitement de faveur. Les couples infertiles veulent juste avoir le même traitement que n'importe quel patient au Québec, c'est-à-dire d'avoir une couverture publique de leur traitement, tout simplement.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Parfait.

M. Paradis (Lévis) : C'est très simple, hein, au nom des parents infertiles du Québec, à la lumière de ce qui vient d'être dit, le ministre doit revoir ses décisions et carrément maintenir le remboursement de ces médicaments.

Le Modérateur : Merci beaucoup.

(Fin à 11 h 16)

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