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Point de presse de M. François Legault, chef du deuxième groupe d'opposition, et M. Simon Jolin-Barrette, porte-parole du deuxième groupe d'opposition en matière de justice

Version finale

Tuesday, February 23, 2016, 11 h 30

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Onze heures trente-huit minutes)

M. Legault : Oui. Bonjour, tout le monde. Je suis accompagné de Simon Jolin-Barrette qui est notre porte-parole en matière de justice.

Écoutez, je veux revenir sur le dossier d'Aveos parce que M. Couillard est en train de prendre une décision qui est lourde de conséquences. On a une situation où, depuis 1988, Air Canada, jusqu'à il y a deux ans, a respecté son engagement lors de la privatisation... Il y a un son qui revient. Oups! C'est beau? O.K. Donc... Oups! Vous ne l'avez pas?

Une voix : ...

M. Legault : O.K. Donc, depuis 1988, l'entente qui était signée avec Air Canada pour garder un centre d'entretien lourd à Montréal a été respectée. Air Canada l'a respectée pendant un certain temps en ayant des employés chez Air Canada. Ensuite, ils ont créé une filiale qui s'est appelée Aveos. Ensuite, ils ont vendu la filiale Aveos, mais malheureusement, il y a quelques années, la filiale Aveos a fait faillite, et les obligations d'Air Canada demeurent. D'ailleurs, ça a été confirmé en cour d'appel.

Or, la semaine dernière, M. Couillard a proposé un échange qui est vraiment un marché de dupes, là. On se retrouve dans une situation où M. Couillard échange 1 800 emplois de qualité, 1 800 emplois, en moyenne, à 35 $ de l'heure, contre un centre d'excellence, hein? On a entendu la ministre répéter à plusieurs reprises, un centre d'excellence.

Or, qu'en est-il du centre d'excellence? D'abord, il faut savoir que le seul entretien lourd d'Air Canada qui est fait au Québec, il est fait sur 45 appareils Embraer à Trois-Rivières, par environ 200 employés de chez Premier Aviation. Ce qu'on apprend, c'est que les 45 Embraer vont être remplacés par 45 avions de la CSeries. Donc, jusque-là, il n'y a aucun emploi créé. En fait, les employés vont travailler sur la série C au lieu de travailler sur les Embraer. Par contre, pour avoir discuté avec certaines personnes, il y a beaucoup d'inquiétude à savoir : Est-ce que ces emplois-là vont rester à Trois-Rivières? Est-ce qu'ils vont devoir déménager à Montréal? Où sera le fameux centre d'excellence?

Maintenant, pour ce qui est des emplois en surplus des 200, là, pour faire l'entretien des 45 avions de la CSeries, ce que Mme Anglade nous dit, c'est qu'on espère que le centre d'excellence obtiendra des contrats d'entretien pour d'autres compagnies aériennes. Or, l'été dernier, j'ai visité, par hasard, à Hambourg, les gens de chez Lufthansa Technik, qui est une compagnie séparée de Lufthansa, qui font de l'entretien lourd. Ils m'ont dit qu'ils espèrent mettre en place, si la série C fonctionne, un centre d'excellence pour la série C à Hambourg. Donc, Air Canada ou peu importe qui sera responsable du centre d'excellence au Québec, ils seront en compétition, entre autres, avec Lufthansa pour obtenir des contrats additionnels. Ça se peut qu'ils n'obtiennent aucun contrat.

Donc, quand on tient compte du fait que les 200 emplois sur les Embraer vont être transférés pour 200 emplois sur la série C et qu'il n'y a aucune garantie que les autres emplois seront créés, ça veut dire, dans le fond, qu'on échange 1 800 emplois de qualité contre du vent, contre des emplois hypothétiques. C'est un peu comme si le Canadien échangeait P.K. Subban contre un choix de troisième ronde. Je veux dire, ça ne tient pas de bout, là, l'échange, dans la balance, ne fait pas de sens.

Donc, nous, ce qu'on veut... parce que là il y a une autre inquiétude qui s'ajoute. Marc Garneau, ministre fédéral, vient nous dire qu'il veut amender la loi fédérale d'Air Canada. Alors, on va déposer, la CAQ, cet après-midi, une motion à l'Assemblée nationale. On espère qu'elle sera unanime, parce que M. Couillard a dit clairement en fin de semaine, entre autres samedi à Washington, qu'il n'était pas question que la poursuite du gouvernement du Québec soit retirée tant qu'il n'y ait pas des garanties concrètes, écrites d'Air Canada. Donc, pour que la poursuite du Québec fonctionne, il faut évidemment que la loi d'Air Canada à Ottawa ne soit pas modifiée. Donc, il faut envoyer un message clair à Marc Garneau et au gouvernement de M. Trudeau : On ne doit pas amender la loi d'Air Canada, on doit protéger les obligations d'avoir un centre d'entretien pour les avions d'Air Canada. Puis je vous rappelle, là, je suis allé voir ce matin, la flotte d'Air Canada aujourd'hui, c'est 408 appareils, 408 appareils, et, pour l'instant, les seuls appareils pour lesquels l'entretien lourd est fait au Québec, ce sont les 45 Embraer où on fait le travail à Trois-Rivières.

Donc, moi, je pense, là... On a vu la semaine passée que Philippe Couillard s'est fait rouler dans la farine. J'espère qu'aujourd'hui il ne va pas s'écraser comme une crêpe face au fédéral. Il faut qu'il se tienne debout pour être capable, là, de défendre notre dossier. Le message au gouvernement fédéral doit être très fort.

La Modératrice : On va prendre les questions. On va commencer avec Alexandre Robillard, La Presse canadienne.

M. Robillard (Alexandre) : Peut-être juste une précision. Est-ce que vous comprenez qu'Ottawa modifierait la loi après que l'entente soit conclue avec Québec ou avant?

M. Legault : Bien, Marc Garneau a dit : Je suis prêt à modifier la loi. Donc, est-ce qu'on peut s'assurer, là, qu'on garde le contrôle à Québec de ce dossier-là puis qu'on ait une garantie du gouvernement fédéral, de Marc Garneau, de Justin Trudeau, qu'il n'y aura pas de changement à la loi tant qu'on n'aura pas obtenu des garanties, que ça soit 1 800 emplois ou ce qu'on jugera équivalent, là? Puis comme je le disais tantôt, pour l'instant, c'est loin d'être équivalent, mais il faut que le dossier reste entre les mains de Québec puis, pour que la poursuite du gouvernement du Québec continue d'être valable, il ne faut pas que la loi soit changée à Ottawa. Donc, je suppose que M. Couillard va être d'accord avec notre motion puis qu'on va envoyer un message unanime de la part de l'Assemblée nationale à Ottawa.

M. Robillard (Alexandre) : Mais vous seriez d'accord pour qu'Ottawa retire éventuellement... parce qu'on ne sait pas exactement qu'est-ce qu'ils vont faire, là, peut-être que c'est juste changer la ville, peut-être que c'est juste pour permettre, là, que ce ne soit pas juste Montréal qui puisse accueillir un centre d'excellence. Mais est-ce que je comprends que vous, vous seriez prêts à accepter qu'Ottawa fasse des modifications sur les exigences concernant l'entretien d'Air Canada?

M. Legault : Si on obtient des garanties équivalentes à 1 800 emplois à 35 $ de l'heure. Ça peut être à Trois-Rivières, ça peut être Montréal. Là, pour l'instant, tout ce qu'on a, c'est 200 emplois à Trois-Rivières. Donc, on est très loin du 1 800 emplois.

Maintenant, je ne vois pas comment Air Canada va être capable de garantir que le centre d'excellence va obtenir des contrats de d'autres compagnies aériennes. Pour l'instant, ils ont juste 45 avions de commandes fermes auprès de Bombardier. Pour ça, ça prend à peu près 200 employés pour faire ce qu'on appelle «C check», «D check» et remotorisation. On va avoir besoin de ça à partir de 2025, je le précise.

Mais je ne vois pas où on va prendre les 1 600 autres employés. Il va falloir rapatrier une partie de l'entretien des 408 appareils qui sont faits à Singapour, au Minnesota, à Tel-Aviv. Il va falloir en rapatrier aussi une partie au Québec. Donc, écoutez, là, 1 800 familles qui dépendent d'emploi de qualité, des jeunes qui cherchent actuellement des emplois de qualité... On a besoin de ces 1 800 emplois là.

M. Robillard (Alexandre) : Mais vous pensez qu'Air Canada, volontairement, au-delà d'une période de 20 ans, là — c'est de ça dont on parle — vous pensez que, malgré le fait que la loi n'oblige pas Air Canada à maintenir des activités à Montréal, que l'entreprise maintiendrait ça volontairement?

M. Legault : Bien non. Ce que je dis, c'est qu'on doit... si jamais on remplace la loi, il faut la remplacer par une garantie équivalente à 1 800 emplois. Donc, on peut bien dire : Ce n'est pas Montréal, il y a une partie c'est Trois-Rivières. Je veux bien qu'on la modifie, mais il n'est pas question de réduire les demandes ou les exigences en bas de 1 800 emplois.

La Modératrice : Nicolas Vigneault, Radio-Canada.

M. Vigneault (Nicolas) : Donc, vous ne croyez pas le gouvernement lorsqu'on vous dit que ça peut créer quand même 1 000 emplois, ce centre d'excellence là? C'est ce qui est visé carrément, là, dans...

M. Legault : Ce que je comprends, là, en parlant aux différents intervenants, c'est que, pour l'instant, zéro nouveaux emplois, parce qu'on remplace 200 emplois qui sont à Trois-Rivières pour les 45 Embraer par 200 emplois pour l'entretien lourd des CSeries à partir de 2025. Donc, jusque-là, on n'a pas créé aucun nouvel emploi. Et là on nous dit : Le centre d'excellence va prendre des contrats de d'autres compagnies aériennes. À moins de faire intervenir ces autres compagnies aériennes dans les ententes, il n'y a aucune garantie de ce côté-là.

M. Vigneault (Nicolas) : Et le gouvernement est fermé à renouveler cette entente-là ou à la modifier. Vous souhaiteriez qu'on annule carrément l'entente avec Bombardier?

M. Legault : Bien, écoutez, moi, je pense que, pour l'instant, là, l'entente... Là, il y a une autre entente avec Bombardier pour le 1,3 milliard. On a déjà dit : Il n'y a pas de garantie d'emploi de ce côté-là non plus. Mais là on parle d'une entente avec Air Canada, une poursuite gagnée deux fois par le gouvernement du Québec avec Air Canada. Donc, là-dessus, là, pour l'instant, on n'a aucune garantie. Puis j'ai cru entendre en fin de semaine et Dominique Anglade et Philippe Couillard dire : On ne retirera pas notre poursuite tant qu'on n'aura pas des garanties. Bon, eux semblent vouloir se contenter de 1 000 emplois, que je ne vois pas, mais nous, on dit : Il faut 1 800 emplois. Mais, pour l'instant, ils n'en ont aucun, aucun.

M. Vigneault (Nicolas) : Et dans le cas des liens, M. Johnson et Bombardier, là, les informations, évidemment, qui ont circulé beaucoup, comment vous évaluez ça, ce travail de lobbyisme? Est-ce que c'est inquiétant pour vous?

M. Legault : Bien, écoutez, là, ça devient factuel, là. On sait que M. Johnson est très près de M. Couillard. On sait que M. Johnson s'est fait donner des options d'achat d'actions de Bombardier à prix fixe. Ça veut dire concrètement que, chaque fois que le prix des actions de Bombardier augmente, Daniel Johnson fait de l'argent personnellement. Donc, y a-t-il un conflit d'intérêts? Est-il impliqué dans les négociations avec Philippe Couillard puis le gouvernement de M. Couillard? Je pense, ce sont des questions légitimes.

M. Vigneault (Nicolas) : Peut-être sur le remaniement. Évidemment, on a scindé le ministère de l'Éducation en deux, on a donné un ministère à M. Proulx. Bien, peut-être, d'abord, un mot pour M. Moreau, j'imagine.

M. Legault : Oui. Bon, écoutez, d'abord, je le disais hier là, terrible choc pour moi. Je connais Pierre Moreau, puis Isabelle mon épouse, même, je dirais, depuis une quarantaine d'années; ils sont allés à l'école ensemble. Donc, je considère que c'est un ami. C'est quelqu'un, Pierre, qui est drôle, qui aime la vie, qui est un gars combatif. Donc, je suis convaincu qu'il va se battre pour gagner. Donc, mes pensées sont avec lui, avec son épouse Michou, avec ses deux filles. C'est terrible, mais je dis à Pierre : Bien, bats-toi puis reviens vite, là, être dur avec la CAQ le plus rapidement possible. Merci, tout le monde.

(Fin à 11 h 50)

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