(Neuf heures trente-trois minutes)
M. Lisée
: Bonjour. On
est ici aujourd'hui pour illustrer comment l'impact cumulatif de l'austérité
libérale a un réel impact dans la vie des gens. Il y a des coupures, comme vous
le savez, au ministère de la Santé et des Services sociaux, il y a des coupures
dans les commissions scolaires, il y a la disparition des CRE dans les régions,
la disparition des CLD, la disparition de Solidarité rurale, la disparition de
plein de programmes, la fusion dans les hôpitaux avec l'ensemble des
institutions de santé a créé un capharnaüm sur qui donnait quoi à qui, ce qui
fait en sorte que les organisations communautaires sur le terrain qui viennent
en aide aux plus démunis pour des paniers alimentaires, pour de la prévention,
pour de l'accompagnement, pour des soins à domicile, eux, ils sont les victimes
de cette cascade de coupures, et ça a des conséquences dans la vie de ces
gens-là qui travaillent jour après jour pour aider la qualité de vie des
démunis puis ça a de l'impact sur les démunis.
Alors, j'ai avec moi aujourd'hui des
représentants des tables régionales d'organisations communautaires de
Montérégie, Centre-du-Québec, Mauricie, et ils sont représentatifs de ce qui se
passe partout dans les régions du Québec, y compris à Montréal et à Québec. Un
sondage de 217 organismes en santé et services sociaux du Centre-du-Québec a
été fait l'hiver dernier — donc avant d'autres vagues de
coupures — montre que 46 %, donc près de la moitié des
organismes, ont des problèmes financiers qui les empêchent de mener à bien leur
mission, 55 % disent que ça a un impact négatif sur l'organisme et les
gens qui les fréquentent, 36 % ont des problèmes de recrutement de
ressources humaines compte tenu de la pauvreté des salaires et des conditions
de travail qui sont offertes par les organisations
communautaires — bien contre leur gré, ils ont de la difficulté à
recruter — et 40 % disent qu'ils ont pris une décision visant à
diminuer les activités par manque de ressources financières et humaines.
Alors, ça, c'est le portrait d'ensemble.
Donc, il y a eu une réduction globale de la capacité des organismes
communautaires à bien assumer leur mission, ça veut dire moins de services pour
les démunis. Alors, je vais demander à deux porte-parole d'illustrer comment ça
se passe dans leur région. D'abord, Mme Johanne Nasstrom, directrice de la
table régionale des organisations communautaires de Montérégie. Allez-y,
mettez-vous au centre.
Mme Nasstrom (Johanne) : Alors,
en effet, la situation actuelle est critique pour les organismes
communautaires. En Montérégie, nous avons plusieurs exemples qui nous
démontrent les impacts des mesures d'austérité, les impacts du financement
inadéquat des organismes communautaires.
On a, par exemple, à Sorel, un organisme
communautaire en déficience intellectuelle qui offre du répit aux parents ayant
des enfants avec des handicaps, du répit pour ces parents-là, et l'organisme en
question a dû fermer cinq journées-semaine. Donc, un organisme qui était ouvert
sept journées-semaine, qui offrait de l'hébergement, qui a dû fermer cinq
journées par semaine. Alors, pour les parents, ça a été une catastrophe et ça
continue, malheureusement.
On a un organisme communautaire à
Saint-Hyacinthe qui offre de l'hébergement d'urgence, de l'hébergement pour des
jeunes en situation de... problématique, qui devra procéder à la fermeture de
neuf places. L'organisme devra en effet procéder à une fermeture de neuf places,
puisqu'il devra se départir d'un immeuble faute de financement adéquat.
Un autre exemple qui nous frappe aux yeux,
et ça, on a constaté un peu partout en Montérégie, les organismes qui offrent
du dépannage alimentaire à des personnes dans des situations très, très
vulnérables, des personnes en situation de faim, des organismes en dépannage
alimentaire qui doivent dorénavant tarifer, alors qu'ils doivent demander aux
gens un montant, un montant qui, pour plusieurs, est un montant énorme lorsque
les moyens financiers n'y sont pas.
Enfin, ce qui est aussi nouveau, c'est qu'on
constate des travailleuses et travailleurs du communautaires qui vivent avec...
dans une situation précaire et des conditions de travail, un salaire... une
rémunération si précaire qu'on a des personnes travaillant dans les organismes
communautaires qui doivent dorénavant demander du dépannage alimentaire.
Alors, nous, la table régionale des
organismes communautaires de la Montérégie, nous avons rencontré le ministre de
la Santé et des Services sociaux, M. Barrette, récemment. Il nous a dit de
ne pas nous inquiéter, que, dans le prochain budget, il allait penser aux
organismes communautaires, à la communauté, à la population. Maintenant, on
demande au ministre, au gouvernement de ne pas seulement penser aux organismes
communautaires, mais d'agir concrètement, et ce, dès le prochain budget parce qu'on
ne peut plus vivre cette situation-là, et, pour le bien commun, pour le bien de
la société, nous demandons au ministre Couillard, à ce gouvernement d'agir
rapidement. Merci.
M. Lisée
: Merci.
Alors, je vais maintenant demander à Sylvain St-Onge, qui est coprésident de la
Table régionale des organisations communautaires du Centre-du-Québec—Mauricie.
M. St-Onge (Sylvain) : Alors,
Centre-du-Québec—Mauricie, ça fait depuis le printemps dernier que nous sommes
en mobilisation. On a manifesté dans toutes les villes de nos deux régions. Et
il y a toujours des difficultés, les groupes ont toujours des problématiques
importantes. En hébergement dépendance, dont on a entendu parler récemment, il
y a eu tout un battage par rapport à ça, mais il n'y a rien de réglé. Les
organismes à Shawinigan et à Drummondville qui doivent répondre à ça doivent
reporter, renvoyer des gens vers d'autres ressources, essayer de leur
trouver... parce que, malgré tout ce qui a pu être dit, il n'y a rien qui a été
fait à ce jour.
En matière de sécurité alimentaire, il y a
eu... cette année seulement, on parle d'au moins 3 000 demandes de plus,
3 000 demandes supplémentaires, mais on a moins d'employés pour les
traiter parce que les programmes qui permettaient de les payer ont été
resserrés.
En matière de prévention auprès des
jeunes, que ça soit à Louiseville, à Victoriaville, à Trois-Rivières, il y a
des organismes qui ont été coupés, on ne fait plus de prévention auprès des
jeunes. Que ça soit en matière de dépendance, que ça soit en matière de justice
alternative, de délinquance, il n'y a plus de prévention qui est soutenue dans
la majorité des villes.
L'autre exemple que je pourrais vous
donner aussi, c'est en matière de — et là je
cherche — personnes handicapées. Personnes handicapées, tout ce
secteur-là, ce qui arrive, c'est une forte pression du réseau public, qui n'est
pas... qui n'a pas de documents, mais, de plus en plus, le réseau public
demande aux groupes de faire plus auprès des personnes pour pouvoir délester le
réseau public vers les organismes communautaires, mais sans soutien financier,
même de ressources. Il n'y a pas plus d'aide pour les groupes, mais on leur
demande d'en faire plus avec ce qu'ils n'ont pas. Merci.
M. Lisée
: Alors, la
situation, donc, vous voyez, elle est multiforme, elle est transversale. Tout
le monde est touché. Si vous êtes à faibles revenus, si vous avez des besoins
particuliers, si vous êtes une personne handicapée, il y a quelque chose en
quelque part qui fonctionnait relativement correctement avant, ce qu'on aurait
dû et qu'on aurait voulu améliorer, et qui fonctionne moins bien maintenant. C'est
la situation. C'est la situation, alors que le premier ministre, M. Couillard,
dès son élection, avait dit, dans son discours d'ouverture, dans son premier
grand discours de politique générale : Nous allons avoir une attention
particulière pour les plus vulnérables, hein, c'était son engagement. Alors, de
toute évidence, ce n'est pas le cas. Et donc les tables régionales d'organismes
communautaires... ceux de Centre-du-Québec—Mauricie ont décidé de faire une
campagne de publicité à ce sujet-là. Puis je vais demander à Renaud Beaudry, qui
est leur coordonnateur, de nous en parler.
M. Beaudry (Renaud)
: Merci.
Alors, M. Philippe Couillard, le premier ministre, comme une marmotte qui
n'a pas vu son ombre, a déclaré récemment que l'austérité, la rigueur libérale
va prendre fin dans quelques semaines avec l'annonce du prochain budget du
gouvernement du Québec, puis effectivement ça nous a inspirés. Alors, on veut
prendre au mot le premier ministre, qui s'était engagé, lors de la campagne
électorale et depuis qu'il est au gouvernement, d'agir en bon gestionnaire, en
bon médecin, mais en bon père de famille. Il s'est aussi engagé à faire en
sorte que la rigueur libérale ne touche à aucune personne au Québec, ne touche
pas les services et ne touche pas, plus particulièrement, les personnes les
plus vulnérables.
Donc, notre campagne... notamment un
panneau routier en plein coeur de la ville de Québec, tout près de la gare de
Québec, et, dans quelques jours, dans des médias comme Le Devoir,
nous allons rappeler ses engagements à M. Couillard, puis on va lui
demander jusqu'à l'annonce du budget, donc dans quelques semaines, d'agir en
bon père de famille, mais surtout d'agir avec justice parce qu'effectivement
des centaines de milliers de Québécois, Québécoises subissent les affres de
l'austérité libérale. Il y a des gens qui ne réussissent pas à manger à leur
faim, il y a des gens qui perdent leur emploi, il y a des gens qui n'ont pas
accès à des services. Et le réseau public se décharge de plus en plus sur le
mouvement communautaire, et partout au Québec, pas rien que dans nos régions.
C'est totalement inadmissible.
Donc, on demande à M. Couillard de
respecter son engagement puis on lui demande de mandater les ministres
responsables de la Santé et des Services sociaux pour que, finalement, enfin,
on reconnaisse le mouvement communautaire, on le soutienne, mais que, d'abord
et avant tout, on soutienne les citoyens puis les citoyennes du Québec. Merci.
M. Lisée
: Merci. Alors,
je ne sais pas si la caméra prend bien l'image. Alors, c'est : «Un bon
père de famille doit prendre soin des vulnérables.» Alors, je pense que le
message est bien passé.
Et je dirais aux gens qui nous écoutent,
qui se demandent : Mais qu'est-ce qu'on peut faire pour aider? Bien,
évidemment, les organisations communautaires font leur action, font leur
publicité, font leur réseau, mais ce que vous pouvez faire pour aider, si vous
êtes dans un comté où il y a un député libéral puis vous le voyez à l'épicerie,
sur la rue, au cinéma, au restaurant, allez le voir puis dites-lui que ça n'a
pas de bon sens, ce qui se passe avec les organisations communautaires puis
avec les démunis, et qu'il faut qu'ils réinvestissent dans le budget. Il faut,
là, que ça arrive tellement souvent, là, que, quand ils vont venir à Québec,
ils vont dire : Écoutez, ça ne va pas, là, tout le monde m'en parle, il
faut faire quelque chose. Alors, votre pouvoir à vous, là, dans vos comtés, si
vous avez un député libéral, c'est d'aller lui dire que ça ne marche pas, ça ne
peut pas, puis, s'ils sont des bons pères de famille puis des bonnes mères de
famille, ils doivent faire quelque chose pour les démunis, puis ça, ça passe
par un vrai réinvestissement dans le prochain budget.
Merci. Merci à vous de vous être déplacés.
Bonne chance, bon courage et bonne journée.
(Fin à 9 h 45)