(Onze heures quatorze minutes)
Mme Poirier
: Alors,
bonjour. Il me fait plaisir aujourd'hui de venir présenter le projet de loi
n° 595 qui est un projet de loi qui vise à protéger l'accès aux établissements
où se pratiquent des interruptions volontaires de grossesse. Alors, on l'a vu
dans les dernières semaines et même dans les derniers mois, des groupes qui se
sont manifestés par des lettres ouvertes, que ce soit la Fédération des
médecins omnipraticiens, les cliniques d'avortement elles-mêmes, ont manifesté
le désir d'avoir une loi qui protège l'accès, tant pour les femmes patientes
que pour les employés qui travaillent dans les cliniques d'avortement, d'avoir
une entrée sécuritaire dans les lieux où se pratiquent les avortements au Québec.
Alors, on n'est plus à se demander, au Québec,
si l'avortement est un libre choix. Ça, c'est acquis, c'est fait, on n'en est
plus là. On est plutôt à se dire : Pourquoi des manifestants prochoix
intimident, harcèlent les femmes qui se présentent dans les cliniques? Pourquoi
les employés subissent aussi de l'intimidation? Alors, le projet de loi vient
répondre à cette demande, tant des cliniques que des patientes qui ne tolèrent
plus de se faire intimider par les groupes prochoix.
Alors, aujourd'hui, je dépose ce projet de
loi. Je souhaite que le gouvernement appelle le projet de loi le plus
rapidement possible. Ce n'est pas un projet de loi compliqué. Les modalités en
sont simples, c'est que la loi prévoit qu'il y aura des périmètres. Les
périmètres seront à être déterminés par règlement pour en rendre une facilité.
Actuellement, chaque clinique doit aller vers l'injonction pour avoir un
périmètre de sécurité et, lorsque la clinique déménage, bien, il faut
recommencer le processus. Alors, pour faciliter cela, ce que j'ai fait, c'est
que le projet de loi prévoit que, par règlement, on va pouvoir modifier le nom
de la clinique, l'adresse et ainsi créer ce périmètre autour de chaque clinique
en fonction de la situation géographique de chacune. Alors, oui.
M. Chouinard (Tommy) : Les
groupes prochoix dont on parle ici, là, c'est qui? Qui sont ces groupes-là?
J'imagine qu'on sait c'est qui, là, si on identifie le problème.
Mme Poirier
: Bien, il
y a Campagne Québec-Vie, là, qui est très présent sur le... qui ont déjà
d'ailleurs réagi au projet de loi, là, en disant qu'on venait menacer leur
liberté d'expression. C'est eux qui sont les plus présents, là, actuellement
sur les pourtours de nos cliniques d'avortement.
M. Chouinard (Tommy) : Les
gestes d'intimidation dont vous parlez, ça va jusqu'où précisément?
Mme Poirier
: Bien,
écoutez, c'est du... on interpelle les femmes qui veulent entrer à la clinique
d'avortement, on leur montre des photos de foetus démembrés, on les interpelle en
leur disant qu'on est prêt à leur offrir d'autres choix, qu'on est prêt à leur
donner de l'argent pour les aider à poursuivre leur grossesse. Alors, on vient
entraver, là, le libre choix des femmes dans leur décision d'aller vers
l'avortement, puis je pense qu'au Québec on n'est plus là, on est...
L'avortement est un choix libre et éclairé des femmes, les cliniques sont
accessibles.
Alors, le but n'est pas de les empêcher de
manifester, mais les empêcher de manifester aux abords des cliniques et ainsi, bien,
ne pas harceler tant le personnel, parce qu'il y a du personnel qui s'est fait
photographier, qui s'est fait suivre aux abords des cliniques, et des femmes
qui, elles, se font harceler et se font intimider dans leur propre choix, dans
leur libre choix.
M. Chouinard (Tommy) : Mais
je comprends que ça existe ailleurs, cette mesure-là.
Mme Poirier
: Oui. Ça
existe en Colombie-Britannique. Depuis 1996, il y a une loi qui a même été
testée devant les tribunaux, parce qu'on comprend que c'est venir entraver la
libre expression. Et la cour a été très claire, la santé des femmes et leur
accès doit avoir une priorité.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Donc,
avez-vous la certitude ou, du moins, l'assurance aujourd'hui que votre projet
de loi passerait la rampe des tribunaux, qu'il n'y a pas une entrave au droit
fondamental à la liberté d'expression?
Mme Poirier
: Bien, écoutez,
à la suite du jugement de Colombie-Britannique, je pense que ce test-là a été
fait. Et le jugement est très clair, là, la santé des femmes, leur accès à des
soins doit avoir préséance sur cette liberté.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
...projet de loi est calqué sur celui de la Colombie-Britannique?
Mme Poirier
: La seule
différence du projet de loi, c'est la façon de faire le périmètre. Nous, on a
prévu par règlement; en Colombie-Britannique, il est inclus dans la loi. Donc,
chaque clinique est nommée dans la loi ainsi que son périmètre. Alors, on a, en
annexe de la loi, là, des cadastres, des plans de cadastre pour chacune des
cliniques. Nous... pour rendre ça plus facilitant, justement, parce que, quand
une clinique, soit change de nom ou déménage, bien, ça fait en sorte qu'on doit
modifier la loi en Colombie-Britannique. Et on sait ce que ça veut dire, tandis
que, ce que moi, j'ai prévu, c'est un règlement. À ce moment-là, le gouvernement
peut modifier le règlement en fonction, là, des fermetures, ouvertures de
nouvelles cliniques, déménagements, donc pour faciliter la mécanique qui actuellement
est plus lourde en Colombie-Britannique.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Ce
sont des anecdotes ou c'est un problème, disons, plus important aujourd'hui
qu'il ne l'était peut-être il y a 10 ans, 15 ans? Est-ce qu'on parle de quelques
cas isolés où il y a eu des injonctions d'accordées par les tribunaux ou on
parle... vous sentez, là, vraiment une menace, là, réelle, là, au droit des
femmes à l'avortement en raison justement de ce groupe-là qui multiplie ses
activités d'expression?
Mme Poirier
: Bien, il
y a une présence constante, entre autres à Montréal, d'un groupe. C'est une
présence qui est toujours là. Ce qu'on nous rapporte, c'est que, dans certaines
cliniques, à Montréal particulièrement, il y a du harcèlement qui se fait sur
les patientes de façon régulière. Les gens de Québec-Vie l'ont même spécifié
hier dans des entrevues en disant : Nous sommes là, nous allons continuer
à être là parce que nous voulons faire en sorte de protéger ces femmes-là
contre leur choix.
M. Boivin (Simon) : Est-ce que
vous avez étudié de quelle façon la Colombie-Britannique est parvenue à faire
coexister le droit des femmes à aller là sans se faire achaler et le droit des
gens à manifester paisiblement?
Mme Poirier
: Bien, c'est
le périmètre. Dans le fond, c'est qu'ils ont établi un périmètre autour, dans
lequel les gens ne peuvent pas manifester. Alors, c'est un périmètre qui fait en
sorte que la personne qui vient pour entrer dans la clinique, bien là, elle
peut marcher librement vers la clinique sans se faire harceler par personne.
M. Boivin (Simon) : ...passer
le test des tribunaux, tout ça...
Mme Poirier
: Exactement.
C'est ce que j'ai dit plus tôt, ils ont passé le test devant les tribunaux pour
tester la charte.
M. Hicks
(Ryan) : Why now?
Mme Poirier
: Why now? It's because there's a request, you know, from the
abortion clinics, and there's still some «manifestants»…
M. Hicks (Ryan) : Protestors.
Mme Poirier
: …progressors who are still in front of the clinics and they are
«harceling» the women who want to have access to the abortion program. So it's
why we propose today that bill to change the rules. The rules now is to… you
need to get an injunction in court to protect the access to your clinic and, if
you move, you need to get another injunction. So it's the case in Montréal for one clinic who just moved last
year and now they are still back in court to get another injunction.
M. Hicks (Ryan) : And do you have an idea how far the perimeter would be?
Mme Poirier
: It depends of each clinic, because we have some clinics in CLSCs,
some clinics are community centers and there are some other clinics… are
private clinics. So it will be personally for each clinic.
M. Hicks (Ryan) : And, from the Government, do you get a sense that they will support
your proposal?
Mme Poirier
: But this morning the Minister of Women's Condition said that she
will look at the bill and she will… for the purpose, she's agreeing for the
purpose, but the… and also that «ministre» Barrette said already a few months ago that he was agreeing for the
purpose of that bill. Thank you.
(Fin à 11 h 23)