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Point de presse de M. Benoit Charette, porte-parole du deuxième groupe d'opposition responsable de la réforme des institutions démocratiques

Version finale

Monday, February 29, 2016, 11 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures trois minutes)

M. Charette : Donc, bonjour tout le monde. Merci d'être présents malgré une température qui est un peu plus incertaine ce matin.

Peut-être pour revenir sur le dossier de la réforme des institutions démocratiques, je dois vous avouer qu'on a été agréablement surpris de voir le Parti québécois prendre position sur le sujet au cours de la fin de semaine. La volonté exprimée par Pierre Karl Péladeau, pour ma part, me réjouit. En même temps, le Parti québécois a clairement un défi de crédibilité dans le dossier. Le Parti québécois a eu cet élément-là au programme depuis de nombreuses années, a été au pouvoir de nombreuses années, alors que l'élément était dûment inscrit à son programme, et jamais malheureusement ils n'ont pu passer de la parole aux actes pour que l'on puisse enfin avoir un mode de scrutin qui soit plus représentatif de la volonté populaire.

Sinon, vous rappeler que du côté de la Coalition avenir Québec, le dossier a fait l'objet d'un conseil général. En fait, c'était la thématique en novembre dernier, et vous rappeler le contexte aussi rapidement. Ça faisait suite à une année de consultation de nos instances. Donc, au niveau de la Coalition avenir Québec, c'est un sujet qui est de préoccupation depuis de nombreuses années, et on est bien heureux de voir maintenant qu'il semble y avoir de l'ouverture de la part du Parti québécois.

Et, en même temps, rappeler qu'il y a un contexte qui semble plus favorable que jamais. On est en présence d'un gouvernement libéral majoritaire du côté fédéral, et Justin Trudeau, au moment de la campagne électorale et par la suite, a pris l'engagement que l'élection de 2015 était la dernière au Canada avec le mode de scrutin actuel. Bref, il y a un contexte qui fait en sorte qu'il y a une réflexion qui s'impose, et je suis en mesure de vous confirmer qu'aujourd'hui la Coalition avenir Québec s'est adressée aux différents leaders des différentes formations politiques représentées à l'Assemblée nationale. Donc, autant le gouvernement, que l'opposition officielle, que Québec solidaire ont reçu une missive de notre part les enjoignant à créer un comité technique pour se pencher sur la question.

Donc, ce que l'on demande, c'est de pouvoir aborder cette question-là de façon non partisane, ce à quoi s'attend la population. Et on l'entend tous, hein : À quoi sert notre vote? Mon vote ne compte pas. Et ces questionnements-là, on les entend tout simplement parce que, d'une région à l'autre, le vote démocratique ou le vote exprimé n'a pas la même valeur.

Peut-être vous mentionner quelques éléments de statistiques qui méritent d'être rappelés. En 2007, dans la grande région du Saguenay—Lac-Saint-Jean, le Parti québécois a obtenu 46 % des votes, mais 100 % de la députation, donc l'ensemble des circonscriptions. Donc, malgré le fait qu'il y ait moins d'un électeur sur deux qui a voté pour le Parti québécois dans la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean, 100 % des députés de cette région-là étaient sous la bannière péquiste. L'élection 2014, encore plus récente, le Parti libéral, avec 42 % d'appuis, a obtenu 56 % des sièges. Élection de 1998, aussi notable à sa façon, le Parti québécois, 61 % des sièges malgré le fait qu'il ait eu 43 % d'appuis au niveau du vote exprimé, et même, de surcroît, le Parti libéral avait eu plus de votes, donc une pluralité des votes par rapport au Parti québécois. Et sinon, de façon générale, au cours des 60 dernières années, il y a eu neuf élections avec une fausse majorité sur les 16 scrutins qui se sont tenus. Donc, plus qu'une élection sur deux au Québec depuis 60 ans a engendré une fausse majorité.

Bref, tout ça engendre un cynisme qui est latent, qui est présent dans la population, et malgré tout, malheureusement, on n'a pas osé embarquer dans cette volonté d'une réelle réforme. Et le sujet n'est pas nouveau, on en parle au Québec depuis 1962, donc depuis plusieurs décennies, mais malheureusement, on n'a pas jugé bon passer de la parole aux actes.

Et il y a plusieurs études aussi qui ont été conduites. En 2007, notamment, le Directeur général des élections a produit un rapport favorable pour une réforme du mode de scrutin en disant et en réitérant la faisabilité de la chose. Bref, il n'y a pas de raison de refuser davantage ce changement-là, et c'est littéralement la population qui le demande. Encore le printemps dernier, un sondage... il y a des sondages sur le sujet, il y en a de façon périodique, un sondage qui a été publié par CROP, 70 % des répondants estimaient qu'il était grand temps d'avoir un mode de scrutin qui représente davantage la volonté de la population. Bref, c'est à l'Assemblée nationale de se mettre au diapason avec la population.

Et la proposition que nous avons formulée ce matin vise trois objectifs essentiellement à travers le comité technique : Arriver à un respect plus grand de la volonté populaire exprimée, arriver à une plus grande représentativité régionale et, enfin, une parité hommes-femmes aussi qui soit plus grande. Bref, c'est la demande que nous avons formulée aux autres formations politiques et c'est aux élus maintenant de se liguer, de faire front commun pour lutter contre le cynisme tout simplement.

M. Gentile (Davide) : M. Charette, est-ce que vous pensez que les libéraux vont embarquer là-dedans?

M. Charette : On le souhaite, et d'ailleurs j'aurais aimé que Jean-Marc Fournier se présente à mon point de presse ce matin pour me serrer la main, pour nous dire qu'il allait partager cette visée-là. Mais plus sérieusement, on a eu un remaniement il y a quelques semaines à peine et, pour la toute, toute première fois, on a un ministre en titre de la Réforme des institutions démocratiques qui n'est pas lié à d'autres dossiers.

Donc, si on a un ministre... une ministre, en fait, en la personne de Rita de Santis, qui n'a pas d'autre responsabilité que celle-là, on va souhaiter qu'elle puisse effectivement procéder à un examen sérieux de la question pour enfin se doter d'un mode de scrutin qui soit plus représentatif de la volonté populaire.

M. Gentile (Davide) : Le week-end dernier, les péquistes ont parlé de convergence. Est-ce que, théoriquement, vous pourriez faire partie de ça ou est-ce impossible?

M. Charette : Bien, c'est-à-dire, il faut distinguer la réforme du mode de scrutin. Elle ne doit pas être retenue uniquement pour servir... en fait, ne doit pas du tout être retenue pour servir des intérêts partisans. Le Parti québécois semble s'intéresser à la question, notamment pour se rapprocher de Québec solidaire et Option nationale, mais, à la base, on doit adhérer à un changement de mode de scrutin pour réellement aller chercher une démocratie plus grande.

Et, pour ce qui est de la coalition, bien honnêtement, il n'y a pas d'intérêt de convergence par rapport au mouvement souverainiste. Et j'écoutais l'analogie de M. Gaudreault par rapport au Quik aux fraises; moi, je vous dirais qu'il va pleuvoir du Quik aux fraises avant qu'on arrive à une convergence avec le Parti québécois sur le projet souverainiste.

M. Gentile (Davide) : Oui, mais au-delà de la pluie, là, de lait au chocolat, là, sous toutes ses saveurs, là, est-ce que, vous, vous craignez que, d'une manière ou d'une autre, on essaie d'aller gruger dans votre électorat du côté du Parti québécois ou vous avez l'impression...

M. Charette : Par rapport à...

M. Gentile (Davide) : Bien, c'est parce que, écoutez, ils disent : On relance nos démarches vers l'élection de 2018. Clairement, ils évoquent... ils n'ont pas évoqué votre nom de la fin de semaine, je pense que M. Péladeau n'a pas prononcé le mot «CAQ» une fois au cours du week-end. Vous sentez quoi là-dessus? Est-ce que vous avez l'impression qu'ils vont vous laisser tranquille?

M. Charette : À partir du moment où ils mettent de l'avant le projet souverainiste, pour nous, ce n'est que favorable, et ça, on le dit depuis le début, la population est ailleurs. Donc, si le Parti québécois veut mettre de l'avant le projet souverainiste, la population va se rendre compte que l'intérêt pour eux n'est pas servi par le Parti québécois, mais réellement par la Coalition avenir Québec qui aborde des enjeux drôlement plus présents dans leurs préoccupations qu'un hypothétique référendum sur la souveraineté. Donc, à ce niveau-là, on est plutôt confiants pour la suite des choses.

M. Lecavalier (Charles) : Dans un modèle plus proportionnel, est-ce qu'il pourrait y avoir des transfuges?

M. Charette : En fait, c'est deux questions complètement différentes. La proportionnelle, elle vise deux éléments de représentativité, donc, à travers des députés de circonscription, comme on les connaît actuellement, mais également des députés ou des candidatures de liste pour réellement aller chercher une représentativité régionale. Donc, c'est un mode d'élection qui...

M. Lecavalier (Charles) : Ces candidatures de liste là, les gens vont voter pour le parti. Alors, est-ce qu'il pourra y avoir des transfuges?

M. Charette : Effectivement, mais, en fait, nous, ce n'est pas dans une optique de transfuges qu'on aborde la candidature de liste, c'est dans une perspective de parité hommes-femmes. C'est une très belle occasion, justement, à travers des candidatures de liste, de compenser pour un nombre de candidatures de femmes moins important pour les postes de députés à élection directe. Donc, ce serait une belle occasion pour l'Assemblée nationale d'aller chercher une meilleure représentativité, au niveau des femmes, notamment.

M. Lecavalier (Charles) : Je comprends bien, mais ma question porte sur les transfuges. Est-ce qu'un député de liste pourrait prendre la décision de quitter le parti sous lequel il a été élu pour en choisir un autre?

M. Charette : Bien, la question, elle est théorique, mais, a priori, je vous dirais que ce n'est pas impossible comme ça ne l'est pas actuellement, mais le mode de scrutin visé ou le changement visé ne vise pas à répondre à cette situation-là. Actuellement, vous le savez, rien ne l'empêche. Donc, pour la suite, il n'y a pas non plus d'a priori direct, là, par rapport à d'éventuels transfuges. Mais le but de cette réforme-là est réellement d'aller chercher une meilleure représentativité, autant des régions que des femmes, mais s'assurer qu'au global le vote soit plus représentatif ou l'Assemblée nationale, ultimement, soit plus représentative du vote exprimé.

M. Boivin (Simon) : Je voulais vous parler de l'Institut sur la souveraineté, un dossier que vous avez suivi de près. Vous avez vu, là, que ça commence à prendre forme. M. Turp qui, selon toute vraisemblance, a été choisi par M. Péladeau pour présider le conseil d'administration. Je vois Mme Baril, là, qui est nommée directrice générale. Est-ce que la façon dont les choses prennent forme vous rassure quant à l'indépendance de l'institut?

M. Charette : En fait, nous, on avait soulevé, dès le départ, des questions. Ces questions-là ont été communiquées à la bonne volonté du Directeur général des élections. On a eu l'occasion de l'entendre en commission parlementaire il y a quelques semaines de ça, donc on lui a transmis les questionnements qui étaient les nôtres. Donc, c'est au Directeur général des élections maintenant de se pencher sur...

M. Boivin (Simon) : ...évolution du dossier de ce que vous...

M. Charette : Bien, c'est-à-dire, nous, on a une lecture qui nous a amenés à avoir des questionnements. Ces questionnements-là sont encore les nôtres. Mais qui est responsable de l'application de la Loi électorale? C'est véritablement le Directeur général des élections, donc à cette instance-là de prendre tous les éléments en considération et de trancher sur la légalité du financement de cette organisation-là.

M. Boivin (Simon) : Est-ce que vous avez été soulagé que M. Péladeau tourne la page sur les mises en demeure?

M. Charette : En fait, on a eu l'occasion de se parler à quelques reprises de cette question-là. Pour nous, il n'y avait pas véritablement d'inquiétude. Pour nous, la question, dès le départ, elle était politique et non pas juridique. Donc, on savait... et on était naturellement conseillés par des avocats, on savait qu'il n'y avait pas de fondement juridique à cette mise en demeure là. Donc, M. Péladeau a tout simplement entendu raison, et je pense que c'était pour son propre intérêt aussi, là, de passer à autre chose.

M. Lecavalier (Charles) : Pétrolia a contacté le premier ministre par lettre ce matin pour demander une rencontre, tel que ça avait été convenu. Qu'est-ce que vous en pensez? Est-ce que ça aurait dû déjà être fait?

M. Charette : En fait, je pense que le gouvernement aurait dû rencontrer les acteurs de Pétrolia il y a quelques semaines de ça, lorsque le premier ministre a viré capot littéralement sur cet enjeu-là, une question de respect autant de l'entreprise avec laquelle le gouvernement est partenaire, mais également par respect de sa propre parole donnée. Donc, l'attitude du gouvernement dans le dossier continue d'être décevante. C'est tout à fait inacceptable qu'après plusieurs semaines cette rencontre-là n'ait pas encore eu lieu. Donc, en espérant qu'elle puisse se tenir, là, le plus rapidement possible...

M. Boivin (Simon) : Le plan qui a été adopté par le Parti québécois en fin de semaine, dont certains pans, là, demeurent secrets pour des questions stratégiques, avez-vous l'impression que... Vous connaissez le parti, vous en avez fait partie. Avez-vous l'impression que M. Péladeau est en train d'effectivement mettre sa formation sur la voie de la victoire?

M. Charette : Je ne peux pas faire autrement que de sourire par rapport à ces discussions-là. À travers l'actualité, je suivais naturellement les travaux de leur rencontre partisane de la fin de semaine. Vous le savez, j'ai longtemps milité au Parti québécois. C'est un parti que je connais bien. Et pourquoi je souris aujourd'hui, c'est qu'année après année on essaie de se convaincre que c'est la population qui est dans l'erreur et c'est la population qui doit entendre raison par rapport au projet souverainiste que l'on entend vendre.

Peu importe l'approche que le Parti québécois retiendra, ce n'est pas la population qui est dans l'erreur. La population a fait un choix délibéré à deux reprises plutôt qu'une, c'est-à-dire de maintenir ses liens avec le Canada. Donc, la population s'attend d'une formation politique qu'elle puisse assurer l'épanouissement du Québec à l'intérieur de l'ensemble canadien. Donc, que la stratégie soit secrète ou pas, le résultat est le même, et la population a déjà eu l'occasion de se prononcer sur le projet du Parti québécois, peu importe la façon dont il s'y prendra pour essayer de mousser son option.

Le Modérateur : D'autres questions? Non? Merci.

M. Charette : Merci beaucoup. Bonne fin de journée.

(Fin à 11 h 18)

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