(Onze heures quarante minutes)
M. Legault
: Je
voudrais, évidemment, commencer par souhaiter une bonne Journée internationale
des femmes à tout le monde.
Écoutez, hier, le gouvernement a déposé sa
politique en matière d'immigration. On a beaucoup de questions puis
d'inquiétudes suite à la lecture de cette politique en matière d'immigration.
D'abord, rappelons-nous que le Québec accueille 50 000 nouveaux
arrivants chaque année et qu'actuellement 30 % de ces 50 000 nouveaux
arrivants sont choisis par Ottawa. On l'a déjà dit, la CAQ demande de
récupérer, entre autres, toute la portion qu'on appelle «réunification
familiale», où il n'y a aucune condition de posée aux nouveaux arrivants par le
gouvernement fédéral, de tout récupérer cette portion à Québec. Évidemment, le
gouvernement de M. Couillard ne demande absolument rien, il veut continuer
de se contenter à ne choisir que 70 % des nouveaux arrivants.
La deuxième inquiétude qu'on a, ça
concerne le français. On a des voeux pieux dans la politique d'immigration,
mais il n'y a aucun cours de français qui est obligatoire dans la politique
d'immigration. Rappelons qu'en 2014, selon les dernières statistiques
disponibles, 41 % des nouveaux arrivants ne parlaient pas français. Donc, évidemment,
quand on accueille 50 000 nouveaux arrivants à chaque année, c'est un
demi-million, au bout de 10 ans, qui vont être à peu près tous dans la
grande région de Montréal. Donc, c'est très inquiétant de savoir que le gouvernement
de M. Couillard ne pose aucune condition, aucune obligation aux nouveaux
arrivants d'apprendre le français.
L'autre inquiétude qu'on a quand on lit la politique
d'immigration, c'est qu'on dit que, pour des raisons économiques, ça prendrait
60 000 immigrants au lieu de 50 000 pour être capables de garder
la même population active qu'on a actuellement. Écoutez, d'augmenter de
50 000 à 60 000 le nombre de nouveaux arrivants, actuellement, dans
le contexte actuel, ce serait complètement irresponsable. On l'a vu avec des
reportages, entre autres de la part de Pierre Fortin, si on augmente le nombre
d'immigrants de 50 000 à 60 000, ça pourrait poser des problèmes de
cohésion sociale. On le voit aussi que, même économiquement, les experts ont
démontré que c'était coûteux. Donc, actuellement, dans le contexte du taux de
chômage qu'on a, dans le contexte où on a des problèmes graves d'intégration,
qu'on n'a pas assez de cours d'intégration, pas assez de cours de français,
qu'aucun budget n'est annoncé par le gouvernement de M. Couillard, ce serait
irresponsable d'augmenter de 50 000 à 60 000 le nombre de nouveaux
arrivants chaque année.
Donc, évidemment, on va avoir des
questions. Nathalie Roy, qui est notre porte-parole, va poser des questions à
Mme Weil au cours des prochains jours, des prochaines semaines. Mais
actuellement M. Couillard nous fait susciter beaucoup d'inquiétudes
concernant le nombre d'immigrants, concernant la francisation des immigrants,
concernant aussi tous les immigrants qui sont choisis par le gouvernement d'Ottawa.
Il ne demande aucun pouvoir additionnel pour avoir un Québec plus fort qui
défend mieux son identité. Donc, ça pose problème, à notre avis.
La Modératrice
: Merci.
Alain Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) : M. Legault,
sur un autre sujet, est-ce que vous êtes pour l'utilisation de la loi spéciale
ou de poursuivre les négociations, même s'il y a eu un ultimatum, avec la FAE
et la FSSS?
M. Legault
: C'est
toujours mieux d'avoir une entente négociée. Donc, pour l'instant, on essaie de
négocier, donc je souhaite qu'on réussisse à s'entendre avec le syndicat.
M. Laforest (Alain) : Est-ce
qu'on doit donner plus aux employés pour régler?
M. Legault
: Je crois
que certains groupes d'employés ont déjà accepté les offres qui sont sur la
table, donc ce serait difficile d'offrir davantage. On a déjà dit que certains
groupes comme les ingénieurs au ministère des Transports ou les enseignants,
pour nous, on pense qu'on aurait dû leur offrir davantage pour valoriser leur
rôle puis attirer les meilleurs. Mais, pour les négociations qui sont en cours,
c'est difficile de dire que certains...
M. Laforest (Alain) : C'est
les enseignants qui sont là, là.
M. Legault
: Oui, mais
c'est difficile de dire que certains enseignants gagneraient plus que d'autres
enseignants.
La Modératrice
: Robert
Dutrisac, Le Devoir.
M. Dutrisac (Robert) :
Bonjour, madame, bonjour, M. Legault. Bon, essentiellement, sur la
question de l'immigration, si le gouvernement s'engageait à investir davantage
puis offrir plus de services pour l'intégration, la francisation des
immigrants, est-ce que ce serait envisageable de hausser le seuil
d'immigration?
M. Legault
: Bien,
écoutez, dans le contexte actuel, là, parlons des prochaines années, on sait le
taux de chômage au Québec, on connaît les problèmes de manque de cours d'intégration.
Donc, actuellement, ce serait irresponsable. Est-ce que, dans 10 ans, dans
20 ans, ça pourrait être envisageable? Peut-être, mais à condition d'avoir,
entre autres, des cours de français obligatoires.
On ne peut pas se permettre, actuellement,
d'avoir plus d'immigrants qui ne parlent pas français. Je vous rappelle :
41 % des immigrants actuels ne parlent pas français à l'arrivée, donc...
Et puis il y en a 71 % qui ne suivent pas de cours de français. Donc,
c'est un problème, là, qu'il faut regarder de très près. On sera toujours
vulnérables, en Amérique du Nord, pour protéger notre langue. Donc,
50 000, là, c'est déjà beaucoup.
M. Dutrisac (Robert) : On a
vu, durant les consultations sur le projet de loi n° 77, que le milieu des
affaires, d'une façon générale, insistait pour qu'on puisse pallier à des
pénuries de main-d'oeuvre avec des travailleurs qualifiés qui ne sauraient pas
nécessairement le français et qui pourraient être francisés par la suite.
Qu'est-ce que vous pensez de ce point de vue là, là?
M. Legault
: Bien là,
il faut voir, effectivement, quelles sont les obligations qui seraient posées à
ces employés-là. Vous connaissez la position de la CAQ. On souhaite avoir des
tests obligatoires, entre autres en français.
Donc, oui, c'est bon que les nouveaux
arrivants répondent aux besoins du marché du travail davantage que ce qu'on
voit actuellement, mais on doit mettre en place un mécanisme pour les obliger à
apprendre le français.
La Modératrice
: Merci.
Nicolas Vigneault, Radio-Canada.
M. Vigneault (Nicolas) :
Alors, justement, un peu dans la même veine, notre collègue Sophie Langlois a
fait un reportage sur des médecins syriens qui n'arrivent pas à travailler
après avoir pratiqué pourtant plusieurs années dans leur pays d'origine.
Comment vous trouvez ça?
M. Legault
: Bien,
c'est triste de voir qu'on demande à des spécialistes de recommencer
complètement leur formation dans leur spécialité, là. C'est inacceptable, c'est
du corporatisme de la part du Collège des médecins. Il faut trouver des moyens,
là. Oui, je peux comprendre qu'il peut y avoir nécessité d'avoir une transition,
mais il faut arrêter, c'est corporatiste. Puis il faut utiliser ces personnes,
là, qui sont qualifiées puis dont on a bien besoin dans notre société. Donc, je
trouve ça très triste de voir ce reportage.
M. Vigneault (Nicolas) :
Mme Thériault... Évidemment, la semaine dernière, ça a été une semaine
assez difficile, merci. Journée de la femme... On posait la question tout à
l'heure à M. Péladeau : Est-ce qu'elle, encore, mérite le titre de
ministre de la Condition féminine, dans tout ce que vous avez entendu?
M. Legault
: Écoutez,
moi, je pense que ce qui est important, là, c'est d'avoir des résultats. On a
une situation, actuellement, où, au Québec, il y a eu du travail de fait pour
atteindre la parité hommes-femmes, mais il y a encore beaucoup de travail à
faire. Prenez juste le nombre de députés : 27 % seulement de nos
députés ici, à l'Assemblée nationale, sont des femmes. La CAQ propose un régime
de vote mixte, donc, pour être capables d'avoir des listes, et on s'est
engagés... je me suis engagé, vendredi dernier, à ce que, sur ces listes de
candidats, 50 % soit des femmes. Donc, il faut surtout proposer des
moyens.
La définition, est-ce qu'on est féministe
ou pas féministe, là... Moi, quand je regarde la définition de «féministe»,
c'est de souhaiter l'égalité entre les hommes puis les femmes, donc je suis
féministe. Mais, au-delà des étiquettes, qu'est-ce qu'on propose pour faire une
plus grande place aux femmes à l'Assemblée nationale, dans la direction de nos
entreprises? C'est plus là, là, que je vais évaluer Mme Thériault.
La Modératrice
:
Alexandre Robillard, LaPresse canadienne.
M. Robillard (Alexandre) :
Bonjour. Est-ce que la ministre de la Condition féminine doit obligatoirement
être féministe? Et est-ce que le premier ministre doit obligatoirement être
féministe?
M. Legault
: Écoutez,
je crois que la ministre et le premier ministre doivent souhaiter l'égalité
entre les hommes puis les femmes. À ce titre, bien, ils doivent être
féministes, mais, bon, on ne fera pas des guerres de définition. Ce qui est
important, c'est : Est-ce que le premier ministre et la ministre de la
Condition féminine sont prêts à proposer des mesures pour améliorer la situation
des femmes? C'est surtout ça qui est important.
M. Robillard (Alexandre) :
Qu'est-ce que vous pensez du fait que l'ex-premier ministre Jean Charest est
intervenu auprès du cabinet de M. Trudeau dans le dossier d'Énergie Est?
M. Legault
: Bien,
j'espère qu'il était, d'abord, inscrit comme lobbyiste, hein? Parce qu'on a une
loi, on s'est dotés d'une loi importante sur le lobbyisme, là, donc j'espère
qu'il s'est inscrit comme lobbyiste. Mais, à partir du moment où il est
inscrit, bien, il a le droit d'essayer de faire les rencontres qu'il veut bien
faire. Ça vient peut-être montrer que certains amis de M. Couillard ne
sont peut-être pas là où sont les paroles de M. Couillard.
M. Robillard (Alexandre) :
Qu'est-ce que vous voulez dire par là?
M. Legault
: Bien,
écoutez, on l'a vu, M. Couillard se drape de vert depuis sa rencontre à
Paris, mais il est entouré de beaucoup de gens qui sont moins verts, donc il
aura probablement...
M. Robillard (Alexandre) :
Vous parlez de M. Charest, là?
M. Legault
: ...des
relations à reconstruire ou des décisions personnelles à prendre, mais, bon, je
suis content, en passant, de voir que M. Couillard a accepté de sortir de
sa tanière, de cesser d'hiberner pour une journée, demain, puis de rencontrer
enfin la direction de Pétrolia. Il était temps. Trois semaines après l'avoir
promis, le partenaire du gouvernement du Québec, là, a le droit d'avoir des
réponses. Il prévoit, dès le mois de mai, dès le début mai, faire trois
forages, puis ils attendent des réponses du gouvernement. On voit le prix de
l'action de Pétrolia qui est très bas, à 0,24 $, là, il y a des risques de
poursuites. Donc, M. Couillard est en train de s'embarquer, là, dans une
trajectoire qui est très différente de l'ADN du Parti libéral, donc j'ai hâte
voir de voir la suite.
M. Robillard (Alexandre) :
Donc, est-ce que vous seriez surpris d'apprendre que M. Charest est
intervenu de la même façon auprès de M. Couillard qu'il a tenté de le
faire auprès de M. Trudeau? Puis est-ce que monsieur... Oui?
M. Legault
: Je ne
serais pas surpris, là, oui.
M. Robillard (Alexandre) : Est-ce
que M. Couillard doit faire preuve de transparence concernant cette question-là?
Est-ce qu'il doit dire s'il a été contacté ou pas par M. Charest?
M. Legault
: Bien, moi,
je pense qu'il doit être transparence puis dire qui il a rencontré. De la même
façon qu'on le disait avec Air Canada, là, il nous a dit qu'il avait rencontré
le président d'Air Canada. Est-ce qu'il a été question des 1 800 employés
d'Aveos? Je pense que M. Couillard, que ça soit en environnement ou que ça
soit en économie, il doit être transparent sur qui il rencontre puis quelle est
la teneur des discussions.
La Modératrice
: Simon
Boivin, Le Soleil.
M. Boivin (Simon) : Bonjour,
M. Legault, on va parler hockey un peu.
M. Legault
: O.K. Bien
oui.
M. Boivin (Simon) : Vous avez
déjà dit que M. Péladeau lui-même était un obstacle à la venue d'une
équipe à Québec, compte tenu que les gouverneurs de la ligue nationale ne
seraient pas intéressés à donner une équipe à un séparatiste. Hier, on a
M. Mulroney qui est venu nous dire qu'avec la valeur du dollar canadien,
ce n'était pas pour demain une franchise de la LNH. Est-ce que vous pensez
qu'il faut oublier ça, une franchise de la LNH à Québec?
M. Legault
: Non, écoutez,
moi, je suis un amateur de hockey. Vous m'avez peut-être entendu avec Ron
Fournier la semaine dernière. Il était, à ce moment-là, arbitre entre les
Nordiques puis le Canadien, puis on se rappelait les bons souvenirs des matchs
entre le Canadien puis les Nordiques. Donc, moi, je souhaite revoir des matchs Canadiens-Nordiques.
Je comprends que c'est un processus coûteux et long, mais je souhaite la venue
des Nordiques.
M. Boivin (Simon) : Est-ce
que vous partagez l'analyse de M. Mulroney à l'effet que, tant que le
dollar va être à ce niveau-là, ça sera trop coûteux de faire venir une équipe à
Québec?
M. Legault
: C'est plus
coûteux, mais je continue à penser, là, qu'il faut souhaiter la venue des
Nordiques. Merci.
(Fin à 11 h 53)