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Point de presse de Mme Véronique Hivon, porte-parole de l’opposition officielle en matière de justice et de lois professionnelles

Version finale

Tuesday, March 8, 2016, 15 h 46

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Quinze heures quarante-six minutes)

Mme Hivon : Bonjour. Alors, on souhaitait donner suite à ce qui vient de se passer à la période de questions.

Alors, la ministre de la Justice et Procureur général du Québec, contre toute attente, après avoir été désavouée non seulement par l'ensemble de la communauté juridique, mais par son propre premier ministre, sur la question du mariage religieux et de la position qu'elle a défendue en Cour supérieure, à savoir que les mariages religieux peuvent ne pas entraîner d'effet civil, vient, après 12 questions, de toujours refuser de modifier sa position, la position qu'elle va maintenant défendre devant la Cour d'appel.

Alors, vous allez comprendre que ça dépasse l'entendement. On s'attendait aujourd'hui à ce que la Procureur général du Québec, Mme Vallée, dise clairement que, devant la Cour d'appel... parce qu'on sait que la cause qui est à l'origine de toute cette confusion est maintenant devant la Cour d'appel et qu'elle va devoir déposer, dans les jours qui viennent, un mémoire faisant état de sa position. Alors, bien entendu, tout le monde s'attendait à ce qu'elle vienne dire aujourd'hui qu'elle allait changer de position, d'autant plus qu'on a vu que le premier ministre lui-même n'est pas sur la même longueur d'onde que sa ministre de la Justice, que la Procureur général du Québec. Mais, après 12 questions, elle a toujours refusé de nous dire qu'elle allait changer de position. Au contraire, elle semble réaffirmer la position qui a été défendue devant la Cour supérieure.

Et je pense que ça vaut la peine de réitérer ce qui a été défendu par Mme Vallée parce qu'il y a beaucoup de confusion. Elle est venue, dans la controverse, la semaine dernière, nous parler d'union spirituelle qui pourrait être une entité différente du mariage. Or, l'union spirituelle n'existe nulle part dans la loi, est une notion qui n'est reconnue par absolument personne dans le domaine du droit de la famille et elle n'est pas non plus présente dans le jugement.

Vraiment, ce que la ministre, la Procureur général du Québec a plaidé dans le jugement, c'est bel et bien l'absence possible d'effet civil du mariage religieux. Vous allez me permettre de lire l'article 55 où, dans le jugement, au paragraphe 55, on dit : «La Procureure générale du Québec et madame soutiennent plutôt qu'un ministre du culte peut célébrer un mariage religieux conforme à sa foi, sans nécessairement que ce mariage ait des conséquences civiles. Dans ce cas, bien que les époux soient mariés religieusement, les autorités civiles ne leur reconnaissent tout simplement pas le statut de gens mariés.»

Ce n'est pas banal. C'est grave ce qui a été plaidé, et ce n'est pas un quidam qui a plaidé ça en essayant d'être créatif, c'est la ministre de la Justice, la Procureur général du Québec elle-même qui est allée plaider ça, ce qui va à l'encontre, à sa face même, de l'article 118 du Code civil qui dit que tout célébrant doit transférer sans délai la déclaration de mariage à l'état civil parce que ce mariage-là doit être public et doit produire des effets. Alors là, on est face à une ministre de la Justice qui s'entête, de toute évidence, dans sa position, une ministre de la Justice qui ne semble pas du tout comprendre son rôle et les dangers de sa position en termes de risques, en termes de recul pour la protection des époux et, bien sûr, des épouses dans les règles du mariage. Tout ce qu'elle permet, en fait, c'est l'instauration potentielle de régimes religieux parallèles.

Alors, c'est excessivement grave, ce qui est en train de se passer, et c'est d'autant plus grave qu'elle est la première responsable de la justice au Québec et qu'on se serait attendus aujourd'hui, surtout après le désaveu de son premier ministre, qu'elle vienne saisir l'occasion de clarifier les choses, de répondre clairement à une question toute simple qui était de demander si la position de la Procureur général allait être modifiée en Cour d'appel pour s'assurer que l'ensemble des mariages célébrés au Québec, que ce soit par un célébrant civil ou un ministre du culte, qu'il produise les effets, les droits et les obligations qui sont prévus au Code civil.

Alors, nous lui demandons de clarifier sa position. Nous lui demandons de modifier sa position pour que les Québécois sachent que ce qui est prévu au Code civil s'applique à tous les mariages et qu'il n'y ait plus de confusion par rapport à un enjeu et une institution aussi fondamentale en droit québécois et, plus largement, pour la société québécoise.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Si elle donnait suite à votre demande, elle ne dérogerait pas, selon vous, de son devoir de réserve, le devoir de réserve qu'on s'attend d'un ministre de la Justice et Procureur général du Québec?

Mme Hivon : C'est assez surprenant d'entendre la ministre aujourd'hui plaider le devoir de réserve, alors qu'elle-même a donné plusieurs entrevues la semaine dernière, alors que le premier ministre lui-même a commenté la situation, alors qu'il y a plusieurs juristes qui sont sortis publiquement pour dénoncer la position de la Procureur général. On n'est pas en train de lui demander de commenter tout et rien dans toutes sortes de causes, on lui demande sa position à elle. Que va-t-elle défendre? Et ça, c'est important pour l'ordre public, c'est important pour la prévisibilité et la stabilité de notre droit de savoir ce que la Procureur général du Québec, celle qui représente la stabilité de ce droit-là, celle qui doit défendre nos institutions juridiques, que va-t-elle plaider.

Tout ça va être public. D'ici quelques jours, elle va devoir déposer un mémoire. Sa position va être publique. On lui demande tout simplement, compte tenu des inquiétudes qui sont soulevées par sa prise de position qui a absolument estomaqué toute la communauté juridique et, plus largement, la population, qu'elle vienne, à la première occasion, rassurer la population, rassurer la communauté juridique et dire qu'effectivement elle va changer de position devant la Cour d'appel.

M. Bélair-Cirino (Marco) : En quoi c'est nécessaire, dans la mesure où le chef du gouvernement, la semaine dernière, a éclairci, disons, toutes les inquiétudes que vous avez exprimées à cet égard-là? Il a dit clairement qu'un mariage était un mariage, qu'il ait été contracté devant un chef religieux ou devant un juge.

Mme Hivon : La difficulté, c'est que c'est la Procureur général qui est responsable du respect de nos lois, c'est elle qui plaide devant les tribunaux. Elle a cette indépendance-là, elle a ce rôle, cette fonction tout à fait particulière. Et là ce qu'on voit aujourd'hui, c'est qu'il semble y avoir une divergence importante entre le premier ministre et la Procureur général du Québec, ce qui n'est pas banal du tout, et la Procureur général elle-même refuse de modifier sa position, refuse de dire qu'elle va modifier sa position devant la Cour d'appel malgré le fait qu'effectivement elle a été désavouée par son premier ministre la semaine dernière. Alors, elle maintient la confusion comme elle l'a maintenue toute la semaine dernière.

M. Bélair-Cirino (Marco) : O.K. Vous craignez qu'elle fasse à sa tête, qu'elle estime réellement aujourd'hui, après avoir été rabrouée par le premier ministre, qu'il y a deux catégories d'union : une union spirituelle puis un mariage? Vous pensez...

Mme Hivon : Écoutez, je ne sais pas si vous avez entendu une réponse de sa part, mais elle a eu 12 questions, à la période de questions, qui lui demandaient toujours la même chose : Est-ce qu'elle va modifier sa position devant la Cour d'appel? Elle a esquivé à chaque fois, elle n'a pas répondu à la question et, s'il se trouve une chose, elle a plutôt continué à s'enliser et à augmenter le niveau de confusion, alors même qu'on lui a lu des extraits du jugement où on rappelle très bien que sa position porte sur le mariage, pas l'union, la bénédiction, l'union spirituelle, sur le mariage.

Alors, aujourd'hui, ce n'est toujours pas clair quelle position elle va défendre et si elle recule et change de position pour aller devant la Cour d'appel.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Une dernière question. Est-ce que Stéphanie Vallée a l'étoffe pour être une ministre de la Justice?

Mme Hivon : Écoutez, Stéphanie Vallée, la chose la plus urgente qu'elle doit faire aujourd'hui, c'est de prendre ses responsabilités, de rassurer la société québécoise, la communauté juridique et de dire qu'elle va modifier sa position devant la Cour d'appel. C'est ce à quoi on s'attend d'une ministre de la Justice et d'une Procureur général responsable.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Donc, si elle ne le fait pas, vous appelez à la désignation d'un nouveau Procureur général du Québec?

Mme Hivon : Je ne suis pas dans les questions hypothétiques, je lui demande d'agir de manière responsable, conformément à ce qu'on s'attend d'une ministre de la Justice et d'une Procureur général. Merci.

(Fin à 15 h 55)

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