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Point de presse de M. Simon Jolin-Barrette, porte-parole du deuxième groupe d'opposition en matière de justice

Version finale

Tuesday, March 8, 2016, 15 h 55

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Quinze heures cinquante-cinq minutes)

M. Jolin-Barrette : Alors, bonjour à tous. Aujourd'hui, on a posé deux séries de questions à la ministre de la Justice, donc, au total, six questions, pour savoir si elle allait changer sa position relativement au mariage religieux n'ayant pas, pour elle, de conséquence civile.

Donc, elle a exprimé le fait que ça existe, au Québec, des unions spirituelles, puis c'est contraire à tout ce qu'on connaît relativement aux règles de droit civil en matière familiale. Donc, on lui a donné l'occasion à plusieurs reprises de revenir sur ses propos, de prendre la position que le premier ministre lui a indiqué de prendre. Malheureusement, ce qu'on constate, c'est qu'on est dans la confusion encore la plus totale. La ministre de la Justice refuse de dire qu'elle va indiquer à ses procureurs en Cour d'appel de changer leur position qu'ils ont prise en Cour supérieure.

Ce qu'il est important de comprendre, c'est que la constitutionnalité des dispositions du Code civil du Québec doit être protégée, doit être... c'est ce qui doit être défendu par le Procureur général du Québec. Mais le chemin pour y arriver, le chemin qui a été utilisé en Cour supérieure, ce n'est pas le bon chemin, puis la ministre de la Justice ne semble pas comprendre cette situation-là. Et encore une fois, à six reprises, on lui a permis de revenir sur ses propos, les propos qu'elle a tenus en disant qu'une union spirituelle, ça existait au Québec puis que ça n'avait pas nécessairement une conséquence civile.

Au Québec, ce qu'il est important de comprendre, c'est que le Code civil du Québec a des obligations en matière de conséquences civiles, et, lorsque vous vous mariez, bien, ça a des conséquences civiles. C'est une question de protection des femmes et de protection de l'ordre public pour assurer que les gens qui se marient, bien, ils ont des protections juridiques associées. Puis malheureusement la ministre de la Justice n'est pas capable de comprendre ça, n'est pas capable de l'exprimer non plus clairement et elle refuse de dire à ses procureurs... de leur donner une orientation claire.

Et la question qu'il faut se poser... savoir, au gouvernement, là : Les procureurs du gouvernement, est-ce qu'ils vont suivre l'indication du premier ministre ou celle de la ministre de la Justice? Et je pense que, dans ce cas-ci, ils devraient se fier à la position du premier ministre. Et la position qui est défendue par la ministre de la Justice ouvre à des dérives complètes. Elle ne voit pas les conséquences de sa position et elle refuse même de revenir sur sa position. Et ça, c'est le plus dramatique dans l'histoire, le fait qu'elle n'a pas pu, en six questions à la Chambre, dire : Mea culpa, j'ai commis une erreur, et mes procureurs en Cour d'appel vont adopter une autre approche. Ils vont défendre la constitutionnalité des dispositions du Code civil du Québec, mais ils ne plaideront pas le fait qu'un mariage religieux ne peut ne pas avoir de conséquence religieuse.

Et vous noterez que l'ensemble du milieu juridique a dénoncé cette position, et la ministre de la Justice a besoin de clarifier cette position-là avec la population québécoise. On a besoin de savoir que la position du Procureur général, la position de la ministre de la Justice, c'est de dire : Quand vous vous mariez au Québec, il y a des conséquences religieuses, puis on n'accepte pas d'union spirituelle, il faut que ça ait des conséquences civiles sur le territoire québécois.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Qu'est-ce qui vous dit que la ministre de la Justice n'a pas donné de nouvelles consignes à son équipe de procureurs? Elle ne répond pas à vos questions en Chambre, elle dit être astreinte à un devoir de réserve, mais elle a peut-être donné de nouvelles instructions à son équipe de juristes, non?

M. Jolin-Barrette : Bien, écoutez, elle a commenté le dossier publiquement dans le journal Le Devoir. Je pense que, lorsqu'on commente un dossier comme ça, on peut indiquer que la position du gouvernement du Québec va être la suivante.

D'ailleurs, vous noterez que toutes les requêtes sont publiques généralement. Les interventions du Procureur général sont publiques, et la ministre de la Justice peut rassurer la population pour dire : Nous allons défendre le droit au Québec. Et elle pourrait dire : Je l'ai échappé cette fois-ci, je m'en excuse. Je vais protéger les Québécois, je vais protéger les Québécoises et je vais m'assurer de ne pas placer les individus dans une situation de vulnérabilité. C'est ça qu'elle aurait dû faire aujourd'hui. Elle aurait dû simplement répondre à la question et dire : Je vais suivre la voie qui a été tracée par le premier ministre parce que je me suis fourvoyée.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Estimez-vous aujourd'hui que Mme Vallée fait cavalier seul, qu'elle s'entête alors que le premier ministre l'a rabrouée la semaine dernière? Est-ce qu'il y a une divergence de vues, selon vous, sur la question : Est-ce qu'une union spirituelle est un mariage ou non, au sein du gouvernement de M. Couillard?

M. Jolin-Barrette : Écoutez, la ministre de la Justice complexifie le dossier à outrance. Le premier ministre a compris qu'au Québec un mariage religieux, ça apporte des conséquences civiles. L'Église catholique, le diocèse de Montréal ont compris ça, ont toujours appliqué ça de la même façon. La ministre de la Justice, dans son rôle de protection de l'ordre public, de protectrice des dispositions du Code civil du Québec, de l'ordre public, semble avoir de la difficulté à l'exprimer. Au Québec, lorsqu'il y a un mariage, il y a des conséquences civiles. C'est ça qu'elle aurait dû dire et elle devrait dire : Ça va être la position du gouvernement du Québec en Cour d'appel. Nous allons nous rétracter, nous allons plaider autre chose pour nous assurer dans le cadre de la protection de l'intérêt public.

Et ce qu'il ne faut pas oublier, c'est que la ministre de la Justice a introduit, dans son projet de loi n° 59, des dispositions contre le mariage forcé. Et là ce qu'elle dit d'un côté, ce qu'elle a dit en Cour supérieure dans le dossier des mariages religieux et ce qu'elle dit au projet de loi n° 59, ça s'oppose, ça ne va pas ensemble. Et donc c'est important pour nous, là, pour la Coalition avenir Québec, que l'égalité entre les hommes et les femmes soit préservée, que la liberté de consentement soit là et que la protection des garanties juridiques associées au mariage puisse être donnée dans tous les types de mariages au Québec. Il n'y a qu'une seule loi au Québec qui s'applique, et c'est la même pour tous, c'est celle du Code civil du Québec. On doit transmettre une déclaration de mariage au Directeur de l'état civil lorsqu'on se marie.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Vous dites que le Procureur général du Québec s'y est mal pris, a adopté une mauvaise stratégie. Quelle est votre stratégie à vous, là? Si les procureurs vous entendent aujourd'hui, qu'est-ce que vous leur proposez, là, pour garantir la constitutionnalité de l'état civil, là, puis de...

M. Jolin-Barrette : Bien, écoutez, c'est à l'appréciation des procureurs qui gèrent le dossier. Donc, concrètement, quand ils vont à la Cour d'appel il faut qu'ils aient le souci de dire : Nous devons préserver la constitutionnalité des dispositions. C'est leur rôle, mais cependant, le chemin pour y arriver, ils doivent développer un raisonnement juridique qui permet d'assurer à la fois la conservation des dispositions, mais à la fois aussi la protection des personnes et aussi la question du consentement, et la question de la vulnérabilité est importante aussi.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais est-ce qu'il y avait, selon vous, là, une autre stratégie qui s'imposait, selon vous, ou, face à l'absence, justement, de stratégie pour assurer, pour défendre devant le tribunal, la constitutionnalité des dispositions, le ministère de la Justice a échafaudé ce...

M. Jolin-Barrette : Bien, écoutez, en droit québécois, là, ça a toujours été interprété de la même façon. Lorsque vous célébrez un mariage religieux, le célébrant doit, dans un premier temps, avoir son numéro de célébrant qui est donné par la ministre de la Justice, doit informer les époux des conséquences du mariage, et, troisièmement, doit transmettre la déclaration de mariage. Ça, c'étaient les exigences pour avoir un mariage religieux au Québec. C'est sur le site du ministère de la Justice, c'est dans le Code civil du Québec, et donc les procureurs, la ministre de la Justice le savaient que c'est ça, la loi, c'est ça, les règles.

À partir du moment où la ministre de la Justice commence à distinguer entre un mariage religieux, une union spirituelle, on dérape, là. Il n'y a qu'un seul type de mariage au Québec, et c'est surtout pour éviter le genre de mariage forcé et aussi éviter le fait que des époux pensent avoir été mariés religieusement et civilement et là qu'ils se retrouvent dans une situation où la déclaration de mariage n'a pas été transmise et ils se retrouvent Gros-Jean comme devant et sans aucune protection juridique au moment de la séparation entre les époux.

Donc, c'est fondamental, puis la ministre de la Justice aurait pu le répéter à six occasions aujourd'hui, durant la période des questions, qu'il y a des directives qui vont être données à ses procureurs pour rétablir le positionnement du gouvernement du Québec, comme le premier ministre l'a proposé et lorsqu'il l'a mentionné le 4 mars dernier.

M. Bélair-Cirino (Marco) : C'est une nouvelle tuile qui s'abat sur la ministre Stéphanie Vallée. Est-ce qu'elle doit être démise de ses fonctions, selon vous?

M. Jolin-Barrette : Je vais laisser cette question-là à l'appréciation du premier ministre. Merci beaucoup.

(Fin à 16 h 4)

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