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Point de presse de M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Wednesday, March 9, 2016, 11 h 27

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures vingt-sept minutes)

M. Khadir : Alors, bonjour. On a encore entendu le ministre Barrette essayer de justifier l'incorporation des médecins. Moi, je pense que M. Barrette, mon collègue spécialiste, a tout à fait tort. C'est un privilège inacceptable. Si ce privilège est accordé à d'autres gens qui ont des très hauts revenus, c'est tout aussi inacceptable. Ce n'est pas parce qu'il y en a d'autres qui le font que nous, les médecins, on doit se permettre de faire ça.

Je rappelle qu'en moyenne les omnipraticiens, là, et les spécialistes, on fait au-dessus de 300 000 $ par année, les spécialistes plus que les omnipraticiens. Et ce n'est certainement pas des entreprises qu'on mène, ce n'est pas une corporation, ce n'est pas une ferme. Nous sommes des professionnels.

Alors, j'aimerais rappeler que ça fait longtemps que nous demandons qu'il faut mettre fin à ces privilèges indus. Il y en a 10 000 parmi les médecins. C'est peut-être une bonne nouvelle pour la moitié des autres médecins qui, comme moi, ne sommes pas incorporés. Moi, je ne le deviendrai jamais. Les médecins, là, il y en a la moitié qui ne le sont pas, et je les félicite. Et je m'adresse à l'autre moitié des 10 000 médecins pour leur demander : Est-ce que ça vaut vraiment la peine d'entacher notre profession, d'entacher notre crédibilité, d'entacher notre réputation de professionnels avec ce genre de stratagème? Parce que c'est un stratagème fiscal légal, mais qui prive l'État québécois de centaines de millions de dollars de revenus en impôt.

Ce qui est malheureux, c'est que malheureusement des firmes de spécialistes fiscales sont après les médecins depuis des années pour les encourager à faire ça, mais, pire encore, malheureusement, même la Fédération des médecins omnipraticiens, sur son site, a un article depuis des années pour, disons, encourager des médecins. Ça, c'est juin 2010 : «Pour un médecin, le principal avantage de l'incorporation réside assurément dans la réduction de sa charge fiscale...» Alors, si M. Barrette avait un doute, j'espère que ça va être levé.

D'ailleurs, une firme spécialisée dans la chose le dit également, hein, la firme… l'incorporation des médecins au Québec… Fiscalliance, sous la plume de François Drouin, comptable. Premier point, les principaux motifs justifiant l'incorporation d'un médecin : «L'incitation principale à la base de l'incorporation réside certainement dans l'avantage fiscal énorme qui peut en découler.» Y a-t-il un doute encore? S'il y avait un doute, le Dr Bernard, président du Collège des médecins, qui a admis que l'incorporation se fait strictement pour des raisons fiscales. «C'est pour pouvoir étaler les revenus à travers les années et économiser de l'impôt.»

Économiser de l'impôt. Là, M. Barrette va encore dire : C'est légal, d'autres le font. C'est une réponse, ça? Bien des entreprises, actuellement, font de l'évasion fiscale. Ça ne nous empêche pas, à l'Assemblée nationale, de trouver ça inacceptable et d'avoir une commission parlementaire, actuellement, qui se penche pour voir comment on met fin à ça, toutes les pratiques d'évitement fiscal, qui reviennent à de l'évasion fiscale, en quelque sorte, qui fait en sorte qu'aujourd'hui, là, les contribuables québécois ont de la difficulté à rencontrer les besoins de l'État, à financer les services publics.

On coupe partout. Il est inadmissible qu'un gouvernement qui a imposé l'austérité pendant tant d'années aujourd'hui banalise le fait que des très hauts revenus... Je vous rappelle, les médecins font partie du 1 % de la population qui gagne les plus hauts revenus, au-dessus de 250 000 $. Il y en a 43 000 contribuables à peu près au Québec. Sur les 43 000 qui font au-dessus de 250 000 $, bien, il y en a une vingtaine de milliers, c'est des médecins. Et on apprend que la moitié de ces médecins-là sont incorporés, et ça fait perdre des centaines de millions de dollars chaque année en impôt au Québec.

M. Gagnon (Marc-André) : Le ministre des Finances vient de nous dire : L'incorporation des médecins, c'est avec l'ordre des médecins qu'il faut voir ça.

M. Khadir : C'est une ignorance incroyable. Comment est-ce que M. Leitão peut dire ça? J'invite M. Leitão à aller regarder ses lois fiscales, là. J'invite M. Leitão à consulter la page 111 du rapport du statut fiscal des particuliers pour voir... c'est dans ces lois et dans les lois et règlements sur l'impôt que ça réside. Ce n'est pas le ministre de la Santé qui, il y a une trentaine d'années, a décidé que... d'abord, a décidé qu'on donnait un rabais de 50 % dans les revenus en dividendes qui ont poussé... une fois que des avocats et des corporations l'ont fait, bien, on a dit : Bien, pourquoi ne pas se constituer en incorporation puis verser son salaire en dividendes?

M. Gagnon (Marc-André) : M. Barette et M. Couillard étaient tous les deux, eux-mêmes, incorporés. Est-ce que ça ne les place pas dans une situation à tout le moins d'apparence de conflit d'intérêts lorsque vient le temps de discuter de ce sujet-là?

M. Khadir : Bien, je ne le savais pas, vous me l'apprenez. Bien, je trouve ça terrible. Ils devraient être les premiers à donner l'exemple. Ils auraient dû être les premiers à donner l'exemple. Deux hommes qui voulaient rentrer en politique devraient être les premiers à les dénoncer pour ne pas donner, justement, l'apparence de conflit d'intérêts.

Alors, si c'est le cas, d'abord, il faudrait y mettre fin, et j'aimerais les entendre, comme moi, appeler les 10 000 médecins qui le sont actuellement de penser à tous les contribuables qui, cette semaine, qui, la semaine prochaine, vont payer des impôts, qui n'ont pas ces avantages-là, qui ne peuvent pas bénéficier des services de fiscalistes chèrement payés pour arranger tout ça, étaler leurs revenus, payer à une conjointe, toute une série de stratagèmes pour échapper à...

Pourquoi est-ce qu'on essaie d'échapper à l'impôt? Si l'impôt était plus juste, si les gens plus riches, comme nous, payaient leur juste part d'impôt, bien, les citoyens ordinaires ne seraient pas pris à la gorge avec autant d'impôt, de taxes et de tarifs en augmentation, dont les tarifs d'hydroélectricité, tout...

Sur les cinq dernières années, c'est 11 % d'augmentation de tarifs d'électricité. Pourquoi est-ce qu'on fait ça? Pourquoi est-ce que le gouvernement va chercher des revenus ailleurs, hein? Il l'a dit, le gouvernement, c'est pour aller chercher des revenus dont il a besoin. Bien, les revenus dont il a besoin... il est en manque parce que les gens riches comme M. Barrette, comme M. Couillard, ne font pas leur juste part d'impôt.

M. Boivin (Simon) : Pouvez-vous me rappeler, juste... sur le médicament, le projet de loi n° 81, votre position sur le projet de loi n° 81, si... à moins que quelqu'un d'autre ait des questions encore sur l'incorporation. Donc, est-ce que le gouvernement emprunte, selon vous, la bonne voie en cherchant à faire faire des appels d'offres sur les médicaments? Vous avez déjà parlé de Pharma-Québec. Est-ce que c'est un pas dans la bonne direction?

M. Khadir : L'ennui, mon cher, c'est... tant que la pizza ne sera pas livrée, moi, je ne peux pas me prononcer. Là, on m'annonce une bonne pizza, hein, là, si je fais l'analogie. La loi dit qu'on va aller chercher des économies d'impôt par des appels d'offres.

Ça fait 10 ans qu'on demande ça. Ça fait 10 ans qu'on demande au gouvernement de faire des appels d'offres sur les médicaments pour baisser les prix, ça fait que je ne peux pas être contre ça. Sauf qu'un projet de loi qui a trois articles, avec des propos que le ministre envoie dans... je ne sais pas si vous avez vu son document d'analyse. Malheureusement, ça n'a pas été rendu public, ça a été publié en novembre, puis il faut vraiment fouiller sur le site du MSSS pour le voir. C'est l'étude d'impact que le gouvernement a faite, le ministère a faite, puis, dans toutes les pages, à peu près, le ministre s'emploie à dire aux partenaires économiques : Ne vous inquiétez pas, ça va avoir pas trop d'impact.

Alors, si ça n'a pas trop d'impact, est-ce que ça vaut la peine? Est-ce que vraiment il est sérieux quand il dit qu'il veut aller chercher des économies? Vous allez voir, cet après-midi, à 5 heures, l'ancien P.D.G. de Pharmac, qui est l'exemple, là, l'exemple-phare au niveau international, sur lequel tout le monde essaie d'emprunter les bonnes idées. Pharmac, c'est Pharmaceutical Agency of New Zealand... management of New Zealand. Un de ceux qui l'a dirigée pendant cinq ans, de 2006 à 2011, va venir témoigner à 5 heures, Matthew Brougham, qui va démontrer comment, en fait, pour arriver à ses fins, il faut vraiment, petit à petit, passer de quelques molécules à l'ensemble du formulaire des médicaments de prescription, là, des médicaments remboursables par la RAMQ, pour obtenir des rabais substantiels.

Si on se fie sur les analyses, ça pourrait aller chercher jusqu'à 1,5 milliard de rabais parce que ça va permettre à diminuer les coûts des médicaments, mais aussi à entraîner... pousser vers une meilleure pratique de prescription pour orienter les bons choix dans le rapport qualité-prix. Donc, tout ça pour dire que, si le ministre a vraiment une volonté, bien sûr que je l'appuie, sauf qu'avec ce que j'entends, avec ce qu'il dit, avec le projet de loi que je vois, il a l'air de vouloir juste... vouloir saucer deux orteils dans l'eau, là, c'est tout. Moi, je voudrais qu'il plonge.

M. Robillard (Alexandre) : Sur KPMG, M. Leitão vient de nous dire que l'agence québécoise du revenu est liée par des ententes conclues par l'Agence du revenu du Canada, donc...

M. Khadir : Bien, c'est ça que les gens trouvent inacceptable et scandaleux. Quand il s'agit d'un petit commerçant qui n'est pas un gros bonnet et qui n'a pas des amis proches du pouvoir, l'agence du revenu ne fait aucune concession, ni au fédéral ni au provincial. On serre la vis et on force ceux qui n'ont pas payé leur impôt à payer jusqu'à la dernière goutte, avec des pénalités, avec des intérêts.

M. Robillard (Alexandre) : Mais qu'est-ce que vous pensez du fait que M. Leitão dise que l'État québécois est lié dans la perception...

M. Khadir : Bien, c'est ce qu'on lui reproche. Pourquoi a-t-il lié les mains de l'État québécois? Pourquoi est-ce que l'État québécois se lie les mains à chaque fois qu'il s'agit des gros bonnets, des rois de la finance, des rois de l'industrie? Pourquoi est-ce que l'État québécois se met dans une telle situation? Pourquoi? Pourquoi l'État québécois... si c'est vrai que c'est juste parce qu'il est lié par entente pour le revenu, bien pourquoi alors il lui donne des contrats? Par ailleurs, KPMG a plein de contrats pour des ministères pour faire des études, plein de contrats.

Nous, ce qu'on demande, c'est que KPMG, comme d'autres filous qui ont trompé le gouvernement dans le passé — on pense à l'industrie de la construction — qu'on ait une liste noire. Au moins, l'État québécois pourrait envoyer le bon message, dire : Aïe! là, il y a un problème. J'ai ma population qui se sent lésée, qui se sent injustement traitée, parce que les banquiers puis les gros bonnets peuvent toujours s'en tirer. Alors, je donnerais... au moins, là où j'ai des contrats à donner dans mes ministères, je n'en donnerais pas à KPMG.

M. Robillard (Alexandre) : Mais pensez-vous que, légalement, Revenu Québec est tenu de se conformer à l'entente de Revenu Canada?

M. Khadir : Je ne la connais pas, cette entente-là. Moi, j'aimerais ça, si vraiment M. Leitão veut nous convaincre, qu'il divulgue les ententes.

Puis ensuite je vous rappelle que, dans un État démocratique avancé, l'Assemblée nationale et le gouvernement sont souverains, après tout. On peut ouvrir, comme on l'a ouvert dans d'autres secteurs. On a ouvert des ententes avec des syndicats qui avaient... avec des employés de l'État qui avaient payé patiemment pendant des années dans leurs fonds de retraite. On a oublié... On a ouvert ces contrats puis on a changé les chiffres, changé les ententes, changé les paramètres.

Pourquoi est-ce qu'on s'empêcherait d'ouvrir une entente malhabile, injuste, qui nous lie à une entreprise filou? Je parle d'une entreprise filou à dessein. Cette entreprise-là a été accusée et reconnue coupable, a reconnu ses fautes plusieurs fois, non seulement au Québec mais ailleurs dans le monde. Ça fait qu'à un moment donné il faut que ça cesse.

La Modératrice : Merci.

(Fin à 11 h 38)

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